Retraite
La retraite est la période d'inactivité des travailleur·ses qui ont atteint un certain âge.
Une assurance retraite est un système d'assurance sociale permettant d'assurer un revenu aux personnes qui sont à la retraite.
1 Généralités[modifier | modifier le wikicode]
Dans les modes de productions antérieurs au capitalisme, le noyau familial jouait un rôle bien plus grand, tandis que l'espérance de vie était bien plus faible. Dans la paysannerie notamment, qui a longtemps constitué l'écrasante majorité de la population, les anciens ne prenaient pas réellement de "retraite", et continuaient, certes de façon réduite, à aider leur famille aux champs. Ils demeuraient au sein de la maison familiale jusqu'à leurs derniers jours.
Certaines formes d'entraide volontaire se formèrent en Moyen-Âge (corporations, sociétés de secours mutuels) notamment dans l'artisanat, et certaines formes d'assistance aux indigents étaient soumises à la bonne grâce des monarques.
C'est le développement du capitalisme et l'industrialisation qui a profondément changé la société et posé le problème moderne des retraites. Celui-ci a brisé la famille paysanne traditionnelle et a prolétarisé une part toujours plus élevée de travailleurs, qui se retrouvèrent "libres de se faire exploiter", et pour la plupart d'entre eux avec beaucoup de peine pour subsister une fois leur force de travail amoindrie.
Toutefois, avec ses contradictions, le capitalisme apporte également la perspective socialiste pour résoudre ce problème. L'accroissement phénoménal des forces productives rend la possibilité d'offrir des pensions décentes à tous et toutes, et de créer ainsi une solidarité sociale sans précédent. La retraite par répartition obtenue dans l'Après-guerre dans de nombreux pays capitaliste offre un aperçu de ce que cela peut être, mais la marge de progression est immense. En effet non seulement aujourd'hui ces simples droits sont menacés, mais tant que l'aliénation du travail usera les travailleurs, le retraite ne sera qu'un cynique "cadeau" du capitalisme à ses exploités.
2 Évolution générale[modifier | modifier le wikicode]
2.1 Mutualité[modifier | modifier le wikicode]
Aux débuts du mouvement ouvrier, divers systèmes d'entraide ont été mis en place par les syndicats ou les bourses du travail, dont des systèmes autogérés de pensions de retraites.
2.2 Systèmes étatiques[modifier | modifier le wikicode]
Un des premiers systèmes étatiques de retraites est celui introduit par Bismarck, en 1889. Le gouvernement de Bismarck utilisait alors à la fois le bâton (répression avec les lois antisocialistes) et la carotte (établissement de tout un système de protection sociale), espérant désamorcer le puissant mouvement ouvrier allemand.
Au sortir de la seconde guerre mondiale, la bourgeoisie craint la transformation de la dramatique situation sociale en un terreau fertile pour les communistes. Ironiquement, dans les pays d'Europe où ils étaient puissants, les PC stalinisés agiront de concert avec les représentants bourgeois et permettront d'élaborer une relative "paix sociale". Les taux de profits sans précédents ont rendu possible des concessions sans précédent dans le domaine de la Sécurité sociale. La moyenne des pays capitalistes fixe l'âge légal de départ à 65 ans avec des régimes par répartition.
Le 10 décembre 1948, adoption de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, qui précise en son article 25 :
« Toute personne a droit (...) à la sécurité sociale en cas de chômage, de maladie, d'invalidité, de veuvage, de vieillesse, où dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté ».
Malgré ces « conquis sociaux », l'inégalité de classe est très forte face à la retraite, puisqu'il y a une très forte inégalité d'espérance de vie. Les plus riches ont non seulement des pensions de retraite plus élevées, mais ils profitent de plus d'années de vie en bonne santé.
Mais les États bourgeois ont rapidement repris le contrôle partout où la gestion était par trop "directe" par les syndicats ouvriers, et à partir des années 1960 puis avec une accélération toujours plus rapide après le tournant néolibéral, les attaques des gouvernements successifs ont eu pour but d'affaiblir ce salaire socialisé. Les attaques consistent en général à baisser le montant des pensions, ou à reculer l'âge de départ à la retraite.
2.3 Justification des contre-réformes[modifier | modifier le wikicode]
Le vieillissement de la population, suite à l'augmentation de l'espérance de vie, est le principal argument des politiciens bourgeois pour justifier de devoir travailler plus longtemps (ou d'abaisser le niveau des pensions en retardant l'âge pour avoir un taux plein). Le discours répété en boucle est « si on vit plus longtemps il faut travailler plus longtemps ».
En réalité prendre seulement en compte le facteur de la pyramide des âges est extrêmement (et volontairement) simpliste. La question centrale est celle de savoir si l'on manque de richesses à partager. La réponse est non, vu que le PIB par habitant (richesse produite en un an rapportée à la population) n'est pas en train de s'effondrer. Il est même deux fois plus élevé aujourd'hui qu'en 1990, époque où l'on cotisait 37,5 ans et où l'on pouvait partir à 60 ans.
Ce n'est pas simplement le nombre "jeunes / retraité·es" qui compte, mais la quantité de richesses produites par les jeunes. Et il se trouve que la productivité du travail est un paramètre qui ne cesse d'augmenter avec le temps.
Alors pourquoi l'équilibre des caisses de retraites est-il menacé ? (Si les déficits sont volontairement exagérés, ils sont réels). Parce que les recettes, les cotisations sociales pour la retraites, tentent à diminuer. Le facteur principal est que par rapport aux générations d'avant, il y a beaucoup plus de chômage. Tous ces salaires que les patrons n'ont pas à verser à des salarié·es, c'est autant de cotisations en moins.[1]
Ironiquement, il faut ajouter à cela qu’il y a eu au fil des décennies de stagnation, une grande quantité de contre-réformes exonérant les patrons de certaines cotisations patronales (stigmatisées comme "charges sociales"), au nom précisément de la lutte contre le chômage.
La question du financement des retraites se ramène donc essentiellement à une question de contrôle de l'affection des richesses produites. Le capitalisme conduit à une concentration des richesses, et étant donné que les politiciens (de droite comme de gauche type « PS-EELV ») sont incapables d'envisager un autre horizon, la seule variable d’ajustement est le baisse des dépenses pour les retraites.
2.4 Répartition et capitalisation[modifier | modifier le wikicode]
Traditionnellement, les régimes de retraites étatiques étaient organisés selon un système par répartition. Cela signifie que les pensions versées à un instant t sont issues des cotisations payées par les actifs, dans une logique de solidarité.[2]
Les attaques sur les systèmes publics de retraites ont tendance à être couplées avec un basculement vers des régimes par capitalisation[3], conformément au paradigme néolibéral. La capitalisation repose sur une logique individuelle d'accumulation en prévision de la retraite. Les sommes accumulées ne sont en général pas laissées à « dormir », mais sont gérées par des fonds de pension qui cherchent à spéculer avec. Les crises ont montré depuis à quel point cela mettait en danger les retraités soumis aux fonds de pension.
Pour les capitalistes, la capitalisation a l'avantage d'injecter des liquidités supplémentaires sur les marchés financiers, contrairement au système par répartition dans lesquels tous ce flux d'argent passe directement des actifs aux retraités.
3 Exemples[modifier | modifier le wikicode]
- Sur Wikirouge :
- Sur Wikipédia :
4 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]
- ↑ Retraites: l'emploi des seniors suffirait à régler le déficit, selon une étude, Juin 2022
- ↑ Voir sur Wikipédia « Retraite par capitalisation » et « Retraite par répartition »
- ↑ Dans AG2R et vous n° 2 d’Automne 2002, on découvre que les ministres des finances des pays de l’Union Européenne se seraient déjà mis d’accord sur un projet de directives encadrant les règles de fonctionnement des futurs fonds de pension européens !