Moyen-Âge européen

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Un prêtre, un chevalier et un serf, représentant les trois ordres de la société médiévale

Le Moyen-Âge en Europe est une époque historique s'étant à peu sur un millénaire (500-1500), de l'Antiquité jusqu'à la Renaissance.

A cet époque domine le mode de production féodal, qui succède (pour les pays qui étaient sous domination romaine) à l'esclavagisme antique. Si la féodalité au sens strict s'étend d'environ 877 à 1500, les rapports d'exploitation que les marxistes appellent féodalisme seront encore dominants jusqu'à la révolution industrielle donnant naissance au capitalisme.

1 Caractéristiques[modifier | modifier le wikicode]

Le mode de production féodal domine pendant le Moyen-Âge.

L’agriculture constitue la principale source d’emploi (environ 80%), de revenus, de valeur de la production. La population vit donc essentiellement en milieu rural (avec un taux de mortalité qui implique globalement une stagnation démographique). La production non comestible repose essentiellement sur le textile et quelques outils, avec un artisanat local travaillant surtout en lien avec les activités agricoles.

La richesse de la classe dominante (nobles, haut clergé...) repose sur la propriété foncière. La circulation monétaire et le commerce de longue distance sont faibles, les voies de communication sont de mauvaise qualité et dangereuses (comparées à celles de l'Empire romain par exemple). Les marchés et les pouvoirs politiques sont très éclatés. Il en résulte une hiérarchie sociale fossilisée et un rapport personnel de propriété, particulièrement entre seigneurs et serfs.

Même si certaines techniques ont été perdues par rapport à l'Antiquité, des progrès techniques ont été accomplis durant le Moyen-Âge, en particulier dans l'agriculture :

Le mode de production de l'Antiquité ne favorisait pas les progrès dans l'agriculture, car les grands propriétaires pouvaient compter sur le travail de nombreux esclaves.

2 Historique[modifier | modifier le wikicode]

Il serait bien sûr ridicule de chercher à donner des dates précises pour des processus si étalés dans le temps. Les découpages ci-dessous sont donc grossiers et visent seulement à donner des repères.

2.1 Déclin de l'Empire Romain d'Occident[modifier | modifier le wikicode]

2.1.1 Éclatement du pouvoir[modifier | modifier le wikicode]

La société féodale est issue de la décomposition de l'Empire romain d'Occident. L'Empire romain décline à la fois pour des facteurs internes (crise du 3e siècle) et externes, avec les grandes invasions (du 3e au 5e siècle).

Le pouvoir effectif de l'Empire Romain d'Occident est perdu vers 455, et officiellement celui-ci n'existe plus en 476.

476eur.jpg

2.1.2 Recul des échanges et des villes[modifier | modifier le wikicode]

Alors que dans l'Empire Romain, une vaste structure juridique et commerciale permettait à une bourgeoisie embryonnaire de se développer, le Moyen-Âge constitue un relatif recul. Le centralisme recule brusquement au profit des pouvoirs locaux, l'économie est plus autarcique. Le poids des villes diminue beaucoup (à l'exception des villes d'Italie du Nord comme Venise). Celles-ci doivent s'enfermer dans des murailles et la diminution des échanges les font décliner.

2.1.3 Reculs ou stagnation culturelle[modifier | modifier le wikicode]

La création savante et culturelle stagne, et elle est plus ou moins conservée selon les lieux et les époques.

Du 6e au 8e siècle, la péninsule ibérique (bibliothèque sévillane...) en est un sanctuaire. Dans les îles britanniques, les monastères se développent fortement dès le 6e siècle et font eux-aussi œuvre de conservation.

Les monastères auront une influence double sur la culture antique. Quasiment les seuls gardiens des écrits, ils lui feront traverser le temps, mais parfois des écrits antiques sont utilisés comme brouillons, jugés inutiles et le papier étant rare.

2.1.4 Rôle du clergé catholique[modifier | modifier le wikicode]

L'institution de la papauté de Rome est parvenu à survivre à la chute de l'Empire romain. Elle devient une autorité religieuse transnationale, alliée de toutes les classes dominantes de l'Europe féodale (ce qui n'excluait pas des rivalités).

Le clergé lié à la papauté fonctionnait globalement comme une bureaucratie gérant l'appareil idéologique et les autorités gérant l'ordinaire (pouvoir spirituel et pouvoir temporel). Même si l’Église avait aussi la gestion directe de terres rapportant des rentes bien matérielles.

De manière simplifiée on peut dire que l'idéologie dominante dans l'essentiel de l'Europe féodale était le catholicisme romain, en particulier les idées de Thomas d’Aquin selon qui Dieu assigné sa place à chaque humain à sa naissance : roi, seigneur, serf ou esclave, riche ou pauvre. Le riche doit faire l’aumône mais sans diminuer la capacité de sa famille à tenir son rang assigné par le Ciel. Dans ces conditions, toute expérience sociale différente de la pyramide féodale, toute revendication populaire est considérée comme une hérésie.

2.2 Haut Moyen-Âge (500 - 1000)[modifier | modifier le wikicode]

Après une période assez longue et mouvementée de mutation à partir du 5e siècle, l'Europe se stabilise dans une organisation féodale vers l’an mil.

2.2.1 Empire carolingien (800-924)[modifier | modifier le wikicode]

Des liens de vassalité sont néanmoins instaurés, et une pyramide du pouvoir se maintient tant bien que mal. L'Empire carolingien  (800-924) a constitué un cadre politique unifié tant qu'il a pu rester en expansion.

En son sein, une division sociale est devenue très marquée entre les guerriers et les propriétaires terriens. L'essor de l'agriculture a été notamment favorisé par la frappe de la monnaie (argent) et le marché ainsi créé. Les surplus circulaient et rapportaient aux propriétaires terriens ainsi encouragés à augmenter leur productivité, ce qui a été fait avec l'assolement triennal, le collier d'épaules, le soc de charrue, le moulin à eau, etc... Par ailleurs avec les moulins à eau, il y avait moins besoin de disposer de nombreux esclaves.

La stabilité de l'Empire carolingien permet un certain renouveau culturel et attire des érudits de toute l'Europe. Sa chute bloque à nouveau pour un temps la circulation du savoir.

2.2.2 Mise en place de la féodalité[modifier | modifier le wikicode]

Mais lorsque l'Empire n'a plus pu s'agrandir, les seigneurs ne pouvaient plus être entretenus aussi facilement et ont cherché à gagner en autonomie. Les raids Vikings et Sarrasins ont accéléré ce phénomène : en frappant vite et localement, ils rendaient le pouvoir impérial impuissant à résoudre les problèmes d'une population qui a donc été pris sous l'aile des seigneurs locaux. Les paysans esclaves se sont alors majoritairement retrouvés serfs : en échange de protection d'un seigneur, ils lui doivent une partie de leur production. La production de ces "paysans libres" était bien meilleure, et l'idéologie chrétienne ("aucun chrétien ne peut en posséder un autre") était ainsi en accord avec les faits.

Sous le règne de Charles le Chauve, les dernières concessions aux seigneurs sont officialisées. En 843, l'assemblée conciliaire de Coulaines reconnait à la noblesse la « jouissance paisible de leur fonction et de leur bien » et les fiefs deviennent héréditaires par le Capitulaire de Quierzy en 877.

Le servage et la féodalité à proprement parler sont donc en place vers le 9e siècle. Dans les divers royaumes d'Europe, le schéma de la féodalité est assez similaire, avec une noblesse, des serfs et une Église forte. Quelques pourcent de la population sont des nobles qui reçoivent d’un suzerain des terres, des fiefs, à condition de le servir militairement. Au sommet de la pyramide de la noblesse, il y a les rois. L’Église, institution plus ancienne que le féodalisme, constitue une vaste bureaucratie; elle est le plus grand propriétaire terrien. Sa hiérarchie est ouverte de façon privilégiée (mais non exclusive) aux nobles. L’Église fournit au féodalisme des justifications religieuses — une idéologie — et les intellectuels dont il a besoin.

« La féodalité ne fut nullement apportée toute faite d'Allemagne, mais elle eut son origine, du côté des conquérants, dans l'organisation militaire de l'armée pendant la conquête même, et cette organisation se développa après la conquête, sous l'effet des forces productives trouvées dans les pays conquis, pour devenir seulement alors la féodalité proprement dite. L'échec des tentatives faites pour imposer d'autres formes nées de réminiscences de l'ancienne Rome (Charlemagne, par exemple) nous montre à quel point la forme féodale était conditionnée par les forces productives.  »[1]

2.2.3 Fin de l'esclavage[modifier | modifier le wikicode]

Globalement, l'esclavage était déjà en déclin sous l'Empire Romain. Mais le recours à l'esclavage est plus ou moins intensif selon l'organisation économique de telle ou telle région. Vers le Nord (Îles britanniques, France, Germanie...) l'esclavage est virtuellement aboli vers les 8e et 9e siècles. Il est à la fois remplacé par le servage et quelques avancées techniques (chaque meule d'un moulin à eau peut moudre 150 kg de blé à l'heure ce qui correspond au travail de 40 esclaves[2]).

L’Église et ses différentes structures (abbayes, monastères...) ont également détenu des serfs et même des esclaves. Néanmoins elle a eu tendance à pousser (timidement) dans le sens de la transformation de l'esclavage en servage, et de l'assouplissement de la servitude sur les serfs. Elle tendait à accorder aux serfs un certain nombre de droits, notamment ceux relatifs à l'héritage et au mariage.

Dans l'Europe du Sud, l'esclavage de type antique se maintiendra encore un certain temps, tandis que dans l’Est (Oural, Volga...) et le Nord (Écosse, Frise...), des rapports de type tribaux ou nomades restaient vivaces. De plus, un peu partout se trouvaient des paysans libres, "allodiaux", et notamment dans les régions de montagne. Dans des régions marquées par la civilisation romaine (par exemple dans le Midi occitan), le droit reste écrit et les paysans généralement propriétaires à 100% des terres.

2.3 Bas Moyen-Âge (1000 - 1500)[modifier | modifier le wikicode]

2.3.1 Essor commercial et urbain[modifier | modifier le wikicode]

Aux 10e et 11e siècles a lieu ce qu'on pourrait appeler une "révolution commerciale". Une bourgeoisie commerçante va peu à peu se former et commencer à avoir un impact important sur la société. Le développement marchand provoque du 11e au 15e siècles une crise d’adaptation des cadres politiques et sociaux de la féodalité.

Le développement de l'artisanat et du commerce s’opère hors des seigneuries rurales : dans les villes, en particulier ports, nœuds de communication, sites de grandes foires. Des villes républicaines, se gouvernant elles-mêmes, jouissant d’une certaine indépendance vis à vis des pouvoirs centraux. Ce milieu urbain génère des rapports sociaux plus démocratiques, plus favorables à l’émancipation juridique, sociale et culturelle. Des rapports capitalistes apparaissent dans les interstices du féodalisme.

Ainsi les habitants des villes obtiennent très tôt des chartes par lesquelles les seigneurs reconnaissent aux Communes différents droits individuels et collectifs. Même si le développement urbain mine progressivement les bases de la domination des seigneurs féodaux, ces derniers se retrouvent le plus souvent à accompagner le mouvement en misant sur le court terme. Par exemple quand ils soutiennent les droits d'une Commune pour nuire à un seigneur rival. Les urbains, particulièrement les marchands, essaient de construire des administrations locales répondant à leur intérêt économique et politique (entretien des voies de communication, protection des échanges, crédibilité de la monnaie...).

Le midi occitan fut également un lieu de développement important aux 12e et 13e siècles. Il est composé de pays très indépendants, prêtant hommage ici ou là selon leurs intérêts (royaumes d’Aragon, de France, d’Angleterre...). En 1134, ils participent à l’élection de l’empereur d’Espagne à Saragosse. En 1166, le Béarn, la Bigorre, Comminges, Foix, Cahors, Rouergue, Gévaudan, Septimanie (Languedoc) et Provence rendent hommage au roi d’Aragon Alphonse II. En 1173, Raymond V de Toulouse, principal seigneur du Midi prête hommage au roi d’Angleterre pour recevoir son appui. Cette autonomie s’explique par un type de société nettement moins féodal que dans le royaume de France par exemple. Ainsi, il n’existe pratiquement pas de servage des paysans ni de corvées ; leurs possibilités d’ascension sociale sont importantes ; les seigneurs peuvent difficilement vendre des terres sans l’accord du titulaire de la manse. Seulement 5% environ des parcelles ne sont pas des alleux (domaines libres de tout droit féodal). Les bourgs et villes importantes sont dirigées par des consuls ayant un pouvoir économique (règlementation des marchés...), financier, juridique (droits de justice), et même militaire ; ainsi la Commune de Millau organise des expéditions armées contre des seigneurs des environs. La Croisade des Albigeois et le génocide des cathares mit un sérieux coup de frein à cette particularité régionale.

Le développement marchand s'accompagne d'un développement des forces productives (essentiellement par l'artisanat) d'une série de transformations sociales progressives, et de luttes de classes qui selon leur issue mettent un coup de frein ou d'accélérateur à ces transformations. La bourgeoisie marchande est alors globalement progressiste, luttant pour les libertés communales.

Le processus est essentiellement graduel, mais des révoltes bourgeoises et populaires éclatent dans des villes à la vie industrielle et commerciale avancée lorsque la féodalité ne s’avère pas capable de s’adapter à l’évolution historique. Les Communes sont parfois épaulées par la royauté ou un grand seigneur pour affaiblir un vassal trop remuant ou un rival. Enfin, tout en étant alliés la plupart du temps alliés dans la même catégorie des "bourgeois", les couches urbaines les plus populaires opposent parfois leurs propres intérêts aux riches marchands et patriciens. C'est cet ensemble d'intérêts contradictoires qu'il faut avoir à l'esprit pour comprendre les luttes de classes au Moyen-Âge.

2.3.2 Villes affranchies et villes nouvelles[modifier | modifier le wikicode]

De nombreuses communes reprennent de l'importance en devenant des centres d'échanges et de pouvoir. Certaines sont nommées à cette époque Villefranche, ou Francheville, ou Franqueville (dans le sens de ville affranchie de certaines obligations féodales).

A partir du 12e siècle en France, les libertés communales sont généralement actées par des chartes signées par les suzerains. Paris devient une ville commerciale importante à la fin 12e siècle.

Entre 1222 et 1373, entre 300 et 500 villes nouvelles sont créées dans le Sud-Ouest de la France, les bastides (dont certaines portent encore le nom de La Bastide ou Labastide).

Dès le début du 13e siècle, une proto-industrie drapière s'est développée en Flandre, et se tourne vers le commerce de longue distance (Italie, France, Espagne et, via les marchands italiens, pays de l’Adriatique et d’Orient). On y trouve déjà une forte division du travail (plus de 30 métiers différents dans la fabrication d’un drap) et des détenteurs de capitaux maîtrisant le circuit depuis l’achat des matières premières (laine anglaise) jusqu'à la commercialisation. Leur pouvoir économique leur permet de jouer un rôle politique (échevins). Ainsi, la ville de Douai jouit dès 1188 d’une autonomie très importante (administration, police, justice, pouvoir législatif local, règlementation technique...), et connaît d'importantes grèves ouvrières et émeutes très tôt, par exemple en janvier 1245. Les communes se retrouvent souvent à mettre en place des premières formes de régulations sur les conditions d’embauche des salariés.

L'Europe en 1300

2.3.3 Église et millénarisme[modifier | modifier le wikicode]

Malgré la corruption de ses élites, l'Église avait un rôle social (gestion des hôpitaux, charité avec les ordres mendiants...). Ces courants oscillent entre volontés sincères (et naïves) de certains de ses membres, et instrumentalisation pour redorer l'image du clergé.

Certains penseurs chrétiens dépassaient la simple charité et produisaient des critiques socialisantes, comme Joachim de Flore. Les mouvements populaires et bourgeois se sont quasiment systématiquement appuyés sur des "hérésies" qui professaient une forme ou une autre de millénarisme : imminence des « mille ans de paix sous le règne du Christ », suite au retour du Messie balayant les corrompus, y compris la "mauvaise Église". On peut citer les Albigeois / Cathares au 13e siècle, Wycliff au 14e siècle...

2.3.4 Jacqueries et révoltes[modifier | modifier le wikicode]

En 1347, la Grande Peste réduit tellement la population des campagnes, des bourgs et des villes que la main d’œuvre manque. En milieu rural, les paysans en profitent pour sortir du servage. Les artisans et commerçants des bourgs obtiennent de nouvelles avancées démocratiques, améliorant fréquemment les chartes communales. Partout, les salaires augmentent.

La Guerre de Cent Ans (1337-1453) coûte cher à la royauté et aux féodaux qui augmentent les taxes provoquant des révoltes importantes, comme la Grande Jacquerie de 1358 en France.

La période de s’étendant de 1378 à 1385 fut marquée par une forte combativité populaire, avec de nombreuses révoltes paysannes et plébéiennes :

  • la révolte des Ciompi de 1378 à Florence,
  • 1378 : révoltes contre les impôts dans le sud de la France (Puy, Nîmes, Alès) à Pâques,
  • 1379 : révolte des Chaperons blancs à Gand contre le comte de Flandre
  • 1379 : à nouveau des révoltes contre les impôts (Aubenas, Alès) et des émeutes à Montpellier en octobre
  • 1380 : Révolte de Lübeck
  • Octobre – novembre 1380 : agitation anti-fiscale dans la vallée de l’Oise, à Rouen et à Chartres. Agression d’agents fiscaux à Paris.
  • Février 1381 : émeutes anti-fiscales à Saint-Quentin, Début de la révolte des Tuchins en Languedoc
  • Septembre 1381 : Soulèvement des "Bons amis" à Béziers
  • en Angleterre, la révolte des paysans menée par Wat Tyler en 1381
  • 24 février 1382 à Rouen, Révolte de la Harelle
  • 1382 : Nouvelle révolution à Florence
  • 1382 en Flandre : sous la conduite de Philip Van Artevelde, les tisserands de Gand se soulèvent contre le comte de Flandre et ses soutiens français
  • 1er mars 1382 Révolte des Maillotins à Paris, puis jusqu'à l'été révolte générale dans le Nord de la France au cri de « vive Gand ! vive Paris ! ». Mais le 11 janvier 1383 voit la reprise en main par le duc Jean sans Peur de Bourgogne : exécution des meneurs de la Harelle et des Maillotins, occupation de Paris et Rouen par l’armée royale. Les institutions municipales sont supprimées dans de nombreuses cités jusqu’en 1389. A Paris, la prévôté des marchands est supprimée. Le roi n’accorde son pardon que contre d’énormes amendes (800 000 francs en Auvergne).
  • 1383 : Soulèvement réussi des Gênois
  • 1384 : Révolution de Lisbonne
  • 1384 : Mobilisation en Bohême contre le roi Venceslas de Luxembourg, dit ’L’Ivrogne". Il fait appel à des troupes allemandes « pour maintenir ses sujets dans l’obéissance, et fait périr les mécontents sur la place publique » (George Sand, Zizka). Cette lutte présente une grande importance car elle annonce et prépare le soulèvement hussite.
  • 1385 : Victoire des confédérés suisses sur l’empereur à Sempach
  • 1385 : de nombreuses luttes éclatent en Aragon

Ces mouvements des années 1378-1385 auront des répercussions sur ceux qui suivront (c’est par exemple le cas de la révolte anglaise de 1381 sur les hussites). Signalons :

Aux 14e et 15e siècle eut lieu ce que l'on appelle la crise du Moyen-Âge espagnol. L'absolutisme s'y renforce progressivement, de même que l'organisation populaire locale (Hermandad, Somaten), au détriment de la petite noblesse. Un peut citer notamment la Gran Guerra Irmandiña.

2.3.5 Essor culturel[modifier | modifier le wikicode]

Le développement des échanges engendre aussi un renouveau culturel :

  • Dès le 10e siècle, la renaissance ottonienne
  • Les écoles monastiques sont concurrencées par les écoles épiscopales au 12e siècle, puis par les universités au 13e siècle.
  • Les sciences et la philosophie acquis de la part de la civilisation arabo-musulmane, ainsi que des auteurs grecs, viennent compléter les sept arts libéraux, sans les supprimer.
  • Dès le 12e siècle, la scolarisation des jeunes se développe dans les villes, à travers les universités (auparavant l'enseignement était réservé aux clercs).

2.3.6 Croisades[modifier | modifier le wikicode]

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Neil Faulkner, Les croisades - une analyse marxiste, 2006

2.3.7 Les républiques médiévales[modifier | modifier le wikicode]

En 1714, seules quelques ilôts de républiques petite-bourgeoises (bleu) existent au milieu de grands pays monarchiques (rouge).

Le recul de la centralisation étatique et l'insécurité sur les voies commerciales terrestres favorise les cités-États commerçantes d'Italie (Amalfi, Gênes, Venise...). Les Croisades accroissent leur rôle et l’importance de leur réseau tout autour de la Méditerranée et même de la Mer Noire. Elles avaient suffisamment de richesses pour se défendre et pour obliger les monarchies européennes à respecter leur indépendance. Ces « républiques maritimes » étaient dirigées par les corporations locales, sous une forme de république oligarchique. À la fin du 14e siècle, Venise était l'État le plus riche d'Europe.

Paradoxalement, ce sont dans ces villes marchandes que l'esclavage connaît un nouvel essor, particulièrement en Catalogne et en Italie entre les 13e et 15e siècles. Gênes et Venise sont les plus grands marchands d'esclaves à cette époque. Les marchands vénitiens, bien que de religion chrétienne, ne voient pas d'objection à vendre des païens slaves aux musulmans. Venise conserve le souvenir de ce fructueux commerce dans le nom d'un quai célèbre à l'extrémité du Grand Canal : le quai des Esclavons (nom sous lequel étaient désignés à l'époque les Slaves). C'est l'époque où, dans les langues occidentales, le mot « esclave » ou « slave » se substitue au latin « servus » pour désigner les travailleurs privés de liberté.[3]

3 Transition du féodalisme au capitalisme[modifier | modifier le wikicode]

4 Un âge obscur ?[modifier | modifier le wikicode]

Il y a certes une part objective de "recul social" avec la dégénérescence de l'Empire Romain et la généralisation en Europe de l'organisation féodale. Mais l'image que nous avons de "1000 ans de stagnation dans l'obscurantisme" est un produit de l'idéologie bourgeoise, servant à embellir le rôle de la bourgeoisie comme « classe progressiste ».

4.1 Condition des femmes[modifier | modifier le wikicode]

Au Moyen-Âge, la condition des femmes comme celle des opprimés en général était soumise à une grande part d'arbitraire, étant donnée la faiblesse du droit. Mais l'historiographie dominante (bourgeoise) tend à caricaturer les sociétés antérieures pour mieux se valoriser, et ainsi elle occulte certains aspects plus favorables aux femmes, et que le développement capitaliste a eu tendance à affaiblir. Par exemple :

  • Les femmes paysannes étaient surtout cantonnées au foyer, mais elles y réalisaient du travail productif (fabrication de vêtements, de bougies...) qui valorisait leur rôle face au travail productif des maris. Il était par ailleurs fréquent qu'elles aident également au travail des champs.
  • Les femmes des villes avaient souvent le droit de vote aux élections consulaires, depuis l'autonomisation des bourgs, et cela fut supprimé en 1791.
  • Des nonnes ont été appelées "virago" pour signifier qu'elles avaient "atteint" l'égalité avec des moines. Ce terme était utilisé depuis l'Antiquité pour désigner les figures (souvent mythiques) de femmes s'étant surpassées pour atteindre les "vertus vririles". Dans la renaissance italienne, les femmes cultivées qui impressionnaient leurs homologues masculins recevaient aussi le qualificatif de "virago", qui était alors un suprême compliment.
Sculpture d'Hildegarde de Bingen à Eibingen

Au 11e siècle, l'idéologie dominante dans le clergé se fonde sur la lutte contre la dépravation des mœurs. Le corps, « abominable vêtement de l’âme », est diabolisé, et la femme en particulier est décrite comme une tentatrice et un obstacle à la spiritualité. Paradoxalement cette idée est portée par des courants comme les cisterciens qui véhiculent aussi à travers leur ascétisme un certain idéalisme égalitaire. Mais d'autres voix minoritaires se font entendre, comme celle de Hildegarde de Bingen, une religieuse et poétesse qui fait à la fois scandale par ses discours très libres sur la sexualité et qui à la fois était respectée (elle s'appuyait notamment sur des justifications théologiques) et consultée.[4]

Le développement de la galanterie et de l'amour courtois vers le 12e siècle a fait reculer les formes les plus brutales de domination au sein de la noblesse, dans une époque où viols et enlèvements étaient banalisés.[5]

En 1380, Mathieu de Boulogne-sur-Mer écrit une charge misogyne, Les Lamentations, à laquelle répondent Jehan le Fèvre de Ressons par Le livre de Leësce, et La cité des dames de Christine de Pizan.

Entre les 15e et 17e siècle, une chasse aux sorcières assez massive eut lieu dans l'Europe et l'Amérique chrétienne. Le terme plus exacte serait « procès en sorcellerie », car c'est un phénomène plus large, fait de superstitions populaires et de rivalités de voisinage, qui touchait aussi beaucoup d'hommes (voire une majorité d'hommes dans certains pays)[6][7]. Mais il est clair que c'est la combinaison de ce phénomène avec le patriarcat qui explique que la majorité des accusé·es de sorcellerie ait été des femmes. Silvia Federici fait par ailleurs un rapprochement entre ce mouvement et celui des enclosures.[8]

En même temps que vont s'affirmer les monarchies absolues en Europe, on verra une réaffirmation de la domination masculine, par exemple dans la grammaire (établissement de la règle "le masculin l'emporte sur le féminin").

Les philosophes des Lumières étaient majoritairement misogynes, mais parmi eux certains défendaient l'égalité, l'accès à l'éducation pour les femmes et dénonçait leur oppression comme venant de l'Église.

Vers la fin du 17e siècle, une pratique apparaît en Angleterre, celle de vendre des épouses. Elle perdurera jusqu'au début du 20e siècle.

Selling a Wife (1812–1814), de Thomas Rowlandson

4.2 Famines[modifier | modifier le wikicode]

5 Notes et source[modifier | modifier le wikicode]

  1. K. Marx - F. Engels, L'idéologie allemande, 1845
  2. Jean Gimpel, La révolution industrielle du Moyen Age, Paris, Seuil, 1975, p. 149-150.
  3. Herodote.net, 610 à 1492 - L'esclavage dans le Moyen-Age
  4. Plume d'histoire, Hildegarde de Bingen et la sexualité féminine, 27 février 2016
  5. Pascale Bourgain, Le malheur d’être femme : de la désinvolture à la compassion dans la littérature médiévale, janvier 2016
  6. L'Express, Alison Rowlands : "Dans les procès en sorcellerie, les hommes aussi étaient poursuivis", 02/10/2022
  7. Yann Kindo, Christophe Darmangeat, Caliban et la sorcière, ou l’Histoire au bûcher (1/2), 10 décembre 2017
  8. Federici, Silvia,, Caliban et la Sorcière : Femmes, corps et accumulation primitive, Entremonde, impr. 2014, 459 p. (ISBN 978-2-940426-31-7, OCLC 892816065, lire en ligne)