Question juive en Russie

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Pogrom de Kichinev (1903)

Les populations juives, plus ou moins dispersées sur le territoire de l'ancien Empire russe, ont subi une longue histoire d'oppression raciste, mais aussi d'organisation et de résistance, en lien parfois conflictuel avec le mouvement socialiste.

1 Les Juifs et l'antisémitisme sous l'Empire russe[modifier | modifier le wikicode]

L'Empire russe, au fur et à mesure de son expansion, s'est retrouvé à englober sous la domination d'une majorité russe une grande variété de peuples différents, jusqu'à environ la moitié de la population totale. La politique du tsar était tellement répressive que la Russie était surnommée par les progressistes la prison des peuples.

Il y avait environ 4% de Juifs dans la population de l'Empire russe au début du 20e siècle.[1] Les pogroms contre les juifs étaient fréquents et attisés par les nobles réactionnaires et les Cent-Noirs. Un véritable racisme d'État avait été mis en place, avec une législation spécifique pour les Juifs.

En 1791, une Zone de résidence fut créée dans la partie Ouest de la Russie, où les juifs étaient relativement nombreux, et les ceux-ci avaient l'interdiction de quitter ce territoire. Le pouvoir impérial voulait empêcher qu'avec la modernisation du pays, les juifs profitent des échanges pour s'installer ailleurs, et favoriser la croissance d'une classe moyenne chrétienne. Le sentiment national juif s’est formé dans la zone de résidence et dans ses marges occidentales et méridionales de cette zone (Galicie, Bukovine, Roumanie), notamment à travers la concentration de plus en plus marquée d’un parler à consonance germanique (le (yiddish) dans un monde slave. Plus la concentration était dense plus la conscience nationale était marquée.

Dans l'Europe orientale et la Russie du 19e siècle, les juifs étaient souvent accusés d'être opposés aux mouvements nationaux émergents, et donc de chercher refuge du côté des dirigeants « étrangers ». C'est ainsi que les Polonais se plaignaient, en Posnanie de l'attitude pro-allemande, dans le Royaume de Pologne, de l'attitude pro-russe des Juifs, ainsi encore que les Tchèques reprochaient aux Juifs tchèques leur position pro-autrichienne, et les Ukrainiens aux Juifs de Galicie leur position pro-polonaise. Cela n'est toutefois pas une caractéristique des juifs mais de la configuration. Les colons allemands de la Galicie orientale, par exemple, donc au beau milieu d'un pays ukrainien, ont en règle générale soutenu le gouvernement polonais contre les Ukrainiens.[2] Cela s'explique notamment par le fait que les mouvements nationalistes émergents, malgré leurs aspects progressistes, tendent à former des Etats-nations et au passage à vouloir assimiler ou rejeter les minorités. Et de fait, l'émancipation de la Pologne et de l'Ukraine vis-à-vis de la Russie s'accompagnera d'une vague de pogroms antisémites.

En 1894, Martov (qui fut un fondateur du Bund puis du POSDR) soutient que la nature des rapports de production du monde juif de l’Est ne pourra jamais engendrer une structure sociale complète dotée d’une véritable classe ouvrière, et que par conséquent, pour les Juifs, lutte sociale et combat de libération nationale doivent aller de pair.

En 1901, un membre des services secrets tsaristes, l'Okhrana, fabriquent un faux document intitulé Les Protocoles des Sages de Sion, présenté comme un plan secret de domination du monde par les juifs, qui aurait fuité. Ce document deviendra une des principales références des milieux conspirationnistes.

A partir de 1881, les pogroms se multiplient. L'antisémitisme conduisait à des traitements différenciés en cas de répression politique. Par exemple, lors de la répression qui les frappe tous deux en 1896, Martov, juif, subira des conditions d'exil plus difficiles que Lénine.[3]

Zone-de-résidence.jpg

La première vraie organisation socialiste au sein de l'Empire russe fut par ailleurs l'Union générale des travailleurs juifs (Bund), fondée en 1897, et elle le resta jusqu'en 1903. Les rapports entre le Bund et le reste des socialistes souleva de nombreux clivages. C'est également en 1897 qu'eut lieu à Bâle le premier congrès de l’Organisation sioniste, qui aura peu à peu une influence croissante parmi les juifs russes, tout en restant en concurrence avec le Bund (opposé au sionisme).

En avril 1903 eut lieu le pogrom de Kichinev, le plus terrible pogrom jamais exécuté jusqu’alors en Russie, qui consterna le monde entier et engendra l’adoption par toutes les langues du terme « pogrom » comme synonyme de « massacre ». Il eut lieu dans la partie ukrainienne de la « zone de résidence ». Les quartiers juifs de Kichinev furent détruits, les maisons dévastées, des centaines de Juifs blessés ou tués. Le pogrom fut déclenché des policiers du tsar et par des Cent-Noirs, mais exécuté en grande partie par des gens du peuple, ouvriers et travailleurs comme les Juifs qu’ils persécutaient. La confiance des ouvriers juifs en leurs frères de classe en fut sérieusement affectée.

En 1908 à Czernowicz (actuellement Tchernivtsi en Ukraine) a lieu une conférence sur la langue yiddish.

En 1911 commence l’affaire Beilis, l’accusation d’assassinat rituel contre Mendel Beilis, simple travailleur juif de Kiev. Les accusations contre Beilis furent prononcées par le ministre de la Justice, sous l’influence de Schelovitov, antisémite notoire. Le procès prit fin en 1913, Beilis fut innocenté mais, grâce aux rumeurs qui avaient circulé sur la « nature maligne et criminelle des Juifs », le gouvernement tsariste en sortit vainqueur ; il était parvenu à fomenter l’antisémitisme et à instaurer un climat qui allait entraîner une vague de pogroms à Kiev.

En novembre 1913, Trotski écrivit dans un article pour Die Neue Zeit que ce procès antisémite lui avait paru répugnant ; il compara l’affaire Beilis à l’affaire Dreyfus, qui divisa la France entre 1894 et 1906. Mais pour Trotski, les ressemblances entre les deux pays étaient limitées car l’antisémitisme français était un jeu d’enfants comparé à la Russie, où l’antisémitisme était une vraie politique d’État. Selon Enzo Traverso « il est intéressant de noter que Trotski fut le seul dirigeant marxiste de renom à intervenir sur cette question : Otto Bauer, Karl Kautsky, Victor Adler, George Plekhanov et Lénine ne troublèrent pas, à cette occasion, le silence du mouvement socialiste au sujet de l’antisémitisme »[4].

En 1914, Lénine écrit un Projet de loi sur l'abrogation de toutes les restrictions aux droits des juifs. En préambule, il écrit : « Aucune nationalité de Russie n’est aussi opprimée et persécutée que la nation juive. L'antisémitisme pousse des racines toujours plus profondes parmi les couches possédantes. »[5]

2 Les Juifs et les courants politiques[modifier | modifier le wikicode]

2.1 Les populistes russes[modifier | modifier le wikicode]

Le comité central du célèbre parti populiste russe Narodnaïa Volia publia en 1882, après les premiers pogroms de masse antijuifs en Russie, une proclamation au peuple qui appelait à des insurrections contre les Juifs, les grands propriétaires fonciers et les capitalistes[6]. La proclamation aurait certes été retirée immédiatement après, mais les organisations locales du parti en Ukraine ont encore en 1883 déployé une propagande en ce sens[7]. Les sources de l'erreur étaient les mêmes : on croyait voir dans les exactions populaires antijuives les signes avant-coureurs d'une révolution sociale. La confusion dans le camp révolutionnaire russe était générale, et ce n'est qu'avec les expériences humiliantes de la vague de pogroms de 1882/83 que le mouvement révolutionnaire russe et ukrainien a rectifié la ligne.

Plekhanov écrit en 1901 :

« Cette position face aux pogroms juifs n'était en aucune manière seulement le fait d'un militant isolé du parti ; en 1881, c'était pour ainsi dire la conception officielle du parti 'Narodna Vola" … On peut dire sans exagérer en rien que les effets psychologiques des pogroms juifs n'ont pas cessé pendant les 20 années qui se sont écoulées depuis, de nuire à notre mouvement socialiste. »[8]

Mais même plus tard, pour des raison opportunistes, l'antisémitisme ouvrier naïf qui continuait à sévir dans le mouvement ouvrier de bien des pays était souvent considéré comme "inoffensif" et n'était pas combattu avec l'énergie suffisante.

2.2 Le Bund et le POSDR[modifier | modifier le wikicode]

La première vraie organisation socialiste au sein de l'Empire russe fut par ailleurs l'Union générale des travailleurs juifs (Bund), fondée en 1897, et elle le resta jusqu'en 1903. Le premier congrès du Parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR), qui a lieu à Minsk en 1898, est principalement organisé par les militants du Bund, et le délégué du Bund est alors le seul ouvrier du congrès.

Les premières unités d’autodéfense - les Beovie Otriady - furent créées par le Bund en 1903, après le pogrom de Kichinev.

En 1903, peu après le progrom, le Bund tient une conférence à Karlsruhe, à laquelle participe Trotski. Vladimir Medem, militant local et théoricien du Bund, relate dans ses mémoire cette conférence[9]. Il raconte que Trotski répondit « cordialement et avec humour » à de jeunes spectateurs sionistes qui prirent la parole. La discussion s’envenima lorsque fut abordée la politique que le POSDR devait adopter pour combattre l’antisémitisme. Medem accusa le parti de négliger cette tâche. Trotski lui répondit que le parti distribuait des tracts à ce sujet, mais qu'il était peu utile de combattre spécifiquement l’antisémitisme : pour éliminer un sentiment solidement enraciné, vestige de l’ignorance qui dominait à l’époque médiévale, il fallait surtout élever le niveau général de conscience des masses. Pour Medem, ce discours « n’était rien d’autre qu’une façon de se dissimuler à ses propres yeux la grave et réelle responsabilité des socialistes russes ».[10] Medem raconte que Trotski ne se considérait ni juif, ni russe, « seulement social-démocrate ».

C'est dans ce contexte qu'eut lieu, en août 1903, le 2e congrès du POSDR. Le Bund revendiquait une autonomie nationale-culturelle (inspirée de l'austro-marxisme) au sein du futur État démocratique (sans faire cependant de ce point une condition sine qua non). Il réclamait aussi une autonomie à l'intérieur du POSDR (droit d’élire son propre comité central et de déterminer sa propre politique sur les questions concernant la population juive). Le congrès, majoritairement composé d’ « iskristes », s’opposait au Bund car il entrevoyait dans leurs exigences un séparatisme qui créerait des précédents pour d’autres groupes et mettrait en péril l’unité du parti. C’est aux iskristes juifs Martov et Trotski que revint la tâche de réfuter les exigences du Bund. Martov avait été l’un de ses membres fondateurs ; quant à Trotski, il prit la parole en tant que « représentant des iskristes d’origine juive ». Ce fut une des rares fois où Trotski fit référence à sa judéité[11]. Mené « entre Juifs », le débat n’en fut pas pour autant facile. Trotski prit la parole dix fois contre le Bund durant le débat, provoquant leur colère et indignation. Mis en minorité, les délégués du Bund quittèrent le Congrès.

Le Bund rejoignit formellement les rangs du POSDR lorsque toutes ses factions se réunifièrent au 4e congrès (de l'Unité) tenu à Stockholm en avril 1906, néanmoins le parti resta fracturé autour de dissensions ethniques et idéologiques. En général, le Bund tendait à soutenir la faction des menchéviks conduite par Martov et s'opposait à la faction bolchévique conduite par Lénine, et ce durant toutes les luttes fractionnelles qui agitèrent le parti jusqu'à la Révolution d'octobre 1917. Par ailleurs, les juifs étant un peu plus nombreux parmi les menchéviks que parmi les bolchéviks, Staline n'hésita pas opposer  « la véritable faction russe » à la « faction juive »...

Mais durant la révolution de 1905 (et la réaction hostile qu’elle entraîna), le nombre de pogroms fut si élevé que les efforts isolés du Bund ne parvinrent pratiquement pas à défendre la population juive. Alors président du soviet de Saint-Pétersbourg, Trotski prit part à la création des unités d’autodéfense juives à Kiev et à Saint-Pétersbourg ; il prôna la participation conjointe de Juifs et de non-Juifs pour résister aux actes de vandalisme. Albert Glotzer raconte que Trotski, après l’échec de la révolution de 1905, avait été choqué par l’atrocité des massacres et les évoqua dans ses écrits, plus que nul autre militant du parti. Dans 1905[12], il fait une description de plus de trois pages, vivante et minutieuse, du pogrom d’Odessa.

Les bolchéviks comme les menchéviks étaient bien sûr pour la suppression de toutes les lois antisémites de Russie, mais opposés à des formes d'organisations séparées dans le mouvement ouvrier et dans l’État (ils défendaient le droit au séparatisme territorial des minorités nationales, mais cela ne concernait pas les Juifs qui n'avaient pas territoire spécifique). Dans un texte polémique[13], Lénine compare même l’idée bundiste d’écoles juives distinctes avec celle des écoles ségréguées pour Noirs au sud des États-Unis.

2.3 Mouvement sioniste[modifier | modifier le wikicode]

En parallèle du Bund se développe un mouvement sioniste, qui se veut le pendant juif des mouvements nationalistes bourgeois qui emergent un peu partout à partir du 19e siècle. Et comme souvent dans le cas de nationalités opprimés, ce nationalisme penche à gauche.

C'est également en 1897 (27 août) qu'eut lieu à Bâle le premier congrès de l’Organisation sioniste.

Durant le 6e Congrès sioniste (Bâle, août 1903), Theodor Herzl, créateur du mouvement sioniste, annonça qu’il n’y avait aucun espoir, dans un futur proche, d’obtenir la Palestine ; il proposa donc l’Ouganda comme territoire national juif, tout du moins jusqu’à obtention de la « terre promise » qui faisait alors partie de l’Empire ottoman. Une rupture faillit se produire au sein du jeune mouvement ; Herzl dut user de toute son influence et de tout son charisme pour maintenir l’unité du mouvement (unité qui dura jusqu’en 1906, deux ans après son décès en 1904).

En 1903, Trotski écrit son premier article consacré exclusivement à la « question juive »[14] en commentant ce congrès. Trotski souligne la diversité des groupes qui constituaient le mouvement sioniste et prédit leur échec :

« Le congrès de Bâle, je le répète, n’est rien d’autre qu’une manifestation de désintégration et d’impuissance. M. Herzl pourra s’allier un temps avec l’une ou l’autre des "patries". Des dizaines d’agitateurs et des centaines d’hommes sincères pourront soutenir son aventure, mais le sionisme en tant que mouvement a déjà été condamné à perdre dans l’avenir tout droit d’exister. C’est on ne peut plus évident. »

Puisque le sionisme était censé disparaître et le « conglomérat de couches sociales composant le mouvement » se désintégrer politiquement, Trotski se demandait quelle organisation de gauche succéderait à la gauche sioniste « composée de l’intelligentsia et/ou de la semi-intelligentsia de la démocratie bourgeoise ».

Dans un pamphlet datant de la même époque, Le Congrès sioniste de Bâle, le Bund annonça aussi la fin du sionisme et postula au rôle de successeur de la gauche du mouvement.

La possibilité que le Bund attire les militants de la gauche sioniste poussa Trotski à réitérer ses critiques de juillet 1903. Selon lui, le Bund ne pouvait séduire des militants déçus par le sionisme car, dans sa polémique contre les sionistes, ce parti avait fini par s’imprégner de son idéologie nationaliste. De plus, si le Bund devenait l’éventuel successeur du mouvement, il finirait par « dévier le prolétariat juif de la voie révolutionnaire social-démocrate ».

En 1905 est fondé le Parti ouvrier socialiste sioniste. Ses membres sont territorialistes, partisans d’un foyer national juif mais sans référence expresse à Eretz Israël. Comme Theodor Herzl, ils furent séduits par une installation juive en Ouganda. Ses adhérents eurent un rôle actif dans les groupes d’autodéfense et furent présents dans les syndicats. Bien que critiques vis-à-vis du Bund, les sionistes russes adoptent certains de ses principes à la conférence d’Helsingfors, en 1906. De fait, le sionisme (de gauche, en particulier) devient un vecteur toujours plus important de la vie juive. Tout en espérant l’alya et une solution étatique, les sionistes-socialistes sentent qu’entre-temps il leur faut participer sans plus tarder à la vie politique du pays où ils vivent. Les théoriciens du Bund dénoncent le programme des sionistes-socialistes comme une abstraction car appuyéesur un territorialisme artificiel. Le mouvement sioniste-socialiste se désagrègera et ses adhérents partiront dans diverses directions, notamment vers le Poalé Tsion.

La naissance effective du Poalé Tsion date du pogrom de Kichinev. Il se structure en parti politique après le septième Congrès sioniste de 1905 et plus encore après la conférence de Poltava, l’année suivante, où il prend le nom de Parti ouvrier juif social-démocrate (Poalé Tsion). L’année suivante, une Union mondiale des socialistes du Poalé Tsion est créée à la Haye. Le principal théoricien du mouvement est Ber Borochov dont les écrits sont fortement influencés par Karl Marx. Ber Borochov s’intéresse au problème national et plus particulièrement pour les Juifs. Il soutient que les ouvriers juifs ont un double rôle à jouer : conquérir leur libération nationale et ensuite seulement leur émancipation sociale. Il constate également que les structures du peuple juif forment une ‟pyramide renversée”, une structure anormale générée par la vie en diaspora. Le prolétariat juif se trouve en aval de la production (transformation, répartition, services), avec une paysannerie quasi inexistante. Par ailleurs, de plus en plus de Juifs tombent dans le lumpenproletariat ou deviennent des Luftmenschen. Le Poalé Tsion reprochait uau Bund de ne pas tenir compte de la destinée commune du peuple juif, que ses membres soient des bourgeois ou des ouvriers.

Pour Trotski comme pour la plupart des communistes, le sionisme était un mouvement « utopique » (selon lui impossible à réaliser sous le capitalisme) et « réactionnaire » (la seule façon de le réaliser serait d'engendrer un conflit avec les populations arabes de Palestine).[15] Après la révolution, il estimait soit que le problème ne se poserait plus, par assimilation des populations juives, soit (et de plus en plus au fur et à mesure que les années 1930 ravivaient l'antisémitisme) que le socialisme rendrait possible l'établissement pacifique d'un État pour les populations juives.[16]

Dans un entretien postérieur, réalisé au Mexique en 1937, Trotski réitère son opposition au sionisme ; il réaffirme que seule une révolution prolétarienne pourrait apporter les conditions matérielles nécessaires à la construction nationale juive (déplacement volontaire et massif des Juifs, économie planifiée, projets topographiques, création d’un tribunal prolétarien international pour résoudre le conflit judéo-arabe). Mais le doute (« J’ignore si le judaïsme peut être reconstruit en tant que nation ») laisse cette fois place à une certitude : « la nation juive se maintiendra pour toute une époque à venir ». Trotski tente d’expliquer son changement de point de vue sur l’existence d’une nation juive :

« Pendant ma jeunesse, j’inclinais plutôt à penser que les Juifs des différents pays seraient assimilés et que la question juive disparaîtrait ainsi d’une manière quasi automatique. Le développement historique du dernier quart de siècle n’a pas confirmé cette perspective. Le capitalisme décadent a partout fait surgir un nationalisme exacerbé, dont l’antisémitisme est une des manifestations. La question juive s’est surtout exacerbée dans le pays capitaliste européen le plus développé : l’Allemagne. »

Mais Trotski ne croyait pas que le sionisme puisse constituer un refuge plausible et progressiste pour les juifs d'Europe face au rouleau compresseur du fascisme et de la guerre. Il maintenant que la seule solution (qu'il voyait comme fortement possible) était la révolution socialiste.

À propos des mesures prises par le gouvernement britannique afin de restreindre l’immigration juive en Palestine, Trotski écrivit, en juillet 1940, un mois avant d’être assassiné : « La tentative de résoudre la question juive par l’émigration des Juifs vers la Palestine peut être analysée désormais pour ce qu’elle est : un bluff tragique pour le peuple juif. Cherchant à gagner la sympathie des Arabes, plus nombreux que les Juifs, le gouvernement anglais a nettement modifié sa politique vis-à-vis des Juifs ; il a renoncé à sa promesse de les aider à fonder "un foyer national juif" en terre étrangère. Les prochains épisodes militaires pourraient transformer la Palestine en un piège mortel pour des centaines de milliers de Juifs. Jamais il n’a été aussi évident que le salut du peuple juif est étroitement lié à l’effondrement du système capitaliste. »

2.4 L'autonomisme et le SERP[modifier | modifier le wikicode]

L'historien Simon Doubnov eut aussi une certaine influence, surtout dans les milieux intellectuels. Il rejetait la conception théologique de l’histoire et prétendait développer une approche scientifique, mais non marxiste. Il polémiquait principalement contre les ‟idéologues de l’assimilation” tout en s’opposant à la religion, symbole de l’obscurantisme ; il s’opposait enfin au sionisme qu’il jugeait égoïste et confiné. Vers la fin de sa vie, Simon Doubnov se montrera toutefois plus conciliant envers celui-ci.

Ses conceptions autonomistes se traduisirent sur le plan politique par la fondation d’une section juive chez les Cadets, lors des élections de la première Douma, puis par celle du Parti du peuple juif, ou Folkspartei, dont l’existence fut de courte durée maisinfluença le monde juif.

Le Parti Ouvrier Socialiste Juif (SERP) était une organisation fondée en 1906. Ses partisans étaient aussi dits "Seïmistes". Le SERP était proche des Socialistes-Révolutionnaires, et lutta avec eux contre les bolchéviks. Le cœur de son programme était la promulgation de parlements (Diètes) juifs extra-territoriaux.

Les Seïmistes n’adhérent pas au marxisme (à la différence du Bund, pour ne citer que lui), son action s’exerce plutôt en direction de la petite-bourgeoisie et de l’artisanat. Cette formation qui ne bénéficiera jamais d’une large audience est essentiellement présente en Ukraine, avec quelques sections en Lituanie mais aucune en Pologne. Sa politique est plutôt vague et va se limiter de plus en plus aux cercles intellectuels, avant que ses membres ne se dispersent, certains pour fonder un parti avec les sionistes-socialistes, après la révolution de 1917.

3 La Révolution de Février 1917[modifier | modifier le wikicode]

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Lors de la révolution bourgeoise de Février 1917, l'antisémitisme d'État disparaît officiellement. Près de 700 textes de lois et décrets tsaristes sur les Juifs sont abolis (et la zone de résidence à cette occasion). Un des délégués du soviet, Moishe Grouzenberg, s'exclame :

« A présent par la volonté souveraine du peuple révolutionnaire nous sommes des citoyens. Camarades, si l'État russe d'avant la révolution était une prison de dimensions monstrueuse, qui ne connaissait que des prisonniers et des géôliers, la cellule la plus infecte, la chambre de la torture, en était réservée à nous, peuple juif de six millions d'âmes. »[17]

Mais cet antisémitisme structurel en Russie n'a pas disparu subitement. D'abord, les cent-noirs font une propagande haineuse contre les Juifs qu'ils accusent d'être partout parmi les révolutionnaires (libéraux comme socialistes), de spéculer, de comploter pour diriger la Russie... Quand des émeutes d'affamés s'en prennent aux boutiquiers, comme cela arrive souvent en 1917, les boutiques juives sont plus fréquemment visées. L'antisémitisme est très présent dans la paysannerie, et les soldats en sont majoritairement issus. Suite au fiasco de « l'offensive Kerensky » en juin, des soldats en repli dévastent sur leur passage les villages juifs.

Pendant la révolution de 1917, les contre-révolutionnaires accusaient les socialistes d'être juifs, donc de mener le « vrai peuple russe » à sa perte, souvent à grand renfort de théories du complot. Ces accusations pouvaient même viser Kerenski. Des Cent-Noirs attisaient la haine antisémite en s'appuyant sur la situation. John Reed témoigne que « de mystérieux individus tournaient autour des femmes qui faisaient la queue en grelottant pour du pain et du lait, chuchotant que les Juifs ont accaparés les stocks alimentaires et que les membres des soviets vivent dans le luxe »[18]. L'ouvrier Afanassiev témoigne que pendant les journées de juillet des commerçants, dans les quartiers de la ville où ils se sentaient en force, se jetaient avec fureur sur les ouvriers et les rouaient de coups impitoyablement aux cris de « cognez sur les youpins et sur les bolcheviks, foutez-les à l'eau ! ».[19]

En réaction, le 21 juin, le 1er congrès des soviets vote à l'unanimité un appel aux soviets locaux « à la plus grande vigilance face à l'activité des agitateurs antisémites, à une action incessante, à un travail constant d'explication parmi les masses populaires les plus larges afin de combattre les campagnes antisémites. » Une conférence de délégués militaires juifs se réunit spéficiquement sur le sujet de l'antisémitisme le 10 octobre, et constate : « Le pouvoir est impuissant et ne peut donner aucune garantie pour la défense des droits et de la vie des juifs. La Rada centrale est impuissante à lutter contre les pogroms. La Garde rouge ne garantie pas une véritable défense car l'antisémitisme s'y développe. » La conférence appelle donc à constituer des organismes d'autodéfense juive.[17]

L'antisémitisme s'exprimait confusément y compris au coeur des troupes bolchéviques à Petrograd, lors de la prise du Palais d'Hiver. Ainsi au cours de sa fuite cette nuit-là, Kerensky voit sur un mur l'inscription : « A bas le juif Kerensky, vive Trotski ! » Un autre témoin, Margoline, a rencontré des soldats déserteurs qui vantaient les mérites de Trotski et crachaient sur « Kerensky et ses 12 ministres, tous des juifs ! » Lorsque Margoline a essayé d'expliquer qu'en réalité Kerensky n'était pas juif mais Trotski si, les soldats ont rétorqué : « Et alors ? C'est peut-être un juif mais il est pour la paix, ça veut dire qu'il est l'un de nous ! »[17]

Par ailleurs, si les nationalistes russes rejettent les juifs hors de la nation, les traditionnalistes juifs rejettent les révolutionnaires hors du peuple juif. Par exemple Simon Doubnov déclare dans un meeting du 8 juin : « De notre milieu sont issus quelques démagogues, qui se sont joints aux héros de la rue et aux prophètes de la confiscation. Ils interviennent sous des pseudomnymes russes, par honte de leur origine juive (Trotski, Zinoviev...). Mais ce sont plutôt leurs noms juifs qui sont des pseudonymes : ils n'ont pas de racines dans notre peuple. »

4 La Révolution d'Octobre 1917[modifier | modifier le wikicode]

Factuellement, la majorité des organisations juives, des sionistes jusqu'au Bund, se sont opposées à la révolution d'Octobre. Réunis les 7-9 novembre à Minsk, 5 membres du bureau du comité central du Bund déclarent : « La terreur bolchévique, appuyée sur la dictature militaire de soldats en armes, est un grand danger pour la révolution et ouvre la voie à l'instauration d'une dicature militaire de la contre-révolution. » Trois d'entre eux (Esther Froumkina, Mikhail Rafes, Tcheremiski) seront pourtant plus tard, 3 ans plus tard, les principaux dirigeants des sections juives du parti communiste. Certains militants juifs ont néanmoins rejoint dès 1917 les bolchéviks, comme Boris Hessen, dirigeant du soviet d'Elizabethgrad, qui organisa la nationalisation de la banque fondée par son propre père.

Au dernier moment de l'insurrection, les cosaques qui gardaient le Palais d'Hiver désertent. Parmi les défenseurs, il y avait un bataillon de femmes, et surtout des junkers, et une bonne partie d'entre eux étaient juifs. Trotski décrit ainsi l'état d'esprit qui fait basculer les cosaques : « Qui restait pour défendre Kerensky ? Des juifs et des babas... mais le peuple russe, lui, était resté avec Lénine »[20].

Aussitôt après la révolution d'Octobre, Lénine pousse Trotski à accepter les plus hautes responsabilités, et celui-ci freine, notamment parce qu'il craint que sa judéité serve d'angle d'attaque favori aux réactionnaires. Lénine minimisait ce problème. Trotski fait le retour suivant sur cette question dans son autobiographie :

Mais il se trouva que Lénine avait raison. Pendant les années où la révolution montait, cette question n'était d'aucune importance. Les Blancs tentèrent, il est vrai, d'utiliser dans leur agitation, à l'intérieur de l'Armée rouge, des idées antisémites, mais ils n'eurent aucun succès. Nous en avons un bon nombre de preuves, même dans la presse des Blancs. Dans les Archives de la Révolution russe, cahiers édités à Berlin, un auteur, contre-révolutionnaire, raconte le fait significatif que voici :
«Un Cosaque qui était venu nous voir fut vexé d'entendre de quelqu'un qui cherchait à le blesser, qu'il était au service d'un youpin, qu'il marchait au combat sous les ordres du youpin Trotski. Il répliqua avec tout le feu de la conviction :
«--Rien de pareil... Trotski n'est pas un youpin !... Trotski est un combattant... Un homme à nous... Un Russe !... Voilà, Lénine, c'est un communiste. Un youpin !... Mais Trotski est à nous... Un batailleur... Un Russe ! Des nôtres !...»
On peut retrouver le même motif chez Babel, celui de nos jeunes écrivains qui a le plus de talent, dans sa Cavalerie rouge... [Traduction française de Maurice-Parijanine, aux Editions Rieder. --N.d.T.]

La question de mes origines juives ne prit de l'importance qu'au début de la campagne politique engagée contre moi. Les antisémites relevèrent la tête en même temps que les anti-trotskystes. Les uns et les autres puisaient à la même source : réaction de la petite bourgeoisie contre Octobre.[21]

Quand la presse mondiale faisait référence à la révolution russe, elle mentionnait presque toujours l’origine juive de Trotski, l’un de ses principaux leaders. La presse juive se montrait orgueilleuse des origines juives de Trotski, même si elle condamnait presque toujours son bolchévisme, tandis que Trotski tentait de détacher son image de celle d’un Juif. Quand, en 1918, une délégation juive lui demanda d’user de son influence auprès des bolchéviques pour que soit maintenue l’égalité des droits que la révolution de février leur avait concédée pour la première fois dans l’histoire de la Russie, Trotski déclara : « Je ne suis pas un Juif mais un internationaliste. » Trotski ne s’opposait pas pour autant aux droits des Juifs. Il souligne en effet, dans son Histoire de la révolution russe, le mérite de la révolution de Février qui abolit les 650 lois restreignant les droits des Juifs en Russie.

Les violences de la guerre civile russe ont été particulièrement génératrices de pogroms anti-Juifs. La plupart d'entre eux ont été commis par les forces réactionnaires, qui attisaient officiellement l'antisémitisme (par exemple l'Osvag, le service de propagande du gouvernement de Dénikine, fait courir de nombreuses rumeurs pendant la guerre sur l'existence de complots juifs). Mais des bataillons de l'Armée rouge en ont également commis spontanément, surtout dans les débuts où elle était très peu structurée. Les estimations[22] sur la responsabilité de chacune des principales forces sont les suivantes :

  • Armée nationaliste ukrainienne de Petlioura : 40 %
  • Armées vertes : 25 %
  • Armée blanche de Dénikine : 17 %
  • Armée rouge : 8,6 %

Des groupes juifs au sein du camp révolutionnaire ont été les premiers à réagir et à faire pression pour que la direction bolchévique condamne ces pogroms.[23][24] En 1918 fut créée la section juive du parti bolchévik, la Yevsektsia. En tant que chef de l’armée, Trotski fut amené à envoyer des Juifs sur le front pour éviter les commentaires antisémites qui accusaient les Juifs de rester dans les coulisses, à des fonctions administratives au lieu de prendre les armes pour défendre la révolution. Trotski autorisa, à la demande du parti sioniste de Russie, la formation du bataillon Poale Zion ; mais, conscient de l’antisémitisme de ses soldats, il suggéra que les bataillons juifs rejoignent les régiments où il y avait aussi des bataillons d’autres nationalités pour « éviter le chauvinisme qui résulte de la séparation entre les différentes nationalités, et qui, malheureusement, se fait jour quand sont formées des unités militaires nationales complètement indépendantes ».

Lénine reçut un jour un télégramme d’un sympathisant bolchévik ancien membre de Narodnaïa Volia, Makari Vasiliev, qui disait : « Pour sauver le bolchévisme, il faudrait éloigner un groupe de bolchéviques extrêmement respectés et populaires : le gouvernement soviétique y gagnerait beaucoup si Zinoviev, Trotski et Kamenev - dont la présence aux postes les plus élevés et influents ne reflète pas le principe d’autodétermination nationale - démissionnaient immédiatement. » Vasiliev exigeait également « l’éloignement volontaire de Sverdlov, Ioffé, Steklov et leur remplacement par des personnes d’origine russe »[25] De son côté le 27 juillet 1918, Lénine contre-signe pour la Russie - seule région alors contrôlée par les Bolcheviks - un décret pénalisant dans les rangs de l'Armée rouge, l'encouragement ou la participation à des pogroms antijuifs.

« Décret du Conseil des commissaires du Peuple de la RSFSR "Sur l'éradication de l'antisémitisme"

(...) Toute attaque contre une nation qu'elle quelle soit est inacceptable et humiliante. Le Conseil des commissaires du Peuple déclare que l'antisémitisme et les pogroms antijuifs signent la mort de la révolution ouvrière et paysanne et appelle le peuple des travailleurs de la Russie socialiste à se battre par tous les moyens contre ce mal. La haine nationale affaiblit nos rangs révolutionnaires, désunit le front unique des travailleurs, sans distinction de nationalité, et ne tend la main qu'à nos ennemis. Le Conseil des Commissaires du Peuple appelle tous les députés des soviets à prendre des mesures énergiques pour éradiquer l'antisémitisme. Il est prescrit de mettre hors-la-loi ceux qui participent ou appellent aux pogroms.

Le Président des Commissaires du Peuple (Oulianov) Lénine ; le chef du service administratif du Conseil des Commissaires du peuple, V.L. Bontch-Brouievitch, Le secrétaire du Conseil, N. Gorbounov »[26]

Huit mois plus tard, en mars 1919, avec des termes analogues Lénine prononça un discours contre l'antisémitisme :

« Ce ne sont pas les juifs qui sont les ennemis du peuple travailleur. Les ennemis des ouvriers sont les capitalistes de tous les pays. Parmi les juifs, il y a des travailleurs, et ils forment la majorité. Ce sont nos frères, qui, comme nous, sont opprimés par le capital ; ce sont nos camarades dans la lutte pour le socialisme. Parmi les juifs, il y a des koulaks, des exploiteurs et des capitalistes, tout simplement comme il y en a chez les russes, et parmi les peuples de toutes les nations. »[27]

Lénine accusait principalement les capitalistes de « fomenter la haine contre les juifs afin d’aveugler les ouvriers, de détourner leur attention du véritable ennemi du peuple travailleur, le capital », il pensait que l'antisémitisme appartenait au passé :

« Cela est une survivance des anciens temps féodaux, où les prêtres brûlaient les hérétiques au bûcher, où les paysans vivaient dans le servage, et que où les gens étaient écrasés et amorphes. Cette vieille ignorance féodale est en train de s’éteindre ; les yeux du peuple sont en train de s’ouvrir.  »

Lors du recensement soviétique de 1926, cinq nationalités de Juifs sont comptabilisées : « Juifs » (Ashkénazes), « Juifs des montagnes », « Krymchaks », « Karaites », « Juifs de Boukhara » et « Juifs géorgiens ». Lors des recensements suivants ils seront tous regroupés dans la catégorie « Juifs ».[28]

5 L'antisémitisme anti-bolchévique[modifier | modifier le wikicode]

Propagande antisémite représentant Trotski en diable rouge

Parmi les russes blancs (camp contre-révolutionnaire dominé par les ex classes possédantes) et parmi la plupart des milieux réactionnaires dans le monde, la corde de l'antisémitisme va largement être utilisée.

Au plus fort de la guerre civile, l’agence de presse blanche à Ekaterinbourg, publia un pamphlet intitulé Tristes souvenirs des bolchéviques. Son auteur, Sergei Auslender, y vomit sur les leaders bolchéviques et principalement Trotski : « Ce spéculateur international a mis la Russie sous sa coupe, il fait fusiller les vieux généraux de l’armée, vit dans le palais du Kremlin et commande l’armée russe. (…) Il sait comment tirer de ses esclaves ce qu’il y a de pire et de plus pourri. »[10]

Une grande partie des pogroms perpétrés par les troupes blanches, et les anti-bolchéviques en général (y compris parmi la base makhnoviste), furent souvent un acte de vengeance contre une révolution qu’ils jugeaient l’ « œuvre de Juifs ».

L'idéologie national-socialiste s'est construite notamment sur une réaction au bolchévisme. Il ne s'agissait pas de nier le caractère populaire de la révolution d'Octobre, mais d'en faire le résultat d'un complot. En novembre 1921 fut publié à Munich un pamphlet intitulé « Bolchévisme juif » et préfacé par Alfred Rosenberg, l’idéologue nazi. Le but de cette étude était de montrer que la révolution russe, par son contenu, ses idées et ses dirigeants, était profondément juive : « Depuis le jour de son apparition, le bolchévisme est une entreprise juive. » Manipulant le nombre des commissaires du peuple juifs, Rosenberg tente de démontrer que « la dictature prolétarienne qui pèse sur le peuple ruiné, affamé, est un plan préparé dans les bouges de Londres, New York et Berlin ». La haine antisémite ciblait bien entendu particulièrement « le juif Trotski-Bronstein ».

6 Les juifs et l'antisémitisme sous le stalinisme[modifier | modifier le wikicode]

Le régime bolchevik a fini par interdire le Bund, non pas en tant qu'organisation juive mais en tant qu'organisation combattant le nouveau pouvoir, comme les menchéviks auxquels il était lié.

Sous le régime stalinien, l'antisémitisme a vite connu une résurgence, finissant par frapper même ceux des juifs qui étaient les plus zélés staliniens, comme le journaliste/dénonciateur David Zaslavski[29].

Staline n'hésitait pas à sous-entendre que l'Opposition de gauche était dominée par des juifs (ce qui était factuellement faux), et ce fut encore pire au moment de l'Opposition unifiée (avec Zinoviev et Kamenev), où des staliniens répandaient l'idée que l'opposition était le fait de « trois intellectuels juifs mécontents ».[16] Officiellement, Staline niait cependant tout antisémitisme. Il dut même déclarer un jour : « Nous nous battons contre Trotski, Zinoviev et Kamenev non parce qu’ils sont juifs, mais parce qu’ils sont dans l’opposition, etc. ». Mais il prenait soin de véhiculer de nombreux sous-entendus, par exemple en insistant sur les noms juifs des bolchéviks qui avaient des pseudonymes, ou contre le fils de Trotski qui avait pris le nom russe de sa mère :

« lorsque mon fils Serge Sedov fut l’objet de l’incroyable accusation d’avoir comploté d’empoisonner des travailleurs, le GPU a annoncé dans la presse soviétique et étrangère que le véritable nom de mon fils n’était pas Sedov, mais Bronstein. Si ces falsificateurs avaient voulu souligner les liens de l’accusé avec moi, ils l’auraient appelé Trotski, puisque politiquement le nom de Bronstein ne dit rien à personne. Mais ils avaient en tête une autre idée : en fait, ils voulaient souligner mon origine juive  »[16]

A l'étranger parmi les soutiens et compagnons de route du « communisme officiel » (le stalinisme), on ne voulait pas voir ces problèmes et celui de l'antisémitisme en particulier. L'URSS était vue comme porteuse de paix entre les peuples et d'opposition radicale au nazisme.

L'antisémitisme en URSS était attisé par les insinuations de la propagande du régime, mais avait ses sources dans la société elle-même. En tant qu'héritage de l'antisémitisme présent du temps du tsarisme, mais également avec des racines renouvelées, comme l'explique Trotski :

« Les juifs sont une population typiquement urbaine. Ils représentent un pourcentage important de la population des villes en Ukraine, Biélorussie et même en grande Russie. Les soviets, plus que tout autre régime au monde, ont besoin de beaucoup de fonctionnaires. On les recrute dans la fraction la plus instruite de la population des villes. Tout naturellement, les Juifs ont occupé une place disproportionnellement importante par rapport à leur propre nombre dans la bureaucratie, surtout aux échelons intermédiaires et inférieurs. (...) La haine des paysans et des ouvriers pour la bureaucratie est une réalité fondamentale de la vie soviétique. Le despotisme du régime, la persécution qui frappe toute critique, l’étouffement de toute pensée vivante, l'appareil judiciaire enfin, ne sont que le reflet de cette réalité fondamentale. Même en raisonnant a priori, il est impossible de ne pas arriver à la conclusion que la haine pour la bureaucratie se teinte d'antisémitisme, au moins dans les régions où leu fonctionnaires juifs représentent un pourcentage élevé de la population. »[16]

Pour se préserver, la bureaucratie, qui restait majoritairement aux mains de grands russes, n'hésitait pas à détourner la colère des masses sur les seuls bureaucrates d'origine juive.

Officiellement le régime condamnait l'antisémitisme, et pendant les Grandes purges, de nombreuses personnes furent exécutées comme pogromistes. Mais paradoxalement cela allait de pair avec des insinuations antisémites dans de nombreux autres cas, jusqu'à l'absurde : « Le dernier procès de Moscou par exemple, fut mis en scène dans l’intention, à peine dissimulée, de présenter les internationalistes comme des traîtres Juifs capables de se vendre à la Gestapo allemande. Depuis 1925 et surtout depuis 1926, une démagogie antisémite, bien camouflée, inattaquable, va de pair avec des procès symboliques contre de prétendus pogromistes. »[30]

Le régime créa par ailleurs une « république autonome » pour les juifs, le Birobidjan, dans une zone quasi déserte de l'extrême orient (il ne comptera jamais plus de 1 % des Juifs soviétiques, soit un maximum de 30 000 individus), au nom du fait que chaque peuple composant l'URSS devait avoir un territoire (ceci a par ailleurs son origine dans le rejet des bolchéviks de la notion d'autonomie non territoriale).

Pendant longtemps, il était courant de dire que Staline n’était devenu antisémite qu’à la fin des années 1940. Comme le rappelle Arkady Vaksberg :

« Le fait que Staline ait été un antisémite convaincu, voire fanatique, n’a été abordé que récemment. Les nombreux livres et articles qui lui ont été consacrés dans les années 20, 30 et par la suite, font référence à ses traits de caractère, aux divers aspects de sa personnalité qui en aucun cas ne peuvent être perçus comme des vertus, sa soif de pouvoir, de vengeance, sa cruauté, ses trahisons, sa rancœur, son hypocrisie, etc. Mais son "antipathie" envers les Juifs, tout aussi avérée, qui provoqua une série d’actes criminels, ne fut mentionnée que tout récemment. Même Trotski dans son célèbre Staline, n’évoque pas ce "détail" important. »[31]

En 1932, Anna Oulianova, sœur de Lénine, révéla à Staline que le grand-père maternel de Lénine était un juif originaire de Jitomir qui s'était converti pour quitter la zone de résidence. Elle demanda à Staline de le faire connaître publiquement afin de contrer l'antisémitisme croissant en Union soviétique à l'époque, mais Staline a refusé et lui a demandé de garder le secret.[32]

En 1953, Staline fait accuser toute une série de médecins, presque tous juifs, de comploter pour assassiner des dirigeants soviétiques. C'est ce qui est connu comme le « complot des blouses blanches ».

7 Postérité : Controverses sur l'affaire des Romanov[modifier | modifier le wikicode]

Suite à l'assassinat de la famille impériale et de leurs quatre suivants, dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918 au sein de la maison d'Ipatiev, appelée de manière codée "maison à destination spéciale" un mythe antisémite va circuler dans les milieux les plus réactionnaires : celui selon lequel il s'agirait d'un « meurtre rituel juif ». Tel fut le cas, en septembre 1920, du journaliste britannique Robert Wilton dans "The Last Days of The Romanovs". En 2017, sous le régime de Poutine, la justice ouvre officiellement une enquête pour étudier cette thèse...

Mais sous un autre angle à partir des années 1970 cette thèse a été drastiquement mise à mal : l'antisémitisme en question relevait de la calomnie pure et simple. A partir d'une enquête approfondie de deux journalistes britanniques, Anthony Summers et Tom Mangold parue en 1976 The File on the Tsar (le dossier Romanov 1980) un nombre croissant d'historiens (Marina Grey, Marc Ferro, Jacqueline Monsigny, Michel Wartelle, Elie Durel, Franck Ferrand, Marie Stravlo) contestent la réalité de ce massacre. Ils limitent le régicide à l'exécution du tsar Nicolas II. Ce qu'avaient affirmé à l'époque le commandant français Joseph Lasies et divers dirigeants bolcheviks jusqu'en 1922 tels que Tchitchérine, Litvinov, Zinoviev. Or Wilton avait déclaré le 12 mai 1919 à Lasies : "Commandant Lasies, même si le tsar et la famille impériale sont en vie, il est nécessaire de dire qu'ils sont morts" [33]. Summers et Mangold avaient mis la main sur l'intégralité du rapport du juge Sokolov censé en 1924 démontrer la massacre de la famille et de la suite. Ce magistrat, proche des Blancs et de Wilton, avait expurgé du dossier de nombreuses pièces contredisant son diagnostic [34]. Nicolas II et sa famille subissaient de mai à début juillet 1918 à Ekaterinbourg les persécutions des gardes rouges. L'arrivée de la Tcheka y mit fin. Elle n'était absolument pas venue pour achever le travail par un massacre. Au contraire elle mettait à exécution l'engagement secret du pouvoir bolchevik pris auprès de l'Allemagne impériale après la signature du traité de Brest-Litovsk de protéger "les princesses" (la tsarine et ses quatre filles) et peut-être le tsarévitch. L'ouverture des archives diplomatiques montrera l'existence de négociations entre la mi-juillet et octobre 1918 entre les Bolcheviks, Tchitchérnine, Karakhan, Radek, Joffé et des représentants de l'Allemagne de Guillaume II, de l'Espagne d'Alphonse XIII, du pape Benoit XV sur l'avenir de la tsarine et des enfants. Il s'agissait soit de les échanger contre la libération des spartakistes, Karl Liebnecht, Léo Jogiches soit d'obtenir un assouplissement du traité de Brest - Litovsk voire la reconnaissance pleine et entière du régime bolchevik.

Parmi les nouveaux arrivants de la Tcheka on remarque une infirmière, la secrétaire de Zinoviev, Anna Kostina. Une lettre secrète, datée du 18 juillet 1918, informe, à Pétrograd Zinoviev, qu'on requiert le maintien de sa secrétaire dans l'Oural, pour un travail "spécialement responsable". Il fallait comprendre, en langage codé, sa participation au transfert des prisonniers de "la maison à destination spéciale" vers Perm. En outre des expertises indiquaient qu'il était impossible de faire disparaître par le feu les cadavres introuvables. Parmi les pièces dissimulées par le juge Sokolov, il y a la découverte à la mine des quatre-frères où furent trouvés de nombreux effets personnels des Romanov, de cinq cadavres d'Autrichiens dont aucun ne fut identifié comme l'un des onze détenus de la Maison Ipatiev ; cinq personnes qui s'étaient opposées vigoureusement au transfert des Romanov et de leur suite. L'examen de l'intégralité du dossier permettait également de prendre connaissance de l'existence à Perm entre septembre et novembre 1918 de dix-huit témoins attestant auprès du juge avoir vu l'ex-tsarine et ses quatre filles, toutes les cinq ensemble ou séparées. L'un d'entre eux, Natalia Moutnikh, qui les identifia toutes les cinq était une collègue et amie d'Anna Kostina. En juillet 1920 dans un journal américain San Francisco Chronicle Sunday, Zinoviev revendiqua l'exécution du tsar mais démentit le massacre de sa famille, affirmant "qu'elle vivait en sécurité dans une ville de l'Oural". De surcroît dans les archives du prestigieux Lord Mountbatten, neveu maternel de la tsarine, Summers et Mangold mirent la main sur un vieux document dissimulé jusque là. Le 27 septembre 1918, à Berlin le frère de la tsarine, Ernest de Hesse, écrivait secrètement à Londres à sa soeur Victoria (mère de Mountbatten) qu'il tenait "de deux sources sûres qu'Alix et tous les enfants sont en vie". [35]. Le mythe antisémite du massacre des Romanov ne relevait donc pas d'un fantasme plus ou moins sincère, mais bel et bien d'un complot, similaire à celui qui aboutit à la création en 1901 par la police tsariste de l'opuscule, Les Protocoles des Sages de Sion. Le 1er aout 1920 la Revue des Deux Mondes publia l'extrait d'un récit du général réactionnaire Dieterichs qui mettait subtilement en avant l'origine juive des démentis bolcheviques : "Les Bolcheviks annonçèrent la mort de l'empereur en démentant celle des autres membres de la famille impériale et de leur suite (...) Litvinov (Finkelstein) à Coppenhague avoue une partie du meurtre et nie l'autre". Il s'agissait de tenter de leur enlever toute crédibilité. A l'inverse une aristocrate libérale la comtesse Radziwill, qui s'est fait forte de mettre en doute en juillet 1920 la réalité de ce massacre en même temps qu'elle publiait le démenti de Zinoviev l'année suivante en mars 1921 démonta le caractère mensonger du Protocole des Sages de Sion, réédité avec succès à l'hiver 1919-1920. Dans une émission télévisée diffusée le mercredi 26 décembre 2018 sur la chaîne Histoire et intitulée "Romanov, la contre-enquête", des experts de la gendarmerie française ont contesté le bien-fondé des tests ADN (principal argument qui restait en faveur du maintien de la thèse du massacre) sur des corps retrouvés des décennies plus tard... comme de juste peu après la parution en Grande-Bretagne du livre de Summers et de Mangold. Du fait de l'absence de corps des membres de la famille à Ekaterinbourg et donc de preuves de leurs assassinats, un nombre incalculable d'hommes et de femmes clamèrent être soit le fils unique soit l'une des quatre filles du tsar, le plus souvent rescapés de la tuerie. Ce qui donnait du poids à la déclaration de Tchitchérine à la Conférence de Gênes : 'le tsar est mort, je ne sais pas exactement ce qu'il est advenu de la tsarine et des enfants. Je pense qu'ils ont été transportés à l'étranger." Il dit successivement qu'ils se trouvaient d'apr!ès ses lecteurs de la presse en Amérique puis en Europe fondus dans la masse de l'émigration. Parmi les prétendants au titre de l'un des cinq enfants du couple impérial on trouve dans les années 1920 "l'inconnue de Berlin" devenue rapidement Anna Tchaikovsky puis en 1931 Anna Anderson puis en 1969 Anastasia Mannahan. Elle fut reconnue, puis soutenue jusqu'à sa mort en 1984 par quantité de parents et de connaissances comme la Grande Duchesse Anastasia Nicolaeïvna Romanov, quatrième fille du tsar. Elle fut également identifiée par des tests et une preuve graphologique. Elle eut quelques ennemis intéressés à sa disparition : Ernst de Hesse notamment à propos duquel elle affirma (ce qu'il niait mais qui fut corroboré par plusieurs témoins) qu'il s'était rendu secrètement en 1916 à Saint - Petersbourg, Cyrille W.Romanov l'héritier présomptif du trône. Cette prétendante se fit passer pour la miraculée d'Ekaterinbourg, mais ne raconta jamais elle-même devant les tribunaux le récit de ce sauvetage présumé. En 1974 elle lança à Summers et Mangold lors d'une rencontre avec eux : "il n'y a pas eu de massacre là-bas, mais je ne peux pas en dire plus".

D'un autre côté, un grand nombre de juifs figureront parmi les dissidents russes émigrés. Certains ont remarqué, que parmi les juifs résidant aux États-Unis, les juifs d'origine soviétique étaient plus racistes que la moyenne, ce qui s'expliquerait par un rejet de la politique soviétique de soutien aux tiers-mondistes et à son opposition à Israël.[36]

8 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]

  1. https://web.archive.org/web/20070328175501/http://www.jewishencyclopedia.com/table.jsp?table_id=427&volid=11&title=STATISTICS
  2. Roman Rosdolsky, Friedrich Engels et le problème des peuples « sans histoire », Annexe I : La Nouvelle Gazette Rhénane et les Juifs, 1948
  3. Simon Sebag Montefiore, Young Stalin, page 96
  4. Enzo Traverso, Trotski et la question juive, Quatrième Internationale, Paris, 1990, p. 76
  5. Lénine, Projet de loi sur l'égalité des nations, mars 1914
  6. On peut trouver le texte complet de cette proclamation dans la revue russe "Katorga i ssylka", 1928, n° 48, p. 36-59, article de Wolk "G. G.Romanenko".
  7. Voir M. Bushinskyi, "Les proclamations révolutionnaires de 1883 dans la région de Poltava" (en ukrainien), Ukr. Akad. d. Wiss., Série "Za sto lit", tome III, p. 123-124, et S. Kozlov, "La vie des groupes de la 'Narodna Vola' dans la région de Romny", ibid. tome VI, p. 166-191.
  8. G. Plekhanov, "Œuvres" [en russe], tome 12, p. 370 et 367
  9. Vladimir Medem, Ma vie, 1923 (traduit en français en 1969)
  10. 10,0 et 10,1 Arlene Clemesha, Trotski et la question juive, En defensa del marxismo n°27, juin 2000
  11. Isaac Deutscher, The Prophet Armed, New York, Vintage Books, 1954, p. 74. (Trad. en français par P. Péju et E. Bolo, Le Prophète armé, Julliard, 1962.)
  12. Trotski, 1905, Écrit en 1905-1909
  13. Lénine, Notes critiques sur la question nationale, 1913
  14. Léon Trotski, La désintégration du sionisme et ses successeurs possibles, Iskra n° 56, 1er janvier 1904
  15. Léon Trotski, A propos du «problème juif», février 1934
  16. 16,0 16,1 16,2 et 16,3 Léon Trotski, Thermidor et l'antisémitisme, 22 février 1937
  17. 17,0 17,1 et 17,2 Jean-Jacques Marie, L'antisémitisme en Russie, de Catherine II à Poutine, 2009
  18. John Reed, Dix jours qui ébranlèrent le monde, 1919
  19. Léon Trotski, Histoire de la révolution russe - 26 Les Journées de juillet, le point culminant et l'écrasement, 1932
  20. Léon Trotski, Histoire de la révolution russe - 46 La prise du palais d'Hiver, 1932
  21. Léon Trotski, Ma vie, 1930
  22. G. Kostyrtchenko, La politique secrète de Staline : pouvoir et antisémitisme, Moscou, Relations internationales, 2001, p. 56.
  23. Brendan McGeever, Les Bolcheviks et l’antisémitisme, Alencontre, 19 juillet 2017
  24. Brendan McGeever, Auto-organisation des juifs et bolchévisme : l’antisémitisme dans la révolution russe, Revue Période, 2016
  25. Dimitri Volkogonov, Trotski. The Eternal Revolutionary, New York, Free Press, 1996
  26. Lénine, Vladimir Bontch-Brouïevitch, Nikolaï Gorbounov, Décret sur la lutte contre l’antisémitisme et les pogromes antijuifs, juillet 1918
  27. Lénine, Contre l’antisémitisme (discours enregistré), mars 1919.
  28. David Shneer, Yiddish and the Creation of Soviet Jewish Culture: 1918-1930, Cambridge University Press, 2004. p.52.
  29. Mediapart, Octobre 17. David Zaslavski, le zélé «travailleur de la libre presse soviétique», Août 2017
  30. Léon Trotski, « Interview with Jewish correspondents in Mexico », On the Jewish Question, New York, Pathfinder, 1994
  31. Arkady Vaksberg, Stalin Against the Jews, New York, Vintage, 1995
  32. Mansur Mirovalev, "Moscow museum puts Lenin's Jewish roots on display", Associated Press, 23 May 2011.
  33. Joseph Lasies, La tragédie sibérienne, Paris, 1920
  34. Anthony Summers, Tom Mangold, Le dossier Romanov, Paris, Albin Michel, 1980
  35. Ibidem ; Site internet Midi insoumis "La famille du tsar russe Nicolas 2 Romanov n’a pas été tuée par les bolcheviks le 17 juillet 1918 à Ekaterinbourg" 2014-2019 ; Marc Ferro, La vérité sur la tragédie des Romanov, Paris, Tallandier, 2012 ; "La deuxième mort de Nicolas II" dans Les Tabous de l'Histoire, Paris, 2002 ; Nicolas II, Paris, Payot, 1990 ; Marina Grey, Enquête sur le massacre des Romanov, Paris, Perrin, 1987-1994
  36. AntidoteZine, On the Peculiar Racism of Soviet Émigrés, 27 novembre 2017