Sozialdemokratische Partei Deutschlands

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Affiche électorale de 1920

Le Sozialdemokratische Partei Deutschlands (en Allemand : Parti social-démocrate d'Allemagne), est un grand parti de gauche allemand.

Fondé en 1875 et avec des origines organisationnelles qui remontent à 1863, il est le plus ancien parti d'Allemagne. Il a une histoire longue depuis le parti ouvrier des origines, proche de Marx et Engels, d'abord réprimé par Bismarck de 1878 à 1890, puis pilier de la social-démocratie (marxiste) de la Deuxième internationale, et jusqu'au parti actuel que beaucoup de marxistes considèrent comme un parti bourgeois.

1 Histoire[modifier | modifier le wikicode]

1.1 Origines de la social-démocratie allemande[modifier | modifier le wikicode]

Au 19e siècle, le développement du capitalisme démarra plus tard en Allemagne par rapport à l'Angleterre, mais il s'accélère dans les dernières décennies. Le pays connut alors un essor industriel rapide, transformant des millions de paysans et d’artisans en prolétaires. Rien qu’entre 1882 et 1895, le prolétariat augmenta de 40 %, passant de 7 millions d’ouvriers à plus de 10 millions !

Concentrée dans les centres urbains et les régions industrielles, la classe ouvrière allait mener de nombreux combats contre les patrons et le gouvernement. C’est au travers de ces grèves, de ces manifestations, d’affrontements petits et grands avec la bourgeoisie et son État, que les travailleurs allemands allaient apprendre à s’organiser. Et c’est aussi au travers de batailles politiques, notamment électorales, qu’ils devinrent une véritable force politique, postulant à prendre la direction de la société.

Pourtant pas plus en Allemagne que dans les autres pays, l’idée que le prolétariat formait une classe avec des intérêts politiques distincts n’allait de soi. Les facteurs de divisions ne manquaient pas au sein du jeune prolétariat. Les particularismes de toutes sortes, le nationalisme, les divisions religieuses étaient répandus. Pour forger une conscience de classe, les militants social-démocrates firent une propagande inlassable, gagnant les ouvriers les plus conscients à leurs idées, éveillant des couches de plus en plus larges du prolétariat à la vie politique, à la compréhension de leur situation et du rôle que pouvait jouer le prolétariat pour transformer la société.

Les premiers germes de mouvement ouvrier allemand ont eu lieu dans la première moitié du 19e siècle, notamment dans les révolutions de 1848, mais cela restait alors assez faible. Le socialisme était alors presque inexistant en Allemagne,

Politiquement, le cadre germanique était divisé entre la Prusse, l'Autriche et de nombreux petits États, et l'unité nationale a tardé à se constituer. La révolution de 1848 a été une tentative, mais son échec a reporté l'unification, qui ne se fera que sous la direction autoritaire du chancelier Bismarck en 1871, lors de la fondation de l'Empire allemand.

1.2 ADAV et SDAP[modifier | modifier le wikicode]

Le premier vrai parti ouvrier d'Allemagne (et du monde) est l'Association générale des travailleurs allemands (ADAV), fondée en 1863 par Ferdinand Lassalle.

Mais ce dernier vire très vite à l'opportunisme, en promouvant une unité allemande et socialisme d'État réalisés, non par la révolution, mais en coopération le gouvernement prussien de Bismarck.

A la fin des années 1860, August Bebel et Wilhelm Liebknecht, qui sont convaincus par le marxisme, cherchent à construire un « grand parti ouvrier révolutionnaire ». Pour cela, ils militent dans un regroupement d'associations ouvrières (la VDAV) non alignées sur Lassalle. Ils poussent pour qu'elles soient indépendantes des forces bourgeoises et petite-bourgeoises (comme le Parti populaire), et s'inscrivent dans l'Internationale.

En août 1869 est créé, lors du congrès de la Fédération à Eisenach, le Parti ouvrier social-démocrate (Sozialdemokratische Arbeiterpartei, SDAP). Par la suite, en Allemagne, en Autriche et en Europe du Nord, c'est ce terme de social-démocratie qui sera majoritairement utilisé par les partis socialistes qui se constituent.

En 1871, suite à la victoire allemande contre la France, le pays est de fait unifié dans l'Empire allemand. En parallèle, la répression s'accentue contre les deux partis, et les pousse à se rapprocher. A ce moment-là, l'ADAV est plutôt en déclin par rapport au SDAP, et il y a par ailleurs une aspiration à l'unité dans la classe ouvrière. Aux élections législatives de 1874, les socialistes font 6,8%, l'ADAV obtient 3 députés, et le SDAP en obtient 7.

1.3 Parti socialiste ouvrier d'Allemagne (1875-1890)[modifier | modifier le wikicode]

Wilhelm Liebknecht, un des fondateurs de la social-démocratie allemande

En 1875, l'ADAV et le SDAP fusionnent lors d'un congrès à Gotha, formant le Parti socialiste ouvrier d'Allemagne (SAPD). Le programme adopté lors de l'absorption de l'ADAV par le SDAP est un texte de compromis d'inspiration marxiste, mais faisant une large place aux idées lassalliennes.

Marx et Engels approuvaient cette fusion, mais se montrent mécontents de ce programme, qui leur paraît opportuniste et antiscientifique. Marx rédige à cette occasion la Critique du programme de Gotha, texte connu à l'époque de quelques initiés seulement et dans lequel il dénonce les idées lassalliennes et affine la notion de dictature révolutionnaire du prolétariat.

1.4 Les lois antisocialistes de Bismarck[modifier | modifier le wikicode]

Devant cette croissance numérique mais surtout sociale et politique du prolétariat, Bismarck, qui considérait les socialistes comme « des bandes de brigands qui campent sur nos places », tenta d’arrêter leur progression en interdisant leur parti. Pendant douze ans, de 1878 à 1890, les lois dites antisocialistes tentèrent de juguler le mouvement ouvrier en train de se développer. Bien sûr, le pouvoir n’avait pas attendu ces lois pour réprimer les grèves, poursuivre les militants devant les tribunaux, condamner les députés à la forteresse.

Mais si les nouvelles lois contre les socialistes ne les empêchaient pas de se présenter aux élections, elles leur interdisaient de mener toute propagande, et d’éditer des journaux. La police pourchassait les militants, dispersait les réunions. Les militants connus étaient privés de leur gagne-pain, bannis de leur ville. Les libraires, les aubergistes étaient mis sous surveillance. Berlin était placé en état de siège.

Progressivement, camouflés en groupes de lectures ou de joueurs de cartes dans des appartements privés, en promeneurs du dimanche dans les parcs, les militants renouèrent les contacts et reprirent leurs réunions politiques.

Médaille de 1890

Une tâche très importante fut celle de continuer à diffuser et à publier la presse social-démocrate qui était rédigée à l’étranger. Il fallait échapper à la censure, en faisant circuler clandestinement cette presse, sous les manteaux, ou dans le double-fond des malles. C’était « la poste rouge ».

La vie du parti se transforma, autant de façon spontanée que par décision du parti lui-même. Et ce fut une école d’organisation, où les militants apprirent le dévouement, ainsi que l’art de ne pas succomber aux provocations policières. Le parti s’adapta à la répression en menant toute une activité illégale, en organisant les grèves, mais aussi en exploitant toutes les failles possibles du régime policier.

Et la possibilité de participer aux élections, d’élire des députés au Parlement, en était une de taille. Elle permit à la fois de mener des batailles politiques larges, à l’échelle du pays, et d’avoir une tribune, d’autant que les discours des parlementaires pouvaient être publiés, ce qui permettait de contourner la censure sur la presse. Les élections permettaient aussi de mesurer la croissance de l’influence social-démocrate dans la classe ouvrière.

Au moment de la légalisation du SPD, certains militants refusent de faire un tournant dans la façon de militer et de se concentrer sur la bataille électorale, le groupe dit des Jeunes (Die Jungen). Formé au printemps et à l'été 1890, il était dirigé par d'anciens étudiants universitaires: jeunes lettrés et éditeurs de journaux du parti, ainsi que des dirigeants de syndicats et de partis d'organisations locales. Leurs dirigeants étaient Paul Ernst, Paul Kampffmeyer, Hans Müller, Bruno Wille, Wilhelm Werner, Carl Wildberger et d'autres. Ils se lancèrent dans une campagne de dénonciation du Conseil exécutif (Vorstand) du parti, qu'ils accusaient d'être corrompu, opportuniste et anti-démocratique. En octobre 1891, les dirigeants des Jeunes sont expulsés du Parti.

1.5 Le plus grand parti d'Allemagne[modifier | modifier le wikicode]

Résultats aux législatives sous l'Empire
Année % Mandats
1871 3,2
2 / 382
1874 6,8
9 / 397
1877 9,1
12 / 397
1878 7,6
9 / 397
1881 6,1
12 / 397
1884 9,7
24 / 397
1887 10,1
11 / 397
1890 19,8
35 / 397
1893 23,3
44 / 397
1898 27,2
56 / 397
1903 31,7
81 / 397
1907 28,9
43 / 397
1912 34,8
110 / 397

Le résultat, ce fut qu’elle progressait inexorablement à chaque élection. Et lorsque les lois antisocialistes furent abandonnées en 1890, le parti avait multiplié par trois le nombre de voix, représentant 20 % de l’électorat et obtenant 36 députés, même si pendant des années encore certains d’entre eux continuèrent les allers-retours entre le parlement et la prison.

En 1912, le SPD devient le premier parti du Reichstag, avec 35 % des suffrages (1,5 million de voix) et 110 députés.[1]

Mais c'est alors bien plus qu'un parti pour les élections, mais aussi un parti d'adhérents-militants, avec une vocation à « organiser la classe ». Il compte plus d'un million d'adhérents (il ne retrouvera presque jamais ce sommet au 20e siècle), il édite des dizaines de journaux, donne de nombreux cours du soir aux ouvrier·ères et ouvre même une école du parti où les militant·es peuvent étudier le marxisme.

Surtout, dans ces années-là, le syndicalisme progresse encore plus rapidement que le parti. Regroupant moins de 300 000 membres avant 1900, les syndicats en comptaient deux millions et demi quinze ans plus tard. Ils avaient souvent été créés par des militants social-démocrates (à l'inverse par exemple du Royaume-Uni où ce sont les syndicats qui ont créé le parti travailliste), et ils avaient des liens étroits avec le SPD.

Grâce à ses permanents (4000 en 1912), la social-démocratie offrait gratuitement une aide et des conseils à la population, notamment pour faire respecter leurs droits, notamment à la sécurité sociale.

Il y avait aussi des coopératives de consommation, des chorales ouvrières, des associations sportives, des théâtres... Tout cet ensemble faisait figure de « contre-société » ouvrière dans l'Empire allemand.

Vers la fin de sa vie, Engels voyait les progrès croissants du parti social-démocrate allemand, devenu un parti ouvrier de masse et prétendant au pouvoir. Il voyait aussi les risques de guerre en Europe (qui a finalement éclaté en 1914). Il considérait que le choc de la guerre précipiterait le pouvoir dans les mains des socialistes, mais qu'une telle situation était plus risquée, notamment parce que le parti n'étant pas suffisamment prêt, il devrait prendre des mesures de terreur :

« Afin de prendre possession et de mettre en marche les moyens de production, nous avons besoin de personnes ayant une formation technique, et en masse. Nous ne les avons pas et jusqu'à présent, nous avons même été plutôt heureux d'avoir été largement épargnés par les personnes "instruites". Maintenant, les choses sont différentes. Maintenant, nous sommes assez forts pour supporter n'importe quelle quantité de racailles instruites et pour les digérer, et je prévois qu'au cours des huit ou dix prochaines années, nous recruterons suffisamment de jeunes techniciens, médecins, avocats et maîtres d'école pour nous permettre d'administrer les usines et les grands domaines au nom de la nation par des camarades du Parti. Alors, notre arrivée au pouvoir sera tout à fait naturelle et s'installera rapidement - en comparaison, si en revanche, une guerre nous amène au pouvoir prématurément, les techniciens seront nos principaux ennemis; ils nous tromperont et nous trahiront partout où ils le pourront et nous devrons user de terreur contre eux, mais nous serons tout de même trompés. C'est ce qui arrivait toujours, à petite échelle, aux révolutionnaires français; même dans l'administration ordinaire, ils devaient laisser les postes subalternes, où le vrai travail est fait, aux mains de vieux réactionnaires qui obstruaient et paralysaient tout. »[2]

1.6 Le « féminisme » socialiste[modifier | modifier le wikicode]

On peut considérer que le SPD a été assez tôt porteur d'une forme de féminisme socialiste, même si les militant·es repoussaient le terme de féminisme qu'ils associaient aux femmes de la bourgeoisie.

En 1878, de sa prison, Bebel écrit La Femme et le socialisme, et son ouvrage aura un retentissement important, en Allemagne et à l'étranger.

Clara Zetkin, militante du SPD, fait un discours devant le congrès fondateur de l'Internationale en 1889. En 1892, elle lance un journal à destination des femmes travailleuses Die Gleichheit (L'égalité), qui atteindra les 100 000 exemplaires.

Il y avait une hostilité réciproque entre le mouvement dirigé par Zetkin et la principale organisation féministe libérale, l'Union des organisations de femmes (Bund Deutscher Frauenvereine, BDF). Le BDF décide à sa fondation en 1894 de refuser d'intégrer les organisations de femmes social-démocrates au nom du fait qu'elle ne fait pas de politique. De son côté Zetkin théorise de toute façon qu'il faut une «séparation nette» entre le mouvement des femmes prolétariennes et bourgeoises.

Zetkin, qui appartient à la gauche du parti, est d'ailleurs plus intransigeante que le reste du SPD. En effet lorsqu'en 1895, le Vorwärts (journal du SDP), sollicite des signatures de femmes de tous partis et classes pour une pétition demandant une réforme du droit des associations, Zetkin réagit « Cette pétition n'est pas prolétarienne ! ».

1.7 Impérialisme et révisionnisme[modifier | modifier le wikicode]

À partir des années 1890, le SPD et ses alliés syndicaux acquièrent une puissance sans précédent. Le capitalisme de la Belle Époque est florissant, et les luttes des travailleurs sont fructueuses, en parallèle d'une plus grande liberté politique pour le travail parlementaire. Beaucoup de social-démocrates veulent alors croire à une progression graduelle vers le socialisme, d'autant plus qu'une bureaucratie se forme à la tête des syndicats et du SPD, qui a de plus en plus d'intérêts à composer avec la bourgeoisie.

L'analyse faite par beaucoup de marxistes, dont Lénine, est que ce phénomène de bureaucratisation était structurel, car à cette époque le capitalisme serait entré dans une nouvelle époque, son « stade suprême, l'impérialisme ». Selon cette analyse, les bourgeoisies des pays impérialistes dégageraient assez de surprofits pour corrompre les couches supérieures de la classe ouvrière (« aristocratie ouvrière »).

Pour mettre en accord la théorie, qui reste révolutionnaire, avec la pratique réformiste centrée sur les syndicats et le parlement, une forte tendance à « réviser le marxisme » (on parlait de révisionnisme) apparaît autour de la figure d'Eduard Bernstein. Dans les congrès et dans les organes théoriques (tenus par Karl Kautsky qui fait figure de gardien du marxisme orthodoxe), cette ligne est mise en minorité et réfutée. Mais sans que cela enraye la dérive rampante.

Alors que la menace militariste gronde en Europe, le SPD en tête de l'Internationale ouvrière se porte garant du pacifisme. Néanmoins, en 1907, au congrès de Stuttgart, le SPD s’oppose à l’idée d’une grève générale en cas de déclaration de guerre et se prononce seulement en faveur de la propagande pacifique et de l’action politique.

Au congrès d'Iéna de 1911, sur une idée de Karl Liebknecht, on proposa à Trotski (qui était alors en exil en Europe) de parler des actes de violence commis par le gouvernement tsariste en Finlande. Mais Bebel demanda à Trotski de ne pas intervenir pour éviter d’attirer des ennuis… Trotski accepta, et Liebknecht indigné, fit lui un discours véhément contre le tsar.[3] Liebknecht, et surtout Rosa Luxemburg, représentaient l'aile gauche du parti.

La gauche est battue au congrès d'Iéna, mais continue sa propagande révolutionnaire. Dans les cercles dirigeants du SPD, on méprise et on craint cette aile gauche. Les "Rosaleute" sont une obsession constante chez Kautsky dans les années 1913-1914. Pourtant c'est vers la droite du parti que le centre de gravité se déplace. En 1913 après la mort de Bebel, Friedrich Ebert, qui représente l'aile droite du parti, devient co-président du parti avec Hugo Haase, qui était proche de Bebel.

Si la gauche du parti n'était pas dupe de la dérive droitière, elle ne s'attendait certainement pas à une trahison de l'ampleur de ce que fut le Burgfrieden.

1.8 La trahison du Burgfrieden[modifier | modifier le wikicode]

La Première guerre mondiale fut un test douloureux pour le mouvement ouvrier, révélant à quel point les dirigeants socialistes étaient loin de vouloir s'engager dans une politique révolutionnaire si une situation de crise survenait.

La propagande pacifiste des socialistes était encore forte en juillet 1914, ce qui d'ailleurs irritait le Kaiser Guillaume II, qui écrivit le 29 juillet :

« Les socialistes se livrent dans les rues à des manœuvres antimilitaristes, il ne faut pas le supporter, surtout pas à présent. Si ces troubles se répètent, je proclamerai l’état de siège et je ferai enfermer les dirigeants et tutti quanti. Nous ne pouvons permettre à l’heure actuelle aucune propagande socialiste. »

Mais le gouvernement choisit plutôt de jouer finement. Par le biais notamment d'échanges entre le chancelier Bethmann Hollweg et le "socialiste" Albert Südeküm, il connaissait assez bien l'état d'esprit des dirigeants du SPD. Le 30 juillet, à la réunion du ministère d’État de Prusse, le chancelier disait : « Il n’y avait plus trop à craindre [du SPD] »

Ebert, le second président du parti écrivait le 27 juillet 1914 au comité directeur qu’au cas où une catastrophe surviendrait « il y aurait aussi des difficultés à l’intérieur de notre parti. La guerre et la puissante renaissance du mouvement ouvrier en Russie inspireront au groupe de Rosa de nouveaux plans… »

Le 4 août 1914, les 110 députés du groupe social-démocrate au Reichstag votent unanimement les crédits de guerre demandés par le chancelier impérial Bethmann Hollweg. Sur les 92 députés présents, 14 étaient contre, et 4 l'ont exprimé dans la discussion interne du groupe, mais tous ont appliqué la discipline de parti. Le plus farouchement contre était Karl Liebknecht, qui regretta vite de pas avoir désobéi. Le président du groupe social-démocrate, Hugo Haase, était contre également, mais il faisait partie des proches de Kautsky, que l'on allait appeler "centristes". En tant que président, ce fut lui qui lut la déclaration au Reichstag[4].

Rosa Luxemburg impulse le soir même chez elle le Gruppe Internationale, un regroupement d'opposants (dont Franz Mehring, Marchlewski, Hermann Duncker, Wilhelm Pieck et Ernst Meyer).

« Nous portâmes à la poste plus de trois cent télégrammes. Le résultat fut catastrophique. Clara Zetkin fut la seule à répondre immédiatement en donnant son accord sans réserve... »[5]

Karl Kautsky, dans un article du 28 août[6], tenter de nier que l'Internationale a volé en éclats, en assurant que tout se qui se passe correspond à une situation prévue : "Il a toujours été évident pour que dans une telle situation les sociaux-démocrates s'engagent de toutes leurs forces en défense de leur propre nation."

Liebknecht rejoindra le groupe d'opposants presque aussitôt, mais s'attache à rassembler une opposition parlementaire. Lors de la deuxième séance au Reichstag, en décembre, il vote contre les crédits. Lors du troisième vote le 30 mars 1915, le reste de la minorité d'août 1914 décide de ne pas prendre part au vote (seul Otto Rühle rejoint Karl Liebknecht en votant contre). Cette "dissidence" sera exclue du SPD fin 1916.

La gauche exclue forme alors en avril 1917 l'USPD (Parti social-démocrate indépendant d'Allemagne), composée de pacifistes centristes (dont Kautsky) avec une aile révolutionnaire, le groupe Spartakus.

A la direction de la Neue Zeit, organe du parti, la place laissée vide par Kautsky est prise par Heinrich Cunow, qui devient le théoricien d'un SPD clairement réformiste.

1.9 Pendant la Révolution allemande[modifier | modifier le wikicode]

Les différentes organisations ouvrières avant la Seconde guerre mondiale.

Le SPD sera propulsé au pouvoir pendant la Révolution allemande, et sera son fossoyeur. Il sera à la fois une concession de la bourgeoisie et son meilleur garant.

1.10 Sous la République de Weimar[modifier | modifier le wikicode]

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1.11 Troisième Reich[modifier | modifier le wikicode]

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Après l'arrivée au pouvoir des nazis, le SPD est le seul parti à ne pas voter la loi des pleins pouvoirs au Reichstag le 23 mars 1933. Le KPD était déjà interdit. Comme tous les autres partis et syndicats allemands (à l'exception du parti unique NSDAP), le SPD est interdit à l'été 1933. Écraser les organisations du mouvement ouvrier allemand était une priorité des nazis.

De nombreux membres du parti partent en exil ; les autres sont poursuivis, emprisonnés de manière provisoire ou envoyés dans les camps de concentration où certains perdent la vie. De nombreux militants du SPD ont été actifs dans la résistance allemande au nazisme, et la répression les a durement atteints.

Le parti se reconstitue en exil (« Sopade »), à Prague (1933), puis à Paris (1938), puis à Londres (1940), chaque fois fuyant l'avancée du nazisme.

Quelques jours après le début de la Seconde Guerre mondiale, le SPD en exil avait affirmé son soutien aux Alliés et au reversement militaire du gouvernement nazi.

1.12 Après-guerre et guerre froide[modifier | modifier le wikicode]

Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, l'Allemagne est divisée en plusieurs zones occupées par différentes armées (France, États-Unis, Royaume-Uni et URSS). Rapidement, la guerre froide émerge. Les zones occupées par les occidentaux fusionnent, et en 1949, la République fédérale allemande est créée, puis la République démocratique allemande à l'Est.

La division de l'Allemagne affaiblit le SPD en le coupant de sa base ouvrière de la Prusse industrielle, située en zone soviétique. Dans celle-ci, le SPD est contraint de fusionner avec le parti unique stalinien.

1.12.1 Bad Godesberg (1959)[modifier | modifier le wikicode]

SPD Plakat Godesberger Programm 1959.jpg


En 1959, lors du Congrès extraordinaire de Bad Godesberg, le SPD assume un virage « révisionniste » et se débarrasse presque totalement de ses références marxistes. Il s'agit de se distancer nettement du bloc de l'Est et de rassurer la bourgeoisie.

L'objectif est désormais « l'économie sociale de marché », en garantissant la « libre concurrence et libre initiative de l'entrepreneur ». Seul un timide interventionnisme d'État est prôné, presque présenté comme un mal nécessaire, selon la formule due à Karl Schiller : « la concurrence autant que possible, la planification autant que nécessaire ».

Le SPD proclame aussi une « loyauté totale » à l'égard de la loi fondamentale (équivalent de la constitution) de la RFA et qu'aucun moyen extra-légal ne sera utilisé pour la lutte politique.

Au lieu d'être fondé sur la lutte des classes, le socialisme est désormais fondé sur des références à l'éthique chrétienne, à l'humanisme, à la philosophie kantienne. Le SPD se veut non plus un parti ouvrier mais un « parti populaire ».

1.12.2 Grande coalition (1966-1969)[modifier | modifier le wikicode]

En 1966, le SPD fait une Grande coalition (Cabinet Kiesinger) avec la Démocratie chrétienne (CDU), devenant un "parti de gouvernement".

1.12.3 Programme de Berlin (1989)[modifier | modifier le wikicode]

Le programme de Berlin passe pour post-matérialiste et écologique, essayant de récupérer les nouveaux mouvements sociaux des années 1980.

1.13 Mue définitive en parti bourgeois[modifier | modifier le wikicode]

Le SPD dirige à nouveau l'État bourgeois en 1998 avec Gerhard Schröder. Le slogan de campagne, "die neue Mitte" (le nouveau centre), illustre un recentrage désormais assumé.

1.13.1 Agenda 2010[modifier | modifier le wikicode]

Entre 2003 et 2005, une coalition SPD-Verts fait passer une vague de contre-réformes connues comme agenda 2010 (comprenant les lois Hartz). Ces réformes visent à augmenter les profits des capitalistes allemands (et donc leur compétitivité) en "flexibilisant" le travail et en comprimant les salaires, y compris la part socialisée (assurances sociales).

Logo du SPD depuis 2019

Le parti reste traditionnellement attaché aux puissants syndicats comme celui de la métallurgie I.G. Metall, mais ne fait aucune ombre au patronat, pour lequel il représente une option politique tout à fait respectable.

2 Congrès[modifier | modifier le wikicode]

Voir la liste sur la Wikipédia allemande

3 Programmes[modifier | modifier le wikicode]

Au cours de son histoire, le parti a eu différents programmes politiques :

1869 Programme d'Eisenach[7] Principes fondateurs du SDAP
1875 Programme de Gotha Fusion du SDAP avec l'ADAV (Critiqué par Marx pour sa confusion)
1891 Programme d'Erfurt Programme d'inspiration marxiste (Critiqué par Engels)
1921 Programme de Görlitz[8] Programme à l'accent fortement révisionniste du MSPD
1925 Programme d'Heidelberg Appelle à la formation des États-Unis d'Europe
1959 Programme de Godesberg Le parti ne se revendique plus « parti ouvrier »
1989 Programme de Berlin
2007 Programme de Hambourg[9] Programme actuel du SPD

4 Nombre d'adhérent·es[modifier | modifier le wikicode]

Au début du 20e siècle le parti connaît une hausse constante du nombre d'adhérent·es, passant de 384 327 en 1905/06 à 1 085 905 en 1913/14.

Nombre membres SPD.svg

5 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]

  1. Jacques Droz, Histoire générale du socialisme, Tome 2, Chapitre premier - La social-démocratie allemande (1875-1914), 1983
  2. Letter to August Bebel, October 24, 1891
  3. Léon Trotski, Ma vie, 16. Deuxième émigration - le socialisme allemand, 1930
  4. Intervention du député social-démocrate Hugo Haase au Reichstag, 4 août 1914.
  5. Hugo Eberlein, cité par Josef Schleifstein, in Franz Mehring, Vie de Karl Marx
  6. Karl Kautsky, La préparation de la paix in Die Neue Zeit, 28 août 1914
  7. (de) « Programme d'Eisenach de 1869 » (consulté le 3 novembre 2013).
  8. (de) « Programme de Görlitz en 1921 » (consulté le 3 novembre 2013).
  9. (de) « Programme de Hambourg de 2007 » (consulté le 3 novembre 2013).