Différences entre les versions de « Maoïsme »

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[[Fichier:MaoStatueinLijang.jpg|vignette|Statue de [[Mao Zedong]] à [[W:Lijiang|Lijiang]].]]
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Le '''maoïsme''' désigne la politique menée par [[Mao Zedung]] avant et après la [[Révolution chinoise (1949)|prise du pouvoir en Chine en 1949]].
  
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Cela désigne aussi un ensemble de courants politiques se revendiquant du maoïsme dans plusieurs pays du monde, ces courants pouvant présenter de notables différences entre eux. Généralement, les maoïstes se désignent, comme les [[Stalinisme|staliniens]], comme des « [[marxistes-léninistes]] », ou des « marxistes-léninistes-maoïstes ».
  
Le maoïsme est une théorie politique révolutionnaire. Le maoïsme tire son nom de son principal théoricien: Mao Zedong. Mao est un révolutionnaire chinois, activiste politique, philosophe marxiste, leader militaire et homme d’état. Il a proposé un certain nombre d’apports à la théorie communiste, jusque là appelée marxisme-léninisme, du nom de Karl Marx et de Vladimir Lénine.
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Le maoïsme présente des points communs et des continuités avec le stalinisme, du fait d'être issu historiquement du [[Internationale Communiste|Komintern]] stalinisé, et du fait d'avoir été également l'idéologie d'un [[Parti unique|parti-État]] bureaucratique.
  
Si le maoïsme s’est d’abord développé en Chine, il a par la suite été synthétisé par le Parti Communiste du Pérou durant les années 80. Grâce à l’implication de celui ci au niveau international, le maoïsme est aujourd’hui devenue une théorie précise, qui n’est plus simplement une application chinoise du communisme. Le maoïsme est donc un outil utilisable dans n’importe quel pays.
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Il présente cependant quelques nuances, issues du fait que Mao s'est autonomisé de [[Staline]] dans les années 1940, et du fait que la Chine maoïste a rompu par la suite avec l'[[Union des Républiques Socialistes Soviétiques|URSS]], et du fait de la [[révolution culturelle]]. Cela a pu rendre dans certains cas les maoïstes progressistes par rapport aux staliniens.
  
'''Le but final du maoïsme est le communisme :''' une société sans classe sociale ni état, débarrassée de toute forme d’exploitation,  où le travail serait équitablement réparti, comme les richesses qu’il produit, et où l’environnement serait préservé.
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==Le maoïsme en Chine==
  
'''Voici quelques apports du maoïsme :'''
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===Origines===
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Après l’écrasement du [[Révolution chinoise (1925-1927)|processus révolutionnaire ouvrier en 1927]] et le repli dans les campagnes, le [[Parti communiste chinois]] (PCC) devient un parti à base paysanne.
  
* '''Dans le domaine philosophique''', Mao a produit un certain nombre d’essais portant sur le matérialisme dialectique (c’est à dire la méthode d’analyse scientifique guidant les communistes) et sur la loi de la contradiction. Nous n’entrerons pas en détail dans ce sujet complexe ici pour ne pas surcharger cet article: nous vous conseillons la lecture des ''Quatre essais philosophiques'' portant sur ces questions.
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Au cours de la [[Longue marche]] (1935), la ligne de Mao l’emporte. Il met l’accent sur le « rôle révolutionnaire de la paysannerie » et la « guerre populaire » : partir des zones reculées où le pouvoir central est faible, gagner du terrain prudemment, gagner le soutien paysan en faisant des [[Réforme agraire|réformes agraires]] dans les zones contrôlées, puis s’emparer de l’État. Mao réaffirme de façon très nette la logique de [[révolution par étapes]] (devenue le discours dominant dans l'Internationale stalinisée) :
* '''Dans le domaine de l’organisation politique''', le maoïsme reprend les conceptions développées par Lénine d’un '''parti démocratique centralisé''' dirigé par les prolétaires, seule organisation capable d’organiser une révolution. En plus du parti, deux instruments sont nécessaires: le '''front uni''', ensemble des organisations populaires (pas nécessairement communistes) appuyant le projet révolutionnaire; et '''la force combattante''', c’est à dire la force armée capable de défendre le peuple et de combattre le système politique de la bourgeoisie.
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* De plus, le maoïsme considère que dans chaque organisation communiste, il y a une '''lutte de ligne''' entre une ligne représentant les intérêts de la classe dominante et qui freine voire trahit la révolution, et une ligne rouge, c’est à dire une ligne représentant les intérêts du prolétariat et portant la conception juste de la révolution. Comme nous l’apprend le matérialisme dialectique, un se divise en deux, c’est une loi universelle : d’un parti émergera une ligne juste et une ligne conduisant à la restauration du capitalisme. En Chine, la ligne rouge a été dominante, jusqu’en 1976 où elle a perdue, avec les conséquences que l’on connaît.
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Durant la période de la révolution démocratique bourgeoise, la république populaire n’abolira pas la propriété privée, à l’exception de celle revêtant un caractère impérialiste ou féodal, et, loin de confisquer les entreprises industrielles et commerciales de la bourgeoisie nationale, elle en encouragera le développement. Nous devons protéger tout capitaliste national qui n’accorde pas son soutien aux impérialistes ou aux traîtres à la nation. A l’étape de la révolution démocratique, la lutte entre le Travail et le Capital a des limites.<ref name=":0">Mao Zedong, ''La tactique de la lutte contre l’impérialisme japonais'', décembre 1935</ref>
* '''Dans le domaine de la pratique''', le maoïsme ne cherche pas à installer un pouvoir de manière déconnectée du peuple: les maoïstes pratiquent l’enquête, s’intéressant aux questions qui préoccupent leurs sœurs et leurs frères de classe, pour les synthétiser et proposer des solutions cohérentes et radicales. C’est en cela qu’ils constituent une avant-garde en lien avec le peuple.
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* '''Dans le domaine militaire''', le maoïsme considère que la stratégie pour la révolution est la '''guerre populaire prolongée'''. Guerre populaire, car elle vise à mobiliser largement le peuple dans l’affrontement avec le vieil État, sans attendre un “grand soir” qui n’arrivera jamais. Le maoïsme n’est donc pas “légaliste”, il considère que tous les moyens doivent être envisagés dans le combat. Guerre prolongée, car elle se développe en trois phases: tout d’abord une longue phase de '''défensive stratégique''', durant laquelle le camp révolutionnaire se défend, accumule des forces et commence à porter des coups à l’appareil d’État; puis un '''équilibre stratégique''', durant lequel les forces de la révolution son équivalentes à celles de l’État; et enfin l’'''offensive stratégique''', durant laquelle les centres du pouvoir sont encerclées par les périphéries (banlieues populaires, campagnes, régions excentrées…) et prises d’assaut. Pour les maoïstes, le pouvoir est “au bout du fusil”: sans armer le peuple, ce dernier sera condamné. Il s’agit de se défendre sous la direction du parti, puis de contre-attaquer pour obtenir une vraie libération.
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Mao renforce sa main-mise idéologique sur l'appareil militaire, et soutient la nécessité de « réprimer les traîtres à la nation et les trotskistes »<ref name=":1">Mao Zedung, ''De la guerre prolongée'',  mai-juin 1938 <br /></ref>. Et dans la tradition stalinienne, il faisait dire aux [[Trotskisme|trotskistes]] des choses qu'ils ne disaient absolument pas :
* Durant cette guerre populaire prolongée, un '''contre pouvoir''' est créé et se développe. C’est à dire que dans des zones libérées, appelées “zones rouges” (quartiers, zones isolées, puis villages et petites villes…), la révolution se met en place, avec une redistribution des biens, de nouveaux droits et devoirs, une nouvelle culture, une justice sociale réelle.  L’existence même de ce contre pouvoir sabote la légitimité et l’activité de l’État bourgeois.
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* Le maoïsme s’oppose donc aux '''illusions réformistes''', et explique qu’aucun changement ne pourra venir des élections. Ce n’est pas une position anarchiste : dans certains pays, dans des conditions et à des moments donnés, un mouvement populaire puissant peut s’exprimer dans les élections, mais ce n’est simplement pas le cas actuellement en Europe de l’ouest, ni dans beaucoup d’autres régions du monde d’ailleurs. C’est pourquoi les maoïstes organisent quand c’est nécessaire des campagnes de boycott des élections.
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Seuls les contre-révolutionnaires trotskistes peuvent être assez insensés pour affirmer que la révolution démocratique bourgeoise en Chine est déjà accomplie et que tout développement ultérieur de la révolution ne saurait être que socialiste.<ref name=":0" />
* '''Dans le domaine du socialisme''', le maoïsme considère que “on a raison de se révolter”: face à un risque de bureaucratisation de l’État après la révolution, ou tout autre risque de retour au capitalisme, il faut employer les méthodes de la Révolution Culturelle et poursuivre la lutte sans trêve pour développer de nouveaux rapports humains, en cohérence avec la transformation de l’économie et la mise en place d’une démocratie participative réelle, au service du peuple.
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* '''Dans le domaine du féminisme''', le maoïsme affirme la nécessité d’un '''féminisme prolétarien''', c’est à dire d’un féminisme au service de la majeure partie de la population, la plus durement exploitée. Dans notre société patriarcale les femmes continuent de vivre dans l’insécurité, du fait des agressions, des inégalités, des travaux moins bien considérés ou payés. Mais à la maison, le travail domestique constitue en plus une seconde peine. Cette société est incapable de résoudre ces problèmes, qui au contraire lui profitent. Les femmes ont donc un rôle dirigeant à jouer dans la révolution, à tous les niveaux. Le féminisme prolétarien inclut également la libération des minorités de genre et d’orientation sexuelle dans ses objectifs en proposant à ces groupes un rôle de leadership dans le mouvement et en défendant l’auto-organisation des personnes concernées.
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A ce moment, Mao s'éloigne de Staline, et parvient à autonomiser le PCC par rapport aux consignes du Komintern. Il faut dire que les consignes de Staline, préconisant toujours un suivisme vis-à-vis du [[Kuomintang]], n'avaient mené qu'à la catastrophe ([[Massacre de Shanghai|liquidation de l'avant-garde ouvrière du parti]]). Pourtant, les émissaires de Staline continuaient à demander au PCC de se contenter d'un rôle d'appoint au Kuomintang : Moscou ne considérait ses sections nationales que comme des forces à sa dispositions pour négocier, mais à aucun moment il n'espérait ni ne souhaitait une prise du pouvoir.  
* '''Dans le domaine de l’internationalisme''', le maoïsme défend l’'''internationalisme prolétarien''', c’est à dire la solidarité active de toutes les personnes ayant intérêt à abattre ce système autour du globe au travers de la même lutte, des mêmes objectifs. Il n’y a plus aujourd’hui de vrai “État communiste” : l’impérialisme se développe sur toute la planète, et conduit à des guerres de plus en plus nombreuses et meurtrières, notamment au Moyen-Orient et dans les pays dits “semi coloniaux, semi féodaux”. Si les États-Unis restent la principale puissance impérialiste, les maoïstes considèrent qu’il faut aussi tenir compte des autres puissances (notamment la Russie et la Chine) pour comprendre l’aggravation actuelle des tensions. Les maoïstes refusent de choisir entre la peste et le choléra, et combattent en priorité l’impérialisme de leur propre pays pour affirmer leur solidarité avec les peuples qui en sont victime – principalement en Afrique concernant l’impérialisme français.
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* Il s’agit également de travailler à '''bâtir un front contre le racisme et la montée du fascisme''', conséquence directe de l’impérialisme. Pour cela, les maoïstes s’allient parfois avec d’autres forces politiques progressistes, et travaillent avec les personnes prolétaires immigrées pour leur permettre de se défendre. Dans la même optique, l’internationalisme consiste à créer des liens solides avec d’autres organisations dans d’autres pays, avec comme but de reconstruire une '''structure internationale'''coordonnant et soutenant les forces révolutionnaires. Les mouvements maoïstes en Inde, en Turquie, aux Philippines ou encore au Brésil sont particulièrement puissants aujourd’hui.
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===Vers la prise du pouvoir===
* '''Dans le domaine théorique''', le maoïsme est donc une troisième étape de la pensée communiste, complétant le '''marxisme''' et le '''léninisme'''. Issu d’un siècle et demi de lutte pour la révolution, il constitue une théorie complète et aboutie, expérimentée avec succès en de l’Asie à l’Amérique latine
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Le [[Parti communiste chinois|PCC]] va alors mettre en avant la ligne du « bloc des 4 classes ». C'est ce que représente le drapeau de la République populaire de Chine : 4 étoiles autour de la grande étoile (le parti) : la paysannerie, la classe ouvrière, la petite-bourgeoisie et la bourgeoisie « patriote ».
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Il s'agit donc d'une ligne qui s'était alors, dans les années 1940, largement éloignée du modèle marxiste du [[parti ouvrier]] menant une [[révolution ouvrière]]. Concrètement, la [[Révolution russe (1917)|révolution russe de 1917]] avait elle aussi fait appel à l'énergie révolutionnaire de la [[Mouvement paysan en Russie|paysannerie]]. Mais [[Lénine]] et les [[Parti bolchévik|bolchéviks]] ont toujours insisté sur le fait que l'avant-garde, dans les villes et les usines, était le prolétariat.
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D'un point de vue tactique et militaire, la ligne de Mao a été un succès pour accomplir une révolution nationale, c'est-à-dire chasser les colonisateurs et réunifier le pays en déliquescence [[Révolution chinoise (1911)|depuis 1911]]. La rupture avec Staline a donc été une clairvoyance de Mao. Cependant le [[Révolution chinoise (1949)|phénomène révolutionnaire de 1949]] a été très différent de ce qui s'est passé en 1917, et l'on ne peut pas parler de [[révolution prolétarienne]] :
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*en 1917 l'[[auto-organisation]] ([[soviets]] et [[Comité d’usine|comités d'usine]]) était omniprésente, et avait son avant-garde dans les centre urbains, et le [[parti bolchévik]] a pris le pouvoir sur la base de la conquête de la majorité dans ces soviets ;
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*en 1949 une armée consolidée dans les campagne encercle les centres urbains et la prise du pouvoir se fait militairement, alors que les ouvriers comme les patrons restent relativement spectateurs.
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===Le nouveau régime===
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Au moment de la prise du pouvoir en 1949, les maoïstes n'ont d'ailleurs pas prétendu avoir accompli une révolution socialiste. Ils annonçaient la mise en place d'une  « Nouvelle démocratie », cherchant à composer avec la bourgeoisie (les patrons restaient en place dans les entreprises, etc.). Ce n'est qu'en 1953, sous l'effet du sabotage des bourgeois qui refusaient de servir ce gouvernement, que le régime a commencé à [[Étatisation|étatiser]] l'économie, et à prétendre ouvertement construire un régime socialiste.
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Dirigé de façon dictatoriale par le PCC comme parti unique, ce régime ne peut en aucun cas être considéré comme socialiste. Il accordait certes des avantages sociaux aux classes populaires, mais c'est un point commun avec de nombreux régimes dirigés par des nationalistes bourgeois cherchant à réaliser une unité du pays pour le développer rapidement et en faire une puissance. Par ailleurs, le caractère bureaucratique de l'étatisation de l'économie a conduit à de nombreuses catastrophes sociales (Grand bon en avant...).
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Le régime de Mao avait de nombreux points communs avec celui de Staline :
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* camps de « rééducation » par le travail (laogai)
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* techniques de manipulation de l'information très proches de celles de Staline (y compris retouche de photographies)<ref>Le Parisien, [https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/mao-et-ses-photos-truquees-21-07-2010-1007781.php Mao et ses photos truquées], 2010</ref>
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===Discours à l'international===
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Comme le « marxisme-léninisme » en URSS, le discours officiel de l'État chinois va essentiellement être une [[idéologie]] servant à justifier la politique nationale et les intérêts des dirigeants du pays.
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Pendant les premières années, le régime va s'allier à l'URSS.
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En 1960, Mao accuse Khrouchtchev de « [[révisionnisme]] » parce qu’il négocie avec les USA.
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Dès l'origine la Chine a utilisé l'aura de sa lutte anti-impérialiste pour se poser en modèle pour les pays coloniaux ou semi-coloniaux. Néanmoins, on peut constater que les conflits de lutte d'influence régionale éclatent aussitôt après que des États capitalistes décolonisés se sont constitués. Ainsi par exemple le guerre entre l'Inde et la Chine en 1962.
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En 1972 la Chine amorce un rapprochement avec les États-Unis... Le régime critique alors le « social-impérialisme » de l’URSS, qui représenterait en fait un danger encore plus grand pour la Chine, et va mettre en avant la « théorie des 3 mondes » :
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#USA/URSS
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#Pays industrialisés vassaux
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#Tiers monde, non-alignés, devant être guidés par la Chine.
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Certains maoïstes considèrent que le maoïsme est le maintien d'une réelle pensée communiste, d'autres considèrent qu'il est « une troisième étape de la pensée communiste, complétant le marxisme et le léninisme. »
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La plupart des maoïstes considèrent que la Chine d'aujourd'hui n'est plus un État communiste.
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==Succès hors de Chine==
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===Influence internationale===
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Très vite après la mort de [[Staline]], le régime maoïste tenta, comme l'avait fait le [[Stalinisme|régime stalinien]], d'user de son pouvoir d'État pour influencer le [[Internationale Communiste|mouvement communiste international]]. Entre deux régimes bureaucratiques relativement puissants, il ne pouvait que naître des conflits, ce qui mena à la [[rupture sino-soviétique]].
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Une première période s'ouvre avec le [[XXe congrès du Parti communiste de l'Union soviétique|<abbr>XX<sup>e</sup></abbr> congrès du Parti communiste de l'Union soviétique]] en 1956. La critique du stalinisme se heurte à des oppositions importantes dans certains partis communistes européens (notamment celle de [[Maurice Thorez]] en France). Dans les années qui suivirent le <abbr>XX<sup>e</sup></abbr> Congrès du PC soviétique, Mao avait appuyé la [[déstalinisation]]. Cependant, au fur et à mesure que les désaccords entre Chinois et Soviétiques s'envenimèrent (principalement à partir de 1960), les Chinois s'efforcèrent de rallier les éléments les plus staliniens des différents PC. Pour l'essentiel, cette tentative échoua. Les tendances anti-khrouchtchéviennes reculèrent généralement devant la perspective d'une scission.
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La scission intervint au niveau international en 1963. Le PC chinois publia un long texte programmatique sur la ligne générale du mouvement communiste international (« les 25 points »)<ref>''[https://lesmaterialistes.com/propositions-concernant-ligne-generale-mouvement-communiste-international-1963 La proposition du parti communiste chinois concernant la ligne générale du mouvement communiste international]'' </ref> et appela les « forces saines marxistes-léninistes » à se rassembler autour de cette plateforme, sur une ligne « anti-[[Révisionnisme|révisionniste]] ».
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Un des facteurs qui a contribué à l'instabilité du courant maoïste a été le refus des dirigeants chinois de former un cadre international multilatéral. Pékin préférait attribuer et retirer des « reconnaissances » en fonction de la capacité des groupes à répéter textuellement les éditoriaux de ''Pékin Information''. Une aide financière non négligeable récompensait les groupes les plus fidèles indépendamment de leurs activités réelles sur le terrain. Le cas des Pays-Bas résumait bien cette situation : les Chinois y finançaient abondamment un groupe créé de toutes pièces par la sûreté de l'État.
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===Pays en développement===
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La politique internationale de la Chine et du PCC représente, sans doute encore plus que celle de l'URSS stalinienne, la progressive adaptation nationale du mouvement communiste et son alignement de plus en plus ouvert sur la politique étrangère des pays qui maniaient le marxisme-léninisme.
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Il n'y a aucune logique marxiste dans les revirements de la politique étrangère chinoise. La Chine a soutenu l'écrasement de l’[[Insurrection de Budapest|insurrection hongroise]] puis le [[printemps de Prague]]. La Chine a soutenu l’[[Rébellion naxalite|insurrection naxalite]] en Inde, mais aussi l'écrasement des révoltes populaires au Pakistan et à Ceylan, car ces deux derniers pays étaient alliés aux USA, ceux-ci étant "moins pires" que le "[[social-impérialisme]]" soviétique. 
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Les plus grosses formations maoïstes dans les pays en voie de développement ont toutes peu à peu abandonné le maoïsme, s'intégrant dans le mouvement ouvrier de leur pays, jusqu’à abandonner l'idée de révolution. On citera le PC du Brésil, aujourd'hui parti de masse et allié majeur du PT brésilien, le PC révolutionnaire d'Argentine qui soutient les gouvernements péronistes, ou le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de l'équateur, devenu pro-albanais, qui a soutenu Correa.
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Plusieurs partis marxistes-léninistes se sont lancé dans des luttes armées plus ou moins couronnées de succès, la plupart s'étalant sur des années et conduisant à des exactions catastrophiques, comme en : 
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*Inde<ref>massline.info, ''[http://massline.info/India/Indian_Groups.htm Maoist-Influenced Revolutionary Organizations in India]''</ref>
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*Sri Lanka ([[w:Janatha Vimukthi Peramuna|JVP]])
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*Népal
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*Philippines
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*Turquie
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*Pérou
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===Pays impérialistes===
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{{See also|Maoïsme en occident}}
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Très peu de militants communistes européens se rallièrent à la ligne chinoise en 1963, à part en Belgique.
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Dans les pays impérialistes, le PCC impulsait dans ses partis-frères marxiste-léninistes des lignes politiques qui visaient au maintien du statu-quo. Au Japon, les propositions faites par le PC Japonais (maoïste jusqu'en 1967) étaient de constituer un large « front patriotique et uni de toutes les strates », incluant « de nombreux grands entrepreneurs japonais » pour s'opposer à l'impérialisme américain. En France, les slogans généraux des organisations maoïstes pendant Mai 68 étaient "l'union contre le pouvoir des monopoles" et le "front populaire pour la liberté"<ref>Le mouvement "maoïste" en France, Patrick Kessel, Union Générale d'Editions, Paris, 1978.</ref>. Il faut aussi rappeler l'affaire du télégramme de condoléance envoyé par Mao à la veuve du Général De Gaulle.
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A contrario de ces slogans issus des vieux réflexes des PC stalinisés, vers 1966-1968, la radicalisation d'une partie de la [[jeunesse]] étudiante occidentale apporte de nouveaux partisans au maoïsme. Sur la base d'échos très partiaux de la [[Révolution culturelle]], et sans doute avec un fond d'[[orientalisme]], un grand engouement pour la Chine apparaît dans les milieux [[Mouvement étudiant|étudiants]] et intellectuels. Cela s'accompagne de nouveaux thèmes et lignes politiques, beaucoup plus gauchistes, appelant souvent à la lutte armée immédiate et à faire la révolution culturelle dès maintenant dans leurs pays respectif, refusant les syndicats contrôlé par les sociaux-démocrates ou les pro-soviétique et les élections. Cela contribue à un isolement assez visible du maoïsme hors de certains milieux, sapant sa volonté de conquête de la classe ouvrière et le faisant s'effondrer dès que les répercussions de la vague mondiale de Mai s'effaceront.
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[[Fichier:Arbre-Maoisme-France.jpg|vignette|293x293px|Organisations maoïstes en France]]
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La nébuleuse des organisations maoïstes sera la principale force de l'[[Extrême gauche|extrême-gauche]] entre 1968 et 1975, à l'exception de la Grande-Bretagne et de la France où les [[Trotskisme|trotskistes]] étaient plus structurés. En 1970, on dénombre plusieurs centaines d'organisations maoïstes en Europe, souvent minuscules. Le plus souvent, elles attaquent violemment les autres courants communistes, mais se livrent surtout une guerre  impitoyable entre elles.
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Après 1968 et jusqu'au milieu des années 70, on distinguait généralement :
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*les « mao-stals » : ceux qui se revendiquaient généralement les vrais « [[Marxisme-léninisme|marxistes-léninistes]] », affichant souvent « Marx, Engels, Lénine, Staline, Mao » dans leur iconographie ;
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*les « [[mao-spontex]] » ([[Spontanéisme|spontanéistes]]) : représentant l'essentiel des jeunes recrues, mouvement éclectique, que certains ont rapproché des libertaires, ils s'appelaient généralement plutôt « maoïstes ».
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La plupart des jeunes qui forment ces organisations n'ont qu'une connaissance sommaire du [[marxisme]], et même du maoïsme réellement existant. Si bien que le maoïsme des années 1970 retombera comme un soufflet, après l’essoufflement de ceux qui ne vivaient qu'une exaltation passagère, et après les révélations sur l'envers du décors du régime chinois.
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Aujourd'hui, le [[Parti du travail de Belgique]] est l'un des rares anciens partis maoïstes occidentaux qui ait continué à exister sur le plan électoral.
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En France aujourd'hui, les groupes maoïstes actifs sont :
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*l'Organisation communiste marxiste-léniniste Voie prolétarienne, '''OCML VP''',
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**elle publie le mensuel ''Partisan'' et anime le blog "''Où va la CGT?''" (1976-) ;
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**elle ne se revendique pas de Staline, et caractérise l'ancien [[bloc de l’Est]] comme un [[capitalisme d’État]].
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*le Parti Communiste Maoïste fondé en 2015 suite au congrès d'unification des maoïstes. Il publie la brochure "Le Drapeau Rouge"<ref>{{Lien web|langue=fr-FR|titre=Parti Communiste Maoïste|url=http://www.pcmaoiste.org/|consulté le=2019-07-01}}</ref><sup class="reference cite_virgule">,</sup><ref>{{Lien web|langue=fr-FR|titre=Le Drapeau Rouge – Parti Communiste Maoïste|url=https://www.pcmaoiste.org/nos-publications/le-drapeau-rouge/|consulté le=2019-07-01}}</ref>.
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*L'Union Prolétarienne Marxiste-Léniniste, '''UPML''', issu d'une scission d'OCML VP, en 2016, membre de l'ICOR, il produit régulièrement le bulletin Prolétaire Debout.<ref>{{Lien web|langue=fr-FR|titre=UPML {{!}} Union Prolétarienne Marxiste-Léniniste|url=http://upml.org/|consulté le=2019-08-26}}</ref>
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*L'Unité Communiste, '''UnCo''', fondé en 2016, membre aussi de l'ICOR.
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==Particularités politiques==
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===La base paysanne===
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La configuration sociologique de la Chine des années 1920-1940 avait des points communs avec celle de la Russie d'avant 1917. Dans les deux cas, la population paysanne était largement majoritaire, et dans les deux cas, un parti dont l'idéologie (marxisme) faisait du prolétariat le porteur du socialisme est arrivé au pouvoir. Mais l'articulation entre le parti et les classes était très différente.
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Le [[parti bolchévik]] était très implanté dans la classe ouvrière, et puisait son dynamisme de son auto-organisation ([[soviets]], [[Comité d’usine|comités d'usine]], [[Garde rouge|gardes rouges]] liés aux quartiers ouvriers...). A l'inverse, le parti maoïste avait perdu depuis longtemps tout lien avec le mouvement ouvrier au moment de la [[Révolution chinoise (1949)|révolution de 1949]]. L'[[Armée rouge]] en Russie est devenue une armée majoritairement paysanne, mais à partir de son noyau ouvrier. L'Armée rouge en Chine s'était cristallisée en une armée [[paysanne]] dirigée par une couche d'[[intellectuels]] sans liens avec le [[mouvement ouvrier]].
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Dix-sept ans avant la prise du pouvoir par les maoïstes, [[Trotski]] analysait à quel point le pouvoir dont ils étaient porteur était de nature différente :
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Lorsque le Parti communiste, fermement appuyé sur le prolétariat des villes, essaye de commander l'armée paysanne par une direction ouvrière, c'est une chose. C'est tout autre chose lorsque quelques milliers, ou même quelques dizaines de milliers de révolutionnaires qui dirigent la guerre paysanne, sont ou se déclarent communistes, sans avoir aucun appui sérieux dans le prolétariat. Or, telle est avant tout la situation en Chine. (...) Les cercles dirigeants de l'armée rouge chinoise ont, sans aucun doute, réussi à se créer une psychologie de commandement. En l'absence d'un fort parti révolutionnaire et d'organisations de masses prolétariennes, il ne peut y avoir en fait de contrôle sur les cercles dirigeants.<ref>Léon Trotski, ''[https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1932/09/320922.htm La guerre des paysans en Chine et le prolétariat]'', 22 septembre 1932</ref>
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===Unité populaire et ligne de masse===
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En plus du parti, le maoïsme met l'accent sur le front uni, ensemble des organisations populaires (pas nécessairement communistes) appuyant le projet révolutionnaire.
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Tenir une « ligne de masse » consiste à éviter l'erreur du [[suivisme]] (le parti suit les masses sans rien leur apporter) et de l’[[aventurisme]] (le parti se coupe des masses). Il s'agit d'une reformulation d'une conduite déjà présente dans le mouvement communiste.
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===La « lutte de ligne »===
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Mao a théorisé que toute organisation communiste importante connaît forcément une lutte de ligne en interne, entre une ligne représentant les intérêts de la classe dominante et qui freine voire trahit la révolution, et une ligne rouge, représentant les intérêts du prolétariat et portant la conception juste de la révolution.
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Mao a utilisé cette conception pour lancer la [[révolution culturelle]] en 1966, en faisant passer le secteur de la bureaucratie qu'il dirigeait pour le camp réellement révolutionnaire. Selon les maoïstes, après 1976, la ligne rouge a été perdue.
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===La guerre populaire prolongée===
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La maoïsme donne généralement une grande place à la [[lutte armée]] dans sa stratégie [[révolutionnaire]]. Il répète souvent que le pouvoir est “au bout du fusil”.
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*une longue phase de '''défensive stratégique''', durant laquelle le camp révolutionnaire se défend, accumule des forces et commence à porter des coups à l’appareil d’État;
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*puis un '''équilibre stratégique''', durant lequel les forces de la révolution son équivalentes à celles de l’État;
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Pendant la guerre civile, en insistant sur la guerre prolongée, Mao insistait sur la nécessité de maintenir à tout prix le front unique avec le [[Kuomintang]] (et donc de repousser toute revendication de type [[lutte des classes]]) et de stigmatiser les « partisans d'une victoire rapide », assimilés aux trotskistes.<ref name=":1" />
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===« Contre-pouvoir »===
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Durant cette guerre populaire prolongée, les maoïstes sont censés créer un contre pouvoir dans des zones libérées, appelées “zones rouges” (quartiers, zones isolées, puis villages et petites villes…), avec une [[redistribution des terres]], de nouveaux droits et devoirs, une nouvelle culture...  L’existence même de ce contre pouvoir sabote la légitimité et l’activité de l’État.
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Dans les théorisations des débuts du [[mouvement communiste]], c'est la notion de [[double pouvoir]] qui était centrale. La différence est nette :
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*le contre-pouvoir maoïste est une logique militaro-territoriale, subordonnant le social : c'est par la conquête militaire d'une zone que l'on gagne du terrain vers la prise du pouvoir (un pouvoir qui est alors pris de façon totalement [[substitutiste]], donc [[Bureaucratie|bureaucratique]]), les éventuelles conquêtes sociales sont octroyées d'en haut ;
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*le [[double pouvoir]] est une logique centrée sur la [[Lutte des classes|lutte de classe]] au sein d'un même territoire, subordonnant la question militaire comme moyen de se défendre.
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Les maoïstes sont généralement  actifs dans les mouvements internationalistes et [[Anti-impérialisme|anti-impérialistes]], plus que les courants staliniens.
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Cependant cet anti-impérialisme est très relatif, et des partis maoïstes ont pu s'assoir complètement sur tout principe. Par exemple au Sri Lanka, le [[w:Janatha Vimukthi Peramuna|Janatha Vimukthi Peramuna]] a participé au génocide des Tamouls.
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===Dialectique===
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Selon les maoïstes, Mao a produit certains apports au [[matérialisme dialectique]] dans ses essais, notamment dans ses ''Quatre essais philosophiques''.
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==Culte de la personnalité==
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Le régime chinois a immédiatement développé un [[culte de la personnalité]] de Mao.
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A l'international également, les organisations maoïstes ont davantage que les staliniens colporté ce travers. Une de leurs caractéristiques est aussi d'avoir créé un culte de leurs propres dirigeants locaux : [https://it.wikipedia.org/wiki/Aldo_Brandirali Aldo Brandirali] en Italie, [[w:Arnaldo Matos|Arnaldo Matos]] au Portugal, [[w:Hardial Bains|Hardial Bains]] au Canada, [[w:Abimael Guzmán|Abimael Guzmán]] (alias « Président Gonzalo ») au Pérou...
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==Notes et sources==
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*Cahiers d'études et de recherche, [https://fileserver.iire.org/cer/pierreroussetnr2frenchfinal.pdf La révolution chinoise, tome 1] et [https://fileserver.iire.org/cer/pierre%20roussetnr3frenchfinal.pdf tome 2], 1987
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*Lutte ouvrière, [https://www.lutte-ouvriere.org/publications/cercle-leon-trotsky/la-chine-de-mao-la-demaoisation La Chine : de Mao à la démaoïsation], 1984
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[[Catégorie:Théorie]]
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<references />

Version actuelle datée du 22 janvier 2023 à 19:48

Statue de Mao Zedong à Lijiang.

Le maoïsme désigne la politique menée par Mao Zedung avant et après la prise du pouvoir en Chine en 1949.

Cela désigne aussi un ensemble de courants politiques se revendiquant du maoïsme dans plusieurs pays du monde, ces courants pouvant présenter de notables différences entre eux. Généralement, les maoïstes se désignent, comme les staliniens, comme des « marxistes-léninistes », ou des « marxistes-léninistes-maoïstes ».

Le maoïsme présente des points communs et des continuités avec le stalinisme, du fait d'être issu historiquement du Komintern stalinisé, et du fait d'avoir été également l'idéologie d'un parti-État bureaucratique.

Il présente cependant quelques nuances, issues du fait que Mao s'est autonomisé de Staline dans les années 1940, et du fait que la Chine maoïste a rompu par la suite avec l'URSS, et du fait de la révolution culturelle. Cela a pu rendre dans certains cas les maoïstes progressistes par rapport aux staliniens.

1 Le maoïsme en Chine[modifier | modifier le wikicode]

1.1 Origines[modifier | modifier le wikicode]

Après l’écrasement du processus révolutionnaire ouvrier en 1927 et le repli dans les campagnes, le Parti communiste chinois (PCC) devient un parti à base paysanne.

Au cours de la Longue marche (1935), la ligne de Mao l’emporte. Il met l’accent sur le « rôle révolutionnaire de la paysannerie » et la « guerre populaire » : partir des zones reculées où le pouvoir central est faible, gagner du terrain prudemment, gagner le soutien paysan en faisant des réformes agraires dans les zones contrôlées, puis s’emparer de l’État. Mao réaffirme de façon très nette la logique de révolution par étapes (devenue le discours dominant dans l'Internationale stalinisée) :

Durant la période de la révolution démocratique bourgeoise, la république populaire n’abolira pas la propriété privée, à l’exception de celle revêtant un caractère impérialiste ou féodal, et, loin de confisquer les entreprises industrielles et commerciales de la bourgeoisie nationale, elle en encouragera le développement. Nous devons protéger tout capitaliste national qui n’accorde pas son soutien aux impérialistes ou aux traîtres à la nation. A l’étape de la révolution démocratique, la lutte entre le Travail et le Capital a des limites.[1]

Mao renforce sa main-mise idéologique sur l'appareil militaire, et soutient la nécessité de « réprimer les traîtres à la nation et les trotskistes »[2]. Et dans la tradition stalinienne, il faisait dire aux trotskistes des choses qu'ils ne disaient absolument pas :

Seuls les contre-révolutionnaires trotskistes peuvent être assez insensés pour affirmer que la révolution démocratique bourgeoise en Chine est déjà accomplie et que tout développement ultérieur de la révolution ne saurait être que socialiste.[1]

A ce moment, Mao s'éloigne de Staline, et parvient à autonomiser le PCC par rapport aux consignes du Komintern. Il faut dire que les consignes de Staline, préconisant toujours un suivisme vis-à-vis du Kuomintang, n'avaient mené qu'à la catastrophe (liquidation de l'avant-garde ouvrière du parti). Pourtant, les émissaires de Staline continuaient à demander au PCC de se contenter d'un rôle d'appoint au Kuomintang : Moscou ne considérait ses sections nationales que comme des forces à sa dispositions pour négocier, mais à aucun moment il n'espérait ni ne souhaitait une prise du pouvoir.

1.2 Vers la prise du pouvoir[modifier | modifier le wikicode]

Le PCC va alors mettre en avant la ligne du « bloc des 4 classes ». C'est ce que représente le drapeau de la République populaire de Chine : 4 étoiles autour de la grande étoile (le parti) : la paysannerie, la classe ouvrière, la petite-bourgeoisie et la bourgeoisie « patriote ».

Il s'agit donc d'une ligne qui s'était alors, dans les années 1940, largement éloignée du modèle marxiste du parti ouvrier menant une révolution ouvrière. Concrètement, la révolution russe de 1917 avait elle aussi fait appel à l'énergie révolutionnaire de la paysannerie. Mais Lénine et les bolchéviks ont toujours insisté sur le fait que l'avant-garde, dans les villes et les usines, était le prolétariat.

D'un point de vue tactique et militaire, la ligne de Mao a été un succès pour accomplir une révolution nationale, c'est-à-dire chasser les colonisateurs et réunifier le pays en déliquescence depuis 1911. La rupture avec Staline a donc été une clairvoyance de Mao. Cependant le phénomène révolutionnaire de 1949 a été très différent de ce qui s'est passé en 1917, et l'on ne peut pas parler de révolution prolétarienne :

  • en 1917 l'auto-organisation (soviets et comités d'usine) était omniprésente, et avait son avant-garde dans les centre urbains, et le parti bolchévik a pris le pouvoir sur la base de la conquête de la majorité dans ces soviets ;
  • en 1949 une armée consolidée dans les campagne encercle les centres urbains et la prise du pouvoir se fait militairement, alors que les ouvriers comme les patrons restent relativement spectateurs.

1.3 Le nouveau régime[modifier | modifier le wikicode]

Au moment de la prise du pouvoir en 1949, les maoïstes n'ont d'ailleurs pas prétendu avoir accompli une révolution socialiste. Ils annonçaient la mise en place d'une « Nouvelle démocratie », cherchant à composer avec la bourgeoisie (les patrons restaient en place dans les entreprises, etc.). Ce n'est qu'en 1953, sous l'effet du sabotage des bourgeois qui refusaient de servir ce gouvernement, que le régime a commencé à étatiser l'économie, et à prétendre ouvertement construire un régime socialiste.

Dirigé de façon dictatoriale par le PCC comme parti unique, ce régime ne peut en aucun cas être considéré comme socialiste. Il accordait certes des avantages sociaux aux classes populaires, mais c'est un point commun avec de nombreux régimes dirigés par des nationalistes bourgeois cherchant à réaliser une unité du pays pour le développer rapidement et en faire une puissance. Par ailleurs, le caractère bureaucratique de l'étatisation de l'économie a conduit à de nombreuses catastrophes sociales (Grand bon en avant...).

Le régime de Mao avait de nombreux points communs avec celui de Staline :

  • camps de « rééducation » par le travail (laogai)
  • techniques de manipulation de l'information très proches de celles de Staline (y compris retouche de photographies)[3]

1.4 Discours à l'international[modifier | modifier le wikicode]

Comme le « marxisme-léninisme » en URSS, le discours officiel de l'État chinois va essentiellement être une idéologie servant à justifier la politique nationale et les intérêts des dirigeants du pays.

Pendant les premières années, le régime va s'allier à l'URSS.

En 1960, Mao accuse Khrouchtchev de « révisionnisme » parce qu’il négocie avec les USA.

Dès l'origine la Chine a utilisé l'aura de sa lutte anti-impérialiste pour se poser en modèle pour les pays coloniaux ou semi-coloniaux. Néanmoins, on peut constater que les conflits de lutte d'influence régionale éclatent aussitôt après que des États capitalistes décolonisés se sont constitués. Ainsi par exemple le guerre entre l'Inde et la Chine en 1962.

En 1972 la Chine amorce un rapprochement avec les États-Unis... Le régime critique alors le « social-impérialisme » de l’URSS, qui représenterait en fait un danger encore plus grand pour la Chine, et va mettre en avant la « théorie des 3 mondes » :

  1. USA/URSS
  2. Pays industrialisés vassaux
  3. Tiers monde, non-alignés, devant être guidés par la Chine.

Certains maoïstes considèrent que le maoïsme est le maintien d'une réelle pensée communiste, d'autres considèrent qu'il est « une troisième étape de la pensée communiste, complétant le marxisme et le léninisme. »

La plupart des maoïstes considèrent que la Chine d'aujourd'hui n'est plus un État communiste.

2 Succès hors de Chine[modifier | modifier le wikicode]

2.1 Influence internationale[modifier | modifier le wikicode]

Très vite après la mort de Staline, le régime maoïste tenta, comme l'avait fait le régime stalinien, d'user de son pouvoir d'État pour influencer le mouvement communiste international. Entre deux régimes bureaucratiques relativement puissants, il ne pouvait que naître des conflits, ce qui mena à la rupture sino-soviétique.

Une première période s'ouvre avec le XXe congrès du Parti communiste de l'Union soviétique en 1956. La critique du stalinisme se heurte à des oppositions importantes dans certains partis communistes européens (notamment celle de Maurice Thorez en France). Dans les années qui suivirent le XXe Congrès du PC soviétique, Mao avait appuyé la déstalinisation. Cependant, au fur et à mesure que les désaccords entre Chinois et Soviétiques s'envenimèrent (principalement à partir de 1960), les Chinois s'efforcèrent de rallier les éléments les plus staliniens des différents PC. Pour l'essentiel, cette tentative échoua. Les tendances anti-khrouchtchéviennes reculèrent généralement devant la perspective d'une scission.

La scission intervint au niveau international en 1963. Le PC chinois publia un long texte programmatique sur la ligne générale du mouvement communiste international (« les 25 points »)[4] et appela les « forces saines marxistes-léninistes » à se rassembler autour de cette plateforme, sur une ligne « anti-révisionniste ».

Un des facteurs qui a contribué à l'instabilité du courant maoïste a été le refus des dirigeants chinois de former un cadre international multilatéral. Pékin préférait attribuer et retirer des « reconnaissances » en fonction de la capacité des groupes à répéter textuellement les éditoriaux de Pékin Information. Une aide financière non négligeable récompensait les groupes les plus fidèles indépendamment de leurs activités réelles sur le terrain. Le cas des Pays-Bas résumait bien cette situation : les Chinois y finançaient abondamment un groupe créé de toutes pièces par la sûreté de l'État.

2.2 Pays en développement[modifier | modifier le wikicode]

La politique internationale de la Chine et du PCC représente, sans doute encore plus que celle de l'URSS stalinienne, la progressive adaptation nationale du mouvement communiste et son alignement de plus en plus ouvert sur la politique étrangère des pays qui maniaient le marxisme-léninisme.

Il n'y a aucune logique marxiste dans les revirements de la politique étrangère chinoise. La Chine a soutenu l'écrasement de l’insurrection hongroise puis le printemps de Prague. La Chine a soutenu l’insurrection naxalite en Inde, mais aussi l'écrasement des révoltes populaires au Pakistan et à Ceylan, car ces deux derniers pays étaient alliés aux USA, ceux-ci étant "moins pires" que le "social-impérialisme" soviétique.

Les plus grosses formations maoïstes dans les pays en voie de développement ont toutes peu à peu abandonné le maoïsme, s'intégrant dans le mouvement ouvrier de leur pays, jusqu’à abandonner l'idée de révolution. On citera le PC du Brésil, aujourd'hui parti de masse et allié majeur du PT brésilien, le PC révolutionnaire d'Argentine qui soutient les gouvernements péronistes, ou le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de l'équateur, devenu pro-albanais, qui a soutenu Correa.

Plusieurs partis marxistes-léninistes se sont lancé dans des luttes armées plus ou moins couronnées de succès, la plupart s'étalant sur des années et conduisant à des exactions catastrophiques, comme en :

  • Inde[5]
  • Sri Lanka (JVP)
  • Népal
  • Philippines
  • Turquie
  • Pérou

2.3 Pays impérialistes[modifier | modifier le wikicode]

🔍 Voir : Maoïsme en occident.

Très peu de militants communistes européens se rallièrent à la ligne chinoise en 1963, à part en Belgique.

Dans les pays impérialistes, le PCC impulsait dans ses partis-frères marxiste-léninistes des lignes politiques qui visaient au maintien du statu-quo. Au Japon, les propositions faites par le PC Japonais (maoïste jusqu'en 1967) étaient de constituer un large « front patriotique et uni de toutes les strates », incluant « de nombreux grands entrepreneurs japonais » pour s'opposer à l'impérialisme américain. En France, les slogans généraux des organisations maoïstes pendant Mai 68 étaient "l'union contre le pouvoir des monopoles" et le "front populaire pour la liberté"[6]. Il faut aussi rappeler l'affaire du télégramme de condoléance envoyé par Mao à la veuve du Général De Gaulle.

A contrario de ces slogans issus des vieux réflexes des PC stalinisés, vers 1966-1968, la radicalisation d'une partie de la jeunesse étudiante occidentale apporte de nouveaux partisans au maoïsme. Sur la base d'échos très partiaux de la Révolution culturelle, et sans doute avec un fond d'orientalisme, un grand engouement pour la Chine apparaît dans les milieux étudiants et intellectuels. Cela s'accompagne de nouveaux thèmes et lignes politiques, beaucoup plus gauchistes, appelant souvent à la lutte armée immédiate et à faire la révolution culturelle dès maintenant dans leurs pays respectif, refusant les syndicats contrôlé par les sociaux-démocrates ou les pro-soviétique et les élections. Cela contribue à un isolement assez visible du maoïsme hors de certains milieux, sapant sa volonté de conquête de la classe ouvrière et le faisant s'effondrer dès que les répercussions de la vague mondiale de Mai s'effaceront.

Organisations maoïstes en France

La nébuleuse des organisations maoïstes sera la principale force de l'extrême-gauche entre 1968 et 1975, à l'exception de la Grande-Bretagne et de la France où les trotskistes étaient plus structurés. En 1970, on dénombre plusieurs centaines d'organisations maoïstes en Europe, souvent minuscules. Le plus souvent, elles attaquent violemment les autres courants communistes, mais se livrent surtout une guerre impitoyable entre elles.

Après 1968 et jusqu'au milieu des années 70, on distinguait généralement :

  • les « mao-stals » : ceux qui se revendiquaient généralement les vrais « marxistes-léninistes », affichant souvent « Marx, Engels, Lénine, Staline, Mao » dans leur iconographie ;
  • les « mao-spontex » (spontanéistes) : représentant l'essentiel des jeunes recrues, mouvement éclectique, que certains ont rapproché des libertaires, ils s'appelaient généralement plutôt « maoïstes ».

La plupart des jeunes qui forment ces organisations n'ont qu'une connaissance sommaire du marxisme, et même du maoïsme réellement existant. Si bien que le maoïsme des années 1970 retombera comme un soufflet, après l’essoufflement de ceux qui ne vivaient qu'une exaltation passagère, et après les révélations sur l'envers du décors du régime chinois.

Aujourd'hui, le Parti du travail de Belgique est l'un des rares anciens partis maoïstes occidentaux qui ait continué à exister sur le plan électoral.

En France aujourd'hui, les groupes maoïstes actifs sont :

  • l'Organisation communiste marxiste-léniniste Voie prolétarienne, OCML VP,
    • elle publie le mensuel Partisan et anime le blog "Où va la CGT?" (1976-) ;
    • elle ne se revendique pas de Staline, et caractérise l'ancien bloc de l’Est comme un capitalisme d’État.
  • le Parti Communiste Maoïste fondé en 2015 suite au congrès d'unification des maoïstes. Il publie la brochure "Le Drapeau Rouge"[7],[8].
  • L'Union Prolétarienne Marxiste-Léniniste, UPML, issu d'une scission d'OCML VP, en 2016, membre de l'ICOR, il produit régulièrement le bulletin Prolétaire Debout.[9]
  • L'Unité Communiste, UnCo, fondé en 2016, membre aussi de l'ICOR.

3 Particularités politiques[modifier | modifier le wikicode]

3.1 La base paysanne[modifier | modifier le wikicode]

La configuration sociologique de la Chine des années 1920-1940 avait des points communs avec celle de la Russie d'avant 1917. Dans les deux cas, la population paysanne était largement majoritaire, et dans les deux cas, un parti dont l'idéologie (marxisme) faisait du prolétariat le porteur du socialisme est arrivé au pouvoir. Mais l'articulation entre le parti et les classes était très différente.

Le parti bolchévik était très implanté dans la classe ouvrière, et puisait son dynamisme de son auto-organisation (soviets, comités d'usine, gardes rouges liés aux quartiers ouvriers...). A l'inverse, le parti maoïste avait perdu depuis longtemps tout lien avec le mouvement ouvrier au moment de la révolution de 1949. L'Armée rouge en Russie est devenue une armée majoritairement paysanne, mais à partir de son noyau ouvrier. L'Armée rouge en Chine s'était cristallisée en une armée paysanne dirigée par une couche d'intellectuels sans liens avec le mouvement ouvrier.

Dix-sept ans avant la prise du pouvoir par les maoïstes, Trotski analysait à quel point le pouvoir dont ils étaient porteur était de nature différente :

Lorsque le Parti communiste, fermement appuyé sur le prolétariat des villes, essaye de commander l'armée paysanne par une direction ouvrière, c'est une chose. C'est tout autre chose lorsque quelques milliers, ou même quelques dizaines de milliers de révolutionnaires qui dirigent la guerre paysanne, sont ou se déclarent communistes, sans avoir aucun appui sérieux dans le prolétariat. Or, telle est avant tout la situation en Chine. (...) Les cercles dirigeants de l'armée rouge chinoise ont, sans aucun doute, réussi à se créer une psychologie de commandement. En l'absence d'un fort parti révolutionnaire et d'organisations de masses prolétariennes, il ne peut y avoir en fait de contrôle sur les cercles dirigeants.[10]

3.2 Unité populaire et ligne de masse[modifier | modifier le wikicode]

En plus du parti, le maoïsme met l'accent sur le front uni, ensemble des organisations populaires (pas nécessairement communistes) appuyant le projet révolutionnaire.

Tenir une « ligne de masse » consiste à éviter l'erreur du suivisme (le parti suit les masses sans rien leur apporter) et de l’aventurisme (le parti se coupe des masses). Il s'agit d'une reformulation d'une conduite déjà présente dans le mouvement communiste.

3.3 La « lutte de ligne »[modifier | modifier le wikicode]

Mao a théorisé que toute organisation communiste importante connaît forcément une lutte de ligne en interne, entre une ligne représentant les intérêts de la classe dominante et qui freine voire trahit la révolution, et une ligne rouge, représentant les intérêts du prolétariat et portant la conception juste de la révolution.

Mao a utilisé cette conception pour lancer la révolution culturelle en 1966, en faisant passer le secteur de la bureaucratie qu'il dirigeait pour le camp réellement révolutionnaire. Selon les maoïstes, après 1976, la ligne rouge a été perdue.

3.4 La guerre populaire prolongée[modifier | modifier le wikicode]

La maoïsme donne généralement une grande place à la lutte armée dans sa stratégie révolutionnaire. Il répète souvent que le pouvoir est “au bout du fusil”.

Généralisant l'expérience chinoise, le maoïsme a théorisé la guerre populaire prolongée. Celle-ci est censée se développer en trois phases:

  • une longue phase de défensive stratégique, durant laquelle le camp révolutionnaire se défend, accumule des forces et commence à porter des coups à l’appareil d’État;
  • puis un équilibre stratégique, durant lequel les forces de la révolution son équivalentes à celles de l’État;
  • enfin l’offensive stratégique, durant laquelle les centres du pouvoir sont encerclées par les périphéries (banlieues populaires, campagnes, régions excentrées…) et prises d’assaut.

Pendant la guerre civile, en insistant sur la guerre prolongée, Mao insistait sur la nécessité de maintenir à tout prix le front unique avec le Kuomintang (et donc de repousser toute revendication de type lutte des classes) et de stigmatiser les « partisans d'une victoire rapide », assimilés aux trotskistes.[2]

3.5 « Contre-pouvoir »[modifier | modifier le wikicode]

Durant cette guerre populaire prolongée, les maoïstes sont censés créer un contre pouvoir dans des zones libérées, appelées “zones rouges” (quartiers, zones isolées, puis villages et petites villes…), avec une redistribution des terres, de nouveaux droits et devoirs, une nouvelle culture...  L’existence même de ce contre pouvoir sabote la légitimité et l’activité de l’État.

Dans les théorisations des débuts du mouvement communiste, c'est la notion de double pouvoir qui était centrale. La différence est nette :

  • le contre-pouvoir maoïste est une logique militaro-territoriale, subordonnant le social : c'est par la conquête militaire d'une zone que l'on gagne du terrain vers la prise du pouvoir (un pouvoir qui est alors pris de façon totalement substitutiste, donc bureaucratique), les éventuelles conquêtes sociales sont octroyées d'en haut ;
  • le double pouvoir est une logique centrée sur la lutte de classe au sein d'un même territoire, subordonnant la question militaire comme moyen de se défendre.

3.6 Anti-impérialisme[modifier | modifier le wikicode]

Les maoïstes sont généralement actifs dans les mouvements internationalistes et anti-impérialistes, plus que les courants staliniens.

En Inde par exemple, les maoïstes soutiennent le droit à l'auto-détermination du Cachemire, contrairement aux staliniens.

Cela peut être expliqué par le fait que la révolution chinoise a eu lieu dans un pays semi-colonisé, qui a dû se libérer militairement face à l'impérialisme japonais. (La Russie soviétique a dû se défendre contre les impérialistes, mais elle était la veille encore une puissance impérialiste, bien que sur le déclin). Et également par le fait que la révolution chinoise de 1949 est arrivée dans un contexte mondial de décolonisation, qui a fait que beaucoup de courant nationalistes se sont emparés de cette idéologie.

Cependant cet anti-impérialisme est très relatif, et des partis maoïstes ont pu s'assoir complètement sur tout principe. Par exemple au Sri Lanka, le Janatha Vimukthi Peramuna a participé au génocide des Tamouls.

3.7 Dialectique[modifier | modifier le wikicode]

Selon les maoïstes, Mao a produit certains apports au matérialisme dialectique dans ses essais, notamment dans ses Quatre essais philosophiques.

4 Culte de la personnalité[modifier | modifier le wikicode]

Le régime chinois a immédiatement développé un culte de la personnalité de Mao.

A l'international également, les organisations maoïstes ont davantage que les staliniens colporté ce travers. Une de leurs caractéristiques est aussi d'avoir créé un culte de leurs propres dirigeants locaux : Aldo Brandirali en Italie, Arnaldo Matos au Portugal, Hardial Bains au Canada, Abimael Guzmán (alias « Président Gonzalo ») au Pérou...

5 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]

  1. 1,0 et 1,1 Mao Zedong, La tactique de la lutte contre l’impérialisme japonais, décembre 1935
  2. 2,0 et 2,1 Mao Zedung, De la guerre prolongée, mai-juin 1938
  3. Le Parisien, Mao et ses photos truquées, 2010
  4. La proposition du parti communiste chinois concernant la ligne générale du mouvement communiste international
  5. massline.info, Maoist-Influenced Revolutionary Organizations in India
  6. Le mouvement "maoïste" en France, Patrick Kessel, Union Générale d'Editions, Paris, 1978.
  7. « Parti Communiste Maoïste » (consulté le 1er juillet 2019)
  8. « Le Drapeau Rouge – Parti Communiste Maoïste » (consulté le 1er juillet 2019)
  9. « UPML | Union Prolétarienne Marxiste-Léniniste » (consulté le 26 août 2019)
  10. Léon Trotski, La guerre des paysans en Chine et le prolétariat, 22 septembre 1932