Population mondiale

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La population mondiale est d'environ 7 milliards de personnes.

Longtemps, les classes dominantes ont encouragé l'augmentation de la population (populationnisme) avec des justifications politiques, économiques ou religieuses. La vie humaine était plus fragile.

Avec le développement des sociétés, des réflexions économiques et politiques ont commencé à émerger sur l'évolution de la population et ses conséquences. En particulier, au 18e siècle, Malthus initie un courant de pensée en faveur de la restriction démographique. Il visait surtout les pauvres qu'il méprisait.

Depuis, les discours normatifs sur la population ont eu tendance à reculer, sous l'effet de sociétés plus libérales faisant de la procréation un choix individuel, même s'il y a toujours des discours encourageant les naissances (natalisme) ou appelant à la restriction (dans des optiques néomalthusiennes ou par préoccupation écologique).

1 Historique[modifier | modifier le wikicode]

La population mondiale a connu une très forte hausse depuis le début de la révolution industrielle. Si on observe la courbe de la population en échelle linéaire, on voit une hausse exponentielle. La population a quasiment augmenté en permanence depuis le début de l'histoire humaine, mais avec des accélérations et des ralentissements. Ce qui a eu un impact décisif, ce n'est pas la fécondité, mais les changements dans les capacités de l'agriculture puis dans l'espérance de vie.

Lorsque l'on observe la courbe de la population humaine dans une échelle logarithmique, on voit nettement les différentes accélérations et les paliers. Cela correspond aux révolutions techniques, et à différents états des forces productives, permettant de nourrir plus ou moins de personnes.

2 Populationnisme vs restriction démographique[modifier | modifier le wikicode]

2.1 Religions[modifier | modifier le wikicode]

L'ordre de Dieu à Noé « Croissez, multipliez et remplissez la terre » (Genèse 9,1), fondement du natalisme chrétien, témoigne d'une attitude fréquente dans de nombreuses religions et philosophies antiques, conjurant à l'origine le risque d'extinction des petits groupes qui formaient l'humanité primitive.

2.2 Antiquité[modifier | modifier le wikicode]

Les grands empires de l'Antiquité étaient populationnistes. L'apparition des classes dominantes a engendré l'apparition de tendances expansionnistes. Puisqu'elles tiraient leur surplus de l'exploitation agricole des masses, avec un faible rendement, elles avaient intérêt à accroître le plus possible la population sous leur contrôle.

Cela stimulait l'accroissement des empires, mais pas tellement l'accroissement naturel, qui restait globalement limité.

2.3 Époque moderne[modifier | modifier le wikicode]

À la Renaissance, les États nationaux en formation eurent aussi une attitude populationniste, y compris pour leurs colonies, et acceptaient toutes les formes de migrations pour peupler les régions qu'il fallait mettre en valeur. Le mot de Jean Bodin « Il n'est de richesses que d'hommes » est plus représentatif de la pensée des princes de l'époque que de l'auteur lui-même, plus intéressé, comme son contradicteur Machiavel, aux questions de politique que de population.

Une forte population eut la faveur des mercantilistes, qui y voyaient le moyen d'encourager la production et les exportations, donc l'afflux d'or. Colbert légiféra en ce sens, en dotant de faveurs fiscales les mariages, la procréation, l'immigration, y compris forcée pour les colonies, et en tentant de restreindre le nombre de clercs voués au célibat. Plus modérés, Vauban et Fénelon considérèrent l'accroissement de la population comme un signe de bonne politique, et non comme un but en soi.

Au siècle des Lumières, cette attitude prévalut, avec des variantes nombreuses. Le souci de lutter contre le célibat ecclésiastique justifia souvent des arguments populationnistes, de même que la critique du système politique accrédita longtemps l'idée d'une dépopulation de la France, propagée par Montesquieu. Ni Cantillon ni Condillac ne mirent la population au centre de leurs préoccupations, mais ils étaient favorables au développement d'une population aussi considérable que ce que la production nationale d'un État peut entretenir dans l'aisance.

2.4 Lois économiques et loi de population[modifier | modifier le wikicode]

🔍 Voir : Malthusianisme.

Mais au 18e siècle commence à s'opérer une séparation des préoccupations démographiques et économiques. Les premiers penseurs de l'économie cherchent à dégager des « lois économiques » ayant leur dynamique propre.

Les physiocrates s'opposèrent aux thèses populationnistes, pour eux la création de richesses est l'élément moteur, de façon relativement indépendante de la population.

Mais c'est surtout Thomas Malthus qui va théoriser une « loi de population », avec une très forte influence sur la postérité. Pour lui, l'augmentation de la population ne pouvait se faire qu'au même rythme que la production de richesse, sous peine de se retrouver en surpopulation, et de conduire à des famines. Malthus présentait cela comme une « loi naturelle » pour dédouaner l'inhumanité du capitalisme alors en développement en Angleterre. Car ce n'était pas de quelconques « hommes en trop » qui mouraient de faim, mais des travailleur·ses victimes de la prolétarisation. La vision de Malthus est pénétrée de part en part par le mépris de classe.

Selon August Bebel, la peur de la surpopulation revient « à chaque période de décadence et de ruine de l’état social ».[réf. nécessaire]

2.5 Critique marxiste[modifier | modifier le wikicode]

Marx et Engels ont polémiqué contre Malthus, car celui-ci avait pris à tort les dynamiques propres au capitalisme (crises économiques) pour des limites naturelles. Contre la naturalisation de Malthus, Marx souligne que ce sont les lois économiques qui sur-déterminent les lois démographiques. Par conséquent, « chaque mode de production historique a ses propres lois de population, valables historiquement dans ses propres limites ».

« Malthus lui-même, malgré son esprit borné, reconnait que la surpopulation (...) est une nécessité de l'industrie moderne. »[1]

Marx et Engels ont plutôt attiré l'attention sur ce qu'ils ont appelé la surpopulation relative, c'est-à-dire qu'une part de la population travailleuse se retrouve inutile pour les employeurs, en fonction de la conjoncture économique. Ils ont souligné la tendance du capital dans son évolution à avoir besoin « de plus d'ouvriers jeunes que d'ouvriers âgés ».[1]

Et par sa stimulation continue des rendements agricoles, le capitalisme s'est avéré capable de supporter six fois plus d'habitants à la fin du 20e siècle.

Cependant, l'erreur de Malthus n'implique pas qu'il n'y ait pas de limites naturelles (même si elles seraient bien plus éloignées que ce que pensait Matlhus). Rétrospectivement, Engels verse dans l'optimisme exagéré lorsqu'il dit :

« grâce à [la théorie de Malthus], ainsi qu’à l’économie en général, notre attention a été attirée sur la force productive de la terre et de l’humanité ; et après avoir démonté ce désespoir économique, nous avons été rassurés pour toujours contre la crainte du surpeuplement »

Mais Marx et Engels disaient aussi que même si Malthus avait avait raison, le passage au socialisme n’en serait que plus urgent, afin de créer les conditions sociales pour pouvoir maîtriser la population. Et en effet, ne serait-ce que parce que le développement social favorise la transition démographique, il est une condition nécessaire pour stabiliser la population. Il faut donc prendre le chemin inverse de celui du mépris de classe malthusien.

2.6 Transition démographique[modifier | modifier le wikicode]

Un des constats majeurs faits par les observations démographiques est le phénomène de transition démographique. Il s'agit d'une diminution dans un premier temps de la mortalité, du faits des divers progrès techniques et sociaux, puis, plus tard, d'une diminution de la natalité (il est moins nécessaire de faire autant d'enfants que dans les sociétés agricoles, le temps et la dépense consacrée par enfant augmente, et le désir de temps libre personnel augmente).

Transition démographique.svg

Cela a été observé systématiquement (avec des durées variables selon les pays) au fur et à mesure de l'industrialisation. Ainsi les effets ont été observés en premier en Angleterre dès la fin du 18e siècle (démarrage de la révolution industrielle), puis se répercutent partout au grès de la mondialisation. En utilisant ce modèle pour faire des projections à l'échelle mondiale, il est possible de faire des pronostics.

La population mondiale se stabiliserait autour de 11 milliards en 2100.

2.7 Natalisme[modifier | modifier le wikicode]

Globalement après Malthus, le thème de la surpopulation a cessé d'être une préoccupation centrale des économistes. Et plus généralement les discours normatifs sur la population ont eu tendance à reculer, sous l'effet de sociétés plus libérales faisant de la procréation un choix individuel.

Cependant, il arrive que parmi les politiciens, le populationnisme soit mis en avant. Sous sa forme moderne, il s'agit surtout d'inciter les femmes à avoir des femmes (natalisme).

Les motivations peuvent être :

En France, la rivalité avec l'Allemagne créa un important courant populationniste, plus favorable à la natalité qu'à l'immigration, sauf après l'hécatombe de 1914-1918, quand l'idée se répandit d'accueillir des populations « assimilables » pour combler les brèches de la pyramide des âges. Encore aujourd'hui la France est sensiblement plus populationniste que ses voisins et partenaires, encore que les thèses natalistes d'un Michel Debré aient souvent fait sourire.

Lorsque les staliniens suppriment le droit à l'avortement en 1936, ils le font avec des arguments natalistes.

En 2024, en pleine évolution vers la droite, le président Macron parle de « réarmement démographique ».[2]

Affiche nataliste de 1930

2.8 Limites écologiques[modifier | modifier le wikicode]

Une forme de néomalthusianisme

A partir des années 1960, une nouvelle critique du risque de surpopulation émerge, cette fois basée sur les déséquilibres écologiques qui commencent à être identifiés. Certains écologistes prônent ainsi une réduction de la population mondiale, parfois avec des raisonnements néo-malthusiens. Par exemple en 1968 l'écologiste Paul Ehrlich fit beaucoup de bruit avec son livre alarmiste La Bombe P (P comme population), qui prédisait qu'une famine aurait lieu au cours des années 1970 et 1980. Comme les rendements agricoles n'ont fait que croître et qu'aucune famine globale n'a eu lieu, cela a contribué à ridiculiser les discours alarmistes sur la surpopulation.

Cependant il est clair que si le problème n'est pas tellement au niveau de la production alimentaire, l'impact de l'ensemble des activités humaines fait peser de plus en plus de menaces écologiques sur l'humanité. C'est pourquoi il se trouve toujours des écologistes pour mettre le thème de la surpopulation en avant. Aux présidentielles de 1974, le candidat écologiste René Dumont préconise la suppression des allocations familiales au-delà du deuxième enfant pour limiter la population. Cousteau déclarait en 1992 au Nouvel Observateur : « Tous les écologistes aujourd'hui sont convaincus que la surpopulation est à l'origine de tous les problèmes. Dans les 40 années qui viennent, la population va doubler. En l'an 2030, on est sûr d'avoir 10 milliards d'individus. 2030, c'est demain, et avec 10 milliards d'individus, on ne sait pas comment faire. »

Cependant, la plupart des écologistes, qui sont plus ou moins de gauche et tiennent à éviter les récupérations réactionnaires des discours sur la surpopulation, soulignent les faits suivants :

  • l'empreinte écologique d'un riche et d'un pauvre, et d'un habitant d'un pays riche par rapport à un habitant d'un pays pauvre, n'ont rien à voir
  • par conséquent réduire l'empreinte écologique des plus riches sur Terre est de très loin la priorité par rapport à la réduction de la population

2.9 Crash démographique ?[modifier | modifier le wikicode]

La population au Japon diminue depuis 2010.

Dans certains pays industrialisés, on observe une diminution de la population (Japon, Italie, Allemagne, Russie...). Le taux de natalité descendant en dessous du taux de mortalité, certains redoutent un « crash démographique ». Par exemple en 2005, la Commission européenne publie un livre vert sur le sujet, qui s'inquiète des conséquences sur la consommation ou le financement des retraites.[3] La principale préoccupation des économistes bourgeois est qu'une diminution de la population dans le contexte actuel conduit à une accélération de la proportion de personnes âgées dans la population (vieillissement de la population).

En réalité, il s'agit d'un « problème » uniquement dans le cadre d'un capitalisme en déclin. Car le vieillissement de la population n'entraîne pas mécaniquement un problème de financement des retraites (ou de la santé) : cela dépend fortement de la part des profits qui est socialisée, ou privatisée par les capitalistes. Or, depuis le tournant néolibéral, les capitalistes ont partout fait pression pour diminuer les impôts qui pèsent sur eux, pour rehausser leurs profits. Cela passe aussi par certains mécanismes structurels. Par exemple en France les retraites sont assurées par les cotisations des salarié·es, donc la hausse du chômage diminue les cotisations. Si un partage massif du travail était réalisé pour supprimer le chômage, il y aurait bien assez de cotisations pour financer les retraites.

3 Cas particuliers[modifier | modifier le wikicode]

Dans certains cas, on peut observer des booms ou des déclins de la population dans un pays, pour des raisons historiques particulières.

3.1 Guerres[modifier | modifier le wikicode]

Les guerres provoquent par définition une chute brutale de la population. Souvent, elles sont suivies d'un boom de naissances.

3.2 Effondrement de l'URSS[modifier | modifier le wikicode]

En Russie, l'effondrement de l'URSS a provoqué une diminution de la population : dégradation brutale des conditions de vie, hausse très nette de l'alcoolisme (et dérégulation totale du marché de l'alcool), hausse de la mortalité et baisse des naissances...

Un phénomène que les démographes appellent la « croix russe »

3.3 Grand bond en avant et politique de l'enfant unique[modifier | modifier le wikicode]

En Chine, la politique du « grand bond en avant », qui fut une catastrophe, se voit dans la démographie (hausse brutale de la mortalité). La politique de l'enfant unique a aussi un effet (même si elle ne faisait sans doute qu'accélérer la transition démographique en cours).

Birth rate in China.svg

3.4 Superstitions[modifier | modifier le wikicode]

Au Japon, l'année 1966 était considérée comme l'année du cheval de feu selon le calendrier sexagésimal. Or, il y avait une superstition selon laquelle les filles nées cette année assassineraient leur mari. L'effet de cette superstition est nettement visible dans les chiffres des naissances.

Birth and death rate of japan 1950-2019.png

4 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]