Karl Kautsky
Karl Kautsky est un homme politique et théoricien marxiste allemand, né à Prague le 16 octobre 1854 et mort à Amsterdam le 17 octobre 1938.
Principal théoricien de l'Internationale ouvrière, il sera considéré comme un gardien rigoureux de l'orthodoxie marxiste. La gauche révolutionnaire l'a tenu en haute estime, avant de le considérer comme un « renégat », et comme le représentant du centrisme.
1 Biographie[modifier | modifier le wikicode]
Acquis au socialisme durant ses années d'étude, il entre en contact avec Karl Marx et Friedrich Engels. Il devient rapidement le secrétaire d'Engels, dont il sera un des exécuteurs testamentaires.
Il est aussi un dirigeant important de la social-démocratie allemande (SPD). En 1881, avec Heinrich Braun, il fonde à Stuttgart la revue Die Neue Zeit (Le Temps nouveau) qui dure jusqu'en 1917.
Au Congrès d'Erfurt il mène la lutte contre le « révisionnisme » (abandon du marxisme) par Eduard Bernstein. La social-démocratie allemande venait alors de se doter d'un programme (« programme d'Erfurt ») plus clairement marxiste que le précédant (programme de Gotha). Kautsky publie un long article de commentaire de ce programme, et fait alors référence comme théoricien.
En 1900, le Congrès de Paris de l'Internationale ouvrière condamne à son instigation la participation socialiste à des gouvernements bourgeois.
En 1906, Kautsky apportait l’approbation, reposant sur toute son autorité, de la stratégie bolchevik d'alors pour mener la révolution anti-tsariste: un pari sur le paysan russe comme combattant pour la transformation démocratique du pays.[1]
En 1909, Kautsky écrit Le Chemin du pouvoir, qui sera longtemps considéré comme une référence par la gauche de l'Internationale et par les bolchéviks.
En 1911 Kautsky commence à parler d’une possibilité que la bourgeoisie rejette la guerre, après qu’un conflit entre l’Allemagne et la France pour la domination du Maroc n’ait finalement pas éclaté. Il souligne que la course aux armements coûte cher et que le militarisme n’est pas rationnel économiquement. Mais il ne fait pas que discuter de tendances, il dit qu’il ne faut pas hésiter à soutenir les pacifistes bourgeois[2]. Rosa Luxemburg est alors une des seules à vraiment réagir[3].
En 1912, Pannekoek critique la position de Kautsky comme un "radicalisme passif", comme une "théorie de l'attente inactive". Il disait « Kautsky ne veut pas voir le processus de la révolution ». [4] Lénine reconnaîtra en 1917 sa clairvoyance.[5] Kautsky fait alors une réponse révélatrice : « le but de notre lutte politique reste donc, comme par le passé, la conquête du pouvoir d'État par l'acquisition de la majorité au Parlement et la transformation de ce dernier en maître du gouvernement. »[6]
En 1914, au moment où le SPD vote les crédits de guerre, Kautsky ne prend pas de position claire pendant des mois. Il tente de présenter cette question comme une question tactique sur laquelle le temps permettra d'y voir plus clair, et de revenir comme avant à l'unité de toute la social-démocratie.
En avril 1917, il participe à la fondation du Parti social-démocrate indépendant (USPD) avec notamment Hugo Haase, Bernstein, Georg Ledebour, ainsi que les spartakistes. Après la guerre, il n'a pas de rôle important pendant la révolution allemande. Il devient ensuite ministre adjoint des Affaires étrangères et publie des documents tendant à prouver la responsabilité du gouvernement impérial allemand. En 1920, avec la minorité de l'USPD, il rejoint le SPD.
Mais les années d'après-guerre sont surtout celles de la lutte contre le bolchevisme: il reproche à Lénine d'avoir fait une tentative de révolution prolétarienne dans un pays manifestement sous-développé. Il reproche au pouvoir bolchevique d'être une dictature plus blanquiste que marxiste, dont il estime la politique arbitraire et anti-démocratique. Lénine dans La Révolution prolétarienne et le renégat Kautsky et Trotski dans Terrorisme et communisme (sous-titré L'Anti-Kautsky) défendront leur politique et l'accuseront en retour de reprendre les théories menchéviks qu'il avait lui-même réfutées en 1905. En 1927, il publie son ouvrage majeur Materialistische Geschichtsauffassung (La Conception matérialiste de l'histoire), qui est une défense de la conception marxiste « classique », c'est-à-dire qui s'est développée après la mort de Marx, mais qui est différente de la pensée de Marx. Il a cependant commencé depuis le Congrès d'Heidelberg (1925) à poser les jalons d'un socialisme réformiste.
En 1924, il avait quitté l'Allemagne pour Vienne. En 1938, il se réfugie à Amsterdam.
Si son apport théorique est peu novateur par rapport aux fondateurs du marxisme, il fut durant près de quarante ans le théoricien officiel du plus important parti ouvrier au monde. Son rayonnement intellectuel s'est étendu à l'ensemble du socialisme durant cette période, comme source d'inspiration ou cible de critique : dans Que faire ? Lénine reprend une conception de l'organisation inspirée de Kautsky, mais il lui répondra de façon très brutale par la suite (La Révolution prolétarienne et le renégat Kautsky), dans La Révolution russe, Rosa Luxemburg critique l'attentisme de Kautsky.
Paul Mattick estimait que « par rapport aux théories révolutionnaires élaborées par Marx et Engels, ses théories n'étaient ni plus ni moins qu'un retour à des formes de pensée moins élaborées ainsi qu'à une conception moins nette du système capitaliste et de ses implications[7] ».
2 Principales idées[modifier | modifier le wikicode]
2.1 Socialisme et mouvement ouvrier[modifier | modifier le wikicode]
En 1901, Kautsky écrivait :
« Le socialisme et la lutte de classe surgissent parallèlement et ne s’engendrent pas l’un l’autre ; ils surgissent de prémisses différentes. La conscience socialiste aujourd’hui ne peut surgir que sur la base d’une profonde connaissance scientifique [...] Or le porteur de la science n’est pas le prolétariat mais les intellectuels bourgeois. Ainsi donc la conscience socialiste est un élément importé du dehors dans la lutte de classe du prolétariat et non quelque chose qui en surgit spontanément. »[8]
Cette idée générale sur le rôle d'intellectuels bourgeois formant de facto une avant-garde socialiste du mouvement ouvrier, a été reprise par Lénine dans son fameux Que faire.
2.2 Réforme et révolution[modifier | modifier le wikicode]
Pendant toutes les années de croissance du SPD, Kautsky se définissait comme révolutionnaire et à ce titre, réfutait théoriquement les argumentations du courant réformiste et « révisionniste ».
Cependant sa façon d'argumenter ainsi que sa complaisance avec les éléments les plus droitiers (il voulait l'unité du parti avant tout), font que les révolutionnaires (Rosa Luxemburg comme Lénine) l'ont considéré comme le représentant par excellence du courant centriste.
Après la première guerre mondiale, la révolution russe (1917) et la révolution allemande (1918), il a considéré que la situation avait changé, et qu'il n'y avait plus lieu d'être révolutionnaire dans un pays comme l'Allemagne où une république avec une constitution démocratique avait été obtenue.
« Notre tâche actuelle n'est pas de renverser par la force la constitution, mais d'utiliser au maximum les droits démocratiques qu'elle confère. C'est l'unité du parti ouvrier, et non l'idée de soulèvement, qui aidera les ouvriers allemands à s'emparer du pouvoir politique. La renaissance de l'antagonisme entre révolutionnaires et réformateurs, qui bloque la voie de l'unité, n'est plus qu'un obstacle à l'avènement du pouvoir ouvrier, à la révolution sociale, au remplacement du capitalisme par le socialisme, vers lequel nous tendons tous, nous les socialistes, quelle que soit notre appellation. »[9]
2.3 Parlementarisme et démocratie bourgeoise[modifier | modifier le wikicode]
Kautsky était un ferme défenseur du parlementarisme, et refusait de faire une distinction entre une démocratie bourgeoise et une démocratie ouvrière qui serait de nature différente. Il critiquait les propositions politiques qui voulaient remplacer le parlement ou le compléter, aussi bien la position bolchévique de le remplacer par des soviets que la position du socialisme de guilde de lui adosser une chambre issues de guildes de métiers.
Il argumentait que ces tentatives de donner plus de pouvoir aux « producteurs » qu'aux « consommateurs » ne pouvaient que poser des problèmes politiques et économiques.[10]
2.4 Impérialisme et ultra-impérialisme[modifier | modifier le wikicode]
Dans la continuité de Engels, Kautsky a repris dans certains de ses articles l'idée que le prolétariat des pays impérialistes est en partie "acheté" par les profits tirés des colonies (aristocratie ouvrière).[11]
A partir de 1911, Kautsky commence à évoluer vers sa thèse de l'ultra-impérialisme.
2.5 Racisme[modifier | modifier le wikicode]
Kautsky a beaucoup écrit sur le racisme, et déplorait qu'il soit présent même dans les rangs de la social-démocratie. Selon lui cela contribuait à détourner certains du soutien aux luttes des peuples colonisés pour leur émancipation.
Il a également écrit sur la question juive.[12] Il était un virulent assimilationniste. Il jugeait l’autonomie nationale-culturelle (des Juifs) comme réactionnaire. Il dénonçait le particularisme du Bund et déclarait que les sionistes (toutes tendances confondues) étaient des alliés objectifs des antisémites. Les Juifs étaient pour lui les résidus d’une ancienne nationalité et le yiddish un ‟allemand corrompu”…
2.6 Économie[modifier | modifier le wikicode]
En 1911 il affirme que la baisse tendancielle du taux de profit se vérifie, et l'emporte donc sur les contre-tendances.[13]
Se plaçant dans la continuité du Discours sur le libre-échange de Marx[14], il soutenait que les salarié·es ont plus intérêt au libre-échange qu'au protectionnisme, et intérêt à une monnaie stable.[10]
Il soutient plus généralement que les salarié·es expriment davantage les intérêts généraux des consommateurs que ceux des producteurs, car même si ce sont les producteurs réels, ce sont les capitalistes qui sont propriétaires des marchandises produites.
Kautsky soutenait par ailleurs que « la consommation gouverne la production ».
3 Kautsky et le léninisme[modifier | modifier le wikicode]
Avant la guerre de 1914, on peut clairement établir que Kautsky, qui représentait l'orthodoxie marxiste aux yeux de l'Internationale, a beaucoup influencé les révolutionnaires russes.
En 1905, le bourgeois Strouvé écrit : « En comparaison du révolutionnisme de MM. Lénine et ses camarades, le révolutionnisme de la social démocratie de l'Europe occidentale, celui de Bebel et même de Kautsky, est de l'opportunisme. » ce à quoi Lénine répond : « Où et quand a-t-on vu surgir des divergences de vues entre moi, d'une part, Bebel et Kautsky de l'autre ? »[15]
En 1906, Kautsky écrit un article qui sera influent : Les forces motrices de la Révolution russe et ses perspectives. Il y défend le point de vue des bolchéviks sur la stratégie pour mener la révolution anti-tsariste: un pari sur le paysan russe comme combattant pour la transformation démocratique du pays. Cette prise de position apportera une véritable caution marxiste aux bolchéviks, qui l'utiliseront souvent. En 1910, dans une polémique contre le menchévik Martov, le dirigeant bolchévik Kamenev écrit: « il y a un certain plaisir à être assis aux côtés de Kautsky sur le banc des accusés ». Kamenev a publié à nouveau ce texte au début des années 1920 et y réaffirme la marque d’honneur qu’il en retire. Même Staline, bien plus tard, écrira au tout début du second volume de ses œuvres complètes un essai revenant sur l'article de Kautsky de 1906, vantant un « théoricien remarquable », qui « prête aux questions tactiques de la minutie et un grand sérieux », et dont les positions à l’égard des questions russes sont d’une grande valeur.
Longtemps, le schéma d'explication qui a dominé à propos des rapports entre léninisme et kautskysme, c'est celle d'une rupture radicale avec les idées de l'ancien maître à penser en 1914, conduisant à repenser le marxisme.
D'autres auteurs ont montré à quel point Lénine est resté toute sa vie admirateur du Kautsky d'avant 1914.[16] Plutôt que de se présenter comme un novateur en rupture, Lénine s'est revendiqué de la fidélité aux idées socialistes, contrairement aux social-traîtres. De nombreux éléments étayent cette idée, notamment ce que lui et la plupart des bolchéviks écrivent pendant les premières années de la guerre de 191-1918[17], ou encore son pamphlet contre le « renégat Kautsky ». Les références de Lénine au Kautsky d'avant-guerre sont extrêmement nombreuses, même après la trahison. Même Sur notre révolution, l’un des tout derniers articles de Lénine, en grande partie écrit sur son lit de mort, inclut une référence à Kautsky.
Le Chemin du pouvoir (1909) exprime bien ce rapport compliqué à Kautsky. Lénine et les bolchéviks ont souvent repris cet écrit comme une référence révolutionnaire. Mais un certain retour critique sera fait dans l'Internationale communiste sur Kautsky. Par exemple :
« nous remarquons, en lisant les écrits même les plus révolutionnaires de Kautsky, par exemple son Chemin du pouvoir, même là, beaucoup de passages comiques, d’un opportunisme atteignant au comique (...) que nous n’avions pas assez remarqué auparavant et que nous voyons maintenant très clairement »[18]
Un point majeur sur lequel les bolchéviks ont rompu nettement avec Kautsky est celui de la nécessité de détruire l'État bourgeois. Lénine réaffirme cette idée dans L'État et la révolution, en revenant à l'enseignement que Marx avait tiré de la Commune de Paris, et que les dirigeants de l'Internationale ouvrière avait passé sous silence. Cette rupture a cependant été très tardive, en 1917, juste avant la Révolution d'Octobre, et les bolchéviks ont reconnu qu'ils avaient dans un premier temps été aveugles sur ce point :
« Prenons maintenant une troisième question : à savoir, la théorie de l'Etat. Je dois en parler un peu plus longuement. Nous aussi, nous avons affirmé, au début de la guerre, que le kautskyanisme avait subitement trahi sa propre théorie. Nous l’avons cru et écrit. Mais ce n’est pas exact. Nous pouvons dire tranquillement à présent que notre affirmation n’était pas exacte. Au contraire, la prétendue trahison des social-démocrates et des kautskyens était fondée sur la théorie défendue par ces théoriciens déjà avant la guerre. Que soutenait-on au sujet de l’État et de la conduite du pouvoir politique par le prolétariat ? On présentait les choses comme s’il s’agissait d’un même objet, autrefois dans les mains d’une classe, passé ensuite dans les mains d’une autre classe. Telle était aussi la conception de Kautsky. »[18]
Cette remise en question permet aussi de réévaluer la position de Kautsky pour l'union sacrée en 1914 :
« Voyons ensuite le cas de la guerre impérialiste. Si nous considérons ainsi l’État comme un instrument unique, précédemment dans certaines mains et à une autre époque dans d’autres mains, comme une chose presque neuve, il est alors absolument compréhensible que si la guerre éclate et si le prolétariat a la perspective de conquérir par ce moyen cette chose, cet instrument, il faut le défendre. Pendant la guerre mondiale, la défense de l’État fut mise au premier plan. C’était absolument logique et ce n’était qu’une conséquence logique de cette théorie quand Kautsky posait la question de la défense du pays et la résolvait affirmativement. »
Trotski reviendra plus tard sur les rapports des marxistes révolutionnaires avec Kautsky :
« Comme théoricien du marxisme, Kautsky a joui, dans la Deuxième Internationale, d'un immense prestige. (...) Avant la guerre, Karl Kautsky et les chefs du Labour Party se situaient, en apparence, aux pôles extrêmes de la Deuxième Internationale. Notre génération, qui représentait alors la jeunesse, se servit bien des fois d'armes tirées de l'arsenal de Kautsky pour combattre l'opportunisme des MacDonald, Henderson et autres. Il est vrai que, même à cette époque, nous allions beaucoup plus loin que le maître hésitant ne l'aurait voulu. Rosa Luxembourg, qui connaissait Kautsky mieux que nous autres, dénonçait avant la guerre son radicalisme de margarine. De toute façon, la nouvelle époque apporta une pleine clarté dans la situation : Kautsky appartient au même camp politique que Henderson ; si le premier continue à avoir recours aux citations de Marx, tandis que le second préfère les psaumes de David, cette différence d'habitudes ne gêne en rien leur solidarité. »[19]
4 Bibliographie[modifier | modifier le wikicode]
- Karl Korsch, L'Anti-Kautsky. La Conception matérialiste de l'Histoire, traduit de l'allemand par Alphé Marchadier, Paris, éditions Champ libre, 1973
5 Publications[modifier | modifier le wikicode]
- Thomas More et son utopie, 1889
- Le Programme socialiste, 1892
- Sur la question agraire, 1899
- Bernstein et le programme social-démocrate, 1899
- La Révolution sociale, 1902
- Le Chemin du pouvoir, 1909
- Are the Jews a Race ?, 1914
- Die proletarische Revolution und ihr Programm, 1922
- Partiellement traduit en anglais : The Labour Revolution, 1924
- La Conception matérialiste de l'histoire, 1927
Archives en allemand sur Marxists.org
6 Notes et références[modifier | modifier le wikicode]
- ↑ Kautsky, Les forces motrices de la Révolution russe et ses perspectives,1906
- ↑ Karl Kautsky, Guerre et paix, 1911
- ↑ Rosa Luxemburg, Peace Utopias, mai 1911
- ↑ Anton Pannekoek, L'action de masse et la révolution, 1912
- ↑ Lénine, L'État et la révolution, 1917
- ↑ Karl Kautsky, Nouvelle tactique, 1912
- ↑ Paul Mattick, Karl Kautsky : De Marx à Hitler (1939).
- ↑ Kautsky, article paru dans Die Neue Zeit, 1901
- ↑ Karl Kautsky, Die proletarische Revolution und ihr Programm, Juin 1922 (Traduction partielle en anglais en 1924)
- ↑ 10,0 et 10,1 Karl Kautsky, The Labour Revolution, June 1922
- ↑ Alencontre.org, Lénine en 1914. La «nouvelle époque de guerre et révolution»
- ↑ Kautsky, Are the Jews a Race ?, 1914
- ↑ Kautsky, The Capitalist Class, Ch. 6, The Lowering of the Rate of Profit, 1911
- ↑ Karl Marx, Discours sur la question du libre-échange, janvier 1848
- ↑ Lénine, Deux tactiques de la social-démocratie dans la révolution démocratique, 1905
- ↑ Lire Lénine. Entretien avec Lars Lih, 2013
- ↑ Alencontre.org, Lénine en 1914. La «nouvelle époque de guerre et révolution»
- ↑ 18,0 et 18,1 Boukharine, Rapport sur la question du programme - 4e congrès, 1922
- ↑ Trotski, Préface à la deuxième édition anglaise de Terrorisme et communisme, janvier 1935