Quatrième internationale

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La Quatrième internationale est une organisation communiste (trotskiste) fondée en 1938 en France par Léon Trotski, à la suite de l'exclusion violente des Oppositions communistes de la IIIe Internationale, à la répression qui s'est abattue sur les opposants en URSS et face au constat qu'il était impossible de militer dans le mouvement communiste officiel désormais verrouillé par la bureaucratie stalinienne.

1 Héritage historique[modifier | modifier le wikicode]

1.1 La continuité[modifier | modifier le wikicode]

La Quatrième internationale s'inscrivait dans une continuité du mouvement ouvrier révolutionnaire, successivement :

Léon Trotski était à l'origine un militant « social-démocrate » de la Deuxième internationale (ce qui était alors synonyme de marxiste révolutionnaire), comme tant d'autres (Lénine, Luxemburg...). Tout comme les termes de marxisme et de léninisme, le terme de trotskisme a été créé par les autres courants : Lénine et Trotski n'ont jamais prétendu avoir forgé une doctrine « différente » de celle du communisme scientifique défendu par Marx et Engels.

1.2 Trotskisme et léninisme[modifier | modifier le wikicode]

Dans le milieu social-démocrate russe des années 1903-1917, on parlait déjà de trotskisme pour désigner les idées particulières de Trotski et de ses partisans. Trotski avait collaboré à l'Iskra (avec Lénine) en 1902-1903, puis avait fait parti en 1903 de la minorité de Martov (ceux qui seront appelés plus tard les menchéviks), contre la conception du parti de Lénine, qu'il jugeait trop rigide. Trotski s'est rapidement éloigné des menchéviks, se tenant « hors fractions » jusqu'en 1917, et militant pour la réunification du POSDR. Pendant l'épisode révolutionnaire de 1905 en Russie, il joue un rôle organisateur central (devenant président du Soviet ouvrier de Petersbourg), et développe la théorie-programme de la révolution permanente. Il critique alors aussi bien la position des menchéviks (révolution bourgeoise dirigée par la bourgeoisie) que celle des bolchéviks (révolution bourgeoise réellement populaire, dirigée par une dictature démocratique des ouvriers et des paysans), tout en reconnaissant que ces derniers sont de fait plus révolutionnaires. Pendant la révolution de 1917, Trotski et Lénine défendent la même orientation stratégique : les Thèses d'avril de Lénine sont alors globalement vues comme un virage à gauche, et Lénine est taxé de « trotskisme » par nombre de vieux bolchéviks). Trotski rejoint le parti bolchévik en août 1917, ce qui fera dire à Lénine : «Trotski a compris que l’unité avec les mencheviks est impossible, et dès cet instant il n’y a pas de meilleur bolchevik que Trotski »[1].

Dans le feu de la révolution, les anciens désaccords ne seront pas vraiment abordés. Néanmoins Trotski a déclaré que selon lui, c'est Lénine qui avait eu raison sur la question du parti, et Lénine aurait reconnu que Trotski avait eu raison sur la révolution permanente. Par ailleurs les premiers congrès de l'Internationale communiste adoptent des positions très proches de celles de Trotski sur la révolution permanente.

Après la mort de Lénine (1924), le « léninisme » devient très vite un dogme et se retrouve sans cesse invoqué comme argument d'autorité dans le Parti bolchévik. De nombreux dirigeants comme Zinoviev ou Staline discréditent Trotski en rappelant qu'il avait été menchévik, en extirpant des citations polémiques entre lui et Lénine, et en construisant un trotskisme opposé au « marxisme-léninisme ». A l'inverse, les partisans de Trotski (Opposition de gauche) se dénommeront « bolchéviks-léninistes », accusant les staliniens de tourner le dos à tous les principes et méthodes que defendaient Lénine. Il est possible de trouver des nuances entre Trotski et Lénine, mais il ne fait aucun doute que c'est la bureaucratie stalinienne qui s'est écarté toujours plus de la politque révolutionnaire des débuts du communisme. A sa fondation, la 4e internationale se réclame des 4 premiers congrès de l'Internationale communiste.

2 De l'Opposition de gauche à la Quatrième internationale[modifier | modifier le wikicode]

2.1 De la direction à l'opposition[modifier | modifier le wikicode]

Après sa création en 1919, l'Internationale communiste s'agrandit rapidement, profitant de la vague révolutionnaire qui suit la guerre de 1914-1918 et de l'aura qu'a la révolution d'Octobre sur les travailleurs du monde entier. L'Internationale cherche en premier lieu à assurer une rupture nette avec les courants réformistes et centristes, par exemple avec les 21 conditions.

Cependant autour de 1921, quand la crise politique se fait moins aigue au niveau mondial, la direction de l'Internationale met en avant des tactiques pour continuer à progresser numériquement : front unique, parlementarisme révolutionnaire... Cela provoque une rupture avec des courants (« gauches communistes ») qui considèrent ces tactiques comme une dérive opportuniste. Des communistes de conseils créent en 1922 l'Internationale communiste ouvrière (Celle-ci fut parfois appelée à cette époque « Quatrième internationale » mais elle est sans lien avec le trotskisme). C'est contre ces courants que Lénine écrira La maladie infantile, et Trotski sera en plein accord avec lui pour les caractériser comme « gauchistes ».

En 1923, Trotski forme avec d'autres cadres bolchéviks l'Opposition de gauche en URSS. A ce moment-là, l'échec de la révolution allemande tend à créer un climat de repli sur l'URSS, que Staline justifiera bientôt par la ligne du « socialisme dans un seul pays ». L'Opposition critique le manque de démocratie interne et le bureaucratisme croissant dans le parti et l'État. Elle avance également qu'une révision de la NEP et une accélération de l'industrialisation est urgent. Un bloc contre Trotski se forme entre Staline, Kamenev et Zinoviev, ce dernier dirigeant alors l'Internationale et la soumettant de plus en plus à Moscou (« bolchévisation »).

Mais l'appareil bureaucratique qui se reconnaît en Staline se renforce et devient de plus en plus conservateur. En 1925, Staline se retourne contre Zinoviev et Kamenev, qui s'allient avec Trotski (Opposition unifiée). Mais quand il apparaît rapidement que le rapport de force est toujours en faveur de Staline, Zinoviev et Kamenev lâchent Trotski, fin 1927. En janvier 1928, Trotski, exclu du parti, est assigné à résidence à Alma-Ata (dans l'actuel Kazakhstan). En 1929, il est exilé à Prinkipo (Turquie), puis de 1933 à 1936 il erre en Europe où aucun gouvernement ne veut lui accorder de vrai visa, avant de pouvoir finalement s'établir au Mexique.

En avril 1929, Trotski écrivait : «  De divers côtés, on cherche à nous attribuer le projet de créer une IVe Internationale : c'est une idée entièrement fausse. (...) Entre le marxisme et le social-patriotisme, il n'y a pas de place pour le stalinisme. Après avoir traversé une série d'épreuves et de crises, l'Internationale communiste se libérera du joug d'une bureaucratie sans principes idéologiques, capable seulement d'opérer tiraillements, zigzags, répression et de préparer la défaite. Nous n'avons aucune raison de construire une IVe Internationale. Nous continuons et développons la ligne de la IIIe Internationale, que nous avons préparée pendant la guerre et à la fondation de laquelle nous avons participé avec Lénine, après la Révolution d'octobre.  »[2]

Pendant plusieurs années, il continuera à échanger avec ses partisans en URSS et à l'étranger, prônant le redressement de l'Internationale. Il affirmait son optimisme et se défendait de vouloir construire une autre internationale. En juillet 1929 il entame la publication d'un Bulletin de l'opposition. En avril 1930 il met sur pied un secrétariat international provisoire de l'Opposition communiste.

En 1930, un nouveau regroupement oppositionnel se forme dans l'Internationale communiste, autour de Boukharine, Brandler, Maurín... Il sera qualifié par les staliniens « d'opposition de droite ». En 1931, des exclus forment avec des courants rompant sur la gauche avec les socialistes le Centre marxiste révolutionnaire international (« Bureau de Londres »).

2.2 De l'opposition à la rupture[modifier | modifier le wikicode]

Mais les conditions pour mener un débat d'opposition dans la Troisième Internationale sous domination stalinienne sont de plus en plus difficiles. Les opposants sont persécutés, et qualifiés du terme infamant de trotskistes même s'ils n'ont rien à voir avec Trotski.

La ligne de l'Internationale est de plus en plus insensée du point de vue des intérêts de la révolution (zigzags entre gauchisme de la troisième période[3], opportunisme avec les fronts populaires...), et toujours plus soumise aux intérêts diplomatiques de l'État bureaucratique d'URSS. Finalement c'est après l'écrasement du mouvement ouvrier allemand par Hitler (1932), facilité par la politique catastrophique du PC allemand, que Trotski se convainc que la Troisième internationale ne peut plus être redressée.

En octobre 1933, le Bulletin de l'opposition publie un appel signé du parti ouvrier socialiste allemand, du parti socialiste indépendant de Hollande, du parti socialiste révolutionnaire de Hollande, de l'opposition bolchevique russe, en faveur de la prochaine constitution d'une Quatrième Internationale, appel que Trotski commente ainsi : « Il n'y a plus de parti bolchevik. La réforme du parti communiste russe est devenue une impossibilité... L'État ouvrier ne peut être sauvé que par le mouvement révolutionnaire mondial... L'Internationale communiste est morte pour la révolution. »

Et dans la préface qu'il écrira pour une réimpression de Terrorisme et Communisme, il précisera sa pensée : « Après la capitulation honteuse de l'Internationale communiste en Allemagne, les bolcheviks se sont écriés : "La Troisième Internationale est morte !.." Les deux Internationales, non seulement la Deuxième mais aussi la Troisième sont atteintes jusqu'à la moelle... Les grands événements (Chine, Angleterre, Allemagne, Autriche, Espagne) ont rendu leur verdict... Il s'agit non de "proclamer" d'une façon artificielle la Quatrième Internationale mais de la préparer systématiquement. »

La "proclamation" n'aura lieu que 5 ans plus tard. Trotski a essayé un moment de faire du Bureau de Londres la base organique d'une future Quatrième Internationale, mais ses propositions ont été rejetées par les principaux partis. Des groupes favorables aux idées de Trotski existent partout, en Europe, en Amérique, en Asie, dans l'Afrique du Sud, mais sont numériquement faibles. Beaucoup disent qu'il est trop tôt, qu'ils n'ont pas encore réussi à montrer aux travailleurs que l'Internationale communiste a perdu tout caractère internationaliste et prolétarien. A ceux-là, mais surtout aux détracteurs socialistes et staliniens, Trotski répond :

« La Quatrième Internationale se hisse sur les épaules de ses trois devancières. Elle reçoit des coups, de front, de flanc et par-derrière. Les arrivistes, les poltrons et les philistins n'ont rien à faire dans ses rangs. Une portion inévitable au début, de sectaires et d'aventuriers s'en ira au fur et à mesure que le mouvement grandira. Laissons les pédants et les sceptiques hausser les épaules au sujet des " petites organisations " qui publient de " petits journaux " et lancent des défis au monde entier. Les révolutionnaires sérieux passent à côté d'eux avec mépris. La révolution d'octobre, elle aussi, a commencé à marcher dans des souliers d'enfant.»

2.3 Fondation de la Quatrième internationale[modifier | modifier le wikicode]

Conférence fondation 4e internationale.png

Cette Quatrième Internationale sera officiellement fondée le 3 septembre 1938, avec 25 délégués de 11 pays dans une maison située à Périgny-sur-Yerres (département du Val-de-Marne) prêtée par Alfred Rosmer. Parmi les délégués figuraient deux jeunes représentants des Revolutionäre Kommunisten Östereichs (RKÖ), Karl Fischer et Georg Scheuer.[4] Elle adopte un document programmatique appelé Programme de transition.

Trotski pensait que la nouvelle Internationale devait à terme se trouver à la tête de millions de travailleurs dans le monde, car la nouvelle guerre mondiale allait amener une crise sociale profonde dont le capitalisme ne pourrait pas sortir, en corrélation avec la désintégration du stalinisme en URSS. Mais au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l'URSS sort renforcée idéologiquement, politiquement et économiquement, affermissant son pouvoir sur les principaux Partis communistes du monde et décuplant son influence. L'histoire de la Quatrième internationale est alors celle de petites organisations, de centaines ou parfois de quelques milliers de personnes.

L'Internationale doit affronter dès sa naissance même une scission, celle des partisans que l'URSS est un collectivisme bureaucratique, autour de Max Shachtman, qui gagne une partie des section américaine, uruguayenne et ceylanaise.

3 La Quatrième Internationale après Trotski[modifier | modifier le wikicode]

3.1 La Quatrième internationale dans la guerre mondiale[modifier | modifier le wikicode]

L'Internationale doit affronter dans ses premières années la guerre et la répression tout azimut, des Alliés comme des Nazis ou des Soviétiques. Le bureau européen, anéanti, est reconstitué autour de Michel Raptis, dit Pablo, en 1943. Ce bureau met en place les conditions pour créer des partis trotskystes unifié dans le plus de pays européen possible. Aux USA, le SWP fait face à de nombreux tracas judiciaires. Beaucoup de trotskystes indiens sont massacrés en organisant les luttes paysannes contre les famines et la guerre. Les trotskystes vietnamiens sont exterminés par les nationalistes vietnamiens agissant sous les ordre des staliniens.

La Quatrième Internationale sort de la guerre renforcé numériquement et moralement, mais sans parvenir à faire éclore ses perspectives propres, c'est à dire la victoire d'une révolution prolétarienne permettant un réveil du prolétariat soviétique. Elle entreprend des discussions avec les groupes shachtmaniens, qui aboutisse au retour de la section uruguayenne en son sein, mais ne croit pas exponentiellement.

Manifeste du IIe congrès (avril 1948) de la IV° Internationale aux exploités du monde entier, publié en brochure.

En 1948, la Quatrième Internationale adopte les thèses selon lesquelles les états où il n'y a pas eu de révolution prolétarienne mais où la bureaucratie stalinienne a pris le pouvoir serait des "états ouvriers déformés". Logiquement, elle défend donc désormais non seulement l'URSS, mais aussi tout le bloc de l'Est, en estimant que les conquêtes d'Octobre ont pu être importé de l'extérieur.

Cette même année, elle se lance dans une campagne de soutien aux dissident du bloc de l'Est, notamment ceux du procès de Prague, mais surtout à Tito, qu'elle voit comme la première brèche dans le stalinisme.

1948 est également un tournant pour les sections latinos-américaines, qui sont organisés dans un Bureau Latino-Américain placé sous l'égide du militant argentin Homero Cristali, dit Juan Posadas, proche politiquement de Pablo.

3.2 La scission de 1952[modifier | modifier le wikicode]

Dans un contexte où la révolution prolétarienne ne semble pas arriver, et où la Guerre Froide s'installe, avec la victoire de la Révolution Chinoise de 1949 puis l'échec des trotskystes à mener à son terme la Révolution Bolivienne de 1952, Pablo écrit des thèses qui vont profondément diviser la Quatrième Internationale. Remplaçant la lutte des classes par la lutte entre bloc soviétique et bloc impérialiste, il prévoit une Troisième Guerre Mondiale imminente et préconise donc l'entrisme dans les partis staliniens afin d'être du côté des vainqueurs de la guerre et de pouvoir faire, après coup, la révolution politique sur ces bases.

Il rencontre une opposition féroce dans la section française, avec une réponse cinglante de Marcel Bleibtreu, puis la tentative d'organisation d'une faction internationale par le PCI français pour le Troisième Congrès de la Quatrième Internationale. Jouant sur les antagonismes internes, Pablo fait saisir en 1952 les presses de l'organisation française au nom de l'Internationale, ce qui précipite la scission. Rejoint par le Socialist Workers Party américain, qui a découvert que Pablo organisait en secret une fraction sur ses positions en son sein, et par une partie des trotskystes latino-américain menés par Hugo Capacete, dit Nahuel Moreno, les scissionnaires mettent sur pied une organisation internationale alternative, le Comité International.

Il y a désormais deux Quatrième Internationale.

3.3 1952 - 1963 : émiettement et réunification[modifier | modifier le wikicode]

Ce comité International, cependant, marche difficilement. Le SWP ne peut s'y impliquer à fond, paralysé par la répression maccarthyste, les latinos-américain s'organise quasiment indépendamment dans le SLATO (Secrétariat Latino-Américain du Trotskisme Orthodoxe), le PCI français traverse des périodes troublées par des scissions sur la question algérienne et la question syndicale, et seule la section anglaise, autour de Gerry Healy, tente de s'occuper réellement du Comité.

Le Secrétariat International de Pablo subit également des revers, mais parvient à croître en terme de nombres de section, ce qui lui permet d'affirmer sa légitimité comme seule véritable Quatrième Internationale. Elle s'implique tout particulièrement dans la lutte pour la victoire du FLN algérien, implantant notamment une usine d'arme au Maroc et organisant les réseaux européens de porteurs de valises.

Sa plus grande défaite est le départ de l'intégralité des sections latinos-américaines en 1962, Juan Posadas fondant sa propre organisation se réclamant de la Quatrième Internationale.

La Révolution à Cuba crée un infléchissement dans les positions des uns et des autres. Le Secrétariat International, le SWP et le SLATO y voit une révolution qui a mis en place un état ouvrier déformé comme dans les pays de l'Est, alors que les section françaises et anglaises du Comité International s'oppose à cette vision.

Cela permet en 1963 la tenue d'un congrès qui réunifie la Quatrième Internationale autour d'un "Secrétariat Unifié", laissant les-dites sections françaises et anglaises seules dans le Comité International.

3.4 1963 - 1979 : L'apparition de nouveaux pôles internationaux[modifier | modifier le wikicode]

En 1964, le parti Lanka Sama Samaja intègre une coalition gouvernementale au Sri Lanka, et est exclu pour cela de la Quatrième internationale.

Au sein du Secrétariat Unifié les positions ne sont pas toutes unanimes sur Cuba. Le SWP voit apparaître en 1962 la Revolutionnary Tendancy, qui se place sur les bases du Comité Internationale quand à sa caractérisation de l'état cubain. Elle est elle-même divisé en son sein entre un groupe autour de Tim Wohlforth qui est sur les positions de Healy et un autre autour de James Robertson qui les critiquent. Expulsé en 1964, la RT se divise, le groupe de Wohlforth formant la Workers League en 1966 et celui de Robertson la Spartacist League.

Se voyant isolé, ce qui reste du Comité International prend l'initiative d'organiser à Londres en 1966 une conférence trotskyste afin de discuter de l'unification des courants qui s'opposent à l'entrisme et à la caractérisation de Cuba comme un état ouvrier. Cette conférence est un semi-échec, elle permet de rallier une fraction du POR bolivien et de ses alliés en Amérique Latine, mais éloigne d'autres groupes, comme Lutte Ouvrière en France ou la Spartacist League aux USA. Ces deux organisations restèrent en contact après la conférence, envisageant de former une organisation internationale commune, avant de finalement s'éloigner.

Dans le même temps, le Secrétariat Unifié voit, outre la RT du SWP, d'autres secteurs faire scission. C'est d'abord une partie de sa section britannique autour de Ted Grant qui s'éloigne pour former le courant "Militant" du Labour Party, trouvant que l'Internationale prend de plus en plus des positions gauchistes. Ce courant se structurera plus avant en 1974, en formant le Comité pour une Internationale Ouvrière.

Ensuite, c'est celui qui a été le principal théoricien de l'Internationale depuis la Seconde Guerre Mondiale, Michel Pablo, qui fait scission en 1965. Les divergences portent sur la révolution coloniale et la crise sino-soviétique. Pablo va organiser la tendance marxiste-révolutionnaire de la Quatrième Internationale (TMR4), devenue tendance marxiste-révolutionnaire internationale (TMRI) en 1972.

Les événements de l'année 1968 voit les forces du trotskysme décupler, alors que les différentes sections de la Quatrième Internationale structure les mobilisations contre la guerre du Vietnam et pour la victoire des mouvements étudiants. Dans le Secrétariat Unifié, ces événements renforcent les tendances qui prônent l'emploi de la guerilla comme stratégie dans les pays dominés par l'impérialisme. Celle-ci vont imposer leur ligne dans les dix années qui suivent, lançant notamment plusieurs sections latino-américaines dans des combats perdus d'avance. Le massacre des militants guerillériste permet à Moreno de s'imposer comme le dirigeant du trotskysme an Amérique du Sud, car ses partisans ont préféré la lutte souterraine dans les syndicats à la lutte armée.

En 1971, le POR bolivien joue un rôle très important dans le déroulement de la Révolution en Bolivie, qui finit par être battue par un coup d'état. Le bilan de son action crée une division dans le Comité International, entre les sections américaines et anglaise d'une part et les sections latinos-américaines, d’Europe de l'est et française de l'autre. Ces dernières forment le CORQI (Comité d'Organisation pour la Reconstruction de la Quatrième Internationale), sans les sections d'Europe de l'Est, qui voulaient continuer le dialogue et maintenir le Comité International, et qui sont expulsées lors de la terrible "Affaire Varga".

Après cet épisode, il existe désormais trois organisations se réclamant du Comité International :

- Le Comité International autour du Worker Revolutionnary Party de Healy.

- Le CORQI autour de l'Organisation Communiste Internationaliste de Lambert et du Parti Ouvrier Révolutionnaire de Lora.

- La Ligue Internationale de Reconstruction de la Quatrième Internationale, autour de la Ligue Ouvrière Révolutionnaire en France et du Parti Ouvrier Révolutionnaire d'Espagne.

La Spartacist League se lance dans l'organisation de son propre courant international, la Ligue Communiste Internationale - Quatrième Internationale, notamment en orghanisant des scissions dans les sections du Secrétariat Unifié, comme en France.

Lutte Ouvrière, de son côté, après la rupture des relations avec la LCI-QI en 1969, organise une série de conférence internationale qui rassemblent entre sept en vingts organisations entre 1970 et 1972 et qui permettent le développement de son propre groupement international, l'Union Communiste Internationaliste - Quatrième Internationale.

3.5 1979 - 1982 : De l'espoir d'unification à de nouvelles dispersions[modifier | modifier le wikicode]

En 1979, le CORQI se rapproche du Secrétariat Unifié, en proposant une unification. Les sections latinos-américaines, qui étaient contre cette proposition, ont été expulsées en 1978 pour des questions portant sur l'action dans les syndicats fascistes. Autour du POR bolivien et de Politica Obrera en Argentine, elles forment en avril 1979 la Tendance Quatrième-Internationaliste.

Au sein du SU, les partisans de la fusion sont majoritaires. Ils comptent la Fraction Bolchevique, qui regroupe autour du Parti Socialiste des Travailleurs argentin de Moreno la plupart des militants sud-américain, et la Tendance Léniniste-Trotskiste, dont fait partie la majorité du SWP.

Mais la victoire de la révolution au Nicaragua vient faire capoter le projet. Le SWP rejoint la majorité du SU dans un soutien acritique au FSLN, et ce qui reste de la TLT rejoint la Fraction Bolchevique dans un comité d'organisation avec le CORQI. C'est ce qui sert de prétexte à l'exclusion de ces deux tendances par la majorité du SU. 45% des membres du secrétariat unifié rejoignent le CORQI et fondent le Comité International - Quatrième Internationale, faisant scissionner plusieurs organisations, dont la LCR française, qui perd un tiers de ses membres.

Le CI-QI apparaît comme le courant trotskyste le plus puissant, mais explose à son tour rapidement. L'OCI française a en effet pris la décision de soutenir François Mitterand dès le premier tour de l’élection présidentielle, ce qui déclenche une virulente polémique qui se termine par le départ de Moreno et de ses alliés, qui créent la Ligue Internationale des Travailleurs - Quatrième Internationale.

3.6 1982 - Aujourd'hui : Une Internationale toujours fragmentée[modifier | modifier le wikicode]

Posadas meurt en Italie en 1981. Son courant, très puissant en Amérique du Sud dans les années 60, actif dans les luttes ouvrières, des paysans sans terre, avait déjà sombré dans des théories du complot de toutes sorte (extraterrestre, transfusion sanguine, complot de la CIA, etc.) dans les années 70, et la plupart de ses militants avait rejoint le courant moréniste au moment de sa mort.

Le courant de l'OCI subit plusieurs transformations, dues aux rapports de force internes dans le parti, et voit beaucoup de ses dirigeants être expulsé. On peut citer le péruvien Richard Napuri (qui rejoint la LIT-QI), ou les français Pierre Broué ou Stéphane Just. Aujourd'hui, les deux fractions héritières du lambertisme se rassemblent dans l'Entente Internationale des Travailleurs d'un côté, et dans le Comité Ouvrier International de l'autre.

Le courant de la LCI-QI subit de petites scission, comme la Tendance Bolchevique Internationale et la Ligue pour la Quatrième Internationale.

Le Secrétariat Unifié, après des années 80 catastrophique marquée par un affaiblissement continu, parvient à se reconstruire en structurant et encadrant une nouvelle génération de militants issu du mouvement altermondialiste des années 1990. Après la chute du mur de Berlin, le SU déclare constater qu'une nouvelle époque du capitalisme s'est ouverte et formule l'idée de ne plus restreindre ses activités aux organisations révolutionnaires, mais de créer des "partis larges", anticapitalistes, ce qui va être appliquer dans les années 2000 avec la création en France du NPA, par exemple. Aujourd'hui, d'après Michel Lequenne, le SU n'existe plus qu'en tant que courant entriste très marginal, parasitant la gauche radicale.

Même s'il ne gagne plus de sections dans de nouveaux pays, le courant UCI-QI semble se développer en nombre, surtout en Afrique et aux USA, avec la participation aux élections du Working Class Party.

La tendance Militant joue un rôle très important en Grande-Bretagne dans le combat contre Tatcher, dans sa résistance à la tête de la mairie de Liverpool puis dans sa conduit du combat contre la Poll Tax, qui conduit Tatcher à la démission. L’arrivée massive de militants après cette lutte crée un débat sur la sortie du Labour. Les partisans du maintien de l’entrisme autour de Ted Grant sont minoritaires dans l’organisation britannique, mais majoritaire à l’international. Deux organisations se créent donc, le Comité pour une Internationale Marxiste de Ted Grant et le Comité pour une Internationale Ouvrière autour de Peter Taafte. Le CMI lance en 2002 la campagne Hands off Venezuela, attaquant les agressions impérialistes sur le Venezuela.  En 2006, il change son nom en Tendance Marxiste Internationale, avant de subir une scission en 2009. Le CIO, quand à lui, gagne des positions, notamment aux USA, mais subit une scission en 2018, entre un groupe autour de Taafte et la majorité de l'Internationale.

La Tendance Quatrième-internationaliste, organisée autour du POR bolivien se divise en deux dans les années 90, notamment à cause du sectarisme et du caudillisme de plus en plus grand de Guillermo Lora. Trois POR (argentin, bolivien et brésilien) restent dans son internationale tandis que le reste, rejoint par les grecs de l'EEK et les turcs du DIP, fonde en 1997 le Mouvement pour la Refondation de la Quatrième Internationale puis en 2004 le Comité de coordination pour la refondation de la Quatrième Internationale.

Le courant moréniste, sans doute le plus nombreux des courants trotskystes pendant les années 80, a complètement volé en éclat après la mort de Moreno en 1987. Actuellement, plusieurs courants se réclament du morénisme:

- La LIT-QI.

- L'UIT-QI (fondé par la fusion de courants morénistes et de la LIRQI de Varga en 1995).

- La Ligue Socialiste Internationale, fondée en 2018 sur la base du groupement international Anticapitaliste en Réseau.

D'autres courants sont issus de scissions du morénisme mais en s'en réclame plus, comme la Fraction Trotskiste - Quatrième Internationale, qui a critiqué Moreno et semble s'orienter vers une fusion du trotskysme et du gramscisme.

4 Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Rapport de la première réunion légale du comité de Petrograd du parti bolchevique, le 1er novembre 1917, reproduit fac simile dans The Stalin School of Falsification, Léon Trotski, Pathfinder Press, New York, 1971, pp. 103.104.
  2. Léon Trotski, Préface à L'Internationale Communiste après Lenine, 15 avril 1929
  3. Trotski, La troisième période d'erreurs de l'Internationale Communiste, 8 janvier 1930
  4. Cécile Denis, Continuités et divergences dans la presse clandestine de résistants allemands et autrichiens en France pendant la Seconde Guerre mondiale : KPD, KPÖ, Revolutionäre Kommunisten et trotskystes, (thèse de doctorat réalisée sous la direction d’Hélène Camarade, soutenue publiquement le 10 décembre 2018 à l’université Bordeaux-Montaigne) (lire en ligne)

5 Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

5.1 Bibliographie[modifier | modifier le wikicode]

  • Pierre Broué, «  Les trotskystes et le problème de la guerre [Bilan historiographique] », in Les Internationales et le problème de la guerre au XXe siècle. Actes du colloque de Rome (22-24 novembre 1984), Rome, Publications de l'École française de Rome, 1987, p. 51-64, [lire en ligne].
  • Livio Maitan, "Per una storia della Quarta Internazionale", Roma 2006, ed. Alegre.

5.2 Liens externes[modifier | modifier le wikicode]