Entreprise

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Exemple d'entreprise

Une entreprise est une organisation produisant des biens ou des services, en cherchant un équilibre de sa comptabilité.

L'entreprise privée, tournée vers le profit, est l'unité de base du capitalisme. Elle est dite privée parce qu'elle appartient à son patron, ses patrons associés, et/ou des actionnaires. Structurellement, elle exploite ses salarié·es, et parfois les consommateur·ices. On parle aussi de firme, compagnie, société, boîte, business...

Étant donné que l'entreprise est au cœur du dispositif idéologique de la bourgeoisie, ce terme en est venu à englober des structures qui n'ont pas grand chose à voir entre elles : multinationales, artisan employant 3 salarié·es, « auto-entrepreneur »...

Une entreprise publique appartient à l'État, ce qui peut limiter la recherche du profit. L'objectif historique du socialisme et du communisme est de transformer les entreprises en entreprises collectivisées, gérées démocratiquement par l'ensemble de la population.

1 Types d'entreprises[modifier | modifier le wikicode]

1.1 Selon la taille[modifier | modifier le wikicode]

Selon les pays, il y a des critères pour différencier les entreprises en fonction de la taille. Bien que le libéralisme repose sur la fiction idéologique qu'il y a toujours liberté de tout type d'acteur sur les marchés, les États reconnaissent souvent qu'ils ne peuvent pas appliquer les mêmes règles, impôts ou subventions de façon indifférenciée.

Par exemple en France :

1.2 Selon le type de propriété[modifier | modifier le wikicode]

Historiquement les entreprises étaient simplement l'ensemble des propriétés d'un patron (ses locaux, machines, etc.). Puis, des formes de propriétés plus sophistiquées sont apparues, à mesure que les entreprises ont grossi et ont nécessité plus de capitaux.

Schématiquement, on peut faire les distinctions suivantes :

Mais il existe de nombreuses formes hybrides, comme la SARL en France.

2 Évolution de la taille des entreprises[modifier | modifier le wikicode]

Depuis la révolution industrielle, le capital a enclenché un processus d'accumulation (croissance du capital d'un même patron) et de centralisation (fusion de capitaux en capitaux plus massifs). Ces processus conduisent à une tendance à l'augmentation de la taille des entreprises.

Un exemple emblématique : en 1966 commence la construction de ce qui est aujourd'hui encore la plus grande entreprise du monde (398000 m²), l'usine Boeing d'Everett (dans l'État de Washington, au Nord-Ouest des États-Unis). Il s'agit littéralement d'une ville à elle seule : environ 30 000 personnes travaillent sur ce site, sur lequel on trouve un musée, des restaurants, une caserne de pompiers (gérée par Boeing), un théâtre, des cafés... Un tunnel piéton long de 3,7 km passe sous l'usine.[1]

Cependant, depuis approximativement le tournant néolibéral des années 1980, cette tendance s'est inversée dans les vieux pays impérialistes (États-Unis, Europe, Japon).

Usines-USA-employés.png

Cela est dû à plusieurs facteurs :

  • augmentation de la productivité (robotisation, automatisation...), particulièrement dans l'industrie qui était traditionnellement le secteur des entreprises gigantesques ;
  • délocalisations d'une part de plus en plus élevée de l'industrie dans des pays où le coût salarial unitaire est plus bas ;
  • externalisation de nombreuses activités vers des sous-traitants (par recherche d'une baisse des coûts fixes et d'une flexibilité plus grande), qui diminue le nombre de salarié·es d'une grande entreprise donnée (sans diminuer en réalité le nombre de travailleurs qui en dépendent).

En revanche il semble que cette tendance se poursuive dans les pays dits émergents, qui sont les pays d'accueil des délocalisations et qui voient également se développer leur capitalisme national à grande vitesse.

Ainsi l'usine de Foxconn à Longhua (Shenzhen), qui fabrique du matériel informatique pour les grandes marques (Apple, Sony, Samsung, Microsoft...) emploie environ 450 000 salariés.

3 Le gros mange le petit[modifier | modifier le wikicode]

La haute bourgeoisie s'en sort mieux que la petite. Ainsi, tous calculs faits, le taux implicite d'imposition est inversement proportionnel à la taille d'une entreprise...

En France les PME paient 2,3 fois plus d'impôts que les sociétés du CAC 40.[2]

4 Comptabilité[modifier | modifier le wikicode]

La comptabilité est un outil pour la gestion des entreprises. Elle permet de faire le point sur l'équilibre entre recettes et dépenses.

Mais cet outil n'est pas neutre, car des façons différentes d'exercer la comptabilité existent, et leurs évolutions reflètent l'objectif de profit qui domine les entreprises capitalistes.

Ainsi, historiquement, les premières entreprises avaient une comptabilité dite « au prix de vente », une comptabilité par nature prudente, qui reflétait l'impératif de rembourser les créanciers. A la fin du 19e siècle, le développement des sociétés anonymes et donc du poids des actionnaires (diminuant celui des banquiers), a amorcé le passage à une comptabilité « au prix d'achat », qui favorise l'anticipation des profits et le versement de dividendes. Cette transition a été plus complète après la développement dans les années 1930 des formes de sociétés à responsabilité limitée. Celle-ci limitent, en cas de faillite, le remboursement des créanciers.

A partir des années 1970 s'est développée une comptabilité « au prix futur », qui va encore plus loin dans la satisfaction des actionnaires avec le versement de dividendes les plus élevés possibles et le plus précocement possible, parfois au prix de la durabilité de l'entreprise. [3]

5 Personne morale et responsabilité limitée[modifier | modifier le wikicode]

Au 20e siècle, le droit bourgeois a progressivement développé des outils permettant aux capitalistes de maximiser les profits tout en minimisant les risques (et souvent de socialiser les pertes).

Ces outils sont en particulier la notion de personne morale (un sujet de droit fictif) et de responsabilité limitée, qui sont très liés.

Auparavant, en cas de faillite, un créancier pouvait envoyer un huissier saisir toutes les richesses du patron pour se faire rembourser. Avec le développement des sociétés détenues conjointement (par des associés) puis détenues par des actionnaires (sociétés par actions), le risque a été dilué.

Un pas supplémentaire a été franchi, surtout à partir des années 1930, avec :

  • la distinction de la personne morale (l'entreprise) et des personnes physiques (le PDG, l'actionnaire individuel...) : une sanction ou un procès touchant la personne morale ne touche pas directement les personnes physiques ;
  • le développement de la notion de responsabilité limitée : il a été acté, par des jurisprudences et par des formes légales de sociétés à responsabilité limitée, qu'en cas de faillite, les actionnaires ne peuvent être obligés de rembourser qu'un certain montant, lié à la somme investie au départ.
🔍 Voir sur Wikipédia : Personne morale et Responsabilité limitée.

6 Aspects idéologiques[modifier | modifier le wikicode]

Brochure éditée par l’Association de la libre entreprise, en 1947

Dans l'opinion populaire, une différence intuitive est souvent perçue entre « les patrons », « ceux qui ont une entreprises », et les autres. Cela est toutefois contrebalancé par le discours idéologique de la bourgeoisie, et par la présence de nombreux petits patrons, qui eux s'identifient davantage aux patrons en général, et influencent la classe ouvrier par de nombreux liens populaires.

La bourgeoisie, qui compte en son sein les PDG et les actionnaires capitalistes, a intérêt à gommer les frontières entre petites et grandes entreprises, et à présenter l'entreprise comme un modèle général, bon pour tous les citoyens. D'où les discours méritocratiques et volontaristes : « créez votre propre emploi ! », « quand on veut on peut ! »... D'où aussi les discours et mêmes les législations favorisant l'extension du statut d'entreprise aux individus : EURL en 1985, auto-entrepreneur en 2008, EIRL / AERL en 2011...

Ainsi un des concepteurs du statut d'auto-entrepreneur, Hervé Novelli (ancien fasciste farouchement anti-communiste), prétend ainsi exalter l'esprit d'entreprise, et va même beaucoup plus loin :

« Cela abolit, d'une certaine manière, la lutte des classes. Il n'y a plus d'exploiteurs et d'exploités. Seulement des entrepreneurs : Marx doit s'en retourner dans sa tombe. »[4]

7 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]