Charles Fourier
Charles Fourier (1772-1837) fut un des premiers socialistes français. Fondateur de « l'École sociétaire », il produisit des rêveries généreuses et souvent un peu illuminées, et inspira de nombreuses expériences de communautés idéales qu'il appelait « phalanstères ». Il est un des principaux représentants de ce que Marx et Engels appelaient le « socialisme critico-utopique », un courant trop utopique, mais qui eut le mérite d'initier la critique radicale du système capitaliste.
1 Biographie[modifier | modifier le wikicode]
1.1 Jeunesse[modifier | modifier le wikicode]
Fils de Marie Muguet, femme pieuse et peu instruite, issue d’une famille de commerçants bisontins et d'un notable de Besançon, négociant aisé[1], possédant un magasin de draps ruelle Baron[2], mort en 1781. Il fait de bonnes études jusqu’à l’âge de 16 ans, chez les ecclésiastiques du collège de Besançon, montrant un grand goût pour la géographie, la floriculture et la musique.
Désirant intégrer l’École royale du génie de Mézières, il ne peut y parvenir, faute d’être noble. Il fait donc, dès 1791, son apprentissage dans le commerce, à Rouen puis à Lyon. Revenu à Besançon vers le commencement de 1793, il en part, après quelques mois, pour se rendre à Lyon, où il importera des denrées coloniales[3].
1.2 En retrait pendant la Révolution[modifier | modifier le wikicode]
Fourier n’a pas été enthousiasmé par la Révolution, mais plutôt effrayé par sa violence, et par l'austérité qu'elle a entraînée. Selon lui, dès 1789 a eu lieu l'erreur de détruire les liens sociaux en voulant recomposer une révolution d'individus libres et égaux : la liberté n'est qu'un leurre et l'harmonie sociale qui résulte de la diversité est préférable à l'égalité. Cependant, à la différence des traditionalistes, la communauté dont il rêve est le produit de la volonté des hommes, si bien que paradoxalement, il reproche aux révolutionnaires de n'avoir pas été assez radicaux, notamment pour n'avoir pas fondé une religion[4]. Pour la Révolution aurait très facilement pu être évitée :
« Il suffisait d’ouvrir un concours, assigner de beaux prix pour les meilleurs mémoires sur la méthode à suivre en organisant l’agriculture combinée, d’où naît le commerce de mode véridique. »
Lors du siège de Lyon en 1793, il combat avec les fédéralistes lyonnais contre les troupes de la Convention, et les habitants pillent son épicerie de Fourier afin de subvenir aux besoins de la ville. Fourier, soupçonné de sentiments contre-révolutionnaires, doit ensuite fuir à Besançon. Il ne reviendra que quelques années plus tard.
Brièvement incarcéré, il est enrôlé, le 2 prairial an II, au moment de la levée en masse, dans le 8e régiment de chasseurs à cheval pour passer 18 mois dans le Palatinat avec l’armée du Rhin. Démobilisé le 3 pluviôse an IV, il est obligé, malgré son aversion pour le commerce, de travailler comme commis-marchand ou commis-voyageur à Lyon sous le Consulat et l’Empire. Michelet a pu dire de lui : « Qui a fait Fourier ? Ni Ange ni Babeuf : Lyon, seul précédent de Fourier[5]. » Cette affirmation se trouve exacte car c’est la ville où la misère ouvrière est la plus visible, et où l’on peut trouver une abondance de sociétés secrètes de réformateurs. Il a eu donc l’occasion d’observer cette réalité et de la détester[6].
Dans l’hiver de 1815-1816, il quitte Lyon pour se retirer dans le Bugey, chez ses nièces de Rubat, à Talissieu. Après s’être brouillé avec les Rubat, il résidera, de cette période jusqu’à 1820, chez une autre sœur, Mme Parrat-Brillat.
1.3 Commerçant malgré lui[modifier | modifier le wikicode]
Fourier détestait son métier de salarié du commerce, « employant ses journées à servir les fourberies des marchands », à « s’hébéter et à s’abrutir dans des fonctions mensongères et avilissantes », « occupations triviales et incompatibles avec l’étude ». Grâce à cette expérience si pénible pour lui, « il peint avec autant de maestria que d’agrément la folle spéculation ainsi que l’esprit boutiquier universellement répandu dans le commerce français de son temps » (F. Engels). A Marseille, Fourier avait été obligé par son patron de jeter des sacs de riz à la mer afin d'en maintenir le prix.
On a pu dire qu’il y avait alors chez Fourier un véritable dédoublement de la personnalité. Le vieux garçon têtu, méticuleux, l’employé ponctuel habitué aux tables d’hôte des voyageurs de commerce, coexiste avec le visionnaire, le rêveur, le prophète persuadé qu’il apporte un message de salut à l’humanité souffrante.
1.4 Élaboration du système[modifier | modifier le wikicode]
Pendant ces quelques années, il mûrira sa découverte et élaborera les diverses branches de sa Théorie, la plupart de ses cahiers manuscrits ayant été rédigés dans cet intervalle de temps, aussi bien ceux restés inédits que ceux ayant servi à la composition du Traité de l'Association.
En 1808, il pose, dans son ouvrage Théorie des quatre mouvements et des destinées générales, qu’il poursuivit sous forme d’un grand traité dit de l’Association domestique et agricole, les bases d’une réflexion sur une société communautaire. Bien qu’inachevé, cet ouvrage monumental, auquel il avait consacré les six derniers mois de 1821 et les huit ou neuf premiers de 1822, est publié en 1822. En novembre 1822, il se rend à Paris avec une partie de l’édition de son livre, afin d’en activer la vente et de se tenir à la disposition des personnes qui pourraient avoir l’intention de faire l’essai de sa théorie d’Association industrielle. Cependant, l’ouvrage ne se vendit pas et les journaux n’en voulurent seulement pas faire mention. Pour suppléer à leur silence, qu’il attribuait à l’influence de la cabale philosophique, il se contraint, dans le but d’être mieux compris, à rédiger un résumé de sa théorie, intitulé Le Nouveau Monde industriel et sociétaire, paru en 1829, où il s’attache d’abord à convaincre les différentes classes de l’immense intérêt qu’avait chacune d’elles à l’expérimentation de la Théorie sociétaire, dont il présentait çà et là les aperçus qui lui semblaient les plus propres à faire impression sur les esprits. Il signale ensuite les aberrations de la critique arbitraire, la nécessité de lui donner un contrepoids, d’établir contre elle une institution de garantie dans l’intérêt du public comme dans celui des auteurs.
Fourier fut influencé par l'utopiste Restif de La Bretonne.
Il a également critiqué les deux autres grands socialistes utopistes de son temps (Saint-Simon et Owen), écrivant en 1831 un pamphlet intitulé Pièges et charlatanisme des sectes Saint-Simon et Owen.
1.5 En attendant les mécènes[modifier | modifier le wikicode]
Fourier multiplie les démarches auprès des gouvernements, s’adressant successivement aux ministres de Napoléon, de la Restauration et de Louis-Philippe. Il prévoit des actions de 10 000 F. « Si le prince prend la première action, les courtisans, financiers banquiers prendront à l’instant toutes les autres. » Fourier songe ensuite à un commanditaire privé, qui serait le candidat de fondation. Il se tourne en vain vers Chateaubriand, la veuve de Byron et George Sand.
En , employé comme commis chargé de la correspondance ou de la comptabilité, dans une maison de commerce états-unienne, temporairement établie en France, il prend la résolution d’habiter désormais la capitale, de préférence à toute autre ville, parce qu’il espère y rencontrer plus facile des mécènes qui voudraient financer sa Théorie. De 1825 à 1835, Charles Fourier conviait tous les jeudis d'éventuels mécènes à dîner avec lui, pour leur exposer son projet de phalanstère et les convaincre de le financer. Une anecdote inventée ou propagée par Béranger dit qu'attendant désespérément un riche industriel aussi fortuné qu'enthousiaste, Fourier dîna finalement seul tous ces jeudis pendant dix ans[7].
Durant son séjour à Paris, de novembre 1822 à fin mars 1825, Charles Fourier loge d'abord 14, rue de Grenelle-Saint-Honoré, chez Monsieur Saussol, puis, en janvier 1823 à l'hôtel Saint-Roch, rue Neuve-Saint-Roch. De retour de Lyon, le 15 décembre 1825, il descend à l'hôtel de Hollande, 45, rue Richelieu où il reprendra un logement en mars ou avril 1829. Au printemps de 1832, il emménage 5, rue Joquelet, où sont établis les bureaux du journal Le Phalanstère. À partir du mois d'avril 1834, il occupe le logement 9, rue Saint-Pierre-Montmartre, où il décède le 10 octobre 1837
En 1826 et 1827, il emploie le temps que lui laissent ses fonctions à écrire l'Abrégé de sa Doctrine, paru deux ans plus tard sous le titre de Nouveau Monde industriel. À l’automne 1827, il quitte sa place et tente, vers la fin de l’automne, l’importation à Paris de vins franc-comtois.
Dans les dernières années de sa vie, Fourier connaît un début de notoriété, mais il reste un homme solitaire. Il collabore cependant à la rédaction du journal Le Phalanstère (1832-1834), et, en , en réponse au premier écrit politique de Victor Hugo, Étude sur Mirabeau, il écrit : « Je n’adhère nullement aux flatteries que vous adressez à la France, car elle porte partout le vandalisme, témoin sa conduite à Alger, qu’elle a barbarisé, couvert de vendées et de ravages ». Il publie en 1836 La Fausse Industrie.
Charles Fourier meurt célibataire à Paris le 10 octobre 1837 et est inhumé au cimetière de Montmartre à Paris.
2 Pensée de Fourier[modifier | modifier le wikicode]
2.1 L'Attraction passionnée[modifier | modifier le wikicode]
Comme beaucoup d'autres à son époque, Fourier est impressionné par la puissance de la théorie de la gravitation d'Isaac Newton. Comme Saint-Simon, il prétendait compléter la mécanique newtonienne par ses théories. Il écrira ainsi que sa théorie dite de l’Attraction passionnée parachève Newton dans le domaine passionnel.
Selon sa théorie, l’univers serait en relation avec les passions humaines, qu’il reflèterait. Ainsi Fourier déclare possible de s'informer sur les situations passionnelles humaines en observant notamment les animaux et les plantes terrestres, et en appliquant à ces observations un raisonnement analogique dont il donne quelques clés. La quête de Fourier est celle d’une harmonie universelle.
Dans le cycle de l’humanité de 80 000 ans présenté par Charles Fourier, il y aurait 36 étapes. Il y a eu les périodes antérieures à l’industrie, puis celles qui correspondent à la petite industrie (« patriarchat »), à la moyenne industrie (« barbarie »). Nous serions parvenus à la 6e période, qu’il appelle « grande industrie, civilisation ». Puis viendront les périodes d'Harmonie à partir de la 8e étape...
Fourier considère que l'attirance naturelle des humains pour l'activité et la vertu est totalement entravée et pervertie par le travail. Il souhaite valoriser le travail et le rendre plus attractif.
2.2 Les 4 pommes[modifier | modifier le wikicode]
Fourier voit un jour dans un restaurant parisien un client dont la légende veut qu'il s'agisse de Brillat-Savarin, son beau-frère, payer une pomme 14 sous alors qu'à Rouen, d'où lui-même vient d'arriver, cette somme permettait d'en acheter une centaine. Pour lui, une telle distorsion des prix révèle un « désordre fondamental » qui condamne toute société fondée sur l'échange monétaire et la concurrence[8],[9].
Ce constat lui inspire l'idée des quatre pommes qui jalonnent l'histoire de l'humanité :
- celle qu'Ève offrit à Adam ;
- celle que Pâris offrit à Aphrodite ;
- celle que Newton reçut sur la tête en dormant ;
- et la quatrième, la pomme de Fourier, qui lui révéla la nocivité du commerce et, en même temps, symbole de l'attraction des passions humaines.
2.3 Critique de la « civilisation »[modifier | modifier le wikicode]
Fourier dénonce frontalement l'image pseudo-progressiste que se donne la bourgeoisie de son temps. Il proclame que la « civilisation » n’a fait que rendre les vices qui existaient simplement dans la période barbare plus complexes et plus hypocrites. Dans la société industrielle, il voit surtout le gaspillage et dénonce une « anarchie industrielle ».
Pour Fourier tout marche à l'envers. La production : en « civilisation », on produit à peine le quart de ce qu'on produira en « association » (du fait du morcellement et du gaspillage). La distribution : la pauvreté naît en civilisation de l’abondance même, et les intermédiaires parasitaires et spéculateurs foisonnent : des « frelons », des « araignées », des « vautours », des « sangsues ». « L’industrie civilisée (...) crée par ses progrès les éléments du bonheur, mais non pas le bonheur ».
Fourier distingue « la propriété simple » qui consacre le droit absolu d’un individu et « la propriété composée » définie comme « l’assujettissement des possessions individuelles aux besoins de la masse ». La « civilisation » c’est le triomphe de « la propriété simple ». « Chacun en civilisation veut se retrancher et faire une citadelle de sa propriété. »
Il fait aussi une critique de la mystification de la liberté formelle. Fourier évoque d’abord la liberté simple ou corporelle (« Phédon est bien libre d’aller à l’Opéra, mais il faudrait un écu pour y entrer »). Pour l’ouvrier cette liberté est encore réduite : elle n’est que la liberté corporelle passive. L’ouvrier est en effet « réduit à travailler sous peine de mourir de faim, n’ayant dans la semaine qu’un jour de liberté corporelle active, que le dimanche ». « Toute la classe pauvre » est entièrement privée « de la liberté politique et sociale » et « réduite à s’asservir dans les travaux salariés qui enchaînent l’âme ainsi que le corps ». Le premier droit n’est pas le droit à cette liberté qui est un droit illusoire mais bien « le droit de se nourrir, de manger quand on a faim ». « Nous avons donc passé des siècles à ergoter sur les droits de l’homme, sans songer à reconnaître le plus essentiel, celui du travail sans lequel les autres ne sont rien. »
Les sciences elles aussi sont dévoyées car elles se mettent au service de la civilisation. Les savants « ont été étourdis, désorientés à l’aspect des Plutus commerciaux ; ils ont hésité entre la flagornerie et la critique. Enfin le poids de l’or a emporté la balance ; ils sont devenus définitivement les très humbles valets des marchands et les admirateurs de la science mercantile qu’ils avaient tant persiflée ».
« Vit-on jamais système social qui méritât mieux que la civilisation le titre de monde à rebours en quelque sens qu’elle soit organisée ? Elle a vingt fois changé de systèmes administratifs depuis 1789, mais ce Protée sous vingt formes diverses ne présente toujours que l’antipode de la justice et de la raison, une petite masse d’oisifs raillant la multitude condamnée à un travail ingrat, toujours le bonheur en exception, sept familles malheureuses pour une qui jouit du bien-être, toujours une politique oppressive par nécessité, obligée d’armer un petit nombre d’esclaves salariés, pour contenir une multitude d’esclaves désarmés, toujours un concert des gouvernements pour arrêter le progrès des lumières. »
La répression n'est donc nécessaire que parce que la « civilisation » aliène les individus. A l'inverse, en association il n’y aura pas besoin d’un pouvoir politique ; comme pour Saint-Simon, il ne s’agit pas de gouverner les hommes mais d’administrer les choses.
2.4 Proto-féminisme[modifier | modifier le wikicode]
Fourier condamne l’hypocrisie du mariage bourgeois et l’oppression des femmes. Il fut le premier à dire que l’on peut mesurer les progrès ou les reculs que fait une société par les progrès ou les reculs de la liberté des femmes dans cette société (Théorie des quatre mouvements, 1846). Il est cité dans l'origine des termes féministe et féminisme.
Il met en avant plusieurs idées alors très innovantes comme la création de crèches.
2.5 Les phalanstères[modifier | modifier le wikicode]
Selon Fourier, pour atteindre une société de l’Harmonie, il faut que des groupes de 400 familles de 1800 à 2000 individus (ou 1620 selon les versions) s'associent librement et affectueusement dans des « phalanges », vivant dans des phalanstères.
Dans sa théorie, « la terre de la Société harmonique sera divisée en trois millions de phalanstères, chacun regroupant 1 500 personnes des trois sexes », (les mineurs, pour Fourier, appartiennent à un troisième sexe, un sexe « neutre ou impubère »). Les sociétaires seraient groupés en fonction de leurs passions dominantes harmonieusement réparties (car Fourier dénombre 12 passions fondamentales et 810 caractères particuliers). Mais Fourier est persuadé que tout cela ne sort pas que de sa tête et correspond aux aspirations humaines : le choix des groupes est réalisée en toute liberté.
Reprenant le registre de l'utopie, Fourier détaille toute la vie que devraient avoir les associés. Un phalanstère est un grand domaine de 2 300 hectares[10],[11] où l'on cultive les fruits et les fleurs avant tout. Il décrit les bâtisses pour le logement et l'amusement, les couloirs chauffés, les grands réfectoires, les chambres... 7/8ème des associés seraient cultivateurs et 1/8ème artistes et savants mais chacun devrait pratiquer plusieurs métiers par jour.
Le phalanstère est un grand bâtiment : une longueur de 600 toises, soit environ 1 200 m, à comparer aux 500 m du château de Versailles ; avec des arcades, de grandes galeries facilitant les rencontres et la circulation par tous les temps ; des salles spécialisées de grande dimension (tour-horloge centrale, bourse, opéra, ateliers, cuisines) ; des appartements privés et de nombreuses salles publiques ; des ailes réservées au « caravansérail » et aux activités bruyantes ; une cour d'honneur de 600 × 300 m, dans laquelle tiendrait la grande galerie du Louvre ; une cour d'hiver de 300 m de côté plantée d'arbres à feuillage persistant ; des jardins et de multiples bâtiments ruraux…
Fourier est convaincu qu'en suivant ce mode d'organisation, le phalanstère laisserait s'épanouir la « productivité naturelle » des humains et qu'il vivrait donc dans l'abondance et le luxe.
Dans un phalanstère, les journées d’activité sont longues, les nuits sont courtes. Les phalanstériens ne connaissent pas la fatigue due à la monotonie des tâches, au non-respect des rythmes naturels, aux dissensions résultant de l’absence de choix des compagnons de production et à la hiérarchie non fondée sur le talent. Bien au contraire, s’activer successivement dans de nombreux groupes passionnés est une joie de tous les jours, qui conduit la vieillesse à être belle et attirante, y compris pour les plus jeunes...
Chacun y est rétribué après répartition des dividendes annuels du phalanstère d'abord entre les séries, puis entre les groupes qui les composent. Vient ensuite la répartition entre les individus. La méthode est identique pour chaque échelle : le montant dépend du rang occupé dans le phalanstère. Ce rang est déterminé selon divers critères, appliqués à l’intérieur de trois classes : nécessité, utilité et agrément. Ce n’est pas la valeur marchande des produits qui entre en ligne de compte, mais leur capacité à susciter le désir de produire, et leur potentiel d'harmonisation du phalanstère (mécanique d'attraction et d'harmonie).
La répartition entre l'intérêt individuel et l'intérêt collectif se réalise équitablement grâce à l’existence d'intérêts croisés, du fait même de la participation de chaque individu à de nombreux groupes (effet du libre essor de la passion du changement, la papillonne). Les dividendes attribués au groupe sont ensuite répartis entre les individus qui le composent, en prenant bien soin de s'appuyer sur la cupidité en premier (accord direct), afin que la générosité (accord indirect) puisse s’exprimer ensuite. Sont ainsi constitués trois lots, 5 à 6/12e pour le travail, 4/12e pour le capital et 2 à 3/12e pour le talent (lot dont sont exclus les novices).
Les dividendes ainsi perçus viennent en positif sur le compte de chaque individu (et non de chaque famille, les enfants étant émancipés dès l'âge de 3 ans). Sur ce compte sont inscrits en négatif le revenu minimum annuel garanti à chacun dès l'âge de trois ans révolus, et le coût des biens et services qu’il a obtenus du phalanstère au cours de l’année (costumes, repas, autres fournitures et services…). Le solde positif n'est donc distribué qu’en fin d’année, et seulement à leur majorité pour les mineurs.
Fourier ne verra jamais de phalanstère lui-même, mais ses disciples feront des tentatives.
2.6 Autres lubies[modifier | modifier le wikicode]
La planète est librement et constamment parcourue par de grandes bandes composées principalement de jeunes hommes et femmes, accompagnés d’adultes d’âge mûr passionnés d’aventure. Ils assurent les travaux d’ampleur exceptionnelle, et leurs passages successifs dans les phalanstères de la planète suscitent en particulier les intrigues amoureuses qui rendent la vie en harmonie digne d’être vécue. Logés au dernier étage dans les caravansérails, ils sont nourris par les phalanstériens avec les mets et préparations très gastronomiques que l’organisation en séries passionnées permet de produire en grande quantité et sans effort. Les fêtes se succèdent pendant le séjour, avec des spectacles hauts en couleur dont l’excellence est rendue possible par l’importance donnée aux arts de la scène, à la chorégraphie et à la gymnastique dans l’éducation dès le plus jeune âge. À ce sujet, il imagine même qu'à intervalles réguliers, de grands écrivains viendront au monde pour exalter la réussite de cette communauté.
Fourier imagine des hommes chevauchant des poissons pour se déplacer, des fontaines naturelles de limonade…
Il crée le concept de gastrosophie, une « notion philosophique du goût et de la nourriture et une théorie se proposant de transmettre la culture du plaisir » selon sa propre définition.
Fourier a de nombreux projets de grands travaux pour les étapes d'après :
On devra attaquer « le Sahara sur divers points par 10 ou 20 millions de bras s’il est nécessaire et à force de rapporter des terres, de planter et de boiser de proche en proche on parviendra à humecter le pays, fixer les sables et remplacer le désert par des régions fécondes. On fera des canaux à vaisseaux, là où nous ne saurions pas même faire des rigoles d’arrosage et les grands vaisseaux navigueront, non seulement au travers des isthmes comme ceux de Suez et de Panama, mais encore dans l’intérieur des continents, comme de la mer Caspienne aux mers d’Azof, de Perse et d’Aral ; ils navigueront de Québec aux cinq grands lacs ; enfin de la mer à tous les grands lacs ».
2.7 Phase de transition[modifier | modifier le wikicode]
Fourier semble se résigner durant les dernières années de sa vie à une première étape, celle du « garantisme » ou « demi-association », avant le sociantisme ou association simple. Dans cette phase, des entrepôts de produits, des comptoirs commerciaux réduiront les frais de gestion. On créera des assurances mutuelles. Les marchands seront écrasés d’impôts et on recueillera dans des fermes-asiles ceux qui, chassés de la boutique, se réfugieront à la terre.
2.8 Antisémitisme[modifier | modifier le wikicode]
Comme beaucoup à son époque, il reprend le cliché qui associe les juifs à la finance, et sa critique du commerce l'amène à un certain antisémitisme. Il voulait par exemple revenir sur l’émancipation des Juifs et réglementer leur activité économique[12].
3 Les fouriéristes[modifier | modifier le wikicode]
Certains de ses disciples feront quelques tentatives qui n’aboutirent jamais réellement dans la durée.
Déjà de son vivant, un petit groupe de Bisontins s’est constitué autour de lui : Just Muiron dès 1814, Désiré Ordinaire, Adrien Gréa, Félix et Aimée Beuque, Clarisse Vigoureux, Victor Considerant (à partir de 1825). Le groupe des disciples, qui étaient une dizaine à la fin de la Restauration, s’étoffe, sous la monarchie de Juillet, avec par exemple Jules Lechevalier ou Abel Transon et d’autres transfuges du saint-simonisme. Cette « école sociétaire » publie Le Phalanstère[13] en 1832. C’est alors qu’apparaissent les termes « fouriérisme » et « phalanstérien ».
Les fouriéristes employaient plutôt pour désigner leur idéologie le terme d'Ecole sociétaire, car ils ne souhaitaient pas se réclamer d’un homme mais d’une science, la science sociale. Ils ne voulaient pas non plus créer un parti politique. La plupart d’entre eux étaient hostiles à cette forme d’organisation.
Grâce à cet effort de propagande des groupes fouriéristes se constituent en province. On a pu dénombrer, avant 1846, au moins 400 titres de brochures ou publications diverses d’inspiration fouriériste. Les ouvriers, toutefois, sont en général peu touchés par l’école fouriériste. Les adeptes se recrutent parmi les petits industriels provinciaux et surtout parmi les intellectuels : médecins, ingénieurs, avocats, architectes. La Démocratie pacifique est très lue aussi par les officiers et les sous-officiers.
Voici une description du phalanstère idéal faite par Victor Considerant, l’un des plus fervents disciples de Fourier. Elle est tirée de la brochure « Description du phalanstère et considérations sociales sur l'architectonique »[14] publiée en 1846 :
« Contemplons le panorama qui se développe sous nos yeux. Un splendide palais s’élève du sein des jardins, des parterres et des pelouses ombragées, comme une île marmoréenne baignant dans un océan de verdure. C’est le séjour royal d’une population régénérée. Devant le Palais s’étend un vaste carrousel. C’est la cour d’honneur, le champ de rassemblement des légions industrielles, le point de départ et d’arrivée des cohortes actives, la place des parades, des grands hymnes collectifs, des revues et des manœuvres. La route magistrale qui sillonne la campagne de ses quadruples rangées d’arbres somptueux, bordées de massifs d’arbustes et de fleurs, arrive, en longeant les deux ailes avancées du Phalanstère, sur la cour d’honneur, qu’elle sépare des bâtiments industriels et des constructions rurales, développées du côté des grandes cultures. Au premier rang de la ville industrielle, une ligne de fabriques, de grands ateliers, de magasins, de greniers de réserve, dresse ses murs en face du Phalanstère. »
— Victor Considérant, Description du Phalanstère
Les phalanstères qui furent construits après la mort de Fourier ne reprirent pas l’ensemble de ses idées, oubliant pour la plupart tout ce qui était contraire à la morale (polygamie, libertinage, etc.). Pour ses disciples, il y avait un Fourier délirant (qu'ils essayaient de dissimuler) et un Fourier qu’ils considéraient comme raisonnable.
Les phalanstères ont fait l'objet de nombreuses tentatives d'application en France et aux États-Unis au 19e siècle, mais à l'exception notable du familistère de Guise et de celui de Bruxelles, toutes ont échoué plus ou moins rapidement.
- Le premier essai, qui eut lieu trois ans avant la mort de Fourier (et que celui-ci désavoua), en 1833 à Condé-sur-Vesgre se solda par un échec total. C’est le député Baudet Dulary qui, convaincu par Fourier, offrit 500 hectares pour la création d’une communauté. Victor Considerant, l’un des plus fervents disciples de Fourier, organisa la construction de fermes, d’ateliers et de briqueteries et en automne, c’est 1 100 personnes qui vinrent participer à la communauté. À la fin de l’hiver, il n’en reste plus que 200, les autres étant parties à cause de l’insalubrité des constructions et du froid. Au début de l’année 1834, les lieux sont abandonnés.
- En , à Cîteaux, la féministe belge Zoé de Gamond, après avoir écrit Réalisation d’une commune sociétaire d’après la théorie de Charles Fourier et avec l’aide d’Arthur Young, un disciple fortuné, créa une nouvelle communauté. Différentes vagues de colons s’y succédèrent, mais elle sera abandonnée en mars 1846 parce que la production n’assurait pas la survie de tous les copropriétaires.
- Toujours en 1841, le docteur homéopathe Benoît Jules Mure négocia avec le gouvernement brésilien afin d’obtenir une concession territoriale sur la presqu'île de Saí (anciennement « Sahy »), dans l’État de Santa Catarina, pendant que les ouvriers Jumain et Michel Derrion fondèrent sur la rive nord de la baie de Babitonga, à l'embouchure du canal du Palmital, une nouvelle Union Industrielle. Ces deux tentatives se terminèrent rapidement, faute de moyens et de colons.
- Le , un groupe d’avocats, de médecins, d’ingénieurs et d’officiers fouriéristes de Lyon et de Franche-Comté fondèrent l’Union Agricole d’Afrique à Saint-Denis du Sig, en Algérie. La rigueur militaire du règlement dissuada beaucoup de colons et cet essai se changea rapidement en une société normale basée sur le salariat.
- Aux États-Unis, c’est Albert Brisbane, un disciple américain de Fourier ayant étudié en Europe[15] qui propagea ses théories. Il publia en 1840 à Philadelphie un ouvrage de vulgarisation des théories fouriéristes, Social Destiny of man qui eut beaucoup de succès. Malgré le nombre élevé de phalanx américaines, il reste peu de documents d’époque. On peut toutefois citer comme d’inspiration fouriériste la communauté agricole de Pacon Mountains fondée par des artisans de Brooklyn en 1842 qui dura quelques mois, la communauté fouriériste évangélique de Northampton fondée par le révérend William Adams en 1843 qui dura six ans, la communauté de Brook Farm fondée en 1841 près de Boston par George Ripley qui dura six ans, la North American Phalanx fondée en 1843 par Brisbane et Greeley et composée d’environ 200 membres qui dura treize ans ou encore la communauté Topolobampo, fondée par un ingénieur pennsylvanien dans la baie d’Ogüira sur la côte nord-ouest du Mexique, qui dura jusqu’en 1895.
- Après la révolution de 1848, Victor Considerant, qui propageait toujours les théories fouriéristes en Europe, dut s'exiler en Belgique parce qu’il s’était opposé au rétablissement temporel du pouvoir papal. Il rencontra Brisbane qui le décida à fonder en la communauté Reunion à Dallas, au Texas. Après que Considerant eut publié son appel Au Texas[16], nombre de colons français vinrent s'établir à Reunion. Mais la mauvaise qualité de la terre et le manque d'expérience agricole des colons, artisans pour la plupart, aboutirent à un échec. Victor Considerant déserta la colonie pour s'établir à San Antonio.
- À Guise (dans l'Aisne), Jean-Baptiste Godin a conduit, dans la seconde partie du 19e siècle, une expérience de familistère partiellement inspirée du phalanstère.
Fourier est parfois vu comme un précurseur du mouvement coopérativiste. Mais les phalanstères n'étaient eux-mêmes qu'une étape pour lui, vu qu'ils étaient censés faire immédiatement tâche d'huile et révolutionner le monde entier.
4 Hommages[modifier | modifier le wikicode]
Victor Considerant dira sur sa tombe qu’il avait été « le Christophe Colomb du Monde social et le Révélateur de la Loi des Destinées universelles ».
À Paris, il existe une rue Charles-Fourier dans le 13e arrondissement.
Une souscription populaire permit l'érection d'un Monument à Charles Fourier, réalisé par Émile Derré. Situé boulevard de Clichy, à Paris, il fut inauguré en par son disciple Jean-Adolphe Alhaiza[17]. La statue en bronze a été envoyée à la fonte par l'occupant allemand sous le régime de Vichy. Seul le piédestal en pierre est resté en place. Le , lors d'une grève générale, une réplique en plâtre de la statue est mise en place par un groupe situationniste, les « Enragés », puis enlevée le surlendemain par les services techniques de la préfecture[18].
Le piédestal a été réutilisé le pour l'installation de La Quatrième Pomme, œuvre de Franck Scurti, une sculpture contemporaine en inox représentant la dernière des « quatre pommes célèbres » selon Fourier, c'est-à-dire la sienne[19],[20].
5 Œuvres[modifier | modifier le wikicode]
Les papiers personnels de Charles Fourier, de Victor Considerant et de l'École sociétaire qu'il fonda sont conservés aux Archives nationales sous la cote 10AS[21].
- Sur les charlataneries commerciales, Lyon, p., 1807.
- Théorie des quatre mouvements et des destinées générales : prospectus et annonce de la découverte, Leipzig, (lire en ligne).
- Le nouveau monde amoureux, 1816 (première publication 1967).
- Traité de l'association domestique-agricole, vol. 1, Paris, Bossange Père, (lire en ligne).
- Traité de l'association domestique-agricole, vol. 2, Paris, Bossange Père, (lire en ligne).
- Théorie de l'unité universelle, vol. 1, Paris, 1822-1823 (lire en ligne).
- Théorie de l'unité universelle, vol. 2, Paris, 1822-1823 (lire en ligne).
- Théorie de l'unité universelle, vol. 3, Paris, 1822-1823 (lire en ligne).
- Théorie de l'unité universelle, vol. 4, Paris, 1822-1823 (lire en ligne).
- Sommaire et annonces du Traité de l'association domestique-agricole, Paris, Londres, Bossange, (lire en ligne).
- Mnémonique géographique ou méthode pour apprendre en peu de leçons la géographie, la statistique et la politique., Paris, 1824
- Le Nouveau monde industriel et sociétaire ou invention du procédé d'industrie attrayante et naturelle, distribuée en séries passionnées, Paris, Bossange père, (lire en ligne).
- Le Nouveau monde industriel, ou invention du procédé d'industrie attrayante et combinée, distribuée en séries passionnées. Livret d'annonces, Paris, Bossange père, (lire en ligne).
- Pièges et charlatanisme des deux sectes Saint-Simon et Owen, qui promettent l'association et le progrès, Paris, Bossange père, (lire en ligne).
- La fausse industrie morcelée répugnante et mensongère et l'antidote, l'industrie naturelle, combinée, attrayante, véridique donnant quadruple produit, vol. 1, Paris, Bossange père, (lire en ligne).
- La fausse industrie morcelée répugnante et mensongère et l'antidote, l'industrie naturelle, combinée, attrayante, véridique donnant quadruple produit, vol. 2, Paris, Bossange père, (lire en ligne).
- Plan du Traité de l'attraction passionnelle, qui devrait être publié en 1821, Paris, 1836.
- PostSriptum à la Lettre confidentielle des membres de la réunion du …, Paris, 1837.
- Œuvres complètes, 6 vol. , Paris, La Phalange, 1841-1845.
- Manuscrits, 10 volumes, Paris, La Phalange, 1845-1849.
- De l'anarchie industrielle et scientifique, Paris, Librairie Phalanstérienne, (lire en ligne).
- Manuscrits 4 volumes, Paris, Librairie Phalanstérienne, 1851-1858.
- Hiérarchie du cocuage, Paris, Éd. Du siècle, 1924.
- Œuvres complètes, 12 volumes, Paris, Anthropos, 1966-1968.
- L'Ordre subversif. Trois textes sur la Civilisation, Paris, Aubier Montaigne, 1972.
- Le Charme composé, Paris, Fata Morgana, p., 1976.
- Citerlogue, accord de la morale avec les droits naturels par absorption composée, Paris, Fata Morgana, p., 1994.
- Vers une enfance majeure, Paris, La Fabrique, , 240 p..
- Des harmonies polygames en amour (préf. Raoul Vaneigem), Paris, Rivages, coll. « Rivages Poche / Petite Bibliothèque », , 377 p. (ISBN 2-7436-1090-5).
- Tableau analytique du cocuage (lire en ligne).
6 Bibliographie[modifier | modifier le wikicode]
- Félix Armand, René Maublanc, Fourier, Paris, Éditions sociales internationales, 1937.
- Jonathan Beecher, « Fourier, Charles », dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, t. 44, Paris, Éditions de l’Atelier.
- Jacques Debu-Bridel, Fourier (1772-1837), Genève, Trois Collines, 1947.
- René Schérer, Charles Fourier ou la contestation globale, Paris, Seghers, 1970.
- Pascal Bruckner, Fourier, Paris, écrivains de toujours / édition du Seuil, 1975.
- Henri Desroche, La Société festive. Du fouriérisme écrit aux fouriérismes pratiqués, Paris, Seuil, 1975.
- Simone Debout, "Griffe au nez" ou donner "have ou art" : écriture inconnue de Charles Fourier, Paris, éditions anthropos, 1974.
- Simone Debout, L'Utopie de Charles Fourier, Paris, Payot, 1978.
- Cahiers Charles Fourier, Besançon, un volume par an depuis 1990.
- Jonathan Beecher, Fourier, le visionnaire et son monde, Paris, Fayard, 1993.
- Annie Le Brun, De l’éperdu, Paris, Stock, 2000.
- Nicole Chosson, Annie Trassaert, Martin Verdet et Simone Debout, « Charles Fourier : l’illusion réelle, par Simone Debout », Paris, DVD, 2008.
- Charles Fourier : L'écart absolu, Dijon, Les presses du réel, , 256 p. (ISBN 978-2-84066-394-2, présentation en ligne).
- Simone Debout, L'utopie de Charles Fourier, Dijon, Les presses du réel, coll. « L'écart absolu », , 271 p. (ISBN 978-2-84066-026-2, présentation en ligne).
- Patrick Tacussel, L'imaginaire radical : Les mondes possibles et l'esprit utopique selon Charles Fourier, Dijon, Les presses du réel, coll. « L'écart absolu », , 304 p. (ISBN 978-2-84066-185-6, présentation en ligne).
- Bernard Desmars, Militants de l'utopie ? : Les fouriéristes dans la seconde moitié du 19e siècle, Dijon, Les presses du réel, coll. « L'écart absolu », , 432 p. (ISBN 978-2-84066-347-8, présentation en ligne).
- « Portrait : Charles Fourier (1772-1837) », La nouvelle lettre, no 1070, , p. 8 (lire en ligne).
- (en) Robert Graham, Anarchism : A Documentary History of Libertarian Ideas, From Anarchy to Anarchism (300 CE to 1939), volume I, Black Rose Books, 2005, texte intégral[PDF].
- René Schérer, Fouriériste aujourd'hui, suivi de Études et témoignages, sous la dir. de Yannick Beaubatie, Tulle, Éditions Mille Sources, 2017.
- Jean de Viguerie, Les Pédagogues, Paris, Le Cerf, 2011.
7 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]
- ↑ Pierre Renouard, Saint Pierre Fourier et Charles Fourier : contribution à l'étude des origines de la mutualité, Paris, A. Rousseau, , 116 p. (lire en ligne).
- ↑ Actuellement à l’angle des rues Moncey et Grande-Rue à Besançon.
- ↑ Charles Pellarin, Fourier, sa vie et sa théorie, Paris, Librairie phalanstérienne, , 444 p. (lire en ligne).
- ↑ Sous la direction de Jean-Clément Martin, Dictionnaire de la Contre-Révolution, Yann Fauchois, « Fourier, Charles », Paris, Perrin, 2011, p. 252.
- ↑ Morilhat Claude, Charles Fourier, imaginaire et critique sociale, Paris, Méridiens Klincksieck, , page 26.
- ↑ Vergez André, Fourier, Paris, Presses Universitaires de France, , page 9.
- ↑ Les Grands Économistes, Robert L. Heilbroner.
- ↑ Jean-Marc Daniel, Histoire vivante de la pensée économique : Des crises et des hommes, Paris, Pearson Education France, , 424 p. (ISBN 978-2-7440-7450-9, lire en ligne), « Charles Fourier (1772-1837) et les phalanstères », p. 151-153.
- ↑ Thierry Boissel, Brillat-Savarin, 1755-1826 : Un chevalier candide, Presses de la Renaissance (réédition numérique FeniXX), , 253 p. (ISBN 978-2-7509-1082-2, lire en ligne), p. 156-157.
- ↑ Charles Fourier, Traité de l'association domestique-agricole, t. 2, , p. 9-10.
- ↑ Charles Fourier, Théorie de l'unité universelle, t. 3, , p. 427-429.
- ↑ Laurent Joly, « Michel Dreyfus, L'antisémitisme à gauche. Histoire d’un paradoxe, de 1830 à nos jours, Paris, La Découverte, rééd. augmentée 2011, p. »., (ISBN 978-2-7071-6998-3), Revue d'histoire moderne et contemporaine, 2011/4 (no 58-4).
- ↑ « bibliothèque nationale de France », sur gallica (consulté le 12 avril 2017).
- ↑ Victor Considérant, Description du Phalanstère et considérations sociales sur l’architectonique, Paris, (lire en ligne).
- ↑ Albert Brisbane a rencontré le philosophe français Victor Cousin à la Sorbonne ou encore le philosophe allemand Hegel à l’université de Berlin.
- ↑ Victor Considérant, Au Texas, Paris, Librairie Phalanstérienne, .
- ↑ Desmard Bernard, « Une statue pour Fourier () : Au crépuscule du militantisme phalanstérien », Cahiers Charles Fourier, no 11, , p. 81-102 (lire en ligne) Article détaillé sur l’événement.
- ↑ Christophe Bourseiller, Vie et mort de Guy Debord, Univers Poche, , 441 p. (ISBN 978-2-8238-4580-8, lire en ligne).
- ↑ « La Quatrième Pomme, œuvre de Franck Scurti sur le socle de Charles Fourier », sur archéologie du futur / archéologie du quotidien, .
- ↑ Guillaume Deleurence, « Pourquoi cette pomme place de Clichy ? », sur dixhuitinfo, .
- ↑ Archives nationales.