Louis Blanc

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Louis Blanc by Carjat 1848.jpg

Louis Jean Joseph Blanc (1811-1882) est un journaliste et historien socialiste français, qui fut membre du gouvernement provisoire de 1848 et député sous la Troisième République.

Il est le premier à avoir employé la formule qui sera reprise par Marx pour décrire le communisme : De chacun selon ses facultés à chacun selon ses besoins.

C'est un républicain réformateur, convaincu que la démocratie pouvait apporter le socialisme sans lutte de classe, par une aide de l'État pour mettre en place des « associations ». Il est connu pour avoir essayé de mettre en place des Ateliers sociaux pendant la Révolution de 1848.

Son socialisme peut être rattaché au socialisme utopique.[1]

1 Biographie[modifier | modifier le wikicode]

1.1 La découverte de la vie ouvrière et du journalisme[modifier | modifier le wikicode]

Louis Jean Joseph Blanc naît à Madrid le 29 octobre 1811.

Fils d'un haut fonctionnaire impérial, Jean Charles Louis Blanc, et frère de Charles Blanc, Louis Blanc fait de brillantes études au collège de Rodez lorsqu'il perd sa mère. Son père devient fou. Chef de famille à 19 ans, il quitte le collège et se rend, avec son frère, à Paris. Lors de son voyage la nouvelle de la Révolution de Juillet (1830) le surprend.

Pour survivre, le jeune Louis Blanc donne des cours et effectue des travaux de copie. Puis grâce à des relations familiales il trouve une place de précepteur dans la famille d'un industriel d'Arras, foyer de la Révolution industrielle en France. Ce poste (1832-1834) lui permet de visiter la fonderie Hallette (600 employés), qui fabrique des locomotives et des presses hydrauliques.

Témoin des conditions de vie du prolétariat, il abandonne définitivement ses positions légitimistes (royalistes) en s'approchant des idées socialistes. Revenu à Paris, il devient journaliste, collaborant au quotidien Le Bon Sens, journal d'opposition à la Monarchie de Juillet. Puis il collabore au National, où il essaie de gagner la petite et moyenne bourgeoisie à la prise de conscience de sa propre perte au profit de la haute bourgeoisie financière dans un schéma concurrentiel. Il y développe l'idée d'un véritable suffrage universel. L'insurrection lyonnaise de 1834 voit l'écrasement du mouvement républicain par le gouvernement. Louis Blanc s'associe à cette démarche et publie des articles en faveur des accusés.

En 1839, il fonde la Revue du Progrès, publiant la même année L'Organisation du travail, dans lequel il présente l'Association comme réponse à la question sociale. Il s'y attaque en effet à la concurrence désordonnée, préconisant un système d'associations à but lucratif contrôlées par l'État démocratique la première année seulement. Selon lui, ce système est nécessaire, car la concurrence entre entrepreneurs mène inéluctablement au monopole et, parallèlement, à la paupérisation de la collectivité, tandis que la concurrence sur le marché du travail crée une spirale appauvrissante. C'est dans ce texte qu'il écrit :

« L'égalité n'est donc que la proportionnalité, et elle n'existera d'une manière véritable que lorsque chacun […] produira selon ses facultés et consommera selon ses besoins. »

Avec la Revue du Progrès, Louis Blanc ambitionne d'en faire une tribune ouverte aux diverses tendances de l'opinion républicaine, mais il ne parvient pas à avoir une large audience dans les classes populaires. Les doctrines défendues par la Revue sont très avancées, Louis Blanc défendant un système parlementaire démocratique (suffrage universel s'exprimant annuellement) et monocaméral (l'Assemblée nationale représentant fidèlement la Nation). Il se fonde sur le mode de scrutin proportionnel élaboré par Hare, défend la responsabilité politique de l'Assemblée qui nomme en son sein les membres de l'exécutif, ainsi que le double examen en matière législative (double lecture et vote par l'Assemblée). Globalement, il défend dans son œuvre un projet de social-démocratie en préconisant la réorganisation du travail et le partage équitable des profits certes, mais également des pertes le cas échéant.

Il rencontre d'ailleurs Louis Napoléon Bonaparte emprisonné au fort de Ham et, pensant l'avoir convaincu de la pertinence de ses idées, va le défendre devant la chambre des pairs après sa tentative putschiste de Boulogne en 1840.

Louis Blanc se fait aussi une réputation d'historien pamphlétaire en publiant en 1841 L'histoire de dix ans (1830 à 1840), très critique à l'égard des premières années de règne de Louis-Philippe et encensant au contraire les Républicains.

En 1843 il entre au comité de direction du journal La Réforme aux côtés de républicains tels que Ledru-Rollin, Lamennais, Schœlcher ou Cavaignac. Il y développe ses deux idées centrales, l'Association et le Suffrage universel.

1.2 1848 : l'heure de l'engagement concret[modifier | modifier le wikicode]

Louis Blanc au Luxembourg

La Réforme et Le National espèrent voir s'ouvrir les cercles du pouvoir jalousement gardés par le gouvernement Guizot dont la majorité est confirmée par les élections de 1846 ; d'où une propagande accrue pour revendiquer la réforme électorale à travers la Campagne des Banquets. Ces réunions dans toute la France réunissent différents courants: Louis Blanc est à la tête des négociateurs radicaux, défendant le suffrage universel et la représentation proportionnelle de la Nation par l'Assemblée nationale.

Les talents d'orateur de Louis Blanc sont célébrés durant le banquet de Dijon où il déclare : « Quand les fruits sont pourris, ils n'attendent que le passage du vent pour se détacher de l'arbre ».

La campagne des Banquets prend alors une allure que nombre de ses fondateurs n'a pas prévue. Un banquet doit avoir lieu à Paris le 22 février 1848 mais le gouvernement l'interdit. Sous l'impulsion de Louis Blanc, les membres les plus engagés se réunissent néanmoins, et le banquet se prolonge le jour suivant, renforcé par l'appui de la garde nationale. Guizot démissionne. Le soir même éclate une fusillade devant le ministère des Affaires étrangères. Les barricades gagnent toute la ville.

Louis-Philippe Ier abdique en faveur de son petit-fils, le comte de Paris et part en Normandie. Un gouvernement provisoire composé de Dupont de l'Eure, Ledru-Rollin, Flocon, Marie, Garnier-Pagès, Lamartine et Louis Blanc est formé. Cette liste résulte d'un compromis avec les membres du journal Le National et de La Réforme. Ils se rendent à l'Hôtel de ville et proclament la République souhaitée par les insurgés.

Le 26 février, Louis Blanc soutient, avec Lamartine, l’abrogation de la loi sur la peine de mort en matière d'infraction politique.

1.3 Le droit au travail et les Ateliers sociaux[modifier | modifier le wikicode]

Sous la pression d'ouvriers parisiens dans la salle des Séances le gouvernement provisoire publie un décret rédigé à la hâte par Louis Blanc (auquel s'oppose Lamartine) garantissant le droit au travail : « Le gouvernement provisoire de la République s'engage à garantir l'existence des ouvriers par le travail. Il s'engage à garantir le travail […] à tous les citoyens. Il reconnaît que les ouvriers doivent s'associer entre eux pour jouir du bénéfice légitime de leur travail. »

Le gouvernement provisoire ne fait rien pour essayer de tenir sa promesse. La Révolution a pourtant été faite en ce sens. Une manifestation éclate le 28 février. On y réclame, de nouveau, l'organisation du travail et un ministère du Progrès. La majorité du gouvernement s'oppose à ces nouvelles revendications.

Les manifestants doivent se contenter d'une Commission pour les travailleurs, laquelle doit siéger au palais du Luxembourg. Après négociations, Louis Blanc accepte à contrecœur la présidence de cette Commission du Luxembourg, privée de budget propre, alors qu'il demandait, conformément aux vœux des révolutionnaires, un Ministère du travail doté d'un budget spécifique.

Dans l'esprit de Louis Blanc, ce devait être une sorte de « parlement du travail » pour annoncer les lois sociales que l'assemblée constituante n'aurait plus qu'à ratifier. Louis Blanc s'y voue totalement et parvient, avec beaucoup de difficultés, à mettre en place de nombreux projets. Des milliers d'associations ouvrières de production sont créées, le papier monnaie utilisé pour les échanges entre les associations est aussi utilisé dans les commerces (à Paris notamment).

Par ailleurs, dès la première séance au Luxembourg Louis Blanc s'attache à limiter la journée de travail à 10 heures par jour à Paris et à 11 heures en Province et supprime le marchandage à moins qu'il ne soit du fait des ouvriers. Il obtient la suppression du livret d'ouvrier, et arbitre également de nombreux conflits entre entrepreneurs et employés.

Enfin, la Commission propose la formation d'ateliers sociaux dont la mise en place passerait par un crédit d'État à taux zéro et dont l'objectif serait d'assurer un emploi aux travailleurs correspondant à leur compétence. De surcroît, le partage à égalité des bénéfices entre associé-travailleurs est un préalable à l’aide publique.

Or, Marie est chargé de la réalisation, en parallèle et contre Louis Blanc, des ateliers nationaux dont l'objectif à court terme est d'apporter du travail aux pauvres : travaux de terrassement par exemple, non productifs et ne correspondant pas à la formation des personnes qui y travaillent. Ceci n'a rien à voir avec les ateliers sociaux dont l'objectif est de proposer du travail correspondant au savoir des travailleurs dans une dynamique industrielle à long terme. Louis Blanc et ses ateliers sociaux s'inscrivent dans la logique économique de l'époque.

Néanmoins, Louis Blanc se heurte très rapidement aux aspirations des membres du gouvernement provisoire. En effet, face à l'influence croissante de Louis Blanc ceux-ci souhaitent sa chute. Le Luxembourg devait prouver l'inefficacité des solutions qu'il propose. Ce n'est pas le cas. Dès lors, ce jeune journaliste est à abattre par tous les moyens. La calomnie fait rage dans les journaux. Il échappe de justesse à deux attentats. Les ateliers nationaux sont abondamment financés (tandis que les ateliers sociaux ne bénéficient d'aucune aide).

Louis Blanc revient sur ces événements dans son Histoire de la Révolution de février 1848 : les causes profondes sont, selon lui, à chercher dans le machinisme qui conduit mécaniquement à la hausse du chômage et à la massification du prolétariat des faubourgs. Blanc décrit ainsi un tableau social proche de celui présenté par le docteur Villermé dans son Tableau de l'état physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie (1840).

Blanc interroge le triptyque républicain Liberté, Égalité, Fraternité à la lumière de cet état de faits : comment parler de liberté chez celui qui est esclave de la faim et de l'ignorance? Où est l'Égalité lorsque le travail des uns fait fructifier l'argent des autres? Comment comprendre la Fraternité lorsque le législateur fait des lois non pas pour protéger les plus faibles (dans le sens du contrat social, c'est-à-dire afin de garantir la vie et pour lutter contre la misère) mais bien au contraire pour garantir au plus fort une liberté dont il est le seul à pouvoir jouir?

1.4 La fermeture des « Ateliers nationaux » et l'exil sous le Second Empire[modifier | modifier le wikicode]

Après le succès des conservateurs aux élections du 23 avril 1848 pour l'Assemblée nationale, il est écarté de la Commission exécutive qui succède au gouvernement provisoire le 10 mai. La majorité conservatrice (ou Parti de l'Ordre), en particulier Jules Favre, tente de le poursuivre en le tenant responsable des manifestation du 15 mai 1848.

Le rôle de Louis Blanc est pratiquement nul pendant les Journées de juin 1848. Il se rend à l'Assemblée qui s'est déclarée en permanence tandis que Falloux propose la dissolution immédiate des Ateliers nationaux.

Louis Blanc n'apprécie guère le général Cavaignac à qui l'on vient de confier la mission de contenir la Révolution. Il n'y retrouve pas les sentiments républicains de son frère (lui qui d'ailleurs va par la suite l'accuser d'avoir laissé la situation s'aggraver pour permettre à l'armée d'effacer sa défaite de février). La situation est extrêmement tendue si bien que Louis Blanc manque d'être tué par des gardes nationaux qui voient en lui le promoteur des Ateliers nationaux. Le président de l'Assemblée, Philippe Buchez, lui offre un refuge au Palais Bourbon.

Une commission est alors nommée pour enquêter sur les journées de juin et elle décide presque aussitôt de remonter aux événements qui se sont déroulés depuis février 1848. Louis Blanc et Ledru-Rollin sont directement visés et le procureur général demande la levée de l'immunité parlementaire de Louis Blanc. Après un discours de Cavaignac, celle-ci est accordée à 6 heures du matin par 504 voix contre 252.

Louis Blanc part à Saint-Denis pour la Belgique. Il gagne Gand. Il y est arrêté puis expulsé pour débarquer en Grande-Bretagne. C’est le début d'un exil de vingt ans.

En avril 1849, la Haute Cour de justice de Bourges, qui juge les participants à la manifestation du 15 mai 1848, condamne par contumace Louis Blanc et cinq autres inculpés à la déportation. Son projet d'ateliers sociaux est ainsi amalgamé par la propagande antisocialiste avec les Ateliers nationaux dont la fermeture provoqua les Journées de Juin.

En 1859, il refuse l'amnistie accordée par un gouvernement qu'il ne reconnaît pas. Le succès considérable de l'Empire inquiète les exilés républicains.

À Londres, Louis Blanc fait des conférences et donne des cours notamment sur la Révolution française dont il écrit l'histoire entre 1847 et 1862. Il devient ami du philosophe John Stuart Mill, auteur des Considérations sur le gouvernement représentatif (1861). Le déroulement de la Révolution de 1848 et l'avènement au pouvoir, par les urnes, de Bonaparte, l'incitent à réviser ses conceptions concernant le mode de scrutin[2]. Dans Le Temps, il présente ainsi le système de Mill[3], qu'il défendra ouvertement en 1873 (« De la Représentation proportionnelle des minorités »[4]). Blanc s'intéresse par ailleurs à la politique anglo-saxonne, s'indignant par exemple du soutien moral apporté par certains conservateurs britanniques aux Sudistes lors de la guerre de Sécession[5].

1.5 Activité maçonnique[modifier | modifier le wikicode]

Durant son exil il sera initié à la loge franc-maçonne « Les sectateurs de Ménés », à Londres. En 1854 il est installé comme 93e du Rite de Memphis et orateur du Souverain Conseil de ce grade. En 1882 il apparaît comme membre actif de la loge « Humanité de la Drôme » à Valence et comme membre d'honneur de la loge « Les libres penseurs du Pecq »[6]

1.6 Le retour de Louis Blanc[modifier | modifier le wikicode]

Caricature de Louis Blanc, décembre 1879.

La défaite de 1870 et la captivité de l'Empereur mettent fin brutalement au Second Empire. Dès le 5 septembre au soir, Louis Blanc se rend à Paris et y apprend la formation du gouvernement provisoire par Gambetta.

De retour sous la Troisième République il n’aura plus le prestige d’antan même s'il effectue sur le terrain partout en France un travail considérable. Louis Blanc est resté très populaire malgré 22 ans d'exil. Son nom est inscrit sur la liste du gouvernement. C'est une charge qu'il refuse. Aux élections à l'Assemblée constituante qui ont lieu pendant l'armistice, il est élu député avec un nombre d'électeurs dépassant même celui de Victor Hugo ou de Gambetta.

Il part ensuite à Bordeaux où il défend le maintien des frontières contre les partisans de la paix immédiate. Ceux-ci l'emportent et Louis Blanc revient siéger à Versailles. Une méfiance réciproque dresse les ruraux défenseurs de la paix et les Parisiens aigris par leurs souffrances inutiles et l'installation du pouvoir politique à Versailles.

Louis Blanc a peu d'influence auprès de ses collègues et les modérés voient en lui, à tort, le dangereux révolutionnaire de 1848: l'homme des Ateliers nationaux. Dans le camp républicain, ses idées d'association sous l'égide de l'État paraissent dépassées en raison de l'influence de Proudhon et de Marx, qui voient dans l'État une superstructure bourgeoise hostile au peuple. Par ailleurs, l'idée de l'Union des classes en raison de leur interdépendance (car du travail de l'un dépend la vie de l'autre, d'où la nécessité d'un partage équitable des profits) est concurrencée par l'idée de lutte des classes. L'évolution du débat est perceptible dans le Manifeste de la Commune auquel Louis Blanc est hostile car il supprime toute politique centralisatrice et équitable. L'unité de la France serait détruite au profit d'un chacun pour soi dévastateur. Même s'il refuse de prendre part à la Commune car il en condamne l'idéologie, il prend la défense du mouvement après la défaite. Il se dresse contre les excès de la répression et dès septembre 1871 il dépose un projet de loi portant amnistie des délits politiques. Il renouvelle sa demande en 1872 puis en 1873. Son âge et son long exil ont atténué son influence. Il arrive cependant avec Gambetta à repousser un projet de loi qui cherche à restreindre, de nouveau, le suffrage universel.

Il est réélu en 1881. Toutefois, du fait de sa santé délicate, il laisse souvent à Clemenceau le soin de défendre leurs idées communes. Il doit bientôt partir se reposer à Cannes où il meurt des suites d'un refroidissement à l'âge de 71 ans. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (67e division).

2 Idées politiques de Louis Blanc[modifier | modifier le wikicode]

Louis Blanc n’est pas un théoricien et il doit l’essentiel de sa doctrine aux socialistes contemporains ou qui l’ont précédé. Son influence considérable est sans doute due au fait que ses idées sont exprimées de façon claire et concise dans une brochure courte, L'Organisation du travail, par contraste avec les œuvres monumentales des autres socialistes.

2.1 Conception de l'histoire et de l'économie[modifier | modifier le wikicode]

Alors que les saint-simoniens et Fourier avaient fait une critique radicale de la Révolution de 1789, Louis Blanc la perçoit comme profondément socialiste. Dans son esprit, c’est une étape fondamentale vers l’affranchissement de tous les travailleurs qu'il convient de poursuivre :

« La révolution de 1789 fut certainement une révolution socialiste (…) puisqu’elle modifia la constitution économique de la société au profit d’une classe très nombreuse et très intéressante de travailleurs ; mais la révolution de 1789 laissa beaucoup à faire pour la classe la plus nombreuse et la plus pauvre ! (…) Elle déblaya la route de la liberté ; mais elle laissa sans solution la question, très importante pourtant, de savoir si beaucoup de ceux qui étaient à l’entrée de la route n’étaient pas condamnés par les circonstances du point de départ à l’impuissance de la parcourir. » [7]

Louis Blanc reconnaît l'existence de la lutte des classes. Il décrit même l’histoire du 19e siècle est, d'après lui « le martyrologe des républicains »[8]. Par ailleurs, comme Marx, Louis Blanc considère que l’organisation de la production détermine l’ordre social et politique. Mais contrairement à lui, il pense que les classes ne sont pas condamnées à s’affronter et que la lutte des classes n’est pas le moteur de l’histoire.[9]

L’évolution de sa pensée, entre ses années de jeunesse parisienne et sa retraite forcée en Angleterre[10], est continue et régulière. Il en fait lui-même la preuve dans un article intitulé « Mon intransigeance ».[11] Ses années de jeunesse forment le fond de sa philosophie générale qui s’est vue ensuite perfectionnée avec le temps.

Sur le plan économique, Louis Blanc part du principe que la liberté humaine rend nécessaire le droit au travail. Cela le conduit à une critique du marché qui produit chômage, spéculation sur les denrées alimentaires vitales, appauvrissement général de la population. Sous le règne de la concurrence, « la misère devient pour le plus grand nombre un fait inévitable »[12], tant le rapport de force est inégal. Ceci va à l’encontre du premier des droits fondamentaux, le droit à la vie :

« Est-il vrai, oui ou non, que tous les hommes apportent en naissant un droit à vivre ? Est-il vrai, oui ou non, que le pouvoir de travailler est le moyen de réalisation du droit de vivre ? Est-il vrai, oui ou non, que si quelques-uns parviennent à s’emparer de tous les instruments de travail, à accaparer le pouvoir de travailler, les autres seront condamnés, par cela même, ou à se faire esclaves des premiers, ou à mourir ? »[13]

Il condamne la marchandisation et l’accaparement au nom de la liberté :

« Dieu en soit loué ! On n’est pas encore parvenu à s’approprier exclusivement les rayons du soleil. Sans cela, on nous aurait dit : « Vous paierez tant par minute pour la clarté du jour » et le droit de nous plonger dans une nuit éternelle, on l’aurait appelé Liberté ! »[13]

Mais pour lui le marché ne fait que des victimes, il est une force anonyme, sans visage, sa logique échappe aux individus qu’ils soient ouvriers ou patrons. Il considère que les employeurs sont victimes de la concurrence anglaise, au même titre que les employés sont victimes de la concurrence des plus pauvres qu'eux. Il pense donc qu'il « organiser le travail », pour le faire sortir de l'état de nature, par une sorte de contrat social transposé à l’économie.

Selon Blanc, c'est la monarchie financière des « brasseurs d’affaires »[13], qui domine aussi bien la bourgeoisie que le prolétariat :

« la féodalité territoriale et militaire a disparu, il faut que la féodalité financière disparaisse. (…) La royauté de l’argent, l’aristocratie de l’argent, voilà bien effectivement ce qui est en question. »[13]

Selon lui elle parasite la société par des taux usuraires :

« L’intérêt du capital représente le privilège accordé à certains membres de la société de voir, tout en restant oisifs, leur fortune se reproduire et s’accroître ; il représente le prix auquel les travailleurs sont forcés d’acquérir la possibilité de travailler ; il représente leur asservissement à une condition que, le plus souvent, ils ne peuvent débattre, et que jamais ils ne peuvent éluder. »[12]

2.2 Le projet des « Associations » et les « Ateliers sociaux »[modifier | modifier le wikicode]

Louis Blanc propose donc une « organisation associative » aux « Travailleurs », entendus comme employés et entrepreneurs. Celui-ci doit être basé sur la complémentarité plutôt que sur la concurrence, la fraternité plutôt que l'individualisme. Dans son projet coexistent trois secteurs :

  • une organisation associative du travail
  • un secteur libéral
  • un service public.

Il veut laisser le choix aux « travailleurs » de choisir leur secteur, sans que l'État n'en favorise un, la supériorité du mode "associatif" devant être démontrée par son efficacité. A l'inverse, il propose d'ailleurs que le secteur libéral soit complètement libéralisé, sans contrôle, et avec tout au plus un simple et modeste impôt forfaitaire pour la participation à la gestion du domaine public. le principal pour lui est que « deux modes de relations industrielles soient mis en présence. (…) [afin que] l’expérience décide lequel des deux modes est le meilleur, (…) sans commotion, par la seule puissance de l’attrait. »[7].

Mais comme ce choix n'existe pas, c'est l’État démocratique qui doit impulser les associations, en les soutenant la première année, avant de les laisser fonctionner par elles-mêmes. Pour bénéficier de l'emprunt à taux zéro de l'État ou d'un contrôle du fonctionnement équitable de l'industrie (inspection du travail), ou des commandes de l’État, les associations doivent rédiger des statuts qui reconnaissent la démocratie d'entreprise, la souveraineté des travailleurs, le souhait de sortir de l'état de nature des relations économiques. Dans le cas contraire, libre à eux de créer une entreprise et de travailler dans le secteur concurrentiel. Le capital prêté par l'État à taux zéro aux associations est destiné à l'achat de matériel. Tous les ans les profits seraient répartis entre les membres de l'association. Alors, « déduction faite du montant des dépenses consacrées à faire vivre le travailleur, des frais d'entretien et de matériel, le bénéfice serait ainsi réparti :

  1. Un quart pour l'amortissement du capital avancé par l'État
  2. Un quart pour l'établissement d'un fonds de secours destiné aux vieillards, aux malades, aux blessés, etc.
  3. Un quart à partager entre les travailleurs à titre de bénéfice
  4. Un quart enfin pour la formation d'un fonds de réserve. »[14]

Le problème du machinisme serait résolu par l'emploi progressif des machines pour réduire le coût de production et pour faire baisser le temps de travail. Le progrès technique, qui était pesant pour l'ouvrier, deviendrait alors un facteur d'amélioration de ses conditions de vie, de sa Liberté. L'entreprise associative partage les profits, et les pertes le cas échéant. L'association serait plus morale, et plus efficace :

« Si l’on considère, d’un côté, la force du principe association, sa fécondité presque sans bornes, le nombre des gaspillages qu’il évite, le montant des économies qu’il permet ; et, d’un autre côté, si l’on calcule l’énorme quantité de valeurs perdues que représentent, sous l’influence du principe contraire, les faillites qui se déclarent, les magasins qui disparaissent, les ateliers qui se ferment, les chômages qui se multiplient, les marchés qui s’engorgent, les crises commerciales, (…) il faudra bien reconnaître que, par la substitution du premier principe au second, les peuples gagneraient en richesse ce qu’ils auraient gagné en moralité. »[7]

Malgré l'absence de concurrence, Louis Blanc n'imagine pas une planification par l'Etat :

« je n’ai jamais entendu faire l’État producteur et le charger d’une besogne impossible. Qu’il devienne le commanditaire et le législateur des associations, je ne lui demande que cela. »[15]

Le projet de Louis Blanc est aussi basé sur la nationalisation des banques (en lien avec la lutte contre l'aristocratie financière). L'État banquier prête à taux zéro aux associations, et à taux supérieur aux entreprises libérales (pour celles-ci, le fait de dégager un profit permettrait de compenser le taux d'intérêt). L'État doit aussi mettre en place une assurance couvrant l’ensemble des activités des individus. Pour financer son projet, il propose également de réduire les dépenses pour l’Église ou pour les préfectures.

Louis Blanc tente de mettre en œuvre ce projet lors de la révolution de 1848, alors qu'il est au gouvernement et à la tête de la Commission du Luxembourg. Il essaie alors de créer des « ateliers sociaux » dans les branches les plus importantes de l'industrie. Il retentera aussi, en vain, sous la Troisième république.

Élie Halévy classait le socialisme de Louis Blanc dans les socialismes d'État démocratiques, aux côté des chartistes et des marxistes.[16] La critique de l'État est cependant bien plus forte chez les marxistes, comme en témoigne la critique qu'a faite Marx des illusions de Louis Blanc dans la république bourgeoise de 1848.

2.3 L’unité du projet politique[modifier | modifier le wikicode]

Louis Blanc est surtout connu pour son projet décrit dans L'Organisation du travail, mais celui-ci s'incrivait dans un projet politique plus global, comprenant :

  • un aspect social incarné par l’organisation du travail ;
  • un aspect moral qui propose une perception de l’intérêt individuel en société ;
  • un aspect politique prenant forme à travers le projet démocratique. Travail, morale et démocratie convergent ainsi vers la République sociale démocrate.

Ainsi, au-delà de l’organisation du travail (liberté économique), qui est le socle, la « révolution morale » permet au système de fonctionner durablement, tandis que le projet démocratique garantit institutionnellement le pouvoir souverain du peuple (liberté politique), lequel doit s’exprimer par le suffrage universel via un mode de scrutin permettant à l’Assemblée d’être la représentation fidèle de la Nation. Louis Blanc était un démocrate radical. Pour lui les élus sont responsables et révocables. Il défend clairement des droits pour les minorités, affirmant qu'il faut : « déclarer supérieurs au droit des majorités et absolument inviolables la liberté de conscience, la liberté de la presse, les droits de réunion et d’association, et, en général, toutes les garanties qui permettent à la minorité de devenir majorité, pourvu qu’elle ait raison et qu’elle le prouve »[7].

Hormis la monarchie financière qu'il est nécessaire de renverser, le socialisme serait réalisable graduellement et pacifiquement, il est la réalisation de l'idéal républicain. L’idée d’une révolution de classe, d’une avant-garde ouvrière s’emparant du pouvoir pour transformer la société, est complètement étrangère à la pensée de Louis Blanc.

Pour Louis Blanc, son projet est « une œuvre trop vaste et qui a contre elle trop d’obstacles matériels, trop d’intérêts aveugles, trop de préjugés, pour être aisément accomplie par une série de tentatives partielles »[12]. Par conséquent, seul l’État, « une réunion de gens de bien, choisis par leurs égaux pour guider la marche de tous dans les voies de la liberté »[12], peut remplir ce rôle d’émancipation du Travail en soutenant la propriété associative des outils de production. Cependant, l'État ne fait selon que mettre en place un cadre, laissant ensuite se faire une évolution spontanée qui devrait favoriser les associations au détriment de la concurrence.

Louis Blanc défend l’éducation nationale laïque, gratuite et obligatoire, et affirme que cela sera bénéfique économiquement :

« Pour la nation, prise dans son ensemble, que le temps donné par l’enfant travailleur à la culture de l’esprit et à un repos réparateur. De quoi dépend, après tout, la qualité d’un produit ? Est-ce qu’elle ne dépend pas de la qualité du producteur ? C’est donc le producteur qu’il faut s’attacher à améliorer, même en se plaçant au point de vue de la prospérité commerciale. »[7]

2.4 Vers une société plus solidaire et morale[modifier | modifier le wikicode]

Louis Blanc dénonce l'immoralité de la société. Il n'est pas totalement sur les positions optimistes de Rousseau, car pour lui, « les obligations sociales ne sont pas tellement simples, elles ne se concilient pas si facilement avec le principe d’égoïsme aveugle qui est au-dedans de nous, qu’on puisse repousser dédaigneusement l’initiation aux saintes maximes du dévouement »[4]. C’est pour cette raison que l'État est nécessaire.

Mais il insiste néanmoins sur la perversion que produit le système concurrentiel :

« on ne prétendra pas (…) que la morale trouve son compte (…) dans la baisse systématique des prix, la falsification des marchandises, les réclames mensongères, les ruses de toute espèce pour grossir sa clientèle aux dépens de celle du voisin, (…) dans l’objectif de ruiner autrui sous peine d’être ruiné soi-même. »[7]

Par conséquent, moraliser l'homme doit passer par une entreprise rationnelle de réforme de la base économique :

« ce sont les imperfections du régime économique existant qui sont coupables. C’est donc à elles surtout qu’il convient de s’en prendre, et les faire graduellement disparaître est affaire, non de haine et de colère, mais d’étude, non de violence, mais de science »[7]

Par ailleurs il est persuadé que les hommes souffrent de l'immoralité à laquelle ils sont structurellement poussés :

« Je suis convaincu que, parmi ceux qui, dans la lutte, cherchent à vaincre coûte que coûte, il est des hommes dont le cœur souffre des moyens qu’ils mettent en usage. Mais le régime économique où ils vivent plongés est là qui les y condamne. Il faut qu’ils tâchent de ruiner autrui, sous peine d’être ruinés eux-mêmes »[7].

Surtout, Louis Blanc est convaincu qu'en réalité, les hommes ne réalisent pas immédiatement que leur égoïsme personnel coïncide avec le principe d'association, et non de concurrence (à l'exception de l'oligarchie financière qui « divise pour mieux régner »). C'est ainsi qu'il cherchent sans cesse à montrer que toutes les oppositions seraient absurdes : entre employés et employeurs, entre législatif et exécutif, entre commune et État, entre hommes et femmes, entre jeunes et anciens...

« La vérité est que tous les intérêts sont solidaires ; leur opposition ne vient que d’une manière étroite et fausse de les comprendre. »[7]

Pour que l'humanité puisse prendre conscience de ses intérêts communs et donc se moraliser, il faut construire les cadres qui vont le permettre (associations, communes, Assemblée démocratique). Puisque « les affections humaines ne sont pas assez vastes pour embrasser dès l’abord l’humanité tout entière »[4], la participation démocratique a aussi un rôle pédagogique (de la même façon que chez Mill). L’objectif de toute politique est, selon lui, « d’élever la condition intellectuelle, morale et physique de tous ; (…) de rendre les hommes plus éclairés, plus heureux et meilleurs. »[12]

C'est dans cette logique qu'il caractérise le socialisme comme « L’évangile en action » dans Le Catéchisme des socialistes. Certes, Louis Blanc défend la laïcité et il est anticlérical :

« Les prêtres ont créé un Dieu à leur image : ils l’ont fait jaloux, capricieux, avide, cruel, implacable ; ils l’ont traité comme jadis les maires de palais traitèrent les descendants de Clovis, pour régner sous son nom et se mettre à sa place. »[17]

Mais il pense que « le socialisme a pour but de réaliser parmi les hommes ces quatre maximes fondamentales de l’Évangile : 1° Aimez-vous les uns les autres ; 2° Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu’on fit à vous-mêmes ; 3° Le premier d’entre vous doit être le serviteur de tous les autres ; 4° Paix aux hommes de bonne volonté ! »[12]. Enfin, à propos de la formule qui deviendra la maxime communiste (« produire selon ses facultés et à consommer selon ses besoins »), il en parle comme « une loi écrite en quelque sorte dans son organisation par Dieu lui-même. »[12]

3 Critiques[modifier | modifier le wikicode]

Statue en bronze érigée place Monge à Paris en 1887, refondue en 1942

Louis Blanc était un idéaliste sincèrement préoccupé de la question sociale, ce qui lui a valu de fortes critiques des réactionnaires mais aussi des républicains plus liés à la bourgeoisie. Mais c'était aussi un idéaliste au sens philosophique, faisant reposer le changement social sur une illusion réformiste, ce qui lui vaut aussi des critiques de gauche.

3.1 Critiques bourgeoises[modifier | modifier le wikicode]

Les doctrines de Louis Blanc ont été critiqués par l'un de ses contemporains, l'économiste libéral Frédéric Bastiat, dans une brochure intitulée Individualisme et Fraternité et dans un article du Journal des Économistes titré Propriété et Loi en 1848. Il le prend également à partie dans son pamphlet La Loi.

Par le biais d'exclamations rhétoriques, Blanc justifie ainsi l'intervention publique dans le secteur associatif :

« il n’est pas interdit d’améliorer le régime des prisons, et il le serait de chercher à améliorer le régime du travail ! Il n’y a pas de tyrannie à tendre la main à des compagnies de capitalistes, et il y en aurait à tendre la main à des associations d’ouvriers ! (…) Nous avons un budget de la guerre, et il serait monstrueux d’avoir un budget du travail ! »[7]

3.2 Critiques marxistes[modifier | modifier le wikicode]

D'un point de vue marxiste, les critiques que l'on peut faire à Louis Blanc sont principalement :

  • l'illusion que l'on peut créer à côté du marché capitaliste un marché associatif qui ferait tâche d'huile (c'est une critique proche de celle du coopérativisme),
  • l'illusion que l'on peut s'appuyer sur l'État bourgeois, que le suffrage universel suffirait à placer au dessus des classes et au service de l'intérêt général

Par ailleurs on peut voir que Louis Blanc sous estime la stratification en classes sociales, faisant comme si un riche pouvait facilement devenir pauvre. Cette vision lui sert de soubassement pour justifier son réformisme :

« En demandant justice pour les pauvres, nous veillons sur ce riche que les coups du sort peuvent demain faire tomber dans la pauvreté. En demandant protection pour les faibles, nous songeons aussi à vous, puissants du jour, que le souffle des vicissitudes humaines peut d’un instant à l’autre dépouiller de votre force. Oui, tous les hommes sont frères ; oui, tous les intérêts sont solidaires. La cause de la démocratie, c’est la cause de la liberté bien entendue, qui ne peut exister là où n’est pas l’unité. La démocratie est comme le soleil, elle brille pour tous. »[8]

Aux débuts de la révolution de février 1848, la nouvelle se répand que Louis Blanc est au gouvernement en France et que des ateliers nationaux sont mis en place, ce qui lui vaut une popularité momentanée parmi les socialistes en Europe. Si bien que l'on retrouve dans les revendications de la Ligue des communistes la création d'ateliers nationaux.[18] Il semble cependant que Marx et Engels aient accepté à contrecœur de s'appuyer sur ces mesures alors populaires. En effet Engels écrira en 1853 :

« C'est une fort bonne chose que notre parti puisse, cette fois-ci, se manifester sous de tout autres auspices. Toutes les bêtises « socialistes » que nous avons été obligés de défendre en 1848 encore vis-à-vis des purs démocrates et des républicains de l'Allemagne du Sud, les sottises de Louis Blanc, etc., que nous étions obligés de revendiquer ne serait-ce que pour trouver dans la confuse situation allemande un point permettant d'enchaîner avec nos conceptions ‑ tout cela est maintenant réclamé par nos adversaires, Messieurs Ruge, Heinzen, Kinkel et consorts. »[19]

Suite à la débâcle de 1848 et à son exil, Louis Blanc est durement critiqué par Marx et Engels.[20]

Parlant des théories économiques de Proudhon, Engels disait : 

« le petit Louis Blanc, bien qu'il soit un esprit beaucoup plus remarquable que l'infaillible Proudhon est pourtant une nature beaucoup trop intuitive pour venir à bout de la prétention en matière d'érudition économique, de la transcendance bizarre et de la logique apparemment mathématique de Proudhon »[21]

Lénine décrit ses positions comme « des illusions petites-bourgeoises enveloppées d'une phraséologie à prétentions «socialistes», et qui ne servaient en réalité qu'à affermir l'influence de la bourgeoisie sur le prolétariat ».[22] Il emploie souvent l'analogie avec Louis Blanc pour polémiquer contre les réformistes russes.[23][24]

3.3 Autres critiques[modifier | modifier le wikicode]

Louis Blanc était assez populaire dans les années 1840, et sera plus critiqué après son passage au gouvernement en 1848, et le fiasco que cela représente pour le mouvement ouvrier.

En 1849 dans les Confessions d’un révolutionnaire, Proudhon définit ainsi « l’abîme » qui le sépare de Louis Blanc :

« M. Louis Blanc représente le socialisme gouvernemental, la révolution par le pouvoir, comme je représente le socialisme démocratique, la révolution par le peuple. »

De même Blanqui fut très hostile à Louis Blanc.

4 Œuvres de Louis Blanc[modifier | modifier le wikicode]

  • Organisation du travail [1839], Bureau de la Société de l’Industrie Fraternelle, Paris, 1847, 5 édition. L'Organisation du travail est d'abord publié en tant qu'article de la Revue du Progrès avant d'être publié en brochure
  • Histoire de dix ans, 1830-1840, Pagnerre, Paris, 1842, 2e édition. Texte en ligne en anglais.
  • Révélations historiques, Méline, Cans et compagnie, Éditeurs, Bruxelles, 1859.
  • Histoire de la révolution française, Langlois et Leclercq, Paris, 1847-1862, 12 vols; Furne et Cie - Pagnerre, Paris, 1857-1870, 12 vols., 2e édition, avec une préface de George Sand.
  • Le catéchisme des socialistes, Paris, aux bureaux du ″Nouveau-Monde″ , 1849
  • Histoire de huit ans, 1840-1848, Pagnerre, Paris, 1871, 3e édition, 3 vols.
  • Avec Jacques Crétineau-Joly, la contre-révolution, partisans, vendéens, chouans, émigrés 1794-1800.
  • Lettres sur l'Angleterre (1866-1867).
  • Dix années de l'Histoire de l'Angleterre (1879-1881).
  • Questions d'aujourd'hui et de demain (1873-1884).
  • Quelques vérités économiques, Les Temps nouveaux, Révélations historiques, 1911.

5 Bibliographie sur Louis Blanc[modifier | modifier le wikicode]

  • I. Tchernoff, Louis Blanc, Paris, Bellais, 1904
  • É. Renard, Louis Blanc: sa vie, son œuvre, Paris, Hachette, 1928
  • P. Verlinde, L’œuvre économique de Louis Blanc, Bourbourg, Outteryck-Menne, 1940
  • J. Vidalenc, Louis Blanc (1811-1882), París, PUF, 1948
  • Leroy, Maxime, Histoire des idées sociales en France, París, Gallimard, 1954, vol. I
  • L.A. Loubere, Louis Blanc. His life and his contribution to the rise of french jacobin-socialism, Evanston, Northwestern U.P., 1961
  • F. Bracco, Louis Blanc dalla democrazia politica alla democrazia sociale 1830-1840, Firenze, Centro editoriale toscano, 1983
  • J. Gonzales Amuchanstegui, Louis Blanc y los origines del socialismo democrático, Madrid, Centro de investigationes sociologicas, 1989
  • F. Demier (sous la direction de), Louis Blanc. Un socialiste en république, Paris, Créaphis, 2005
  • B. Charruaud, Louis Blanc, La République au service du socialisme - Droit au travail et perception démocratique de l'État, thèse droit, université Robert Schuman, Strasbourg, 2008 [1]
  • B. Charruaud, Louis Blanc m’a dit…, éditions Baudelaire, Lyon, 2009 (Il s’agit d’un travail de reconstruction et d’actualisation qui a pour but de présenter le plus simplement possible l’originalité de la pensée de Louis Blanc).
  • B. Charruaud, Louis Blanc, Célébrations Nationales, Ministère de la culture, archives de France, Paris, 2011, p. 34-35 [2]
  • B. Charruaud, Louis Blanc: La République au service du socialisme, note pour la base de données de l’Assemblée nationale en ligne, 2011 [3]
  • A. Lanza, All'abolizione del proletariato! Il discorso socialista fraternitario. Parigi 1839-1847, Milano, Franco Angeli, 2010

6 Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Socialisme dans le Larousse
  2. Djamel Souafa et Vincent Guillin, La réception de Stuart Mill en France, in La Vie des idées, 18 mai 2010. {{ISSN|2105-3030}}.
  3. Louis Blanc, article publié en 1865 dans Le Temps et republié in Lettres sur l’Angleterre, Paris, Lacroix, 1865, tome II, « Réforme électorale en perspective », p. 285-294
  4. 4,0 4,1 et 4,2 Louis Blanc, Questions d’aujourd’hui et de demain, Paris, Dentu, tome 1, 1873
  5. Gilbert Bonifas, Le fléau yankee. Les enjeux de la guerre de Sécession dans deux revues conservatrices britanniques : The Quarterly Review et Blackwood’s Edinburgh Magazine, paru dans Cycnos, Volume 16 n°1, mis en ligne le 9 juillet 2008.
  6. Daniel Ligou, Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie p. 147 ISBN 2 13 054497 5
  7. 7,0 7,1 7,2 7,3 7,4 7,5 7,6 7,7 7,8 et 7,9 Louis Blanc, Discours politiques, Paris, Librairie Germer-Baillère et Cie, 1882
  8. 8,0 et 8,1 Louis Blanc, Questions d’aujourd’hui et de demain, Paris, Dentu, tome II, 1874
  9. Voir sur ce thème: Loubere, Leo A. (1956), Louis Blanc’s Philosophy of History, in Journal of the History of Ideas, vol. 17, n°1., janvier 1956, p. 70-88 ; Jacouty, Jean-François (2005), Louis Blanc et la construction de l’histoire, in Demier, Francis (dir.), Louis Blanc un socialiste en république, Paris, CREPHIS, 2005, p. 51-65 ; Caron, Jean-Claude (2005), Louis Blanc, historien du temps présent, À propos de l’Histoire de Dix ans, in Demier Francis (dir.), op. cit., p. 67-84.
  10. Loubere, A., « The evolution of Louis Blanc’s Political Philosophy », The Journal of Modern History, vol. 27, n°1, mars 1955, p. 39-60.
  11. Louis Blanc, Questions d’aujourd’hui et de demain, Paris, Dentu, 1880, tome 3
  12. 12,0 12,1 12,2 12,3 12,4 12,5 et 12,6 Louis Blanc, Le Catéchisme des socialistes, 1849
  13. 13,0 13,1 13,2 et 13,3 Louis Blanc, Le Nouveau Monde du 15 juillet 1850
  14. Louis Blanc, Organisation du Travail, Au bureau du Nouveau Monde, Paris, 1850, p. 119-121.
  15. Louis Blanc, Hommes du peuple, l’État, c’est vous ! Réponse au citoyen Proudhon, Le Nouveau Monde, n°11, 15 novembre 1849
  16. Élie Halévy, in André Lalande (dir), Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Presses Universitaires de France, édition de 1992, page 1000
  17. Louis Blanc, Histoire de la Révolution française, Paris, Librairie internationale, A. Lacroix, Verboeckhoven et C°, t. II, 1869, p. 446
  18. Friedrich Engels, Karl Marx, Revendications du parti communiste en Allemagne, 21 mars 1848
  19. Friedrich Engels, Letter to Joseph Weydemeyer, April 12, 1853
  20. K. Marx - F. Engels, Le parti de classe, 1843-50
  21. Friedrich Engels, La Nouvelle Gazette rhénane, Écrit au début de décembre 1848
  22. Lénine, A la manière de Louis Blanc, 1917
  23. Lénine, Des gens de l'autre monde, 1918
  24. Lénine, Salut aux communistes italiens, français et allemands, 1919