Théorie de la reproduction sociale

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CapitalismeTravailDomestique.jpg

La théorie de la reproduction sociale est une conception des rapports entre capitalisme et oppression des femmes (patriarcat) défendue par des féministes marxistes.

1 Origines[modifier | modifier le wikicode]

1.1 Premières briques[modifier | modifier le wikicode]

On peut trouver des considérations dispersés dans les œuvres de Marx et Engels sur l'oppression des femmes (notamment dans l'Origine de la famille d'Engels), mais il est clair que le sujet n'avait pas été réellement traité.

La montée en puissance du féminisme a sans doute été une condition nécessaire pour qu'il cesse d'être secondarisé. Cependant, la première vague du féminisme a été focalisée sur l'obtention de droits, et en particulier du droit de vote.

Au sein des mouvements socialistes et communistes, on trouve déjà des réflexions sur le travail domestique au début du 20e siècle. La solution de ce problème devait venir de la socialisation d'une grande partie des tâches (généralisation de crèches, de cantines, de laveries...) afin de libérer les femmes.

1.2 Deuxième vague du féminisme[modifier | modifier le wikicode]

Face au dénigrement présent dans le mouvement ouvrier, le féminisme de la deuxième vague va avoir tendance à rechercher une nette autonomie, tant dans l'organisation que dans ses fondements théoriques.

Mais c'est surtout dans le contexte des années 1960-1970, avec la deuxième vague du féminisme, qu'un débat sur les causes matérielles de l'oppression des femmes va prendre de l'ampleur. Dans un contexte de forte croissance, de nombreuses femmes entrent sur le marché du travail et une portion significative accède à des études supérieures, ce qui va favoriser les réflexions féministes.

De nombreuses publications féministes commencent à émerger à la fin des années 1960, cherchant souvent à montrer que l'oppression des femmes est aussi une exploitation bien matérielle, afin de lui donner une légitimité comparable à celle de l'exploitation salariale. Parmi ces causes, le travail domestique revient souvent.[1][2][3][4][5]

Un important débat eut lieu sur le travail domestique dans le marxisme anglo-saxon entre 1966 et 1983, parfois nommé DLD (Domestic labor debate).[6]

1.3 Hégémonie du système dual[modifier | modifier le wikicode]

Au cours des années 1970, c'est l'idée de deux systèmes indépendants, capitalisme et patriarcat, qui s'impose majoritairement, sauf exceptions comme au Canada[7]. A la fois de par le recul du marxisme, et par la progression de la vision duale parmi les féministes des partis marxistes. En France, il y avait par exemple cohabitation du « féminisme matérialiste » de Christine Delphy (dual), et du « féminisme lutte de classe », ce dernier étant minorisé.

Christine Delphy a donné une centralité au travail domestique, notamment pour se distancier de tout naturalisme. Elle s'inspire de la grille d'analyse marxiste, en décrivant par analogie l'oppression des femmes comme une exploitation de la « classe des femmes » par la « classe des hommes », qui serait la base d'un « mode de production domestique », indépendant du capitalisme. Il y aurait donc deux systèmes, le capitalisme et le patriarcat.

Cherchant à combattre la secondarisation de la lutte féministes par les organisations du mouvement ouvrier, elle a au contraire théorisé que pour les femmes, « l'ennemi principal » est le patriarcat.[8] Elle a nommé sa vision le « féminisme matérialiste ».

1.4 Lise Vogel[modifier | modifier le wikicode]

Lise Vogel en 2015

L'auteure marxiste Lise Vogel publie en 1983 un livre intitulé Le marxisme et l'oppression des femmes, vers une théorie unitaire[9]. Elle y défend une vision unitaire, celle d'un capitalisme patriarcal. Dans un contexte où la vision duale domine largement, le livre de Vogel passe largement inaperçu au moment de sa publication.

1.5 Troisième vague[modifier | modifier le wikicode]

La troisième vague du féminisme va relancer les discussions théoriques, notamment autour de l'intersectionnalité, qui pose à nouveau les questions d'articulation entre oppressions. Plusieurs marxistes, notamment dans le milieu universitaire, vont redécouvrir la théorie de la reproduction sociale et s'en revendiquer : Tithi Bhattacharya, Sue Ferguson, Cinzia Arruzza ou Sara Farris.

2 Exposé de la théorie[modifier | modifier le wikicode]

2.1 Production et reproduction[modifier | modifier le wikicode]

La théorie de la reproduction sociale part des catégories marxistes, et développe leurs significations et implications pour l'oppression des femmes.

Dans son Origine de la famille, de la propriété privée et de l’État (1884), Friedrich Engels écrit :

« Selon la conception matérialiste, le facteur déterminant, en dernier ressort, dans l’histoire, c’est la production et la reproduction de la vie immédiate. Mais, à son tour, cette production a une double nature. D’une part, la production de moyens d’existence, d’objets servant à la nourriture, à l’habillement, au logement, et des outils qu’ils nécessitent ; d’autre part, la production des hommes mêmes, la propagation de l’espèce. Les institutions sociales sous lesquelles vivent les hommes d’une certaine époque historique et d’un certain pays sont déterminées par ces deux sortes de production : par le stade de développement où se trouvent, d’une part, le travail et, d’autre part, la famille. »[10]

Le travail domestique quotidien reposant très majoritairement sur les femmes est souvent déconsidéré et invisibilisé, mais sans ce travail aucun système économique comme le capitalisme ne serait concevable.

Comme on le voit sont intégrées ici dans l'analyse historique l'ensemble des tâches nécessaires à la « production et la reproduction de la vie immédiate ». Même si Engels réserve le mot travail à ce qui est extérieur à la famille, il est raisonnable d'étendre la notion, en parlant plutôt de travail productif et travail reproductif (en nommant reproductif ce qu'Engels appelle la production des hommes mêmes).

Avec cette grille de lecture, il est possible d'actualiser et de développer l'esquisse de l'évolution des sociétés humaines que propose Engels dans son livre. Le matérialisme historique est souvent synthétiquement présenté comme une méthode pour analyser les rapports sociaux de production. La théorie de la reproduction sociale se veut un complément à cette méthode, rappelant que l'analyse doit nécessairement intégrer les rapports sociaux autour du travail reproductif. Sur cette base, il est possible d'éclairer l'évolution des rapports sociaux de genre.

2.2 Origines du patriarcat[modifier | modifier le wikicode]

En s'appuyant sur les données de l'anthropologie naissante, Engels faisait comme point de départ de son analyse les premières sociétés de chasseurs-cueilleur·ses, qui n'étaient pas divisées en classes, ce pourquoi il les appelle des sociétés de communisme primitif.

Il avançait également l'absence de domination des hommes sur les femmes. Par la suite, l'anthropologie du 20e siècle a contredit cette idée. Il existait vraisemblablement une variété de conditions des femmes, allant de l'oppression à une situation d'équilibre des statuts. Quoi qu'il en soi, il semble clair que l'apparition de classes dominantes a entraîné un établissement systématique de règles patriarcales, comme le pensait Engels.

La cause fondamentale est la nécessité de garantir l'héritage des propriétés privées (surtout des terres), donc garantir la filiation et stabiliser des familles de type monogame et hétérosexuel. Il s'agit d'une mise au pas du travail reproductif.

Avec le développement de la production et l'exploitation du travail à plus large échelle (par les classes dominantes), la société a cessé d'être subdivisée sur la base des liens du sang, mais sur des bases territoriales, contrôlées par des États.

Dans le communisme primitif, la production et la reproduction n'étaient pas séparés, l'ensemble des tâches étant faites collectivement en un même lieu. Désormais, la reproduction est restreinte à la sphère privée, et « le régime de la famille est complètement dominé par le régime de la propriété »[10] donc de la production.

Or ce sont les femmes qui ont été assignées à ce travail reproductif dans toutes les sociétés de classe. Pour Lise Vogel, la cause est à rechercher dans la grossesse et l'allaitement, qui, dans ce contexte social, auraient handicapé les femmes dans le travail productif. Par extension, les femmes auraient été assignées à l'ensemble des tâches relevant du foyer, au delà des seuls moments d'enfantement.[9] D'autres auteures considèrent cette explication partant de la capacité d'enfanter comme biologisante, comme Aurore Koechlin.[11]

2.3 Évolutions du travail des femmes[modifier | modifier le wikicode]

Scène de moisson

Il est utile de rappeler que même si le travail reproductif a été assigné très tôt aux femmes, le travail effectué par les femmes ne s'y est jamais réduit. Surtout si l'on décentre le regard des élites : par exemple dans la Grèce antique, les femmes de bonnes familles sont confinées au gynécée, mais pas les femmes du peuple.[12]

D'une part, une partie du travail effectué dans le cadre domestique est du travail productif. Par exemple dans les familles paysannes, il est fréquent dans de nombreuses sociétés que les femmes travaillent aux champs, soit régulièrement soit lors d'événements comme les moissons (qui impliquent souvent aussi les enfants).

D'autre part, le travail reproductif peut déborder en travail productif, par exemple lorsque des femmes paysannes fabriquent des objets nécessaires à la reproduction (vêtements, pain, lait...), mais qu'elles vendent occasionnellement un supplément à l'extérieur.[13]

Enfin, il a existé avec une ampleur plus ou moins grande selon les sociétés, des femmes effectuant du travail productif en tant qu'artisane indépendante, ou gérant les affaires de leur mari en leur absence (ou en tant que veuve)[14][15].

Dans le cas des femmes de la noblesse, une partie des tâches de reproduction était déléguée à des servantes, leur permettant de consacrer plus de temps à des tâches de représentation et de politique.

Toutes ces modalités ont connu d'importantes variations dans l'histoire :

« Il y a des périodes où les femmes entrent dans la sphère de la production massivement, au 19e siècle par exemple, et des périodes où elles en sortent, dans des moments de transition notamment[16]. Elles peuvent jouer le rôle de variable d’ajustement aux nécessités de la production. »[11]

Ces modalités doivent donc bien sûr être étudiées au cas par cas pour chaque formation sociale donnée, mais ce qui fait peu de doute, c'est que la sphère de la production et la sphère de la reproduction sont liées.

La transition du féodalisme au capitalisme a été étudiée sous cet angle, notamment par Silvia Federici. Federici défend que du 16e au 17e siècle a eu lieu un violent mouvement de contrôle du corps des femmes, notamment pour les déposséder de certains savoirs et savoir-faire (ce qu'elle intègre à l'analyse marxiste de l'accumulation primitive du capital), et pour les forcer à docilement se comporter « comme une machine à enfanter »[17], et répondre ainsi aux besoins croissants de main d’œuvre.

2.4 Capitalisme patriarcal[modifier | modifier le wikicode]

2.4.1 Cadre posé par Marx[modifier | modifier le wikicode]

C'est selon cette même grille de lecture que la théorie de la reproduction propose d'aborder la question de l'oppression des femmes sous le capitalisme.

On peut préférer parler de capitalisme patriarcal pour désigner le système unique d'exploitation. Il s'agit ainsi de s'opposer à l'idée de deux systèmes séparés (capitalisme et patriarcat), tout en soulignant que ces deux aspects sont imbriqués.[11]

Dans le Capital, Marx pose que « Tout processus de production sociale est […] en même temps processus de reproduction »[18]. (Il aborde directement la question de la reproduction en deux passages, relevés par Vogel.)

En effet, la survaleur est tirée de l'exploitation de la force de travail, c'est-à-dire l'ensemble des « capacités physiques et intellectuelles [qu'un être humain] met en mouvement chaque fois qu’il produit des valeurs d’usage d’une espèce quelconque »[19].

Pour que le capitaliste continue jour après jour à disposer de la même force de travail (cas de la reproduction simple), il faut que celle-ci soit reproduite, ce qui implique :

  • Une reproduction au sens de procréation biologique (accouchement, allaitement et l'ensemble du travail d'élevage et éducation des enfants...) dans un rythme suffisant.
  • Une reproduction au sens de récupération physique quotidienne (repas, repos), en incluant un amortissement pour tout ce qui a une usure sur du plus long terme (vêtements, chauffage, meubles...).[19]

Marx ne détaille pas plus.

Concernant la procréation, il se contente même d'écrire que « le capitaliste n’a pas de souci à se faire, il peut faire confiance à l’instinct de conservation et à l’instinct sexuel des travailleurs ». Comme le montre le discours de Macron sur le « réarmement démographique », il sous-estime sans doute le poids des normes sociales plus ou moins explicites y compris dans ce domaine.

2.4.2 Compléments à ce cadre[modifier | modifier le wikicode]

Cependant il est facile à partir de ce cadre théorique de compléter les lacunes. Concernant les biens qui servent à la reproduction quotidienne de la force de travail, il faut souligner qu'il en existe une partie disponible sur le marche sous forme de marchandises (plats préparés, vêtements...), et une partie produite directement le cadre de la famille, et donc majoritairement par les femmes (plats cuisinés, vêtements reprisés...). Un certain nombre de « services » sont aussi indispensables, comme un certain niveau de ménage, rangement... On peut aussi mentionner à cet endroit le travail du care qui, même s'il échappe à une quantification claire, joue un rôle dans la « restauration » émotionnelle du porteur ou de la porteuse de la force de travail.

Si la famille reste le lieu central de ces tâches liées à la reproduction, il n'est pas le seul. Mentionnons aussi :

  • le travail reproductif marchandisé : plats préparés, services de nettoyage, crèches privées, aide à domicile[20]...
  • le travail reproductif socialisé : crèches publiques, écoles, cantines, hôpitaux...

Le travail effectué dans le cadre domestique, ou dans le cadre socialisé, non marchand, n'est pas productif de survaleur au sens capitaliste. En revanche, étant une condition de la reproduction de la force de travail, il est une condition de la production de survaleur.

Pour Vogel, le capitalisme est traversé par une tension entre travail reproductif et travail salarié. Le travail reproductif est indispensable pour garantir le travail salarié, mais son « coût » est reporté sur le « coût » du travail salarié. Le capital cherche toujours à le réduire : en exerçant une pression à la baisse sur le salaire, il pressurise indirectement le travail reproductif (une femme peut se retrouver obligée de forcer à faire plus avec moins, de s'endetter auprès d'un commerçant...). Mais de même que l'extraction forcenée de survaleur absolue (augmentation des heures de travail...), cela menace à court ou moyen terme la force de travail et donc la survaleur.[21]

Une des solutions mises en œuvre par les États est de socialiser une partie du travail reproductif, afin d'en diminuer le coût par la mutualisation. Si cela peut théoriquement profiter aux capitalistes, ils peuvent aussi considérer que cela leur revient trop cher (les services publics ne sont pas le fruit d'une pure logique capitaliste, mais aussi des luttes sociales, et ils peuvent donc être trop développés d'un point de vue capitaliste).

2.4.3 Application à la période récente[modifier | modifier le wikicode]

Ces outils aident à analyser les évolutions survenues ces dernières décennies. Depuis les années 1980-1990, période de ralentissement durable de la croissance (de la sphère productive capitaliste), un nouveau phénomène de restructuration semble s'intensifier.

Une part importante du travail reproductif est devenue du travail salarié. On peut y voir à la fois pour le capitalisme :

  • La recherche d'une baisse des coûts de la reproduction (notamment l'ubérisation[22] met une pression concurrentielle sur les « auto-entrepreneurs »)
  • La recherche de nouveaux marchés ouverts à l'accumulation de capital (contrairement au secteur étatique).

Cette entrée du travail reproductif dans la sphère salariée ne veut pas dire qu'il devient neutre du point de vue du genre, et de la race.

Dans les pays impérialistes, les services assurant du travail reproductif sont est en grande partie assurés par des femmes, dont une grande partie de femmes racisées.

Il faut noter que ce travail reproductif, même transformé en service marchand, garde des spécificités. Il est moins mécanisable et automatisable. Ce qui est souvent vrai des services en général, mais encore plus des services à la personne, qui sont une grande part du travail reproductif. Les assignations de genre font que ce sont majoritairement des femmes qui se retrouvent à exercer ces métiers.[23]

Et une des façons pour le capitalisme de réduire le coût de ces services est le recours massif à la main d’œuvre immigrée. D'une part, le pays capitaliste d'accueil n’a pas eu à payer la production « initiale » de cette force de travail, et d'autre part, il peut continuer à la sous-payer (pression sur les sans-papiers, racialisation...).

Ces processus tendent à produire une situation dans laquelle des femmes de classes moyennes et supérieures peuvent se décharger d'une partie du travail reproductif sur des salariés, qui sont de fait souvent des salariées racisées. Ce phénomène est une des sources de division entre femmes, alimentant potentiellement le racisme, le fémonationalisme...[24]

La crise de 2008, crise de la sphère productive, vient à nouveau impacter la sphère reproductive. Les réponses des politiciens bourgeois vont tendanciellement dans deux directions, que l'on peut voir comme deux formes différentes de tendance à la privatisation :

  • Accentuation des attaques contre le secteur socialisé (privatisation ou sous-financement chroniques des services publics).
  • Accentuation des discours réassignant les femmes au travail reproductif, prônant le retour au travail domestique dans la sphère privée, ce qui implique un durcissement à l'encontre des personnes remettant en cause la binarité des identités de genre. D'où aussi la légitimation des violences sexuelles contre les femmes par de plus en plus de figures ayant une diffusion large.[25]

A l'inverse, un mouvement progressiste se battant pour les intérêts des femmes et minorités de genre et des salarié·es exploité·es ne peut qu'être un mouvement pour plus de justice sociale et donc de socialisation. Celles qui subissent de plein fouet la surexploitation et le backlash réactionnaire antiféministe, et qui sont porteuses de ce qui est appelé parfois la quatrième vague du féminisme, sont au cœur de ce mouvement progressiste à (re)construire.

3 Impact sur les débats dans le féminisme[modifier | modifier le wikicode]

Avec cette grille d'analyse en tête, on peut voir le positionnement de la théorie de la reproduction sociale vis-à-vis du débat sur le travail domestique des années 1970, et du débat sur un système ou deux systèmes. Comme l'écrit Aurore Koechlin :

« On voit toute l’importance du travail reproductif et l’on dépasse aussi les débats des années 1970 autour du travail domestique et de la question de savoir s’il est producteur de survaleur : il est la condition sine qua non de la production de survaleur. (...)

Une théorie unitaire conséquente en déduira qu’on est face à un système autant capitaliste que patriarcal, un système que l’on peut nommer «capitalo-patriarcal» ou «patriarcalo-capitaliste». Cela revient à changer notre vision du capitalisme : la question de la reproduction est tout aussi centrale que celle de la production. »[11]

Mais cela n'est pas seulement une réponse aux débats des années 1970 avec le féminisme matérialiste, c'est aussi une réponse aux débats contemporains avec certaines visions de l'intersectionnalité, qui défendent l'existence d'une multiplicité de systèmes devant être pensés et combattus séparément.

« Penser une théorie unitaire, ce n’est pas faire du capitalisme la seule ou la principale domination existante, mais transformer notre vision du capitalisme : ce système est tout à la fois un système de domination de classe, de genre et de race. Il l’est inextricablement et unitairement, il est tout cela à la fois, il est total. »

4 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]

  1. Benston, M. (1969), « The Political Economy of Women’s Liberation », Monthly Review, 21, n° 4. Réédité in Tanner, L. B. (éd.) (1970), Voices from Women’s Liberation, New York, Signet Books.
  2. Isabel Larguia, Contre le travail invisible, Partisans, n° 54-55, 1970
  3. Christine Delphy, L'Ennemi principal, Partisans, n° 54-55, 1970
  4. Patricia Mainardi, « The Politics of Homework » (1970), in Tanner (ed.), Voices From Women’s Liberation, New York, Signet Books
  5. Maria Rosa Dalla Costa, Selma James, Le pouvoir des femmes et la subversion sociale (1973), Genève, Librairie Adversaire.
  6. Diemut Elisabet Bubeck, The Domestic Labour Debate, Care, Gender, and Justice, Oxford, 1995
  7. David McNally et Sue Ferguson, « Social Reproduction beyond Intersectionality: An Interview », Viewpoint Magazine, 2015
  8. Christine Delphy, L'Ennemi principal, Partisans, n° 54-55, 1970
  9. 9,0 et 9,1 Lise Vogel, Le marxisme et l'oppression des femmes, vers une théorie unitaire, 1983 (Publié pour la première fois en français aux Éditions sociales en 2022)
  10. 10,0 et 10,1 Friedrich Engels, L'origine de la famille, de la propriété privée et de l'État, mars 1884
  11. 11,0 11,1 11,2 et 11,3 Aurore Koechlin, La révolution féministe, Éditions Amsterdam, 2019
  12. Voir par exemple sur Wikipédia : Travail des femmes, Femmes au Moyen Âge, en Grèce antique...
  13. Maïté Albistur et Daniel Armogathe, Histoire du féminisme français du Moyen Âge à nos jours, coll. « Des femmes », 1977 (BNF 34703768)
  14. Jean-Louis Roch, Femmes et métiers dans la région rouennaise au Moyen Âge, in « Tout ce qu'elle saura et pourra faire », 2015
  15. Maria Teresa Natale, Les femmes et l’artisanat, Europeana, 15 juin 2023
  16. Cf. Joan Scott et Louise Tilly, « Women’s Work and the Family in Nineteenth-Century Europe », Comparative Studies in Society and History, vol. 17, no.1, 1975, p.36-64.
  17. Silvia Federici, Caliban et la sorcière. Femmes, corps et accumulation primitive (2004), Genève, Entremonde, 2014
  18. Karl Marx, Le Capital, Livre I - Ch.23 : Reproduction simple, 1867
  19. 19,0 et 19,1 Karl Marx, Le Capital, Livre I - Ch.6 : Achat et vente de la force de travail, 1867
  20. Christelle Avril, Les Aides à domicile. Un autre monde populaire, Paris, La Dispute, 2014.
  21. Des dommages et des morts sont malheureusement cyniquement supportables par le capital dans certains circonstances (chômage de masse et surabondance de main d’œuvre non qualifiée - donc plus facilement interchangeable pour le patronat).
  22. La Poste et son service « Veiller sur mes parents » pour la prise en charge des personnes âgées est un exemple paradigmatique.
  23. Silvia Federici, « Reproduction de la force de travail dans l’économie globale : la révolution féministe inachevée », Point zéro : propagation de la révolution. Salaire ménager, reproduction sociale, combat féministe, Paris, Éditions iXe, 2016, p.168
  24. Sara R. Farris, In the Name of Women’s Rights. The Rise of Femonationalism, Durham et Londres, Duke University Press, 2017, p.157.
  25. Tithi Bhattacharya, « Comprendre la violence sexiste à l’époque du néolibéralisme », International Socialist Review, Winter 2013-2014 (Trad. française en 2017)