Agriculture
L'agriculture est l'ensemble des pratiques, techniques et connaissances liées à la culture de végétaux pour nourrir l'humanité.
On y inclut généralement aussi l'élevage.
1 Notions de base[modifier | modifier le wikicode]
Pour faire pousser des végétaux, il faut les conditions suivantes :
- une graine (appelée semence lorsqu'elle est spécialement sélectionnée pour ses propriétés qui intéressent l'agriculteur·rice) ;
- un support : en général le sol, mais la culture hors sol est possible ;
- des nutriments : 16 sont nécessaires, et en particulier le fameux triptyque N (azote), P (phosphore) et K (potassium) ;
- de l'eau ;
- deux gaz (O2 et CO2) présents dans l'air ambiant ;
- de la lumière (plus précisément certaines longueurs d'onde).
Lorsque ces conditions sont réunies, la plante peut croître (grâce à la photosynthèse et la respiration). La privation de certains de ces éléments peut conduire (selon la durée, le type de plante...) à une croissance plus lente, stoppée, voire à la mort.
Par la suite, d'autres facteurs peuvent empêcher la récolte :
- Les plantes peuvent être « attaquées » par de gros animaux, des insectes, des champignons, des virus...
- Des herbes adventices (« mauvaises herbes ») peuvent prendre la place des végétaux cultivés.
Ces menaces peuvent être combattues par des enclos, de la lutte biologique (utilisation de prédateurs des ravageurs) et des produits phytosanitaires, c'est-à-dire des pesticides (insecticides, fongicides...) et des herbicides.
2 Apparition de l'agriculture[modifier | modifier le wikicode]
L’agriculture est née avec la mise en terre de semence ou graine. Cela a commencé il y a 10 000 ans au Moyen-Orient, en Iran, en Méso-Amérique ainsi qu'en Nouvelle-Guinée. C'est ce que l'on a appelé la révolution néolithique. De façon schématique, on peut dire que c'est cette révolution agricole qui a engendré la tendance à l'urbanisation et à la formation de sociétés divisées en classes.
Les sols sont toujours de fertilité (c'est-à-dire de concentration en nutriments) variable. Par ailleurs, les nutriments sont progressivement pompés du sol par les plantes. Les sociétés précapitalistes comptaient parfois sur différents engrais organiques (lisiers, fumiers, excréments humains...) ou minéraux (limons...). Par exemple les crues et décrues périodiques du Nil déposaient des limons qui maintenaient la fertilité des rives du fleuves. Ou encore les peuples d'Amérique du Nord enterraient des poissons sous le maïs.
Le travail du sol (labour) est aussi apparu très tôt dans certains endroits : il peut améliorer les rendements en désherbant, en faisant remonter des couches du sol plus fertiles...
Mais la fertilité a toujours été un facteur limitant, qui globalement limitait la croissance de la population humaine (« verrou malthusien »).
Animaux domestiques sur un sceau-cylindre sumérien (2500 av. JC)
La domestication des plantes par l'humanité a été le début du processus de sélection des cultivars qui s'est poursuivie jusqu'à l'agronomie moderne. Générations après générations, les mutations qui allaient dans le sens de plantes plus faciles à cultiver, ou de fruits et légumes plus facile à consommer, ont été sélectionnées par l'humanité, au point de les avoir profondément transformé.[1]
3 Historique des évolutions de l'agriculture[modifier | modifier le wikicode]
3.1 Moyen-Âge européen[modifier | modifier le wikicode]
On estime qu'au Moyen-Âge les rendements en céréales étaient de l'ordre de « 3 pour 1 » ou plus rarement de « 4 pour 1 » c'est-à-dire que lorsqu'on semait une mesure de blé, on en récoltait à peine 3 ou 4.
Les rendements moyens étaient de 4 à 5 quintaux à l'hectare (15 à 25 fois moins qu'aujourd'hui). Les rendements les plus faibles pouvaient descendre à 2,5 quintaux à l'hectare, et les plus élevés, 7 quintaux à l'hectare, étaient atteint aux Pays-Bas.
Les famines faisaient partie des calamités qui revenaient régulièrement. La paysannerie avait d'autant plus de mal à se nourrir que l'aristocratie foncière lui extorquait tout ce qu'elle pouvait. Le surproduit agricole était si faible que la population urbaine ne pouvait être que très limitée. La population rurale représentait 80 % à 90 % de la population totale, et parfois davantage. Pendant longtemps l'augmentation de la production agricole s'est surtout faite par l'agrandissement des surfaces cultivées, par des défrichages.
On n'utilisait quasiment pas d'engrais. Pas d'engrais de synthèse évidemment, mais aussi très peu d'engrais organiques (fumier), car il y avait peu de bétail. Dans les fermes on ne trouvait souvent que le minimum d'animaux de trait pour tirer les charrues et charrettes, quelques cochons (faciles à nourrir) et un peu de volaille. Pour le reste, le gros bétail était considéré par les hommes comme un concurrent nécessitant qu'on lui consacre une partie des terres susceptibles de fournir de la nourriture aux paysans.
Pendant longtemps, pour permettre aux terres épuisées par les récoltes de se reconstituer, on était obligé de les laisser en jachère, c'est-à-dire au repos. Plus tard, la généralisation des techniques de rotation des cultures, à partir du 8e siècle, ne permit de suppléer que pour une faible part à cette absence d'engrais.
Les paysans ne mangeaient de la viande qu'occasionnellement. Quant à la noblesse, en guise de viande, elle consommait essentiellement le gibier que lui procurait la chasse, son passe-temps favori.
3.2 Moyen-Âge japonais[modifier | modifier le wikicode]
Peu de données sont disponibles, mais la période médiévale a été une période de hausse des rendements agricoles au Japon :
A l’époque de Kamakura [1185–1333], il est question dans plusieurs domaines de taux de perception de la redevance annuelle de l’ordre de trois to (trois fois dix-huit litres à peu près) par tan (environ dix ares) de terre, et ceci correspond à des chiffres de l’ordre de 20 à 30 % de la récolte. Au XIVe siècle, des taux de cinq to sont fréquents. Or, d’autres sources attestent l’enrichissement relatif des paysans. Cet accroissement du montant de la rente foncière conjugué à une amélioration globale du niveau de vie dans les campagnes ne peut s’expliquer que par une augmentation de la productivité du travail paysan.[2]
4 Agriculture capitaliste[modifier | modifier le wikicode]
4.1 Révolution agricole anglaise[modifier | modifier le wikicode]
Dès la fin du Moyen-Âge des propriétaires terriens aristocrates, mais qui commençaient à avoir des comportements de bourgeois, ont estimé qu'il était plus avantageux de vendre la laine de leurs moutons aux filatures et tissages flamands, situés de l'autre côté de la Manche, plutôt que de produire des céréales. Ils se sont mis à « faire du mouton » pour les manufactures flamandes, puis pour les manufactures anglaises lorsque celles-ci sont apparues à leur tour.[3]
Seulement il faut beaucoup moins de paysans à l'hectare pour garder des moutons que pour cultiver la terre. Les nobles propriétaires terriens ont donc chassé leurs paysans en même temps qu'ils clôturaient leurs terres pour empêcher que les moutons aillent se balader n'importe où. Ce fut le mouvement des « enclosures », qui toucha peut-être 30 % des terres cultivées de cette époque, et qui provoqua un appauvrissement brutal dans la population des campagnes, en particulier chez les ouvriers agricoles. Si bien que des enquêtes montrent qu'au 19e siècle, l'ouvrier agricole est bien plus mal nourri dans l'Angleterre « avancée » que dans l'Irlande « reculée » voisine.[4]
« En Angleterre l'agriculture moderne date de la moitié du 18e siècle, bien que le bouleversement des rapports de propriété foncière, qui est la base du nouveau mode de production, soit bien antérieur à cette date. »[4]
Le capitalisme se développera ensuite progressivement en Angleterre, notamment en exploitant les économies d'échelle. Dans les Manuscrits de 1844, Marx raille les défenseurs de la grande propriété terrienne, qui identifient « d'une manière sophistique les avantages économiques qu'offre l'agriculture à grande échelle » avec cette forme de propriété privée, alors qu'elle est contingente et que la propriété collective de ces grandes exploitations serait encore plus efficace.
Le développement de l'agriculture moderne engendre un double mouvement, une concentration des ouvriers agricoles à la campagne (souvent à plusieurs familles dans de minuscules maisons en bordures des terres agricoles), et un mouvement d'exode rural.
Paradoxalement, une conséquence est que puisque la campagne se retrouve structurellement dépeuplée, les grands propriétaires manquent de bras pour les tâches saisonnières. L'agriculture moderne engendre alors le système des « gangs » : des groupes mobiles d'hommes, femmes et enfants qui vont travailler d'exploitations en exploitations et vivent ensemble, dans une vie semi-bohême, que la bonne société (qui profite de ce système) s'empresse de dénoncer.[4]
En 1830 eurent lieu de grandes émeutes d'ouvriers agricoles, dites Swing riots, pour des augmentations de salaires et contre la concurrence des batteuses mécaniques, qui était souvent incendiées. Mais l'application de méthodes technologiques s'avérait inexorable :
« Dans la sphère de l'agriculture, la grande industrie agit plus révolutionnairement que partout ailleurs en ce sens qu'elle fait disparaître le paysan, le rempart de l'ancienne société, et lui substitue le salarié. (...) L'exploitation la plus routinière et la plus irrationnelle est remplacée par l'application technologique de la science. »[5]
4.2 Mécanisation de l'agriculture[modifier | modifier le wikicode]
À la fin du 19e siècle, l'agriculture capitaliste des États-Unis possédait le plus puissant appareil de production agricole jamais mis au point : elle produisait 1/5e du blé du monde, les 2/3 du maïs, plus de 50 % du coton, le tiers du tabac, sans compter la viande, le lait, etc. Ce fut notamment ce qui poussa l'Europe continentale à ériger des barrières protectionnistes (l'Angleterre, elle, sacrifia son agriculture à partir de ce moment). En parallèle, les États-Unis furent les premiers à développer une industrie agro-alimentaire moderne, mécanisée.
Dans la première décennie du 20e siècle, une nouvelle invention technologique capitale a été faite : le tracteur avec moteur à essence puis, quelques années plus tard, le moteur diesel. En 1910 il y avait 1 000 tracteurs aux États-Unis. 30 ans plus tard il y en avait 3,5 millions. (Les tracteurs se répandront en Europe continentale avec 50 ans de retard). Cela mit fin à l'utilisation des animaux de trait, et rendit obsolètes de millions de paysans. En 1930 la paysannerie ne représentait plus que 21 % de la population aux États-Unis.
Les tracteurs et les charrues lourdes en acier ont permis des labours plus profonds, ce qui a aussi conduit à des problèmes à long terme.
4.3 Freinage dans certains pays[modifier | modifier le wikicode]
L'intensification de l'agriculture a eu tendance à se répandre partout, mais avec des rythmes extrêmement différents. Elle touche d'abord les pays du centre capitaliste. Mais même parmi ces derniers, cette tendance a parfois été fortement freinée, notamment parce qu'elle rencontre de forts obstacles politiques.
Par exemple dans le cas de la France, après une période de libre-échange avec l'Angleterre dans les années 1860, qui commence à stimuler l'intensification de l'agriculture française, un tournant protectionniste est opéré. La bourgeoisie française souhaitait préserver le tissu de petits paysans propriétaires hérité de la Révolution, lequel était un appui fondamental de l'État bourgeois. Son effondrement par un exode rural et une prolétarisation massive représentait un risque politique élevé. De plus, le total de l'épargne de la paysannerie était une somme importante pour le secteur bancaire français, qui aurait été mobilisé autrement si les paysans avaient été poussés à des investissements massifs pour tenir la concurrence. Le capitalisme français restait un capitalisme moins industrialisé que ses voisins anglo-saxons et plus tourné vers la finance.[6]
Au début du 20e siècle, certains marxistes notaient que la concentration des terres agricoles (contrairement à la concentration du capital industriel) n'allait pas aussi vite qu'ils l'avaient pensé, voire se demandaient si elle ne stagnerait pas tant que se maintiendrait le capitalisme.[7][8] Kautsky soulignait qu'il n'y avait quasiment pas de sociétés par actions dans l'agriculture.[9]
4.4 Développement des engrais et de la chimie[modifier | modifier le wikicode]
L'intensification de l'agriculture accélérait le problème de la baisse de fertilité des sols, et dans le même temps la chimie naissait et on commençait à comprendre le cycle des nutriments (cf. infra). Il y eut dans un premier temps une pression pour intensifier l'utilisation des fumiers animaux, et également des excréments humains produits de façon concentrées en ville (curage des fosses d'aisance, par exemple à Paris avec la « poudrette », à Londres avec le « night soil »...).
Mais il y avait une pression pour le développement de solutions plus massives, plus pratiques, et moins risquées (les engrais animaux et humains sont vecteurs de maladies).
On se met également peu à peu à utiliser des procédés (peu efficaces) permettant de concentrer des nutriments d'origine végétale (une première fabrique d'engrais azotés et potassiques à partir de betteraves ouvre à Valenciennes en 1838).
Une des solutions trouvées a été d'utiliser de nouvelles sources d'engrais, comme le guano (riche en azote), qui devient très convoité au 19e siècle. Des gisements miniers commencent également à être exploités (mine de phosphate en 1870 dans le Lot, mines de potasse d'Alsace...). Tout comme l'exploitation des ressources fossiles pour l'énergie, cela avait l'immense attrait d'être des gisements « prêts à l'emploi » (accumulés par la nature), donc très « économiques ». Dans le même temps, on construisait dans les grandes villes des égouts, et on abandonnait largement l'utilisation des excréments.
Au début du 20e siècle, la chimie franchit encore de nouveaux paliers, boostée par le militarisme de la guerre de 1914-1918. On met alors au point le procédé Haber-Bosch, permettant de capter l'azote présent en abondance dans l'air, et donc de produire des engrais de synthèse riches en azote. Cela va alors rapidement devenir plus rentable que les engrais issus de gisements (au prix d'une consommation accrue d'énergie fossile).
Les engrais de synthèse n'étaient pas forcément bien acceptés, par exemple en France, où l'agriculture est restée plus longtemps paysanne et où même les autorités freinaient parfois. En 1858, dans le nord de la France, la presse locale rapportait qu'à l’approche des semailles « les agriculteurs sont harcelés par des marchands d’engrais qui prétendent que leurs concentrés chimiques sont plus efficaces que le fumier. La Société impériale d’agriculture, qui a effectué des essais, met en garde contre ces engrais concentrés, qui ne sauraient selon elle remplacer le fumier ».[10]
Cependant la logique de profit capitaliste a inexorablement conduit à la croissance de ce secteur. Le commerce et l'industrie des engrais se constituent en très grosses sociétés liées entre elles par des accords internationaux contingentant la production pour limiter l'effet des crises : entente mondiale de l'azote, cartel des phosphates...[11]
En 2007, la consommation mondiale d'engrais représentait près de 179 millions de tonnes, dont 61,6 % d'azote, 23,1 % de phosphates et 15,3 % de potasses.[12]
4.5 Développement de l'agronomie et des OGM[modifier | modifier le wikicode]
Autre domaine qui a fait d'énormes progrès : l'agronomie, en particulier la sélection de variétés de cultures à meilleur rendement et plus adaptées à chaque climat (croissance plus rapide, plantes plus résistantes aux aléas...).
Traditionnellement, les agriculteurs resemaient en utilisant les graines issues de leurs propres récoltes. Des entreprises (semenciers) se sont spécialisées dans la production et la vente de semences à haut rendement. Aujourd'hui en France, la quasi-totalité des cultivars sont issues de ce type de semences. Dans la pratique, beaucoup d'agriculteurs, après avoir acheté des semences à haut rendement, pratiquent le ressemage pour ne pas avoir à repayer[13]. Cette pratique est combattue par le lobby des semenciers au nom de la propriété intellectuelle. Partout dans le monde, l'interdiction du ressemage gagne du terrain. Aux États-Unis, le brevetage des plantes est beaucoup plus strict (un semencier comme Monsanto fait la « police » envers les agriculteurs qui ressèment). En Europe, des formes plus souples sont mises en place, soit l'interdiction soit des taxes allant aux semenciers, au nom du financement de leurs recherches.[14]
Il est à noter que même sans obligation légale, les agriculteurs achètent souvent d'eux-mêmes auprès des semenciers, pour des raisons de simplification, et pour profiter de nouvelles variétés, ou pour maintenir la même qualité (avec le temps les ressemages successifs peuvent faire que les caractéristiques s'éloignent des caractéristiques initialement sélectionnées).
Certains semenciers se sont mis à utiliser les progrès en génétique pour produire activement certaines transformations du génome des végétaux, créant ce que l'on appelle les organismes génétiquement modifiés (OGM). Ceux-ci suscitent de grandes craintes de risques sanitaires, largement basées sur l'appel à la nature (idée qu'une plante « naturelle » est plus sûre). Pourtant, comme évoqué plus haut, les plantes actuelles ont déjà été profondément modifiées par l'humanité depuis des millénaires, la seule différence étant la puissance actuelle d'intervention dans le génome, contrairement aux tâtonnements du passé. Obtenir une plante par croisement peut aussi déboucher sur une caractéristique nocive (ex: la pomme de terre lenape). Il y a un recul de 40 ans sur les OGM, et un consensus scientifique sur le fait qu'ils ne posent pas plus de risque en soi que les plantes non OGM.[15] De plus chaque nouvelle plante OGM doit faire l'objet au cas par cas d'études dédiées avant commercialisation pour justifier de son innocuité.
Des organisations comme Greenpeace continuent à s'opposer par principe à tout OGM, même dans le cas du riz doré qui semble nettement positif.
4.6 Agriculture intensive[modifier | modifier le wikicode]
La combinaison de ces techniques (mécanisation, chimie, agronomie) a conduit à ce que l'on appelle l'agriculture intensive, c'est-à-dire une agriculture qui augmente brusquement les rendements agricoles.
Pour les marxistes contemporains, cela représentait l'avenir non seulement du capitalisme, mais de l'agriculture socialiste également. Ainsi Trotski écrivait en 1928 :
« La société socialiste, elle, ne peut se construire que sur la base des forces productives modernes, sur l'électrification, sur la "chimisation" des processus de production (y compris l'agriculture), sur la combinaison et la généralisation des éléments les plus élevés de la technique contemporaine la plus développée... »[16]
Entre 1950 et 1985, la production mondiale de grains a pu être multipliée par 2,6. L'explosion des rendements agricoles dans les pays en développement a été dénommé révolution verte.
Ainsi en 2019, la surface dédiée à l'agriculture est d'environ 37,5%, autant qu'à la fin des années 1970, alors qu'entre temps l'agriculture nourrit 3 milliards d'êtres humains supplémentaires.
Aujourd'hui environ la moitié des terres émergées habitables sont utilisées pour l'agriculture.[17]
Le recul a montré que la contrepartie écologique en matière de pollution des sols et des eaux est lourde, et que l'agriculture et l'élevage intensifs sont une source majeure d'émissions de gaz à effet de serre. Un des problèmes connexes est l'augmentation du gaspillage alimentaire.
4.7 Agrocarburants et chimie verte[modifier | modifier le wikicode]
Parmi les débouchés plus récents de l'agriculture, on peut citer :
- les agrocarburants : bioéthanol, huiles végétales (colza...) ;
- la « chimie verte » : notamment remplacement de matières premières issues du pétrole par des produits agricoles (bioplastiques à base de pommes de terre, de maïs, d'algues...).
4.8 Exode rural et salariat agricole[modifier | modifier le wikicode]
L'exode rural est une tendance lourde depuis le début de la révolution industrielle. Aujourd'hui, la population agricole active serait d'environ 1,34 milliard de personnes soit près de 43 % de la population active mondiale.
En parallèle, l'agriculture transformée par le capitalisme tend à devenir un secteur industriel comme un autre, avec des patrons-agriculteurs et des salariés agricoles.
Dans le domaine de la cueillette des fruits, les patrons font souvent appel à de la main d’œuvre saisonnière, souvent des jeunes (petits boulots), ou des travailleurs immigrés surexploités. L'abondance relative de cette main d’œuvre fait que les patrons sont peu incités à mécaniser. Mais des techniques robotiques existent dans certaines exploitations modernes[18].
5 Rendements agricoles[modifier | modifier le wikicode]
Le capitalisme a fait exploser les rendements agricoles. Ils sont 15 à 25 fois plus élevés qu'au Moyen-Âge.
Cela s'explique par la compréhension plus précise des conditions nécessaires pour la croissance des plantes, et la mise en place de chaînes de production spécialisées d'engrais et de pesticides.
Cependant ces rendements ne sont pas durables, étant donné :
- qu'ils reposent sur des ressources qui s'épuisent (engrais minéraux comme les phosphates) ;
- qu'ils engendrent l'émission de beaucoup de gaz à effet de serre, causes du changement climatique.
La situation est analogue à celle dans l'énergie : le meilleur rendement énergétique est obtenu en brûlant du pétrole, mais cela n'est pas durable. Il est nécessaire de transformer profondément l'agriculture pour la rendre durable, ce qui impliquera certainement une baisse des rendements par rapport au capitalisme. Mais cela ne signifie pas pour autant un retour aux faibles rendements précapitalistes.
6 Problèmes écologiques[modifier | modifier le wikicode]
6.1 Gaz à effets de serre[modifier | modifier le wikicode]
L'agriculture et l'ensemble de l'industrie agro-alimentaire représente 25% à 37% des émissions de gaz à effet de serre (GES)[19][20]. Ces émissions sont la somme de nombreuses contributions :
- Changement d'usage des sols (déforestation en vue de cultiver, agriculture sur brûlis, libération de CO2 du sol...) ;
- Production d'engrais ;
- Production de produits phytosanitaires (insecticides, herbicides, fongicides) ;
- Épandage d'engrais (qui émet du protoxyde d'azote, puissant GES) ;
- Émissions particulières de certaines cultures (méthane des rizières...) ;
- Engins agricoles (tracteurs, moissonneuses...) roulant presque toujours aux énergies fossiles ;
- Serres chauffées ;
- Transport, transformation et conditionnement des aliments
Pour l'élevage, l'impact est démultiplié, puisqu'il est nécessaire de dédier une partie de l'agriculture (et donc des impacts ci-dessus) pendant plusieurs années à l'alimentation des animaux, jusqu'à ce qu'ils soient assez engraissés. Par ailleurs, certains ruminants émettent de grandes quantités de méthane qui est un gaz à effet de serre plus puissant que le CO2. L'élevage est responsable, au total (enclos, pâturages, surfaces cultivées pour nourrir le bétail...) d'une occupation de 30% de la surface de la Terre (une occupation qui cause indirectement des GES, parce que ces sols cessent d'être des puits de carbone). On estime que l'élevage est responsable de 18% du total mondial des émissions de GES[21] (80% de l'empreinte carbone de l'agriculture[22]).
Le lourd impact de l'alimentation carnée dépasse de loin les autres facteurs. Par exemple, une tomate venant d'une serre chauffée a un bilan carbone 11 fois plus lourd (1,7 kgCO2/kg) qu'une tomate non chauffée (0,2 kgCO2/kg), mais cette différence est imperceptible par rapport au bœuf (60 kgCO2/kg).[23]
6.2 Consommer local et de saison ?[modifier | modifier le wikicode]
A priori, on peut penser que lorsque l'on consomme de la nourriture qui n'est pas produite localement, on augmente les transports et donc la consommation d'énergie. Mais il faut prendre en compte la globalité. D'une part il y a les économies d'échelle :
- une production un minimum concentrée tend à diminuer la dépense d'énergie par produit (un tracteur sur un terrain plus grand peut remplacer plusieurs tracteurs sur des petits terrains) ;
- la concentration peut également diminuer les coûts de transports par produit (un camion qui fait du transport groupé peut être plus efficace qu'une grande quantité de camionnettes).
D'autre part il y a des terrains plus adaptés à certaines récoltes :
- vu que la fertilité des sols est variable, il vaut parfois mieux concentrer les récoltes sur les terrains fertiles, plutôt que de faire du local partout y compris sur les mauvais sols ;
- si un légume pousse mieux dans le climat du pays voisin, il vaut mieux dans certains cas l'importer plutôt que le faire pousser localement et chauffer des serres.
Le facteur du climat est aussi modulé par les saisons : certaines récoltes ne sont possibles qu'à certains moments de l'année. Les serres permettent d'augmenter la température « passivement » (via l'effet de serre), et donc d'étendre cette période de l'année. Pour étendre encore cette période, beaucoup de producteurs se sont mis à chauffer les serres, le plus souvent avec des énergies fossiles, et à utiliser des lumières artificielles en appoint.
Concernant le fait de chauffer des serres, il peut y avoir plusieurs approches :
- faire venir des produits de régions avec un climat ne nécessitant pas ou peu de chauffage ;
- faire des économies d'énergie (serres semi-enterrées...) et chauffer en utilisant des sources d'énergie décarbonées au lieu d'énergies fossiles ;
- se passer de produits hors saison.
Tout cela doit se discuter démocratiquement, en gardant en tête que cela dépend de multiples paramètres et qu'il y a donc beaucoup de cas par cas. Par exemple, une étude suédoise a montré qu’il était préférable d’importer des tomates d’Espagne plutôt que de les produire sur place, mais que pour les carottes, mieux valait les produire localement.[24]
Par ailleurs, comme indiqué dans la section précédente, la part des transports et du chauffage est relativement faible par rapport à l'impact de la consommation de viande. S'il faut prioriser certains efforts sur les modes de consommation, ce n'est donc pas forcément le local et le saisonnier.
6.3 Engrais, cycles des nutriments et pollutions[modifier | modifier le wikicode]
Marx était intéressé par les travaux des premiers scientifiques comme Justus von Liebig qui s'interrogeaient sur la soutenabilité de l'agriculture intensive créée par le capitalisme.
« Chaque progrès de l'agriculture capitaliste est un progrès non seulement dans l'art d'exploiter le travailleur, mais encore dans l'art de dépouiller le sol; chaque progrès dans l'art d'accroître sa fertilité pour un temps, un progrès dans la ruine de ses sources durables de fertilité. Plus un pays, les États-Unis du nord de l'Amérique, par exemple, se développe sur la base de la grande industrie, plus ce procès de destruction s'accomplit rapidement. La production capitaliste ne développe donc la technique et la combinaison du procès de production sociale qu'en épuisant en même temps les deux sources d'où jaillit toute richesse : la terre et le travailleur. »[25]
Le problème principal qui était identifié était celui de la perte de fertilité des sols en raison de l'extraction massive de nutriments non compensée par un retour de ces nutriments sous forme d'engrais organiques.
« La production capitaliste (...) trouble encore la circulation matérielle entre l’homme et la terre, et la condition naturelle éternelle de la fertilité durable du sol, en rendant de plus en plus difficile la restitution au sol des ingrédients qui lui sont enlevés et usés sous forme d’aliments, de vêtements, etc. »
Marx est cependant confiant dans la capacité de l'humanité à restaurer cette "circulation" des nutriments qui auparavant avait lieu « presque spontanément » et à « la rétablir d’une manière systématique, sous une forme adéquate au développement humain intégral et comme loi régulatrice de la production sociale. »
Dans Le Capital, Marx se plaint qu'au lieu d'utiliser les déjections humaines comme engrais, on les jette à l'eau (entraînant une pollution) :
« A Londres, on n’a rien trouvé de mieux à faire de l’engrais provenant de quatre millions et demi d’hommes que de s’en servir pour empester, à frais énormes, la Tamise »
Le développement des engrais artificiels a compensé dans une certaine mesure le problème du non recyclage des nutriments. Dans La question agraire et les critiques de Marx, Lénine répondait cependant que « la possibilité de substituer des fertilisants artificiels aux engrais naturels (…) ne réfute en rien l’irrationalité qui consiste à gaspiller des engrais naturels en polluant ainsi les rivières ».[26]
Et en effet la question de la pollution des eaux (de rivières et souterraines) par des engrais trop concentrés s'est avérée importante, même si elle peut être limitée par certaines mesures de précaution, et tend à l'être.
Par ailleurs cette solution des engrais artificiels n'est pas durable, du moins tant qu'elle repose sur une utilisation massive de phosphates (épuisables) et d'énergies fossiles (pour la production d'engrais azotés).
6.4 Déforestation, désertification, érosion[modifier | modifier le wikicode]
L'agriculture peut par ailleurs être un facteur de déforestation, et de désertification (notamment par le prélèvement massif d'eau pour l'irrigation dans des régions sèches), et d'érosion des sols (qui se retrouvent « nus »).
La déforestation est sans doute le problème écologique posé par l'agriculture qui est apparu en premier.
« Les gens qui, en Mésopotamie, en Grèce, en Asie Mineure et autres lieux essartaient les forêts pour gagner de la terre arable, étaient loin de s’attendre à jeter par là les bases de l’actuelle désolation de ces pays, en détruisant avec les forêts les centres d’accumulation et de conservation de l’humidité. » Friedrich Engels, Dialectique de la nature, 1883
Karl Marx disait : « l'agriculture, dès lors qu'elle progresse (...) sans être dominée consciemment, laisse des déserts derrière elle ». Au Moyen Âge en Europe, la déforestation causée par l'agriculture était un problème majeur.
Potentiellement, l'augmentation des rendements dans l'agriculture peut diminuer la surface nécessaire et donc limiter la déforestation. Dans beaucoup de pays industrialisés, cet effet est observable, avec des forêts qui se reconstituent. Mais dans le même temps, le développement chaotique du capitalisme continue de faire de nouveaux dégâts, avec par exemple :
- la déforestation en Amazonie, où l'agriculture s'étend essentiellement pour se spécialiser dans la nourriture pour bétail ;
- le déforestation en Indonésie, principalement pour des plantations des hévéas ou des palmiers à huile.
6.5 Pesticides[modifier | modifier le wikicode]
Dans les années 1950, suite à la mise au point d'insecticides puissants comme le DDT, de grandes campagnes commerciales sont lancées pour pousser à leur consommation, sans aucun principe de précaution. De grandes campagnes d'épandage par avion commencent à se développer aux États-Unis (au nom de la lutte contre un coléoptère dans le Midwest, ou une espèce de fourmi dans les États du Sud). Entre 1957 et 1959, ces épandages touchèrent des millions d'hectares, avec des aviateurs parfois payés, non à l'hectare traité, mais au litre de produit déversé...
Ces produits se révélèrent mortels pour la biodiversité (oiseaux, poissons...) et pour la santé humaine. La biologiste Rachel Carson a diffusé ces informations au grand public avec son célèbre livre, Printemps silencieux (1962), qui est un acte fondateur du mouvement écologiste. Dans le contexte des États-Unis de la guerre froide, où la bourgeoisie ne supportait pas de critique de ses industriels, elle fut traitée de « vieille folle à la solde du KGB ». Carson n'appelait pas à l'interdiction de tout pesticide (position peu réaliste dont l'accusaient les industriels), mais à leur régulation.
Les protestations qui ont suivi ont mené à l'interdiction du DDT en 1972. Des pesticides organochlorés comme le DDT, l'agriculture est passée globalement à des pesticides organophosphorés dans les années 1970. Plus généralement dans cette décennie, les pesticides (et l'ensemble des produits de l'industrie) ont été surveillés de plus près, des réglementations ont été mises en place (produits autorisés ou interdits, doses à ne pas dépasser au moment des épandages, doses à ne pas dépasser dans les légumes produits, etc.).
Ces réglementations évoluent au fil des avancées scientifiques. Le lobbying des industriels tend à freiner ces évolutions réglementaires, cependant il faut souligner que cet effet est probablement de moins en moins puissant, car les contrôles étatiques et les études scientifiques indépendantes sont plus nombreuses que jamais, et les politiciens sont sensibles à la pression de l'électorat qui est extrêmement méfiant envers les pesticides, avant tout par peur d'être empoisonné.[27]
Des nombreuses études scientifiques sur le sujet, il ressort que les résidus de pesticides que l'on peut trouver sur les aliments sont loin d'être un problème majeur de santé publique, en tout cas comparés à bien d'autres sujets suscitant moins de panique (tabac, alcool, obésité...). Par ailleurs, comme évoqué plus bas, l'agriculture biologique n'est pas une panacée contre les pesticides.
En revanche, les travailleur·ses de l'agriculture semblent effectivement légèrement plus exposés à certains risques de cancer, sans doute du fait qu'ils manipulent des pesticides sous des formes plus concentrés (bidons, épandages polluant l'air localement...), tout comme les travailleur·ses de l'industrie qui sont au contact de produits puissants et concentrés.
L'usage de certains pesticides semble en revanche poser des problèmes plus sérieux et complexes sur le plan de la biodiversité.
6.6 Biodiversité[modifier | modifier le wikicode]
L'agriculture, par définition, a tendance à réduire la biodiversité. Pour commencer à cultiver une terre, il a d'abord fallu défricher. Sur une parcelle agricole, l'objectif est faire pousser une (ou quelques) espèce végétale de façon relativement dense, ce qui laisse moins de place pour une faune et flore variée, d'autant plus que les adventices (« mauvaises herbes ») et autres « nuisibles » sont largement tenus à l'écart.
Pendant longtemps, il y a donc eu une contradiction assez directe entre zones de biodiversité et zones d'agriculture, l'augmentation de la population augmentant les surfaces cultivées et diminuant les espaces sauvages (coupe de forêts, assèchement de marais...). A la fin du Moyen-Âge en Europe, par exemple, la déforestation était devenu très préoccupante.
L'essor du capitalisme et de l'agriculture intensive s'est traduit par :
- une accentuation du phénomène de perte de biodiversité sur les parcelles agricoles ;
- une diminution de la surface agricole nécessaire pour une production donnée (en raison d'un accroissement très fort des rendements), qui permet potentiellement de rendre des terres à la biodiversité (en Europe par exemple, les forêts regagnent du terrain).
Par ailleurs, surtout pour des raisons de durabilité (maintien de sols fertiles en consommant moins d'engrais), l'approche maintenant reconnue comme la plus rationnelle est d'aller vers une agriculture de conservation, avec un niveau plus important (mais maîtrisé) de biodiversité sur les parcelles.
A noter également que la standardisation évoquée plus bas conduit à une baisse de la biodiversité en termes de variétés cultivées, ce qui peut être un facteur de risque (si une variété est particulièrement fragile face à un ravageur ou un aléa climatique, les dégâts peuvent se répandre comme une épidémie). Pour cette raison, des banques de graines et de gènes sont mises en place.[13]
6.7 Problèmes de pollinisation[modifier | modifier le wikicode]
La pollinisation est une externalité positive qui n'a longtemps pas été pris en compte par l'humanité, soit méconnue soit considérée comme totalement indépendante. Cependant, de plus en plus de problèmes apparaissent, comme la disparition des abeilles dans certaines régions. Les causes sont mal connues, mais la déforestation et certains pesticides sont notamment en cause.
Les cultures sont plus ou moins dépendantes de la pollinisation : les céréales n'en ont pas besoin, à l'inverse les pommes ou les courgettes en dépendent beaucoup. En conséquence, pour les cultures fortement dépendantes des pollinisateurs, des études ont montré que dans les cultures intensives, l'impact sur les pollinisateurs conduit à une baisse -paradoxale- de rendement.[28]
Dans certaines régions où les abeilles ont disparu, la pollinisation à la main par des travailleur·ses a dû être mise en place.[29]
7 Autres questions[modifier | modifier le wikicode]
7.1 Standardisation, qualité gustative et nutritionnelle[modifier | modifier le wikicode]
La logique du marché, ainsi que des facteurs propres à l'industrie et à la logistique, favorisent une standardisation des produits. Celle-ci a en partie été un facteur qui a permis l'accès des produits à une population plus large. Lorsque l'on examine des critiques portant sur un supposé « déclin » de la qualité des produits, il est important de se poser plusieurs questions : ce déclin est-il objectivable (tant les goûts sont subjectifs et marqués par des biais de distinction sociale) ? ce déclin fait-il baisser le niveau de vie des masses ou est-il vécu par une minorité ?
Déjà au 18e siècle le Portugal, qui exportait énormément de porto a imposé qu'il y ait un goût constant, pour éviter que les consommateurs (essentiellement les Anglais) ne soient inquiets à chaque fois qu'ils déboucheraient une bouteille. Il est possible que cela ait fait disparaître certaines nuances de goût entre producteurs de porto, mais dans le nombre de personnes découvrant le goût (moyen) du porto a explosé.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer que l'agriculture intensive fasse diminuer la qualité gustative ou nutritionnelle de certains produits :
- au fil des choix faits par l'agronomie (obtenir des variétés plus charnues, à la croissance plus rapide... ), les transporteurs et l'industrie agroalimentaire (préférence pour les variétés plus résistantes, au calibre plus régulier pour faciliter le transport et le traitement mécanisé...), ainsi que la distribution (des variétés plus « belles » pour les consommateurs), les variétés sélectionnées ne sont pas forcément celles qui sont les meilleures sur le plan gustatif et le plan nutritif ;
- l'appauvrissement des sols en certains minéraux, tout en n'empêchant pas la croissance, peut avoir un impact sur la qualité du produit final ;
- la concentration agricole et les intermédiaires marchands (grossistes...) tendent à allonger les temps de transport, ce qui signifie que les fruits et légumes doivent être cueillis plus tôt, et n'ont plus le temps de mûrir.
Pour ce qui est du goût, les choix des consommateurs peuvent exercer une pression pour des produits avec un intérêt gustatif. Mais il y n'y a pas de garantie que cela contrebalance ces effets[30], et il existe des cas flagrants. Par exemple, le cas de la tomate ordinaire insipide est bien connu : depuis 80 ans une variété qui donne rapidement des tomates bien rondes et rouges a été sélectionnée, mais qui contient beaucoup moins de sucres et de lycopènes[31][32]. Certaines variétés alternatives avec plus de goût sont d'aspect plus « difforme », ou avec une chair moins ferme, ce qui ne les fait pas non plus aimer des consommateurs.[33] Des chercheurs travaillent à obtenir de meilleures variétés.
Pour ce qui est de la qualité nutritionnelle[34], les consommateurs ne peuvent a priori pas savoir ce qu'il en est, et donc les effets mentionnés plus haut ont encore moins de chance de déboucher sur les produits les plus nutritifs. Des études ont montré que sur de nombreux fruits ou légumes, la qualité nutritionnelle a diminué sur certaines substances.[35] Cependant, il faut avoir à l'esprit que pour chacune de ces substances, le consommateur moyen d'un pays riche a accès à beaucoup plus de nourriture qui en contiennent qu'auparavant, ce qui fait qu'il n'y a pas d'augmentation généralisée des carences.
7.2 Risques sanitaires[modifier | modifier le wikicode]
De par sa nature capitaliste, l'industrie agro-alimentaire fut dès l'origine accompagnée de scandales en termes de risques sanitaires[36], les précautions sanitaires pouvant être négligées si le profit l'exige.
Il ne faut cependant pas idéaliser le passé. Dans les pays industrialisés, la qualité de la nourriture a plutôt progressé, à preuve l'allongement de l'espérance de vie.[37]
Il y a sûrement eu bien plus de victimes du botulisme à cause des salaisons familiales mal faites, de cas de listériose à cause de fromages ou de charcuteries « maison », d'intoxications alimentaires du fait de la cuisine familiale, que les produits industriels en ont provoqué. Mais on parlait d'autant moins des accidents de ce type qu'ils se situaient à l'échelle d'une famille et qu'on en ignorait bien souvent les causes. (A l'inverse, le fait que chaque problème au niveau de la production agricole moderne puisse, du fait de la massification, toucher beaucoup de monde, créé un effet plus spectaculaire - comme les accidents de train sont plus marquants que les accidents de voiture même s'ils sont moins nombreux.) Autrefois on souffrait également de nombreuses carences sans même les comprendre (pellagre, scorbut, crétinisme par manque d’iode…), tandis que la relative abondance permet de diminuer drastiquement ces risques. Le lait vendu aujourd'hui est beaucoup plus sûr, bactériologiquement, que le lait que l'on consommait il y a 50 ans.
L'ironie du système capitaliste est qu'il y a des millions d'humains en surpoids et des millions qui ont faim. Il y a toujours des millions de personnes qui meurent de faim chaque année, mais depuis 2010, on meurt davantage d'obésité.[38][39] Dans le domaine alimentaire, les problèmes les plus sérieux pour la santé ne sont pas les pesticides ou la qualité des légumes (préoccupations surmédiatisées qui sont en réalité surtout celles de couches sociales supérieures), mais la malnutrition et le surpoids, qui touchent majoritairement les classes laborieuses.
7.3 Question animale[modifier | modifier le wikicode]
Comme évoqué plus haut, l'élevage représente de loin la plus lourde part de l'impact environnemental de l'agriculture. Mais au delà de la question écologique, de plus en plus de personnes remettent en question le fait même de maltraiter et d'abattre des animaux, comme acte immoral. Pendant longtemps, la viande animale était dans beaucoup d'endroits la seule source d'alimentation riche en protéines facilement disponible. Aujourd'hui, de nombreuses sources de protéines en quantité suffisantes sont disponibles, et nous savons qu'il est tout à fait possible de vivre normalement sans manger de viande (l'apport en protéines de la plupart de la population des pays riches est même largement supérieur aux besoins).
Par conséquent, la seule réelle justification qui reste est celle du plaisir gustatif de manger de la viande. Nous savons par ailleurs que les animaux d'élevage sont des êtres capables d'éprouver des émotions comme la souffrance - quelle que soit la nature de sa ces émotions en comparaison des nôtres (débat sur la sentience). D'où l'émergence de militantismes spécifiques (animalisme, végétarisme, véganisme, antispécisme...).
8 Pratiques « alternatives »[modifier | modifier le wikicode]
Les problèmes écologiques étant maintenant connus depuis de nombreuses années, une partie des agriculteurs ont réagi en se lançant dans des démarches alternatives. Les États ont par ailleurs mis en place des réglementations, bien entendu toujours insuffisantes.
8.1 Agriculture raisonnée[modifier | modifier le wikicode]
De nombreux agriculteurs sont dans une démarche que l'on appelle agriculture raisonnée (ou agriculture intégrée, climatiquement intelligente...). Ces termes ne recoupe pas un concept ni des pratiques précises. Globalement, il s'agit d'un ensemble de démarches qui visent à améliorer l'impact environnemental et sanitaire de l'agriculture, par exemple :
- en optimisant les intrants (engrais / pesticides) par un meilleur suivi des besoins (essayer de quantifier plus précisément, analyser l'état des cultures, ne mettre que les doses nécessaires...) ;
- en misant sur la lutte biologique en association avec les pesticides (lutte intégrée) ;
- en misant sur la rotation des cultures (notamment pour profiter de la fixation biologique de l'azote) ;
- en misant sur des solutions technologiques (numérique, drones d'analyse[40], robots désherbeurs en alternative aux herbicides[41]...) ;
- qui tentent de se baser sur de meilleurs connaissances dans la science de l'agronomie, et les résultats d'études empiriques...
Les réglementations étatiques vont globalement dans le sens de l'optimisation, car elle est, en tout cas sur le papier, compatible avec une logique de «croissance verte ». Par exemple en France le Plan Ecophyto (2008), a fixé comme objectif la réduction de 50% des phytosanitaires en 10 ans, et le retrait du marché des substances les plus polluantes. Une diminution réelle a été mesurée. La consommation de pesticides en France est passée de 120 500 tonnes en 1999 à 63 700 en 2012. Les consommations de phosphore et de potasse ont baissé de 70% en 20 ans. Mais la France a encore importé 2,1 millions de tonnes d’engrais azotés en 2019-2020, essentiellement pour les grandes monocultures céréalières.[23]
Au niveau de l'UE, la Commission a annoncé en 2019 des objectifs de réduction des pesticides et des engrais, ainsi que la renaturation de surfaces agricoles (puits de carbone).[42]
Cette « agriculture raisonnée » fait face à deux types de critiques qui sont parfois confondues mais qu'il est nécessaire de différencier :
- des critiques qui portent sur la proximité de certains de ses tenants avec le monde institutionnel, ce qui peut déboucher sur des discours réformateurs très modérés, et servir de caution aux gouvernements de faire du greenwashing et couvrir leur inaction écologique ;
- des critiques qui portent sur l'usage de la technologie, que certains écologistes rejettent globalement, soit parce qu'ils l'associent à un « productivisme » qu'ils combattent, soit par principe au nom d'une vision passéiste et du sophisme de l'appel à la nature.
A noter, le terme d'agroécologie est assez synonyme de ce courant, sauf en France où il est bien plus proche de l'agriculture bio.
8.2 Agriculture biologique[modifier | modifier le wikicode]
Une des alternatives les plus en vogue ces dernières décennies est l'agriculture biologique (la notion d'agroécologie est très proche dans la pratique). Le secteur du « bio » jouit d'une bonne image (ces aliments seraient meilleurs en goût, « sans pesticides », meilleurs pour l’environnement...), même si son prix plus élevé le cantonne à un marché de niche (beaucoup de prolétaires se disent que ce n'est pas pour elles·eux). En 2014, 60% des Français déclaraient consommer au moins une fois par mois des produits bio (contre 49% en 2013). Le part du bio est faible dans la production totale (4 % des surfaces agricoles cultivées en France), mais non négligeable dans certains secteurs (25% des cultures de légumes secs en France, 13% des surfaces arboricoles...).
Le bio est en général plus cher, parce que ses rendements sont inférieurs (mais cela varie beaucoup entre certaines variantes comme la permaculture, et de l'agriculture biologique intensive). Ceci autant en termes de rendements agricoles (par exemple 3 t/ha contre 7t/ha en conventionnel pour le blé[43]) que de productivité du travail humain (le bio nécessite en moyenne deux fois plus de main d’œuvre[44]). Comme indiqué plus haut, les rendements ne peuvent pas être le seul critère, car ils sont aveugles au fait que l'agriculture soit durable ou pas.
L'agriculture biologique se se définit par un cahier des charges assez strict, et avec des critères assez peu liés aux enjeux écologiques réels :
- Contrairement aux idées reçues, il peut y avoir et il y a en général des pesticides utilisés en bio[45] : ces pesticides sont acceptés s'ils sont jugés « naturels », « non chimiques ». Un critère assez infondé, puisque la frontière nature/chimie n'a pas de sens (en réalité ce sont les pesticides « de synthèse » qui sont interdits), et que par conséquent des « pesticides bio » n'ont pas de raison d'être plus ou moins inoffensifs (certains ont été interdits comme la roténone, certains sont tolérés pour des raisons politiques malgré leurs nuisances comme le cuivre de la bouillie bordelaise...).
- Les engrais de synthèse sont également interdits en bio. Ce qui est alors recherché est l'utilisation de rotation des cultures, et de fumier animal (le bio prône généralement la polyculture élevage).
Il n'y a donc pas de raison intrinsèque pour que l'agriculture biologique ait moins d'impact écologique.
Il y a d'âpres débats sur ces questions, mais les résultats de méta-analyses scientifiques les plus solides indiquent que paradoxalement, l'impact écologique serait pire si l'ensemble de l'agriculture actuelle était en biologique. L'explication est la suivante : l'impact d'une exploitation agricole en bio est en moyenne un peu plus faible, mais les rendements sont aussi en moyenne nettement plus faibles, et cela implique que nourrir l'humanité en bio imposerait de consacrer beaucoup plus de terres à l'agriculture. Or, la conversion de terres en terres agricoles est un des facteurs majeurs du changement climatique, car ces terres ne servent plus de puits de carbone.[24] Il n'est pas non plus prouvé que manger bio serait meilleur pour la santé.[46]
Ce constat ne signifie pas nier que l'agriculture conventionnelle n'est pas soutenable. Mais cela signifie que l'explosion des rendements, portée par les énergies fossiles, a permis un boom démographique tel, qu'il n'est plus possible (hors catastrophe humanitaire) de « revenir » à une agriculture de faible rendement. Il est nécessaire de parvenir à une agriculture durable et performante.
L'agriculture bio est officiellement soutenue par les autorités françaises et européennes[42]. Selon certain·es, le bio bénéficie d'un fort soutien médiatique du fait que dans la distribution, les marges sont supérieures en bio.[43]
Un certain nombre d'autres pratiques agricoles peuvent être rapprochées de l'agriculture biologique, comme la permaculture, l'agriculture naturelle... Elles sont souvent de fait des branches plus marginales, plus « radicales » dans le sens de faisant moins de concession à la « modernité ». Elles réclament en général encore plus de main d’œuvre, ce qui les cantonne à des niches. On peut aussi citer la biodynamie, qui se présente souvent comme une version plus puriste de l'agriculture bio, mais qui est surtout définie par des pratiques ésotériques et un lien avec la secte de l'anthroposophie.
8.3 Agriculture de conservation[modifier | modifier le wikicode]
Un des gros problèmes de l'agriculture intensive conventionnelle est qu'elle dégrade très vite les qualités agronomiques des sols, par une combinaison de facteurs : le labour détruit la couche d'humus et les vers de terre (qui jouent un rôle positif dans la fertilité des sols et leur perméabilité) et autres organismes pourvoyeurs de services écosystémiques (les pesticides sont aussi en cause), les engins compactent les sols, ce qui accélère l'érosion et donc la perte de terres arables... Cela a notamment pour effet d'augmenter la quantité d'engrais nécessaires.
L'agriculture de conservation est une approche qui vise à conserver la fertilité et autres caractéristiques bénéfiques des sols. Elle passe principalement par trois piliers :
- Réduction du labour (TCS), voire semis direct, ou sous couvert.
- Remplacement des monocultures par la rotation et l'association de différentes cultures. Par exemple, avec des légumineuses, qui ont la capacité de fixer l'azote de l'air et donc d'enrichir les sols.
- Maintien d'un couvert végétal permanent, ce qui limite l'érosion, garde en vie la biodiversité du sol et ses services écosystémiques...
L'agriculture de conservation a tendance à réclamer un peu plus d'herbicides pour éliminer des adventices que le labour élimine habituellement.
8.4 Agriculture hors-sol[modifier | modifier le wikicode]
Le sol en tant que tel n'est pas réellement nécessaire à l'agriculture. Ce qui est nécessaire est la fonction de support (« tenir droit ») et l'apport en nutriments. A l'état sauvage, les plantes réalisent ces deux fonctions avec leurs racines. Mais il est tout à fait possible de s'affranchir du sol, pour apporter directement les nutriments à la plante. A priori cela peut avoir plusieurs avantages :
- 3 à 15 fois moins de consommation d'eau (dans les cultures classiques, une grande partie de l'eau d'arrosage n'atteint pas la plante, mais s'évapore, ruisselle, ou s'infiltre en profondeur dans les sols)[48][49][50];
- 2,5 fois moins d'engrais (et donc de leurs émissions associées) et suppression des pollutions locales (de même, dans les cultures classiques, une grande partie des engrais déposés est en excédant, et pose des problèmes de pollution des eaux)[51] ;
- possibilité de fermes verticales, notamment en ville (ce qui peut réduire les transports, fournir des produits frais, voire lever la dépendance alimentaire des villes) ;[52]
- très forte réduction de l'emprise au sol (ce qui peut permettre de renaturer des terres agricoles, favorisant la biodiversité et les puits de carbone) ;
- réduction de la consommation de pesticides ;
- avec ces conditions optimisées, la croissance des plantes est 30 à 50% plus rapide[53] ;
- au global, les rendements sont 10 à 20 fois supérieurs[54][48].
Le revers est que ce type de culture consomme 11 fois plus d'énergie (pompes, éclairage dans le cas de fermes verticales...). [48]
Parmi les formes d'agriculture hors-sol on peut citer :
- l'hydroponie : les plantes sont sur un substrat neutre et perméable dans lequel on fait circuler de l'eau chargée en nutriments ;
- l'aquaponie : culture hydroponique avec de l'élevage de poissons, dont les excréments sont transformés en nutriments ;
- l'aéroponie : la nutrition se fait par un brouillard sur les racines à l'air libre, au lieu d'un liquide.
Ce type de système reste encore marginal dans l'agriculture mondiale, avec surtout à ce stade des projets démonstrateurs dans quelques villes.[47][55][56][57][58]
9 Perspective communiste[modifier | modifier le wikicode]
9.1 Paysannerie et socialisation[modifier | modifier le wikicode]
Partout où il existe une classe relativement nombreuse de petits paysans propriétaires, les socialistes doivent élaborer des programmes de transition[7], assurant de l'aide aux paysans, tout en prônant le développement d'une agriculture collectiviste en parallèle. Ce problème est similaire à celui de la petite-bourgeoisie face aux industriels, mais la concentration du capital est allée beaucoup moins vite dans l'agriculture, ce qui fait que ce problème est resté plus important assez longtemps même dans les pays du centre capitaliste, et il le reste dans beaucoup de pays.
9.2 Socialisation et industrialisation[modifier | modifier le wikicode]
Les socialistes et communistes du 19e siècle et de la première moitié du 20e siècle avaient globalement surtout en tête la poursuite de la tendance à la modernisation de l'agriculture, considérant même que le socialisme pourrait aller plus loin plus vite que le capitalisme, tout en permettant aux travailleur·ses de la campagne de ne pas être simplement condamnés à la ruine.
Pendant la révolution allemande de 1848, Marx et Engels diffusent un programme dans lequel ils prônent :
« Les domaines des princes et autres féodaux, toutes les mines, carrières, etc., seront transformés en propriété d'État. Dans ces domaines, l'exploitation agricole s'effectuera en grand avec les procédés les plus modernes de la science au profit de la collectivité entière. »[59]
En 1925, Trotski tente de décrire ce que sera selon lui l'agriculture industrialisée. Il se la représente surtout comme le résultat d'une active intervention technique pour s'abstraire des aléas (des sols différents, du climat...).
« Au plus la chimie, la construction de machines et l’électrification libèrent la culture du sol de l’action des éléments, au plus complètement l’actuelle économie de village sera intégrée à la chaîne de montage socialiste qui coordonne toute la production ».[60]
Il s'appuie largement sur l'industrialisation de l'agriculture qui a déjà eu lieu aux États-Unis (alors les premiers au monde à s'être engagés dans cette voie), tout en affirmant que seul le socialisme pourra réellement aller plus loin : « Même en Amérique, le capitalisme est clairement incapable de hisser l’agriculture au niveau de l’industrie. Cette tâche incombe entièrement au socialisme ».
Selon lui il faut viser « l’industrialisation de la production des plantes de culture, de l’élevage du bétail, de l’horticulture, etc. (…) Il ne suffit pas de socialiser, il faut tirer l’agriculture de son état actuel en remplaçant l’actuel grattouillage sordide du sol par des ‘usines’ scientifiquement organisées de grain et d’orge, par des ‘fabriques’ de bovins et d’ovins, etc »
9.3 Tournant écologique[modifier | modifier le wikicode]
Si Marx et Engels se tenaient déjà au courant des problèmes écologiques soulevés par l'agriculture au 19e siècle (cf. supra), ils voyaient cela comme un des symptômes de l'absence de planification de la société capitaliste, et n'en déduisaient pas qu'il fallait rejeter la modernité dans l'agriculture.
Il est certain que l'ampleur des problèmes auxquels nous faisons face aujourd'hui est bien supérieure. En particulier, le problème du changement climatique est devenu majeur, et le capitalisme semble profondément incapable d'y réagir avec la vitesse qu'il faudrait. Parmi les mesures que pourraient prendre un gouvernement socialiste révolutionnaire :
- Systématisation de la rotation des cultures (pour la fixation de l'azote et l'amélioration de la résistance naturelle aux nuisibles), diminuant le besoin en engrais et pesticides ;
- Optimisation de l’utilisation des engrais et pesticides (monitoring et évaluation précise des besoins) ;
- Planification rationnelle des cultures en fonction des climats (par exemple, fermer les serres chauffées du Nord de la France et faire plutôt venir du Sud ces produits[23]) et des moyens de transport (de préférence à proximité des lignes de chemin de fer) ;
- Dans la production d'engrais :
- Abandon des énergies fossiles dans le procédé Haber-Bosch (notamment utilisation d'électricité décarbonée pour la production de l'hydrogène au lieu du vaporeformage).
- Développement de l'agriculture hydroponique là où l'énergie est suffisamment décarbonée.
10 Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]
11 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]
- ↑ Trust my science, Ces images montrant l’apparence des fruits avant leur domestication par l’Homme sont stupéfiantes, Septembre 2018
- ↑ Pierre-François Souyri, Histoire du Japon médiéval, 2013
- ↑ Lutte ouvrière, L'agriculture, l'agroalimentaire et l'alimentation entre les mains du grand capital, 2001
- ↑ 4,0 4,1 et 4,2 Karl Marx, Le Capital, Livre I, XXIII, V, e) Le prolétariat agricole anglais, 1867 (traduction de la 4e édition allemande, Editions sociales)
- ↑ Karl Marx, Le Capital, Livre I, Quatrième section, XV - X. - Grande industrie et agriculture, 1867
- ↑ Michel Augé-Laribé, La Révolution agricole, 1955
- ↑ 7,0 et 7,1 Thèses adoptées par le premier congrès de la SFIC, décembre 1921
- ↑ John Spargo, Socialism. A summary and interpretation of socialist principles, June 1906
- ↑ Karl Kautsky, The Labour Revolution, June 1922
- ↑ Journal L'Indépendant du Pas-de-Calais, avril 1858, repris à partir des archives par les éphémérides de la semaine du 31 mars au 6 avril 2008.
- ↑ George Pierre, Quelques notes sur le mécanisme du commerce des engrais. Dans L'information géographique, vol. 4, no 4, 1940, p. 84-86
- ↑ Production et consommation mondiale d'engrais, sur planetoscope.com.
- ↑ 13,0 et 13,1 Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels, « Graines de rebelles » sur une France 2 franchement pas belle, Octobre 2015
- ↑ Le Monde, Pour les agriculteurs, ressemer sa propre récolte sera interdit ou taxé, novembre 2011
- ↑ Alessandro Nicolia, Alberto Manzo, Fabio Veronesi & Daniele Rosellini (2014) An overview of the last 10 years of genetically engineered crop safety research, Critical Reviews in Biotechnology, 34:1, 77-88, DOI: 10.3109/07388551.2013.823595
- ↑ Léon Trotski, L'Internationale Communiste après Lenine, 1928
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- ↑ https://humanoides.fr/2015/07/des-chercheurs-veulent-tester-un-robot-cueilleur-de-pommes/
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- ↑ Lénine, La question agraire et les "critiques de Marx", juin 1901
- ↑ Le Monde, Pesticides : le laxisme de l’Europe épinglé, Février 2016
- ↑ Communiqué CESCO, L’intensification agricole moins efficace que les insectes pollinisateurs, mai 2014
- ↑ Le Monde, Dans le Sichuan, des « hommes-abeilles » pollinisent à la main les vergers, Avril 2014
- ↑ Notamment : si la contrepartie pour avoir un légume donné avec du goût est un légume trois fois plus cher, il n'y aura quasiment pas de demande pour ces légumes, ou un marché de niche.
- ↑ Ecologie Raisonnée, Pourquoi les tomates n’ont plus de goût? Mythes et réalités, Octobre 2015 (Traduction d'un article espagnol à propos des recherches d'Alan Bennett)
- ↑ ScienceNewsExplore, Tomatoes’ tasteless green gene, July 2012
- ↑ Frederique F. Bressoud. Systèmes de culture et qualité de la tomate. Innovations Agronomiques, 2010, 9, pp.107-114. Inrae. hal-02665300
- ↑ Qui est corrélée au goût, puisque les différentes substances qui se retrouvent dans un fruit ou un légume peuvent avoir un impact autant sur le goût que sur la qualité nutritive, mais seulement en partie (certaines substances ne sont pas détectables au goût).
- ↑ Brian Halweil (Worldwatch Institute), Critical issue report, Still No Free Lunch, September 2007
- ↑ Comme ceux décrits par Upton Sinclair dans The Jungle (1906).
- ↑ Wikiagri.fr, Alimentation, mange-t-on moins bien qu'avant ?
- ↑ Croix-Rouge, « World Disasters Report 2011 - Focus on hunger and malnutrition ». Rapport cité dans Sciences humaines, Décembre 2011
- ↑ Futura Sciences, L’obésité tue trois fois plus que la faim dans le monde, Décembre 2012
- ↑ Techniques de l'ingénieur, Les drones au service de l’agriculture durable, Mai 2022
- ↑ IEEE Spectrum, Bosch's Giant Robot Can Punch Weeds to Death, Nov 2015
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- ↑ Sciences et Avenir, Manger bio nous fera-t-il vivre plus vieux ?, Juin 2022
- ↑ 47,0 et 47,1 Science Barge, New York
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- ↑ « SOLS 3/5 - De lumière et dʹeau fraîche - Radio », Vacarme, Episode du 10 avril 2019, Play RTS
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- ↑ Association for Vertical Farming
- ↑ Seeker.com, This Farm of the Future Uses No Soil and 95% Less Water, 2016
- ↑ Futura Gaïa, avec une ferme verticale à Tarascon (2020)
- ↑ Friedrich Engels, Karl Marx, Revendications du parti communiste en Allemagne, 21 mars 1848
- ↑ Trotski, Culture et socialisme, février 1926