Chômage

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Le chômage est la situation d'un-e travailleur-se privé-e d'emploi.

Hormis quelques rares périodes de plein emploi, le chômage de masse est un fléau de la classe laborieuse dans le système capitaliste.

1 Définition du chômage[modifier | modifier le wikicode]

1.1 Générale[modifier | modifier le wikicode]

Le chômage est une des faces de la condition de prolétaire : lorsque l'on est obligé de vendre sa force de travail pour avoir un revenu, on n'est pas assuré de trouver un employeur qui en veuille ! Pour nous communistes, le chômeur est donc un travailleur (au sens de membre de la classe travailleuse) privé d'emploi. Bien sûr, la limite est parfois floue, surtout avec l'avancée de la précarité : un-e travailleur-se contraint-e au temps partiel parce qu'il-elle ne trouve pas d'emploi à temps complet peut être considéré-e comme en partie ou pleinement au chômage. On parle aussi de chômage partiel lorsqu'un patron force ses salariés à accepter de travailler moins pour gagner moins, ce qui lui permet de perdre moins de profits lors d'une baisse d'activité. Plus généralement, il faut prendre en compte le sous-emploi pour voir l'ampleur du chômage.

Les organismes de statistiques utilisent ensuite différentes définitions plus complexes, qui répondent à des enjeux variés. Par exemple des organismes comme l'OCDE cherchent à établir des définitions permettant la comparaison entre les différents pays industrialisés pour prendre leur pouls. Des organismes gouvernementaux eux ont plus souvent pour objectif de faire diminuer artificiellement les chiffres du chômage en prenant des définitions restrictives.

1.2 Au sens du BIT[modifier | modifier le wikicode]

En application de la définition internationale adoptée en 1982 par le Bureau international du travail (BIT), un chômeur est une personne en âge de travailler (15 ans ou plus) qui répond simultanément à trois conditions :

  • être sans emploi, c'est à dire ne pas avoir travaillé, ne serait-ce qu'une heure, durant une semaine de référence
  • être disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours
  • avoir cherché activement un emploi dans le mois précédent ou en avoir trouvé un qui commence dans moins de trois mois.

2 Définition du sous-emploi[modifier | modifier le wikicode]

Parfois un·e travailleur·se n'est pas au chômage mais la demande de force de travail est trop faible dans son domaine de qualification, ce qui peut :

  • l'obliger à prendre un poste dans un domaine différent de ses qualifications (ce qui veut souvent dire être moins payé que ce qui pourrait être) ;
  • l'obliger à prendre un poste à temps partiel (temps partiel subi).

Le sous-emploi est très lié à la précarité de l'emploi.

Aux États-Unis, le sous-emploi dans la période 1974-2019 a augmenté de 30 % par rapport à la période 1948-1973.[1]

3 Causes et effets du chômage[modifier | modifier le wikicode]

Le chômage est une conséquence du fait que le capitalisme puise dans la force de travail disponible selon ses besoins, mais qu'il n'a fondamentalement aucune raison d'utiliser tous les travailleur-se-s. Les chômeur-se-s font partie de la classe ouvrière, ils et elles sont des "travailleur-se-s privé-e-s d'emploi, qui constituent "l'armée de réserve" du capital.

3.1 Effet de la croissance[modifier | modifier le wikicode]

En période de croissance économique (accumulation du capital rapide), des nouveaux investissements engendrent de nouveaux emplois. Si les créations d'emploi sont plus rapides que l'augmentation de la population, le taux de chômage diminue. Si le taux de chômage frôle le zéro (situation de plein emploi), la loi de l'offre et de la demande favorise la hausse des salaires (travailleur-se-s en bonne position pour négocier), ce qui est facteur de baisse des taux de profits, donc paradoxalement de ralentissement de la croissance.

En période de crise économique, le capitalisme expulse du marché du travail beaucoup plus de gens. L'armée de réserve fait pression à la baisse sur les salaires (travailleur-se-s obligé-e-s d'accepter les conditions patronales) ; cet effet peut cependant être freiné par des dispositions légales (salaire minimum) ou des conventions collectives.

Les économistes bourgeois appellent cette relation entre croissance et chômage la loi d'Okun.

Le chômage n'est donc pas un accident de parcours dans le système actuel. Mettre fin au chômage signifie implique de rompre avec les rapports d'exploitation capitalistes, par l'expropriation et l'autogestion des entreprises par les travailleur-se-s, hors de la concurrence pour le profit. Cela permettrait de faire le choix délibéré de partager le travail : embaucher des chômeur-se-s et diminuer le temps de travail.

3.2 L'effet de la productivité[modifier | modifier le wikicode]

Les économistes sont très partagés, et depuis longtemps, sur la question de l'effet de la productivité sur l'emploi.

Les machines permettent d'augmenter la productivité du travail humain. Par conséquent, pour réaliser une même quantité de valeur d'usage (un nombre de marchandises donné), le temps de travail nécessaire diminue. L'introduction du machinisme pendant la révolution industrielle a eu comme conséquences de ruiner des artisans, d'où par exemple les réactions comme le luddisme. Cependant la croissance qui est aussi née de la révolution industrielle a aussi créé de nouvelles industries, augmenté fortement la demande dans la plupart des secteurs économiques, et au final créé beaucoup de nouveaux emplois. Si bien que sur longue période, le chômage a connu de nombreuses variations, au lieu d'une baisse inexorable.

Dans tous les cas, même lorsque le nombre global d'emplois est stable, des salariés se retrouvent à la rue dans certains secteurs, au grès des décisions de leurs patrons (ou des concurrents de leurs patrons), retrouvant parfois un emploi équivalent ou dégradé (sous-emploi) après une période difficile, ou n'en retrouvant jamais.

Par ailleurs, même si sur le temps long et sous l'effet des luttes ouvrières, le temps de travail moyen a diminué, il est toujours plus rentable pour un patron de continuer à faire travailler autant ses salarié·es et de licencier ceux dont il n'a plus besoin.

L'utilisation capitaliste des gains de productivité fait donc peser une précarité permanente sur les travailleur·ses, alors que dans une société communiste, il serait possible d'utiliser les gains de productivité pour obtenir pour chacun·e un emploi utile, épanouissant, avec un temps de travail très réduit.

3.3 Chômage et attractivité[modifier | modifier le wikicode]

Globalement, lorsqu'un pays est compétitif (main d'oeuvre peu payée), il est attractif pour les capitaux. Cela tend à créer une situation de chômage plus faible. Mais il peut y avoir des effets contraires. Par exemple, selon le cabinet d'analyse Ernst & Young, « Quand on cherche à installer une usine dans une région, le taux de chômage est plutôt un facteur attractif. Si vous ne trouvez personne à recruter, c’est un vrai problème. »[2]

4 Historique[modifier | modifier le wikicode]

4.1 19e siècle[modifier | modifier le wikicode]

A l'époque de la Commune de Paris, le chômage de masse « est une raison essentielle de l’engagement de nombreux Parisiens »[3] dans la Garde nationale avec sa solde journalière.

4.2 Crise des années 1930[modifier | modifier le wikicode]

Timbre émis en 1939 au profit des Chômeurs intellectuels.

Suite à la crise de 1929, le taux de chômage a atteint 24,9 % aux États-Unis. En Allemagne il était de 25 % en 1932.

Le taux de chômage était moins élevé en France, essentiellement parce que le pays était encore très rural comparé aux autres pays impérialistes : ce n'est qu'en 1931 que la population urbaine dépasse les 50%.

4.3 Boom de l'après-guerre[modifier | modifier le wikicode]

Sous l'effet de la forte destruction de capital engendrée par la Seconde guerre mondiale et donc du rétablissement d'un taux de profit élevé, la croissance est élevée dans l'après-guerre, et le chômage redescend à un niveau inférieur à 2% pendant 25 ans.

4.4 Ralentissement des années 1970[modifier | modifier le wikicode]

Dans les années 1970, le taux de profit a fini par baisser à tel point que l'économie connaît un fort ralentissement et que réapparaît un chômage de masse.

En France, le nombre de chômeurs passa de 260 000 en 1970, à 500 000 en 1974, pour avoisiner 1,5 million au début de l'année 1981, soit 6 % de la population active. Mitterrand, quant à lui, avec des trémolos dans la voix, stigmatisait le spectre du chômage, annonçant que si Giscard, qu'il appelait « monsieur chômage » était réélu, le cap des deux millions de chômeurs serait dépassé. Triste prévision que sa propre politique allait réaliser en quelques mois. En réalité, tous ces dirigeants savaient bien que pour enrayer la montée du chômage, il ne suffisait pas de chasser Giscard. Mais ce n'était pas l'intentation des dirigeants du PS de remettre en cause le capitalisme.

4.5 Crise actuelle[modifier | modifier le wikicode]

L'une des conséquences de la crise actuelle à l'échelle internationale et particulièrement dans les pays industrialisés a été une forte augmentation du chômage de l'ensemble de la population. Aujourd'hui dans la zone Euro, le chômage évolue entre 4 % en Autriche et 21 % dans l’État Espagnol. Dans des pays du centre de l'Europe comme la France, le taux de chômage est de 9,7 %. Cela représente plus de 4 millions de chômeurs en France dont la durée moyenne de maintien en période de chômage est de 444 jours (source Eurostat et Gecodia). Aux États-Unis, toujours selon les chiffres officiels, le taux de chômage s'établit à un peu plus de 9 %.

L’Organisation Internationale du Travail compte 212 millions de chômeurs dans le monde fin 2009.

L'augmentation importante du chômage que nous connaissons aujourd'hui est bien une conséquence de la crise. En France, on établissait le taux de chômage fin 2007 et jusqu'au deuxième trimestre de 2008 à environ 7,8 %. Il y a donc une augmentation de 2 points depuis le début de la crise, selon les chiffres officiels.

Le chômage n'est pas qu'une masse de salarié-e-s sans emploi, c'est souvent des situations de vraie urgence sociale. En France, on estime que le chômage tue entre 10 000 et 20 000 personnes par an[4]. Par ailleurs, le chômage diminue très rapidement les réserves des prolétaires : d'après l'INSEE, 5 ans de chômage font chuter de 20% le patrimoine en moyenne.

5 Chiffres et polémiques[modifier | modifier le wikicode]

En général, c'est vers la fin du 19e siècle que le taux de chômage a vraiment commencé à être comptabilisé.

Un des facteurs qui fausse les mesures anciennes est qu'une grande partie de la population n'était pas dans la classe ouvrière, donc le nombre de chômeurs rapporté à la population totale sous-estime le chômage. Il peut être intéressant d'observer le nombre de chômeurs rapporté aux salariés non agricoles. Ces deux indicateurs convergent au fur et à mesure de la prolétarisation de la paysannerie, par exemple aux États-Unis ils sont confondus depuis les années 1960.

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Dans les grandes puissances, les politiciens de la classe dominante ont réussi à stabiliser la démocratie bourgeoise, mais pour légitimer celle-ci, il est d'usage de les juger sur les "performances économiques" ou "la situation sociale" dont le chômage est un élément clé. C'est ce qui explique principalement que dans beaucoup de pays diverses réformes des statistiques aient été faites pour "atténuer" les chiffres du chômage.

Aux États-Unis, depuis 1940, le taux officiel (dit U3) ne comprend plus les "chômeurs découragés". Le taux de chômage comprenant les chômeurs découragés (dit U6) est toujours calculé, mais beaucoup moins mis en avant. Pourtant, depuis l'aggravation de la crise, ce taux augmente plus vite que le taux officiel.[5]

En France, un collectif nommé ACDC pour "les Autres Chiffres Du Chômage" s'est monté pour souligner l'écart entre le chiffre officiel et le chômage réel suite à différentes réformes du calcul.

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Pour la France le nombre des inscrits demandeurs d’emploi dans les systèmes informatiques de Pôle emploi est accessible en open data. Ces données sont les inscriptions administratives réelles des demandeurs d’emploi dans le central informatique. Elles sont consolidés par les agents d’accueils et par les services de contrôles internes de Pôle emploi. Voici une analyse de ces données brutes des inscrits demandeurs d’emploi toutes catégories.

Les inscrits demandeur d’emploi dans le central informatique de Pôle emploi de janvier 1996 à fin 2018


Les ondulations dans la courbe correspondent aux saisonniers. Nous voyons que les 35 heures c’est environ 800 000 demandeurs d’emploi inscrits administrativement en moins sur deux ans. Que le «papy boom» commence en 2005 et que c’est environ la même diminutions des inscrits demandeurs d’emploi sur quatre ans. Que les politiques libérales sont la conséquence des augmentations des inscrits, et que la flexibilisation des emplois de 2008 a engendré 3 000 000 d’inscrits demandeurs d’emplois en plus en 10 ans en passant de 3 600 000 inscrits à 6 600 000. Le tout financé par le mutualisme des travailleurs sur la partie brute du salaire. Ces analyses de la flexibilité des emplois peuvent-être affinés avec les catégories inventoriés administrativement.

Les demandeurs d’emploi inscrits par catégories de janvier 1996 à novembre 2019.png

La catégorie A est considéré comme un demandeur d’emploi qui n’a pas travaillé dans le mois. La catégorie B sont les travailleurs qui ont travaillé mois de 72 heures dans le mois, ce sont des travailleurs pauvres. La catégorie C sont les travailleurs qui ont travaillé plus de 72 heures dans le mois, ce sont les travailleurs précaires. La catégorie D ce sont les maladies, les formations et les maternités, elles ne sont pas comptabilisées. Et la catégorie E était un artifice pour les demandeurs d’emploi en création d’entreprise ou pour des salariés sur des contrats d’insertion professionnelle, elle n’est pas aussi comptabilisée[6].

Comme pour la catégorie E, qui n’est pas comptabilisée dans les chiffres officiels, les autoentrepreneurs ne sont carrément plus comptabilisés dans les données administratives de Pôle emploi. Et la baisse ressente de la catégorie A est la conséquence du basculement en auto entrepreneurs d’une partie des demandeurs d’emploi pour survivre économiquement, couplé à l’ajustage administratif des catégories pour les inscrits pauvres au RSA.

Concernant la population des seniors (plus de 45 ans) inscrits demandeurs d’emploi, il est a noter une attention statistique sur ces réalités administratives.

Les inscrits demandeurs d’emploi de plus de 45 ans de janvier 1996 à novembre 2019.png

Depuis 2008 les seniors en France sont de plus en plus exclus du marché du travail, et sont passés d’environ moins d’un million à 2 300 000 inscrits. À cela on doit rajouter les deux premières années avant la retraite comme demandeur d’emploi pour de plus en plus de salariés en age de départ. Tout cela toujours financé par la partie brute du mutualisme des salariés.

6 Chômage des jeunes[modifier | modifier le wikicode]

🔍 Voir : Chômage des jeunes.

Du point de vue de l'emploi, les jeunes cherchant du travail sont particulièrement utilisés comme variables d'ajustement, puisqu'ils n'ont pas encore de contrat stable. Les différentes mesures de précarisation prises en tentées (CPE) ces dernières décennies dans les différents pays visent à accroître encore le pouvoir des patrons d'exploiter cette main d’œuvre.

7 Indemnisation du chômage[modifier | modifier le wikicode]

Si pendant longtemps, les chômeurs étaient tout simplement livrés à eux-mêmes dans des conditions de survie extrêmement difficiles, la plupart des pays ont mis en place au moins des filets de sécurité minimaux, sous l'effet des mouvements ouvriers. Ces dispositifs sont cependant sans cesse attaqués par les gouvernements bourgeois.

Les mouvements ouvriers défendent une vision de ces indemnisations basées sur les cotisations et la solidarité : un travailleur cotise selon ses moyens lorsqu'il a un emploi, et en retour doit recevoir une indemnisation lorsqu'il est privé d'emploi. Les libéraux bourgeois défendent eux tout au plus une vision selon laquelle un revenu de charité peut être accordé aux chômeurs, mais ceux-ci sont avant tout désignés comme responsables de retrouver au plus vite un emploi, et le revenu devrait donc être le plus faible et temporaire possible pour les dissuader de fainéanter. Les chômeurs sont ainsi souvent victimes des pires formes de mépris de classe.

8 Autres théories[modifier | modifier le wikicode]

8.1 Théorie dominante : chômage impossible[modifier | modifier le wikicode]

Pour l'école néoclassique, dans une économie où la concurrence est libre, le chômage est structurellement impossible (il peut y avoir du chômage volontaire tout au plus). Le chômage de masse ne peut être que le résultat d'un dysfonctionnement temporaire, un problème monétaire, ou d'une perturbation du marché causée par l'État (notamment des « rigidités » sur le marché du travail)...

Au début du 20e siècle, c'est ce que concluait Walras avec ses équations d'équilibre. Une société fondée sur la libre concurrence tendrait automatiquement vers le plein emploi, avec seulement un faible "chômage de friction" (le temps que les ajustements se fassent, que tel travailleur licencié retrouve un emploi, etc...). Le contexte de la Belle-Époque, avec une croissance relativement soutenue et donc un chômage relativement faible, pouvait apporter un semblant de crédibilité à cette théorie. Elle a été beaucoup plus contestée (y compris par les économistes dominants) à partir des années 1930.

8.2 Doctrine keynésienne[modifier | modifier le wikicode]

La Grande dépression (1929-1939) porta le chômage à un niveau si élevé qu'il n'était plus tenable de soutenir que le laissez-faire était incompatible avec le chômage.

En particulier, Keynes avait devant les yeux l'exemple de l'économie britannique entre 1918 et 1938, où pendant 20 ans, environ 10% de la classe ouvrière était restée sans emploi. L'équilibre pouvait donc bien coïncider avec le chômage massif ; il devait y avoir une faille dans l'explication théorique académique.

La doctrine keynésienne a donc développé une critiqué du paradigme dominant, en soutenant qu'il n'y avait aucune évidence à ce que l'offre corresponde à la demande. C'est pourquoi de nombreux keynésiens soutiennent la nécessité d'augmenter les salaires pour augmenter la demande et ainsi relancer la croissance.

8.3 Néolibéralisme[modifier | modifier le wikicode]

A partir des années 1980, avec le tournant néolibéral, c'est en quelque sorte un retour aux idées initiales de l'école néoclassique qui s'opère. Les nombreuses règles qui se sont accumulées sur le marché du travail (fruit des luttes syndicales et des compromis souvent actés par les États) sont dénoncées comme responsables du chômage.

Pour démontrer leur conception, les néoclassiques se basent sur les courbes d'offre et de demande et sur des hypothèses plus que contestables, notamment l'hypothèse des rendements décroissants, et l'hypothèse que les capacités de production sont généralement utilisées à 100% (alors qu'elles sont structurellement en sous-utilisation).[7]

9 Idéologies et perception du chômage[modifier | modifier le wikicode]

Le chômage reste globalement très mal vu, comme une situation dégradante. Deux jugements dominants cohabitent :

  • la pitié, qui consent à accorder des indemnités aux chômeur.ses
  • la culpabilisation, qui prétend que le chômage est avant tout la responsabilité des chômeur.ses fainéant.es, et qui conduit à conditionner le droit aux indemnités

Une minorité de personnes inversent la perspective, et valorisent le temps libre permis -en théorie- par le chômage. Cela va souvent de pair avec l'idée que la réducation du temps de travail devrait être un but, et pas une conséquence subie. Par exemple l'auteur de science-fiction Arthur C. Clarke écrivait : « Le but du futur est le plein chômage, ainsi nous pourrons jouer. »

D'autres se plaisent à provoquer la morale bourgeoise, comme le groupe punk Les Cafards avec son titre « Chômage pour tous ! ».

Certains militant.es en viennent à préconiser le chômage (souvent associé à la sobriété volontaire ou à la débrouille) comme échappatoire individuel, et parfois à mépriser le/la travailleur.se moyen.ne qui vit sa vie aliénée de « métro-boulot-dodo ». Même si la réaction est compréhensible, cette attitude est, pour les communistes révolutionnaires, du gauchisme.

10 Revendications communistes[modifier | modifier le wikicode]

Les communistes défendent, en tant que mesures immédiates, les systèmes de cotisations sociales permettant aux travailleur·ses privé·es d'emploi de continuer à vivre dignement.

Mais pour régler le problème à la racine, les communistes défendent la répartition du travail entre tous et tous : diminuer le temps de travail - sans diminution de salaire - de celles et ceux qui ont un emploi jusqu'à ce que tous les sans-emploi puissent être embauché·es. Il est absurde d'un point de vue humain que certains soient sur-exploités dans des journées de travail que les patrons voudraient toujours plus longues, tandis que d'autres sont jetés hors de la société.

Évidemment, une telle revendication est conçue comme revendication transitoire : elle est incompatible avec la rentabilité capitaliste. Comme le rappelait Marx :

« Tout capitaliste a absolument intérêt à extorquer une quantité de travail déterminée d'un nombre plus restreint de travailleurs, plutôt qu'une quantité de travail aussi bon marché, voire meilleur marché d'un nombre de travailleurs plus important. Dans le dernier cas l'avance de capital constant croît proportionnellement à la masse de travail mise en mouvement, dans le premier cas, elle croît beaucoup plus lentement. (...) La condamnation d'une partie de la classe ouvrière à une oisiveté forcée par le surcroît de travail de l'autre, et inversement, devient un moyen d'enrichissement du capitaliste »[8]

Concrètement : pour passer d'une même production réalisée par une personne payée 2000 € à deux personnes, même à masse salariale égale (chacune payée 1000 €), il faut deux postes de travail au lieu d'un, c'est-à-dire une dépense en moyens de production plus importante.

Il faut ajouter à cela (par rapport à l'époque de Marx), qu'embaucher deux personnes implique aussi que le patron doit payer deux fois des cotisations sociales. Il a ainsi tout intérêt à plutôt sur-exploiter le travailleur déjà embauché, quitte, dans le pire des cas à lui donner une prime (sur laquelle il ne paie généralement pas de cotisations).

C'est pourquoi les communistes encouragent les travailleur·ses à exproprier les entreprises, à les autogérer et à planifier l'économie en fonction des besoins, hors de la concurrence pour le profit. Avec les moyens de production actuels, la quantité totale de surproduit social (plus ou moins reflétée dans le PIB) permet largement à tous et à toutes de vivre dignement, pourvu que la classe capitaliste soit renversée.

11 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]

  1. Juan Sebastian Carbonell, Le travail a-t-il un avenir ?, Le Grand Continent, novembre 2020
  2. http://www.leparisien.fr/economie/attractivite-economique-la-france-depasse-enfin-l-allemagne-03-06-2019-8085666.php
  3. Julien Chuzeville, Léo Frankel, communard sans frontières, Libertalia, 2021 (ISBN 978-2-3772-9165-6)
  4. http://www.francetvinfo.fr/economie/emploi/chomage/le-chomage-tue-entre-10-000-et-20-000-personnes-par-an-en-france_858235.html
  5. Sam Williams, The September 2012 Unemployment Numbers and the ‘Surplus Population’
  6. Médiapart, Les inscrits demandeurs d'emploi en France, Juillet 2019
  7. économie-critique.fr, Le chômage selon la théorie néoclassique… Une arnaque ?
  8. Karl Marx, Le Capital, Livre I, Chapitre XXV : Loi générale de l’accumulation capitaliste, I., 1867 (traduction de la 4e édition allemande, Editions sociales)