Antilibéralisme

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La Fondation Copernic, un petit think tank de gauche antilibérale

Le terme d'antilibéralisme a d'abord désigné l'opposition aux avancées de la libéralisation politique et de la démocratisation, car historiquement le libéralisme a d'abord été un courant luttant contre l'arbitraire des monarchies, et les questions économiques étaient au second plan. Dans la plupart des pays, c'est encore le cas aujourd'hui. Ainsi dans les pays anglo-saxons, le terme « liberal » est synonyme de « progressiste de gauche ».

En France, le terme « libéral » est devenu associé à la droite, notamment en raison de la force de la critique du libéralisme économique depuis les années 1980. On parle de gauche antilibérale.

1 Gauche antilibérale[modifier | modifier le wikicode]

En France, où la critique du libéralisme économique a été particulièrement forte (mais minoritaire) à partir des années 1980, le terme d'antilibéralisme en est venu à désigner très majoritairement une opposition au néolibéralisme (vague de dérégulations, de privatisations...). La gauche a accusé la droite d'être libérale dans le sens de favorable au délitement des mécanismes de solidarité nationale, et la droite (avant Sarkozy) a souvent nié cette accusation et critiqué elle-même « le libéralisme ». En réalité le PS aussi bien que la droite ont appliqué des mesures de libéralisation économique. Dans les années 2000, un clivage s'est dessiné entre ce qui a été appelé la gauche antilibérale (une aile du PS dont Mélenchon, le PCF, la LCR, ATTAC...) et la gauche social-libérale (PS, Verts).

En 2004, les dirigeants de l'Union européenne ont voulu faire passer un traité constitutionnel, et le projet a été soumis à des référendum certains États membres. En France, le vote Non a été majoritairement un vote de gauche antilibérale (PCF, LCR, une partie du PS notamment Mélenchon).

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https://fr.wikipedia.org/wiki/Gauche_antilibérale

2 Extrême droite et libéralisme[modifier | modifier le wikicode]

L'extrême droite se caractérise avant tout par son éclectisme en économie. Cette question est secondaire pour elle, et elle peut changer de position si cela lui permet de gagner en audience.

Par exemple, le candidat d'extrême droite aux présidentielles de 1965, Tixier-Vignancour, se présente comme libéral par opposition au « dirigisme » de De Gaulle et au « collectivisme » du PC.[1]

De même, Jean-Marie Le Pen (qui était le directeur de campagne en 1965) était à ses origines pour le libéralisme économique, par anticommunisme. Il n'hésite pas, à la fin des années 1970, à fustiger le « système d'inquisition fiscale comparable à la Gestapo ». Dans les années 1980 il est fan de Ronald Reagan, le très conservateur président qui a incarné le tournant néolibéral aux États-Unis[2], et il attaquait comme lui l'État providence. Le FN va changer progressivement pour se faire plus populiste, car ce discours est peu porteur en France. Marine Le Pen a poussé plus loin cette logique, en parlant d'un État fort, « État stratège », de souveraineté monétaire et de retour au franc, de protectionnisme...[3]

3 Libéralisme politique et économique[modifier | modifier le wikicode]

Aujourd'hui, les libéraux bourgeois clament majoritairement que le libéralisme politique et le libéralisme économique sont inséparables. Il s'agit d'une rhétorique au service de leur intérêt de classe, qui vise à discréditer toute critique du « libre marché » capitaliste. Ainsi le socialisme conduirait nécessairement à une position "anti-libérale" et donc anti-démocratique. Une attaque qui n'a rien de nouveau. Dès 1857, Marx raillait cette « cette idée insipide que la négation de la libre concurrence équivaut à la négation de la liberté individuelle »[4].

Le néolibéral Hayek dira en 1980 : « Personnellement je préfère un dictateur libéral plutôt qu'un gouvernement démocratique manquant de libéralisme ».[5]

La tragique dégénérescence de la révolution russe et la création de nombreux régimes staliniens dictatoriaux reprenant l'étiquette de communiste au 20e siècle ont malheureusement donné des arguments rhétoriques à ces critiques bourgeois. Pendant toute la guerre froide, les principaux politiciens bourgeois ont proclamé que le « monde libre occidental » serait le garant de la démocratie, tandis que le communisme serait intrinsèquement source de totalitarisme.

Face à ce courant bourgeois dominant, il y a un certain nombre d'approches différentes :

  • Certains, surtout à droite, soutiennent le libéralisme économique tout en étant hostiles au libéralisme politique. Les courants de droite traditionnels, majoritaires, utilisent pour souder l'électorat derrière eux des idéologies qui sont en partie opposées au libéralisme politique (nationalisme, christianisme politique...). On peut citer le cas des Chicago Boys, économistes néolibéraux qui en 1973 ont soutenu la dictature de Pinochet et ses privatisations.
  • Les courants d'extrême droite sont par définition violemment opposés au libéralisme politique. Sur le libéralisme économique, ils sont inconsistants et changent de position en fonction de leurs tactiques électoralistes ou de ce qu'ils perçoivent être l'intérêt (du capitalisme) national. Par exemple le début du régime de Mussolini ou le FN des années 1980 sont très dans le laissez-faire, et ont évolué vers la suite vers des positions protectionnistes.
  • La majorité de la gauche s'inscrit de fait dans le libéralisme politique tout en voulant modérer ou combattre le libéralisme économique. Cela va des sociaux-libéraux aux marxistes, bien que ces derniers ne reprennent en général pas à leur compte le terme de libéralisme politique, celui-ci ayant été trop associé à la bourgeoisie libérale et au néolibéralisme.
  • Certains courants issus de la gauche insistent quant à eux sur le lien entre libéralisme économique et libéralisme politique, et partant d'une opposition au premier, en viennent à s'opposer au second, ou en tous les cas à adopter des positions très méfiantes vis-à-vis de courants discrédités comme « libéral-libertaires ». Si l'instrumentalisation de certains combats par des secteurs de la bourgeoisie libérale peut être dénoncée avec de bons arguments, les courants qui focalisent sur cette grille de lecture sont en général proches du confusionnisme, jetant des passerelles avec des secteurs réactionnaires.

4 Terme « liberal » aux États-Unis[modifier | modifier le wikicode]

Aux États-Unis, le mot « liberalism » fait référence aux thèses défendues notamment par le parti démocrate à partir des années 1930, à l'époque du New Deal. Les libertés individuelles sont défendues, mais cela va de pair avec une intervention de l'État dans la vie économique et sociale, dans une logique keynésienne. L'usage contemporain du terme liberal représente avant tout l'adhésion à des principes et des idées proches de ceux des sociaux-démocrates, avec un interventionnisme limité mais nécessaire au nom de l'égalité des chances.

Depuis la fin du 20e siècle, le terme de liberal aux États-Unis a été utilisé par certains conservateurs souvent de façon péjorative pour désigner leurs adversaires socialement plus progressistes, assimilant cette étiquette à plus d'impôts, moins de libertés individuelles (les conservateurs défendent le droit de porter des armes, le droit à une liberté d'expression y compris sexiste et raciste...) et un interventionnisme synonyme de bureaucratie[6].

5 « Anti-libéralisme » et « illibéralisme »[modifier | modifier le wikicode]

Viktor Orbán se réclame de l'illibéralisme dans un discours de 2014

Depuis les années 1990, on utile parfois le terme d'illibéralisme pour désigner des courants politiques qui rejettent la « démocratie libérale », et évoluent vers des régimes plus autoritaires.

Le terme est toutefois assez mal défini avec beaucoup de variations entre auteurs. Dans la sphère anglo-saxonne, beaucoup utilisent les termes anti-liberal et illiberal avec des nuances entre eux, mais toujours pour désigner davantage des oppositions au libéralisme politique qu'au libéralisme au sens français.

6 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]