Comité central républicain des Vingt arrondissements
Le comité central républicain des Vingt arrondissements est un organe parisien créé dès la proclamation de la République le afin d'obtenir du Gouvernement de la Défense nationale des mesures politiques et sociales favorables aux classes populaires, et appeler à « la commune ».
C'est un exemple d'organe dominé par un républicanisme ouvrier.
1 Histoire[modifier | modifier le wikicode]
Le 4 septembre, la Chambre fédérale des sociétés ouvrières demande au tout nouveau gouvernement de la Défense nationale de procéder rapidement à des élections municipales afin de remplacer les maires nommés sous le Second Empire (des maires seront désignés dès le ). Elle réclame également la suppression de la police d'État, la liberté de la presse, de réunion et d'association, l'amnistie politique et la levée en masse de la population pour faire face à l'invasion du territoire par les troupes allemandes. Le , entre 400 et 500 délégués ouvriers décident de créer dans chaque arrondissement un comité républicain ou comité de vigilance et de défense, qui délègueront chacun deux membres pour former un Comité central.
Grâce à l'action des Internationalistes, le Comité central est en place le . Il se réunit au 6 rue de la Corderie (aujourd'hui n°14[1]), dans les locaux de l'AIT.
Le 14, il fait placarder une affiche rose appelant à la formation de la Commune de Paris :[2]
- suppression de la police d'État et son remplacement par des magistrats nommés par les municipalités et aidés par des membres de la Garde nationale,
- élection et responsabilité de tous les fonctionnaires,
- liberté de la presse, de réunion et d'association,
- réquisition des marchandises et rationnement pour pouvoir résister à un siège de la ville par les troupes allemandes (le siège sera effectif à partir du ).
48 personnalités ont signé cette affiche, parmi lesquelles[3] Cluseret, A. Dupont, Johannard, Lefrançais, Longuet, Malon, Oudet, Pindy, Ranvier, Vaillant et Vallès, qui siégeront au Conseil de la Commune.
Dès lors, l'antagonisme entre le Comité central et le gouvernement de la Défense nationale va se durcir. Ce dernier n'annonçant pas les élections municipales, le Comité central organise des manifestations et réunions les 20, 22 et . Le gouvernement riposte en accusant certains membres du Comité d'avoir perçu des fonds secrets du Second Empire (une commission d'enquête les innocentera). Le 8 octobre, le Comité central échoue à rassembler des manifestants place de l'Hôtel de ville à Paris, où siège le gouvernement.
Il se met alors en sommeil. Il ne semble pas avoir participé en tant que tel aux soulèvements des 31 octobre 1870 et 22 janvier 1871 contre le Gouvernement de la Défense nationale. À partir du 1er janvier, il se rebaptise Délégation des Vingt arrondissements. C'est elle qui fait placarder le l'Affiche Rouge qui appelle à la formation de la Commune à Paris. Le , en liaison avec l'Association internationale des travailleurs et la Chambre fédérale des sociétés ouvrières, elle présente des candidats socialistes révolutionnaires aux élections à l'Assemblée nationale. Seuls quatre d'entre eux seront élus : Gambon, Malon, Pyat et Tolain.
Après le soulèvement du 18 mars 1871, la délégation reprend son nom de Comité central. Mais progressivement ce dernier est éclipsé par le Comité central de la Garde nationale. Pierre Denis rédigea Le Manifeste du Comité le . Aux élections du pour former le Conseil de la Commune, de nombreux membres du Comité des Vingt arrondissements seront élus. Le , à la veille de la Semaine sanglante, le Comité disparaît.
2 Notes et références[modifier | modifier le wikicode]
- ↑ Blog « La Commune de Paris », Place Elisabeth-Dmitrieff, troisième arrondissement, juin 2016
- ↑ Rougerie 2009, p.24
- ↑ Dautry et Scheler 1960, les signataires de l'affiche, p. 35.
2.1 Bibliographie[modifier | modifier le wikicode]
- Jean Dautry, Lucien Scheler, Le Comité central des vingt arrondissements de Paris (-), Les Éditions sociales, 1960.
- Bernard Noël, Dictionnaire de la Commune, Flammarion, coll. « Champs »,
- Jacques Rougerie, La Commune de 1871, PUF, coll. « Que sais-je ? »,