Le Capital

De Wikirouge
Aller à la navigation Aller à la recherche
Édition allemande de 1867

Le Capital est l'ouvrage majeur de Karl Marx. Sous-titré « Critique de l'économie politique », il vise à exposer le fonctionnement du capitalisme, les rapports sociaux qu'il engendre et les moyens de son dépassement.

Seul le Livre I a été publié du vivant de Marx, en 1867. Les Livre II et III ont été publiés après sa mort, par Engels, sur la base de ses notes manuscrites. Le Livre IV est publié par Kautsky en 1905-1910.

La conclusion de Marx est que le capitalisme est un système à la fois injuste et instable, qui aliène les êtres humains, et dont la base est « l'expropriation des travailleurs » sous la forme du système de salaire. En outre, Marx estime que le capitalisme devra être remplacé par un mode de production fondé sur la propriété commune, remplaçant le travail salarié par le travail libre et coopératif.

1 Présentation du contenu[modifier | modifier le wikicode]

1.1 Livre I - Le procès de production du capital[modifier | modifier le wikicode]

🔍 Voir : Capital, Volume I.

Dans le livre I, Marx discute la valeur des marchandises, reprenant la distinction de l'école classique entre valeur d'échange et valeur d'usage. Puis, pour résoudre un problème majeur qui était posé à l'école classique, il établit la distinction entre valeur de la force de travail (qui se matérialise dans le salaire) et valeur des marchandises produites par le travail. C'est de la différence entre les deux que provient la survaleur. Dans ce schéma général abstrait, la valeur coïncide avec le prix.

Marx analyse également le rôle de la monnaie, et défend une conception sociale du capital : ce n'est pas qu'une somme d'argent, ou de moyens de production, mais un rapport social, rendu possible par un ensemble de rapports de pouvoir entre deux classes principales, avec l'appui de l'État. Marx montre que le capital s'accumule et se concentre dans les mains de ceux qui en possèdent le plus, et revient sur les origines de l'accumulation primitive par la bourgeoisie, afin de détruire tout mythe d'une légitimité des possédants.

1.2 Livre II - Le procès de circulation du capital[modifier | modifier le wikicode]

🔍 Voir : Capital, Volume II.

Le Livre II se concentre sur le processus de la circulation du capital et de la survaleur entre les différentes branches de l'économie. Il vise à étudier comment il se reproduit et s'élargit.

1.3 Livre III - Le procès d'ensemble de la production capitaliste[modifier | modifier le wikicode]

🔍 Voir : Capital, Volume III.

Ce dernier livre exposer un modèle plus complexe de l'économie capitaliste, prenant en compte les multiples capitaux en concurrence, ce qui fournirait au passage la résolution du problème de la transformation des valeurs en prix.

Les théories sur la survaleur, publiées par Kautsky en tant que Livre IV

1.4 Livre IV - Théories de la plus-value[modifier | modifier le wikicode]

🔍 Voir : Capital, Volume IV.

2 Autour du Capital[modifier | modifier le wikicode]

2.1 Le Capital et son écriture[modifier | modifier le wikicode]

En 1857, Marx rédige sa première esquisse d'analyse économique du capitalisme, que l'on nomme en général « les Grundrisse » en référence à son titre en allemand, Grundrisse der Kritik der politischen Ökonomie.[1]

Puis en 1859, il publié Critique de l'économie politique,[2] et continue à travailler sur des brouillons de ce qui deviendra le Capital[3].

Du 17 avril à la mi‑mai 1867, Marx est hébergé à Hanovre par son ami Louis Kugelmann, où il travaille à la correction de ses brouillons de la première édition du Capital.[4]

La correspondance entre Marx et Kugelmann renseigne beaucoup sur les conditions économiques et sanitaires douloureuses dans lesquelles Marx a écrit Le Capital. Dans sa lettre du 11 octobre 1867, Marx dira qu'aucun autre ouvrage n'a sans doute été écrit dans des conditions plus difficiles.

Marx voulait s'atteler à la « mise au net » du Capital dès 1863, alors qu'il ne put le publier qu'en 1867. Il était retardé non seulement par les tâches d'organisation de l'Association internationale des travailleurs, mais également parce que « sa situation économique atteint un point critique »[5]. Elle est quasi désespérée. Les dettes se sont accumulées. Engels ne cesse de lui venir en aide, mais cette aide ne peut suffire à faire vivre toute la famille. Et Marx se refuse à prendre une « occupation pratique » parce qu'il estime plus important « de travailler pour la cause »[6] et de terminer son ouvrage, auquel, à certains moments, il travaille « douze heures par jour »[6] consacre ses jours et ses nuits : « J'étudie le jour et j'écris la nuit. »[7] L'achèvement de cet ouvrage lui tient tellement à cœur, le préoccupe si fort qu'il en délire et parle en dormant de tel ou tel chapitre qui lui trotte par la tête, lorsqu'au début de 1866, un nouvel et grave accès de furonculose est venu interrompre l'ultime mise au point[8].

L'ouvrage connu sous le nom de Capital est en général le Livre I, qui devait être le premier tome d'un vaste ensemble que Marx n'a jamais eu le temps de finir. Le plan de l'ouvrage a évolué, et sa forme actuelle est définie dans une lettre à Kugelmann du 13 octobre 1866.

2.2 Publications et traductions[modifier | modifier le wikicode]

Traduction de J. Roy revue par Marx (1872)

La première publication du Capital eut lieu en 1867 à Hambourg, en Allemagne, avec un tirage de 1000 exemplaires qui mit cinq ans à être écoulé.

La première publication du Capital hors d'Allemagne eut lieu en 1872 en Russie. Alors que la censure y interdisait les « doctrines pernicieuses du socialisme et du communisme », les deux censeurs ayant lu le livre pensèrent, l'un que ce livre « scientifique » ne serait pas lu, et encore moins compris ; l'autre que le livre critiquait le capitalisme au Royaume-Uni, et que le capitalisme ne s'étant pas encore implanté en Russie, sa critique n'était pas pertinente en Russie et que donc il n'était pas dangereux. Les deux censeurs le jugèrent strictement scientifique. Poliakov écoula ses 3000 exemplaires du premier tirage en moins d'un an.[9]

La seconde traduction est la traduction française, en 1872 également[10]. Cette traduction, par J. Roy, est la seule a avoir été relue et révisée par Marx.

Les traductions suivantes sont, dans l'ordre chronologique : la version polonaise (1884-1890), danoise (1885), espagnole (1886), italienne (1886) et enfin anglaise (1887).

Des versions audio sont également disponibles.[11]

2.3 Diffusion du Capital[modifier | modifier le wikicode]

Kugelmann a beaucoup fait pour populariser l'œuvre de Marx en Allemagne. Son dévouement lui a valu les éloges de Marx :

« S'il y avait en Allemagne six personnes de votre calibre, la résistance de la masse des philistins et la conspiration du silence des spécialistes seraient [...] vaincues » [12] « Vous avez plus fait pour mon livre que l'Allemagne tout entière »[13]

Première édition américaine de la traduction de Moore-Aveling du volume I (1889)

L'éditeur du Capital était également ravi de la publicité de Kugelmann.[14] Médecin connu, Kugelmann avait de nombreuses relations dans la bourgeoisie hanovrienne et pouvait toucher et faire toucher des organes de presse libéraux. Il réussit effectivement à faire insérer dans plusieurs journaux des comptes rendus anonymes du Capital qu'Engels avait écrits à la demande de Marx. C'est à cette occasion qu'Engels à son tour est entré en relation épistolaires avec Kugelmann et cette correspondance, dont on trouvera plus loin quelques exemples, se poursuivra d'ailleurs jusqu'à la mort d'Engels.

2.4 Vulgarisation du Capital[modifier | modifier le wikicode]

Le Capital est un ouvrage relativement ardu, et sa longueur peut rebuter. C'est pourquoi beaucoup d'auteurs ont essayé d'en faire des résumés, ou des explications. A commencer par Engels, qui a produit un résumé des 4 premiers chapitres du volume 1 en 1868[15]. Engels a par ailleurs produit d'autres ouvrages qui ont eu une influence décisive dans la diffusion du marxisme, comme l'Anti-Dühring en Allemagne, et une brochure extraite sous le titre Socialisme scientifique et socialisme utopique. En 1882, il écrivait :

« La plupart des gens sont trop paresseux pour lire de gros volumes comme le Capital et, par conséquent, un petit pamphlet mince comme celui-ci a un effet beaucoup plus rapide. »[16]

3 Notes[modifier | modifier le wikicode]

  1. Karl Marx, Introduction générale à la critique de l'économie politique (Grundrisse), août 1857
  2. Karl Marx, Critique de l'économie politique, 1859
  3. Karl Marx, Brouillon du Livre I du Capital, entre l'été 1863 et l'été 1864
  4. Lettres à L. Kugelmann - Avant-propos
  5. Lettres à Kugelmann du 23 août et du 9 octobre 1866
  6. 6,0 et 6,1 Lettre à Kugelmann du 9 octobre 1866
  7. Lettre à Kugelmann du 6 avril 1866
  8. Lettre de Mme Marx du 26 février 1866
  9. Orlando Figes, La Révolution russe, 1891-1924 : la tragédie d'un peuple (tome 1), Denoël, 2007, p. 276 (1re édition 1996)
  10. Le Capital, édition Lachâtre, Paris, 1872 — sur Gallica.
  11. Livres audio du Capital sur litteratureaudio.com
  12. Lettre de Marx à Kugelmann du 7 décembre 1867
  13. Lettre de Marx à Kugelmann du 12 octobre 1868
  14. Lettre de Marx à Kugelmann du 11 février 1869
  15. Friedrich Engels, Résumé du Capital, Volume I, 1868
  16. Friedrich Engels, Lettre à Friedrich Adolph Sorge, 9 novembre 1882
  17. Charles-Louis Detournay, L’audacieux pari du "Capital" de Karl Marx en manga, ActuaBD le 7 février 2011
  18. «Le Capital» en scène: un show débridé, sur gauchebdo.ch, 3 mai 2018