Salaire minimum
Le salaire minimum est le salaire défini par la loi ou par des conventions collectives, en dessous duquel un patron n'est pas censé pouvoir payer ses salarié·es.
Par ailleurs, l'économie s'est aussi intéressée au salaire minimum d'un point de vue descriptif, c'est-à-dire à la limite en dessous de laquelle le salaire ne peut pas descendre. Certains ont même soutenu qu'il y a une pression à ce que le salaire baisse jusqu'à ce salaire minimum (« loi d'airain des salaires »), ce qui n'est vrai que dans certaines conditions particulières.
1 Minimum légal[modifier | modifier le wikicode]
1.1 Salaire minimum[modifier | modifier le wikicode]
Le salaire minimum est souvent défini dans la loi, par exemple le SMIC en France.
1.2 Revenu minimum[modifier | modifier le wikicode]
Comme tout revenu n'est pas forcément un salaire, on peut distinguer la question du revenu minimum de celle du salaire minimum. Généralement, on peut distinguer deux cas :
- ceux qui ne sont pas salarié·es parce qu'illes sont patrons ou petit-patrons, et qui généralement gagnent plus que le salaire minimum légal ;
- ceux qui ne sont pas salarié·es parce qu'illes sont sans emploi, et qui touchent soit un chômage, soit des allocations comme le RSA.
2 Loi d'airain des salaires[modifier | modifier le wikicode]
2.1 En bref[modifier | modifier le wikicode]
Quand le rapport de force est largement en faveur des patrons, le salaire des travailleur·ses peut descendre très bas. La limite inférieure est celle qui permet tout juste à la masse ouvrière de survivre (c'est-à-dire que certain·es meurent, mais qu'un minimum de main d’œuvre parvient à se reproduire).
Cette limite inférieure a été étudiée de façon récurrente par l'économie classique, qui a eu tendance à en faire une loi économique, ce qui pouvait sembler être le cas aux débuts du capitalisme. C'est pourquoi le socialiste allemand Lassalle est connu pour avoir dénoncé cette « loi d'airain des salaires ».
Mais, même sous le capitalisme, les salaires sont aussi déterminés par le rapport de force et les normes sociales (qui établissent toute une hiérarchie des salaires).
2.2 Historique[modifier | modifier le wikicode]
Karl Marx cite dans le Capital les premiers économistes qui ont abordé cette tendance du salaire à descendre au revenu minimum :
La valeur moyenne du salaire journalier est déterminée par ce dont le travailleur a besoin « pour vivre, travailler et engendrer ». (William Petty : Political anatomy of Ireland. 1672, p. 64.) « Le prix du travail se compose toujours du prix des choses absolument nécessaires à la vie... Le travailleur n'obtient pas un salaire suffisant toutes les fois que ce salaire ne lui permet pas d'élever conformément à son humble rang une famille telle qu'il semble que ce soit le lot de la plupart d'entre eux d'en avoir. » (L. Vanderlint, l.c., p.19.) « Le simple ouvrier, qui n'a que ses bras et son industrie, n'a rien qu'autant qu'il parvient à vendre à d'autres sa peine... En tout genre de travail il doit arriver, et il arrive en effet que le salaire de l'ouvrier se borne à ce qui lui est nécessaire pour lui procurer la subsistance. » (Turgot : Réflexions sur la formation et la distribution des richesses (1766) Œuvres édit. Daire, t.1, p.10.) « Le prix des choses nécessaires à la vie est en réalité ce que coûte le travail productif. » (Malthus : Inquiry into, etc., Rent. London, 1815, p.48, note.)[1]
Chez Malthus, cette loi fait partie plus largement d'une conception auto-régulatrice et naturalisante de l'économie, une loi de population :
- Lorsque le salaire est supérieur au salaire de subsistance, cela entraîne une hausse de la natalité, et donc de l'offre de travail. Du fait de l'offre et de la demande, cela fait baisser les salaires.
- Au contraire, lorsque le salaire est inférieur au minimum de subsistance, les travailleurs meurent, ce qui raréfie la main-d'œuvre et fait monter les salaires.[2]
On peut aussi citer Jean de Sismondi, qui, dans ses Nouveaux principes en 1819, aborde le sujet, ou David Ricardo qui l'appelle « loi du salaire nécessaire » en 1821.
Friedrich Engels y fait référence en 1844, puis Karl Marx en 1847, dans Misère de la philosophie. Lassalle a popularisé le terme de « loi d'airain des salaires » dans le jeune mouvement ouvrier allemand.
Dans le Capital (1867), Marx montre comment le revenu minimum de substance peut être analysé comme le temps de travail socialement nécessaire pour reproduire la force de travail : ce montant correspond globalement à la valeur des marchandises nécessaires à cette reproduction (nourriture, loyer...). Mais Marx ajoute que le salaire est en général au dessus de ce minimum, pour des raisons sociales, dont le rapport de force ouvrier. Ces raisons sociales sont aussi modulées par les fluctuations économiques (en période de croissance les capitaliste peuvent se permettre de payer plus). Une explication correcte doit faire intervenir de l'économie et de la sociologie.
Dans sa Critique du programme de Gotha (1875), Marx écrit :
« De la « loi d'airain des salaires » rien, comme on le sait, n'appartient à Lassalle, si ce n'est le mot « d'airain » emprunté aux « grandes et éternelles lois d'airain » de Goethe »
Par ailleurs, certains économistes ont souligné que même d'un point de vue capitaliste, le salaire optimal n'est pas le minimum vital, car cela ne motive pas suffisamment les travailleur·ses. Ils ont développé la notion de salaire d'efficience.
3 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]
- ↑ Marx, Capital, Live I, Chapitre XII : La plus-value relative, 1867
- ↑ Thomas Malthus, Essai sur le principe de population, 1798