Capital constant

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Une machine, élément du capital constant

Le capital constant est la partie du capital investie dans les moyens de production et les matières premières nécessaires à la production, c'est-à-dire dans tout ce qui est autre que la force de travail, qui constitue le capital variable.

Le capital constant est ainsi nommé, par Marx, parce qu'il ne fait que transmettre telle quelle la valeur qu'il contient aux marchandises qu'il sert à produire. Marx s'opposait ainsi à d'autres économistes (comme Lauderdale) qui soutenaient que les machines créaient de la valeur.

1 Les deux composantes du capital constant[modifier | modifier le wikicode]

Dans le capital constant, on peut distinguer deux composantes à l'impact différent sur la valeur de la marchandise produite :

1.1 Le capital circulant[modifier | modifier le wikicode]

La première des ces composantes est le capital circulant, qui représente le capital qui transmet intégralement sa valeur Cc au produit final.

Ce sont par exemple les matières premières[1], les biens intermédiaires[2], l'énergie nécessaire[3] à l'utilisation des machines...

Ceci parce que ces marchandises brutes sont intégralement utilisées et donc matériellement incorporées dans la marchandise finale.

Le capital variable (la force de travail) fait aussi partie du capital circulant, mais ne fait pas partie du capital constant.

1.2 Le capital fixe[modifier | modifier le wikicode]

Le capital fixe quant à lui ne transmet qu'une partie de sa valeur au produit final. Si nous avions une valeur Cf initiale, la valeur de la marchandise produite comportera une valeur cf < Cf.

Ce sont typiquement les machines utilisées dans la production, ou encore les bâtiments abritant l'entreprise.

Ceci pour une raison simple : la machine n'est pas "entièrement utilisée" sur un cycle de production. Elle a une usure progressive qui est répartie sur l'ensemble des cycles de production qu'elle pourra assurer.

Exemple : Si une machine a une durée de vie de 10 ans, on considérera qu'elle transmet seulement 10% de sa valeur chaque année : cf = (1/10)Cf

« Étant donné la proportion suivant laquelle la machine transmet de la valeur au produit, la grandeur de cette quote-part dépendra de la valeur originaire de la machine. Moins elle contient de travail, moins elle ajoute de valeur au produit. Moins elle transmet de valeur, plus elle est productive et plus le service qu'elle rend se rapproche de celui des forces naturelles. »[4]

La part du capital fixe qui est transmise lors de chaque cycle de production, et qui correspond à l'usure, doit être distinguée des réparations. Marx écrit à ce sujet :

Il ne s'agit pas ici de travaux de réparation des outils, des machines, des constructions, etc. Une machine qu'on répare ne fonctionne pas comme moyen mais comme objet de travail. On ne travaille pas avec elle; c'est elle même qu'on travaille pour raccommoder sa valeur d'usage. Pour nous de pareil, raccommodages peuvent toujours être censés inclus dans le travail qu'exige la production la de l'instrument. Dans le texte il s'agit de l'usure qu'aucun docteur ne peut guérir et qui amène peu à peu la mort, « de ce genre d'usure auquel on ne peut porter remède de temps en temps et qui, s'il s'agit d'un couteau par exemple, le réduit finalement à un état tel que le coutelier dit de lui : il ne vaut plus la peine d'une nouvelle lame. »[5]

2 Grandeurs associées[modifier | modifier le wikicode]

Le capital constant sert à définir :

D'un point de vue comptable :

3 Évolution[modifier | modifier le wikicode]

Marx était le premier à employer les catégories capital variable et capital constant. « L'économie politique, depuis Smith, mêle les déterminations contenues dans ces catégories et les formes distinctives du capital fixe et de capital circulant, telles qu'elles dérivent du processus de circulation. »[6]

La "machinisation" (plus généralement l'emploi accru de moyens de productions) est un processus historiquement constaté, et théoriquement compréhensible : les capitalistes sont incités à utiliser les innovations qui permettent une productivité du travail supérieure et donc momentanément un avantage sur leurs concurrents.

Néanmoins,  « le capital constant augmente moins rapidement en valeur qu'en importance matérielle »[7], précisément parce que la productivité du travail fait aussi diminuer, en retour, la valeur des moyens de production.

« la quantité de coton qu'un ouvrier fileur met journellement en œuvre dans une fabrique moderne est incomparablement plus considérable que celle que le fileur du siècle dernier travaillait au rouet, alors que la valeur du coton est loin d'avoir augmenté dans la même mesure. Il en est de même des machines et de tout le capital fixe. »[7]

4 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]

Le Capital, Karl Marx

  1. Exemple : le bois pour une scierie, le minerai de fer pour une fonderie...
  2. Exemple : les composants d'un ordinateur pour une entreprise qui monte des ordinateurs, les fruits pour une entreprise qui fait des compotes...
  3. Exemple : la quantité de pétrole ou de gaz utilisée par le cycle de production.
  4. Karl Marx, Le Capital, Livre I, Chapitre XV : Machinisme et grande industrie, 1867
  5. Karl Marx, Le Capital, Livre I - Chapitre VIII : Capital constant et capital variable, 1867
  6. Karl Marx, Das Kapital, Werke, vol. XXIII, p. 368 ; « Économie », t.1, p. 1692
  7. 7,0 et 7,1 Le Capital - Livre III, Karl Marx