Montagne (1849)

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Montagne
Présentation
Président Alexandre Ledru-Rollin
Fondation
Disparition
Siège Paris, Drapeau de la France France
Positionnement Gauche
Idéologie Républicanisme
Socialisme démocratique
Socialisme chrétien
Socialisme utopique
Couleurs rouge

La Montagne est le nom pris par le groupe de républicains (les « démoc-socs », « démocrates-socialistes ») pendant la période de la révolution française de 1848.

Ils représentent un courant républicain petit-bourgeois, plus ferme sur les questions démocratiques que les répulicains modérés, et ouverts à des réformes sociales, mais dont les chefs ont cautionné la répression de l'extrême gauche populaire parisienne, contribuant à briser la dynamique révolutionnaire, puis à se retrouver isolés.

Le nom est repris en référence à la Montagne de la Révolution de 1789.

1 Événements[modifier | modifier le wikicode]

1.1 Au gouvernement provisoire[modifier | modifier le wikicode]

Sous la Monarchie de Juillet, les républicains formaient une nébuleuse assez peu organisée, influencée par plusieurs journaux, notamment Le National (qui représente la bourgeoisie républicaine) et La Réforme (plus radical, représentant la petite-bourgeoisie républicaine). Des revendications ouvrières avaient commencé à émerger, comme la révolte des Canuts à Lyon (1831), mais le mouvement ouvrier n'était pas encore développé (il est par ailleurs empêché de s'organisé par la loi) et encore moins conscient de lui-même. Les leaders influents dans le monde ouvrier étaient des républicains socialistes plus (Auguste Blanqui) ou moins (Louis Blanc, Proudhon) radicaux. Lors que la révolution de février 1848 éclate, un gouvernement provisoire est formé, avec un centre de gravité autour des modérés du National. Seuls quelques membres des républicains « avancés » sont intégrés (Ledru-Rollin, Blanc, Flocon, Martin). Leur leader Ledru-Rollin est le plus modéré, tandis que Blanc et Martin sont les seuls à être clairement identifiés comme socialistes. Martin est par ailleurs le premier ouvrier dans un gouvernement français.

Ledru-Rollin reçoit le ministère de l'Intérieur. Louis Blanc, qui aurait souhaité un ministère du Travail, doit se contenter de présider une Commission pour les travailleurs, sans budget.

1.2 Rapports de force électoraux défavorables[modifier | modifier le wikicode]

Rouge : Montagne (88), Vert : Modérés (600), Bleu : Parti de l'Ordre (200)

Aussitôt après la révolution, le gouvernement provisoire annonce un processus d'Assemblée constituante, pour définir le nouveau régime. Les élections destinées à désigner les membres d'une assemblée constituante sont prévues pour le 9 avril.

Mais avec le suffrage universel masculin, le centre de gravité électoral est désormais sur les paysans (les trois quarts des habitants), qui sont économiquement et idéologiquement dominés par les notables ruraux (les paysans allaient souvent voter en cortège avec leur curé en tête), donc par leurs idées monarchistes ou en tout cas très conservatrices (beaucoup de monarchistes se cachent sous l'étiquette républicaine, on les nomme alors « républicains du lendemain » par opposition aux « républicains de la veille »).

Les républicains radicaux en sont conscients, et savent qu'ils doivent faire campagne à la campagne pour diffuser les idées républicaines. Ils ont donc besoin de temps. Une manifestation ouvrière parisienne, le 17 mars, obtient le report des élections au 23 avril. Le 16 avril, une autre manifestation, réclamant un second report, est écrasée par Ledru-Rollin lui-même. Les républicains « avancés » intégrés au gouvernement s'évertuent à donner des gages de leur loyauté à l'ordre établi.

Les élections du 23 avril donnent une majorité aux modérés du National et à des républicains du lendemain qui les rejoignent. Les républicains « avancés » sont nettement battus. Les nouveaux élus sont presque tous des bourgeois et des nobles. Il n'y a aucun paysan et les ouvriers et artisans ne sont qu'une quinzaine sur 800 élus.

La nouvelle assemblée se réunit le 4 mai. Elle proclame la République et met fin à l'existence du gouvernement provisoire. Elle élit une Commission exécutive de 5 membres dont sont exclus les éléments les plus progressistes, en premier lieu les « socialistes » tels Louis Blanc et Martin. Même Ledru-Rollin, jugé trop radical par la majorité des députés ne doit son maintien qu'à l'insistance de Lamartine qui avertit l’Assemblée que l'évincer serait trop risqué politiquement.

Pendant la manifestation du 15 mai 1848, Ledru-Rollin organise la répression des manifestants parisiens.

Puis, une grande révolte ouvrière éclate en juin, durement réprimée (entre 3000 et 5000 morts). Ledru-Rollin ne prend cette fois pas part à la répression. Suite à la vague réactionnaire qui suit, il est exclu du pouvoir dans le nouveau gouvernement du général Cavaignac. Il est poursuivi par l'Assemblée pour sa gestion du ministère de l'Intérieur (en particulier la gestion des fonds secrets), mais se disculpe.

1.3 Mouvement ascendant[modifier | modifier le wikicode]

Rouge : Montagne (180), Vert : Modérés (75), Bleu : Parti de l'Ordre (450)

En novembre 1848, les républicains démocrates-socialistes fondent la Solidarité républicaine, qui soutiennent la candidature de Ledru-Rollin à la présidentielle. Il obtient 381 026 voix (environ 5 %), arrivant troisième derrière Louis-Napoléon Bonaparte (élu président avec 75%), et derrière Cavaignac (candidat des modérés avec 19,6 %).

Aux élections législatives de mai 1849, la Montagne présente un programme réformiste : la suppression de l'impôt des 45 centimes, l'impôt sur le revenu, la nationalisation des chemins de fer, des mines, des canaux et des assurances, l'abolition de la peine de mort, la réforme du service militaire, le taux de crédit à 3 % et le développement de l'enseignement. Elle réussit alors à pénétrer dans l'électorat rural des petits propriétaires tout en confortant son électorat de petits bourgeois, d'artisans et de fonctionnaires.

1.4 Mouvement décapité par la répression[modifier | modifier le wikicode]

La France montagnarde (1849-1851).
Les résultats des démocrates socialistes aux legislatives de mai 1849

Elle est décapitée par la répression après l'échec de la journée du 13 juin 1849 : 34 de ses députés sont déchus de leur mandat et poursuivis devant la Haute Cour de justice (la plupart étant d'ailleurs contraints de fuir).

Malgré la répression (notamment le complot de Lyon, qui vise les députés du sud-est), le groupe parlementaire survivra jusqu'en . Cette année les rouges se divisent lors de la proposition de Louis Bonaparte sur l'abrogation de la loi du 31 mai 1850. À partir de ce moment-là, les rouges se divisent entre ceux qui sont favorables au vote de la proposition (vote qui équivalait à une coalition officielle avec Thiers) ; et ceux qui proposent de voter contre (ce qui signifiait qu'ils attendaient un coup d'État de la part du groupe de Thiers).

Après le Second Empire, une grande partie des membres de la Montagne fournira le personnel politique de la Troisième République commençante.

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2 Bibliographie[modifier | modifier le wikicode]

  • Christos Andrianopoulos, La couleur rouge du drapeau tricolore : les Montagnards face aux défis de la deuxième République, Éditions Universitaires Européennes, , 156 p. (ISBN 978-3-83818-722-8).