Petites et moyennes entreprises

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Une épicerie au Portugal. L'archétype de la petite entreprise.

Les Petites et moyennes entreprises (PME) sont en France les entreprises de moins de 250 salariés. Au delà, on parle d'Entreprises de taille intermédiaire (ETI) et de grandes entreprises.

Elles se décomposent en micro-entreprises (moins de 10 salariés), petites entreprises (entre 10 et 50) et moyennes entreprises (entre 50 et 250).

On parle aussi de Très petites entreprises (TPE) pour les PME de moins de 20 salariés.

1 Caractéristiques[modifier | modifier le wikicode]

1.1 Catégorie fourre-tout[modifier | modifier le wikicode]

La catégorie PME met côté à côte des entreprises qui n'ont rien à voir : un grand nombre de petits entrepreneurs qui "s'auto-exploitent", et des entreprises plus conséquentes qui exploitent plusieurs salarié·es, souvent pour le compte de capitalistes donneurs d'ordres. Les gérants de ces entreprises peuvent donc faire partie soit de la bourgeoisie, soit de la petite-bourgeoisie, soit du prolétariat dans le cas de statuts d'auto-entrepreneurs assimilable à du salariat déguisé.

Comme il existe de très nombreuses petites entreprises, cela représente de loin la majorité des entreprises. Cependant, en termes de profit et d'emplois, la plupart de ces petites entreprises ne pèsent pas lourd.

En France, environ la moitié des salarié·es sont employé·es dans des PME. Seuls 19,9% des salariés français travaillent pour une entreprise de moins de 10 salariés.[1]

En 2008, on comptait selon l'Insee 3,1 millions d'entreprises, dont l'immense majorité (3,07 millions) étaient des entreprises de moins de 50 salariés.

En 2007, 70% des entreprises étaient des entreprises de 1 à 4 salariés.

En 2004, il existait en France 2 390 000 TPE relevant du champ ICS (Industrie Commerce Service), soit 96,6 % du total des entreprises françaises (proportion similaire en Europe).

61 % des TPE françaises n'ont aucun salarié, 23 % en ont entre 1 et 3 et 16 % emploient entre 4 et 15 salariés. L'ensemble de ces TPE employait 5 798 700 personnes (dont 4 017 900 salariés) en 2002.

Ces TPE réalisaient la même année 8,6 % des exportations françaises.

1.2 Dépendance, sous-traitance...[modifier | modifier le wikicode]

En réalité, les petits patrons dépendent des gros. Certains chiffres le montrent, mais en général ils sous-estiment franchement cette dépendance.

  • Pour les plus grosses PME, c'est souvent formalisé dans la sous-traitance ou la filialisation. En 1994, 40% des ME étaient des filiales (50% du capital détenu) d'entreprises plus grandes, ce chiffre montant à 56% pour les ME de l'industrie.
  • En 2014, les réseaux d’enseigne du commerce de détail concentrent 69 % du chiffre d’affaires de l’ensemble du commerce de détail, pour 28 % des points de vente.[2]
  • Lorsque les petites entreprises sont des "fournisseurs", elles n'ont pas forcément plus de liberté, car elles dépendent alors de quelques gros clients, qui ont souvent des intérêts et des attitudes convergents (cartels...).
  • Les plus petits patrons sont formellement "indépendants", mais en réalité, lorsqu'une grande entreprise ferme dans une région, ce sont de nombreux restaurateurs, artisans, boutiquiers... qui ferment aussi. Les petits patrons sont aussi directement touchés par les grandes tendances sur les marchés financiers (spéculation sur les loyers...), ce qui est en fait une dépendance face aux grands banquiers ou fonds d'investissement.

1.3 Difficultés des petits patrons[modifier | modifier le wikicode]

Le soutien aux « petites entreprises » est un pilier de l'idéologie bourgeoise. Il permet aux politiciens de faire passer leurs mesures pour des mesures en faveur de la boulangère ou du fleuriste du quartier, avec lesquels la majorité - y compris les salarié­·es - se sentent en empathie, alors même qu'il s'agit de politiques pro-capitalistes.[1]

Néanmoins il est vrai que des petits patrons font face à des difficultés : 20% des PME n'atteignent pas leur premier anniversaire, et 50% disparaissent avant 5 ans.[3] Les raisons principales sont :

  • La productivité du travail est inférieure dans les PME à celle des grandes entreprises. Enfin, les PME sont peu présentes à l'exportation. 36% des entreprises exportatrices sont des PME qui représentent 21% des importation et 31% des exportations.
  • Les emprunts auprès des banques sont plus difficiles (absences de garanties financières, cautions ou garanties personnelles exigées sur le patrimoine du propriétaire), et particulièrement en temps de crise. De plus, les SARL n'ont pas accès au marché financier, contrairement aux SA.
  • La fiscalité est peu progressive : en France les PME paient (relativement) 3 fois plus d'impôts que le CAC40. A la fois par politique de classe (relations politiciens-capitalistes) et par le jeu du marché (les PME sont rarement délocalisables, donc plus taxables).
  • Les PME sont souvent en concurrence avec d'autres pour obtenir les commandes de gros capitalistes donneurs d'ordre.
  • Il est plus difficile pour les PME d'avoir accès aux marchés étrangers.
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1.4 Salariés exploités[modifier | modifier le wikicode]

Les salaires sont généralement moins élevés dans les PME que dans les grands groupes, en raison des difficultés des petits patrons, mais aussi parfois parce que les travailleurs sont moins en capacité de se battre collectivement.

Les situations peuvent être assez contrastées : parfois le petit patron est transparent et souple avec ses employés, auquel cas ces derniers "partagent" plutôt de gré les difficultés, parfois il se comporte en petit tyran. Il arrive que la proximité avec le patron mette une vraie pression sur des salariés isolés face à un patron autoritaire, et que ceux-ci n'osent pas se plaindre.

Compte tenu de l’effectif, les sections syndicales d'entreprise sont rares dans les PME. L'élection d'un délégué du personnel est obligatoire à partir de 11 salariés.

2 Importance relative[modifier | modifier le wikicode]

Historiquement, la tendance à la centralisation du capital a beaucoup réduit le nombre de petites entreprises au profit des grandes. C'est particulièrement le cas dans le domaine industriel : les artisans relativement nombreux du Moyen Âge ont été fortement prolétarisés depuis le 20e siècle. C'est encore plus massif avec la prolétarisation des petits paysans, si l'on peut dire qu'il s'agissait de micro-entreprises.

Mais certaines tendances peuvent faire remonter le nombre de PME, même si cela ne signifie absolument pas que le capital est moins centralisé. En particulier, depuis les années 1980, la part des PME dans l'emploi s'est accrue dans les pays développés, pour au moins deux raisons :

Les PME sont globalement plus nombreuses en Europe qu'aux États-Unis, sauf dans les services. En 1988, la part de l'emploi dans les PME est de 58% dans la CEE, et de 45% aux USA.

3 Pauvreté et petites entreprises[modifier | modifier le wikicode]

Certaines franges plutôt précaires de la population créent des petites entreprises pour essayer d'échapper au salariat ou au chômage. En 1906 aux États-Unis, un socialiste notait :

« Un très grand nombre de petits commerces (...) sont en réalité manipulés par des spéculateurs (...). Quiconque a vécu dans les quartiers les plus pauvres d'une grande ville, où les petits magasins sont les plus nombreux, et a observé les changements constants qui se produisent dans les magasins du quartier, comprendra la signification de cette observation. »[4]

Il ajoutait que l'immigration était une des causes du maintien d'un nombre important de petites entreprises, le plus souvent dans des secteurs peu qualifiés ou répondant à des besoins communautaires :

« Non seulement certains services personnels subalternes, comme le cirage de chaussures, par exemple, ont été transformés en entreprises régulières par des immigrants de certains pays, mais le regroupement d'immigrants, étrangers par leur langue, leurs coutumes, leurs goûts et leurs manières, fournit un terrain très favorable pour le développement des petites entreprises. »

Aujourd'hui en France, les immigrés sont toujours nombreux dans la création d'entreprises. Là encore, il s'agit le plus souvent d'immigrés passant du salariat peu qualifié à des petites entreprises (supérettes, BTP, restaurants...).[5]

Les ouvriers et employés immigrés sont plus performants que le reste de la population active de cette même catégorie d’emploi pour créer leur propre activité économique (4,6 % des ouvriers et employés de 1990 sont devenus indépendants en 1999 contre 3,6 % des ouvriers et employés non immigrés).

Selon une étude de 2021, les étrangers participent à 15% dans la création d’entreprises en France, dont 11% de non-européens. Parmi les nationalités les plus actives figurent les Algériens (9%), les Marocains (8%), les Tunisiens (7%) devant les Portugais (5%) et les Italiens (4%).

Les créateurs étrangers sont 19% à investir dans le BTP (pour 6% des créateurs français), 14% dans les transports/livraisons/véhicules (pour 10% des entrepreneurs français), 8% dans la vente/Commerce/E-Commerce (pour 12%) ou 4% dans l’internet/Informatique (pour 9%).

4 Sources[modifier | modifier le wikicode]

Enquête sur les PME françaises, 1995