Mondialisation

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La mondialisation est l'extension d'un phénomène à l'échelle internationale. On emploie souvent ce terme au sens de mondialisation économique, qui est dans le contexte capitaliste une extension du commerce mondial, et souvent du libre-échange. On trouve parfois l'anglicisme "globalisation".

On parle beaucoup de mondialisation depuis les années 1990, époque d'amplification majeure du phénomène, avec des symboles très visibles comme Coca Cola[1]. Mais c'est dès son origine que le capitalisme a une tendance à mondialiser l'économie, comme Marx et Engels le relevaient dans le Manifeste communiste (1847).[2]

1 Historique[modifier | modifier le wikicode]

1.1 Essor progressif[modifier | modifier le wikicode]

1.1.1 Colonialisme européen[modifier | modifier le wikicode]

La Victoria est le premier navire de l'histoire à accomplir le tour du monde entre 1519 et 1522 (Magellan).

A partir du 15e siècle commença la période dite des "grandes découvertes", qui élargit rapidement le "monde connu" des Européens. Ce sont à la fois des avancées techniques (caraque, gouvernail d'étambot, cartographie...) et des appétits économiques qui poussèrent à l'exploration. Ce furent d'abord les Portugais et les Espagnols qui furent en pointe sur les mers, avec la recherche de la route des Indes, le contournement du continent Africain, et la découverte de l'Amérique. En retour ces découvertes et la colonisation, ainsi que l'installation de comptoirs ont amorcé une hausse des échanges commerciaux mondiaux.

Au 17e siècle, un négociant de Rouen évoquait ses déconvenues quand il apprenait que les toiles de Silésie (en Pologne d’aujourd’hui) qu’il faisait transiter par Séville pour le compte d’une firme de Lucques (Italie) et à destination d’Acapulco (Mexique) se trouvaient concurrencées par des marchandises arrivant de Chine à très bas prix.[3]

Ces nouvelles terres ont donné aux puissances européennes des occasions de commercer, avec l'Afrique et l'Asie d'abord, puis avec les nouvelles colonies d'Amérique également. La première période de la colonisation a surtout touché l'Amérique, du Sud pour les Ibériques, du Nord pour les Français et les Anglais. Le commerce d'esclaves, dont le fameux "commerce triangulaire", était alors déjà fréquent, s'est généralisé au 18e siècle.

1.1.2 Révolution industrielle[modifier | modifier le wikicode]

L'Aaron Manby, premier navire de mer à coque en fer au monde

La révolution industrielle, commencée à la fin du 18e siècle en Angleterre, a donné un premier coup d'accélérateur à la mondialisation. Les machines à vapeur permettent de produire plus, les navires à vapeur permettent de transporter plus...

Cette dynamique technico-économique a de profond effets sur les classes et les peuples. Le Manifeste communiste y voyait un potentiel d'unification du monde :

« La grande industrie a fait naître le marché mondial, que la découverte de l’Amérique avait préparé. […] En exploitant le marché mondial, la bourgeoisie a donné une forme cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays. Au grand regret des réactionnaires, elle a dérobé le sol national sous les pieds de l’industrie. »[2]

Évidemment, sur le plan étatique, cette industrialisation a donné au Royaume-Uni un avantage considérable et lui a assuré une suprématie mondiale avec le plus puissant Empire colonial.

1.2 Chocs du 20e siècle[modifier | modifier le wikicode]

1.2.1 Impérialisme et "première mondialisation"[modifier | modifier le wikicode]

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Au tournant du 20e siècle, la concentration du capital s'est fortement accrue. Les capitalistes les plus puissants ont avalé les entreprises moins efficaces et formé des conglomérats toujours plus tentaculaires. Le besoin de débouchés et de matières premières à bas prix stimule le colonialisme, qui acquiert alors une toute autre importance qu'auparavant. Lénine décrivit ce phénomène sous le nom d'impérialisme, la stade suprême du capitalisme dans lequel nous sommes entrés.

Aujourd'hui, on donne parfois le nom de "première mondialisation" à la période 1870-1914. L'impérialisme s'étend alors à l'échelle mondiale, mais provoque aussi une lutte de plus en plus âpre pour le contrôle de zones d'influences, ce qui débouche sur les plus violents conflits que l'histoire ait connus avec les deux guerres mondiales. Ces guerres et la Grande dépression des années 30 ont tellement aiguisé la concurrence que toutes les puissances se sont lancées dans une politique protectionniste qui a mené à une forte contraction du commerce mondial, donc à un recul relatif de la mondialisation.

« le commerce international des pays industrialisés rapporté à leur production atteint 12,9% en 1913, baisse à 6,2 % en 1938 pour augmenter ensuite quasi-continûment jusqu'à 14,3% en 1993. [...] L'économie internationale se rétracte après la crise de 1929, sous l'impact simultané de la crise financière, de l'effondrement de la production aux États-Unis puis en Europe et de la montée des mesures protectionnistes. »[4]

1.2.2 Entre-deux-guerres[modifier | modifier le wikicode]

Dans les années 1920, une reprise économique fragile et relative semble se dessiner, mais débouche sur la grande crise de 1929, qui est suivie d'une décennie de grande dépression.

Dans cette période, des libéraux bourgeois défendent la paix internationale, et portent l'idée d'un multilatéralisme permettant le dialogue démocratique à l'échelle internationale. C'est notamment ce courant qui défend le plus la Société des Nations. Celle-ci ne parviendra cependant jamais à appliquer ces grands principes, qui s'effacent toujours devant les politiques impérialistes. En face de la SDN, l'Internationale communiste représente alors pour beaucoup un espoir de « mondialisation » dans l'intérêt du prolétariat. D'autres enfin, comme J.B.S. Haldane qui est alors plutôt scientiste, voient une tendance au cosmopolitisme, malgré les risques de nouvelles guerres :

« Je ne suggère pas qu’un État mondial naîtra de la Société [des Nations], ni même d’ailleurs de la Troisième Internationale. Je me contente d’observer qu’il y a une volonté générale et organisée de créer une telle institution, et plusieurs ébauches possibles. Il faudra peut-être une ou deux autres guerres mondiales pour convaincre la majorité. »[5]

1.2.3 Après-guerre[modifier | modifier le wikicode]

Dans les années 1950, dans un contexte où le taux de profit est remonté suite aux destructions de capital de la Seconde guerre mondiale, les taux de croissance sont exceptionnellement élevés dans l'histoire du capitalisme. Les échanges mondiaux repartent à la hausse, et des accords douaniers sont mis en place (comme le GATT), mais les principales puissances sont largement centrées sur leurs marchés intérieurs, et le commerce extérieur reste fortement régulé par les États.

Cette période est aussi celle d'un vaste mouvement de décolonisation, et parmi les nouveaux États indépendants, la plupart mettent en place des mesures protectionnistes pour favoriser une industrialisation auto-centrée.

1.3 Tournant néolibéral[modifier | modifier le wikicode]

1.3.1 Réponse à la crise des années 1970[modifier | modifier le wikicode]

Le baisse du taux de profit entraîne la fin des taux de croissance élevés dans les années 1970. Comme il s'agit d'un ralentissement structurel, les plans de relance ne suffisent pas, et le paradigme néokeynésien qui dominait est ébranlé. Dans ce contexte, les économistes néolibéraux prennent l'ascendant dans les années 1980, et préconisent des contre-réformes pour favoriser les profits capitalistes (politiques de l'offre) et une extension du libre-échange, également pour favoriser la profitabilité via la pression à plus de compétitivité (division internationale du travail, avantages comparatifs...).

Les accords multilatéraux (du GATT puis de l'OMC) et de nouveaux accords régionaux (ALENA, Union européenne...) abaissent de plus en plus les droits de douane. La régulation de la concurrence a tendance à être effectuée à un échelon supérieur.

IntégrationFinancièreInternationale1970-2007.jpg

Le contrôle des capitaux et les réglementations sur les banques sont réduits. La finance prend de l'ampleur (autre conséquence de la baisse des taux de profits dans l'économie réelle), et par sa nature plus dématérialisée, elle est le secteur le plus mondialisé. Le rachat d'entreprises dans un autre pays permet de contourner les barrières tarifaires ou non tarifaires.

Les plus grandes entreprises s'étendent sur le marché mondial. De 7000 firmes multinationales en 1970, on est passé à 37 000 firmes en 1996[6]. Les opérations de fusions-acquisitions ont augmenté, accélérant la centralisation du capital.

Les pays capitalistes plus pauvres se sont vus de plus en plus dominés par l'échange inégal et la dette, et en échange « d'aides », ils se sont vus imposer des « plans d'ajustement structurels », c'est-à-dire de démantèlement de leurs barrières protectionnistes et de libéralisation de leurs entreprises publiques, permettant la prédation des multinationales impérialistes. Dans d'autres cas les puissances impérialistes sont directement intervenues militairement, sous divers prétextes, pour instaurer des gouvernements complaisants.

1.3.2 Années 1990[modifier | modifier le wikicode]

Ce processus s'accélère encore dans les années 1990, période d'hégémonie de la pensée pro-capitaliste, dans un contexte d'effondrement du bloc de l'Est et de libéralisation de la Chine. Les gouvernements bourgeois successifs, de droite comme de gauche, ont fini par ne plus mener de politiques économiques différentes. Ils tendent à présenter la mondialisation comme une « opportunité » ou une contrainte (pour justifier de ne pas avoir le choix).


Les flux commerciaux ont fortement augmenté, bien plus que l'accroissement de la production, via la sous-traitance, la division internationale du travail, le développement des transports (cargos plus rapides, moins chers...). De 1991 à 2001, les exportations mondiales de produits manufacturés ont augmenté en moyenne de 6,3 % par an en volume tandis que le PIB mondial augmentait de 2,3 % par an[7].

La mondialisation favorise l'éclatement des chaînes de production, et fait exploser l'import-export et les transports bien plus que la production.

Le commerce des marchandises est le premier concerné, mais le commerce des services s'accroît rapidement : il a augmenté deux fois plus vite que le commerce des marchandises entre 1980 et 1995 (dans les pays industrialisés). Il représente aujourd'hui le quart du commerce mondial. Et les flux de capitaux ont bien plus augmenté que les flux matériels, ce qui traduit la fuite en avant dans le capital fictif et les bulles spéculatives.

En 2002, environ 64 000 multinationales (contrôlant 870 000 filiales) pesaient 70% des flux commerciaux mondiaux, et employaient 54 millions de salariés.[8] (contre 9,6 millions en 1982). Enfin, rien que les échanges intra-firmes représentaient 30% des échanges mondiaux.[9]

Beaucoup de commentateurs pensaient naïvement que le capitalisme prolongerait indéfiniment ces tendances, vers une intégration mondiale gagnant-gagnant. Fukuyama parlait de « fin de l'histoire »[10]. Certains économistes nuançaient pourtant fortement.[4]

1.3.3 Tendances récentes[modifier | modifier le wikicode]

L'écrasante majorité des investissements à l'étranger s'est d'abord fait au sein même de la Triade (États-Unis, Europe, Japon), puissances entre lesquelles les rapports de force sont relativement équilibrés.

Mais cela a également été le début des délocalisations totales ou partielles vers des pays à la main d’œuvre moins chère. Cela a créé des situations de surexploitation honteuse (dans les maquiladoras mexicaines, l'industrie textile au Bangladesh, etc.), tout en augmentant la pression sur les travailleur·ses les moins qualifié·es des pays riches. Cela a aussi contribué à l'émergence de certains pays capitalistes, comme la Chine et autres BRICS, et à un affaiblissement de la puissance industrielle des vieux pays impérialistes.

Au niveau des inégalités, il y a un consensus au niveau des statisticiens sur les faits suivants :[V 1][V 2][11]

  • les inégalités au sein des pays ont augmenté
  • les inégalités entre pays se sont réduites

L'intégration des économies dans un marché mondial est allé croissant, mais d'une part la domination impérialiste par les mécanismes économique perdure, d'autre part elle a fait monter des rivalités entre blocs impérialistes. En particulier, l'essor de la Chine menace le leadership des États-Unis, et cela pourrait conduire à des affrontements militaires d'une ampleur jamais vue depuis la Seconde guerre mondiale.

Sous l'effet de la crise mondiale actuelle, la montée de l'extrême droite est déjà un phénomène majeur des années 2020. La possibilité d'un retour massif au protectionnisme, d'un effondrement du commerce international, de radicalisations nationalistes, fascistes et militaristes ne sont pas négligeables. L'autre rupture, par le haut, c'est la révolution socialiste mondiale !

1.3.4 Migrations[modifier | modifier le wikicode]

La libre circulation des marchandises et des capitaux (organisée par les riches) est prônée comme un idéal, mais la libre circulation des personnes est interdite (pour les prolétaires), alors que les ravages de l'impérialisme poussent à l'émigration à des millions de personnes chaque années.

Pendant les décennies de forte croissance, les capitalistes des pays riches ont favorisé l'immigration. Avec le ralentissement économique, ils l'ont rendue illégale (par exemple en 1974 en France), sauf exception (certaines qualifications...). Le principal effet est de rendre clandestin·es les personnes immigré·es, ce qui n'empêche pas les patrons de les embaucher, au contraire : les sans-papiers sont plus facile à surexploiter.

2 Relocalisations[modifier | modifier le wikicode]

Certaines entreprises décident parfois de relocaliser certaines productions ou services, mais depuis les années 1990, le mouvement de délocalisation l'emporte de loin sur le mouvement de relocalisation.[12]

Face à la mondialisation, certains revendiquent des relocalisations de tout ou partie de la production.

Cela peut être une revendication « nationaliste / souverainiste » lorsque la motivation est essentiellement de ne plus dépendre d'importations de pays étrangers (surtout lorsque ceux-ci sont hostiles). A l'occasion de certaines crises, soit mondiales (Covid) soit touchant des zones clé (obstruction du canal de Suez, sécheresse au Canada...), il apparaît que la mondialisation expose à des risques de pénuries.

Cela pousse certains États à prôner la relocalisation au moins de certaines productions « stratégiques »[13][14][15]. Cependant, par respect du cadre néolibéral, ils se limitent principalement à des mesures incitatives.

Cela peut aussi être une revendication écologiste, lorsque la motivation est essentiellement de diminuer l'impact des transports sur l'environnement. Sur ce point, il faut prendre en compte le fait qu'il n'y a pas que le transport dans l'impact écologique, mais aussi la production. Or, les économies d'échelle réalisées en concentrant la production, ou le fait que la production soit réalisée à un endroit donné (conditions climatiques...) peuvent diminuer l'impact écologique de la production. La question de la relocalisation doit donc être évaluée globalement.

Un exemple concernant l'empreinte carbone des aliments : une étude suédoise a montré qu’il était préférable d’importer des tomates d’Espagne (où elles auront besoin de moins d'eau ou de chauffage) plutôt que de les produire sur place, mais que pour les carottes, mieux valait les produire localement.[16]

3 Critiques[modifier | modifier le wikicode]

3.1 Altermondialisme[modifier | modifier le wikicode]

Vers la fin des années 1990 est né un mouvement politique dénonçant les dégâts causés par la mondialisation libérale, sur le plan environnemental ou social. Pour se démarquer de la critique réactionnaire qui condamne la mondialisation des échanges en tant que telle, ce mouvement a réussi à faire imposer le nom d'altermondialisme : signifiant pour une autre mondialisation et non pas contre. Le mouvement altermondialiste est très confus dans son idéologie (allant d'une illusion de réforme des institutions internationales à l'anarchisme) et dans sa stratégie de lutte (des Forums sociaux mondiaux aux Zones Autonomes Temporaires). Beaucoup d'organisations d'extrême gauche se sont fortement investies dans l'altermondialisme.

3.2 Antimondialisme[modifier | modifier le wikicode]

L'extrême droite et certaines franges de la droite surfent également sur un rejet diffus de la "mondialisation", en le faisant d'un point de vue réactionnaire et nationaliste. On les regroupe souvent sous le terme d'antimondialistes.

Par exemple, aux élections européennes de 1994, De Villiers, Jimmy Goldsmith et Philippe de Gaulle se font élire sur une dénonciation du "libre échangisme" et des "accords du GATT" qui « ouvrent nos frontières aux importations sauvages, détruisent nos emplois et abandonnent le monde rural (...) accélèrent le démantèlement du contrôle à nos frontières (...) ouvrant la France l'immigration clandestine, à la drogue et à tous les trafics criminels ».

En 2007, le programme du FN se met à cibler le "mondialisme ultra-libéral".[17]

Encore en septembre 2023, lorsque le pape François fait une déclaration basiquement humaniste en faveur de l'aide aux nombreux migrant·es qui traversent la Méditerranée dans des conditions atroces, certains à l'extrême droite (pro catholique seulement quand cela l'arrange) le traitent de « mondialiste ».[V 3]

La plupart de ces courants sont composés d'hypocrites qui en pratique soutiennent toutes les mesures que réclame le patronat, dont les mesures libérales. Dans les cas où il s'agit d'une opinion plus profonde, il s'agit fondamentalement de l'expression politique des patrons en perte de vitesse face à la concurrence internationale. Etant donné que les multinationales françaises profitent encore largement de la mondialisation, il n'y aura dans l'immédiat aucune avancée concrète de ces positions protectionnistes. Il est fort probable que seule une profonde situation de crise, voire une montée du fascisme soit le seul cas dans lequel cela pourrait se produire.

3.3 Triangle d'incompatibilité de Rodrik[modifier | modifier le wikicode]

Trilemme Rodrik 1992.jpg

L'économiste Dani Rodrik a mis en lumière en 2007 un trilemme concernant les échanges économiques mondiaux. Selon lui, il n'y a que trois types de mondialisation possibles :

  • Une forte intégration économique associée à des institutions démocratiques au niveau mondial (fédéralisme global).
  • Une forte intégration économique pilotée par des États autoritaires (ce schéma, appelé camisole dorée, est décrit comme étant celui qui domine depuis la fin du 20e siècle).
  • Une intégration économique plus faible, avec un maintient d'institutions démocratiques à l'échelle nationale (décrit comme le compromis de Bretton Woods des années 1950-1960).

L'abandon total de souveraineté nationale du fédéralisme global étant extrêmement peu probable, Rodrik défend l'idée d'un nouveau compromis de Bretton Woods. Son optique est celle d'un réformateur à la recherche d'un capitalisme à visage humain.[V 4]

Cependant, son analyse est très contestable. Sous le capitalisme, la stabilité d'une « démocratie libérale » (bourgeoise) dépend de la croissance économique : sans un niveau suffisant, la lutte des classes et/ou le nationalisme montent. Or, il ne suffit pas de recréer un cadre institutionnel similaire à celui de l'après-guerre pour que le capitalisme retrouve les taux de croissance exceptionnels de l'époque, car ceux-ci étaient dus à des taux de profit élevés à la sortie de la guerre mondiale.

🔍 Voir sur Wikipédia : Triangle d'incompatibilité de Rodrik.

3.4 Écologie[modifier | modifier le wikicode]

Des courants écologistes ont souligné l'aberration que représentent les énormes volumes de marchandises échangés sur de longues distances : en utilisant massivement des transports consommant du pétrole, cela pèse sur le réchauffement climatique.

Par ailleurs, l'imbrication complexe et opaque des échanges capitalistes rend très difficile de repérer l'origine de certaines problèmes environnementaux ou sanitaires. Par exemple la traçabilité dans l'industrie agro-alimentaire est rendue très difficile. Lors des épidémies causées par la bactérie Escherichia coli, beaucoup de pistes ont été évoquées mais avec peu de données sérieuses : concombres, tomates, graines germées, steaks... Dans le cas de Bègles, en Gironde (juin 2011), les graines de fenugrec incriminées avaient été achetées à Jardiland, provenaient d’une entreprise anglaise qui se les étaient fournies en Italie, après avoir été récoltées en Égypte en 2009 ou 2010. Dans le cas des steaks contaminés, la problématique est la même, les carcasses ayant servi à les préparer proviennent de fermes, de régions, voire de pays européens différents.

Cette opacité des échanges est aussi illustrée lorsque l'on cherche les responsables d'une marée noire ou d'un déversement de déchets. Par exemple en 2006, des habitants d'Abidjan se révoltent suite à des intoxications par des déchets toxiques. On apprenait alors que ces déchets avaient été apportés en Côte d’Ivoire par le Probo Koala, vieux tanker battant pavillon panaméen, propriété d’armateurs grecs et affrété par la société de courtage pétrolier Trafigura dont le siège est à Amsterdam et dont plusieurs dirigeants sont français...

3.5 Communisme[modifier | modifier le wikicode]

Les communistes n'ont évidemment rien contre l'internationalisation des échanges. Bien au contraire, nous considérons que c'est une tendance progressiste du capitalisme que d'avoir rendu les nations interdépendantes. 

Cela n'empêche pas la lucidité sur la façon dont les impérialistes se partagent le monde et écrasent l'immense majorité de la population mondiale. Mais il n'y aura aucune issue possible dans un repli sur un capitalisme national, ni d'ailleurs dans un socialisme national... Seule une révolution socialiste faisant boule de neige et se "mondialisant" rapidement peut aboutir à un nouveau mode de production qui saura répondre à un développement solidaire et écologique du monde. Une planification démocratique de l'économie peut rationaliser les échanges mondiaux : limiter les transports de marchandises au nécessaire, permettre au maximum de personnes de voyager de la façon le plus écologique possible...

4 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]

Vidéos

Textes

  1. La Libre, La marque la plus connue au monde, 05-12-2011
  2. Revenir plus haut en : 2,0 et 2,1 Karl Marx, Friedrich Engels, Manifeste du Parti communiste, écrit fin 1847
  3. Lutte ouvrière, La « démondialisation » et le protectionnisme, entre démagogie cocardière et ineptie économique, 2012
  4. Revenir plus haut en : 4,0 et 4,1 Robert Boyer, La globalisation : mythes et réalités, GERPISA, 10 janvier 1997
  5. J.B.S. Haldane, Dédale ou la science de l’avenir, 1923
  6. Le libéralisme. Dossier ROUGE n°1688, mai 1996
  7. Rapport 2003 du CPCI, Les parts de marché industrielles de la France
  8. UNCTAD, World Investment Report, 2002
  9. Pierre Bauchet, Concentration des multinationales et mutation des pouvoirs de l’État, CNRS Editions, 2003
  10. Francis Fukuyama, La Fin de l'histoire et le Dernier Homme, 1992
  11. Isabelle Bensidoun, Grégoire Elkouby, Un monde moins inégalitaire, mais des pays plus inégaux ? Panorama du Cepii n°2019-01
  12. Eliška Šulcová, L'externalisation et la Délocalisation: Un choix Stratégique pour les Organisations, Pierot s.r.o, 1er août 2016
  13. Lahsen Abdelmalki, Jean-Pierre Allegret, Florence Puech et Mustapha Sadni Jallab, Développements récents en économie et finances internationales: Mélanges en l'honneur du Professeur René Sandretto, Armand Colin, 14 novembre 2012
  14. DGCIS / DATAR / PIPAME, Relocalisations d’activités industrielles en France, juin 2013, 12 p., 2014
  15. Conseil d'analyse stratégique (service du Premier ministre en France), Quelle stratégie de résilience dans la mondialisation ?, Avril 2021
  16. The Conversation, L’agriculture locale et bio est-elle vraiment meilleure pour l’environnement ?, 2020
  17. Le Monde, Le FN, de l'admiration pour Reagan à la dénonciation de la toute puissance américaine, novembre 2011