Banque
Une banque est une institution qui fournit des services de dépôt d'argent et de crédit, et d'autres services bancaires (les définitions varient entre ce qui relève de la banque ou d'autres institutions financières).
Vu leur rôle majeur dans les économies marchandes, les banques ont presque toujours été plus ou moins contrôlées par les États. Mais sous le capitalisme elles restent le plus souvent des entreprises tournées vers le profit. Le mouvement socialiste prône la socialisation des banques.
1 Analyses marxistes[modifier | modifier le wikicode]
1.1 Capital usuraire et capital bancaire[modifier | modifier le wikicode]
Le capital existait déjà sous la forme capital-argent dans les sociétés pré-capitalistes, sous les formes de capital commercial et de capital usuraire.
Le capital usuraire était le capital des prêteurs d'argent, qui avaient suffisamment pour prêter à ceux qui avaient un besoin immédiat de monnaie, et qui tiraient de ce service un intérêt. Ce pouvoir de faire de l'argent avec de l'argent (A - A'), du seul fait d'avoir accumulé suffisamment et sans travail spécifique, suscitait beaucoup de colère dans la population, et beaucoup de penseurs (d'Aristote à Luther) ont dénoncé l'usure.
Dès qu'apparaît l'échange de marchandises, la monnaie suit. Et dès que la monnaie apparaît, l'apparition de capital-argent suit, et se sépare de l'usage initial de la monnaie, limité à un étalon et un moyen d'échange. Aristote analysait déjà cette opposition, entre ce qu'il nommait l’Économique (échange de marchandises motivée par leur valeur d'usage) et la Chrématistique (échange en vue de l'augmentation indéfinie de la valeur d'échange).
Mais le capital dans ces sociétés était loin d'être une force dominant la production, et il y jouait même un rôle marginal. Il commence à monter en puissance à l'époque moderne.
C'est lorsque le capital devient une force dans la sphère de la production qu'il impose une transformation irréversible du mode de production. C'est donc le capital industriel qui donne naissance au capitalisme au sens où on l'entend aujourd'hui.
L'ancien capital usuraire s'est normalisé en capital bancaire, en tant qu'appui au capital industriel (la forme fondamentale du mode de production capitaliste). En effet, il permet de faire circuler l'argent dans l'économie, permettant au capital de se reconvertir de secteur en secteur, et d'affluer vers les nouveaux débouchés.
1.2 Capital bancaire et capital financier[modifier | modifier le wikicode]
Selon la thèse que plusieurs marxistes du début du 20e siècle en sont venue à défendre, le capitalisme est entré au tournant du 20e siècle dans un nouveau stade (appelé impérialisme par Lénine), dans lequel le capital industriel et le capital bancaire ont fusionné dans le « capital financier ». [1]
A noter qu'à l'époque, de nombreuses analyses des évolutions économiques ont lieu parmi les marxistes. Celles de Kautsky[2] ou de Hilferding[3] (qui a influencé celle de Lénine) mettent plus l'accent sur la domination des banques sur l'économie.
2 Historique[modifier | modifier le wikicode]
Au sein des sociétés féodales et antiques, quelques banquiers pouvaient être parfois très riches. Mais leur pouvoir était secondaire par rapport aux classes dominantes aristocratiques. Les monarques ou les seigneurs ne leur assuraient pas un cadre sécurisé pour leurs profits, n'hésitaient parfois pas à refuser de payer leurs dettes, voire à s'emparer de leurs richesses par la force (Templiers...).
Lors de la naissance du capitalisme à proprement parler, au 19e siècle, les entrepreneurs / industriels ont été les moteurs de l'accumulation capitaliste, et ont acquis une puissance sans précédent parmi les classes dominantes. La puissance des détenteurs de capital-argent n'a pour autant pas disparu. Les banques sont devenues par centralisation des banques toujours plus gigantesques, comme les entreprises industrielles. Les industriels ont par ailleurs multiplié les activités bancaires tandis que certaines banques se sont immiscées dans la gestion des industries qui dépendent d'elles. Les opérations financières traitées dans les places boursières ont peu à peu concerné bien davantage de capitaux. On peut donc parler d'une financiarisation du capitalisme.
3 Différentes activités bancaires[modifier | modifier le wikicode]
3.1 Banques centrales[modifier | modifier le wikicode]
3.2 Services aux particuliers et aux entreprises[modifier | modifier le wikicode]
4 Critiques du secteur bancaire[modifier | modifier le wikicode]
4.1 Critiques de l'argent[modifier | modifier le wikicode]
Depuis la naissance de la monnaie, celle-ci a été dénoncée par de nombreux philosophes, religieux et moralistes comme source de tous les maux.
Cette critique s'est assez logiquement répercutée sur les banques, et « la finance » en général. Encore aujourd'hui, certaines vision naïves de l'anticapitalisme (et également certaines vision confusionnistes) centrent toute leur critique sur les banques, ce qui ne permet pas de s'attaquer à la racine au mode de production capitaliste.
4.2 Régulation et dérégulation[modifier | modifier le wikicode]
Glass-Steagall Act, séparation des banques de dépôt et des banques d'investissement
4.3 Création monétaire[modifier | modifier le wikicode]
Beaucoup de critiques portent sur le fait que dans le capitalisme actuel, l'essentiel de la création monétaire est réalisée par les banques privées, la banque centrale ne faisant que réguler (largement a posteriori) l'ampleur de cette création monétaire.
En effet, alors qu'à l'origine, lorsque la monnaie était concrète, les banques ne pouvaient pas prêter plus que ce qu'elles n'avaient dans leurs coffres, aujourd'hui il est très facile de créer de la monnaie virtuelle. Lorsqu'un emprunt est réalisé auprès d'une banque privée, celle-ci est autorisée à « créer de la monnaie », et en pratique aujourd'hui, les prêts en cours sont bien supérieurs aux sommes détenues par les banques (dépôts). Les banques centrales imposent seulement des règles sur le ratio entre les dettes et les réserves.
Ce système est critiqué pour la possibilité qu'il laisse à des bulles spéculatives de se former. En effet, si les capitalistes se lancent dans de nombreux investissements spéculatifs, alors que les possibilité de survaleur dans la sphère productive ne suivent pas, il y a accumulation de capital fictif, et l'éclatement de la bulle peut provoquer une crise financière et économique.
4.4 Nationalisation des banques[modifier | modifier le wikicode]
La nationalisation des banques est une revendication qui a été portée par de nombreux progressistes et socialistes, mais pas seulement. Des courants bourgeois l'ont parfois défendue, dans une optique de contrôle du crédit pour mieux le mettre au service du capitalisme national.
Les socialistes revendiquent historiquement la création d'un monopole public bancaire, par la socialisation et le regroupement des banques privées. Dans le Manifeste communiste (1847), Marx et Engels revendiquaient la « centralisation du crédit entre les mains de l'Etat, au moyen d'une banque nationale, dont le capital appartiendra à l'Etat et qui jouira d'un monopole exclusif. »[4]
D'ailleurs, dans les Thèses d'avril (1917), Lénine disait que « des mesures comme la nationalisation du sol [et] de toutes les banques (...) n'ont rien à voir avec l'introduction du socialisme. » [5] A la veille de la révolution d'Octobre, il disait : « La réglementation de la vie économique, si tant est qu'on veuille la réaliser sérieusement, implique la nationalisation simultanée des banques et des syndicats patronaux ».[6]
Étonnamment, Kautsky adopte un point très différent sur la question. Alors qu'il se dit pour la socialisation des grands monopoles privés, il considère que le secteur bancaire ne peut être socialisé que progressivement.[2]
Évidemment il ne s'agit d'une vision naïve de « saisie du coffre-fort des banques ». Exproprier une banque privée ne signifie pas exproprier les dépôts qu'elles détient. Les comptes en banques des particuliers, sauf exception (représailles contres des riches), ne devraient pas être affectés par l'opération.
En France, à la Libération, quatre banques de dépôt sont nationalisées par l'État, qui est alors reconstruit sous domination gaulliste avec le soutien du PCF. En 1981, le gouvernement de Mitterrand nationalise ce qui reste de banques privées. Mais celles-ci seront privatisées dans les décennies suivantes.
Aujourd'hui, l'extrême gauche continue de revendiquer un monopole public bancaire. A l'inverse, un mouvement réformiste comme la France insoumise revendique un « pôle public bancaire », c'est-à-dire une banque publique qui serait en concurrence avec des banques privées.[7]
5 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]
- ↑ Lénine, L'impérialisme, stade suprême du capitalisme, janvier 1916
- ↑ 2,0 et 2,1 Karl Kautsky, The Labour Revolution, June 1922
- ↑ Rudolf Hilferding, Le Capital financier, 1910
- ↑ Friedrich Engels, Karl Marx, Manifeste du parti communiste, 1847
- ↑ Lénine, Les tâches du prolétariat dans notre révolution, Avril-Mai 1917
- ↑ Lénine, La catastrophe imminente et les moyens de la conjurer, 1917
- ↑ Nouveau Parti Anticapitaliste, Mélenchon, de « L’Humain d'abord » à « L’Avenir en commun », 22 janvier 2017