Sexisme dans le langage
Il existe des reflets du sexisme dans le language, écrit ou oral, avec des degrés divers selon les langues et leur histoire.
1 Un reflet d'une domination bien réelle[modifier | modifier le wikicode]
Si le langage est sexiste, ce n'est pas un hasard. L'explication matérialiste est que la société est depuis longtemps sexiste (patriarcale). Ce que disait Marx de l'idéologie dominante (« les pensées de la classe dominante sont aussi, à toutes les époques les pensées dominantes »[1]) est vrai aussi des rapports de domination du sexe masculin. Une des expressions concrètes de la pensée dominante est bien évidemment le langage.
2 Masculin comme genre neutre[modifier | modifier le wikicode]
En français, le masculin est employé comme genre neutre, et par conséquent c'est le féminin qui est le genre "marqué". "L'oblique par rapport à la droite" disait Simone de Beauvoir. Par exemple, si l'on parle d'un groupe comprenant des hommes salariés et des femmes salariées, on dit "ces salariés".
Verbalement, les femmes sont donc rendues invisibles dans un groupe humain. Un des moyens de lutter contre cette tendance est la féminisation des textes.
Cela se traduit encore plus nettement dans la règle explicite du "masculin qui l'emporte sur le féminin".
2.1 "Le masculin l'emporte sur le féminin"[modifier | modifier le wikicode]
Beaucoup de langues ont en commun d'adopter une même règle de grammaire sexiste pour l'accord des adjectifs, la règle "le masculin l'emporte sur le féminin". Ainsi, en français on écrit "Les hommes et les femmes sont beaux."
Cette règle est pourtant datée. On ne la trouve pas dans des langues antiques comme le grec ou le latin, où l'on adoptait plutôt la règle de proximité : l'adjectif s'accorde selon le genre du nom le plus proche ("Les femmes et les hommes sont beaux" / "Les hommes et les femmes sont belles"). Dans l'ancien français, l'usage de la règle de proximité était encore majoritaire. On peut aussi constater que les enfants tendent spontanément à employer la règle de proximité, pour des raisons d'euphonie ("ça sonne mieux").
C'est au 18ème siècle que la règle du masculin est affirmée, dans une période d'absolutisme triomphant où les hiérarchies traditionnelles sont lourdement réaffirmées. "Lorsque les deux genres se rencontrent, il faut que le plus noble l'emporte", affirme l'abbé Bouhours en 1675. "Le genre masculin est réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur la femelle", complète élégamment, en 1767, le grammairien Nicolas Beauzée.
C'est pourquoi aujourd'hui des féministes réclament que l'on revienne à la règle de proximité, pour qu'il n'y ait plus de contradiction entre l'affirmation de l'égalité hommes-femmes en droit, et sa négation dans le langage.
A noter également que l'Office québécois de la langue française évoque, pour l'accord de l'adjectif, deux constructions : la règle " habituelle ", qui veut que le masculin l'emporte sur le féminin, et la règle de proximité, qui n'est pas " incorrecte grammaticalement ".
3 Féminisation - dévalorisation[modifier | modifier le wikicode]
Exemple : "femmelette", "tapette"...
Insultes sexistes complètement banalisées comme "putain"
4 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]
Genre, le désaccord, Le Monde, 14/01/2012
Marina Yaguello, Les Mots et les femmes, 1978