Montagne (Révolution française)
La Montagne est le nom donné au groupe politique bourgeois le plus radical parmi les députés actifs pendant la Révolution française (Danton, Marat, Robespierre...). Ce nom de montagnards vient du fait qu'ils occupaient les bancs les plus élevés de la salle où se réunissait la Convention nationale.
Beaucoup se réunissaient au Club des Jacobins, ce qui fait que montagnard est devenu synonyme de jacobin.
Ils furent le groupe politique moteur de la Terreur, qui renforça la République face aux ennemis de l'intérieur et de l'extérieur, mais finit aussi par se retourner contre les mouvements populaires. Une fois les principaux dangers passés et l'énergie révolutionnaire retombée, la base pour leur dictature disparut. Ils se divisèrent violemment entre eux et perdirent un à un leurs soutiens.
Leur chute est suivie par une vague réactionnaire. Mais sur le plan économique et social, le capitalisme avait désormais le champ libre en France.
1 Origines[modifier | modifier le wikicode]
1.1 Club des Jacobins[modifier | modifier le wikicode]
Le début de la révolution française voit la multiplication des clubs politiques, qui prennent l'habitude de se réunir dans un lieu donné, en fonction d'affinités politiques. Ainsi la société des Amis de la Constitution se réunit dans l'ancien couvent des Jacobins de la rue Saint-Honoré, à Paris, suite à quoi on l'appellera le Club des Jacobins.
Mais la composition et les idées du Club vont très vite évoluer et se radicaliser sous l'effet de la révolution. On peut distinguer :
- Le jacobinisme conservateur de Barnave en 1790,
- le jacobinisme mixte de 1792 où dominèrent Brissot et les Girondins,
- le « jacobinisme de 1793 »[1], celui des Montagnards (Danton, Marat, Robespierre...).
Les événements historiques ont fait que le terme de Jacobins est devenu associé à la période de la Montagne, et plus particulièrement à celle du leadership de Robespierre, le paroxysme de la radicalité atteinte par l'État révolutionnaire avant la réaction thermidorienne.
1.2 La fuite du roi[modifier | modifier le wikicode]
Le refus du roi et de la haute noblesse d'accepter des compromis a joué un grand rôle dans la radicalisation progressive qui va avoir lieu parmi les députés bourgeois. Ainsi les 20-21 juin 1791, le roi tente de fuir le pays, avant d'être rattrapé à Varennes. L'événement provoque une scission dans le Club des Jacobins : ceux qui sont opposés au renversement du roi malgré sa fuite froment un nouveau club, le Club des Feuillants. Par contraste, le Club des Jacobins commence à être associé au camp le plus radical de la révolution.
1.3 La guerre[modifier | modifier le wikicode]
Parmi les députés de la gauche, le premier grand clivage apparaît sur la question de la guerre. Au Club des jacobins et dans la presse, s'ouvre, vers , un grand débat sur l'opportunité de déclencher une guerre contre l'Europe[2].
Les monarchies d'Europe observaient la situation en France, et renforçaient leur coopération. La perspective d'une attaque contre-révolutionnaire pour remettre Louis XVI sur le trône (ou pour profiter du chaos) était dans l'air, d'autant plus que les nobles émigrés faisaient de l'agitation dans ce sens.
Un groupe de députés de la région de Bordeaux - les Girondins, derrière Brissot - défendent alors la nécessité de prendre l'initiative de la guerre, et obtiennent la majorité. Ces députés, partisans d'une monarchie constitutionnelle, espéraient qu’une guerre unirait la nation, du monarque au sans-culotte. Ils avaient également une motivation économique, puisqu’ils appartenaient au secteur de la bourgeoisie le plus concerné par le commerce international, qui avait donc tout à gagner d’une victoire sur la Grande-Bretagne.
Leurs opposants, minoritaires, commençaient à former ce qui allait devenir la Montagne: Robespierre, Danton, Marat, Billaud-Varennes, Desmoulins, Collot d'Herbois, Fabre d'Eglantine, Tallien...[3] Ceux-ci soutiennent que les ennemis de l'intérieur sont plus dangereux que les ennemis de l'extérieur. Ils sont aussi plutôt républicains, en centralisateurs, contrairement aux Girondins plus fédéralistes.
Suite à la déclaration de guerre le 20 avril 1792, les Girondins forment un cabinet de gouvernement avec le roi. Mais la guerre commence par un fiasco, ce qui renforce le camp des Montagnards. Leur centralisme ferme est un gage d'efficacité, et surtout leur énergie révolutionnaire et leur populisme leur permettent de se gagner le soutien de la sans-culotterie. Ils deviennent une solution pour la bourgeoisie.
1.4 La jonction avec les sans-culottes[modifier | modifier le wikicode]
Le 5 juillet 1792 l'Assemblée déclare la nation « en danger ». Tous les citoyens en mesure de prendre les armes et de servir dans la Garde nationale sont placés en service actif. Des piques sont distribuées à ceux qui ne peuvent se procurer d'armes, et des drapeaux sont placés dans les espaces publics, avec ces mots : « Citoyens ! La Patrie est en danger ! » Des volontaires affluaient de tout le pays vers Paris pour s'enrôler.
Dans le même temps montait la suspicion de trahison contre le roi et la haute noblesse, notamment les généraux. Une ambiance insurrectionnelle gagne Paris. Les Montagnards s'appuient alors sur la radicalité spontanée des sans-culottes (ceux de Paris et ceux de province venus comme volontaires), organisés dans la Commune de Paris. Cette radicalité était exacerbée par la situation de disette, car le prix du pain atteignait des sommets.
Cela éclate dans l'insurrection du 10 août 1792, qui oblige les Girondins à suspendre le roi (remplacé par un Conseil exécutif provisoire), et qui sera bientôt suivie des massacres de septembre, durant laquelle la foule tue massivement des suspects dans les prisons. Les élections législatives de septembre 1792 se font pour la première fois au suffrage universel masculin (malgré de nombreuses limitations). Les Montagnards passent devant les Girondins.
Le 21 septembre 1792, les députés de la nouvelle Convention décrètent abolition la royauté.
Le tournant social de Robespierre et de Saint-Just a lieu à l’automne 1792, lorsque la crise des subsistances mobilisa les masses, au plus fort de l’opposition entre Girondins et Montagnards à propos du procès du roi. Une politique sociale devient le plus sûr moyen de rallier les masses à la Montagne. Robespierre commence alors (2 décembre) à subordonner le droit de propriété au droit à l’existence. « Le premier droit est celui d’exister, la première loi sociale est donc celle qui garantit à tous les membres de la société les moyens d’exister ; toutes les autres sont subordonnées à celle-là. » Puis dans son discours sur la Déclaration des droits, le 24 avril 1793 :
« En définissant la liberté le premier des biens de l’homme, le plus sacré des droits qu’il tient de la nature, vous avez dit avec raison qu’elle avait pour borne les droits d’autrui ; pourquoi n’avez-vous pas appliqué ce principe à la propriété qui est une institution sociale ?... Vous avez multiplié les articles pour assurer la plus grande liberté à l’exercice de la propriété et vous n’avez pas dit un seul mot pour en déterminer le caractère légitime ; de manière que votre Déclaration paraît faite, non pour les hommes, mais pour les riches, pour les accapareurs et pour les tyrans. »
Suite à quoi il proposait donc quatre articles, dont le premier : « La propriété est le droit qu’a chaque citoyen de jouir et de disposer de la portion de biens qui lui est garantie par la loi. » Il prenait soin de préciser que « L’égalité des biens est une chimère », repoussant l'idée de partage des propriétés. Il soutient seulement que « l’extrême disproportion de fortunes est la source de bien des maux et de bien des crimes ».
2 La dictature révolutionnaire montagnarde[modifier | modifier le wikicode]
2.1 Essor du printemps 1793[modifier | modifier le wikicode]
Les montagnards connurent leur apogée au printemps de 1793, avec 300 députés à la Convention nationale, pour la plupart élus de la Seine et des grandes villes.
Les 16-17 janvier, ils font voter la mort de Louis Capet, et déjoueront toutes les manœuvres de la Gironde ou de la Plaine visant à le sauver, telles que l'appel au peuple et le sursis, jusqu'à son exécution le 21 janvier 1793.
Le 6 avril 1793, les députés se mettent d'accord pour créer un Comité de salut public, organe explicitement conçu pour exercer un pouvoir dictatorial temporaire, face aux ennemis de l'intérieur et de l'extérieur. La Terreur commence. Dans un premier temps, elle conduit surtout à éliminer les modérés : les Girondins sont exclus du pouvoir le 2 juin 1793.
Le gouvernement révolutionnaire écarta sans ménagement une grande partie de l'ancien appareil d'État (dont des généraux de l'armée), des individus suspectés de trahison ou pas assez convaincus par la révolution pour être énergiques. Il sut édifier à la place une nouvelle administration plus centralisée et efficace que celle héritée de la monarchie absolue. Pour écraser la résistance intérieure et mener la guerre, les Montagnards s'appuyèrent largement sur l'énergie des masses sans-culottes, qui tendaient souvent à agir spontanément, et qu'ils s’efforçaient ensuite de canaliser.
Le 3 juin 1793, il est décidé que les biens des émigrés seront vendus par petits lots, pour favoriser la petite propriété (ce sera étendu à l’ensemble des biens nationaux le 22 novembre 1793). La loi du 19 décembre 1793 crée des écoles primaires, obligatoires, gratuites et laïques. Le partage égal des successions fut institué, y compris en faveur des enfants adultérins, de façon à assurer la fragmentation des fortunes, par les lois 26 octobre 1793 et 6 janvier 1794.
2.2 Succès militaires, divisions internes[modifier | modifier le wikicode]
En conséquence, le gouvernement remporta d'immenses succès, surtout militaires.
Mais aussitôt émergent des divisions internes, notamment autour de deux pôles :
- Les Indulgents autour de Danton voulaient mettre rapidement fin à la Terreur, en signant la paix avec les monarchies coalisées.
- Les partisans de Robespierre voulaient approfondir la transformation politique en prolongeant la Terreur, prêts pour cela à faire plus de compromis avec les mouvements populaires.
Par ailleurs, quelques députés montagnards étaient proches des Enragés de Jacques Roux ou des hébertistes. Cette extrême gauche poussait radicalement dans le sens de la Terreur, mais était plus proche de la Commune de Paris et des sans-culottes. Les Enragés poussaient dans le sens de plus de démocratie directe et de mesures sociales en faveur des pauvres : limitation des prix, lutte contre les « accapareurs » et nationalisation de la distribution... La crise économique était à son comble, notamment parce que les troubles révolutionnaires désorganisaient le commerce, et qu'une partie des gros paysans et marchands spéculaient sur le prix des denrées (puisque les prix montaient en flèche, autant attendre un peu avant de vendre, ce qui diminuait l'offre, accentuant encore l'augmentation des prix...).
2.3 Concessions et répressions[modifier | modifier le wikicode]
Le 4 mai 1793 une « loi du maximum » est votée, pour limiter les prix du grain. C'était à la fois une concession à la pression populaire, et une nécessité pour nourrir les soldats. Le 29 septembre 1793, le gouvernement va plus loin avec la loi du maximum général qui concerne aussi les biens de consommation courante et les salaires.
Ces mesures n'étaient pas en contradiction avec l'idéologie des montagnards, mais ils savaient qu'elles étaient de nature à énerver les possédants et donc risquées, c'est pourquoi ils étaient réticents à les mettre en pratique.
Mais au même moment commence la répression contre les Enragés, pour qui cela n'était pas suffisant. La Terreur commence à frapper à gauche du gouvernement. Puis en septembre 1793, sur la recommandation de Danton, la Convention limite le nombre de réunions des sections de la Commune à deux par semaine. C’est la première attaque contre la démocratie des sections.
En février 1794, les Montagnards se réconcilient temporairement autour du vote de l'abolition de l'esclavage colonial. Ils font aussi passer les décrets de Ventôse, qui prévoient le transfert en masse de propriétés confisquées aux ennemis de la révolutions (surtout des possédants) vers les « patriotes indigents ». Saint-Just indique que ces mesures sont une nécessité pour garantir la base sociale à la révolution politique :
« L’opulence est entre les mains d’un assez grand nombre d’ennemis de la Révolution ; les besoins mettent le peuple qui travaille dans la dépendance de ses ennemis. Concevez-vous qu’un empire puisse exister, si les rapports civils aboutissent à ceux qui sont contraires à la forme du gouvernement ? »
« Abolissez la mendicité qui déshonore un État libre ; les propriétés des patriotes sont sacrées, mais les biens des conspirateurs sont là pour les malheureux. Les malheureux sont les puissants de la terre ; ils ont le droit de parler en maître aux gouvernements qui les négligent. »
« Ne souffrez point qu’il y ait un malheureux ni un pauvre dans l’État : ce n’est qu’à ce prix que vous aurez fait une révolution ou une république véritable. » 26 février
« Que l’Europe apprenne que vous ne voulez plus un malheureux ni un oppresseur sur le territoire français ; que cet exemple fructifie sur la terre ; qu’il y propage l’amour des vertus et le bonheur. Le bonheur est une idée neuve en Europe. » 3 mars
La loi du 11 mai 1794 nationalisa l’assistance, ouvrit un « livre de la bienfaisance nationale », institua l’assistance médicale gratuite à domicile, des pensions d’infirmité et de vieillesse, des secours aux mères de famille nombreuse : en un mot, un système de sécurité sociale.
Les hébertistes appelant à une nouvelle insurrection et les tentatives d'apaisement ayant échoué, le gouvernement révolutionnaire fit arrêter, dans la nuit du au , Hébert et les principales figures du Club des cordeliers. Tous furent condamnés à mort et exécutés dix jours plus tard.Tout cela contribua à démobiliser la base sans-culotte.
Par la suite, ce fut au tour des indulgents, qui menaient campagne pour renverser le gouvernement, mettre fin à la Terreur et négocier une paix rapide avec les monarchies coalisées, d'être éliminés. Arrêtés, ils sont condamnés à mort le 24 mars 1794 et guillotinés, dont Danton et Desmoulins.
2.4 Écrasés par Thermidor[modifier | modifier le wikicode]
Les partisans de Robespierre avaient fait le vide autour d'eux, et avaient coupé le lien entre eux et les masses sans-culottes qui les avaient portées jusqu'ici. Par ailleurs leur dictature n'était plus nécessaire pour la bourgeoisie, qui en était venue à détester cette clique qui les effrayait par ses concessions sociales.
Le , ces « montagnards de l'an III » (terme qui les distingue des montagnards « dantonistes », qui s'étaient alliés aux modérés du Marais), appelés aussi Crêtois, sont renversés. Ce fut le tour de Robespierre de monter sur l'échafaud.
Par une grande ironie de l'histoire, s'ils avaient servi héroïquement la bourgeoisie, et créé des conditions propices pour que par la suite le capitalisme se développe sans entrave en France, ils tombaient néanmoins victimes de la réaction.
Certains tentèrent plusieurs insurrections en germinal (1er avril 1795) et prairial (20 mai 1795), mais en vain. Sans l'énergie des masses, la Montagne s'écroulait.
3 Profil social[modifier | modifier le wikicode]
Les Montagnards étaient plutôt issus de la petite-bourgeoisie, contrairement aux Girondins qui avaient plutôt l'appui de la grande bourgeoisie commerçante, notamment bordelaise.
Contrairement à ces derniers, ils n'étaient pas liés avec l'ancienne classe dominante et la monarchie. En s'appuyant sur l'énergie des masses et principalement des sans-culottes, ils étaient les plus à même de provoquer une rupture révolutionnaire avec la monarchie.
Robespierre était logé chez un petit-patron assez riche, le menuisier Duplay[4], qui avait plusieurs logements qu'il louait à Paris, touchant par là dix à douze mille livres de revenu en loyers de maison, sans compter les bénéfices de son entreprise[5]. Sa fille a témoigné que, soucieux de dignité bourgeoise, il n’aurait jamais admis à sa table l’un de ses serviteurs (l’un de ses ouvriers). Duplay était bien en contact avec le monde du travail (contrairement à un noble ou un gros négociant), mais en tant que gros entrepreneur.
On saisit ici l’ambiguïté de la position sociale des Jacobins : trop près du petit peuple pour en méconnaître les besoins, mais s’en distinguant déjà assez pour ne pas desservir les intérêts de la bourgeoisie.
Beaucoup de jacobins étaient issus de la petite-bourgeoisie intellectuelle, journalistes, ou juristes. Ces hommes de médiocre condition avaient le sentiment de leur supériorité intellectuelle et supportaient mal la hiérarchie des ordres d’Ancien Régime.
Au collège Louis-le-Grand, à Paris, Robespierre fut l’élève des Oratoriens : il y subit particulièrement l’influence de Rousseau, comme en témoignèrent son idéal social et politique, la force éloquente de sa conviction, ainsi que sa religiosité et une sensibilité parfois mal contenue. Revenu à Arras en 1781, Robespierre y vécut de son métier d’avocat, gagnant honorablement sa vie, mais restant pauvre : mot qui revient sans cesse dans ses propos. Être pauvre, c’est se contenter de pourvoir à ses besoins par son travail personnel, sans dédaigner le bien-être, mais sans rechercher le luxe ni l’oisiveté : idéal des classes moyennes du temps, de la petite bourgeoisie en particulier. Par tempérament même, il était en accord avec les enseignements de Rousseau. Là fut sans doute l’une des causes de sa popularité : ses goûts et son mode de vie étaient à la mesure de la petite bourgeoisie qui s’est retrouvée en lui. De sa jeunesse triste, de son existence austère, Robespierre avait conçu, de sa valeur intellectuelle et morale, une haute idée.
Le gros des effectifs jacobins se caractérisait par la probité, l’application à la tâche, la mesure, et une égale répulsion de la trop grande richesse comme du trop grand dénuement.
Le modèle des montagnards, Rousseau, écrit dans ses Confessions qu’il était né « dans une famille que ses mœurs distinguaient du peuple » (son père était horloger).
Pierre-Louis Prieur, dit « Prieur de la Marne »
4 Idées politiques[modifier | modifier le wikicode]
4.1 Républicains intransigeants[modifier | modifier le wikicode]
Personnifiés par des personnages comme Danton, Marat et Robespierre, les Montagnards sont des républicains convaincus. Comme la majorité des révolutionnaires, ils étaient influencés par les Lumières, mais aussi par Rousseau. Ils se voyaient en démocrates et en amis du peuple, et pensaient avoir la tâche d'ériger une République à l'image de la République romaine.
« On appelle ainsi, depuis les premiers temps de la Révolution, une partie de le salle où se plaçait, dans l'Assemblée constituante, un petit nombre de députés qui défendirent la cause du peuple jusqu'au bout, avec le plus de constance et de fidélité. » Maximilien de Robespierre[6]
Ils sont initialement des éléments disparates et sans programme réellement défini. Robespierre les "discernait" parmi la Constituante, mais rien ne les unissait alors formellement, même si beaucoup étaient au Club des Jacobins.
« Dans l'Assemblée actuelle [...] Il y a, dans la plaine et dans le pays aquatique, de très braves gens et des Montagnards, et, sur la Montagne, on entend bourdonner quelquefois des insectes feuillantins et de petites mouches girondines échappées du Marais. » [6]
4.2 Humanistes et abolitionnistes[modifier | modifier le wikicode]
En février 1794, les députés montagnards votent l'abolition de l'esclavage colonial. Suite à cela, trois nouveaux députés de Saint-Domingue sont élus et rejoignent les bancs de la Montagne : le Blanc Louis-Pierre Dufay, le Métis Jean-Baptiste Mills et le Noir Jean-Baptiste Belley, chaleureusement accueillis à la Convention par Camboulas, Maribon-Montaut, Danton, Delacroix, Levasseur, et l'abbé Grégoire les 3, 4 et 5 février 1794. Momoro les fait inscrire le soir du 4 février au club des Jacobins. Chaumette organise avec les trois nouveau députés une fête au temple de la Raison le 18 février. Hébert publie un article très enthousiaste pour cette fête et l'arrivée des "trois rois mages" le surlendemain (20 février).
Mais l'esclavage est vite rétabli par Napoléon, et ne sera définitivement aboli qu'en 1848.
4.3 Laïcs et anticléricaux[modifier | modifier le wikicode]
Le 4 avril 1791, l'Assemblée constituante transforme l'église Sainte-Geneviève, qui était en cours de construction, en « Panthéon des grands hommes ». Le Panthéon devient une sorte de temple républicain. Les révolutionnaires y font transférer les cendres de Voltaire et de Rousseau.
4.4 Égalitaristes petit-bourgeois[modifier | modifier le wikicode]
La Déclaration montagnarde de juin 1793 vise « le bonheur commun ». Les Montagnards n'avaient pas de théorie cohérente sur la question sociale. Fruit de leur position sociale intermédiaire, ils étaient sensibles aux trop grands écarts de richesse, et donc porteur d'un égalitarisme assez vague. Tout en déclamant contre les riches, ils réaffirmaient sans cesse leur attachement à la propriété individuelle. Et ils repoussaient fermement l'idée de la « loi agraire » (partage des terres), accusation que leur envoyait fréquemment la réaction.
Marat est souvent considéré comme plus radical, mais c'est surtout par sa virulence verbale, et par le fait qu'il se soit trouvé en phase avec le centre de gravité de la politique des jacobins de 1793. Il déclarait en 1793 : « J’arrivais à la Révolution avec des idées faites ». Il affirma dès 1780 que le droit à l’existence prime sur le droit de propriété, et fustigeait une société qui oppose les classes :
« Périssent donc enfin ces lois arbitraires, faites pour le bonheur de quelques individus au préjudice du genre humain, et périssent aussi ces distinctions odieuses qui rendaient certaines classes du peuple ennemies des autres, qui font que la multitude doit s’affliger du bonheur du petit nombre, que le petit nombre doit redouter le bonheur de la multitude. »[7]
Dès 1789, il écrivait, à la mode de Rousseau :
« sans une certaine proportion entre les fortunes, les avantages que celui qui n’a aucune propriété retire du pacte social se réduisent à presque rien... La liberté même qui nous console de tant de maux n’est rien pour lui... Quelque révolution qui arrive dans l’État, il ne sent point diminuer sa dépendance, toujours cloué, comme il est, à un travail accablant. » [8]
Ces idées ne présentaient aucun caractère d’exception : Marat né en 1743, d’une génération antérieure à celle de Robespierre né en 1758, de Saint-Just né en 1767, en était venu à des conclusions auxquelles d’autres révolutionnaires ne parvinrent qu'au travers de la Révolution elle-même. Ainsi Saint-Just déclara le 26 février 1794, pour défendre les décrets de Ventôse : « La force des choses nous conduit peut-être à des résultats auxquels nous n’avions point pensé. »
En revanche une fois au pouvoir, les montagnards répriment les plus mouvements à leur gauche. Ainsi Marat attaqua violemment les Enragés, ces « faux patriotes, plus dangereux que les aristocrates et les royalistes », qui ne visent qu'à « égarer les bons citoyens et les jeter dans des démarches violentes, hasardées, téméraires et désastreuses ».[9]
Les déclarations en faveur de l'égalitarisme ne manquaient pas, comme celles de Chaumette à la tribune du Conseil général de la Commune, mais sans que les montagnards au pouvoir ne cherchent vraiment à les inscrire dans la loi.
Par ailleurs, ces déclamations contre les inégalités étaient présentes aussi chez les Girondins (Brissot exprimait de la compréhension pour ceux qui sont poussés au vol[10], Carra défendait les notions « d’égalité morale, de propriété raisonnable »[11]...), voire même chez l'ancien ministre des finances du roi, Necker, qui polémiquait avec le laissez-faire des physiocrates. La particularité des montagnards est surtout d'avoir maintenu relativement cette ligne égalitariste (quoiqu'en réprimant à leur gauche), quand les autres tournaient à la contre-révolution.
4.5 Hostilité aux propriétaires terriens[modifier | modifier le wikicode]
Bien que ce ne soit pas très marqué, il y a parmi les montagnards une préférence perceptible pour la propriété artisanale par rapport à la propriété terrienne. Cela traduisait leur origine sociale aussi bien que leur hostilité à la noblesse, qui était historiquement une classe vivant de rentes foncières.
Billaud-Varenne entendait « atténuer l’influence corrosive [des grandes fortunes] par une subdivision accélérée et sans possibilité d’un entassement ultérieur. (...) Nul citoyen ne pourra posséder plus qu’une quantité fixée d’arpents de terre [une vingtaine en moyenne] ».[12]
Pour Momoro, « la nation ne reconnaît que les propriétés industrielles, elle en assure la garantie et l’inviolabilité. La nation assure également aux citoyens la garantie et l’inviolabilité de ce qu’on appelle faussement propriétés territoriales, jusqu’au moment où elle aura établi des lois sur cet objet ».[13] Ce qui sonnait comme une menace de réforme agraire n'a jamais eu de suite.
Pour justifier les mesures comme le maximum des grains, Momoro théorisait que le droit de propriété sur le produit des récoltes était limité, car les produits de la terre ne sauraient être rangés « dans la même classe que les autres propriétés proprement dites ». « C’est que ces productions sont destinées à la subsistance de la société, moyennant l’indemnité juste et préalable qui doit en être le prix. » Une indemnité qui doit être proportionnée « avec les facultés des citoyens ».[14]
Dans le contexte d'alors, la propriété terrienne était encore le marqueur principal de la richesse. C'est pour cela qu'est si présente chez les montagnards l'illusion qu'une fois l'Ancien régime vaincu, la République des petits productifs industrieux sera une société globalement égalitaire, sans nécessité de s'en prendre au marché et à la propriété privée des moyens de production en général.
4.6 Utopie républicaine[modifier | modifier le wikicode]
Même si la plupart des montagnards étaient avant tout poussés à prendre des réformes sociales par la situation, il existait parmi eux des idéologues dont les écrits dessinent clairement une sorte d'utopie républicaine. Le républicanisme sous sa forme moderne est alors en train d'émerger, et il s'agit pour ses idéologues d'une promesse généreuse. Ils se voyaient comme les accoucheurs d'un monde nouveau, qui serait non pas le froid capitalisme, mais une République fraternelle.
Le modèle de la République mis en avant est en grande partie celui des républiques antiques. « Robespierre, Saint-Just et leurs partisans succombèrent parce qu’ils confondaient l’État réaliste et démocratique antique, fondé sur l’esclavage réel, avec l’État représentatif spiritualiste et démocratique moderne, fondé sur l’esclavage émancipé, la société bourgeoise. »[15]
Billaud-Varenne exposa clairement que l'idéal du républicanisme jacobin était celui d'une société de petits producteurs indépendants :
« Non seulement le système politique doit assurer à chacun la paisible jouissance de ses possessions, mais ce système doit être combiné de manière à établir autant que possible une répartition des biens sinon absolument égale, au moins proportionnelle entre les citoyens ». Si le droit de propriété est imprescriptible, « il doit avoir son application au profit de tous les êtres qui composent la nation ». Ainsi personne dans la République ne se trouvera « sous la dépendance directe et non réciproque d’un autre particulier ». « Si la cumulation des grandes masses de fortune dans les mains d’un petit nombre d’individus amène progressivement toutes les calamités sociales, l’aisance du plus grand nombre, fruit du travail, de l’industrie et des spéculations commerciales, porte une nation au plus haut degré de prospérité et communique à son gouvernement une grandeur réelle. »[16]
De même Saint-Just dans ses Institutions républicaines au printemps 1794 assignait comme but à la République : « Donner à tous les Français les moyens d’obtenir les premières nécessités de la vie sans dépendre d’autre chose que des lois et sans dépendance mutuelle dans l’état civil. (...) Il faut que l’homme vive indépendant. (...) Il ne faut ni riches ni pauvres... L’opulence est une infamie. »
Dans ses propositions on retrouve la précision des utopies qui régentent la vie quotidienne : l’hérédité n’existe plus qu’en ligne directe. Tout le monde est obligé de travailler ; tout propriétaire de plus de 25 ans, qui n’a pas de métier et n’est pas magistrat est tenu de cultiver la terre jusqu’à 50 ans ; l’oisiveté est punie. « Tout citoyen rendra compte tous les ans, dans les temples de l’emploi de sa fortune. » Ou encore : « Les enfants appartiennent à leur mère jusqu’à cinq ans, si elle les a nourris, à la République ensuite, jusqu’à sa mort. » « Tout homme âgé de vingt et un ans est tenu de déclarer dans le temple quels sont ses amis... Celui qui dit qu’il ne croit pas à l’amitié, ou qui n’a point d’amis, est banni. » « Les hommes qui auront toujours vécu sans reproche porteront une écharpe blanche à soixante ans. »
Une part de l'inspiration de Saint-Just provenait certainement des traditions communautaires paysannes qu'il connaissait dans la commune de l’Aisne où il avait grandi.
Il faut aussi citer Boissel, vice-président du Club des Jacobins, qui critiquait plus durement que d'autres la propriété privée, notamment dans son Catéchisme du genre humain, qu'il publie dès avril 1789 (Robespierre s'en éloigne alors, le jugeant « dangereux »).
4.7 Radicaux[modifier | modifier le wikicode]
Prises une à une, les idées portées par les Montagnards étaient des idées déjà en circulation, parfois depuis longtemps. Mais ce courant politique, par sa détermination, a su attirer vers lui la plupart des progressistes de l'époque, et a pu engager des transformations à l'échelle de tout le pays sur un temps très bref. C'est ce qui a suscité la haine de la contre-révolution et de la tradition.
5 Courants minoritaires[modifier | modifier le wikicode]
Plusieurs députés montagnards étaient proches de groupes populaires extra-parlementaires, comme les Enragés de Jacques Roux ou des Hébertistes. Mais ces derniers, qui étaient plus en phase avec le bouillonnement des sans-culottes et les poussaient souvent à l'insurrection, finirent par être réprimés.
5.1 Les Enragés[modifier | modifier le wikicode]
Les Enragés suivaient Jacques Roux, qui tentait déjà d'axer la lutte sur l'égalitarisme et dénoncer l'enrichissement de la bourgeoisie au détriment "du peuple". Même si ce groupe était très minoritaire, il anticipait déjà l'arrivée sur l'arène politique de la lutte socialiste.
Jacques Roux est arrêté le 22 août 1793, et se suicide le 10 février 1794.
5.2 Les Hébertistes[modifier | modifier le wikicode]
Menés par Jacques-René Hébert, ces agitateurs aussi appelés les Exagérés appelaient sans cesse à l'insurrection. Ils auraient eu à plusieurs reprises un rôle de provocateurs.
En août 1793, dans son numéro 272 du Père Duchesne, Hébert dénonçait un système social où « les uns ont tout, les autres n’ont rien ». En pluviôse an II (n° 338), il évoquait la république « dans quelques années » : « Les sans-culottes ne font plus qu’une seule famille ; ils ne connaissent plus que la sainte égalité... On ne voit plus de riches insolents, mais aussi la misère a disparu. »
Les Hébertistes appelant à une nouvelle insurrection et les tentatives d'apaisement ayant échoué, le gouvernement révolutionnaire fit arrêter, dans la nuit du 3 au 4 mars 1794 (13-14 ventôse an II), Hébert et les principales figures du club des Cordeliers. Tous furent condamnés à mort et exécutés vingt jours plus tard, le 24 mars 1794.
6 Origine du nom[modifier | modifier le wikicode]
Il est bien connu que les Montagnards étaient les députés assis à gauche et sur les bancs les plus élevés, ce qui est supposément l'origine du terme « Montagne » (par opposition notamment aux députés de la Plaine / Marais). Ce nom a vraiment été connu vers juin 1793, au plus fort de la lutte contre le fédéralisme Girondin.
Ces termes feraient aussi référence à la géographie politique du Paris de l'époque : la gauche de l'Assemblée nationale était issue des milieux cléricaux des quartiers de la montagne Sainte-Geneviève, et se réunissait au couvent des Cordeliers, tandis que la droite était issue des milieux financiers établis dans les quartiers de la plaine de la Rive droite (entre la place Vendôme et le Palais-Royal), et se réunissait au couvent des Feuillants[17].
Il y a aussi probablement d'autres références communes entre ces révolutionnaires bourgeois, concourant à créer leur idéologie. Nombreux étaient ceux qui avaient lu : la « Vie de Solon », issue des Vies parallèles, où Plutarque (s’inspirant d’Hérodote et d’Aristote) décrit en ces termes les divisions politiques à Athènes : « Les habitants de la montagne soutenaient avec force la démocratie, ceux de la plaine l’oligarchie ; les habitants de la côte formaient un troisième parti, favorable à une forme de gouvernement intermédiaire… ».
D’autre part la référence mystique, biblique et évangélique est aussi présente, même si ce champ idéologique a plutôt été l'apanage de la réaction monarchiste. Car la Montagne est souvent perçue par ses partisans comme un nouveau Sinaï (et les Droits de l’Homme comme un nouveau Décalogue), sans oublier la référence au « sermon sur la Montagne » du Christ.[18]
Il est possible aussi qu'il y ait une référence aux Lettres écrites de la montagne de Rousseau.
7 Réemploi politique[modifier | modifier le wikicode]
7.1 1830[modifier | modifier le wikicode]
Au cours du 19e siècle, la référence aux montagnards servira aux partisans de la République pour revendiquer leur filiation avec les rédacteurs de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen et rassembler autour de ces principes. Ainsi n'hésite-t-on pas, dans l'ambiance révolutionnaire de 1830, à glorifier la figure du montagnard en le désignant comme :
« l'opposé, l'antagoniste, l'ennemi juré du girondin, car quiconque aime la vertu doit abhorrer le crime. Le montagnard est l'homme simple, naturel, qui cultive ses sentiments et sa raison, qui s'occupe sans cesse du bonheur d'autrui, qui fait la guerre aux oppresseurs de tout genre, qui ne transige jamais avec sa conscience, qui soulage les malheureux, qui ne reconnaît dans l'amour de la patrie que l'amour de l'humanité et qui la sert de tout son pouvoir ; enfin c'est celui qui fait aux autres tout ce qu'il voudrait qu'on lui fît. Voilà le Montagnard, le Républicain, le Démocrate »[19].
7.2 1848-1852[modifier | modifier le wikicode]
Sous la Seconde République, des députés de l’extrême gauche (Barbès, Ledru-Rollin) reprirent le nom de Montagne pour désigner leur groupe politique, tandis que les royalistes légitimistes les plus ultras, partisans de « l'appel au peuple » et convaincus que le suffrage universel aboutirait à rétablir la monarchie, adoptaient le nom de « Montagne blanche ».[20]
8 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]
- Jacques Droz, Histoire générale du socialisme, 1972
- ↑ L'expression « jacobinisme de 1793 » est de Jules Michelet.
- ↑ Quentin Laurent (dir. Pierre Serna), Jacques-Pierre Brissot. Genèse et stratégie d'un projet politique et diplomatique. Du début de la Législative à la déclaration de guerre d', Paris, IHRF (mémoire de master 2 en Histoire), 2011, 206 p. (cote : Z 1070) [fiche sur le site de l'IHRF].
- ↑ Jean-Daniel Piquet, « La déclaration constitutionnelle de paix à l'Europe, grand sujet de débat entre 1791 et 1794 » ; Monique Cubells, La Révolution française, la Guerre et la frontière, Paris, Édition CTHS, 2000.
- ↑ Michelet en fait le symbole social du jacobinisme.
- ↑ Jean Jaurès, Histoire socialiste de la Révolution française, 1901-1908
- ↑ 6,0 et 6,1 Robespierre, dans une de ses Lettres à ses commettants (fin novembre ou début décembre 1792)
- ↑ Jean-Paul Marat, Plan de législation criminelle, 1780
- ↑ Jean-Paul Marat, La Constitution ou Projet de déclaration des droits, brochure du 23 août 1789
- ↑ Jean-Paul Marat, Le publiciste de la République française, Paris, n°233, 4 juillet 1793
- ↑ Jacques Pierre Brissot, Recherches philosophiques sur le droit de propriété et sur le vol considérés dans la nature et dans la société, 1780
- ↑ Jean-Louis Carra, Système de la raison ou le prophète philosophe, 1782
- ↑ Jacques-Nicolas Billaud-Varenne, Éléments de républicanisme, 1793
- ↑ Antoine-François Momoro, Déclaration des droits, août 1792
- ↑ Antoine-François Momoro, Opinion sur la fixation du maximum du prix des grains, mai 1793
- ↑ Karl Marx, La Sainte Famille, 1844
- ↑ Jacques-Nicolas Billaud-Varenne, Éléments de républicanisme, 1793
- ↑ Louis Maitrier, "Gauche-Droite, ou la localisation urbaine et l'origine des partis politiques", revue du M.A.U.S.S. n°10 [Guerre et paix entre les sciences], Paris, La Découverte, 1997.
- ↑ « LA GRANDE H. "LE GRAND MÉCHANT ROBESPIERRE | MARC BELISSA, YANNICK BOSC" », sur Youtube, Le Média, (consulté le 18 juin 2019)
- ↑ Société des Droits de l'Homme, Petit catéchisme républicain, .
- ↑ Stéphane Rials, Révolution et contre-révolution au XIXe siècle, DUC/Albatros, Paris, 1987, p. 155, et R. Huard, « Montagne rouge et Montagne blanche en Languedoc-Roussillon sous la Seconde République », Droite et gauche de 1789 à nos jours, Publications de l'université Paul-Valéry, Montpellier-III, 1975, p. 139-160.