Léninisme

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Portrait de Lénine

Le léninisme est un thème, a priori, après la mort de Lénine pour désigner, du moins pour les communistes révolutionnaires, la continuation du socialisme scientifique suite aux apports de Marx et d'Engels. Mais de la façon dont il est souvent employé, il renvoie à un ensemble de principes attribués par certains courants politiques à Lénine, pas toujours avec le souci de la vérité historique.

Bien des choses se sont passées depuis l'époque de Lénine. Mais trois thématiques de base qui traversent l’œuvre de nos jours restent valables aujourd'hui pour quiconque est préoccupé de s'orienter correctement dans la lutte révolutionnaire : l'indépendance de la classe ouvrière, l'impossibilité de s'emparer des institutions de l’État bourgeois et la nécessité d'une organisation centralisée.

La bureaucratie stalinienne a développé un culte de la personnalité autour de Lénine et de Staline, figeant et déformant sa pensée dans l'étiquette de « marxisme-léninisme ».

1 Origines[modifier | modifier le wikicode]

A la recherche d'une stratégie pour changer le monde, Lénine découvre les écrits de Karl Marx et prend conscience à la fois du fonctionnement du capitalisme et de la centralité stratégique de la classe ouvrière dans le processus révolutionnaire. Au début des années 1890, Lénine fait valoir que les révolutionnaires doivent être là où se trouve la classe ouvrière (dans les usines) et s'engager dans des luttes, aussi modestes soient-elles, pour les salaires et les conditions de travail.

Militant du Parti ouvrier social-démocrate de Russie, il s'emploie dans ses écrits à appliquer la théorie marxiste à au contexte russe, et à déterminer la manière la plus adaptée de faire triompher la révolution dans ce pays essentiellement rural, gouverné de manière autocratique. Lénine juge que la Russie, pays européen dans son modèle économique, demeure plongée dans l'« asiatisme » sur le plan politique. Le développement du capitalisme est dès lors entravé en Russie par les structures sociales, qui s'apparentent à un système de castes : il appartient aux révolutionnaires de donner l'impulsion historique décisive qui anéantira les « institutions surannées qui entravent le développement du capitalisme », la Russie devant rattraper son retard en la matière avant de passer au socialisme. Du fait du contexte particulier du pays, l'évolution ne saurait être spontanée : dans la brochure Que faire ?, qu'il publie en 1902, Lénine plaide pour une révolution qui serait organisée par des « professionnels » qui constitueraient l'« avant-garde » de la classe ouvrière et seraient, en Russie, les porteurs de la conscience de classe et de la théorie révolutionnaire, dont les ouvriers n'ont pas un sens inné. Le contexte social et politique de l'Empire russe empêchant le développement de la lutte des classes, il appartient dès lors au Parti de la créer : la bourgeoisie n'existant pas en Russie au sens occidental du terme, il appartient au Parti des « révolutionnaires professionnels » de se substituer à elle pour tenir un rôle d'accélérateur de l'Histoire. Dès lors, le Parti n'est plus un produit de la lutte des classes : c'est lui, au contraire, qui la produit, en permettant aux intellectuels porteurs de la conscience de fusionner avec le mouvement ouvrier et de lui apporter le savoir. Lénine s'efforce également d'adapter les schémas historiques marxistes à la situation sociale de la Russie. La pensée marxiste envisage traditionnellement l'éclatement de la révolution dans des pays industrialisés et développés, et néglige par conséquent le potentiel d'un pays majoritairement agricole comme la Russie ; elle privilégie également le rôle historique de la classe ouvrière, identifiant la paysannerie à la petite bourgeoisie. Lénine souligne au contraire le rôle des paysans dont il juge que, convenablement encadrés par le prolétariat et son Parti, ils peuvent devenir une force révolutionnaire.

En matière d'organisation du Parti, Lénine plaide pour l'« unité de la volonté », soit l'acquisition par l'avant-garde révolutionnaire d'une volonté unique qui devient dès lors « la volonté de la classe », les volontés individuelles disparaissant au profit de la volonté du Parti. Lénine multiplie ainsi les métaphores comparant le Parti à une usine, à une armée, à une machine ou à un orchestre. Le Parti tel que le conçoit Lénine est avant tout une organisation de professionnels, fonctionnant selon une stricte division du travail : Lénine prône à ce titre l'adoption du principe du centralisme démocratique, soit la « liberté de discussion » alliée à l'« unité d'action ». Lénine élabore cette formule au moment où le POSDR est divisé entre bolcheviks et mencheviks : le concept de centralisme démocratique est donc censé permettre la cohabitation de groupes rivaux au sein d'un même parti. Cependant, Lénine n'envisage nullement d'organiser le Parti selon un modèle parlementaire, la cohabitation avec les mencheviks lui étant imposée. La notion de centralisme démocratique implique dès lors que les militants observent de manière stricte les consignes d'action, une fois celles-ci décidées au sein des organes de direction du Parti. L'existence du terme léninisme est attestée dès 1903, époque de la rupture entre bolcheviks et mencheviks : le mot est alors employé de manière péjorative par les adversaires de Lénine, pour désigner le courant animé par ce dernier.

En 1909, alors qu'il polémique, à l'intérieur du courant bolchevik, avec le courant animé par Bogdanov, Lénine engage le combat sur le terrain philosophique en publiant l'ouvrage Matérialisme et empiriocriticisme. Il y expose sa définition du matérialisme dialectique et présente sa propre théorie de la connaissance : il dénonce toute compromission du marxisme, nécessairement athée, avec la sensibilité religieuse, et s'en prend au passage au positivisme scientifique d'Ernst Mach dont Bogdanov se réclame. Lénine affirme la nécessité de « l'esprit de parti en philosophie », ce qui implique de choisir forcément son camp entre « droite » et « gauche ». L'idée fondamentale de Lénine est que, par le biais du matérialisme dialectique, la représentation en général devient un reflet de la réalité objective, la pensée humaine étant par conséquent capable d'atteindre « la vérité absolue qui n'est qu'une somme de vérités relatives ». Dans cette optique, le développement des sciences ne peut que confirmer le matérialisme, Lénine concevant la pensée marxiste comme étant elle-même d'essence scientifique. En prônant une philosophie marxiste « coulée dans un seul bloc d'acier », Lénine transpose sur le terrain philosophique sa conception de l'organisation politique, dont les fondements sont la séparation en deux camps radicalement opposés et une stricte discipline du camp révolutionnaire.

Dans l'ouvrage L'Impérialisme, stade suprême du capitalisme, rédigé durant la Première Guerre mondiale, Lénine analyse l'impérialisme comme un capitalisme « parasitaire ou pourrissant » marqué par la domination du capital financier sur le capital industriel : il voit dans le conflit en cours une lutte entre impérialismes rivaux pour le partage du monde, et pronostique la transformation de la guerre entre nations en une guerre entre bourgeois et prolétaires. Plus largement, il voit analyse la guerre mondiale comme l'expression du début du pourrissement du régime capitaliste. À la vision traditionnelle de Marx, chez qui la révolution socialiste consiste en une expropriation des grands capitalistes, Lénine substitue une vision apocalyptique de l'agonie du capitaliste, dans le cadre de conflits gigantesques.

Durant la révolution russe et peu avant la Révolution d'Octobre, Lénine rédige le traité marxiste L'État et la Révolution. Cet ouvrage aborde notamment la question de l'État et du gouvernement sous la dictature du prolétariat, thème que Marx et Engels n'avaient pas détaillé. Lénine y résume le processus historique révolutionnaire qu'il déduit de sa lecture des œuvres de Marx et Engels, identifiant la « dictature révolutionnaire du prolétariat » évoquée par Marx dans Critique du programme de Gotha à la phase de socialisation de la force du travail. Après le renversement du capitalisme par le biais d'une révolution violente, les moyens de production passeront sous un régime de propriété sociale, c'est-à-dire sous contrôle de l'État. Cette phase dite du « socialisme », c'est-à-dire du collectivisme économique, correspond à la phase « inférieure » de la société communiste : l'État subsistera sous la forme d'un « État prolétarien », expression de la dictature du prolétariat. Pour Lénine, cette forme de pouvoir politique n'est qu'un « demi-État », le pouvoir y étant exercé par le prolétariat, qui use d'un « pouvoir spécial de répression » contre ses anciens oppresseurs et prend possession des moyens de production « au nom de la société ». Les éventuels « excès » commis par certaines personnes seront réprimés par « le peuple », qui exercera la répression en lieu et place de l'ancien appareil d'État. Après ce stade, dont Lénine ne précise pas la durée, l'État s'éteindra ensuite progressivement de lui-même, pour aboutir finalement à la phase « supérieure », c'est-à-dire celle de la société sans classes et du communisme intégral — au sens d'organisation sociale sans État ni propriété privée — où règnera l'égalité parfaite.

Après la Révolution d'Octobre de 1917, qui permet aux bolcheviks de prendre le pouvoir en Russie, Lénine rédige l'ouvrage La Maladie infantile du communisme (le « gauchisme ») pour porter la contradiction à la gauche communiste, en l'espèce la tendance « conseilliste » qui, attachée au rôle des conseils ouvriers, conteste le rôle dirigeant du parti bolchevik. Lénine donne à cette occasion un cours de stratégie politique aux partis révolutionnaires, condamnant l'esprit « petit-bourgeois » proche de l'anarchisme et la puérilité qui consiste à opposer « masses populaires » et chefs de partis. Il insiste à nouveau sur l'importance de la discipline militante et sur l'association entre le travail politique légal - notamment via les parlements et les syndicats - et illégal.

2 Lénine dirigeant de l'État ouvrier[modifier | modifier le wikicode]

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L'État ouvrier russe est le premier, et le seul à ce jour, où le prolétariat s'est constituée de façon durable en classe dominante par le biais de la révolution russe et des soviets afin de collectiviser les moyens de production. Mais dans le contexte de la guerre civile russe, guerre menée par les anciens dirigeants russes évincés par la révolution contre la jeune Russie des soviets, appuyés par les armées d'une vingtaine de pays capitalistes, les bolcheviques (plus particulièrement Trotski) mettent sur pied l'Armée rouge. Mais la révolution échoue en Allemagne, et la révolution russe demeure isolée. Les bolchéviks gagnent la guerre civile, mais au prix d'une ruine économique et d'une destruction massive de la classe ouvrière. En 1921, celle-ci ne représente numériquement que le tiers de ce qu'elle était en 1917 ; les Soviets sont réduits à l'état de coquilles vides. Certains ouvriers, en effet, sont morts à la guerre ; d'autres confrontés au chômage et à la famine, sont rentrés à la campagne où ils pouvaient obtenir de quoi manger. Face à l'état piteux de l'économie russe, Lénine introduit la NEP ("nouvelle politique économique"), qui comporte une incitation financière à la productivité pour les paysans, la restauration d'une certaine forme de propriété privée, et la favorisation du commerce privé. Le Xème Congrès du Parti communiste russe prend la décision d'interdire les fractions. Le dernier combat de Lénine est dirigé contre la bureaucratie montante. Il ne voit de remèdes que dans un combat patient pour une véritable démocratie des travailleurs, et pour l'introduction de plus de travailleurs dans la machine d'Etat. Lénine est également obligé de réfléchir à qui devrait être appelé à lui succéder comme principal dirigeant de la jeune Union soviétique. Il écrit un petit document, connu comme son "Testament", où il passe en revue les principaux dirigeants du Parti bolchévik. Il est critique envers chacun d'eux, mais c'est à Staline qu'il réserve ses flèches les plus acérées.

Beaucoup d'intellectuels affirment, paresseusement, que les méthodes et les actions de Lénine ont mené directement aux atrocités de Staline. En réalité, on ne peut évidemment pas réduire le destin de l'Union soviétique après Lénine à la question de la psychologie de tel ou tel dirigeant. En réalité, la principale explication historique du stalinisme réside dans le fait que la révolution russe a échoué à s'étendre à d'autres pays. La faute en revient aux dirigeants occidentaux comme Winston Churchill qui lancèrent leurs armées contre le jeune État ouvrier, et aux dirigeants révolutionnaires qui tergiversèrent à défendre la révolution russe. Après la mort de Lénine, la politique de Staline consista à décourager les mouvements révolutionnaires qui éclataient à certains endroits du monde. Il ordonna aux communistes chinois de se ranger derrière Tchang Kai-chek, un dirigeant bourgeois qui les utilisa puis les massacra. Cette pratique, théorisée sous la forme du "socialisme dans un seul pays", n'a rien à voir avec l'internationalisme de Lénine. Sous Staline, beaucoup de gains révolutionnaires furent perdus. La démocratie ouvrière s'atrophia puis disparut. La dure répression parfois mise en œuvre lors des premières années de la révolution n'a rien à voir avec la sauvagerie des crimes staliniens et les procès truqués. l'avortement et l'homosexualité redevinrent des crimes. La créativité artistique fut remplacée par les canons du "réalisme socialiste". La politique de collectivisation forcée des terres menée par Staline est à l'opposé de l'alliance entre prolétariat urbain et paysannerie recherchée constamment par Lénine. Sous Staline, une nouvelle classe de bureaucrates émergea. Le parti bolchévik devint une organisation de l'élite, préoccupée de ses propres intérêts.

3 Le léninisme après Lénine[modifier | modifier le wikicode]

Le stalinisme s'est construit en même temps que la jeune révolution bolchévique dégénérait. C'est la bureaucratie réactionnaire qui constituait la base sociale de cette régression, car elle confisquait le pouvoir des mains des soviets et donc des ouvriers. C'est elle qui s'est reconnue dans Staline et a donné du poids à son "argumentation" et à sa propagande. C'est ce poids croissant qui a permis au stalinisme de se présenter de gré ou de force comme le continuateur de Lénine, en calomniant tout opposant comme Trotski et l'Opposition de gauche. Le stalinisme a cherché à théoriser ses politiques d'abandon de la révolution internationale, voire contre-révolutionnaires. L'exemple le plus frappant en est la théorie du "socialisme dans un seul pays".

La stalinisation de l'Internationale Communiste a rapidement eu l'effet inverse : l'IC a conduit à l'échec ou a directement étouffé des révolutions ouvrières prometteuses : Révolution chinoise, Révolution espagnole... Il est à noter que les textes de 1928 de l'Internationale communiste contiennent des passages évoquant les mesures contre la bureaucratisation en URSS, alors que celle-ci était déjà très avancée[1].

La société sous Staline était profondément inégalitaire. La particularité par rapport aux sociétés capitalistes, c'était que cette inégalité ne se basait pas vraiment sur des différences de revenus, car les écarts sont restés relativement faibles depuis la révolution, même s'ils ont grandi. En revanche, les dirigeants de la production étatisée, c'est à dire la bureaucratie politique, s'est arrogée de grands privilèges dans l'accès aux biens.

Staline justifiait cet état de fait par une des formules lapidaires et pseudo-léninistes dont il avait le secret :

« Tout léniniste sait (s’il est un véritable léniniste) que l’égalisation dans le domaine des nécessités et de la vie individuelle est une absurdité réactionnaire petite-bourgeoise. » Staline, 1934[2]

Les travailleurs d'URSS n'étaient pas dupes, et voyaient bien la contradiction avec le dogme officiel. On peut en voir un exemple dans cette blague qui circulait sur Leonid Brejnev (chef de l'URSS de 1964 à 1982) :

Brejnev tenait [démontrer à sa mère] sa réussite. Il la fait venir de Dniéprodzerjinsk, en Ukraine, pour lui montrer son vaste appartement, mais elle reste muette, même un peu gênée. Alors il téléphone au Kremlin, ordonne qu’on lui amène sa Zil, et il conduit sa mère à sa datcha d’Ousovo, où ont résidé Staline et Khrouchtchev. Il lui fait tout visiter, lui montre les magnifiques jardins, mais elle ne dit toujours rien. Alors il commande son hélicoptère personnel et l’emmène droit à son pavillon de chasse de Zavidovo. Là, il la fait entrer dans la salle de banquet, lui fait admirer l’énorme cheminée, ses fusils, tout le luxe et, incapable de se retenir plus longtemps, il supplie : « Dis-moi, maman, qu’est-ce que tu en penses ? » Elle hésite, et puis hasarde : « Ma foi, c’est bien beau. Leonid… Mais si les Rouges reviennent ? »[2]

Le terme de trotskisme est d'abord apparu comme insulte de la part des staliniens. Il servait alors à calomnier lui et ses partisans, qui défendaient la Révolution russe et le marxisme face à la bureaucratie et au révisionnisme. Les staliniens n'hésitaient pas à employer l'amalgame "hitléro-trotskiste", ignoble quand on sait comment Trotski s'est battu contre le nazisme, et combien les staliniens sont responsables de son succès.

Trotski a beaucoup contribué à faire vivre le socialisme scientifique face aux immenses problèmes du XXème siècle. Les positions politiques qu'il défendait en Russie avec l'Opposition de gauche à Staline (lutte contre la bureaucratisation du parti bolchévik, pour l'industrialisation rapide, pour l'internationalisme, etc...), se sont avérées tragiquement pertinentes. Mais plus généralement qu'en URSS, les débats stratégiques fondamentaux avec le centrisme stalinien l'ont conduit à élaborer la théorie de la Révolution permanente, et à étudier dans un grand nombre de cas les modalités du front unique. Il a également proposé une théorie de la dégénérescence bureaucratique de l'URSS, devenue selon lui un État ouvrier dégénéré.

Exilé, après avoir tenté avec ses partisans de redresser l'Internationale communiste, il fonda la Quatrième internationale.

4 Le terme de « léninisme » du vivant de Lénine[modifier | modifier le wikicode]

Du vivant de Lénine, le terme de léninisme a surtout été employé par ses adversaires. En particulier, lors du 2e congrès du POSDR (1903), on parle réciproquement de « martovistes » et de « léninistes ». Les partisans de Lénine, eux, se désignent comme « la majorité », puis les « majoritaires » (bolchéviks) à partir de fin 1904. Terme qui va rester, avec son opposé menchévik.

Lorsque des tensions ont eu lieu au sein des bolchéviks, chacun va se revendiquer du bolchévisme, et en particulier Lénine. A ses adversaires (surtout otzovistes) qui parlent de « bolchevisme officiel » et de « bolcheviks léninistes », il rétorque : « Je reconnais parfaitement ma responsabilité dans le 'bolchevisme officiel', mais en ce qui concerne l'expression de 'léninistes', ce n'est qu'un attentat manqué de causticité pour dire qu'il n'est question ici que des partisans d'une seule personne ! En fait, ils savent tous très bien qu'il n'est pas question, et de loin, de ceux qui partagent mes vues personnelles sur tel ou tel aspect du bolchevisme. » (1909)

Kautsky utilise aussi le terme de « léninistes » à partir de 1905. Rosa Luxemburg utilisera aussi ce terme dans ses critiques des bolchéviks.

Vers la fin 1923, Lénine étant gravement malade, et la vie démocratique du parti bolchévik étant devenu très malsaine, l'invocation de la « tradition léniniste » devient vite un argument d'autorité. Ce sera notamment l'argument de Staline, alors même que des exemples comme l'Affaire géorgienne (sans parler de la politique de Staline en 1917...) montrent combien Staline pouvait s'écarter de la politique voulue par Lénine. De nombreux vieux bolchéviks se mettent à accuser Trotski de ne pas être un vrai léniniste parce qu'il n'était pas bolchévik avant l'été 1917. Trotski revient sur ce type d'argumentation d'autorité dans un chapitre de Cours nouveau (1923).[3]

5 Léninisme et anti-léninisme[modifier | modifier le wikicode]

Le « léninisme » tel qu'il a été caricaturé par les staliniens est souvent proche du « léninisme » combattu par les anti-léninistes primaires.

Par exemple l’ouvrage officiel du Kremlin, L’Histoire du Parti Communiste de l’Union Soviétique, se base sur Que Faire pour exposer un principe général de la « conception léniniste du parti » :

  1. un parti prolétarien dirigé par des intellectuels bourgeois révolutionnaires, les ouvriers étant incapables de s’élever par eux-mêmes à la conscience socialiste ;
  2. un parti de quelques « révolutionnaires professionnels » par opposition à un parti de masse large et ouvert ;
  3. un parti préparant une révolution forcément planifiée, à l'opposé de toute idée de spontanéité dans le mouvement ;
  4. un parti bâti autour d'un appareil bureaucratique voire semi-militaire.

La vision simpliste de Lénine va cependant au-delà des staliniens. Sous couvert de simplification et de synthèse, beaucoup de militant-e-s croient voir dans quelques extraits le dernier mot du léninisme, indépendamment de tout le contexte polémique de Que Faire et de toutes les précisions qu'a apportées Lénine aux mauvaises interprétations de ses écrits.

Plus généralement, Lénine a admis à plusieurs reprises que dans ses polémiques avec d'autres courants socialistes, qui « tordaient le bâton dans un sens », il s'était senti obligé de « tordre le bâton dans l'autre sens ».

Selon les luxemburgistes, Rosa Luxemburg représentait une ligne politique nettement opposée à celle de Lénine, des bolchéviks et de la révolution russe.

A noter que certains à l'extrême droite ont prétendu s'inspirer du léninisme pour leur méthode de construction de l'organisation. Ainsi en 1962 un des chefs de Jeune Nation emprisonné pour ses liens avec l'OAS, Dominique Venner, écrit alors en prison une autocritique du mouvement et appelle à s'inspirer du léninisme pour élaborer une doctrine révolutionnaire et unifier les mouvements nationalistes[4].

6 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]

  1. Internationale Communiste, VI° Congrès, Programme, 1928
  2. 2,0 et 2,1 Hedrick Smith, Les Russes, 1976
  3. Léon Trotski, Cours Nouveau - Tradition et politique révolutionnaire, 1923
  4. nicolaslebourg, « Anatomie de la violence « révolutionnaire » d’extrême droite », sur Fragments sur les Temps Présents, (consulté le 3 juin 2024)