Nature de l'Etat russe
La question de la nature de l'État en Russie après la Révolution d'Octobre a été au cours de l'Histoire et est encore aujourd'hui l'objet de polémiques au sein du mouvement ouvrier. Elle a conduit à de nombreuses ruptures au sein du mouvement trotskyste.
Le point de vue de Trotski était que l'URSS était un État ouvrier dégénéré. Très tôt, d'autres analyses ont été défendues parmi les communistes révolutionnaires. Certains ont parlé de collectivisme bureaucratique, d'autre de capitalisme d'Etat.
1 Historique des débats[modifier | modifier le wikicode]
1.1 Avant la révolution d'octobre[modifier | modifier le wikicode]
Dans L'État et la Révolution[1] (1917), Lénine, rompt avec la conception de la deuxième internationale qui défendait une conquête de l'État par la social-démocratie. Il rappelle les conclusions de Marx et Engels qui avaient été passées sous silence, et qui parlaient clairement de la nécessité de détruire l'État bourgeois, et d'édifier un État ouvrier (la dictature du prolétariat), dont une forme possible avait été trouvée par la Commune de Paris.
1.2 Révolution d'Octobre 1917[modifier | modifier le wikicode]
Entre février et octobre 1917, l'auto-organisation des ouvriers russes (mais aussi des paysans et des soldats) se généralise, sous la forme de comités d'usine et de soviets. Cela créé une situation de double pouvoir, à la fois dans les usines (les comités d'usine disputent aux directeurs et aux cadres les prérogatives de décisions) et dans les différentes localités (les soviets des villes contre les autorités).
On assiste à un processus de coordination de ces structures, à l'échelle des villes, et de tout le pays : congrès panrusse des comités d'usine, congrès panrusse des soviets... Les bolchéviks gagnent peu à peu la majorité dans ces structures, et lancent le mot d'ordre « tout le pouvoir aux soviets ! »
La révolution d'Octobre peut être datée du moment où le comité militaire révolutionnaire de Petrograd (dirigé par les bolchéviks) renverse le gouvernement bourgeois. Les bolchéviks mettent en place un gouvernement (les commissaires du peuple) dont la légitimité est validée par le congrès panrusse des soviets.
1.3 Le nouvel État[modifier | modifier le wikicode]
Pour les bolchéviks, le nouvel État est un État ouvrier, c'est-à-dire la dictature du prolétariat, parce qu'il est dirigé par un parti ouvrier. Cependant, ils ne voient pas encore la Russie comme un pays socialiste, parce qu'ils héritent d'une économie majoritairement paysanne et petite-bourgeoise. Tous leurs espoirs vont d'ailleurs vers l'extension de la révolution vers l'Ouest, vers l'Europe industrialisée, en particulier l'Allemagne.
« L'Allemagne et la Russie incarnent en 1918, avec une évidence particulière, la réalisation matérielle des conditions du socialisme, des conditions économiques, productives et sociales, d'une part, et des conditions politiques, d’autre part. »[2]
Au niveau économique, le semi-capitalisme semi-féodalisme d'avant 1917 doit évoluer vers une économie planifiée, mais en est encore loin. Pour la direction bolchévique, qui comprend alors Lénine et Trotski, la tâche principale est donc d'aller vers une modernisation de la production, passant par une centralisation par l'Etat des moyens de production. Cela signifiait pour eux aller vers une économie capitaliste d'État :
« Ce qui prédomine actuellement en Russie, c'est le capitalisme petit‑bourgeois, à partir duquel il n'est qu’un seul et même chemin pour parvenir aussi bien au grand capitalisme d'État qu'au socialisme, et ce chemin passe par la même étape intermédiaire qui s'appelle « inventaire et contrôle exercés par le peuple entier sur la production et la répartition des produits. (...) Le capitalisme d'État est, au point de vue économique, infiniment supérieur à notre économie actuelle. (...) Il ne contient rien que le pouvoir des Soviets doive redouter, car l'État soviétique est un État dans lequel le pouvoir des ouvriers et des pauvres est assuré. » [2]
L'étatisation de l'ensemble de l'industrie a lieu en 1918.
Le programme du Parti bolchévik adopté en mars 1919 parle des des « premiers pas » du communisme en Russie.[3] Il reconnaît aussi une « renaissance partielle du bureaucratisme au sein du régime soviétique ».
A plusieurs reprises, Lénine parle de communisme à propos du secteur dirigé par l'État ouvrier :
« Le travail est unifié en Russie sur la base du communisme dans la mesure où premièrement la propriété privée sur les moyens de production est abolie et où, deuxièmement, le pouvoir de l'état prolétarien organise à l'échelle nationale la grande production »[4]
Par conséquent, la transformation socialiste de la Russie nécessitait une lutte pour plus d'étatisation de la petite production :
« L'économie de la Russie, à l'époque de la dictature du prolétariat consiste dans la lutte, à ses premiers pas, du travail unifié sur la base du communisme dans le cadre unitaire d'une production géante avec la petite production et le capitalisme qui s'est conservé et qui renaît aussi sur sa base. »
Avec la même logique Trotski pouvait écrire : « il nous faut adapter l’industrie soviétique au marché paysan d’une part, et à la capacité imposable de la paysannerie, de l’autre, tout en lui conservant son caractère d’industrie étatique, c’est-à-dire socialiste ».[5]
En 1919 s'ouvre une discussion au sein du parti bolchevik sur le droit de grève. Certains comme Trotski déclarent que puisque l'URSS est un État ouvrier, il est absurde que les ouvriers puissent faire grève contre eux-mêmes. Lénine défendra le rôle des syndicats, en disant :
« on se trompe manifestement car cet État n'est pas tout à fait ouvrier, voilà le hic. [...] En fait, notre État n'est pas un État ouvrier, mais ouvrier-paysan, c'est une première chose. [...] Notre État est un État ouvrier présentant une déformation bureaucratique. »[6][7]
Lénine considérait que le risque était la chute de l'État ouvrier (du parti bolchévik) s'il échouait à améliorer la situation concrète des masses laborieuses, notamment en raison de l'absence de culture de gestion des entreprises et du commerce des responsables communistes. La tâche qu'il fixait à l'État ouvrier était donc de contrôler le mieux possible le « capitalisme d'Etat » (ainsi que le secteur privé ou mixte pendant la NEP) pour développer l'économie. Il précisait en 1921 : « Nous n'avons pas encore de fondements socialistes. Ceux des communistes qui s'imaginent que ces fondements existent déjà, commettent une très grande erreur. »[8]
1.4 Critiques de la gauche communiste[modifier | modifier le wikicode]
Dès le vivant de Lénine, plusieurs militants dont notamment Anton Pannekoek ont dénoncé l'URSS comme un nouveau régime exploiteur, un régime capitaliste particulier, où l'État est directement propriétaire de la majorité des moyens de production. Le courant de Pannekoek sera exclu de l'Internationale communiste en 1921. Le Parti socialiste de Grande-Bretagne a considéré la Russie comme un capitalisme d'État dès 1918. La grande majorité des communistes dont les trotskistes considère ces courants comme gauchistes. La vision trotskiste orthodoxe est que la bureaucratisation devient vraiment un problème vers 1923-1924 (fondation de l'Opposition de gauche trotskiste).
1.5 Trotski et le « centrisme bureaucratique »[modifier | modifier le wikicode]
De 1929 à 1932, Trotski parlait de bonapartisme au sujet de la bureaucratie stalinienne, et il développait l'analogie avec Thermidor. Au sujet de la politique menée par la bureaucratie, aussi bien en URSS que sur le plan international, il parlait de "centrisme bureaucratique".
« Sous le fouet de l'opposition, l'appareil stalinien saute d'un côté et d'autre (...) Staline combat actuellement les droitiers parce qu'il subit le fouet de l'Opposition. Il le fait en centriste obligé de protéger sa position intermédiaire. En ce sens fort limité, l'appareil, contraint de réaliser la collectivisation et l'industrialisation, joue un rôle de despote éclairé au-dessus des classes. »[9]
En 1928, Trotski écrit que c'est le parti ouvrier qui définit l'État ouvrier russe. En même temps, il semble déjà penser que si la planification était déjà bien ancrée, elle suffirait à donner un caractère socialiste :
« Le caractère socialiste de notre industrie d'État – vu son extrême éparpillement, la concurrence des divers trusts et usines, la situation matérielle difficile des masses ouvrières, le niveau culturel insuffisant dans de larges cercles de travailleurs – est déterminé de façon décisive par le rôle du parti, les liens volontaires formés à l'intérieur de l'avant-garde prolétarienne, la discipline consciente des économistes, des militants syndicaux et des membres des cellules d'usine. Si ce réseau se relâche et se désagrège, il est évident, qu'à bref délai, il ne restera rien du caractère socialiste de l'industrie, des moyens de transport, etc. Les trusts et les diverses usines se mettront à vivre de leur vie propre. Il ne restera aucune trace du plan, déjà insuffisant à l'heure actuelle. La lutte économique des ouvriers ne sera limitée que par le rapport des forces. La propriété de l'État sur les moyens de production se transformera d'abord en fiction juridique puis celle-ci même sera balayée. »[10]
En 1929, répondant à un autre oppositionnel, Trotski soutient que l'on peut encore redresser le parti bolchévik. Il estime que dans le cas contraire, il faudrait une nouvelle révolution prolétarienne (donc que l'État russe ne serait plus ouvrier) :
« Le noyau prolétarien du parti, aidé par la classe ouvrière, est-il capable de triompher de l'autocratie de l'appareil du parti qui est en train de fusionner avec l'appareil de l'Etat ? Celui qui répond d'avance qu'il en est incapable, parle non seulement de nécessité d'un nouveau parti sur des nouveaux fondements, mais aussi de la nécessité d'une deuxième et nouvelle révolution prolétarienne. »[11]
Ou encore 1931 :
« La reconnaissance de l'État soviétique actuel comme un État ouvrier ne signifie pas seulement que la bourgeoisie ne peut pas prendre le pouvoir autrement que par la voie d'une insurrection armée, mais aussi que le prolétariat de l'U.R.S.S. n'a pas perdu la possibilité de se soumettre la bureaucratie, de régénérer le parti et de modifier le régime de la dictature - sans une nouvelle révolution, par les méthodes et la voie de la réforme. »[12]
1.6 Evolution de l'analyse de Trotski[modifier | modifier le wikicode]
Trotski a par la suite conclu que le centrisme avait laissé place à une politique ouvertement contre-révolutionnaire. Le qualificatif d'« État ouvrier bureaucratiquement dégénéré » figure dans les onze points de l'Opposition de gauche trotskiste tels qu'ils sont définis en 1933.
En 1935[13], mais surtout en 1936, Trotski opère un changement dans son argumentation. Il ne considère plus le PCUS comme un parti ouvrier, mais il continue de voir l'URSS comme un État ouvrier dégénéré. Le critère central est désormais la nationalisation des moyens de production. Trotski écrit par ailleurs que la bureaucratie n'a pas sa racine dans les rapports de production, mais uniquement dans la répartition. Il s'appuie sur l'idée de Marx selon laquelle le droit bourgeois persiste après la révolution socialiste, à cause de la nécessaire répartition méritocratique.
« L'État ouvrier lui-même en tant qu'État est nécessaire précisément parce que les normes bourgeoises de répartition restent en vigueur. La bureaucratie représente l'organe de cette répartition. (...) Aussi longtemps que cette contradiction n'a pas dépassé le domaine de la répartition pour entrer dans celui de la production et n'a pas fait exploser la propriété nationalisée et l'économie planifiée, l'État reste ouvrier. »[14]
En 1939, il admettra implicitement que l'on peut difficilement donner une date à la "contre-révolution" :
« Nous avons longtemps affirmé que Thermidor ne faisait que se préparer en U.R.S.S et ne s'était pas encore accompli. Puis, donnant à l'analogie avec Thermidor un caractère plus précis et plus réfléchi, nous en sommes arrivés à la conclusion que Thermidor était déjà derrière nous. » [15]
Cependant, pour lui, la bureaucratie n'a pas changé la "nature sociale de l'État". L'URSS est un État ouvrier dégénéré, dans ce sens qu'il est issu d'une révolution prolétarienne, mais qu'il est de fait déformé bureaucratiquement. Cette analyse est à la base de sa politique de défense de l'URSS[16].
En particulier, Trotski exprime cette idée dans La révolution trahie (1936)[17], et polémique contre la notion de capitalisme d'État, et contre ceux qui voient dans la bureaucratie une nouvelle classe. Il ne définit pas l'URSS comme socialiste, avant tout parce qu'elle est sous-développée, mais parle de société « intermédiaire entre le socialisme et le capitalisme ».
Trotski considérait que l'on ne pouvait remettre en question son analyse de l'URSS sans remettre en question la théorie marxiste de l'État. C'est notamment ce qu'il développe dans Défense du Marxisme[18], où il soutient que l'État soviétique est une dictature du prolétariat, « indépendamment des formes politiques » :
« La nature de l’État se définit, non par ses formes politiques, mais par son contenu, c’est-à-dire par le caractère des formes de propriétés et des rapports de production que l’État en question. (…) La domination de la social-démocratie dans l’État et dans les soviets (en Allemagne en 1918-1919) n’avait rien de commun avec la dictature du prolétariat dans la mesure où elle laisse intacte la propriété bourgeoise. En revanche un régime qui préserve qui préserve la propriété expropriée et nationalisée contre l’impérialisme, cela est, indépendamment des formes politiques, la dictature du prolétariat. »
Cela provient de l'idée que l'État (et donc la caste bureaucratique) appartient à la superstructure, qui surplombe l'infrastructure socialisée (où se situent les rapports de production socialisés). Une idée critiquée par d'autres marxistes[19].
1.7 Années 1930[modifier | modifier le wikicode]
En 1931, le marxiste Lucien Laurat publie une étude critique de l'économie soviétique[20], dans laquelle il souligne le parasitisme de la bureaucratie sur la production, mais également «l'anarchie» qui règne dans la production malgré les plans quinquennaux.
Simone Weil critiquait la position de Trotski : « Descartes disait qu’une horloge détraquée n’est pas une exception aux lois de l’horloge, mais un mécanisme différent obéissant à ses lois propres ; de même il faut considérer le régime stalinien, non comme un État ouvrier détraqué, mais comme un mécanisme social différent. »[21]
Le durcissement de la répression en URSS, qui culmine avec les procès de Moscou (1936-1938) vont commencer à faire douter de plus en plus de trotskistes de la caractérisation d'État ouvrier dégénéré.
Le communiste Ante Ciliga, qui fut emprisonné pour trotskisme en 1931-1932, a raconté les discussions sur l'URSS qui avaient lieu à ce moment-là parmi les oppositionnels. Il en fera le récit dans son livre Au pays du mensonge déconcertant, publié en 1939 :
« La première question discutée fut celle du caractère de l'État soviétique. Est-ce un État ouvrier et socialiste ? Sinon quelle classe représente-t-il ? La discussion dura plus de six mois. Nous avions encore une arrière-pensée qui nous déconseillait toute hâte: nous espérions qu'entre temps Trotski passerait le Rubicon et nierait le caractère ouvrier de l'État stalinien. Beaucoup d'entre nous étaient déjà persuadés qu'il n'y avait pas trace de "dictature du prolétariat" en U.R.S.S. »[22]
Ciliga rompt avec Trotski et lui reprocha durement de ne pas avoir reconsidéré la question :
« Trotski et ses partisans sont trop intimement liés au régime bureaucratique en U.R.S.S. pour pouvoir mener la lutte contre ce régime jusqu'à ses conséquences extrêmes. »[22]
En lisant La révolution trahie (1936), Yvan Craipeau, qui était le secrétaire de Trotski, tomba en désaccord avec lui sur cette question, et présenta un contre-rapport en 1937, au IIe Congrès du POI français[23], auquel Trotski répondit immédiatement[24]. Craipeau considérait qu'une nouvelle forme de classe sociale exploiteuse avait émergé. Mais il ne précisait pas en positif quelle nature avait l'URSS selon lui - ce que Trotski lui reprochait d'ailleurs. Craipeau prenait surtout position contre la "défense inconditionnelle de l'URSS". Lui et ses partisans considéraient que le débat sur l'URSS méritait une étude approfondie, sans précipitation, mais qu'il est secondaire par rapport aux choix d'orientations.
Presque au même moment aux États-Unis, James Burnham et Joseph Carter présentèrent un texte pour le congrès de fondation du Socialist workers party (fin 1937), auquel Trotski répondit également[14].
1.8 1939-1945[modifier | modifier le wikicode]
La signature du pacte de non agression entre Hitler et Staline, puis l'invasion par l'armée rouge de la Pologne et de la Finlande, va crisper les désaccords sur l'attitude à avoir par rapport à l'URSS. Etant donné la situation en Europe, les débats vont surtout avoir lieu en Amérique. C'est à ce moment que Raya Dunayevskaya, qui était secrétaire de Trotski, se sépare de lui.
« Peut-on, après la signature du pacte germano-soviétique, reconnaître en l'U.R.S.S un État ouvrier ? La nature de l'État soviétique suscite à nouveau la discussion dans notre milieu. Ce n'est pas étonnant. Nous avons sous nos yeux la première expérience d'un État ouvrier dans l'histoire. »[15]
Trotski maintient ses positions, et polémique durement. Il affirme que ceux qui ne comprennent pas la notion d'État ouvrier dégénéré ne comprennent pas la dialectique. Néanmoins, Trotski écrit que si la seconde guerre mondiale ne conduit pas à une révolution, alors il est possible qu'un nouveau mode de production bureaucratique émerge (à la fois en URSS et à partir des bureaucraties fascistes). « Ce serait, selon toute vraisemblance, un régime de décadence, qui signifierait le crépuscule de la civilisation. »[15]
Même si la majorité du SWP, derrière Cannon, reste alignée sur Trotski, de fortes oppositions progressent. Certains vont théoriser que l'URSS est un capitalisme d'État (comme la tendance Johnson-Forest), d'autres qu'il s'agit d'un collectivisme bureaucratique, comme le courant autour de Max Shachtman, James Burnham et Joseph Carter. Ce courant s'inspirera plutôt d'Yvan Craipeau. En avril 1940, ils furent exclus du SWP avec 40% de ses membres et la majorité des membres de l'organisation de jeunesse, et fondent le Workers Party (WP, Parti des travailleurs). Au sein du WP, la division se poursuit, puisque la tendance Johnson-Forest retournera au SWP en 1947.
Raya Dunayevskaya développe sa critique de l'URSS comme capitalisme d'État en 1941-42, en soutenant que l'origine de la bureaucratisation n'est pas dans la répartition de la production comme le disait Trotski, mais dans la « méthode bourgeoise de la production ». Elle faisait référence aux écrits de Marx sur le despotisme d'usine.
En 1939, Bruno Rizzi publie La bureaucratisation du monde, qui développe l'idée du collectivisme bureaucratique. James Burnham, après avoir abandonné le trotskisme, publia un livre qui eut un fort retentissement : The Managerial révolution (en fait un plagiat de Rizzi). Il y décrit une évolution convergente du capitalisme et du socialisme : dans les deux systèmes, une nouvelle classe dominante serait en train de se dégager, celle des directeurs, qui ne s’enracine pas dans des rapports de propriété. Cette thématique de la convergence des deux systèmes vers une « société industrielle » sera, sous des formes différentes, récurrente après la seconde guerre mondiale.
1.9 Après 1945[modifier | modifier le wikicode]
La stabilisation du régime de l'URSS et son véritable pillage des pays de l'Est pendant et après la Seconde guerre mondiale va accentuer les remises en question.
Les débats se poursuivent donc sur la nature de l'URSS, mais aussi sur celle des pays du "glacis" d'Europe de l'Est. Jusqu'en 1951, la QI a affirmé qu'ils étaient restés capitalistes, tout en maintenant la position que la Russie était un État ouvrier dégénéré. A cette époque, les débats sur le capitalisme d'État n'étaient pas aussi iconoclastes qu'ils ont pu le paraître par la suite.
Un leader de la QI, Ernest Mandel (sous le pseudonyme de «Germain») a déclaré que l'idée que la Russie et les glacis étaient capitalistes, ou l'idée que la Russie et les glacis étaient des États ouvriers, étaient toutes les deux évidemment fausses et n'avaient aucune place dans l'Internationale. Cependant, quelques mois plus tard il se rallia à la position que les pays d'Europe de l'Est étaient devenus des États ouvriers déformés. Cette position sera critiquée par Lutte ouvrière, qui reprochera à la QI de réduire la définition d'un État ouvrier à l'étatisation de l'économie.[25]
Grandizo Munis rompt avec la IVe Internationale en 1948. Il se rallie à la thèse du capitalisme d'État et considère comme Max Shachtman que la IV a choisi un camp impérialiste dans la Deuxième Guerre mondiale, en s'alignant sur l'URSS.
Les trotskistes anglais sont majoritairement sceptiques vis-à-vis de la notion d'État ouvrier dégénéré. Parmi eux, Tony Cliff a caractérisé l'URSS comme capitalisme d'État et refusé la ligne de la défense de l'URSS dans les années 1940[26] Il développera ensuite sa théorie[27], et la précisera en parlant de "révolution permanente déviée"[28].
Charles Bettelheim écrivit également sur l'URSS à partir des années 1940.
Le groupe Socialisme ou Barbarie autour de Cornelius Castoriadis et Claude Lefort développe la thèse du capitalisme d'Etat. Il publie notamment dans son n°2 (mai 1949) Les rapports de production en Russie. [29] Il considère notamment que Trotski n'est pas matérialiste quand il dit que la bureaucratie domine les rapports de répartition mais pas les rapports de production. Castoriadis entend réaffirmer une des bases du marxisme en disant que le droit ne peut qu’être l’expression de l’économie, qu'il ne peut exister de distorsion entre le domaine de la répartition de la richesse et celui la production.
Natalia Sedova (qui était la deuxième épouse de Trotski), est convaincue par la thèse de Munis, et quitte la Quatrième internationale en 1951[30].
En 1953, Ignacio Iglesias quitte le POUM car il considère que l'URSS est un capitalisme d'État[31][32].
En Yougoslavie, des théoriciens du parti communiste (comme Milovan Đilas), après la rupture avec l'URSS, se mirent à caractériser cette dernière comme un capitalisme d'État.
Le courant d'Amadeo Bordiga développe une analyse de l'URSS et des États du bloc de l'Est comme des capitalismes d'Etat. Selon ce courant, la modification des rapports de production en URSS a bel et bien commencé mais a rapidement tourné court du fait que la révolution ne s'est pas développée au niveau international. Ils voyaient dans l'étatisme stalinien le creuset où se formait une deuxième bourgeoisie russe beaucoup plus vigoureuse que celle qui avait existé avant 1917, et se dégageant progressivement de la gangue du système stalinien, cette deuxième bourgeoisie modèlerait finalement un nouveau capitalisme russe qui serait à l'image du capitalisme avancé de l'Occident.[33]
1.10 Années 1970[modifier | modifier le wikicode]
Dans son Introduction au marxisme (1974), Ernest Mandel reprend fidèlement la thèse de Trotski. Dans sa préface en 2007, Daniel Bensaid considère que c'est « la partie la plus datée de l’Introduction de 74, celle qui subit le plus mal l’épreuve des ans ».[34]Par ailleurs, Mandel pensait dans ces années que l’économie soviétique étant en essor (symbolisé par le Spoutnik) et qu'avec la remontée de la révolution mondiale (dans les pays coloniaux, mais aussi en Europe après Mai 68), l’heure de la révolution politique allait sonner en URSS et en Europe de l’Est.
Pierre Naville a considéré qu'il existait de l'exploitation en URSS, utilisant comme preuve l'existence de salaires. Ernest Mandel répondait que cette analyse était fausse, car le salaire en URSS n'était qu'une « forme monétaire d’allocation du fond de consommation », et pas la rémunération d'une force de travail marchandisée. Pierre Naville rétorque que « cette analyse est celle que répètent à satiété les manuels d’économie staliniens et néo-staliniens ».[35]
Durant l'année 1974, deux tendances - particulièrement présente à Bordeaux et Toulouse - se constituent à l'intérieur de Lutte ouvrière, à partir de la critique de la caractérisation de l'État russe comme « État ouvrier ». Ceci conduit le 3 novembre à leur exclusion et à la naissance du groupe l'Union ouvrière (UO) et du groupe Combat Communiste. L'UO publiera un journal du même nom (sous titré : pour l'abolition de l'esclavage salarié, 19 numéros de décembre 1974 à juillet 1976). À la même période, une des tendances de la LCR rejette également l'analyse trotskyste de l'URSS.
1.11 Années 1980[modifier | modifier le wikicode]
En 1987, Mandel disqualifie toute réflexion sur la particularité bureaucratique de l'État en défendant la logique de Trotski selon laquelle la bureaucratie n'est qu'une superstructure par rapport aux classes (excluant qu'il puisse y avoir une nouvelle classe) :
« La formule “État bureaucratique” n’a pas de sens. L’État est “bureaucratique” par définition ! Il représente des appareils séparés de la société. Tout dépend de la nature de classe de l’État et donc de la bureaucratie. Il y a des bureaucraties despotiques (celles soumises au mode de production asiatique), des bureaucraties esclavagistes, des bureaucraties féodales et semi-féodales (ces dernières dans les monarchies absolues), des bureaucraties bourgeoises, des bureaucraties ouvrières. Apparemment là, la bureaucratie soviétique est encore une bureaucratie ouvrière. »[36]
Mandel estimait qu'une révolution antibureaucratique était beaucoup plus probable qu'une restauration du capitalisme.[36][37]
Mansoor Hekmat, marxiste iranien fondateur du courant "communiste-ouvrier", considérait que les bolchéviks ont échoué à rompre suffisamment avec le schéma de la Deuxième internationale sur la question de la transformation économique des rapports de production.
« L’accent constamment mis par les dirigeants du parti dans la période post-révolutionnaire sur le fait que « nous devons apprendre de la bourgeoisie » témoigne du fait que la question de la transformation économique s’identifiait pour eux à l’aspect quantitatif de la production et à l’amélioration des moyens de production, non avec le fait de révolutionner les rapports de production [...] Par exemple, si l’on considère la conception économique du socialisme et du capitalisme tant de Staline que de Trotski, c’est-à-dire la conception selon laquelle plus ou moins de capitalisme d’État et la propriété d’État des moyens de production équivalent à la propriété commune socialiste, alors on mesure l’étendue révélatrice de l’influence intellectuelle de la IIe Internationale. »[38]
Ainsi, si l'insistance sur l'indépendance de classe a permis la prise du pouvoir, la puissance de la bourgeoisie s'est maintenue à travers la voie de développement choisie (industrialisation par la planification centralisée...). Hekmat insistait sur la continuité de la lutte de classe prolétariat-bourgeoisie avant et après la révolution de 1917. Il considère donc que l'URSS était un capitalisme d'État.
1.12 La fin de l'URSS[modifier | modifier le wikicode]
L'analyse de la Perestroïka...
L'analyse de la Dissolution de l'URSS...
1.13 Après 1991[modifier | modifier le wikicode]
Dans un texte de 1992, le groupe OCML-VP critique la position trotskiste classique, estimant qu'elle est superficielle. Il défend l'idée que l'URSS était un capitaliste d'Etat :
« Nous parlons, nous, de "Capitalisme d’État". Car il ne suffit pas de dire qu’une bureaucratie a monopolisé le pouvoir ; il faut comprendre qu’elle s’est appuyée sur des rapports sociaux semblables à ceux du capitalisme, c’est-à-dire la division du travail intellectuels (les dirigeants du Parti, de l’État et des entreprises) -manuels, l’autorité des cadres, la priorité économique à l’accumulation de moyens de production. C’est ça qui est important et non pas l’enveloppe étatique ; que ce soit nationalisé ou pas, planifié ou pas, il y a exploitation du travail. Il n’y avait donc pas une bureaucratie en opposition avec des acquis socialistes dans la société, mais une bureaucratie appuyée sur des rapports capitalistes, donc une nouvelle bourgeoisie. »[39]
Plusieurs réflexions critiques ont eu lieu par la suite :
- En 1997, Catherine Samary écrivait qu'après le constat de l'absence de révolution ouvrière anti-bureaucratique (notamment suite à l'échec de Solidarnosc en 1981), Mandel « aurait dû souligner un contenu dominant anti-ouvrier de l’État soviétique ayant des conséquences majeures. (...) Une révolution sociale était à nouveau nécessaire ».[40]
- En 1999, Charles Post fait un retour critique sur les arguments d'Ernest Mandel.[41]
- En 2007, Antoine Artous revient également sur la théorie de Mandel[42], et Daniel Bensaïd écrit que la bureaucratie au pouvoir a « démontré qu’elle n’était pas en tant que telle un "adversaire" déterminé du rétablissement du capitalisme. »[34]
- En 2017, Antoine Artous revient plus largement sur la théorie de Trotski[19].
2 Conséquences[modifier | modifier le wikicode]
2.1 Défense de l'URSS[modifier | modifier le wikicode]
L'analyse de la nature de l'URSS avait un enjeu politique lorsque ce pays existait encore. Suivant l'analyse de Trotski, l'URSS est malgré la bureaucratie un régime de transition entre capitalisme et socialisme, donc plus avancé au niveau de ses rapports de production (socialistes), et par conséquent progressiste par rapport au capitalisme.
Il en découlait pour la Quatrième internationale la politique de défense de l'URSS. C'est principalement en lien direct avec cette question que le débat sur l'URSS a été mené, surtout après le pacte germano-soviétique et le déclenchement de la Seconde guerre mondiale.
Trotski justifiait par le fait qu'il subsistait des "rapports sociaux ouvriers" le fait de défendre l'URSS contre tout État capitaliste. Il précisait que ce devait être une "défense inconditionnelle", dans le sens où cela ne dépendait pas d'une exigence que les staliniens changent de politique. Pour cette raison, Trotski était réticent à employer le terme d'impérialisme pour caractériser l'expansionnisme de la bureaucratie soviétique, même s'il reconnaissait que c'était une forme d'impérialisme au sens général.
Au début de la Seconde guerre mondiale, Max Shachtman plaide pour passer à une "défense conditionnelle de l'URSS". Il voulait que les trotskistes différencient selon la sitution militaire concrète. Dans le cas de l'invasion par l'armée rouge de la Pologne et de la Finlande, il estimait que les Alliés comme l'Axe étaient deux camps impérialistes, et qu'il fallait donc appliquer le défaitisme révolutionnaire. Dans le cas d'une invasion de l'URSS par des États capitalistes, il disait maintenir la défense de l'URSS.[43]
Le courant autour du SWP anglais a rompu avec cette ligne, et a défendu une ligne « Ni Moscou ni Washington » pendant la guerre froide.
2.2 Régime stabilisé ou menacé ?[modifier | modifier le wikicode]
Trotski considérait que l'URSS était une société instable, prenant même l'exemple d'une boule en équilibre instable au sommet d'une pyramide, devant nécessairement finir par tomber d'un côté (capitaliste) ou de l'autre (socialiste). Il considérait qu'à tout moment, la bureaucratie risquait soit d'être renversée par les travailleurs soviétiques (ce qu'il souhaitait), soit par les capitalistes impérialistes (ce contre quoi il fallait faire front avec elle). Ce raisonnement servait surtout à soutenir la politique de défense de l'URSS. Ce raisonnement était aussi en lien direct avec l'idée que la bureaucratie n'était pas une classe :
« Ne nous trouverions-nous pas dans une situation ridicule si nous donnions à l'oligarchie bonapartiste le nom de nouvelle classe dirigeante quelques années ou même quelques mois avant sa chute honteuse?»[15]
Dans La révolution trahie (1936), il écrivait que "la question du caractère social de l'URSS n'est pas encore tranchée par l'histoire". En septembre 1939, il disait encore que ce régime était « un état de crise aiguë et non un régime stable »[15]. Il écrivait alors que si la guerre ne débouchait pas sur une révolution, cela pourrait signifier l'émergence d'une classe bureaucratique.
Ernest Mandel insistait aussi sur cette instabilité, en soutenant qu'il y avait une contradiction entre la production socialisée et la répartition bureaucratique.
2.3 Révolution politique ou révolution sociale[modifier | modifier le wikicode]
Trotski appelait à une révolution des ouvriers soviétiques contre la bureaucratie. Cette révolution était qualifiée de révolution politique, pour la distinguer d'une révolution sociale. Les principaux moyens de production ayant déjà étés "socialisés", la révolution ne consisterait qu'à prendre le pouvoir politique.
Ante Ciliga rapporte que ce débat existait déjà parmi les trotskistes prisonniers de Staline en 1931-1932 :
« Les uns trouvaient qu'il n'y avait plus de dictature prolétarienne en U.R.S.S., mais que les "fondements économiques de la Révolution d'Octobre subsistaient". Ils en concluaient qu'il fallait faire une "révolution politique" doublée d'une "profonde réforme de l'économie". Les autres "négateurs" dont j'étais croyaient que non seulement l'ordre politique, mais aussi l'ordre social et économique étaient étrangers et hostiles au prolétariat. Aussi envisagions-nous une révolution non seulement politique, mais aussi sociale qui ouvrirait la voie au développement du socialisme. Selon nous la bureaucratie était une vraie classe et une classe hostile au prolétariat »[22]
Au sein de la Quatrième internationale, lors de son contre-rapport sur l'URSS en 1937, Yvan Craipeau a critiqué cette notion, en disant que « dénier à cette révolution prolétarienne le nom de révolution sociale, reste du domaine de la casuistique »[23]. Il reconnaissait que la révolution « sera facilitée par la structure économique de l'U.R.S.S., progressive par rapport aux pays capitalistes », mais disait que ce ne serait pas moins une révolution sociale que lors de la saisie par les travailleurs d'un trust déjà nationalisé comme les chemins de fers.
2.4 Contre-révolution[modifier | modifier le wikicode]
Pour Trotski, seule une « contre-révolution sociale » (par des bourgeois de l'intérieur ou des impérialistes) pouvait défaire ce qu'avait fait la révolution d'Octobre. Daniel Bensaïd écrit en 2007 :
« L’hypothèse d’une restauration du capitalisme comme « contre-révolution sociale » évoque en effet une symétrie événementielle entre la révolution d’octobre et cette contre-révolution. Or, et c’est l’intérêt de la notion analogique de Thermidor, une contre révolution n’est pas une révolution en sens contraire (une révolution inversée), mais le contraire d’une révolution, non pas un événement symétrique à l’événement révolutionnaire, mais un processus. »[34]
3 Les autres "pays communistes"[modifier | modifier le wikicode]
Des controverses similaires touchent la nature des démocraties populaires, de la nature de l'État Chinois, de la nature de l'État Cubain, etc. Le cas de l'URSS est cependant généralement considéré à part, ne serait-ce que parce la révolution de 1917 est considérée par les communistes dans leur ensemble comme une authentique révolution socialiste.
Certains courants ont utilisé la notion d'État ouvrier déformé pour ces pays.
Enfin, il est à noter que ces divergences d'analyse ont conduit à des politiques différentes, notamment sur le sujet également polémique de la défense de l'URSS.
4 Notes[modifier | modifier le wikicode]
- ↑ Lénine, L'État et la Révolution, 1917
- ↑ 2,0 et 2,1 Lénine, Sur l’infantilisme de ’’gauche’’ et les idées petites-bourgeoises, 5 mai 1918
- ↑ 8e congrès du P.C. (b)R., 18-23 mars 1919
- ↑ Lénine, L'économie et la politique à l'époque de la dictature du prolétariat, 30 octobre 1919
- ↑ Léon Trotski, Cours Nouveau, 1923
- ↑ Lénine, Les syndicats, la situation actuelle et les erreurs de Trotski, 30 décembre 1920
- ↑ Lénine, Discours sur les syndicats, 14 mars 1921
- ↑ Lénine, XIe congrès du PCR(b), 27 mars 1922
- ↑ 24 avril 1929, in Trotski, Ecrits, T 1, M. Rivière, Paris 1955, p. 70.
- ↑ Léon Trotski, L'Internationale Communiste après Lenine, 1928
- ↑ Trotski, Lettre à Borodai, mai 1929
- ↑ Trotski, The problems of the development of the U.S.S.R, 1931
- ↑ Trotski, Bolchevisme contre stalinisme, 1935
- ↑ 14,0 et 14,1 Trotski, Un État non ouvrier et non bourgeois ?, 25 novembre 1937
- ↑ 15,0 15,1 15,2 15,3 et 15,4 Trotski, L'U.R.S.S. dans la guerre, 25 septembre 1939
- ↑ Léon Trotski, Programme de Transition - L'URSS et les tâches de l'époque de transition, 1938
- ↑ Léon Trotski, La Révolution trahie, 1936
- ↑ Léon Trotski, Défense du marxisme, 1937-1940
- ↑ 19,0 et 19,1 Antoine Artous, Trotski et l’analyse de l’URSS, Contretemps, octobre 2017
- ↑ Lucien Laurat, L'économie soviétique : sa dynamique, son mécanisme, Valois, 1931
- ↑ Simone Weil, Conversation avec Trotski, 1933
- ↑ 22,0 22,1 et 22,2 Ante Ciliga, Au pays du mensonge déconcertant, 1939
- ↑ 23,0 et 23,1 Yvan Craipeau, Contre-rapport au IIe Congrès du POI, novembre 1937
- ↑ Trotski, Une fois de plus: l'U.R.S.S. et sa défense, 4 novembre 1937
- ↑ Lutte ouvrière, L'étatisation et la planification sont-ils des critères de classe d'un État ?, Lutte de Classe n°9 - novembre 1967
- ↑ Tony Cliff, The Nature of Stalinist Russia, 1948
- ↑ Tony Cliff, Le Capitalisme d'État en Russie, 1955
- ↑ Tony Cliff, La révolution permanente déviée, 1963
- ↑ C. Castoriadis, Les rapports de production en Russie, mai 1949
- ↑ Natalia Sedova-Trotski, Déclaration de rupture avec la IV° Internationale, 1951
- ↑ Ignacio Iglesias, Bureaucratie et capitalisme d’Etat, 1951
- ↑ Ignacio Iglesias, L’URSS: de la révolution socialiste au capitalisme d’Etat, 1952
- ↑ Critique de la théorie de la révolution permanente, Programme Communiste, numéro 57, octobre-décembre 1972
- ↑ 34,0 34,1 et 34,2 Daniel Bensaïd, Trente ans après : introduction critique à l’Introduction au marxisme d’Ernest Mandel , 2007
- ↑ Pierre Naville, À propos du « salaire socialiste », 1972
- ↑ 36,0 et 36,1 Ernest Mandel, Bureaucratie et Production Marchande, 1987
- ↑ Ernest Mandel, Où va l’URSS de Gobartchev ?, 1989
- ↑ Mansoor Hekmat, L’expérience de la révolution ouvrière en Union soviétique, 1986
- ↑ OCML-VP, Le socialisme : une question d’actualité, avril 1992
- ↑ Catherine Samary, Les Conceptions d'Ernest Mandel sur la Question de la Transition au Socialisme, 1997
- ↑ Charles Post, “Ernest Mandel et la théorie marxiste de la bureaucratie”, Le marxisme d’Ernest Mandel, sous la direction de Gilbert Achar, 1999
- ↑ Antoine Artous, Ernest Mandel et la problématique des États ouvriers, août 2007
- ↑ Max Shachtman, The Soviet Union and the World War, 1940