Égalité

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Estampe représentant l'égalité

L'égalité est une notion importante en politique, sur laquelle les différents courants politiques ont des avis très différents.

L'équité est une notion très proche, même s'il est fréquent que certains penseurs dissertent sur les différences entre équité et égalité, révélant souvent par là leur bord idéologique.

L'égalitarisme est un combat actif pour l'égalité, et son sens peut être aussi divers que les notions d'égalités, même s'il désigne plutôt les tendances socialistes.

1 Égalité formelle et égalité réelle[modifier | modifier le wikicode]

Depuis l'apparition des sociétés de classe, les dominants se sont octroyés toutes sortes de privilèges, soit complètement arbitraires, soit actés dans les lois.

L'essor de la démocratie moderne, portée par la bourgeoisie, s'est accompagné d'une victoire presque partout de la notion « d'égalité en droit ». Contre les anciennes castes / ordres, il s'agissait de prôner désormais l'égalité entre citoyens. Pour beaucoup de penseurs et réformateurs parmi les premiers démocrates, cette lutte était censée faire advenir une société plus égalitaire : on s'imaginait souvent qu'une fois la noblesse vaincue, adviendrait une république idéale de petits producteurs. Pendant la révolution française de 1789, le mot égalité devient très populaire : l'aristocrate Louis-Philippe d’Orléans prit le nom de « Philippe Égalité » en 1792-1793 ; la ville de Bourg-la-Reine est renommée Bourg-Égalité entre 1793-1812...

Mais l'essor du capitalisme n'a pas réduit les inégalités de richesses, et a au contraire exacerbé comme jamais la contradiction entre grandes concentrations de propriété d'un côté, et misère de l'autre. Certains précurseurs ont aperçu très tôt l'insuffisance de l'égalité en droit. Par exemple pendant la révolution anglaise (1641-1651), alors que le mouvement des Niveleurs passe pour radical en revendiquant l'égalité des droits, le mouvement des Creuseurs, autoproclamé Vrais niveleurs, veut l'égalité réelle, celle des richesses. Ou encore pendant la révolution française :

« L’égalité n’est qu’un vain fantôme quand le riche, par le monopole, exerce le droit de vie ou de mort sur son semblable. »[1]

« Il ne suffit pas que la République française soit fondée sur l’égalité ; il faut encore que les lois, que les mœurs tendent par un heureux accord à faire disparaître l’inégalité des jouissances ; il faut qu’une existence heureuse soit assurée à tous les Français. »[2]

« dans quelques années (...) les sans-culottes ne font plus qu’une seule famille ; ils ne connaissent plus que la sainte égalité... On ne voit plus de riches insolents, mais aussi la misère a disparu. »[3]

« Qui veut tenir à une égalité nominale ? L’égalité ne doit pas être le baptême d’une insignifiante transaction ; elle doit se manifester par des résultats immenses et positifs, par des effets facilement appréciables et non par de chimériques abstractions. »[4]

Karl Marx est connu pour avoir dénoncé l'idéologie des droits de l'homme, comme une idéologie masquant la domination de la bourgeoisie. Celle-ci peut en effet de cette façon continuer à s'enrichir en exploitant le travail salarié, tout en présentant ça comme un simple rapport contractuel entre hommes libres et égaux. La bourgeoisie n'a plus besoin de privilèges inscrits dans le droit (contrairement à la noblesse) pour dominer. Marx a donc développé une analyse opposant égalité formelle et égalité réelle, de même que l'opposition liberté formelle et liberté réelle. Plus généralement, le socialisme et le communisme sont nés en luttant pour l'égalitarisme.

2 Égalité entre hommes et femmes[modifier | modifier le wikicode]

De même que pour la lutte des classes, la domination des femmes par les hommes (patriarcat) a longtemps été inscrite dans les lois, et continue de l'être dans beaucoup de pays. Les premiers démocrates n'ont d'ailleurs souvent pas remis en question cette inégalité. Néanmoins, un courant « féministe libéral » a fini par émerger du combat démocratique, pour revendiquer l'égalité des droits entre hommes et femmes (droit de vote, droit de travailler, droit égal au divorce, à l'héritage...).

L'égalité des droits n'a cependant pas suffi à surmonter toutes les dominations patriarcales : violences des hommes sur les femmes, agressions sexuelles, inégalités de salaires et de revenus... D'où le développement d'autres courants du féminisme : féminisme radical, féminisme socialiste...

3 Égalité entre les « races »[modifier | modifier le wikicode]

Pour justifier de réduire certaines populations en esclavage, les classes dominantes ont eu tendance historiquement à produire des discours racialistes. Le racisme a pris un essor considérable en particulier à l'époque moderne avec l'impérialisme européen et la traite des Noir·es. La lutte anti-esclavagiste a donc été une lutte pour l'égalité des droits (l'esclavage est aboli en France en 1848, aux États-Unis en 1865...).

Lors de la création de la Société des Nations en 1919 (ancêtre de l'ONU), le Japon propose le « principe de l'égalité des races ». Il ne s'agissait que d'un voile idéologique : le Japon n'avait aucune intention de défendre une position de principe sincère (il colonisait lui-même d'autres nations asiatiques), mais utilisait seulement ce thème pour justifier auprès des puissances occidentales un statut de « grande puissance non-blanche mais néanmoins égale ».[5]

La lutte pour l'égalité des droits ne s'achève pas avec l'esclavage : aux États-Unis le mouvement pour les droits civiques a dû s'opposer aux mesures de ségrégation des Noir·es jusqu'en 1968.

En France, le préambule de la constitution de 1946 proclame que « tout être humain, sans distinction de race, de religion ni de croyance, possède des droits inaliénables et sacrés ». Ce n'est qu'à ce moment-là que prend fin officiellement « l'indigénat », statut qui donnait des droits inférieurs aux populations colonisées par l'impérialisme français.

Même lorsque les inégalités de droits ont disparu, le racisme continue d'avoir des effets structurels (ségrégation géographique, violences ordinaires et violences policières, discriminations au logement, à l'embauche...).

4 Égalité pour les LGBTI[modifier | modifier le wikicode]

🔍 Voir : LGBTIphobie.

Les personnes lesbiennes, gays, bies, trans et intersexes (LGBTI) subissent presque toujours une inégalité en droit : interdiction du droit au mariage pour deux personnes de même sexe, interdiction du droit d'adopter un enfant...

Et elles subissent également des effets d'oppression structurels (violences ordinaires et violences policières, taux de suicide élevé, discriminations au logement, à l'embauche...).

5 Équité[modifier | modifier le wikicode]

Le terme d'équité a la même origine latine que le terme égalité. Il est fréquent que des penseurs fassent des distinctions entre équité et égalité, mais que ces distinctions varient d'un auteur à l'autre.

Le plus souvent, ce terme est employé par des tenants d'une vision social-libérale, qui sont d'accord sur la nécessité de s'en tenir à une égalité de moyens (et non de résultats), mais mettent en avant certains facteurs sociaux qui défavorisent certaines couches sociales (par exemple le mépris de classe, le racisme ou le sexisme). Ils justifient alors de mettre en place certains mécanismes pour assurer une égalité des chances : de la discrimination positive, des impôts progressifs, des tarifications sociales... Le terme est aussi utilisé dans le domaine de la justice climatique pour justifier que les pays ayant le plus émis de gaz à effet de serre (vieux pays impérialistes) aient plus de devoirs que les autres.

De fait, cela revient à adapter les lois à différents groupes sociaux (ou pays), et donc cela contredit la vision purement libérale d'une stricte égalité devant la loi.

D'un point de vue communiste, l'égalité des chances est un ensemble de pansements bien intentionnés mais fondamentalement incapables de surmonter l'injustice de l'exploitation capitaliste. Dans une société sans classe, l'essentiel des besoins matériels seraient offerts à tous·tes, avec éventuellement des différences matérielles (que l'on ne pourrait qualifier d'inégalités) en fonction de certaines préférences. Les différences d'aptitudes entre individus n'ont aucune raison de se traduire forcément par des différences de richesses, vision fondamentalement bourgeoise. Il n'y aurait donc aucune nécessité d'introduire des différences de droits pour compenser des inégalités sociales, et aucun sens à parler d'égalité des chances, puisque le bien être matériel ne serait plus conditionné à une « loterie ».

De même, dans une société radicalement débarrassée du sexisme et du racisme, il n'y aurait aucun besoin de quelque forme de discrimination positive que ce soit. L'opposition entre égalité des droits et égalité sociale est alors dépassée.

6 Journaux[modifier | modifier le wikicode]

  • L'Égalité, quotidien socialiste français (1889-1891) ;
  • L'Égalité, journal du groupe Gauche révolutionnaire ;[6]
  • Égalité, une revue canadienne d'analyse politique

7 Associations[modifier | modifier le wikicode]

8 Livres[modifier | modifier le wikicode]

9 Notes[modifier | modifier le wikicode]

  1. Jacques Roux, Manifeste des Enragés, 25 juin 1793
  2. Félix Lepeletier devant la Convention, au nom des commissaires des assemblées primaires, le 20 août 1793
  3. Jacques-René Hébert, Père Duchesne n° 338, pluviôse an II (janvier-février 1794)
  4. Gracchus Babeuf, Lettre à Coupé de l’Oise, 20 août 1791
  5. Naoko Shimazu, Japan, Race and Equality, Routledge, 1998, 255 p. (ISBN 0-415-17207-1)
  6. https://www.gaucherevolutionnaire.fr/legalite/