Association Internationale des Travailleurs

De Wikirouge
(Redirigé depuis AIT)
Aller à la navigation Aller à la recherche
FRE-AIT.svg

L'Association internationale des travailleurs, qui sera aussi nommée par la suite Première Internationale, fut la première organisation d'envergure au service de l'émancipation socialiste des travailleurs. Fondée le 28 septembre 1864 à Londres au Saint-Martin's Hall, elle disparaît en 1872 suite à la scission avec ceux qui deviendront les anarchistes.

1 Historique[modifier | modifier le wikicode]

1.1 Précurseurs, continuité et rupture[modifier | modifier le wikicode]

L'Internationalisme dans son acception moderne se place dans la continuité idéologique des mouvements révolutionnaires de 1848[1]. À partir du milieu du 19e siècle, différentes organisations fortement marquées par les idéaux démocratiques et pacifistes de la bourgeoisie progressiste voient le jour.

En 1834, la Jeune Europe de Giuseppe Mazzini se veut la préfiguration d'une fédération républicaine à l'échelle européenne.

Avec une orientation socialiste plus marquée, l'Association Internationale, est fondée à Londres en 1855 par des émigrés socialistes français, allemands, polonais, anglais et belges. Elle dure quatre ans mais reste embryonnaire. Elle est dissoute suite aux dissensions de certains membres souhaitant l'abolition du comité permanent.

En 1867, en réaction aux menaces de guerre entre la France et la Prusse, la Ligue de la Paix et de la Liberté, à laquelle Victor Hugo, entre autres, a appartenu, milite pour la création des États-Unis d'Europe[1].

L'Association Internationale des Travailleurs adopte un point de vue tout différent : composée de prolétaires, elle se donne pour objectif de les unir dans la lutte qu'ils mènent pour leur émancipation, au-delà des divisions artificielles créées par les frontières des États. La fondation de la Première Internationale marque ainsi la rupture du mouvement socialiste avec le républicanisme et constitue à ce titre une étape importante de l'histoire du socialisme.

1.2 Fondation de l'AIT[modifier | modifier le wikicode]

En 1862, du 19 juillet au 15 octobre, des ouvriers français sont envoyés à Londres lors de l'Exposition universelle pour étudier les produits et procédés de l'industrie anglaise. Des échanges entre ouvriers anglais et français, il naît l'idée d'une grande association de travailleurs[2]. D'autres contacts sont noués, le 22 juillet 1863, entre syndicalistes anglais (dont George Potter et George Odger) et parisiens (parmi lesquels figure Henri Tolain), à l'occasion d'un meeting organisé à Londres en soutien aux Polonais réprimés. Ces rencontres aboutissent à la rédaction d'une adresse des ouvriers britanniques à leurs homologues français[1].

St. Martin's Hall

Le 28 septembre 1864, un congrès ouvrier européen se tient au Saint-Martin's Hall de Londres à l’initiative des ouvriers britanniques des Trade Unions. La décision y est prise de créer l'Association Internationale des Travailleurs, qui unit des éléments du mouvement ouvrier de divers pays.

Les courants constitutifs de l'Internationale sont très hétérogènes[3] :

  • Tout d'abord, il y a les syndicalistes anglais, réformistes, modérés, qui gèrent prudemment de riches fonds de grèves. Ils travaillent à l'amélioration des conditions de vie de la classe ouvrière mais font peu référence au socialisme. L'Association Internationale les intéresse sur un plan corporatif si elle parvient à empêcher l'introduction en Grande-Bretagne d'ouvriers du continent venant briser les grèves ou faire tendre les salaires à la baisse[1]. Les socialistes anglais sont owenistes ou chartistes.
  • Côté français, les militants qui participent à la naissance de l'AIT sont davantage issus du monde de l'artisanat que du prolétariat moderne. Ils sont fortement influencés par Proudhon. Ils représentent un mouvement ouvrier qui renaît depuis peu grâce à la libéralisation de l'Empire : la loi du 25 mai 1864 vient de supprimer le délit de coalition en vigueur depuis la Révolution française (loi Le Chapelier du 14 juin 1791) et Napoléon III n'oppose aucun obstacle aux prémices de l'Internationale. Il y a également des blanquistes parmi les délégués français.
  • De nombreux représentants de la démocratie "à la mode de 1848", comme les mazziniens, sympathisent avec la cause de l'Internationale et y adhèrent[3], mais aussi des patriotes polonais en lutte contre le tsarisme russe, des Irlandais en lutte contre la domination anglaise...

Le meeting décide de la création d'un Conseil général (Central Council) basé à Londres, qui se réunit toutes les semaines.

1.3 Le rôle de Marx[modifier | modifier le wikicode]

Marx était à cette époque un réfugié politique allemand inconnu à Londres, pas impliqué dans la politique britannique, même s'il se tenait au courant, notamment du mouvement chartiste. Ses principaux contacts étaient avec d'autres réfugiés, français, allemands... Jusqu'à environ une semaine avant la réunion du 28 septembre, il ne savait apparemment rien à propos des préparatifs du congrès ouvrier international. Il a été mis au courant par Victor Le Lubez, un républicain radical français, qui l'invite à représenter les travailleurs allemands. Marx accepte et propose d'inviter aussi Johann Georg Eccarius, un tailleur allemand vivant à Londres. Marx et Eccarius allaient s'avérer être les deux piliers de l'Internationale depuis sa création jusqu'à sa fin. Marx sera présent quasiment à toutes les sessions du Conseil général.

Marx lors de la fondation de l'Internationale

Face aux autres conceptions qui pouvaient être foncièrement différentes de la sienne, comme celle des mutuellistes, Marx n'a pas cherché à faire passer ses idées coûte que coûte dans l'Internationale :

« J'ai limité à dessein ce programme aux points qui permettent d'obtenir un accord immédiat et une action commune des ouvriers, de manière à donner un aliment et une impulsion directe aux exigences de la lutte de classe et à l’organisation des ouvriers en classe. »[4]

1.4 Le Conseil général[modifier | modifier le wikicode]

Marx fait partie du Conseil général nommé à la suite du meeting de St Martin's Hall. Celui-ci se réunit une semaine plus tard, 5 octobre 1864, avec des membres supplémentaires cooptés représentant d'autres nationalités. Il est basé au siège de la Ligue universelle pour l'élévation matérielle des classes industrieuses au 18 Greek street. Lors de cette première session il est convenu de former un sous-comité pour se mettre au travail d'élaboration des statuts. Ce sous-comité se réunit chez Marx, avec également Eccarius. C'est Marx qui rédigera l'Adresse inaugurale[5] et les statuts provisoires[6] dans lesquels l'AIT affirme que « l'émancipation des travailleurs doit être l'œuvre des travailleurs eux-mêmes » et déclare agir « pour l'émancipation définitive de la classe travailleuse, c'est-à-dire pour l'abolition définitive du salariat ». Ces statuts ont fait l'objet de plusieurs traductions en français : une première, très défectueuse, a été effectuée dès 1864 par les militants parisiens de l'Internationale. Une seconde, en 1866, est due à Charles Longuet. Les différentes versions françaises de ces statuts auront des conséquences au moment de la scission.[7]

Le journal The Bee-Hive ("la ruche") publié par les syndicats anglais, devint l'organe officiel de l'AIT en Angleterre en novembre 1864.

Lors de la création de l'AIT, il n'y a qu'un seul permanent, le secrétaire général, Odger.[8] A la demande de Marx, ce poste est supprimé en 1867.[9] Odger se comporta indignement à l'occasion de la Commune, et dans son exposé contre Odger à la réunion du Conseil général du ler août 1871, Marx dit : « Au cours des cinq dernières années, Mr Odger a complètement ignoré l'Internationale et n'a jamais rempli les devoirs de sa charge. Le poste de président du Conseil général a été supprimé par le Congrès, parce qu'il était inutile et purement fictif. Mr Odger a été le premier et le seul président de l'Internationale. Il n'a jamais rempli ses devoirs et le Conseil général a très bien pu agir sans lui, c'est pourquoi le poste de président a été supprimé. »[10]

Le Conseil général initial n'est composé que d'hommes. La question de la présence de femmes, outre qu'elle ne s'était pas encore posée, ne semblait pas aller totalement de soi. Le compte-rendu de la session du 25 avril 1865 indique que « Une question ayant été posée sur la possibilité pour des femmes d'être membres, le citoyen Wheeler proposa, appuyé par le citoyen Bordage, que les femmes puissent être admises. Accepté à l'unanimité. »

Lors de la réunion du Conseil général de l'AIT du 16 avril 1867, une lettre de Harriet Law concernant les droits des femmes a été lue, et il a été convenu de lui demander si elle serait prête à assister aux réunions du conseil. Le 25 juin 1867 elle est ainsi la première femme siégeant au Conseil général. Elle est souvent restée silencieuse, mais est intervenue dans un certain nombre de discussions. En 1868, Marx dit que « l'oratrice bien connue Harriet Law représente le mouvement athée populaire dans le Conseil général ». C'est peut-être sous son influence que Marx a commencé à parler des femmes travailleuses dans ses déclarations et adresses.[11]

Le 27 août 1867, une discussion eut lieu au Conseil général de l'AIT sur l'opportunité de renforcer la propagande. Marx exprima son opposition à la transformation de l'AIT en "club de discussion", ajoutant qu'il n'était pas opposé aux discussions sur les "grandes questions". Parmi ceux qui sont notés dans le compte-rendu comme favorables à des débats, figure Harriet Law.

A partir de février 1868, une deuxième femme est présente au Conseil général, Mme Morgan (peut-être l'épouse de William Morgan, membre du Conseil général depuis octobre 1864 et membre de la Reform League).

Le 28 Juillet 1868, Marx parle au Conseil général de l'effet néfaste de la machinerie aux mains des capitalistes sur "les enfants et les femmes". Il précise qu'il n'est pas contre l'intégration à la production des femmes et des enfants à partir de 9 ans, mais que dans les conditions actuelles l'effet est "abominable". Le débat se poursuivant le 4 août, Harriet Law dit que les machines ont rendu les femmes moins dépendantes aux hommes qu'auparavant, et qu'elles finiraient par les émanciper de l'esclavage domestique. Le 11 août, Marx met en avant la nécessité de la réduction du temps de travail pour "les femmes et les enfants", ajoutant que dans la plupart des cas cela conduirait à la réduction du temps de travail pour les hommes.

1.5 Position sur la Guerre de Sécession[modifier | modifier le wikicode]

La majorité des démocrates et des socialistes étaient pour l'abolition de l'esclavage. Rédacteur à la New York Tribune, l’organe de l’aile gauche du parti républicain, Marx suivait de près la situation politique américaine, la lutte contre l’esclavage et le développement de la guerre civile. Il prenait clairement parti pour le Nord, appelait le mouvement ouvrier anglais à faire de même, et s’informait de l’évolution de la situation militaire par ses anciens camarades de la Ligue des communistes, dont certains s’étaient engagés comme officiers dans l’armée de l’Union. Pour exprimer ce soutien, Marx rédigea, au nom du conseil général de l’Association internationale des travailleurs, une lettre de félicitations à Lincoln pour sa réélection (30 décembre 1864). La lutte contre l’esclavage et contre les grands propriétaires terriens du sud justifiait ce soutien :

« Depuis le début de la lutte titanesque que mène l’Amérique, les ouvriers d’Europe sentent instinctivement que le sort de leur classe dépend de la bannière étoilée »[12]

1.6 Congrès de Genève (1866)[modifier | modifier le wikicode]

AIT-CongresGeneve-1866.jpg

Le premier congrès de l'AIT, d'après ses statuts provisoires, devait se tenir en Belgique en 1865[13]. Mais le Conseil général estime que la tenue d'un congrès en 1865 serait prématurée, d'autant plus que la Belgique vient de voter une loi contre les étrangers qui risque de compromettre l'accueil des délégués. Une simple conférence se réunit à Londres du 25 au 29 septembre 1865. Celle-ci décide que le premier congrès se tiendra à Genève au printemps 1866. À la demande des Genevois, il est repoussé à l'automne et débute le 3 septembre 1866.

Le développement de l'Internationale est encore modeste. Soixante délégués (dont 15 en observateurs) représentent 25 sections et 11 sociétés adhérentes provenant de France, de Suisse, d'Allemagne et d'Angleterre[3]. Pour la France, seules trois grandes cités ouvrières sont représentées : Paris (par Henri Tolain, Zéphirin Camélinat, Benoit Malon, Eugène Varlin, Édouard Fribourg...), Rouen et Lyon. Les Suisses sont en grand nombre, ils viennent de Genève (Jean-Philippe Becker...), Lausanne, Montreux, Neuchâtel (James Guillaume), La Chaux-de-Fonds, Saint-Imier (Adhémar Schwitzguébel), Bienne, Zurich et Bâle. Pour l'Allemagne : Stuttgart, Magdeburg et Cologne. Pour l'Angleterre, les tailleurs londoniens envoient un délégué tandis que la section française de Londres est représentée par Eugène Dupont. Enfin, le Conseil général a délégué cinq de ses membres, parmi lesquels figurent George Odger, Hermann Jung ou encore Johann Georg Eccarius. Les discussions sont dominées par les délégués proudhoniens de Paris. Six blanquistes de Paris viennent dénoncer les délégués comme "émissaires de Bonaparte" mais ils sont évacués.

Marx avait rédigé des instructions pour les délégués venant de Londres, abordant diverses questions. Le Congrès adopta six des neuf points de ces instructions sous forme de résolutions.[8]

À Genève est notamment adoptée la revendication de la limitation du temps de travail journalier à 8 heures maximum. Le refus du travail des femmes est également voté à l'initiative des mutuellistes proudhoniens. Par exemple pour Tolain, Fribourg ou Chemalé, «le travail des femmes doit être énergiquement condamné comme principe de dégénérescence pour la race et un des agents de démoralisation de la classe capitaliste (...) La femme n’est point faite pour travailler, sa place est au foyer de la famille, elle est l’éducatrice naturelle de l’enfant, elle seule peut le préparer à l’existence civique, mâle et libre. »[14][15]

1.7 Le développement de l’Internationale[modifier | modifier le wikicode]

Drapeau genevois de l'AIT

Dans les luttes quotidiennes, l’AIT soutient les mouvements et luttes des travailleurs, les luttes pour le suffrage universel, pour la réduction du temps de travail, contre le travail des enfants.

Sa presse était principalement développée au Royaume-Uni, en Suisse, et en Belgique - de façon moindre en France et en Allemagne du fait de la censure et de la limitation, voire de l’interdiction, du droit de réunion. Plusieurs procès eurent lieu contre des militants de l’Internationale, par exemple en France où quinze membres de l’AIT furent condamnés à 100 francs d’amende chacun pour « constitution interdite d’association de plus de vingt personnes ».

Mais l'AIT se trouve au bout de quelques années divisée entre « mutuellistes » (suisses et français principalement) et « collectivistes » (anglais et allemands principalement).

1.8 Le congrès de Lausanne (1867)[modifier | modifier le wikicode]

Le deuxième congrès s'ouvrit à Lausanne le 2 septembre 1867. Il y avait 71 délégués présents, dont la majorité (38) de Suisses, 18 Français (dont Tolain et Longuet), 6 Allemands (dont le médecin Louis Kugelmann et le philosophe Ludwig Büchner), 2 Anglais et 2 Italiens, et un Belge, auxquels s'ajoutaient 4 membres du Conseil général, dirigés par Johann Eccarius. Chaque délégué avait une voix égale, quel que soit le nombre de membres qu'il représentait. Marx, alors en train de travailler sur les dernières pages du Capital, n'y assiste pas.

Les proudhoniens parviennent à infléchir dans leur sens l'AIT sur un certain nombre de questions, notamment sur le crédit et les coopératives. Toutefois le congrès réaffirme l'importance de la grève et de la liberté politique, votant une résolution affirmant que « l'émancipation sociale des travailleurs est inséparable de leur émancipation politique ». Les proudhoniens ne parviennent pas à prendre la direction de l'Internationale, le Conseil général sortant étant réélu.

Un débat a lieu au sujet de la participation à la conférence de la Ligue de la paix et de la liberté, dont le congrès de fondation se tient à Lausanne au même moment. Le congrès de l'AIT envoya une délégation à cette conférence (dominée par la gauche bourgeoise), malgré l'avis de Marx relayé par le conseil général :

« Il est souhaitable que le plus grand nombre de délégués pour qui cela est possible assistent au Congrès de la paix à titre individuel; mais il serait peu judicieux de prendre part officiellement en tant que représentants de l'Association internationale. Le Congrès de l'Internationale des Travailleurs était en soi un congrès de paix, car l'union de la classe ouvrière des différents pays doit en fin de compte rendre les guerres entre pays impossibles. Si les promoteurs du Congrès de la Paix de Genève l'avaient vraiment compris, ils auraient rejoint l'Association internationale.» Journal The Bee-Hive, 17 août 1867

1.9 Répression et basculement en France[modifier | modifier le wikicode]

Dès la fin de l'année 1867, le gouvernement français décide de contrer le développement de l'Internationale. Lors des premières poursuites (février 1868), Henri Tolain et la commission parisienne démissionnent. Ils personnifiaient le mutuellisme proudhonien méfiant à l'égard des grèves, hostile aux institutions étatiques, favorable au maintien de la femme au foyer - base de la famille... Ceux qui vont prendre le relais, avec Eugène Varlin à leur tête, prétendent dépasser le mutuellisme qui, selon eux, se doit de déboucher sur le collectivisme et le syndicalisme. Dans la section française, un collectivisme anti-étatique succède au mutuellisme.

1.10 Le congrès de Bruxelles (1868)[modifier | modifier le wikicode]

Drapeau de la section genevoise de l'Association internationale des travailleurs (1868).png

Le 3ème congrès qui se déroule du 6 au 13 septembre 1868 à Bruxelles, réunit des délégués venus de Belgique, de France, du Royaume-Uni, d’Allemagne, d’Italie, de Suisse, d’Espagne. Le congrès marque la prédominance des idées syndicalistes et collectivistes. L’AIT y déclare qu’elle « n’est fille ni d’une secte, ni d’une théorie. Elle est le produit spontané du mouvement prolétaire » (texte écrit par Karl Marx). Il est à noter que Bakounine partagera cette idée que l’Internationale « est sortie non de la tête ou de la volonté d’un ou de quelques individus, mais du sein même du prolétariat ».

Le congrès approuve par ailleurs la ligne de Marx concernant la Ligue de la paix et de la liberté : ne pas s'y affilier, tout en soutenant toute action anti-militariste.

Ce congrès, sur proposition de Johann-Philipp Becker, attire également l'attention des socialistes de tous les pays sur le Capital de Marx.[16]

1.11 L'adhésion de Bakounine et le conflit (1868-1872)[modifier | modifier le wikicode]

En 1868, Bakounine adhère à la section suisse de l’AIT, et son Alliance internationale de la démocratie socialiste demande l'adhésion en bloc à l'Internationale. Dès ce moment, Marx, même s'il connaît Bakounine depuis longtemps, est méfiant : « Monsieur Bakounine – dans les coulisses de cette affaire – condescend à placer le mouvement ouvrier sous direction russe »[17]

Le Conseil général de l'AIT rejette la demande d'adhésion, en considérant que les sections de l'Alliance doivent devenir des sections de l'AIT. [18] Après de vives discussions internes, les alliancistes reconnaissent le bien-fondé du raisonnement du Conseil Général et le Bureau central de l’Alliance est dissout en février 1869, les groupes divers dont elle était composée adhérant à l'Internationale séparément. Par courrier daté du 28 juillet 1869, Johann Georg Eccarius, au nom du Conseil Général, accepte l'adhésion du groupe de Genève de l'Alliance comme section de l'Internationale. Bakounine écrit à Marx le 22 décembre 1868 :

« Ma patrie maintenant, c’est l’Internationale, dont tu es l’un des principaux fondateurs. Tu vois donc, cher ami, que je suis ton disciple, et je suis fier de l’être ».

Mais si l'Alliance est bien dissoute, Bakounine dispose toujours d'une organisation secrète centralisée, la Fraternité internationale.

L’AIT va rapidement se trouver divisée entre "marxistes" et "anarchistes" de tendance bakouniniste. Errico Malatesta commentera ainsi plus tard cette division :

« Nous voulions, par une action consciente, imprimer au mouvement ouvrier la direction qui nous semble la meilleure, contre ceux qui croient au miracle de l'automatisme et aux vertus de la masse travailleuse... Nous qui dans l'Internationale, étions désignés sous le nom de bakouninistes, et étions membres de l'Alliance, nous criions très fort contre Marx et les marxistes parce qu'ils tentaient de faire triompher dans l'Internationale leur programme particulier ; mais à part la loyauté des moyens employés et sur lesquels il est maintenant inutile d'insister, nous faisions comme eux, c'est-à-dire que nous cherchions à nous servir de l'Internationale pour atteindre nos buts de parti. » (Volonta, 1914)

Les bakouninistes au congrès de Bâle

La méfiance se renforce. Marx cherche à obtenir des informations compromettantes sur Bakounine via le jeune militant russe Serno-Solovievitch, mais celui-ci en informe Bakounine[19]. En revanche, il trouvera dans la personne de Nicolas Outine un informateur dévoué, animé d’une haine tenace pour Bakounine. Dès le mois de mars 1869, Marx s’inquiète auprès d’Engels des succès rencontrés en France, en Suisse, en Italie et en Espagne par le programme de l’Alliance et des risques de scission.[20] Marx se doute que Bakounine entretient secrètement le réseau de l'Alliance, et se fait menaçant dans une lettre à Engels de juillet 1869 :

« Ce russe, cela est clair, veut devenir le dictateur du mouvement ouvrier européen. Qu'il prenne garde à lui, sinon il sera excommunié » [21]

De son côté Bakounine est persuadé que Marx maintient secrètement la Ligue des communistes, dissoute depuis longtemps, et il se prépare à un conflit ouvert :

« Il pourrait arriver et même dans un très bref délai, que j'engageasse une lutte avec lui [Marx]... pour une question de principe, à propos du communisme d'État... Alors, ce sera une lutte à mort » (lettre du 28 octobre 1869 de Bakounine à Herzen)

Il faut cependant remarquer que dans la même lettre, Bakounine écrit à propos de Marx :

« Nous ne saurions méconnaître, moi du moins, les immenses services rendus par lui à la cause du socialisme, qu’il sert avec intelligence, énergie et sincérité depuis près de vingt cinq ans, en quoi il nous a indubitablement tous surpassés. »

Mais ce conflit dans l'AIT n'est pas qu'une querelle de personnes, même si la différence de tempérament entre Marx et Bakounine a joué un rôle. Il s'agit d'une lutte politique entre deux courants, qui se cristallisera sur deux principales questions : la question de l'organisation (fédéralisme ou centralisme), et la question de la politique (prendre part à la vie politique légale et utiliser les institutions bourgeoises ou s'en tenir à la lutte économique).

1.12 Le congrès de Bâle (1869)[modifier | modifier le wikicode]

IWA Basel section banner.jpg

Le 4e congrès de Bâle (6-12 septembre 1869) réunit 75 délégués : 6 Anglais (les six membres du Conseil général : Applegarth, Eccarius, Cowell Stepney, Lessner, Lucraft, et Jung), 26 Français (parmi lesquels Dereure, Landrin, Chemale, Murat, Aubry, Tolain, A. Richard, Palix, Varlin, et Bakounine), 5 Belges (dont Hins, Brismée, et De Paepe), 2 Autrichiens (Neumayer et Oberwinder), 10 Allemands (dont Becker, Liebknecht, Rittinghausen, et Hess), 22 Suisses (dont Burkly, Greulich, Fritz Robert, Guillaume, Schwitzguébel et Perret), un Italien (Caporusso), 2 Espagnols (Farga-Pellicer et Sentinon) et un États-unien (Cameron). Jung a été élu président du congrès.

À partir de votes sur des motions ou amendements présentés par ces divers « courants », on peut établir le « rapport de force » comme suit :

  • 63 % des délégués de l'AIT se regroupent sur des textes collectivistes dits « anti-autoritaires » (« bakouninistes »).
  • 31 % se regroupent sur des textes collectivistes dits « marxistes ».
  • 6 % maintiennent leurs convictions mutuellistes (proudhoniens).

Les deux premières sensibilités se retrouvent sur le principe du collectivisme, notamment sur une proposition ayant trait à la socialisation du sol. Le socialiste belge De Paepe joue un rôle décisif en faisant basculer la délégation belge, auparavant mutuelliste, du côté collectiviste. Enfin, et à l'unanimité, le congrès décide d'organiser les travailleurs dans des sociétés de résistance (syndicats).

Mais les marxistes et les bakounistes se séparent sur la question de l'héritage :

  • Les Bakouninistes veulent inscrire la suppression du droit d’héritage dans le programme de l’Internationale, et obtiennent une majorité.
  • Pour Marx, il fallait défendre des mesures pratiques comme l'établissement d'impôts sur la succession et la limitation du droit de tester. L'héritage disparaîtrait avec le capitalisme, car il en est une conséquence et pas une cause.[22]

Cette mise en minorité surprend Marx et lui fait dire que le bakouninisme représente une menace.

1.13 Éloignement des syndicats anglais[modifier | modifier le wikicode]

BeeHiveNewspaper.JPG

Le The Bee-Hive, le journal des syndicats anglais qui servait d'organe central à l'AIT en publiant toutes ses déclarations, a évolué vers de plus en plus de réformisme et de chauvinisme. Il s'est par exemple mis à censurer les prises de position de l'AIT en faveur des Irlandais·es.[23]

Finalement, l'AIT rompit avec The Bee-Hive en mai 1870, sous l'impulsion de Marx.

1.14 Scission dans la section suisse (1870)[modifier | modifier le wikicode]

En avril 1870, lors du congrès régional de la fédération romande, va se produire une scission : les délégués suisses vont se diviser sur l'attitude à adopter à l'égard des gouvernements et des partis politiques. Quelques phrases extraites des deux résolutions divergentes expriment bien cette opposition qui, de locale, allait gagner tout le mouvement. Pour les bakouninistes,

« toute participation de la classe ouvrière à la politique bourgeoise gouvernementale ne peut avoir d'autre résultat que la consolidation de l'ordre des choses existant, ce qui paralyserait l'action révolutionnaire socialiste du prolétariat. Le congrès romand commande à toutes les sections de l'AIT de renoncer à toute action ayant pour but d'opérer la transformation sociale au moyen des réformes politiques nationales, et de porter toute leur activité sur la constitution fédérative de corps de métiers, seul moyen d'assurer le succès de la révolution sociale. Cette fédération est la véritable représentation du travail, qui doit avoir lieu absolument en dehors des gouvernements politiques. »

A l'inverse, les «marxistes» affirment:

« l'abstention politique est funeste par ses conséquences pour notre œuvre commune. Quand nous professons l'intervention politique et les candidatures ouvrières, nous voulons seulement nous servir de cette représentation comme d'un moyen d'agitation qui ne doit pas être négligé dans notre tactique. Nous croyons qu'individuellement chaque membre doit intervenir, autant que faire se peut, dans la politique. »

Le Conseil Général de Londres va tenter d'éviter l'affrontement, et rappelle aux bakouninistes que les statuts de l’AIT considèrent l'action politique comme un moyen d'émancipation. Mais, rapidement, ce conflit va déborder les frontières suisses. Les «bakouninistes», désormais appelés « jurassiens », vont rencontrer d'actives sympathies en France, en Espagne et en Belgique. Des tentatives de conciliation au sein des sections romandes, puis à la conférence de Londres en 1871, vont échouer. Le Conseil Général de Londres enjoint alors aux jurassiens de se fondre dans la fédération agréée de Genève. Au nom du principe statutaire d’autonomie, les jurassiens s'obstinent, et refusent qu’il y ait une seule section suisse de l’Internationale. A l'été 1871 paraît la Protestation de l'Alliance, dans laquelle Bakounine dénonce ce qu'il considère de la bureaucratisation dans l'AIT.

Dès le 6 septembre 1871, les jurassiens se mettent en marge de l'AIT en adoptant de nouveaux statuts, et en contestant le conseil général qu’ils qualifient de « hiérarchique et autoritaire ». Marx et ses partisans sont alors persuadés que le but de Bakounine est de parvenir à relocaliser à Genève le Conseil général. Bakounine dément, et soutient seulement la réduction des pouvoirs du Conseil général. A l'inverse, le Conseil général dénoncera l'inefficacité du modèle d'organisation des anarchistes :

« Tous les socialistes entendent par anarchie ceci : le but du mouvement prolétaire, l’abolition des classes, une fois atteint, le pouvoir de l’État qui sert à maintenir la grande majorité productrice sous le joug d’une minorité exploitante peu nombreuse, disparaît et les fonctions gouvernementales se transforment en de simples fonctions administratives. L’Alliance prend la chose au rebours. Elle proclame l’Anarchie dans les rangs prolétaires comme le moyen le plus infaillible de briser la puissante concentration des forces sociales et politiques entre les mains des exploiteurs. Sous ce prétexte, elle demande à l’Internationale, au moment où le vieux monde cherche à l’écraser, de remplacer son organisation par l’Anarchie. »[24]

Marx considérait qu'il était important que le Conseil général soit à Londres, « la métropole du capital », pour avoir « la main directement sur le grand levier de la révolution prolétaire » :

« Les Anglais ont toute la matière nécessaire à la révolution sociale. Ce qui leur manque, c’est l’esprit généralisateur et la passion révolutionnaire. C’est seulement le Conseil général qui peut y suppléer, qui fait ainsi accélérer le mouvement vraiment révolutionnaire dans ce pays et par conséquent partout. (...) [Si] l’initiative révolutionnaire partira probablement de France, l’Angleterre seule peut servir de levier pour une révolution sérieusement économique. »[25]

1.15 La Commune de Paris (1871)[modifier | modifier le wikicode]

Affiche du 4 septembre 1870

La guerre de 1870 et la Commune n'allaient que retarder le dénouement de cette opposition. En effet, les événements empêchent la tenue du 5e congrès qui devait s'ouvrir à Paris en septembre 1870.

En France, les militants parisiens de l’Internationale diffusent le 12 juillet 1870 une adresse aux « frères d’Allemagne » en leur disant que «  nos divisions n’amèneraient des deux côtés du Rhin que le triomphe complet du despotisme  »[26]. Mais le militarisme l'emporte, non sans susciter du nationalisme dans les classes populaires. Lorsque la guerre éclate en juillet 1870, Marx préconisait aux socialistes allemands la défense nationale, au nom de l'unification allemande. L'armée française est vaincue en 2 mois.

Mais après la capitulation de Napoléon III le 2 septembre, les troupes allemandes continuent à avancer sur le sol français. L'AIT et les socialistes allemands dénoncent alors cette contre-offensive qui prend une nature clairement impérialiste. Les militants parisiens de l'AIT (qu'on appelle alors les Internationalistes) diffusent une adresse au peuple allemand, l'appelant au retrait des troupes, pour éviter de « verser à flots ton sang et le nôtre ». Le conseil de Londres de l'AIT prend une position anti-guerre.[27]

Affiche rouge placardée dans la nuit du 5 au 6 janvier 1871 par les Internationalistes

Les Internationalistes, qui reviennent de prison ou d’exil, sont la force d'impulsion d'un Comité central républicain des Vingt arrondissements dès le 13 septembre 1870. Ils s’engagent aussi nombreux dans la Garde nationale et beaucoup de leurs responsables sont élus officiers de leur bataillon. Ils poussent dans le sens d'une république sociale et de mesures énergiques pour la défense de Paris.[28]

Aux élections législatives de février 1871, deux candidats de l’Internationale sont élus : Malon et Tolain.

Lorsqu'éclate le soulèvement du 18 mars qui donne naissance à la Commune de Paris, Malon se consacre au gouvernement révolutionnaire, Tolain se range du côté versaillais.

Sur les 88 élus de l’assemblée communale, 25 sont des ouvriers et 38 membres de l’Internationale. Ils vont jouer un rôle prépondérant à la tête des services publics comme Camélinat à la monnaie, Theisz à la poste, et Frankel qui devient de facto le premier ministre du Travail. Les Internationalistes sont actifs dans la Garde nationale, les clubs, les comités de l’Union des femmes, les chambres syndicales. Ils sont très majoritairement du côté de la minorité au sein de la Commune qui refuse la création du Comité de salut public.

Nombre d’Internationalistes sont tués lors de la répression sanglante qui suit la défaite. De très nombreux militants de l’AIT sont exécutés, de nombreux survivants condamnés à l’exil. Thiers interdit l'AIT en France, et demande à Gladstone, premier ministre anglais, de faire de même. Il s'agit du premier échange diplomatique au sujet d'une organisation ouvrière. De même, le pape Pie IX déclara au gouvernement suisse que c'était une erreur de tolérer « cette secte internationale qui voudrait traiter toute l'Europe comme elle a traité Paris. Ces messieurs […] sont à craindre, car ils travaillent au nom des ennemis éternels de Dieu et des hommes ».[29]

Giuseppe Mazzini, qui avait été proche un temps de l'AIT, considérait maintenant que les principes de l'Internationale étaient devenus ceux du « reniement de Dieu, […] de la patrie, […] et de toute propriété individuelle ». Bakounine fit cause commune avec Marx contre ses attaques.

La critique de la Commune de Paris s'est même étendue à des sections du mouvement ouvrier. Suite à la publication de La Guerre civile en France, le dirigeant syndical Odger et le vieux chartiste Lucraft ont démissionné de l'AIT, pliant sous la pression de la campagne de presse hostile.

1.16 La Conférence de Londres (1871)[modifier | modifier le wikicode]

A défaut de congrès, une conférence de Londres se tient en septembre 1871. Celle-ci confirme la position de Marx sur la question politique, en renvoyant à l'Adresse inaugurale de l'AIT qui disait « la conquête du pouvoir politique est devenue le premier devoir de la classe ouvrière »[5]. La légitimité de cette conférence et ses décisions seront attaquée par plusieurs sections en octobre 1871, lorsque les décisions prises à Londres sont connues. Les fédérations italienne, belge et espagnole demandent une révision des statuts de l’Internationale pour restreindre le rôle du Conseil général à celui d’un simple centre de statistiques et de correspondance, proposition à laquelle se rallie la fédération jurassienne.

Bakounine insiste à ce moment sur la « la liberté la plus absolue de la propagande tant politique que philosophique »[30] afin de prôner la cohabitation des deux lignes.

Par ailleurs, pendant la Conférence, Marx fait au nom du Conseil général la proposition de créer des sections féminines de l'Internationale, en plus des sections mixtes. Le compte-rendu indique que Marx fit les précisions suivantes :

« Dans les pays où l'industrie emploie des femmes en grand nombre, elles aimeront mieux se réunir entre elles pour discuter. Les femmes, dit-il, jouent un très grand rôle dans la vie : elles travaillent dans les usines, elles prennent part aux grèves, à la Commune, etc. Elles ont plus d'ardeur que les hommes. Il ajoute quelques mots par lesquels il rappelle la participation ardente des femmes aux événements de la Commune de Paris. »[31]

1.17 La scission au congrès de La Haye (1872)[modifier | modifier le wikicode]

Lieu de réunion du congrès de la Hague

La scission aura lieu début septembre 1872 lors du 8e congrès, à La Haye (dans un petit café). Les modalités d'organisation du congrès elles-mêmes font partie de la controverse. En effet, les règlements administratifs de l'Internationale, qui permettaient à chaque section d'envoyer au congrès un délégué avec voix délibérative, donnaient de facto une sur-représentation aux sections les plus proches géographiquement, compte tenu des difficultés économiques que la plupart des sections éprouvaient à envoyer un délégué. Pour ces raisons, Paul Lafargue avait dans un premier temps suggéré à Engels d'organiser le congrès en Angleterre : « les Bakounistes y seraient coulés avant de paraître »[32] Genève avait ensuite été envisagé. Lorsque le Conseil général choisit finalement La Haye, Henri Perret écrit à Jung (7 juillet 1872) : « Si le Congrès avait eu lieu à Genève, vous aviez trente délégués, rien que de Genève, parfaitement assurés, plus les autres groupes de la Fédération romande ; les Allemands auraient eu un bon nombre de délégués [...] nous étions sûrs d'une belle majorité »

Le choix de La Haye (séance du Conseil général du 18 juin 1872) au détriment de Genève rendait la présence de Bakounine pratiquement impossible, l'accès de la France et de l'Allemagne lui étant interdit. La décision du Conseil général entraîna, outre la décision des italiens de ne pas se rendre au congrès, une protestation (le 15 juillet) du Comité fédéral jurassien qui jugeait le lieu "extrêmement excentrique". Les jurassiens donnent mandat impératif à James Guillaume et Adhémar Schwitzguebel pour présenter leur motion « anti-autoritaire » au congrès officiel et se retirer en cas de vote négatif. A la Haye, Guillaume rédige une déclaration en des termes modérés qui lui permettent d’être signée par les délégués des fédérations espagnole, belge, jurassienne et hollandaise, ce qui prend au dépourvu la majorité. La déclaration rejette l’autorité du Conseil général en affirmant que seule l’autonomie des fédérations permet le maintien de l’unité et l’expression des différentes tendances politiques.

Le congrès regroupe 65 délégués d'une dizaine de pays, et les marxistes y sont majoritaires. Les marxistes étaient majoritaires dans les pays où il était possible de participer à la vie politique et de réaliser des améliorations des conditions de vie des travailleurs, tandis que l'anarchisme était majoritaire dans les pays où les interdictions étaient plus fortes. Bakounine et Guillaume sont exclus, en raison de leur structure internationale officieuse, et sur la base du dossier constitué par Marx compromettant Bakounine. Le conseil général est transféré à New York. Des militants et des fédérations se solidarisent avec les exclus et quittent alors l'AIT.

1.18 La dislocation de l’AIT[modifier | modifier le wikicode]

Après l’affaiblissement dû à la répression qui suit l’échec de la Commune, cette scission sera fatale à la Première Internationale, qui va s'éteindre progressivement.

L'hôtel de Ville de Saint-Imier où s'est déroulé le congrès « anti-autoritaire »

Une Internationale dite « anti-autoritaire » va naître. La Fédération jurassienne sera le point de regroupement des fédérations hostiles au conseil général. C'est autour d'elle que va mûrir l'idéologie anarchiste qui se revendique alors du nom de « collectivisme révolutionnaire », se voulant le promoteur d'un système économique autogéré en dehors de toute autorité, de toute centralisation, de tout état. La constitution de cette nouvelle internationale a lieu à Saint-Imier le 15 septembre 1872. Y sont représentées les fédérations espagnoles, italiennes et jurassiennes, plusieurs sections françaises et deux sections d'Amérique. Le Congrès de Saint-Imier se donne comme objectif « la destruction de tout pouvoir politique par la grève révolutionnaire ».

L'Internationale « officielle » dénonce cette scission. Le conseil général convoque un congrès général le 8 septembre 1873, à Genève. Les trente délégués qui y assistent ne représentent presque qu'eux-mêmes. Engels y polémique notamment avec Guillaume sur la grève générale. « Le fiasco du congrès de Genève était inévitable... Les événements et l’inévitable évolution et involution des choses pourvoiront d’eux-mêmes à une résurrection de l’Internationale »[33] (Marx était lui-même absent à ce congrès, comme à quasiment tous les congrès de l’AIT). « La vieille internationale est complètement finie et a cessé d'exister »[34]. Le 15 juillet 1876, le congrès réunit à Philadelphie décide l'auto-dissolution de l’Internationale.

Le 27 avril 1873 est convoqué à Neuchâtel un « 9e congrès de l'AIT », auquel assistent des délégués représentant les fédérations d'Angleterre, de Belgique, de Hollande, de Suisse, d'Espagne, d'Italie et de France. Le congrès se prononce pour l'abolition complète de tout conseil général et, a contrario, pour l'autonomie des fédérations. Pour compléter la structure organisationnelle de l'association, il est décidé qu'en dehors des congrès, les tâches de coordination seront confiées au bureau d'une fédération.

C'est au moment où il voyait ses idées triompher que Bakounine décida de se retirer :

« J'ai la conviction que le temps des grands discours théoriques est passé. Dans les neuf dernières années, on a développé au sein de l'Internationale plus d'idées qu'il n'en faudrait pour sauver le monde, si les idées seules pouvaient le sauver. Ce qui importe avant tout aujourd'hui, c'est l'organisation des forces du prolétariat ».

Un « 8e congrès de l'Internationale » se réunit à Bruxelles du 7 au 12 septembre 1874. On en retiendra que l'Italie, disant suivre en cela les recommandations de Bakounine, décide de se préparer à passer aux actes. À l'opposé, sous l'influence de la section belge, un rapprochement est estimé utile avec les partis démocratiques et socialistes. Ce débat va se clarifier peu à peu durant les trois années suivantes. Il aboutira de fait à la dislocation de cette nouvelle Internationale.

Bakounine meurt le 1er juillet 1876. Lors de ses funérailles, les Jurassiens présents appellent à l'unité entre marxistes et bakounistes. Ils rejettent « les récriminations personnelles entre hommes qui au fond poursuivent le même but » et appellent à la réconciliation entre partisans de l’État ouvrier et partisans de la libre fédération des producteurs – une réconciliation qui leur semble''« très utile, très désirable et très facile ».[35]

C'est ainsi que durant le « 8e congrès » (26/27 octobre 1876 à Berne), César De Paepe et la section belge font admettre le projet de convocation d'un congrès socialiste auquel assisteraient des représentants des organisations communistes. Les italiens, quant à eux, ont décidé de passer à l'action en utilisant la tactique du « fait insurrectionnel ». Ce sera l'épopée du Bénévent en avril 1877 et son échec : une trentaine d'anarchistes armés occupent deux villages, en brûlent les archives et « décrètent » la révolution. Une semaine plus tard, les insurgés, transis et affamés seront capturés sans offrir de résistance. Mais cet échec ne fut pas sans lendemain. Au mois de juin de la même année, Costa et Paul Brousse définissent et expliquent ce que sera la « propagande par le fait ». Le courant anarcho-syndicaliste était alors trop faible pour mettre en avant ses théories d'actions auto-gestionnaires ou communalistes.

À l'inverse, la minorité anarchiste politiquement pure et dure, s'affirmait. Elle avait pour elle la caution des derniers messages de Bakounine qu'elle interprétait souvent étroitement ; elle s'appuyait aussi sur l'attrait qu'exerçaient alors en Europe, les pratiques violentes des nihilistes russes. Ces divergences sur la stratégie à adopter vont aboutir à des prises de positions extrêmes. Lorsque les fédérations belges, hollandaises et anglaises s'accordent pour revenir à une conception plus politique, plus légaliste de l'action, Kropotkine affirme qu'il est nécessaire de promouvoir « la révolte permanente par la parole, par l'écrit, par le poignard, le fusil, la dynamite... » (Le Révolté N°22).

Le « 9e congrès » tenu à Verviers en 1877, regroupe en fait onze délégations acquises aux nouvelles idées radicales. Les représentants des fédérations d'Italie, de France, d'Allemagne, de Suisse, d'Égypte et de Grèce ne vont s'entendre que pour s'opposer négativement à la tendance qui avait prôné le rapprochement vis-à-vis des partis : « Tous les partis forment une masse réactionnaire... il s'agit de les combattre tous ». L'entente était donc impossible avec les trente cinq délégués « marxistes » et socialistes qui se réunissent quelques jours après à Gand lors du congrès socialiste universel. Les délégués du congrès de Verviers y sont minoritaires. Ils voient la fédération belge et les sections flamandes quitter leur internationale, considérée comme annexée par les anarchistes, pour se rallier au marxisme. « Le congrès de Gand a eu au moins cela de bon que Guillaume et compagnie ont été totalement abandonnés par leurs anciens alliés »[36].

Les militants anarchistes les plus actifs se tournent vers un type d'actions individuelles, la propagande par le fait, qui va les couper du mouvement ouvrier. La Fédération jurassienne, encore la plus active, estime même inutile de préparer le congrès prévu en 1878.

2 Postérité de la Première Internationale[modifier | modifier le wikicode]

Au moment même de sa disparition, l'Internationale inspire la chanson bien connue du même nom à Eugène Pottier. Celui-ci l'écrit dans sa prison après la répression de la Commune.

Une des caractéristiques notables de l'AIT était sa base programmatique très large. Elle regroupait des courants très divers, principalement socialistes mais sans que l'adhésion à une doctrine précise soit mentionnée dans ses statuts. Bakounine défendait la logique non sectaire qu'avaient eu ses fondateurs (dont Marx) :

« S’ils avaient arboré le drapeau d’un système politique ou antireligieux, loin d’unir les ouvriers de l’Europe, ils les auraient encore plus divisés […]. D’ailleurs, il existe encore une trop grande différence entre les degrés de développement industriel, politique, intellectuel et moral des masses ouvrières dans les différents pays, pour qu’il soit possible de les unir aujourd’hui par un seul et même programme politique et antireligieux. Poser un tel programme comme celui de l’Internationale, en faire une condition absolue d’entrée dans cette Association, ce serait vouloir organiser une secte, non une association universelle, ce serait tuer l’Internationale. » [37]

Une autre caractéristique notable était que l'AIT était d'emblée internationale (malgré sa taille très modeste), alors que les IIe et IIIe internationales seront plutôt des regroupements de partis nationaux existants.

Certains socialistes considéraient que l'AIT avait adopté un fonctionnement trop centraliste.[38]

En 1881, Marx estimait que « le moment critique pour une nouvelle Association internationale des travailleurs n'est pas encore arrivé et c'est pourquoi [il] considère tous les congrès ouvriers, en particulier les congrès socialistes, dans la mesure où ils ne sont pas liés aux conditions immédiates données dans telle ou telle nation particulière, comme non seulement inutiles mais nuisibles. »[39]

Trotski écrira à propos de l'AIT :

« De même que le Manifeste était une anticipation, de même que la 1ère Internationale était venue trop tôt pour son temps, c'est-à-dire pour pouvoir unir les travailleurs de tous les pays, de même la Commune était un épisode prématuré de la dictature du prolétariat. »[40]

Quelques années après la disparition de l'AIT, les partis socialistes et sociaux-démocrates se regroupent dans l'Internationale ouvrière (dite « Deuxième Internationale »), sous l'impulsion notamment de Friedrich Engels.

Les organisations syndicales le feront quelques années plus tard au sein de la Fédération syndicale internationale.

Certains anarcho-syndicalistes se regroupent au sein d'une nouvelle Association internationale des travailleurs, fondée en 1923 à Berlin.

3 Implantation[modifier | modifier le wikicode]

A son sommet, l'AIT a atteint près de 8 millions de membres[41], ou 5 millions selon les rapports de police[42]. L'AIT resta cependant quasi inconnue à l'échelle mondiale jusqu'en 1871.

3.1 France[modifier | modifier le wikicode]

Les fondateurs de la section espagnole autour de Giuseppe Fanelli

Le proudhonien Henri Tolain fut un organisateur efficace, qui permit de donner une implantation notable à l'AIT en France. Puis, avec Varlin et Malon, le mouvement français évolue d'un « proudhonisme étroit » vers un « proudhonisme large ».

3.2 Espagne[modifier | modifier le wikicode]

En Espagne l'AIT n'a au départ aucun impact, jusqu'à l'arrivée de Fanelli, envoyé par la tendance anarchiste de l'Internationale, et qui créé un groupe à Barcelone. La tendance marxiste est introduite par Paul Lafargue, et s'implante à Madrid et plus tard sur la côte cantabrique. Les anarchistes étaient majoritaires en Espagne.

3.3 Belgique[modifier | modifier le wikicode]

En Belgique l'implantation de l'AIT fut assez forte, mais les divisions entre Wallons et Flamands empêchèrent la formation d'un parti commun.

3.4 États-Unis[modifier | modifier le wikicode]

L'AIT aux États-Unis a été un réseau peu coordonné d'environ 35 sections souvent discordantes, avec un pic de membres estimé entre 4000 et 5000.

Une des difficultés était la division sur un vaste territoire et les langues différentes parlées par les membres, qui étaient souvent des émigrés Allemands, Français, Tchèque, Italiens, Irlandais...[43]

3.5 Angleterre[modifier | modifier le wikicode]

Comme lieu de réunion du Conseil général, et comme lieu de publication du Bee-Hive, l'Angleterre avait une place particulière. Mais aussi parce que pour Marx, la prise de pouvoir par la classe ouvrière ne pourrait pas survivre sans l'aide des ouvriers du pays capitaliste le plus avancé d'alors. Le Conseil général avait directement en charge les affaires anglaises. Plusieurs fois fut soulevée la question de créer un comité régional dédié.[44]

3.6 Allemagne et Autriche[modifier | modifier le wikicode]

Lassalle avait fondé dès 1863 l'ADAV, premier parti politique ouvrier. Les opposants à Lassalle fondent le « parti d'Eisenach » en 1869, qui se rapproche de l'AIT.

En Autriche, l'évolution et les courants politiques sont très similaires à ceux d'Allemagne.

3.7 Suisse[modifier | modifier le wikicode]

En Suisse le développement est important, dominé par la Fédération jurassienne.

3.8 Italie[modifier | modifier le wikicode]

En Italie le développement de l'AIT est assez important, mais freiné par la popularité de Mazzini.

3.9 Russie[modifier | modifier le wikicode]

La communication avec des militant·es subissant les conditions du tsarisme rendait impossible l'organisation d'une section locale. Pendant longtemps, Bakounine était le seul qui prétendait avoir quelques liens avec la Russie. Le 12 mars 1870, un groupe d'émigrés russes de Genève envoya à Marx son programme et ses statuts, en lui demandant de les examiner et de bien vouloir représenter provisoirement la section au Conseil général. À la séance du 22 avril, le Conseil général décida d'admettre la section russe. Elle affirmait également que Bakounine tenait un langage différent à destination des russes et des européens.[45]

4 Congrès de l'AIT[modifier | modifier le wikicode]

  • 1864, du 25 au 29 septembre - Conférence de fondation - Londres (Royaume-Uni)
  • 1866, du 3 au 8 septembre - 1er congrès - Genève (Suisse)
  • 1867, du 2 au 8 septembre - 2ème congrès - Lausanne (Suisse)
  • 1868, septembre - 3ème congrès - Bruxelles (Belgique)
  • 1869, septembre - 4ème congrès - Bâle (Suisse)
  • 1872, du 2 au 7 septembre - 5ème congrès - La Haye (Pays-Bas)
  • 1876, juillet - 6ème congrès - Philadelphie (États-Unis)

Après la scission des anarchistes, un courant se proclamant "Internationale anti-autoritaire" tente de poursuivre un moment de son côté une activité :

  • 1873, 27 avril - 6ème congrès - Neufchâtel (Suisse)
  • 1874, du 7 au 12 septembre - 7ème congrès - Bruxelles (Suisse)
  • 1876, du 26 au 27 octobre - 8ème congrès - Berne (Suisse)
  • 1877 - 9ème congrès - Verviers (Suisse)

5 Bibliographie[modifier | modifier le wikicode]

  • Marx-Engels, Le parti de classe
  • Jacques Droz (dir.), Histoire générale du socialisme, t.1, Des origines à 1875, PUF, 1972.
  • Rapport sur le 4ème Congrès de l'Association internationale des Travailleurs, tenu à Bâle (Suisse) au mois de septembre 1869. Gabriel Mollin. Paris, Imprimerie D. Jouaust, Le Chevalier, 1870.
  • A.I.T. Association Internationale des Travailleurs. Paris, Imprimerie impériale, 1870. réedition en 1968.
  • Les séances officielles de l'Internationale à Paris pendant le Siège et pendant la Commune. Paris, Lachaud, 1872.
  • Association internationale des travailleurs. Son origine - Son but (…). Tableau de la situation actuelle de l'Internationale en France, en Europe et en Amérique. Lyon, Impr. d'Aimé Vingtrinier, 1870. Oscar Testut.
  • Troisième procès de l'Association Internationale des Travailleurs à Paris. Paris, Armand Le Chevalier, 1870. réedition en 1968.
  • La première Internationale. Recueil de documents publiés sous la direction de Jacques Freymond. Textes établis par Henri Burgelin, Knut Langfeldt et Miklós Molnar. Genève, Droz, 1962-1971.
  • Le livre noir de la Commune de Paris (dossier complet) - L'Internationale dévoilée. Paris, Office de Publicité, 1871.
  • Histoire de l'Internationale. Paris, 'Bureau de lEclipse', 1871. Jacques Populus.
  • Les théories de l'Internationale. Étude critique. Paris, Didier et Cie, 1872. Adolphe Georges Guéroult
  • L'Internationale et le Pangermanisme. Edmond Laskine. Paris, H. Floury, 1916.
  • Karl Marx, histoire de sa vie. Franz Mehring. Berlin, 1918.
  • Lettres de communards et de militants de la Ière Internationale à Marx, Engels et autres dans les journées de la Commune de Paris en 1871. Jules Rocher. Paris, Bureau d'Édition, 1934.
  • La Première Internationale Ouvrière. Numéro 8 de la revue Études de Marxologie. 1964.
  • Jean Maitron, Le mouvement anarchiste en France, Gallimard, coll. «Tel», 1992

6 Liens externes[modifier | modifier le wikicode]

7 Notes[modifier | modifier le wikicode]

  1. Revenir plus haut en : 1,0 1,1 1,2 et 1,3 Annie Kriegel, L'Association internationale des Travailleurs (1864-1876), dans Histoire générale du socialisme, volume 1 (Des origines à 1875), Jacques Droz (dir.), P.U.F., 1972, pp.603-634.
  2. Martial Delpit, Enquête parlementaire sur l'insurrection du 18 mars, Paris, 1872.
  3. Revenir plus haut en : 3,0 3,1 et 3,2 Jacques Freymond (dir.), La Première Internationale. Recueil de documents, Librairie Droz, Genève, 1962. 2 volumes, 454 et 499 p.
  4. K. Marx, Lettre à Kugelmann du 9 octobre 1866
  5. Revenir plus haut en : 5,0 et 5,1 Adresse inaugurale de l'AIT, écrite entre le 21 et le 27 octobre 1864.
  6. Statuts de l'AIT, 1864
  7. Les différentes versions françaises de ces statuts sont longuement détaillées par James Guillaume dans L'Internationale. Documents et souvenirs, tome premier, pp.10-21 (Société nouvelle de Librairie et d'Edition, Paris, 1905)
  8. Revenir plus haut en : 8,0 et 8,1 Karl Marx, Instructions pour les délégués du Conseil central provisoire de l'AIT sur les différentes questions, 3 septembre 1866
  9. Karl Marx, Lettre à Friedrich Engels, 4 octobre 1867
  10. Marx-Engels, La Commune de 1871, 10/18, p. 153, 160-162.
  11. Christine Fauré, Political and Historical Encyclopedia of Women, 2003
  12. Lettre à Abraham Lincoln, président des États-Unis d'Amérique, décembre 1864
  13. James Guillaume, L'Internationale. Documents et souvenirs, Société nouvelle de Librairie et d'Edition, Paris, 1905, 4 tomes. Reprint en deux volumes, Editions Gérard Lebovici, 1985.
  14. Congrès de Genève, Discussion sur le travail des femmes et des enfants, 7 septembre 1866
  15. Cité dans Michèle Riot-Sarcey, Histoire du féminisme, La Découverte, Paris, 2008, p. 53.
  16. Paul Lafargue, Souvenirs personnels sur Karl Marx, septembre 1890
  17. Lettre de Marx à Engels du 15 décembre 1868
  18. Conseil général de l'AIT, Résolution sur l'Alliance internationale de la démocratie socialiste, 22 décembre 1868
  19. Lettre de Marx à Engels du 13 janvier 1869
  20. Lettre de Marx à Engels du 14 mars 1869
  21. Lettre de Marx à Engels du 27 juillet 1869
  22. Voir à ce propos la Communication confidentielle, qui qualifie la proposition adoptée à Bâle de « vieillerie saint-simonienne », et les exposés de Marx sur le droit d’héritage au Conseil général en juillet 1869.
  23. Le Conseil général au conseil fédéral de la Suisse romande, 1er janvier 1870
  24. Les Prétendues scissions dans l'Internationale, texte adopté par le conseil général, essentiellement rédigé par Karl Marx. Publié à Genève, 1872
  25. K. Marx - F. Engels, Le Conseil général au conseil fédéral de la Suisse romande, mars 1870
  26. Première internationale (Karl Marx), Première adresse du Conseil Général sur la guerre franco-prussienne, 23 juillet 1870
  27. Première internationale (Karl Marx), Seconde adresse du Conseil Général sur la guerre franco-prussienne, 9 septembre 1870
  28. Les Amies et Amis de la Commune de Paris, La Commune et la Première internationale, juillet 2022
  29. Institute of Marxism-Leninism of the C.C., C.P.S.U. (Ed.). (1968). The General Council of the First International 1871–1872: Minutes. Progress. p. 460
  30. Bakounine, L’Écrit contre Marx, 1872
  31. 1871 : Marx propose des sections féminines de la Première Internationale
  32. Lettre de Paul Lafargue à Engels du 17 mai 1872
  33. Lettre de Marx à Friedrich Adolf Sorge, 27 septembre 1873
  34. Lettre d'Engels à Friedrich Adolf Sorge, 12 septembre 1873
  35. René Berthier, Affinités non électives : à propos du livre d’Olivier Besancenot et Michaël Löwy, 2016
  36. Lettre de Karl Marx à Friedrich Adolf Sorge, 27 septembre 1877
  37. Voir la série d’articles intitulée Politique de l’Internationale qu'il écrit en 1869 dans L’Égalité de Genève
  38. Adolphe Smith, A Critical Essay on the International Trade Union Congress, held in London, November 1888, November 1888
  39. Karl Marx, Lettre à Ferdinand Domela Nieuwenhuis, 22 février 1881
  40. Trotski, La guerre et l'Internationale, 31 octobre 1914
  41. Journal Officiel de l'AIT, 29 mai 1871
  42. Payne, Robert.
  43. Voir la page complète, en anglais : http://en.wikipedia.org/wiki/International_Workingmen%27s_Association_in_America
  44. Le Conseil général au conseil fédéral de la Suisse romande, 1er janvier 1870
  45. Lettre de Karl Marx sur l'admission de la section russe de Genève dans l'Association internationale des travailleurs, Narodnoje Delo, 15 avril 1870