Biologie

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La biologie est la science du vivant.

C'est une science très étendue et composée de nombreux sous-domaines, car la vie prend de très nombreuses formes et ses mécanismes complexes ne peuvent être compris qu'en articulant différentes échelles (molécules, cellules, organismes, populations...).

Au sein de la biologie, le développement de la théorie de l'évolution au 19e siècle (en particulier par Darwin) a été fondamental pour faire avancer la vision matérialiste du monde, et a porté un coup sévère aux visions simplistes de nos origines (les visions religieuses dogmatiques en particulier). Contre tout fixisme, elle a montré que le vivant est en évolution permanente.

Les espèces sociales, en particulier notre espèce, ont développé des capacités d'apprentissage culturels très important, si bien que des caractéristiques humaines comme le comportement ou la santé sont à la fois le fruit de « câblages » biologiques innés et de constructions sociales complexes. Cette interaction complexe entre biologie (neurologie, génétique...) et sciences humaines (psychologie, sociologie...) est source de profonds débats fortement imprégnés d'idéologie.

1 Notions générales[modifier | modifier le wikicode]

1.1 Origines de la vie[modifier | modifier le wikicode]

Sur la base de toutes les données disponibles, l'hypothèse de loin la plus vraisemblable est que la vie a émergé à un moment donné à partir de la matière inanimée. Il a déjà été observé que des molécules servant de base aux organismes vivant, comme les acides aminés, pouvaient se former spontanément dans certains milieux. Par ailleurs les phénomènes d'émergence de structures complexes à partir de structures simples sont observés dans beaucoup d'autres domaines. Mais cela reste un domaine de recherche important. Si la plupart des chercheurs penchent pour une origine de la vie dans les océans, une partie soutient l'hypothèse d'une arrivée de vie déjà présente sur des météorites (panspermie).

Icon-Wikipedia.png Voir sur Wikipédia : Origines de la vie.

1.2 Évolution des espèces[modifier | modifier le wikicode]

La plupart des cosmogonies mythiques et des religions avaient tendance à présenter des créations du monde avec l'homme (souvent en supériorité) et les autres espèces telles que nous les connaissons. L'accumulation de données sur les animaux avaient pu faire émerger chez certains penseurs des réflexions sur la parentés entre être vivants. Mais c'est essentiellement Charles Darwin au 19e siècle qui va proposer un modèle explicatif convaincant faisant du vivant un ensemble continu, qui évolue et se différencie en fonction de son environnement.

Dans la vision de Darwin, les mutations surviennent au hasard, et c'est a posteriori que leurs effets (bénéfiques, néfastes ou neutres) vont déterminer si elles disparaissent (avec leur hôte) ou se répandent (par la sélection naturelle et la sélection sexuelle). D'autres visions concurrentes, comme celle de Lamarck, voyaient au contraire l'évolution comme le résultat d'une transformation au cours du vivant d'un individu, qui se transmettrait à sa descendance.

Pour schématiser : selon Lamarck, c'est parce qu'elle a étiré son cou toute sa vie que la girafe produit des petits avec un cou plus long, alors que selon Darwin, c'est parce que les girafes au cou trop court ont fini par mourir que la longueur moyenne des cous s'est agrandie.

1.3 Génétique et épigénétique[modifier | modifier le wikicode]

Darwin observait les différentes espèces et en inférait sa théorie de l'évolution, mais il n'avait pas encore les moyens de décrire par quels mécanismes biologiques (à l'échelle moléculaire) le processus de mutation et de transmission s'opérait. A son époque, on ne connaissait pas l'ADN.

L'essor de la génétique (étude du « code du vivant », notamment l'ADN) va profondément corroborer et compléter la théorie de l'évolution. En première approche, la génétique a confirmé que l'ADN se reproduit à l'identique (avec bien sûr le brassage sexuel), avec de temps en temps des mutations aléatoires. Ce qui infirmait la vision de Lamarck puisque les caractères acquis au cours de la vie ne se transmettent pas.

Mais depuis quelques années, l'épigénétique est venue nuancer ce constat. Il est prouvé qu'il y a une influence (modérée) des conditions environnementales au cours de la vie (par exemple l'alimentation, le stress...) sur le « code épigénétique » (schématiquement : des modulations du code génétique qui influencent sa lecture), celui-ci pouvant se transmettre à la descendance.

🔍 Voir sur Wikipédia : Génétique et Épigénétique.

2 Biologie et société[modifier | modifier le wikicode]

2.1 Naturel vs culturel[modifier | modifier le wikicode]

Une distinction généralement faite est celle entre ce qui est naturel (souvent réduit à la génétique) et ce qui est culturel (issu d'un apprentissage).[1][V 1]

Il faut souligner qu'en réalité, la dichotomie n'est pas entre génétique et culturel, mais entre génétique et facteurs environnementaux (qui incluent la culture, mais aussi d'autres influences : variations du climat, expositions à des bactéries ou des allergènes...).

Il est difficile de déterminer scientifiquement ce qui relève de la biologie et ce qui relève de l'environnement, pour plusieurs raisons :

  • Difficultés expérimentales :
    • on ne peut presque jamais faire d'expérience à proprement parler, pour des raisons éthiques (on ne peut pas volontairement créer des conditions qui vont avoir potentiellement une influence majeure sur le développement d'un enfant) ;
    • on ne peut faire que des études rétrospectives, consistant à accumuler un grand nombre de données (ce qui est complexe et coûteux), pour tenter de dégager des corrélations et inférer des hypothèses sur les causes.
  • Difficultés conceptuelles, dues au fait que les deux aspects sont fortement entremêlés :
    • Par exemple, l'épigénétique est au carrefour de la biologie et de l'environnement. Des caresses au niveau d'un ventre de personne enceinte peuvent avoir une influence épigénétique sur le bébé. L'alimentation durant la vie a une influence épigénétique, qui se transmet ensuite à la descendance. L'influence de l'environnement ne doit pas être vue comme commençant seulement à la naissance.

Une des méthodes les plus courantes pour tenter de déterminer l'influence des facteurs génétiques est la comparaison de différentes situations : vrais jumeaux ayant été élevés ensemble, vrais jumeaux ayant été élevés séparément, frères et sœurs... On peut ensuite observer si, statistiquement, pour une caractéristique donnée, l'identité ou la proximité génétique est corrélée à une caractéristique commune.

Par exemple, pour les caractéristiques de type « apparence physique », la corrélation entre deux vrais jumeaux est très forte, même si les différences de conditions de vie peuvent les faire diverger légèrement. Lorsque l'on fait des comparaison de QI, en revanche, la part de l'environnement et la part génétique semblent d'un ordre de grandeur comparable (60% pour l'environnement selon certaines études, mais il y a peu de consensus dans ce domaine qui est très biaisé par des enjeux idéologiques).

Autre résultat qui montre l'importance du facteur environnemental : le fait que le QI moyen des population a augmenté dans les pays riches au moment où ils ont connu un accès de masse à l'éducation, à partir des années 1950 (« Effet Flynn »).

2.2 Inné vs acquis[modifier | modifier le wikicode]

De même, on oppose souvent l'inné (ce qui est présent dès la naissance) et l'acquis (ce qui apparaît plus tard tard dans la vie).[V 1]

On considère souvent l'opposition inné /acquis comme synonyme de l'opposition naturel / culturel, mais ce n'est pas exact. Une caractéristique peut être naturelle, mais apparaître bien après la naissance (comme la puberté, ou une maladie génétique qui se manifeste avec l'âge). Et une caractéristique peut être acquise, mais d'origine naturelle (comme un virus). Et une caractéristique peut être présente à la naissance, mais avoir été influencée épigénétiquement avant la naissance.

2.3 Différences et inégalités biologiques[modifier | modifier le wikicode]

Il est évident qu'il y a des différences biologiques entre individus au sein de l'humanité. Ces différences s'expliquent par une interaction complexe entre biologie et « environnement », en prenant environnement au sens large : tout ce qui est autre que le code génétique (l'alimentation, le climat, l'éducation, la culture...).

Par exemple, le fait d'être sous-alimenté pendant l'enfance conduit à avoir une taille plus petite. En revanche, même en ayant une alimentation optimale, un individu donné ne peut pas dépasser naturellement une certaine taille. Cette taille est le résultat d'un ensemble de gènes.

On peut évidemment penser aussi aux différences ethniques : couleur de peau, tendance à avoir telle proportion de couleur de yeux ou cheveux... Et également aux différences entre sexes, même si elles forment plus un continuum avec deux pôles principaux qu'une stricte binarité.[2]

En France en 2024, l'obésité touche 21% des ouvriers et 13% des cadres. L'impact des inégalités sociales est donc majeur. Cela n'empêche pas qu'il est prouvé que certaines prédispositions génétiques à l'obésité existent.[3]

2.4 Discours idéologiques[modifier | modifier le wikicode]

2.4.1 Appel à la nature[modifier | modifier le wikicode]

Un biais de raisonnement courant est de faire de l'appel à la nature. C'est-à-dire de s'appuyer sur le fait que quelque chose serait naturel pour le justifier, ou de qualifier quelque chose de « contre-nature » pour le dévaloriser. Cela revient à dire que ce qui est naturel est bon, et ce qui est artificiel (créé par un ou des humains) est mauvais. Or cette association n'a aucun fondement, puisque « la nature » est un résultat de lois physiques et chimiques spontanées qui n'ont aucune raison d'être « moralement bonnes » (sauf à considérer que la nature est en fait dirigée par une divinité).

Le débat sur ce qui est naturel et ce qui est culturel devrait donc, idéalement, être découplé de tout enjeu de justification idéologique quelconque.

2.4.2 Darwinisme social[modifier | modifier le wikicode]

Certains réactionnaires, sans rapport avec la pensée de Darwin, ont défendu un « darwinisme social ». Ils font une analogie entre la sélection naturelle des « individus les plus aptes », et les inégalités dans les sociétés humaines. Il s'agit d'une tentative de justifier idéologiquement ces inégalités en les naturalisant (encore une forme d'appel à la nature).

Les recherches les plus sérieuses montrent que les inégalités sociales (richesse, culture ou même santé) sont sur-déterminées par l'environnement social. Donc la division de la société en classes sociales et les fluctuations économiques du capitalisme sont bien plus sources d'inégalités que les inégalités biologiques entre individus à la naissance. Et la sociologie a depuis longtemps montré que les inégalités sociales se reproduisent largement de génération en génération, avec leur propre dynamique, et que la notion de méritocratie n'a aucun fondement.

Les discours tendant à justifier les inégalités sociales par les inégalités naturelles sont faux, et réactionnaires car ils détournent les exploités et les opprimés de la lutte des classes, en instillant fatalité et désolidarisation.

2.4.3 Objectivité et idéologie[modifier | modifier le wikicode]

Les biologistes, comme la plupart des scientifiques, tendent à être plus à gauche que la moyenne de la population, même si ce qui domine est plutôt un démocratisme modéré. Un certain nombre de biologistes célèbres ont été plus ou moins ouvertement marxistes. Par exemple, J.B.S. Haldane, John Maynard Smith ou Stephen Jay Gould, Richard C. Lewontin et Richard Levins.

Les rapports entre leur positionnement politique et leur objectivité scientifique sont complexes, puisqu'ils sont loin d'être tous d'accord entre eux. Mais les « plus marxistes » ne sont pas forcément les plus capables de faire preuve de rigueur dans leurs polémiques.

Haldane soutenait que la biologie donnait un exemple de comment fonctionnait la dialectique de la nature. Plusieurs commentateurs ont souligné la proximité entre la théorie des équilibres ponctués de Gould (selon laquelle l'évolution procède par « bonds ») et la vision marxiste du changement historique (avec ses révolutions).[4]

Dans les années 1960 et 1970, un très fort courant, y compris parmi les scientifiques, voit d'un très mauvais œil toute idée de déterminisme génétique. Cela s'explique en grande partie par une réaction aux instrumentalisations réactionnaires par des eugénistes bourgeois et d'extrême droite, qui ont culminé dans les théories racialistes et les expérimentations nazies.

Les biologistes de gauche (Lewontin, Gould, le groupe Science for the People) sont parmi les plus véhéments contre ceux qui recherchent des causes biologiques au comportement humain (biologie du comportement, sociobiologie, psychologie évolutionniste). Leur motivation assumée est de lutter contre les récupérations des résultats de ces disciplines par la droite.

Des biologistes de gauche se sont parfois positionnés en critiques de l'interprétation dominante de la théorie de l'évolution (synthèse néodarwinienne), contrairement à d'autres biologistes de gauche qui considèrent ce cadre comme valide (John Maynard Smith, Richard Dawkins), et qui accusent Gould et Lewontin de trop se laisser guider par l'idéologie, et de faire des hommes de paille dans leurs critiquesErreur de référence : La balise ouvrante <ref> est mal formée ou a un mauvais nom.Erreur de référence : La balise ouvrante <ref> est mal formée ou a un mauvais nom.Erreur de référence : La balise ouvrante <ref> est mal formée ou a un mauvais nom..

2.4.4 Opposition avec la sociologie[modifier | modifier le wikicode]

Nombre d'universitaires démocrates par rapport aux républicains, selon la discipline. (USA)

Des commentateurs opposent parfois la biologie à la sociologie, en attribuant à chacune des intentions idéologiques opposées. Il est clair que de telles intentions idéologiques ont existé et continuent à exister. Par exemple, des biologistes réactionnaires ont élaboré des théories des races avec la justification des inégalités et des dominations impérialistes comme arrière pensée. Il arrive encore fréquemment que des biologistes soient biaisés par leur genre dans l'étude de caractéristiques sexuelles (chez l'humain ou même chez d'autres espèces).

Inversement, des biologistes accusent une partie des sociologues de nier toute prédisposition naturelle ou différence naturelle entre humains, en décrivant le nouveau-né comme une page blanche qui serait déterminée à 100% par les facteurs sociaux. Cela peut aussi être vu comme le débat : existe-t-il une nature humaine ou pas ?

En somme, certains accusent la biologie de faire du réductionnisme biologique, et d'autres accusent la sociologie de faire du réductionnisme social. En filigrane, certains accusent la biologie d'être de droite et d'autres la sociologie d'être de gauche.[V 2][V 1] D'autres cherchent à dépasser cette guerre des sciences[5][V 3].

Factuellement, même si la plupart des sociologues sont très à gauche, la plupart des biologistes le sont aussi. Il faut noter également que les femmes sont majoritaires parmi les biologistes aujourd'hui, ce qui limite les risques de biais liés au genre. L'opposition entre ces deux disciplines, qui est un exemple de ce qui est parfois nommé « guerre des sciences », est sans doute lié à un manque de dialogue qui gagnerait à être surmonté.

Selon certains commentateurs, la tendance à nier tout déterminisme biologique est une caractéristique du postmodernisme[6]. Ironiquement, au sein même des sciences sociales, certains dénoncent une tendance à nier le poids des structures comme relevant du postmodernisme.

3 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]

Vidéos

Textes