Union des Républiques Socialistes Soviétiques

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L'emblème de l'URSS.

L'Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS), en russe Союз Советских Социалистических Республик, ou Union soviétique, est l'État issu de la Révolution d'Octobre 1917.

C'était un état fédéral composé de 15 républiques soviétiques, né officiellement le 30 décembre 1922. La dissolution de l'URSS eut lieu le 26 décembre 1991.

Dernier drapeau utilisé par l'URSS du 15 août 1980 jusqu'à la dissolution le 26 décembre 1991.

C'est sans doute l'État qui a le plus soulevé d'espoirs parmi les communistes du monde entier, et qui a continué à exercer une influence énorme sur le mouvement ouvrier, mais l'échec de la révolution mondiale au début du 20e siècle a isolé le pays et la bureaucratisation a très vite gangrené l'État et le parti. Sous Staline, le totalitarisme a été porté à son comble. Le régime a par la suite connu des phases répressives plus ou moins intenses en fonction des périodes, le pouvoir restant aux mains d'une couche de bureaucrates.

Après une première décennie fluctuante, l'ensemble de l'économie a été étatisée et planifiée. Au sein des marxistes révolutionnaires, les jugements sur la nature de l'État russe ont provoqué de vifs débats et des scissions.

1 Histoire[modifier | modifier le wikicode]

1.1 1917 : révolutions de Février et d’Octobre[modifier | modifier le wikicode]

Le prolétariat et la paysannerie russes sont les premiers à se soulever contre le massacre de la Grande Guerre. Les soviets, des assemblées d'ouvriers et de paysans, émaillent l'Empire, tandis que les mutineries se multiplient au sein de l'armée. Finalement, le tsar est renversé : c'est la Révolution de Février.

Mais il s'agit d'une révolution bourgeoise, car les organes institutifs bourgeois sont mis en place, alors que la classe prolétarienne, ayant tant perdue, en veut plus. Les bolcheviks, conscients du potentiel révolutionnaire de la situation, organisent activement la seconde révolution, avec les mots d'ordres : « tout le pouvoir aux soviets ! ». Finalement, ils organisent un coup d'État (prise du Palais d'Hiver), appuyé par les soviets de tout le pays en Octobre 1917, qui marque l'effondrement de la nouvelle République et son remplacement par la République Socialiste de Russie. Le mouvement paysan joue un rôle particulièrement important pour l'établissement de la nouvelle République, notamment (et déjà) contre les propriétaires terriens riches (appelés péjorativement « koulaks »), et consacre pour un temps l'alliance entre le prolétariat et la paysannerie russe.

Aussitôt, des mesures progressistes et inédites sont prises : parmi les plus importantes, les industries et banques sont nationalisées, la dette du pays est effacée et le gouvernement est désormais fondé sur les soviets. Soulevant d'immenses espoirs, la flambée révolutionnaire se répand partout en Europe : révolution hongroise, révoltes spartakistes en Allemagne, soviet d'Alsace... Mais toutes ces révoltes sont noyées par les Etats bourgeois. La Révolution russe finit fatalement par être isolée.

1.2 1918 - 1921 : guerre civile et communisme de guerre[modifier | modifier le wikicode]

A cela, s'ajoute le fait que les bolcheviks doivent contenir une réaction de plus en plus revancharde, et le spectre de la contre-révolution se dessine.

Lénine, ayant observé les défaites successives des communistes en Europe, décide d'instaurer progressivement un fort appareil répressif afin de consolider son pouvoir : cela passe notamment par la fermeture progressive des partis considérées comme contre-révolutionnaires (en premières instances les partis de droite), la fermeture de nombreux journaux contre-révolutionnaires (puis plus tard qui ne seront pas reconnus par les communistes, même s'il s'agit de journaux "de gauche"), la dissolution de l'Assemblée constituante (considérée comme bourgeoise) et la mise en place d'une commission panrusse chargée de la répression des comploteurs et opposants, la Tchéka, qui commettra d'énormes abus. Cela lui vaudra de cinglantes critiques de la part de Kautsky, marxiste centriste allemand, voyant en cela des schémas typiquement blanquistes ; Lénine lui répondra que ces mesures répressives sont prises dans l'intérêt immédiat de la révolution. Ces mesures suscitent également les critiques de Rosa Luxemburg, bien qu'elle continue à soutenir les bolchéviks.

Discours de Lénine, 7 novembre 1918

En effet, les contre-révolutionnaires (les Blancs), soutenus financièrement et militairement par les impérialistes occidentaux, lèvent plusieurs armées constitués notamment de petits-bourgeois et d'opposants de tout bords aux bolchéviks (cadets, tsaristes...) pour tenter de reprendre Moscou. En réponse immédiate, Trotski met alors sur pied l'Armée rouge : il s'agit d'une armée constituée sur sa base de nombreux ouvriers et paysans, la plupart convaincus au socialisme ou ayant soutenu les bolchéviks ; et à son sommet, d'éléments bolchéviks, certes, mais aussi et plus tard de haut-gradés de l'ancien régime qui rejoignirent la Révolution. Afin d'assurer la subsistance des villes, la politique du communisme de guerre est mise en place : la classe ouvrière est lourdement sollicitée, Trotski allant même jusqu'à vouloir instaurer "la militarisation du travail". Afin de nourrir les villes et d'éviter le spectre de la famine, des réquisitions sont faites chez les paysans ; mais ces réquisitions en poussent de nombreux à bout, ce qui malheureusement nourrira la contre-révolution.

Alors que les Blancs sont repoussés, les bolchéviks doivent affronter les "Verts", des anarchistes menés notamment par Makhno qui, révoltés par la dictature, se retournèrent contre leurs anciens alliés. Mais leurs forces ne survivent pas, et les anarchistes sont écrasés ; Makhno survit mais est contraint à l'exil.

En mars 1921, c'est autour de la capitale que la révolte gronde. Suite à la répression d'une manifestation à Petrograd, les marins-soldats de l'île-forteresse de Kronstadt dénoncent le gouvernement bolchévik et publient une série de 15 revendications, dont la liberté de réunion et de presse et la fin de la politique de communisme de guerre. La révolte de Kronstadt fait extrêmement peur aux bolchéviks, qui craignent que la place forte de Kronstadt, en face de Petrograd, serve aux Blancs à porter un coup fatal. Après des tentatives de négociation, l'Armée rouge est envoyée et la révolte est réprimée. L'ensemble de la direction bolchévique, qui est au même moment (Xe Congrès), accepte la répression. Malgré les désaccords important qui les divisent (Opposition ouvrière, décistes...), l'esprit de citadelle assiégé est tel que les congressistes acceptent la suppression du droit de fraction. Plus tard, Trotski regrettera cette mesure.

1.3 La Nouvelle politique économique (NEP)[modifier | modifier le wikicode]

Au prix de terribles pertes, le nouveau pouvoir s'est maintenu en place : les Blancs ont été chassés et les anarchistes décimés. Mais la nouvelle Russie demeure isolée et arriérée. La classe ouvrière a été décimée, et le gouvernement a perdu la confiance de la plupart des paysans. Les soviets, réduits à l'état de coquilles vides, ne jouent plus un grand rôle, d'autant plus que la restriction des libertés empêche le renouvellement des idées et finalement du pouvoir ; et que les cadres du Parti s'en sont arrogés l'essentiel. Ce phénomène de bureaucratisation est essentiel à l'établissement de la future nomenklatura. Lénine dira lui-même que l'URSS est un « État ouvrier présentant une déformation bureaucratique ».

Mais pour la majorité autour de Lénine, la priorité pour regagner la confiance des masses et aller vers le socialisme est de rétablir la production économique à tout prix. Pour eux cela passe par :

  • un dirigisme strict dans les industries d'État (Trotski est même pour la militarisation des syndicats, que Lénine repousse) ;
  • une libéralisation de la petite production (en rupture avec le communisme de guerre), notamment dans l'agriculture pour inciter la paysannerie à produire en les laissant libres de vendre sur le marché.

Ce tournant voté par le Xème Congrès sera appelé la Nouvelle politique économique (NEP). Bien que petite-bourgeoise, cette politique permettra de relancer l'économie du pays, d'éloigner le spectre de la famine et en conséquent des révoltes.

1.4 Création de l'URSS et avènement de Staline[modifier | modifier le wikicode]

L'URSS est officiellement proclamée le 30 décembre 1922. Il s'agit d'une république fédérale sous autorité centralisée (incarné par le Soviet Suprême), constituée de quinze républiques. Lénine s'inquiète de la stagnation de la situation en Europe ; il craint, qu'à terme, la bureaucratisation ou libéralisation du pays, malgré les mesures prises, soient inévitables sans le secours d'un autre pays développé. De plus, ce dernier, malade, est progressivement écarté de l'échiquier politique.

Le nouveau régime ne sera que progressivement reconnu par les autres pays. Il doit attendre 1922 pour être reconnu par l'Allemagne (devenue son alliée de fait par les accords de Rappallo), puis en 1923 par la Chine alliée de Sun Yat-sen, en 1924 par la Grande-Bretagne, la France et l'Italie fasciste, en 1933 par les États-Unis, avant d'entrer tardivement à la SDN en 1934.

Organisation de l'URSS dans les années 1990

C'est ainsi que Lénine meurt en 1924. Les funérailles passées, il y a un conflit de succession : si, dans son Testament, Lénine ait évoqué de nombreux candidats à son poste, il n'en a cependant nommé aucun. Finalement, Staline sort vainqueur de cette guerre de succession, en s'appuyant sur la dissolution de l'aile gauche du PCUS. Il décide, dans un premier temps, de réprimer plus durement encore les opposants au régime, en particulier Trotski, qu'il déteste, ce dernier s'étant publiquement opposé à la bureaucratisation du Parti à partir de la formation de l'Opposition de gauche. Trotski finit par être chassé d'URSS en 1927 ; il parviendra à se réfugier au Mexique. Tout en maintenant la NEP, Staline renonce aux idéaux internationalistes en formalisant sa politique du « socialisme dans un seul pays ». Pour de nombreux cadres communistes, ce recul est réaliste : c'est ainsi que Boukharine justifiera cette thèse.

Trotski résistera frontalement à cette politique, en l'opposant à la théorie de la « révolution permanente ». Peu avant la Seconde guerre mondiale, Il décidera de fonder la IVe Internationale, en opposition à la IIIè, stalinisée.

🔍 Voir : Stalinisme.

1.5 Fin de la NEP et entre-deux-guerres[modifier | modifier le wikicode]

En 1929, Staline durcit davantage le pouvoir, en mettant brusquement fin à la NEP, et en décidant de collectiviser de force les exploitations agricoles. S'aliénant les paysans, Staline les réprime en en envoyant des centaines de milliers dans des camps de travaux forcés, les goulags. La situation est particulièrement grave en Ukraine, où en raison de la famine et des restrictions, le cannibalisme se banalise : c'est l'Holomodor. Après la dissolution de l'URSS, l'Holomodor finira par être qualifié de génocide par les députés ukrainiens.

Au cours des années 1930, Staline renforce son image, renomme des villes aux grands noms du Parti communiste (Stalingrad...), commence à entretenir un culte de la personnalité qui lui survivra jusqu'à sa mort, en 1953. Alors que la crise frappe les pays capitalistes, l'économie planifiée d'État et son autarcisme permet à l'URSS de se développer à une vitesse relativement élevée. Aux antipodes de l'idéologie de Marx, le surtravail et l'exploitation sont encouragés et glamorisés par le pouvoir (stakhanovisme). Ce qui justifie des conditions de travail le plus souvent insoutenables pour la classe ouvrière... quand il ne s'agit pas des prisonniers des goulags, qui sont réquisitionnés pour aménager de grands travaux.

Dans le même temps, Trotski continue son combat et obtient de plus en plus de soutiens, notamment de la part d'anciens bolchéviks, déçus ou inquiets par la politique du tyran. Les staliniens émettent des flots de calomnie à l'encontre des partisans de Trotski pour détourner l'attention des véritables marxistes sur la situation du pays. Trotski, alors réfugié au Mexique, est lui-même assassiné en août 1940, d'un coup de piolet dans le crâne, par Ramon Mercader, un agent de Staline.

L'URSS commence à nouer des relations avec les démocraties libérales de l'Ouest. La politique stalinienne joue un rôle actif dans la défaite des grévistes français en Juin 1936, puis plus tard des révolutionnaires espagnols.

En 1936, Staline lance une gigantesque purge au sein de l'appareil politique et militaire soviétique. De nombreux bolchéviks d'antan sont alors exécutés par Staline. Des parodies de procès sont organisés : d'anciens bolchéviks, comme Boukharine ou Zinoviev sont condamnés à mort ; 4 généraux sur 5 de l'Armée rouge partageront leur sort (certains historiens parleront littéralement d'une décapitation de l'Armée rouge).

1.6 Seconde guerre mondiale[modifier | modifier le wikicode]

À la veille de la Seconde guerre mondiale, les Soviétiques et Allemands passent un pacte (le pacte germano-soviétique) : ils prévoient d'envahir puis de se partager la Pologne. Staline, en effet, n'a pas toléré la défaite des Russes lors de la guerre soviético-polonaise ; Hitler, dirigeant de l'Allemagne nazi, veut lui aussi reprendre les terres polonaises. L'Allemagne dispose alors d'une des armées les plus puissantes d'Europe, et n'a pas peur de le montrer en envahissant les Sudètes, la Tchécoslovaquie puis l'Autriche (Anschluss) aux mépris de toutes les conventions signées au lendemain de la Première guerre mondiale. Quant à l'URSS, elle peut compter sur son infanterie et la participation des Allemands pour surclasser les Polonais.

L'invasion est lancée le 3 septembre 1939, à la suite d'un incident diplomatique orchestré par les Allemands (l'incident de Gleiwitz). L'armée polonaise résiste mais les Soviétiques envahissent à leur tour le pays. La Pologne est écrasée en quelques semaines, et le monde rentre en guerre.

Si, dans un premier temps, les Soviétiques adoptent une attitude de neutralité envers les belligérants, elle rentre dans le camp Allié quand, en 1941, Hitler ouvre un nouveau front en URSS.


Opération Barberossa : carte des offensives allemandes sur le sol soviétique

Les Allemands avancent dans un premier temps à une vitesse vertigineuse, mais sont successivement défaits lors des batailles de Leningrad et de Stalingrad. En effet, Staline a réussi à réveiller le nationalisme grand-russe, en mobilisant puis armant des millions de soldats, et a de plus pu déporter ses industries à l'est, l'URSS étant un territoire immense. Staline publie des décrets, notamment de défense de la terre, qui interdisent formellement aux soldats de l'Armée rouge de battre en retraite ; si cette politique, combinée à celle de la terre brûlée et du froid glacial - la même qui aura eu l'armée napoléonienne lors de la campagne russe - a permis l'annihilement des troupes nazies, elle a également signé la mort de millions de Soviétiques. Les deux principales villes, Leningrad et Stalingrad, sont assiégées mais finissent par en ressortir libres, malgré des destructions incommensurables et des millions de pertes des deux côtés. Les Américains et Anglais (la France ayant été déclassée) participent à l'effort de guerre en envoyant des armes, véhicules blindés, provisions et moyens de communications aux Soviétiques. Lors de la conférence de Yalta, en 1945, Staline s'octroie la plupart des pays (dont la Pologne) qui seront libérés par l'Armée rouge. L'URSS héritera de la majorité de l'Europe ainsi que de l'Allemagne de l'Est, et d'une partie de Berlin (Berlin-est) ; mais la pression des Anglais est suffisamment forte pour que toute l'Europe de l'Ouest reste capitaliste. Les Soviétiques finissent à leur tour par envahir puis occuper l'Allemagne et leurs territoires ; à l'exception de la France et de l'Allemagne de l'ouest, ayant été libérés par les Alliés occidentaux. À la fin de la guerre, l'URSS prend part aux combats contre les Japonais et participera directement à l'établissement de Mao en Chine ainsi qu'à l'établissement de la future Corée du Nord.

1.7 L'Après-guerre, constitution des Blocs et début de la guerre froide[modifier | modifier le wikicode]

Peu après la fin de la guerre, l'URSS se dote de l'arme nucléaire. La menace d'une guerre nucléaire devient tangible à mesure que les tensions s'accroissent entre les deux anciens alliés soviétique et américain.

L'Après-guerre marque la constitution du monde en deux blocs (le capitaliste, dominé par les Américains ; et le staliniste, dominé par l'URSS) aux intérêts radicalement opposés, dont leurs deux leaders principaux ne s'affronteront jamais directement : la guerre froide. Des gouvernements petits-bourgeois staliniens sont placés à la tête des pays satellites de l'URSS. En 1950, la moitié de l'Europe (dont la quasi-totalité des pays de l'est) appartiennent au bloc soviétique, et signent le Pacte de Varsovie : ce pacte les place sous la protection de l'URSS en échange d'un suivisme économique et politique total. Symbole de la fracture entre les deux Blocs, l'URSS et les pays membres du pacte de Varsovie refusent l'aide offerte par les Américains. Seule la Yougoslavie, sous la direction de Tito, s'oppose à la mainmise de l'URSS tout en restant à l'écart du bloc occidental.

1.8 1953 : décès de Staline, arrivée de Nikita Khrouchtchev...[modifier | modifier le wikicode]

Staline "règne" sur l'URSS et la moitié de l'Europe. Mais la mort le rattrape en 1953, propulsant Khrouchtchev au pouvoir. Khrouchtchev est fils d'un forgeron (petit-bourgeois) russe, et son arrivée à la tête de la puissance soulève de nombreux espoirs. Ce dernier tranche radicalement avec son prédécesseur, en pratiquant une politique de dégel politique et économique relative : le crime de "contre-révolution" est aboli, plus d'un million de prisonniers (essentiellement politiques) sont libérés. Mais ses réformes s'arrêtent ici. Khrouchtchev est en effet pleinement partisan de la nomenklatura. Khrouchtchev se montre intraitable aussi bien avec les opposants à la bureaucratie, qu'avec les Américains : sa seule concession, sera celle lors de la crise des missiles de Cuba, le monde ayant frôlé de justesse la guerre nucléaire. Fondamentalement, le système soviétique n'a pas changé : la classe ouvrière et paysanne reste exploitée, le multipartisme est banni.

L'Humanité pleurant le décès du 'petit père des peuples'

1.9 XXe Congrès et révolution en Hongrie[modifier | modifier le wikicode]

En 1956, le XXe congrès du PCUS a lieu. Khrouchtchev dévoile sa ligne directrice, axée sur la croissance et le développement de l'industrie lourde (et plus tard spatiale).


Affiche de propagande soviétique

Mais le Bloc de l'Est est fortement ébranlé par une insurrection en Hongrie, qui se transforme en révolution : loin de toute volonté de restauration capitaliste, les ouvriers, la jeunesse et l'intelligentsia hongrois voulaient surtout en finir avec la dictature stalinienne. Le ras-le-bol était tel que de nombreux cadres communistes épousèrent cette cause avec enthousiasme. Certains furent exécutés après les événements, comme le colonel communiste Pal Maleter. Mais la révolution fût brisée par l'URSS. Car l'exemple d'une démocratie ouvrière authentique, aurait provoqué l'effondrement en cascade des autres régimes et, par extension, de la bureaucratie russe.

1.10 Révolution cubaine[modifier | modifier le wikicode]

En 1959, le Bloc de l'est s'étend vers l'ouest. En effet, la révolution a porté au pouvoir, malgré les efforts des américains, Fidel Castro, un petit-bourgeois radical soutenu par Che Guevara et ayant tissé des liens avec la bureaucratie soviétique. Le pays sera l'un des seuls d'Amérique centrale à résister à l'impérialisme états-unien ; mais cela se fera au prix d'une sévère bureaucratisation du régime cubain qui maintiendra au pouvoir le clan Castro.

1.11 Chute de Khrouchtchev[modifier | modifier le wikicode]

Nikita Khrouchtchev, à l'ambassade polonaise de Moscou, le 18 novembre 1956.

En 1963, Khrouchtchev doit céder sa place à Brejnev, un petit réformateur dans la droite lignée de Khrouchtchev. Par la suite, différents hommes d'États se succèderont au pouvoir (Liberman, Trapeznikov, Kossyguine...) et tenteront des réformes, qui seront avortées car qui menaceront l'hémégonie de la nomenklatura.

En 1968, se produit le Printemps de Prague. Les Soviétiques, conscients qu'ils risquent là de perdre l'un de leur bastion phare en Europe, répriment la contestation en envoyant l'Armée rouge régler le problème. Tout comme lors de l'insurrection hongroise, les Tchécoslovaques sont écrasés, et le régime stalinien remis en place.

En avril 1973, Brejnev tente d'impulser une réforme pour assouplir la planification, et notamment pour rendre les grands conglomérats plus libres de traiter avec l'étranger. Mais la réforme est vidée de sa substance, notamment par le président Podgorny.

1.12 1973 : défaite des États-Unis au Vietnam[modifier | modifier le wikicode]

🔍 Voir : Guerre du Vietnam.

1.13 1979 : intervention soviétique en Afghanistan[modifier | modifier le wikicode]

Le pouvoir afghan, alors dans de bonnes relations avec l'URSS, est menacé par les Talibans, des fondamentalistes islamistes qui se servent des armements offerts par les Américains pour combattre le pouvoir en place. Les Soviétiques envoient alors leur Armée mais les opérations s'enlisent, aggravant la crise du système soviétique.

1.14 1979 – 1980 : Solidarnosc en Pologne ; coup d’état de Jaruzelski[modifier | modifier le wikicode]

Le début des années 1980 va marquer la fin des idées « marxistes-léninistes » et plus généralement la dissolution progressive de l'influence russe en Europe de l'Est. Ce mouvement de contestation radical commença en Pologne. La classe ouvrière est soumise à de dures conditions d'exploitation, malgré que les cadres communistes soient au pouvoir. Des radicaux de gauche, radicalement opposé au pouvoir en place, créent Solidarnosc, par opposition au seul syndicat autorisé : ce syndicat réclame tout d'abord de meilleures conditions de travail, avant de réclamer plus de libertés politiques et moins d'inégalités entre la base et le sommet de l'État. Mais le général Jaruzelski, proche de la diplomatie soviétique, va renverser le pouvoir par un coup d'État et instaurer sa chape de plomb stalinienne. Solidarnosc entre alors dans la clandestinité : son existence légale ne sera reconnue qu'en 1989.

1.15 1985 : Arrivée de Gorbatchev ; « glasnost et perestroika »[modifier | modifier le wikicode]

L'arrivée de Gorbatchev, réformateur libéral, va constituer l'un des évènements phares de l'histoire de la fin de siècle. Gorbatchev est pour l'introduction de capitalisme dans l'économie russe, qui était alors paralysée (les forces de productions stagnaient voire régressaient par endroits) ainsi que d'un peu de libéralisme politique.

La chute du mur de Berlin en 1989, construit en 1961[1] pour empêcher les habitants de Berlin-est de migrer dans les quartiers de l'ouest, va accélérer la désintégration du système économique russe parallèlement à celle de son idéologie. Les rapports sociaux de production sont en passe de changer : d'une planification bureaucratique, on aboutit à un système de libre-échange, de plus en plus globalisé. Pour la première fois, les Russes peuvent se rendre à un McDonald's ou boire du Coca-Cola...

1.16 1991 : fin de l'URSS[modifier | modifier le wikicode]

L'URSS, craquant de l'intérieur, se dissout en 1991. Elle cède sa place à la Fédération de Russie actuelle ainsi qu'à une myriade d'autres petits pays (qui resteront souvent dans le giron de l'ex-URSS) comme la Géorgie, le Kazakhstan...

Officiellement, le multipartisme est adopté et la liberté de la presse restaurée. Dans les pratiques, le pouvoir en place use d'assassinats comme méthode de terreur politique, s'en prend violemment aux réformistes de gauche tout comme aux "nostalgiques" (des partisans de l'URSS).

2 Société soviétique et analyses[modifier | modifier le wikicode]

2.1 Condition ouvrière[modifier | modifier le wikicode]

La colère contre les privilèges des bureaucrates était bien présente parmi la classe ouvrière, même si elle n'a jamais réussi à éclater en un grand mouvement révolutionnaire.

« Les ouvriers sont fidèles au système soviétique et au Parti, mais ils ne portent pas dans leur cœur les patrons dans grandes usines qui roulent dans des conduites intérieures noires Volga avec chauffeur. Si jamais il y avait une seconde révolution, elle serait d’abord contre les patrons dans leurs Volga noires. » Iouri, un jeune métallurgiste près de Moscou, années 1970[2]

Ernest Mandel écrivait en 1987 :

« Différents observateurs de la vie quotidienne soviétique, surtout le philosophe et satiriste Alexandre Zinoviev ( cf. Alexandre Zinoviev, Le Communisme comme Réalité, l'Age d'Homme, Paris, 1981) mais aussi, malheureusement, le socialiste-révolutionnaire oppositionnel Ticktin affirment que la stabilité de l'Union soviétique repose sur une connivence tacite entre la bureaucratie et les travailleurs (Ticktin, Critique n° 12, p. 132-135, et p. 129). La faiblesse de cette thèse a été démontrée par les événements polonais de l'été 1980, et la lutte acharnée des travailleurs polonais pour obtenir plus d'égalité sociale et économique. »[3]

2.2 Condition des femmes en URSS[modifier | modifier le wikicode]

La révolution d'Octobre 1917 a permis d'établir l'égalité en droit entre hommes et femmes, et a engagé des mesures visant l'émancipation économique et sociale des femmes.

Mais au fur et à mesure de la bureaucratisation du nouvel État, la condition des femmes s'est dégradée, et Staline est revenu sur certaines avancées. L'avortement a été interdit, le célibat taxé...

2.3 Liens entre bolchévisme et stalinisme[modifier | modifier le wikicode]

De nombreux auteurs, y compris marxistes, ont fait le lien entre la politique léniniste des premiers temps du régime soviétique et celle sous le stalinisme. Face à ce raccourci, Trotski et les trotskystes voient dans l’isolement international de la Russie et dans l’affaiblissement numérique de la classe ouvrière la source de la bureaucratisation du régime, bureaucratisation dont Staline deviendra le nom.

Cependant, sans remettre en cause cette analyse générale, certains auteurs se sont attachés à montrer comment certains défauts contenus dans la première phase de la révolution russe ont pu, par la suite, contribuer à donner naissance au monstre stalinien.

2.4 Nature de l'État soviétique[modifier | modifier le wikicode]

De nombreux débats ont eu lieu sur la nature de l'État issu de la révolution russe. Dès les années 1920 avec les débuts de la bureaucratisation, et plus encore avec le plein développement du totalitarisme stalinien, ces débats sont devenus plus aigus, parce que liés aux positions par rapport à l'URSS (hostilité, défense partielle ou inconditionnelle...). Trotski caractérisait l'État soviétique comme un « État ouvrier bureaucratiquement dégénéré », mais d'autres marxistes l'ont plutôt caractérisé comme un « capitalisme d'État » ou un « collectivisme bureaucratique ». Après 1945, l'apparition de nombreux autres États dirigés par des bureaucraties de type stalinien a encore complexifié ce débat.

2.5 Dynamisme économique et stagnation[modifier | modifier le wikicode]

Plusieurs analyses ont été faites pour tenter d'expliquer les évolutions de la croissance soviétique.

Ernest Mandel rapprochait la bureaucratie soviétique des anciennes classes dominantes rentières :

« Aussi longtemps que la pénurie absolue de biens de consommation y persista - c'est-à-dire en gros de 1929 à 1950 -, la nécessité de satisfaire leurs besoins immédiats pousse les bureaucrates à forcer les travailleurs à doubler ou tripler d'efforts. Quand ces besoins immédiats furent assurés, l'économie soviétique fut confrontée au problème qui a caractérisé toutes les sociétés précapitalistes. Des classes ou des couches (castes, etc. ) dominantes, dont les privilèges sont en gros réduits à des avantages de consommation privée, n'ont pas d'intérêt objectif à long terme à l'accroissement durable de la production. »[3]

2.6 Dissidence[modifier | modifier le wikicode]

Le dissident était souvent présenté en occident comme un démocrate libéral, auquel le démocrate libéral d'occident pouvait s'identifier. Mais les dissidents pouvaient être d'idéologies très différentes. On peut par exemple souligner la différence entre trois figures :

De façon plus feutrée, certains auteurs émettaient de prudentes et timides critiques du régime. Par exemple dans le journal soviétique Voprossi Philosophii, l'éditeur en chef parlait des « contradictions » qui touchaient les sociétés « socialistes » modernes.[4] et Anatoli Boutenko se demandait, en prenant soin de parler uniquement du cas de la Pologne soviétique, si « la propriété commune des moyens de production » ne risquait pas d'être remplacée « par la propriété d'État bureaucratique, séparée des travailleurs ».[5]

3 Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

4 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]

  1. Histoire du mur de Berlin (L'Histoire pour tous)
  2. Hedrick Smith, Les Russes, 1974
  3. 3,0 et 3,1 Ernest Mandel, Bureaucratie et Production Marchande, avril 1987
  4. Vadim. S. Semionov, « Le Problème des Contradictions sous le Socialisme », Voprossi Philosophii, n° 7, 1982,
  5. A. Butenko, « Les Contradictions dans le Développement du Socialisme en tant qu'Ordre Social »,Voprossi Philosophii, n° 10, 1982.