Croissance économique

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Évolution du taux de croissance (augmentation du PIB) de la France en volume (1950-2010)

La croissance de l'économie est l'augmentation de la production de biens et de services.

Depuis la révolution industrielle, le capitalisme a provoqué une accélération de la croissance, et a rendu la croissance fondamentale pour le fonctionnement de la société : lorsque la croissance ralentit, voire devient brusquement négative (crise économique), une crise sociale s'ensuit (augmentation du chômage, diminution des salaires...). Or, le capitalisme ne peut pas se stabiliser, et voit régulièrement resurgir des crises. Par ailleurs, la croissance a lieu dans les secteurs économiques que le capital trouve suffisamment rentables (marchandises jetables plutôt que services publics), et se répartit de façon inégalitaire entre pays (en liant avec la hiérarchie impérialiste mondiale), et elle est donc loin de répondre correctement aux besoins sociaux. Enfin, tout en répondant mal aux besoins sociaux, la croissance capitaliste entraîne une forte consommation de ressources naturelles et d'énergies fossiles qui causent de graves crises écologiques.

Sous le capitalisme, la croissance est principalement la résultante macroéconomique de l'accumulation du capital par toutes les entreprises. Elle est principalement mesurée par le Produit intérieur brut (PIB).

1 Mesure de la croissance (PIB, PNB...)[modifier | modifier le wikicode]

1.1 Idée générale[modifier | modifier le wikicode]

La croissance est principalement mesurée à partir du Produit intérieur brut (PIB), qui est une mesure de la valeur marchande de l'ensemble des biens et services produits sur le territoire d'un pays donné au cours d'une période donnée, quelle que soit la nationalité des producteurs présents sur ce territoire.

Dans une entreprise donnée, on peut calculer la « valeur ajoutée » en soustrayant la valeur de ce qui est consommé à la valeur de ce qui est produit. Le PIB est obtenu en additionnant toutes les valeurs ajoutées.


La croissance sur un intervalle donné est alors obtenue en faisant la différence entre les deux valeurs du PIB. Et le taux de croissance (en pourcentage) est le taux d'accroissement de cette grandeur (obtenu en divisant par la valeur initiale du PIB).

Taux de croissance = [math]\displaystyle{ {PIB_2 - PIB_1 \over {PIB_1}} }[/math]

Les économistes utilisent généralement le terme de croissance pour décrire une augmentation de la production sur le long terme (durée supérieure à un an). Ils parlent aussi de croissance potentielle pour le niveau de croissance qui serait obtenu avec une pleine utilisation de tous les facteurs de production (travail, capital et savoir).

Icon-Wikipedia.png Voir sur Wikipédia : Produit intérieur brut.

1.2 PIB et PIN[modifier | modifier le wikicode]

En toute rigueur, pour obtenir la valeur ajoutée nette, il faut aussi soustraire l'amortissement (usure des composants du capital fixe : machines, bâtiments...). Au niveau macroéconomique, cela donne le Produit intérieur net. Mais comme les conventions pour estimer l'amortissement sont peu fiables, les comptables choisissent généralement d'ignorer ce point.[1]

1.3 PIB et PNB[modifier | modifier le wikicode]

1.4 Inflation[modifier | modifier le wikicode]

John Smith, Monthly Review, The GDP illusion, value added vs value capture, 2012

2 Tendances[modifier | modifier le wikicode]

L'avènement du capitalisme a signifié l'entrée dans un monde en croissance exponentielle.

Chaque pays a ses particularités qui font que son économie va connaître des évolutions particulières : des ressources naturelles plus ou moins valorisables et abondantes, une géographie plus ou moins favorable aux échanges commerciaux, une histoire déterminant la place dans les rapports impérialistes mondiaux, l’influence des luttes de classes plus ou moins intenses…

Mais il y a également des tendances lourdes, qui sont inhérentes au système capitaliste, à la dynamique d’accumulation du capital qui a sa logique propre, au-delà des particularités et des différentes politiques économiques.

On peut s'intéresser aux variations de court terme de la croissance, ou à ses variations de long terme.

Étant donné qu'il est très difficile d'établir un modèle dans une science si peu expérimentale que l'économie, de nombreux débats ont eu lieu et continuent d'avoir lieu sur ces variations et sur leur caractère plus ou moins régulier, prévisible ou explicable.

Il est certain qu'il y a des cycles économiques, les plus réguliers étant ceux de court terme, et ce sont aussi ceux qui sont le plus intrinsèquement économiques. Les notions d'ondes longues sont plus débattues, et elles semblent ne pas pouvoir être étudiées indépendamment de changements politiques majeurs.

Quoi qu'il en soit il y a clairement des périodes dans lesquelles l'économie peut être durablement en croissance lente (longue dépression, grande dépression, période ouverte depuis les années 1970...), et plus rarement, durablement en croissance forte (« trente glorieuses »).

Sur le plus long terme, certains économistes hétérodoxes débattent sur la question des transformations séculaires du capitalisme (capitalisme tardif...).

3 Effets de la croissance[modifier | modifier le wikicode]

Dans le cadre du capitalisme, la croissance est déterminante, parce qu'elle surdétermine de nombreuses autres variables (salaires, chômage, dettes…). Ceci parce que dans le capitalisme, le « ruissellement » du capital vers la société, aussi faible soit-il, est le facteur déterminant.

Un niveau de croissance minimal est nécessaire pour faire baisser le chômage (loi d'Okun).

La croissance surdétermine aussi les niveaux de salaire. Évidemment le salaire dépend du niveau de combativité ouvrière. Mais ce serait une erreur de penser que ce niveau de combativité est un facteur autonome. Sinon on ne comprend pas pourquoi le mouvement ouvrier a connu de plus en plus de reculs dans la plupart des pays suite au tournant néolibéral des années 1980.

Les mécanismes sont divers :

  • Avant le gâteau grossissait vite, ce qui permettait aux patrons d’augmenter les salaires et les profits en même temps.
  • La croissance favorisait les grandes usines, ce qui facilitait l’organisation collective. A l’inverse le ralentissement a poussé à réduire les effectifs, à sous-traiter… et l’augmentation du libre-échange et de la mondialisation, qui a été une réponse pour faire baisser les coûts de production, a aussi diminué le rapport de force des salarié·es.

La croissance surdétermine également la dette publique.

PacManVampirisation.gif
Augmentation de la part du capitaliste au détriment de celle du travailleur.

Exemple : début 19e, tournant néolibéral...

PacManCroissance.gif
Une hausse de la productivité permet aux capitalistes d'accorder des hausses de salaires réel, tout en augmentant leurs profits.

Exemple : 30 glorieuses, Belle Époque...

4 Discours idéologiques[modifier | modifier le wikicode]

4.1 Culte de la croissance[modifier | modifier le wikicode]

Les économistes, journalistes et politiciens dominants parlent sans cesse de croissance sur un ton presque messianique[2][3][4]. On l'attend pour tous nous sauver. Au mieux, on en parle comme d'un aléa semblable à la météo, ce qui souligne à quel point le capitalisme est un système qui n'est maîtrisé par personne (la croissance est un phénomène émergent, les capitalistes individuels, eux, sont mus seulement par le profit). Les défenseurs du patronat ont un intérêt idéologique à prôner sans cesser les « efforts nécessaires pour renouer avec la croissance », parce que cela permet de justifier des contre-réformes (baisse des salaires et des services publics, précarisation...).

Les États cherchent en permanence à « relancer » la croissance, en général en subventionnant les entreprises.

La focalisation sur la croissance du PIB comme indicateur est relativement récente, ce qui peut donner une impression de pure subjectivité. Mais sous d’autres termes, cette croissance est étudiée depuis la naissance du capitalisme : quand Smith recherchait les « causes de l’augmentation de la richesse des nations », quand Marx cherche les causes de la dynamique de « l’accumulation du capital », c’est de croissance qu’il s’agit. Les économistes s'intéressent donc en partie à ce phénomène parce qu'il s'agit d'un phénomène objectif et notable qui contraste avec les époques précapitalistes.

Mais il s'y intéressent aussi parce que la croissance a des effets majeurs sur la société, et que si l'on a pour seul horizon le mode de production capitaliste, maximiser cet indicateur peut sembler le mieux à faire - à une dissonance près : l'impact évident de la croissance sur les écosystèmes.[5] Les économistes orthodoxes (libéraux) tout comme la plupart des hétérodoxes (keynésiens) se battent pour telle ou telle politique économique, c’est-à-dire tel ou tel réglage du capitalisme censé favoriser la croissance. Si les politiciens sont toujours en train de parler de croissance, c’est aussi parce que c’est un des seuls moyens de contenter un peu l’électorat sans toucher aux fondements du capitalisme (l'autre moyen étant l'utilisation de boucs émissaires).

D'un point de vue marxiste, il est important de comprendre que ce « culte de la croissance » n'est pas le fruit d'une simple erreur d'économiste ou d'un aveuglement qui pourrait être facilement dissipé (ce qui serait une vision idéaliste), mais est produit structurellement par le capitalisme. Pour ne plus avoir besoin de croissance, il faut transformer les fondements de la société, pour que son moteur ne soit plus la concurrence pour le profit.

4.2 Mouvement pour la décroissance[modifier | modifier le wikicode]

Certains courants politiques prennent le contrepied du culte de la croissance, et prônent au contraire la décroissance, principalement pour des raisons écologiques.

4.3 Mouvement socialiste[modifier | modifier le wikicode]

Le mouvement socialiste peut être grossièrement divisé entre :

  • des sociaux-libéraux, qui pensent que la croissance peut être simplement mise en service des besoins sociaux, et qu'une « croissance verte » peut être mise en place ;
  • des réformistes qui veulent sortir du capitalisme, mais graduellement. A chaque fois qu'ils se sont retrouvés au pouvoir, ces courants ont fait face à des baisses de croissance, et leur absence de réelle volonté d'affrontement avec la bourgeoisie les a conduit à reculer, pour se centrer à nouveau sur l'objectif de relance de la croissance ;
  • des révolutionnaires, qui pensent que le capitalisme (et les capitalistes) résiste à tout changement graduel, et doit être renversé par une révolution (expropriation et socialisation du capital).

5 Notes[modifier | modifier le wikicode]