Conclusions et annexe

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Puisqu'il faut conclure[modifier le wikicode]

La question de l'avenir immédiat se pose, inséparable des perspectives lointaines. Où va l'U.R.S.S. ? Entre la pression des Etats-Unis dont la crise des Caraïbes a montré la détermination, ses propres contradictions, et la montée des masses, les aspirations démocratiques de millions de Soviétiques, la marge de manœuvre de l'appareil apparaît sérieusement réduite.

Les préoccupations des dirigeants américains se reflètent dans les recherches de leurs spécialistes des questions russes, les « soviétologues », dont l'inspiration n'est pas désintéressée. Pour réintégrer le tiers du monde dans le marché du capitalisme mondial, pour effacer les conquêtes d'Octobre, existe-t-il une autre méthode que celle de Hitler, la guerre de conquête camouflée en croisade du « monde libre » contre le « totalitarisme » ? Les Occidentaux peuvent-ils espérer trouver en U. R. S. S., ailleurs que parmi les bureaucrates soucieux de conserver et d'accroître leurs privilèges, un point d'appui pour leurs entreprises ? L'intérêt porté par les chercheurs au mouvement Vlassov et aux « erreurs » hitlériennes est significatif de cette préoccupation permanente.

En fait, les spécialistes sérieux ont depuis longtemps catégoriquement rejeté les rêveries d'émigrés sur une restauration pacifique du capitalisme. L'économiste Naum Jasny condamne nettement l'irresponsabilité de ceux qui prétendent qu'une décollectivisation pourrait ne pas être « une calamité gigantesque, une immense catastrophe »[1]. Au sujet de l'économie kolkhozienne, Isaac Deutscher remarque judicieusement : « Une ferme collective ne peut se fractionner en une centaine de petites fermes privées, pas plus qu'un paquebot transatlantique ne saurait se scinder en petits bateaux à voile »[2]. George Fischer a, lui aussi, dénoncé les erreurs énormes que les champions de la croisade s'apprêtent à renouveler en s'imaginant qu'une propagande « made in U. S. A. » pourrait mordre sur les masses soviétiques. Il semble bien d'ailleurs qu'involontairement ce soit Vlassov qui ait donné lui-même les clés de l'avenir russe. A la veille de sa capture, c'est Deutscher qui rapporte l'épisode, il confie à ses compagnons, des officiers nazis, « qu'il n'y avait qu'un seul moyen de gagner la confiance du peuple soviétique : [ ... ] leur dire que Staline avait déformé et falsifié l'enseignement de Lénine et que le moment était venu de restaurer la véritable république d'ouvriers et de paysans telle que Lénine l'entendait ». Deutscher commente : « Sous l'intervention ridicule de Vlassov se cache une grande vérité ; car l'espoir d'une renaissance de la révolution est resté vivace dans l'esprit du peuple soviétique entretenu par les souvenirs lointains de l'époque léniniste. »

Déjà, au lendemain de la guerre, « le parti de loin le plus important parmi les réfugiés est celui qui se dénomme le « parti de Lénine » et qui préconise le retour aux origines démocratiques de la révolution »[3]. Les informations de plus en plus nombreuses qui nous parviennent confirment cette tendance. L'Anglais William Just, qui en 1956, a interrogé de nombreux étudiants russes sur l'avenir de leur pays, a rapporte des réponses significatives : « Nous pensons que nous aurons une véritable démocratie ouvrière; tous les travailleurs seraient libres de former leur propre organisation politique. [ ... ] Nous voulons plus d'un candidat pour chaque fonction. [ ... ] Tous les groupes d'ouvriers devraient pouvoir présenter leurs propres candidats »[4]. Klaus Mehnert, dont les sympathies pour la démocratie à l'occidentale ne sont pas dissimulées, écrit à propos du mouvement pour la démocratisation : « Le point d'insertion concret de réflexions politiques réside surtout dans l'institution à laquelle l'Etat soviétique doit son nom et à laquelle on peut se référer ouvertement : celle des soviets (conseils). » Aussi considère-t-il comme probable que « les forces qui souhaiteraient une démocratisation n'envisageraient pas d'élaborer une Constitution de type français ou américain, mais de libérer les conseils de la situation humiliante où les plonge leur simple rôle d'approbateurs passifs, leur donnant ainsi une existence politique authentique »[5]. Le groupe clandestin de « léninistes », déjà cité, partisan de la restauration démocratique des soviets, écrivait de son côté en 1954 que le mot d'ordre de la politique extérieure des successeurs de Staline était « l'ère de la coexistence pacifique entre Malenkov et Eisenhower au détriment du prolétariat ».

Les illusions sont donc minces, de part et d'autre : l'impérialisme n'a aucun espoir de trouver des alliés dans les courants d'opposition à l'intérieur de l'U.R.S.S. Et ceux-ci savent que Kennedy sera leur pire ennemi. Comme en 1943-45, c'est dans la peur des révolutions que manifeste la bureaucratie, dans sa politique conservatrice et sa volonté de compromis par un « accord au sommet » que résident les chances de succès des entreprises américaines, au premier chef l'élimination de la Menace que constitue, au cœur de son empire, la révolution cubaine, et, en second lieu, la réintégration dans le marché capitaliste du tiers de l'humanité.

Traçant, en, 1938, le programme de la révolution politique qu'il prévoyait et appelait a, préparer en U.R.S.S., Trotsky fixait comme tâches le rétablissement de soviets véritables, la restitution de leur contenu démocratique par l'élimination de la bureaucratie et de la nouvelle aristocratie. Dix-huit ans avant que la jeune génération ne commence à concevoir et à tenter d’appliquer ce programme il écrivait : « La démocratisation des soviets est inconcevable sans la légalisation des partis soviétiques. Les ouvriers et les paysans eux-mêmes, par leurs libres suffrages, montreront quels partis sont soviétiques »[6]. Ces lignes prophétiques ont longtemps fait sourire spécialistes et politiques « réalistes ». Elles sont pourtant, depuis 1953 de nouveau à l'ordre du jour, avec leur auteur, que le revanche de l'histoire appelée « déstalinisation » a transformé d'écrivain maudit en un ressuscité géant de la pensée socialiste. Qu'on y prenne garde pourtant : ce n'est pas en spécialiste de l'U.R.S.S. qu'il a écrit ses lignes, mais en dirigeant révolutionnaire, dans un programme global de révolution mondiale. Car, pas plus aujourd'hui qu'en 1918 ou en 1938, l'avenir de l'U.R.S.S. ne peut être séparé de la lutte à l'échelle mondiale pour le renversement du capitalisme. En ce sens, la perspective de la victoire du socialisme dans le monde s'oppose à celle de la coexistence pacifique, c’est-à-dire de la survivance simultanée du capitalisme et de la bureaucratie .....

Pour qui admet cette perspective, bien des discussions sur le bolchevisme paraissent byzantines. Le komitetchik portait-il en lui les germes de l'apparatchik ? La pensée dialectique de Lénine a-t-elle engendré la scolastique de Staline ? Le bolchevisme est-il le père légitime du stalinisme ? Pour répondre, il faudrait sans doute que la roue de l'histoire ait cessé de tourner et les réponses les plus catégoriques viennent de ceux qui croient qu'elle s'arrête avec eux. En réalité, l'histoire à tout moment, est grosse de virtualités contraires. Dans le phénomène historique appelé « bolchevisme » étaient incontestablement en germe, non seulement Staline et ses portraits géants, ses bureaucrates et ses policiers, ses litanies et ses crimes, les aveux ignominieux, les tortures, la balle dans la nuque et le cadavre qui roule dans les caves de la Loubianka, mais aussi les forçats intrépides dans les bagnes du tsar, les inlassables militants clandestins, les combattants de la guerre civile qui s'enchaînaient à leurs mitrailleuses, les « saints » de la Tcheka dont parle Victor Serge, les constructeurs d'avenir, bâtisseurs d'usines et de chemins de fer en Sibérie, les vieux-bolcheviks irréductibles et les jeunes enthousiastes mourant pour leurs convictions, sous les coups et dans l'ombre. Il y avait les procès de Moscou comme l'octobre polonais et hongrois, les vieux militants s'accusant des pires crimes comme les jeunes gens qui découvrent, quarante ans après, les conseils ouvriers et un chemin que l'on croyait perdu.

Ce serait toutefois faire preuve d'une grande myopie ou d'un persévérant parti pris que d'attribuer à la seule idéologie des bolcheviks des conséquences aussi extrêmes et diverses. En tant qu'homme et phénomène historique, Staline est au moins autant le résultat du séminaire orthodoxe de Tiflis que du comité ouvrier de Bakou et la bureaucratisation du parti bolchevique s'explique, mieux que par les conceptions centralistes de Lénine, par l'état arriéré et l'inculture d'une société de moujiks soumise à une servitude séculaire. Les écrivains, - la quasi-totalité des spécialistes occidentaux - qui s'en prennent au « bolchevisme » et le clouent au pilori comme responsable de tous les crimes de l'époque stalinienne ont tort d'exiger d'un parti politique qu'« il soumette et élimine les facteurs beaucoup plus denses de masse et de classe qui lui sont hostiles »[7]. La génération qui vient les renverra dos à dos avec les hagiographes qui font du parti bolchevique l'instrument tout-puissant capable de violer l'ensemble des lois du développement social.

Le parti bolchevique ne mérite ni cet excès d'honneur ni cette indignité. Il a été seulement et simplement un parti ouvrier, c'est-à-dire un instrument historique. En tant que tel, il a réalisé le but qu'il s'était fixé, détruire l'autocratie, créer un Etat ouvrier qui pouvait, dans certaines conditions, être l'avant-garde de la révolution socialiste mondiale. Les conditions spécifiques de la Russie expliquent partiellement, non seulement son idéologie et sa structure, mais la relative facilité de son succès initial, la prise du pouvoir par le prolétariat russe de 1917, cette « merveille de l'histoire ». Mais elles se retournent ensuite contre lui et contre ses objectifs ultimes. De la même façon, la révolution industrielle en Allemagne avait créé le premier parti social-démocrate de masses du monde, puissant, riche, solidement organisé, éducateur socialiste de toute une génération, et ce succès même a fait naître les conditions de son incapacité à rompre avec une bourgeoisie à laquelle il avait tant arraché qu'il craignait, en la quittant, de tout perdre : le « réformisme » et le « social-chauvinisme » ne guettent que les partis dont le passé est rempli de grandes victoires partielles. Dans les deux cas, la dégénérescence de l'instrument révolutionnaire le transforme en facteur agissant historiquement dans la direction opposée. Les socialistes allemands engagent leur appareil, en alliance avec les hobereaux, les grands bourgeois et les généraux, contre les conseils ouvriers de 1918-19, et l'étiquette de « social-démocrate » devient une « chemise sale ». Le stalinisme, né de la lassitude et nourri des défaites de la révolution après la première guerre mondiale nourrit à son tour les défaites, la lassitude et le découragement d'autres générations. Si le spectacle qu'il a donné au monde a laissé intactes les illusions de millions d'hommes qui ne croient au paradis socialiste que parce qu'ils ne peuvent le voir, il salit pour des millions d'autres le visage du « socialisme » et ou « communisme » et permet aux défenseurs du capitalisme, après les horreurs des guerres mondiales et du nazis, de se poser en défenseurs de la liberté et de la « civilisation » et de prolonger ainsi leur règne condamné.

Le stalinisme n'aura pourtant été qu'une parenthèse historique, une sorte d'excroissance. Pas plus que le capitalisme n'est parvenu à faire croire à la majorité des sujets d'un empire qui s'étend des Andes à l'Angola, du sud des Etats-Unis et de l'Union sud-africaine où l'on lynche, à l'Europe qui a suscité en quinze ans Mussolini, Hitler et Franco, qu'il était le « monde libre » et la « civilisation », le stalinisme n'a réussi à se faire prendre, ni à se prendre lui-même pour le socialisme. Résultat monstrueux d'un équilibre provisoires entre les contradictions du monde à l'époque de la crise du capitalisme, Il est lui-même étreint par des contradictions que son tentaculaire appareil ne parvient pas à surmonter, puisqu'il continue à diffuser, bon gré mal gré, les idées, mortelles pour lui, de Marx, Engels, Lénine, et doit parler de lutte des classes pour étouffer la lutte des classes.

Plus que jamais, pourtant, le socialisme est à l'ordre du jour, non pas la caricature de socialisme bâtie par trente années de stalinisme et démasquée en quelques semaines par les jeunes Hongrois et Polonais, mais le socialisme à l'échelle de la planète. Aucune illusion n'est possible : le XX° siècle a vu resurgir les formes les plus barbares d'oppression, dotées de moyens scientifiques et techniques sans précédent, et, avec le régime nazi, l'entreprise la plus systématique - et la plus réaliste - de destruction d'une partie de l'humanité qui ait jamais été entreprise; avant-goût de la barbarie, punition réservée par l'histoire à l'humanité si elle ne sait pas se débarrasser à temps des superstructures économiques, sociales et politiques qui la vouent à l'autodestruction avec l'efficacité que confèrent les armes thermonucléaires. Ainsi que l'a écrit Brecht, « le ventre est encore fécond d'où est sortie la chose immonde ». Le capitalisme, en développant comme il l'a fait les moyens de production, a jeté les bases de formes supérieures d'organisation économique et sociale dont sa survie empêche aujourd'hui la réalisation. Sous son ère, la deuxième révolution industrielle commence par la fabrication massive d'armements atomiques : sa destruction est nécessaire pour permettre l'épanouissement des fors productives qu'on peut attendre des progrès de la science et de la technique. L'automation, qui crée la possibilité de supprimer du même coup salariés et consommateurs. Main d’œuvre et marchés, le condamne aussi sûrement que ses propres contradictions antérieures.

Il est de bon ton aujourd'hui, dans certains milieux se réclamant du socialisme, de souligner les caractéristiques du capitalisme occidental pour en tirer des conclusions générales sur de « nouvelles » lois du développement social, découvrir de « nouvelles » structures de classes qui remettraient en question la lutte des classes, et d'affirmer en conséquence la confiance dans les possibilités d' « évolution » du capitalisme. C'est ainsi qu'un critique historique, s'efforçant récemment de tirer un bilan d'une histoire de l'U.R.S.S., pensait pouvoir affirmer l'existence d’« une réalité profonde qui oriente les masses ouvrières d’Europe occidentale vers une voie évolutive dont les insurrections de type « grand soir » sont exclues et reléguées parmi les accessoires de musées »[8].

Lignes étonnantes sous la plume d'un homme dont le métier est d’écrire et de penser l'histoire, une histoire qui ne peut se découper en tranches d'une ou plusieurs années, plus encore au siècle des guerres mondiales et des révolutions dans le monde entier. Les couches privilégiées des travailleurs et la petite bourgeoisie que le capitalisme engendre et nourrit ont toujours aspiré à une « évolution », parce qu'elles reculent devant un mouvement socialiste dont elles craignent qu'il ne soit « niveleur ». Il y a plus de cinquante années que les marxistes ont caractérisé comme un phénomène d'auto-défense de la bourgeoisie la création d'une aristocratie ouvrière et l'utilisation de l'expansion impérialiste pour renforcer cette couche protectrice des intérêts de la classe dominante.

Il est vrai, que, d'une certaine manière, les travailleurs des U.S.A. et d'Europe occidentale constituent une sorte d'aristocratie ouvrière au-dessus de la masse mondiale des travailleurs sous-alimentés, des mineurs boliviens ou katangais, des guajiros cubains, des coolies de partout. Mais, depuis 1917 le grand fait historique est précisément que la commotion révolutionnaire qui secoue les peuples anciennement colonisés remet en question ces minces privilèges et compromet un équilibre trop hâtivement baptisé par certains, « évolution ». C'est dans les montagnes de Cuba, dans les plantations et dans les sucreries qu'a commencé la révolution américaine, dont la bataille décisive se livrera, tôt ou tard, dans Detroit, dans Pittsburgh, dans les métropoles industrielles du nouveau continent après que les ouvriers et paysans cubains, brésiliens, argentins, péruviens, auront miné les bases de l'impérialisme « yanqui » dans leurs propres pays. Il est vrai aussi que, dans les pays capitalistes avancés, partis et syndicats ouvriers ont développé des appareils conservateurs qui pèsent de tout leur poids pour freiner une prise de conscience qui ne pourrait être que révolutionnaire, et conjuguent leurs efforts à ceux des classes dominantes dont les moyens de diffusion et de propagande moderne, cinéma, radio, télévision, s'emploient à droguer et à étourdir les travailleurs. « Le pain et les jeux » ne sont pas un remède nouveau. Mais ce qui était bon pour une plèbe romaine oisive et mendiante ne peut l'être longtemps pour l'ouvrier moderne.

Certes, il est infiniment plus difficile de construire un mouvement ouvrier révolutionnaire dans les pays avancés qu'il ne l'a été d'en construire un au début de ce siècle dans la Russie tsariste. Mais ce n'est pas parce qu'une tâche est malaisée qu'elle cesse pour autant d'être nécessaire. Les bolcheviks, conscients de cette difficulté - Lénine l'a soulignée maintes fois - l'ont probablement encore sous-estimée, puisque, finalement, ne s'est constitué nulle part un parti semblable au leur, et, moins encore, le parti mondial qu'ils avaient cru bâtir en fondant l'Internationale communiste. Pour ceux qui entendent poursuivre leur tâche, l'approfondissement de la crise du capitalisme et la crise de la bureaucratie sont aujourd'hui de puissants facteurs favorables, les seuls qui, en définitive soient « nouveaux » dans le rapport de force mondial. C'est pourquoi la révolution socialiste mondiale - qui n'a jamais été, sauf pour les sots, les ignorants ou les malveillants, le « grand soir » -est restée à l'ordre du jour, même si elle exige d'abord un immense effort pour la construction du parti mondial qui serait son instrument historique. L'histoire, à cet égard, a confirmé la leçon de 1917, avec l'important additif suivant : l'expérience de ces décennies a en effet ancré dans l'esprit de millions de travailleurs l'idée très simple que, comme le disait la jeune chinoise dont la pensée révolutionnaire a mûri pendant la période des Cent Fleurs, le vrai socialisme ne peut être que très démocratique, qu'il ne peut être réalisé que par tous et pour tous, à l'échelle du monde.

Les perspectives ouvertes à l'humanité par les conquêtes scientifiques dépassent jusqu'à nos facultés de rêve. Mais, pour conquérir un avenir, il faut d'abord maîtriser le présent. Seuls les ennemis d'un avenir socialiste peuvent aujourd’hui jeter l'anathème sur le bolchevisme : ou bien l'humanité sombrera dans l'apocalypse d'une guerre atomique généralisée, ou bien le bolchevisme aura été une étape, l'une des premières, dans la longue préhistoire de l'humanité. Sous peine de nier l'intervention dans l'histoire de la volonté consciente sous la forme élémentaire, et même artisanale, de l'organisation, sous peine de prêcher la renonciation, la résignation, la soumission, de condamner le principe même de la lutte en rejetant les victoires qui ne sont que partielles, les autres ne peuvent que reprendre à leur compte la conclusion de Rosa Luxembourg à sa sévère critique du bolchevisme : « Le problème le plus important du socialisme est précisément la question brûlante du moment : [ ... ] la capacité d'action du prolétariat, la combativité des masses, la volonté de réaliser le socialisme. Sous ce rapport, Lénine et Trotsky et leurs amis ont été les premiers à montrer l'exemple au prolétariat mondial ; ils sont jusqu'ici les seuls qui puissent s'écrier « J'ai osé ! ». C'est là ce qui est essentiel, ce qui est durable dans la politique des bolcheviks. En ce sens, il leur reste le mérite impérissable d'avoir, en conquérant le pouvoir et en posant pratiquement le problème de la réalisation du socialisme, montré l'exemple au prolétariat international, et fait faire un pas énorme dans la voie du règlement de comptes final entre le capital et le travail dans le monde entier. En Russie, le problème ne pouvait être que posé. C'est dans ce sens que l'avenir appartient partout au bolchevisme »[9].

Postface : Renaissance du bolchevisme[modifier le wikicode]

Une postface à l’édition de 1971 du « parti bolchevique » .

En réalité, les années soixante allaient le démontrer : la crise finale du stalinisme, ouverte au lendemain de la mort de Staline est notamment marquée par la renaissance du bolchevisme en Union Soviétique même. C'est en effet au cours de cette décennie que commence à se reconstituer la continuité historique entre l'opposition au sein de la société russe post-stalinienne et la tradition révolution­naire d'octobre 1917. Coupé au lendemain de la dégéné­rescence du parti et de l'Etat ouvrier soviétique, le fil de l'histoire est en train de se renouer.

Le « printemps de Prague » - en apparence si tragiquement achevé avec l'entrée des chars russes en Tchéco­slovaquie et le début de la « normalisation » - a constitué une étape décisive pour cette renaissance[10]. Non seulement parce que la floraison tchécoslovaque, à la suite des révolutions hongroise et polonaise de 1956, restitue en 1968 vigueur et élan à toutes les aspirations profondes à la démocratie dans le socialisme; non seulement parce que l'éveil de la jeunesse et de la classe ouvrière tchécoslovaques démontre que, dans tous les pays dominés par la bureaucratie, la classe ouvrière cherche à reconquérir ses droits et libertés démocratiques - y compris le plus fondamental, celui de prendre en main la destinée de la société tout entière -, mais parce que les militants d'avant-garde parmi les communistes tchécoslovaques prennent conscience de la signification et de la portée de leurs actions en Union Soviétique même, et que ce message y est reçu et transmis.

Au moment où les commentateurs les plus avisés estiment à peu près écarté tout danger d'intervention russe, c'est le journaliste communiste tchécoslovaque Jiri Hoch­man qui écrit dans Réporter : « Nous n'avons commis aucun des péchés dont nous sommes accusés, et nous n'étions pas engagés dans une quelconque liquidation du socialisme « par la bande », et nous n'avons pas non plus l'intention de liquider nos relations avec nos alliés et de passer de l'autre côté de la barrière. Néanmoins, nous sommes en train d'introduire sur la scène un élément qui ne peut pas constituer simplement un aspect d'une ligne de propagande, car il s'agit en réalité du nœud de la question. Nous avons introduit le spectre de la liquidation du pouvoir absolu de la caste bureaucratique, cette caste introduite sur la scène internationale par le « socia­lisme » stalinien. Objectivement parlant, c’est une étape de l'histoire que tout pays connaît. Mais la bureaucratie, bien qu'elle n'ait pas encore les dimensions d'une classe, révèle ses traits distinctifs dans tout ce qui concerne l'exer­cice du pouvoir. Elle prend des mesures préventives pour sa propre défense et elle continuera de le faire jusqu'à sa fin tragique. ( ... ) Nous sommes en train d'approcher de la destruction du pouvoir de cette caste, maintenant pres­que héréditaire, qui est attachée par mille liens de corrup­tion et d'intérêts mutuels à ses équivalents à l'étranger. Telle est l'étendue de notre péché. Nous ne mettons pas le socialisme en danger. Bien au contraire. Nous mettons en danger la bureaucratie qui est en train, lentement, mais sûrement, d'enterrer le socialisme à l'échelle du monde. Et c'est pourquoi nous ne pouvons guère nous attendre à la coopération et à la compréhension fraternelle de la bureau­cratie »[11].

Dans les mois qui suivent, c'est dans les colonnes de Politika, hebdomadaire du P.C.T. fondé au lendemain du « congrès clandestin »[12] tenu sous la protection des ouvriers pragois à la barbe de l'occupant, que les communistes Frantisek Samalik et Karel Bartosek soulignent le lien réel qui rattache à l'octobre russe de 1917 la révolution tchécoslovaque brutalement interrompue le 21 août 1968[13]. Et, précisément, en 1968, parviennent d'Union Soviétique des voix qui prouvent que l’usage a été entendu. Pour la première fois depuis que Staline avait vaincu le parti de Lénine et Trotsky, des communistes russes ont fait connaître au monde leur solidarité avec les communistes frappés par la bureaucratie dans les pays satellites. Pour la première fois également, ils affirment, en dépit des risques que comporte leur action, qu'ils pen­sent, eux aussi, comme Hochman et ses camarades, que c'est en Union Soviétique que se déroulera le combat déci­sif contre la bureaucratie pour le socialisme.

Ce n'est pas par hasard que l'année 1968 a été celle de la grève générale en France, du printemps de Prague, des manifestations étudiantes de Pologne et de Yougoslavie, en même temps que celle de l'apparition en Union sovié­tique d'une opposition communiste nette et publique, de l'épanouissement de la littérature clandestine du Samiz­dat[14] et de la réapparition de l'opposition dans des mani­festations de rue. Né de l'isolement de la révolution dans un seul pays, arriéré, nourri des défaites successives des premières vagues de la révolution mondiale, le stalinisme est profondément secoué par la vague qui commence à soulever le monde entier et nourrit notamment les espoirs et l'activité d'hommes pour qui le stalinisme a incarné et continue à incarner une véritable contre-révolution.

Les hommes[modifier le wikicode]

La nouvelle apposition communiste en Union Soviétique n'est pas née de l'affaire tchécoslovaque, qui a seule­ment donné l'occasion d'organiser ses premières initiatives publiques et l'a contrainte à rompre avec la clandestinité totale des petits groupes d’initiés. La tradition qui la nourrit est en effet fort ancienne puisqu'elle remonte au bolchevisme lui-même.

Au cœur du noyau qui la constitue et l'inspire se trouve un homme, qui symbolise cette continuité, un vétéran du bolchevisme, rescape des camps staliniens. Alexis Kosterine. Né en 1895, militant ouvrier depuis 1911, membre du parti bolchevique depuis 1916, ancien combattant de la guerre civile, puis journaliste, Kostérine, arrêté au temps des grandes purges staliniennes, a été détenu dans divers camps de concentration jusqu'en 1955. Son nom est connu de tous les Russes, puisque le journal de guerre de sa fille Nina Kostérina, a été une sorte de « best-seller » de l'époque du dégel. Réintégré dans le parti à sa libération, à nouveau exclu en 1957, réintégré de nouveau, Kostérine devait être exclu une nouvelle fois en 1968. A la veille de sa mort, au lendemain de l'intervention en Tchécoslova­quie, il rédige une lettre de démission dans laquelle il affirme notamment : « Avec ou sans la carte du parti, j'étais je suis je serai marxiste-léniniste, communiste, bolchevik. Telle est ma vie, de ma jeunesse à ma tombe »[15].

C'est autour de cet homme que s'est constituée la tête de cette opposition communiste qui apparaît au grand jour en 1968, des hommes de toutes générations et de toutes conditions, mais tous marqués par leur attachement au bolchevisme et à la tradition révolutionnaire d'Octobre. Ce sont Pavel Litvinov, âgé à l'époque de vingt-huit ans, le petit-fils du vieux-bolchevik, assistant de physique; Pierre Iakir, quarante-cinq ans, fils du héros de la guerre civile fusillé en même temps que Toukhatchevski, lui-­même en camp de concentration de 1937 - à quatorze ans - jusqu'en 1954, réintégré dans le parti à sa libéra­tion chercheur à l'institut d'histoire de l'Académie des sciences ; Pierre Grigorenko, cinquante-neuf ans, militaire de carrière ancien combattant de la deuxième guerre mondiale, général de brigade, professeur de cybernétique : sanc­tionné par Khrouchtchev en 1961, arrêté, et interne dans un « hôpital psychiatrique » en 1964, libéré, travaillant comme ingénieur, puis comme débardeur; Ivan Iakhimovitch, trente~huit ans, ancien président d'un kolkhoze modèle de Lettonie, longtemps figure de proue de la pro­pagande officielle, rallié à l'opposition au début de 1968 ; Anatole Martchenko, le docker, auteur d'une remarquable récit[16] sur les camps de concentration post-staliniens dans lesquels il avait déjà passé plus de six ans. Ce sont aussi des femmes comme Larissa Bogoraz, enseignante, compagne de l'écrivain Iouli Daniel, comme la poétesse Natalia Gorbanevskaja, les étudiantes - de vingt ans - Olga Joffé, Irina Iakir, Valérie Novovordskaja, Irina Belgo­rodskaja, Irina Kaplan. Des hommes de tous les milieux sociaux, les mathématiciens Pavhntchouk[17], Pissarev, Pimenov, les enseignants Iouli Kim et Ilya Gabaï, l'étu­diant-détenu politique Vladimir Boukovsky, les étudiants Ponomarev, Kapranov, Jiltsov, les ouvriers Borissov, Guer­chouni, Djemilev, Vorobiev, les historiens Alexandre Sne­gov. Léomde Petrovski, petit-fils du vieux-bolchevik, Roy Medvedev, chargé par Khrouchtchev d'écrire un « bilan du stalinisme » qui ne put voir le jour qu'en samizdat - et des centaines d'autres dont les noms nous sont ou non parvenus.

Car ces hommes et ces femmes, entre lesquels Kostérine constitua le lien et dont il fut le véritable maître à penser, ont su, à leur tour, gagner et former des disciples qui surgissent au fur et à mesure des arrestations et des internements, et prennent la place des militants tom­bés.

Les étapes[modifier le wikicode]

II est aujourd'hui possible de retrouver dans le passé les jalons de la constitution de cette opposition en remon­tant jusqu'à la période de la déstalinisation, au lende­main du discours de Khrouchtchev au XX° congrès. L'époque du « dégel », caractérisée, du point de vue des dirigeants de la bureaucratie, par une volonté de « libérali­sation » limitée et étroitement contrôlée, laissait en effet une petite place à une prudente dénonciation des crimes du stalinisme attribués à la « déviation » du « culte de la personnalité » et aux boucs émissaires, Béria et les hommes du groupe « anti-parti ». Un certain nombre d'écrivains s'efforcent cependant d'élargir la mesure de liberté d'expression qui leur est ainsi octroyée pour témoi­gner et interroger, et c'est sous cet angle qu’il faut consi­dérer la publication du célèbre ouvrage d’Alexandre Sol­jenitsyne, Une journée d'Ivan Denissovitch.

Dans ce cadre limité commence à s'exprimer, par le biais d'interrogations, une critique encore timide des explications officielles concernant notamment les grandes purges et les procès, mais aussi une mise en question de l'information une tentative pour répondre aux questions posées par la société soviétique, difficultés issues de la reforme économique, excès de violence et « hooliganisme. » chez les jeunes, « survivances » du stalinisme : critique et mise en question incontestablement dangereuses dans le climat politique et social né des très graves difficultés de l'économie.

Le procès contre le poète Stanislas Brodski, condamné en 1964 à cinq ans de prison pour « fainéantise » et « parasitisme social », constitue la première tentative officielle pour intimider cette opposition qui tâtonne; mais il contribue en même temps à inciter les éléments les plus jeunes de l'intelligentsia à rechercher des formes clandes­tines d'expression et par conséquent d’organisation. C’est au lendemain de la chute de Khrouchtchev que s'est apparemment créée clandestinement l' « Union des Communards » - qui groupe plus de deux cents membres dans diverses grandes villes - et que paraissent quelques numéros de périodiques, clandestins eux aussi, Kolokol et les Cahiers de la démocratie socialiste. Les manuscrits littéraires refusés par les maisons d'édition circulent dans le pays de la main à la main et, de plus en plus nombreux, prennent le chemin de l'étranger.

André Siniavski et Iouli Daniel sont arrêtés en septembre 1965 : ils sont accusés d'avoir expédié à l'étranger des manuscrits, publiés sous des pseudonymes, comportant des attaques contre le régime. II s’agit pour les autorités de faire un exemple à travers les deux hommes qui sont présentés comme des agents de l'impérialisme et des adversaires du socialisme. Or l'opératIon échoue, non seulement du fait de la faiblesse de l'accusation, mais surtout de la résistance farouche des accusés, qui oblige le tribunal à juger pratiquement à huis clos une affaire dont on vou­lait faire une démonstration spectaculaire[18]. Ces deux faits rendent en outre possible l'organisation d'actions de solidarité : la défense peut présenter des témoins a décharge et les premières réactions des P.C. étrangers sont encourageantes pour ceux qui songent à organiser une résistance. Et c'est effectivement a partir du procès de Daniel et Siniavski que l'opposition semble s'être véri­tablement constituée, à partir de la prise de conscience de l'écho rencontré par la lutte pour les droits et libertés démocratiques, des possibilités existant réellement en ce domaine des forces susceptibles d'être mobilisées. II sem­ble que ce soit à ce moment-là qu'ont commencé à se réunir autour de Kostérine les meilleurs des éléments qui ont pris des risques pour défendre les deux écrivains, et qui ont en commun la volonté d’un « retour à Lénine » et au « bolchevisme léninisme ». C’est en partie sous leur influence que le samizdat devient de moins en moins littéraire et de plus en plus ouvertement politique.

La grande bataille politique suivante se noue autour de questions proprement historiques, la discussion entre historiens sur deux publications, le dernier volume de l'Histoire du P.C.U.S., et l'ouvrage d'Alexandre Nekritch sur l'attaque allemande de juin 1941[19]. Dans les deux cas, la même question est abordée, celle des responsabi­lités de Staline et du régime bureaucratique, qui appelle celle, plus fondamentale encore, de la vérité historique et par conséquent du sens de l'histoire de l'Union Soviétique depuis la révolution. Les plus ardents des adversaires de Staline, les enfants de vieux-bolcheviks Iakir et Petrov­ski, et de Snegov qui proclame fièrement être « du camp de Kolyma »[20], posent simultanément deux problèmes : celui de Staline, dont ils combattent farouchement la réha­bilitation, même indirecte, et du même coup celui de la tradition révolutionnaire internationaliste d'octobre 1917 : Slezkine met en question non le pacte germano-soviétique de 1939, en lui-même mais l'« arrêt de la lutte contre le fascisme » qui l'a suivi[21] ; Petrovski stigmatise la res­ponsabilité de Staline et de sa théorie suivant laquelle la social-démocratie était l'adversaire principal, dans la vic­toire sans combat de Hitler en Allemagne; Snegov rap­pelle la trahison de la révolution espagnole et le partage de la Pologne avec Hitler au lendemain du massacre des dirigeants communistes polonais. La lutte contre la menace de réhabilitation de Staline devient bataille pour renouer le fil de la continuité historique; la reconquête, par les communistes russes, de leur l'Histoire devient non seule­ment celle de leur passé, stalinisme compris, mais reconquête du bolchevisme. C’est à elle que l'on doit quelques ­uns des documents les plus importants nés de l'action de l'opposition, la Lettre des enfants des vieux-bolcheviks assassinés par Staline[22], les textes de Medvedev[23] et Iakir[24] sur les crimes de Staline, le livre de Grigo­renko sur Staline et la deuxième guerre mondiale[25]. La bureaucratie tente de clore le débat en condamnant le livre de Nekritch et en excluant ce dernier du parti[26]. Cependant, sa contre-attaque va porter, non sur les ques­tions d'histoire, mais sur l'activité clandestine de jeunes intellectuels, Iouri Galanskov qui a publié le recueil Phénix 66 et Alexandre Guinzburg qui a rassemblé les documents du Livre blanc sur l'affaire Siniavski-Daniel[27].

Cette brutale offensive va se solder par un cuisant échec politique. Renouant avec les traditions éprouvées de l'ère stalinienne, le K.G.B. a réalisé cette fois un gros effort de préparation afin de démontrer la liaison qui existerait entre Guinzburg et Galanskov d'une part et les agents, en Russie et à l'étranger, de l'organisation blanche d'extrême-droite N.T.S. Un seul des accusés, le chrétien Dobrovolsky, accepte de coopérer avec l'accusation, cependant que les autres se défendent avec acharnement. Le procès, dans une ambiance sauvage de parodie de justice et de chasse à la sorcière, n'atteint donc pas l'objectif recherché. Litvinov, Larissa Bogoraz et d'autres manifestent devant la salle du tribunal leur volonté de lutter pour que soient accordées aux accusés les garanties qu'ils sont en droit d'attendre aux termes de la Constitution. Le verdict est à peine rendu que paraît un « Appel à l'opinion publique mon­diale et à l'« l'opinion soviétique »[28] signé - le fait est sans précédent - des noms et adresses de ses auteurs. L'acte de courage de Pavel Litvinov et Larissa Bogoraz, qui ont suivi de bout en bout le procès et systématique­ment rassemblé la documentation pour cet appel, rencontre un large écho dont attestent aussi bien les nombreuses lettres d'encouragement reçues par Pavel Litvinov[29] que les initiatives qui suivent. De son kolkhoze de Lettonie, Ivan lakhimovitch écrit aux dirigeants russes une lettre ouverte qui sonne comme un ultime avertissement : « Je vis en province, où, pour une maison électrifiée, dix ne le sont pas, où les autobus n'arrivent pas à passer en hiver, où la poste a des retards de plusieurs semaines. Si ces informations sont parvenues à nous de la manière la plus large, vous pouvez vous faire une idée de ce que vous avez commis, de quelles graines vous avez semées dans ce pays. Ayez le courage de réparer ces erreurs tant que les ouvriers et les paysans ne se sont pas encore mêlés, de ces affaires »[30].

La protestation s'élargit et s'amplifie dans les semaines qui suivent : lettre contre les procès, signée de 139 intellectuels et travailleurs de Kiev, en février[31], lettre de Pierre Iakir, Ilya Gabäï et Iouli Kim contre la « restau­ration du stalinisme »[32], appel de mars 1968 à la conférence des P.C. de Budapest, signé, entre autres, de Gri­gorenko, Iakir, Gabaï, Kim, Litvinov, Larissa Bogoraz et Alexis Kostérine[33], lettre du mathématicien Pliouchtch à la Komsomolskaja Pravda sur « les Thermidoriens et l'affaire Guinzburg-Galanskov »[34].

Le mouvement ainsi lancé bénéficie de l'élan provoqué par les événements de Tchécoslovaquie. Les opposants russes voient dans ce qui se passe à Prague un écho et un encouragement pour leur propre lutte; ils compren­nent en même temps que les dirigeants russes sentent leur existence menacée par de tels développements et qu'il faut s'attendre de leur part à des réactions violentes. Le 29 juin, déjà, Grigorenko, Iakhimovitch, Kostérine, Pissarev et Pavlintchouk adressent leur « Lettre de cinq commu­nistes » aux communistes et au peuple tchécoslovaque, affirmant leur réprobation de la « manière unilatérale et fort peu objective » dont la presse russe informe ses lec­teurs[35]. Dans une lettre qu : il adresse le 22 juillet aux principaux journaux communistes russes et tchécoslovaques, à l'Humanité et à l'Unità, l'ancien déporté Anatole Martchenko se déclare solidaire des mots d'ordre de « socia­lisme démocratique » lancés en Tchécoslovaquie, et en explique la portée pour l'Union Soviétique : « Si la Tché­coslovaquie parvient effectivement à organiser chez elle un socialisme démocratique, il n'y aura peut-être plus de justification à l'absence de libertés démocratiques dans notre propre pays; il se peut alors, sait-on jamais, que nos ouvriers, nos paysans, notre intelligentsia, veuillent la liberté dans la pratique et non sur le papier »[36]. Ayant, comme Jiri Hochman, le Tchécoslovaque, compris l'enjeu de la lutte commencée à Prague, le militant russe ajoute : « J'ai honte de mon pays qui se présente à nouveau dans le rôle infâme de gendarme de l'Europe »[37].

Son arrestation, le 29 juillet, revêt une alarmante signification. Les « Cinq » se retrouvent parmi les signataires des textes révélant, en même temps que l'arrestation de Martchenko, les préparatifs d'intervention contre la Tchécoslovaquie[38]. Et c'est avec une escorte de jeunes gens que Griogorenko et Iakhimovitch se rendent à l'ambassade tchécoslovaque de Moscou pour exprimer directement au représentant de la république-sœur les sentiments déjà exprimés par écrit[39] : un geste que ne leur pardonne­ront pas ceux qui sont en train de préparer l'entrée en action des tanks. La police intervient pour empêcher l'organisation de la protestation, par exemple à Leningrad où elle arrête un avocat, Iouri Guendler, et deux ingénieurs, Studentkov et Kvachevski, coupables d'avoir rédigé un tract contre l'intervention imminente[40]. Dans la nuit du 21 au 22 août, c'est un jeune homme de vingt ans, du nom de Bogouslavski, qui est arrêté pour avoir tracé des inscriptions contre l'intervention[41]. Des tracts sont dis­tribués, d'autres inscriptions tracées sur les murs dans les jours qui suivent, à Moscou et Gorki au moins.

Et, le 25 août, c'est l'événement sans précédent depuis quarante ans, la première manifestation publique contre la politique gouvernementale : Pavel Litvinov, Larissa Bogoraz, Victor Fainberg, Constantin Babitsky, Vadim Delau­nay, Vladimir Dremliouga et Natalia Gorbanevskaja déploient sur la place Rouge à Moscou des banderoles dénonçant l'intervention[42]. L'arrestation immédiate des manifestants, les interpellations de leurs amis et relations, les lourdes peines qui vont les frapper à l'issue de leur procès au cours du mois d'octobre ne brisent pas le mou­vement, mais semblent au contraire contribuer à l'élargir, à l'organiser et à le nourrir. Iakhimovitch rédige un texte dont la conclusion résume la ligne des opposants : « Léni­nisme, oui! Stalinisme, non ! »[43]. Le 14 novembre, à l'occasion de l'enterrement de Kostérine, les opposants réussissent à organiser une manifestation, malgré les pré­cautions accumulées par les autorités et les pièges tendus par la police : Grigorenko, Iakir, Jakobson, et des repré­sentants des Tatars de Crimée prennent la parole et pro­noncent de véritables discours politiques[44]. En février 1969, Grigorenko et Iakhimovitch distribuent eux-mêmes à Moscou des tracts dénonçant la normalisation en Tché­coslovaquie, évoquant le suicide récent de l'étudiant pragois Jan Palach[45].

Les dirigeants, décidés à frapper, ne prendront cependant pas le risque d'un procès public, ni même celui d'ar­rêter Grigorenko dans la capitale : c'est à Tachkent où il s'était rendu pour prendre une fois de plus la défense des Tatars de Crimée, qu'il est arrêté[46]. Les opposants, désormais, ne sont plus jugés, mais « internés » dans de prétendus « hôpitaux psychiatriques » les spetzbolnitsa où des policiers-psychiatres ont mission de briser leur volonté. Grigorernko, Iakhimovitch sont parmi les pre­miers. soumis à ce nouveau traitement, et le « journal » de Grigorenko parvenu à sa femme, puis, par elle, à l'étran­ger, révèle les nouvelles techniques employées pour briser les animateurs de la nouvelle opposition[47].

C'est dans ce contexte que le 20 mai 1969, Pierre Iakir rend publique la proclamation d'un « Groupe d'initiative pour la défense des droits civiques » : ouvriers, ingénieurs, enseignants, économistes et chercheurs de toute généra­tion signent avec lui ce texte simple et explosif[48]. La plupart des signataires, comme l'ouvrier de Leningrad Borissov, vont se retrouver à leur tour en « hôpital psy­chiatrique ». Et l'initiative est alors relayée par la fonda­tion du « Comité pour la défense des droits de l'homme » qu'anime notamment le physicien Sakharov - opposant « de droite », partisan d’une « véritable coexistence paci­fique ». Un homme au moins, le biologiste Jaurès Medve­dev, frère de l'historien, sera arraché par les efforts de tous aux griffes des agents du K.G.B. déguisés en psychia­tres[49]. Le combat, clandestin et semi-clandestin, la diffusion du samizdat, continuent.

Les acquis de l'opposition[modifier le wikicode]

Pour la première fois depuis la défaite de l'opposition de gauche en 1927, des textes, élaborés en Union sovié­tique même, et qui sont parvenus en Europe occidentale, permettent de se faire une idée précise de la physionomie politique de l'opposition, de ses acquis, de ses réalisations, comme de ses lacunes et de ses faiblesses.

D'abord, l'opposition a, dans une très large mesure, commencé à reconquérir l'histoire de l'Union Soviétique malgré les années de falsifications et de mensonges, les tentatives d’imposer une version du passé conforme aux intérêts des hommes et de la couche au pouvoir. Les historiens - et parmi eux, nombreux, les victimes du stalinisme ­ont pu, pendant la brève période du « dégel », accéder à des documents jusque-là interdits, voire, comme Roy Med­vedev, interroger des survivants. Nous ne disposons pas de la « somme » - plus de 1 000 pages - rédigée primitive­ment par ce dernier à la demande de Khrouchtchev, mais cet ouvrage capital - qui sera d'ailleurs bientôt publié ­a été connu dans les milieux touchant à l'opposition et a certainement contribué à nourrir ses analyses : Sakharov souligne notamment que, écrite dans « une optique marxiste », elle s'oppose à ses propres conceptions[50]. La lettre de Roy Medvedev à Kommunist[51], celle de Grigorenko à Questions d'histoire du P.C.U.S.[52], celle de Iakir à Kommunist[53] demandant la mise en accusation posthume de Staline, apportent non seulement des confirmations et des précisions à l'information donnée par l'op­position de gauche dans les années du stalinisme triomphant, mais la complètent sur bien des points, en donnant une idée beaucoup plus précise et une description plus détaillée par exemple des cas de répression collective ou familiale. Il est d'ailleurs significatif que les textes de l'opposition communiste d'aujourd’hui reprennent comme naturellement le réquisitoire autrefois dressé par Trotsky contre les « crimes de Staline ».

Dans l'ensemble, les textes de l'opposition dénoncent la bureaucratie comme une couche privilégiée, appuyée et secrétée par l'appareil du parti, ayant usurpé à son profit le pouvoir politique et utilisant pour le conserver l'activité de sa police politique et, de façon plus générale, des méthodes contraires non seulement à l'esprit du commu­nisme mais à la lettre même de la Constitution soviétique. Les opposants s'emploient à dénoncer l'incapacité de cette bureaucratie à répondre aux besoins de la société sovié­tique et à développer les conquêtes de la révolution d'Oc­tobre, et la caractérisent comme « petite-bourgeoise » et « anti-socialiste ». Ils opposent ce qu'ils appellent le « léni­nisme », c'est-à-dire un régime socialiste organiquement démocratique, et le stalinisme, monstrueuse caricature, à bien des égards son contraire. Leur objectif principal est donc ce qu'ils appellent un « retour à Lénine », et leur adversaire principal la bureaucratie. Kostérine explique que la seule option opposable au capitalisme et au stalinisme est « le socialisme marxiste-léniniste, épuré de la boue, régénéré et se développant dans la liberté », et qu'un communiste n'a pas de tâche plus importante que la des­truction de la machine des fonctionnaires et des bureau­crates, l'appareil stalinien[54].

Les déclarations de Boukovsky et Pavel Litvinov au cours de leurs procès, les documents élaborés par Grigorenko, Iakhimovitch, Iakir, contiennent les éléments d'un programme politique conçu comme la défense de ce que Pavel Litvinov appelle « le système social » de l'U.R.S.S. - les conquêtes de la révolution d'Octobre - et dont la base est la revendication de l'application intégrale de la Constitution. C'est également en fonction de la nécessité d' « éloigner du pouvoir les bureaucrates, les fonction­naires, les dogmatiques et les staliniens » que Guennadi Alexeiev - qui serait en réalité un officier de marine, arrêté depuis - met en avant, sur le modèle tchécoslo­vaque, des revendications visant à garantir le respect des droits et libertés démocratiques inscrits dans la Cons­titution[55]. Même lorsqu'elles sont présentées dans une optique réformiste, la nature de l'Union Soviétique et celle de la bureaucratie qui la dirige font que les revendica­tions démocratiques les plus élémentaires - la simple application des dispositions constitutionnelles - ont un contenu directement révolutionnaire.

Pour lutter en faveur d'un tel programme, l'opposition est en effet obligée de se poser le problème de sa propre organisation. C'est le lecteur d'un appel de Pavel Litvinov qui lui écrit : « Nous devons absolument former un second parti, ou, plus exactement, créer une force qui puisse défendre tout ce qui est progressiste, afin que personne ne puisse être en prison pour ses convictions »[56]. C'est encore Guennadi Alexeiev qui, dans un texte où il rap­pelle la célèbre épigraphe de l'Iskra « De l'étincelle jaillira la flamme », souligne la nécessité de la mise sur pied et de l'activité d'un « centre ». Et c'est encore lui qui écrit que si les moyens d'une lutte pour des réformes démocra­tiques n'aboutissent pas, « le temps mettra à l'ordre du jour la constitution d'un nouveau parti »[57]. Mais, surtout, il apparaît a posteriori évident que le groupe ras­semblé autour de Kostérine a su planifier ses efforts, répar­tir ses forces, calculer ses initiatives, prévoir, centraliser, en un mot, s'organiser et organiser. De façon plus générale, on ne saurait expliquer ni l'activité de ces hommes et du groupe qu'ils ont constitué, ni l'intensification de la repro­duction et de la diffusion de la littérature politique clan­destine - dont les bulletins, régulièrement publiés dans la Chronique des événements récents, donnent une idée sans doute assez exacte - comme le résultat de l'addition spontanée d'initiatives individuelles. C'est ce qui explique la réussite - le fait est assez nouveau pour mériter d'être souligné - que constitue la diffusion des textes essentiels de l'opposition communiste hors d'Union Soviétique en direction des communistes occidentaux. L'opposition a effectué un choix politique en décidant de recourir à la méthode des appels publics, signés, avec indication de l'adresse du signataire : un risque calculé qui constituait, dans les conditions données, le premier pas pour rompre l'isolement des opposants, nouer des liens entre eux et autour d'eux, et même pour assurer au moins une pro­tection relative autour de leurs personnes par la publicité même donnée à leurs gestes et à leurs actes. Le fait que sept personnes aient réussi à déployer des banderoles contre l'intervention en Tchécoslovaquie sur la place Rouge de Moscou le 25 août 1968 doit être interprété comme une initiative politique non seulement calculée, mais soigneusement préparée, et, en définitive, réussie.

La comparaison entre ces formes de l'activité actuelle de l'opposition communiste et celles qui étaient employés au temps du stalinisme triomphant révèle en outre des traits capitaux pour l'analyse du rapport de forces. D'abord, il est incontestable que les opposants croient en leur propre victoire, sinon prochaine, au moins comme perspective réaliste, et ne combattent pas seulement pour le principe. Grigorenko et ses amis ne sont pas des desperados et savent, quand c'est nécessaire, tenir tête aux policiers et aux juges, leur inspirer suffisamment de crainte pour que la bureaucratie recule devant un procès public : pour répugnante qu'elle soit, la méthode des « internements » et des « soins psychiatriques » constitue, de la part de la bureaucratie, un aveu d'impuissance : le temps est évidemment révolu des grandes parades publiques et du spectacle d'accusés avouant à qui mieux mieux, se chargeant mutuellement, dociles aux injonctions d'un Vychinsky. Il est clair par ailleurs que l'opposition ne s'est pas contentée d'élaborer une stratégie, mais qu'elle a mis au point une tactique. Des allusions précises - notamment dans le discours de Pierre Iakir à l'enter­rement de Kostérine - montrent que ses animateurs comptent sur le conflit à l'intérieur de l'appareil entre partisans de la brutalité et partisans de la souplesse, et qu'ils savent utiliser nuances ou divergences dans le camp adverse afin d'exprimer leurs propres positions dans les meilleures conditions possibles. C'est qu’en définitive cette opposition communiste est en train de renaître, de renouer, à tâtons, avec la tradition bolchevique au moment même où éclate sous les formes les plus diverses la crise finale du stalinisme.

La manifestation de l'opposition de gauche lors de l'enterrement de Joffé en 1927, les discours de Racovski et de Trotsky sur la tombe de leur camarade, avaient été la dernière manifestation publique de l'opposition communiste contre le stalinisme triomphant. Quarante-et-un ans après, les discours de Jakobson, Iakir, Grigorenko, sur la tombe d'Alexis Kostérine ont la signification d'une renais­sance, marquent le début d'une époque nouvelle autour de la tombe de celui qui avait su assurer la continuité dans la pensée révolutionnaire.

Les limites de l'opposition[modifier le wikicode]

Il ne s'agit pas d'un miracle, mais simplement de la démonstration de la force des lois de l'histoire, une fois de plus en train de s'imposer, malgré les efforts des apparatchiki. Car si l'opposition de Grigorenko, Iakir, Iakhlmo­vitch, Litvinov et les autres est bien une opposition com­muniste au régime des successeurs de StalIne, elle n'en est pas moins en ses débuts seulement, après des décennies de répression accompagnée de véritables massacres d'opposants. Renaissance, elle porte cependant, dans sa forme comme son contenu, l'empreinte du talon de fer du stalinisme et des conditions de sa propre réapparition, la marque des forces contre-révolutionnaires contre lesquelles elle se constitue.

Medvedev et Petrovski soulignent, certes[58], l'écrasante , responsabilité endossée par Staline et sa politique dans la victoire sans combat des bandes hitlériennes en Allemagne, et, à propos de l'épuration du haut commandement de l'armée rouge comme des sanglantes purges des années précédant la deuxième guerre mondiale, Grigorenko a mon­tré comment Staline avait pratiquement joué le rôle d'un « agent provocateur » en affaiblissant le potentiel de défense de l'Union Soviétique à la veille de l'attaque de l'Allemagne hitlérienne. Pourtant, dans l'ensemble, l'opposition ne parait pas avoir saisi la signification mondiale du stalinisme, les conséquences, dans le monde entier, de sa victoire en Russie soviétique à la fin des années vingt. Seul Grigorenko, par une comparaison avec la situation de l'U.R.S.S. en 1941, semble mesurer le danger que constitue pour la Russie soviétique le système impérialiste mondial[59]. L'opposition communiste actuelle parait ignorer, ou au moins n’avoir pas compris, le sens de la lutte menée entre partisans de l'opposition de gauche et tenants de la théorie stalinienne du « socialisme dans un seul pays ». Le seul texte connu de nous consacré à Trotsky[60] parmi les écrits samizdat lui restitue son rôle historique au cours de la révolution d'Octobre, sans véritablement comprendre le sens de la théorie de la « révolution permanente » et l'acharnement mis par la bureaucratie stalinienne à la combattre. Un oppositionnel comme Alexeiev justifie au moins indirectement, au nom de la « lutte contre les ennemis intérieurs » la répression stalinienne contre les « trotskystes » qui n’était que le début des gigantesques épurations et du massacre des vieux-bolcheviks. La majorité des autres textes ne s'étend guère sur cette période ou ne la men­tionne même pas. Bref, tout se passe comme si, en dépit de leurs efforts d'analyse, les opposants d'aujourd'hui considéraient peu ou prou le stalinisme au pouvoir comme le résultat d'une irrésistible « force des choses » et non comme l'issue d'un long et âpre combat sanglant. L'absence de cette dimension historique prend d'autant plus de relief que, si l'opposition dénonce la bureaucratie, elle se révèle incapable de l'expliquer autrement que par des conditions spécifiquement russes, dans un cadre mondial dominé par le système impérialiste. La distinction entre « léninisme» et « stalinisme », fondement de ses « bases théoriques, semble ainsi parfois résulter plutôt d'un choix d'ordre moral, le « socialisme » pouvant historiquement revêtir des visages différents, voire opposés : une telle conception, faisant de la dégénérescence de la révolution, du parti et de l'Etat un phénomène purement russe, aussi bien dans ses conséquences que dans ses causes, n'est en réalité qu'une permanence de la réflexion, sur la pensée des opposants, des théories staliniennes et en particulier de la conception du « socialisme dans un seul pays ».

C'est également l'une des conséquences les plus directes et les plus visibles de l'état d'atomisation de la société russe sous la domination de la bureaucratie, que la diffi­culté - au moins apparente - des intellectuels qui sont à l'origine de l'opposition d'aborder les problèmes sociaux et notamment, les revendications des travailleurs soviétiques en tant que tels. Iakhimovitch écrit certes que l'ouvrier Dremliouga, en participant à la manifestation de la place Rouge, a « sauvé l'honneur de sa classe »[61], la classe ouvrière. Mais, alors que les problèmes des natio­nalités - l'oppression des petites nations - figurent au centre des préoccupations de l'opposition, comme l'a mon­tré sa bataille conséquente en faveur des revendications des Tatars de Crimée, on chercherait vainement dans les textes politiques du samizdat actuel ce qui passait pour­tant en filigrane dans les écrits du samizdat littéraire : les conséquences sociales concrètes de la réforme écono­mique, les licenciements abusifs, l'angoisse des jeunes devant la menace du chômage, les problèmes aigus des salaires, du ravitaillement, du logement, questions-clés autour desquelles se cristallisera l'opposition des masses et auxquelles la lutte pour les libertés civiques et un programme démocratique minimum ne peut apporter de réponse - comme l'a montré l'exemple tchécoslovaque ­que dans la mesure où elle est conçue comme un combat pour la liberté d'organisation de la classe ouvrière dans le but de défendre d'abord ses propres intérêts de classe.

C'est aussi l'une des conséquences de ces quarante années de domination stalinienne que l'incompréhension, au stade actuel de développement de l'opposition, de l'importance du lien qui existe entre sa propre lutte, voire celle des ouvriers soviétiques, d'une part, et celle de la classe ouvrière des pays développés. Il ne s'agit ni d'une fausse estimation de la situation réelle du régime capitaliste, ni d'un quelconque nationalisme, mais d'une véritable incompréhension de ce qui fonde dans la réalité l'unité mondiale de la lutte des classes et, le rôle qu'y joue par conséquent le stalinisme. Le lien, apparemment, n'a pas encore été fait entre l'histoire et le présent, entre la politique de Staline qui, pour Snegov, « a trahi et vendu tous les communistes (...), qui a trahi la république espagnole, la Pologne, tous les communistes dans tous les pays »[62], et la politique dite de coexistence pacifique de ses succes­seurs qui a abouti sous nos yeux aux massacres des mili­tants communistes aussi bien en Indonésie qu'au Soudan pour s'en tenir à ces seuls exemples.

L'opposition face à son avenir[modifier le wikicode]

En dépit de ces limitations et de ces lacunes, l'opposition communiste a parcouru en Russie ces dernières années un long chemin. Depuis les petits groupes de l'après-guerre sur lesquels les informations n'ont filtré qu'au travers des camps et de leur fermeture, après des années et des événements capitaux comme la mort de Staline, jusqu'à l'activité qui s'est déployée depuis 1966, les progrès n’ont cessé de s'affirmer. En 1956, le groupe étudiant de Leningrad animé par Zeliksson, celui de Moscou, animé par Krasnopevtsev, ont répandu une semence qui a germé depuis. La transformation capitale réside, non seulement dans la dimension des actions et leur notoriété, mais aussi et surtout dans sa direction -consciente, la recherche, de la part des opposants actuels, du lien avec le passé bolche­vique. En 1967, avant même la grande bataille contre l'intervention en Tchécoslovaquie, les Iakir et Petrovski, eux-mêmes enfants de vieux-bolcheviks, ont réussi à ras­sembler au bas d'une lettre contre une éventuelle réhabi­litation de Staline les noms des enfants des plus presti­gieuses de ses victimes : Antonov-Ovseenko, Mouralov, Serebriakov, Shmidt, Boukharine, Larine, Karl Radek, Chliapnikov, Berzine, Enoukidzé, Kalinine, Sapronov, Piat­initski, Smilga[63] ...

Nous savons par Pierre Iakir que c'est au moment même où Staline déclenchait contre les opposants, réels ou vir­tuels, le mécanisme de répression qui devait conduire à leur extermination, avec l'affaire Kirov, qu'Alexis Kosté­rine, vieux-bolchevik, commença à éprouver des doutes, mais que c'est seulement plus de quatre ans plus tard, dans les camps de la N.K.V.D., qu’il devait comprendre enfin, suivant son propos cité par Iakir, « que le marxisme­ léninisme avait été enterré et que le parti de Lénine était anéanti »[64]. Les motifs de son combat - ses motifs de vieux-bolcheviks - ont été repris à leur compte par les hommes qu'il a éclairés et formés à partir d'une expé­rience politique et personnelle qui intégrait aussi bien la révolution d'Octobre que la contre-révolution stalinienne. Sur sa tombe, au nom de ses amis, Anatole Jakobson le qualifie de « bolchevik-léniniste », le mot même par lequel se désignaient, dans les années trente, les partisans d l'opposition trotskyste dont il a pu rencontrer des survivants dans les camps - ces même hommes que Pierre Iakir a vu mourir de faim après que Staline leur ait refusé l'autorisation de se battre contre l'armée hitlérienne[65]. C'est Jakobson aussi qui écrit qu'à la veille de sa mort Kostérine « tel un soldat mortellement blessé sur le champ de bataille ( ... ) utilise ses dernières forces pour lancer son corps de moribond contre le portail de la place enne­mie afin d'aider ainsi ses camarades qui montent à l'as­saut[66]. Et le dernier message de Kostérine donne toute sa signification à cet enterrement qui fut, comme le sou­ligne Grigorenko, « le premier meeting libre ( ... ) après des décennies de silence étouffant »[67] : « Je suis un soldat de l'armée révolutionnaire léniniste, un représentant de la génération qui a marché derrière Lénine, et c'est pourquoi même au risque de ma vie, jusqu'à mon dernier souffle et même après ma mort, je me battrai pour les idées, pour la doctrine définies par Marx, Engels et Lénine »[68].

Il est capital que cet homme issu de la génération des combattants d'Octobre ait pu assurer la transmission de son expérience à la jeune génération soviétique à travers des hommes plus jeunes qui ont comme lui vécu plus de dix ans dans les camps de concentration, un Iakir ou un Snegov qui affirmait en 1966 : « Il n’est pas facile de nous faire peur avec les camps de concentration. Nous ne nous laisserons pas intimider. Les temps ont changé et le passé ne reviendra pas »[69].

Le féroce acharnement avec lequel sont aujourd'hui persécutés les hommes et les femmes, connus ou inconnus, de l'opposition communiste, ne constitue pas la preuve d'une « renaissance du stalinisme », mais la reconnaissance par la bureaucratie - dont la nature sociale n'a pas changé du fait de la mort de Staline - du fait que ces militants - leur passé, leurs idées, leur volonté de combat, leur action - constituent dans la crise qu'elle traverse aujourd'hui le danger mortel, l'ennemi irréductible que Staline avait cru pouvoir extirper, mais qui resurgit, plus menaçant que jamais. Anatole Martchenko, libéré une pre­mière fois après six années de camp qui avaient fait de lui combattant, un militant politique, arrêté à nouveau en 1968, vient d'être libéré de nouveau, comme Iouli Daniel, sa peine de prison purgé, comme Iakhimovitch. Au même moment Vladimir Boukovsky était à nouveau arrêté, Borissov et Feinberg poursuivaient une grève de la faim contre les traitements « psychiatriques » qu'on leur fai­sait subir, Grigorenko, soumis aux policiers psychiatres, réussissait non seulement à rédiger son « journal de détention », mais à le faire parvenir à sa compagne, Jaurès Medvedev, libéré, retrouvait un poste de chercheur[70], et Pierre Iakir adressait une nouvelle lettre ouverte au congrès du parti[71].

Les lois de l'histoire sont incontestablement plus fortes que celles de l'appareil le plus perfectionné et de la police moderne la plus rompue à l'emploi des méthodes dites scientifiques. Depuis la première édition de cet ouvrage en 1963, on a assisté à bien du remue-ménage au sein de l'appareil et à sa tête : élimination de Nikita Khroucht­chev, avènement de la nouvelle direction « collégiale », montée du tandem Brejnev-Kossyguine, émergence de Brejnev. On a assisté à la rétrogradation d'Alexandre Chélépine, à l'effondrement de Semitchastny, à la disparition de Spiridonov, au recul de Stepakov, à la promotion d'Andropov, à l'ascension, puis à l'effondrement des hiérarques locaux, les Egoritchev à Moscou, Tolstikov à Lenin­grad, à la valse périodique des responsables dans toutes les républiques. Les « soviétologues » ont encore devant eux un vaste domaine de spéculations à propos de l'ascen­sion de Gretchko et de ses maréchaux, de l'importance croissante du rustre Chelest ... Mais ce sont « les amis et compagnons d'idées » de Kostérine qui ont raison quand ils affirment, dans le message lu par Jakobson à son enter­rement : « Alexis Kostérine continue à combattre. Et il continuera à combattre, par ses œuvres, par son exemple de courage civique. Et son nom ne sera pas oublié, à la différence de bien des gens qui se vautrent aujourd'hui dans la gloire »[72].

Un peu plus de deux ans s'étaient écoulés depuis l'intervention des chars russes à Prague et l'enterrement de Kostérine, que les ouvriers et les jeunes des grandes villes baltiques de la Pologne, Gdansk, Gdynia, Szczecin, se lançaient dans la grève, les manifestations de rue, l'assaut des immeubles du parti et de la police politique, construi­saient leurs comités de grève et contraignaient Gomulka à partir et son successeur Gierek à traiter avec eux. C'est là une étape de plus dans la montée de la révolution poli­tique dans les pays d'Europe de l'Est dominés par la bureaucratie stalinienne, un combat dont les conséquences apparaîtront demain aussi bien dans la conscience que dans l'action des militants de l'opposition communiste russe.

Annexe : Chronologie[modifier le wikicode]

1894Lénine : Ce que sont les « amis du peuple » et comment ils luttent contre les social-démocrates.
18981°-3 mars (13-15)I° congrès du parti ouvrier social-démocrate russe, à Minsk.
190011 décembre (24)Parution du premier numéro de l'Iskra.
1902Griffuelhes, secrétaire de la C.G.T.
Lénine : Que faire ? Les questions brûlantes de notre mouvement.
190317 juillet-10 août (30-23)II° congrès du parti ouvrier social-démocrate russe, à Bruxelles, puis Londres : apparition des tendances menchevique et bolchevique.81 députés social-démocrates : le congrès de Dresde condamne le révisionnisme.
1904AoûtConférence des groupes bolcheviques à Genève.Congrés de BrèmeLiebknecht pose la question de la grève générale au parti social-démocrate allemand.

Fondation de L'Humanité.

Lénine : un pas en avant, deux pas en arrière.
19059 Janvier (22)Manifestation et fusillade à St-Pétersbourg : le « dimanche rouge ».Congrès d'IénaLa social-démocratie admet le principe de la « grève générale, arme politique ».
12-27 avril (26 avril-10 mai)III° congrès du parti ouvrier social-démocrate russe à Londres : conflit entre Lénine et les komitetchiki.AvrilNaissance du parti socialiste S.F.I.O.
7-9 septembre (20-22)Conférence des organisations social-démocrates de Russie à Riga.
OctobreGrève générale.
13 octobre (26)Formation du premier soviet de députés ouvriers de St-Pétersbourg, dissous le 3 (16) décembre.
17 octobre (30)Manifeste d'octobre : concessions libérales du tsar.
12-17 décembre (25-30)1° conférence du parti à Tammerfors.
6-17 décembre (19-30)Grève générale et insurrection à Moscou.
Lénine : Deux tactiques de la social-démocratie dans la révolution démocratique.
1906MarsElections à la I° douma, dissoute en juillet.Fondation du Labour Party.
10-25 avril (25 avril-8 mai)IV° congrès du parti, dit « d'unification » à Stockholm.L'appareil syndical contrôle la social-démocratie allemande.
3-7 novembre (16-20)II° conférence du parti à Tammerfors.Avril-maiGrèves en France.
OctobreLe congrès de la C.G.T. adopte la charte d'Amiens.
Lénine : La crise du menchevisme.

Trotsky : Bilans et perspectives.

1907JanvierElections à la II° douma, dissoute en juin.JuinEmeutes paysannes dans le Midi français. Mutinerie du 17° de ligne.
30 avril-19 mai (13 mai-1° juin)V° congrès du parti à Londres : les bolcheviks retrouvent la majorité.
3-5 août (21-31 juillet)III° conférence du parti à Kotka.
5-12 novembre (18-25)IV° conférence du parti à Helsingfors.
190821-27 décembre (3-9 janv. 1909)V° conférence du parti à Paris.La C.G.T. française décide d'opposer la grève générale en cas de guerre.
190914-17 juin (27-30)Comité de rédaction élargi du Prolétaire à Paris : scission entre bolcheviks et otzovistes et ultimatistes.MaiEchec de la grève des postiers en France.
JuilletJouhaux, secrétaire général de la C.G.T.
19102-23 janvier (15 janvier-5 férier)Plénum du C.C. du parti ouvrier social-démocrate russe : dernière tentative d'unité entre bolcheviks et mencheviks.76 députés socialistes en France.
Progrès du syndicalisme révolutionnaire en Grande-Bretagne (retour de Tom Mann).
1911Organisation à Paris de l'Ecole de cadres bolchevique qui se tient à Longjumeau.Grève des marins, dockers et cheminots en Grande-Bretagne.
19125-17 janvier (18-30)VI° conférence du parti qui devient, à Prague, le P.O.S.D.R. (bolchevique).110 députés social-démocrates en Allemagne.
AvrilFusillade de la Léna.Grève des mineurs en Grande-Bretagne.
191428 juillet (1° août)Déclaration de guerre de l'Allemagne à la Russie.103 députés socialistes en France.
AoûtManifeste du C.C. contre la guerre.31 juilletAssassinat de Jaurès.
NovembreArrestation des députés bolcheviques et des membres du bureau russe du C.C.3 AoûtLes députés social-démocrates allemands votent les crédits de guerre.
26 aoûtJules Guesde, ministre. Jouhaux devient « commissaire à la nation ».
DécembreKarl Liebknecht vote seul contre les crédits de guerre. Regroupement des révolutionnaires allemands avec lui et Rosa Luxembourg.
1915JanvierProcès et condamnation des dirigeants bolcheviques.FévrierArrestation de Rosa Luxembourg.
14-19 février (27 fév.-4 mars)Berne : Conférence des sections d'émigrés du parti.
5-8 septembreConférence socialiste internationale de Zimmerwald.
Lénine : L'impérialisme, stade suprême du capitalisme.

Rosa Luxembourg : Lettres de Spartacus.

191727 février (8 mars)Révolution russe : chute du tsarisme. Apparition des soviets de députés d'ouvriers, paysans et soldats.
2 mars (15)Formation d'un gouvernement provisoire.MarsMutineries dans la flotte allemande.
12 mars (25)Retour à Pétrograd de Kamenev et Staline.
28 mars (10 avril)Conférence des délégués bolcheviques au I° congrès pan-russe des soviets.
3 avril (16)Retour de Lénine: publication des thèses d'avril.
3-24 avril (16 avril-7 mai)Discussion des thèses d'avril dans le parti.
24-29 avril (7-12 mai)VII° conférence du P.O.S.D.R.(b) et victoire des thèses de Lénine.
4 mai (17)Arrivée de Trotsky.Mai-juinMutineries dans l'armée française.
3-5 juillet (20-22)Journées de juillet : répression du mouvement ouvrier révolutionnaire par le gouvernement provisoire.
26 juillet-3 Août (8-16 Août)VI° congrès du parti,dit « d'unification », avec l'adhésion de Trotsky et de l'organisation Interrayons.
12-14 septembre (25-29)Appels de Lénine à l'insurrection.
10 octobre (23)Le C.C. décide l'insurrection.
25 octobre (7 novembre)Insurrection et prise du pouvoir.
26-27 octobre (8-9 novembre)Lénine président du conseil des commissaires du peuple, élu par le II° congrès pan-russe des soviets.
4 novembre (17)Démission des dirigeants bolcheviques partisans d'un gouvernement de coalition des partis socialistes.
2 décembre (15)Armistice germano-russe. Début des négociations de Brest-Litovsk.
Lénine : L'Etat et la révolution.
19185-6 janvier (18-19)Réunion et dispersion de l'Assemblée constituante.JanvierGrèves en Autriche-Hongrie.

Le 28, grève générale dans de nombreuses villes allemandes.

7 février (20)Appel de Lénine pour la conclusion de la paix. Début de la controverse sur Brest-Litovsk avec les communistes de gauche.
1° février (14 février)Adoption du calendrier grégorien.
23 févrierLe C.C. décide d'accepter les conditions de paix de l'Allemagne.
3 marsSignature du traité de Brest-Litovsk.Mars-maiArrestations en Allemagne, dont celle de Jogisches.
6-8 marsVII° congrès du parti, qui approuve les thèses de Lénine contre les communistes de gauche.
10-14 marsTransfert de la capitale de Pétrorad à Moscou.
13 marsTrotsky commissaire du peuple à la défense.
25 maiRévolte de la Légion tchécoslovaque.

Début de la guerre civile généralisée.

28 JuinDécrets sur les nationalisations : début du communisme de guerre.
6 juilletRévolte des s. r. de gauche.
16 juilletExécution du tsar.
AoûtDébarquement allié à Arkhangelsk, progrès de toutes les armées blanches.
10 septembreTrotsky reprend Kazan aux Blancs.30 octobreNouvelles mutineries dans la marine allemande.
23 septembreGouvernement blanc créé à Oufa.3 novembreMutineries en Allemagne.
18 novembreKoltchak « dictateur » chez les Blancs.9 novembreProclamation de la République des conseils en Allemagne.
DécembreDébarquement franàais à Odessa.29 décembreI° congrès du P.C. allemand.
Lénine : La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky.
19192-7 marsI° congrès de l'Internationale communiste à Moscou.4-9 JanvierEcrasement des communistes à Berlin.
17 marsMort de Sverdlov.15 janvierMeurtre de Liebknecht et Luxembourg.
18-23 marsVIII° congrès du parti : création du bureau politique, du bureau d'organisation et du secrétariat du C.C., confié à Krestinski.Janvier-maiLiquidation des conseils allemands par les corps-francs.
AvrilSuccès de l'offensive de Koltchak dans l'Oural.I° maiSuccès de la grève générale pour les huit heures en France.
JuinRupture entre Makhno et l'armée rouge. Défaite de Koltchak.MaiLiquidation de la république des conseils de Bavière.
Septembre-octobreSommet de l'offensive de Ioudénitch sur Pétrograd et de Dénikine dans le sud.28 juinSignature du traité de Versailles.
2-4 décembreVIII° conférence du parti.AoûtLiquidation de la république des conseils de Hongrie.
1920JanvierDébàcle des Blancs en Sibérie.

Smirnov à la tête du comité révolutionnaire.

29 mars-5 avrilIX° congrès du parti : Krestinski, Préobrajenski, Sérébriakov, secrétaires.MarsGrève générale en Allemagne, qui brise le putsch de Lüttwitz-Kapp.
24 avrilDébut de la guerre avec la Pologne.
21 juillet-6 AoûtII° congrès de l'Internationale communiste, à Moscou.
AoûtL'armée rouge sous Toukhatchevski et Smilga aux portes de Varsovie. Contre-attaque polonaise.Août-septembre :Grèves en Italie.
22-25 septembreIV° conférence du parti : Création des commissions de contrôle.
12 octobreTraité de paix avec la Pologne.12-17 octobreCongrès de Halle : le parti S.D. indépendant adhère à la III° internationale.
25 octobreDébut de l'offensive contre Wrangel.
14 novembreFin de l'armée Wrangel.
26 novembreAttaque de l'armée rouge contre Makhno.
NovembreDébut du « débat libre » dans le parti, sur la question syndicale.DécembreFusion communistes-indépendants, un parti communiste de masse en Allemagne.

Congrès de Tours : Adhésion des socialistes français à l'Internationale communiste.

Boukharine et Préobrajenski : L'A B C du communisme.

Trotsky : Défense du terrorisme.

19212-17 marsSoulèvement de Cronstadt.JanvierCongrès de Livourne. Fondation du P.C. italien.
8-16 marsX° congrès du parti. Vote selon les plates-formes syndicales pour le C.C. : Molotov, secrétaire.MarsEchec de la grève générale insurectionnelle tentée en Allemagne centrale par les communistes poussés par Béla Kun, envoyé de l'Internationale.
26-28 maiX° conférence du parti.Avril-juinGrèves des mineurs britanniques.
22 juin-12 juilletIII° congrès de l'Internationale communiste.

Lénine et Trotsky contre la « tactique de l'offensive ». Vers « la conquête des masses ».

JuilletI° conférence du P.C. chinois.
AoûtEpuration du parti.
19-22 décembreXI° conférence du parti.
Lénine : La maladie infantile du communisme.
1922FévrierAppel de l'opposition ouvrière à l'Internationale : déclaration des 22.
27 mars-2 avrilXI° congrès du parti.
3 avrilStaline, secrétaire général.
26 maiLénine subit sa première attaque et ne reprendra son activité qu'en octobre.
4-7 AoûtXII° conférence du parti.AoûtEchec de la grève générale en Italie.
Août-septembreStaline et Ordjonikidzé « russifient » la Géorgie ; conflit avec les communistes géorgiens.20 octobreArrivée de Mussolini au pouvoir en Italie.
4 novembre-5 décembreIV° congrès de l'Internationale communiste.
16 décembreLénine subit sa deuxième attaque.
25 décembreLettre de Lénine au C.C. (son « testament »).
30 décembreEtablissement de l'U.R.S.S.
30-31 décembreLénine dicte ses lettres sur la question nationale, contre Staline.
19234 janvierLénine dicte le post-scriptum qui recommande d'écarter Staline.11 janvierOccupation de la Ruhr par les Franco-Belges.
Janvier-marsDerniers articles de Lénine dirigés contre Staline.Mars-maiAgitation révolutionnaire dans la Ruhr.
6 marsRupture personnelle de Lénine avec Staline.
17-25 avrilXII° congrès du parti. Vives attaques contre Staline et l'appareil. Silence de Trotsky.

Crise des ciseaux. Malaise social et grèves en U.R.S.S.au cours de l'été.

AoûtGrève générale en Allemagne et chute du gouvernement Cuno. Accord avec les Alliés sur le paiement des dettes.
8 octobreLettre de Trotsky au C.C. réclamant un tournant dans la vie intérieure du parti.Août-octobrePréparation de la révolution allemande.
15 octobreLettre des 46 au C.C.SeptembreEchec de l'insurrection en Bulgarie.
7 novembreDébut de la discussion publique sur la démocratie ouvrière.21-22 octobreDébut de la débâcle de la révolution allemande.
5 décembreRésolution unanime du bureau politique sur la démocratie ouvriere.8 novembreEchec du putsch de Hitler à Munich.
8 décembreLettre de Trotsky sur le « Cours nouveau ».
14 décembreDébut de la campagne contre Trotsky et les 46.
Trotsky : Littérature et révolution.

Trotsky : Cours nouveau (en volume en 24).

Boukharine : La révolution prolétarienne et la culture.

192416-18 janvierLa XIII° conférence du parti se tient sans Trotsky dont les opinions et celles des 46 sont condamnées.JanvierRéorganisation du Kuomintang avec l'aide de conseillers et techniciens russes.
21 janvierMort de Lénine. Rykov, président du conseil des commissaires du peuple.21 janvierGouvernement travailliste Mac Donald en Grande-Bretagne.
FévrierRecrutement massif de la promotion Appel de Lénine.
23-31 maiXIII° congrès du parti. Confirme la condamnation de l'opposition par la XIII° conférence.10 JuinAssassinat, à Rome, du socialiste Matteotti.
17 juin-8 juilletV° congrès de l'Internationale communiste.16 juilletEntrée en vigueur du plan Dawes et début de la stabilisation du capitalisme allemand.
OctobrePublication des Leçons d'Octobre, de Trotsky et début de la campagne contre lui.OctobreVictoire des conservateurs aux élections britanniques.
DécembreStaline lance le mot d'ordre du « socialisme dans un seul pays ».
Trotsky : Leçons d'Octobre.

Staline : Les Fondements du léninisme.

Zinoviev : Histoire du parti communisme russe (bolchevique)

192515 janvierDémission de Trotsky du commissariat du peuple à la guerre.3 janvierLe parti fasciste, parti unique en Italie.
MarsMort de Sun Yat-Sen. Tchang Kai-chek et Wang Chin-Weï lui succèdent.
27-29 avrilXIV° conférence : sommet de la Nep. Premières divergences entre Staline et Zinoviev-Kamenev.26 avrilLe maréchal Hindenburg, président de la République allemande.
OctobreApparition de la nouvelle opposition.
18-31 décembreDéfaite de Zinoviev et de la nouvelle opposition.
Zinoviev : Le léninisme.

Trotsky : Où va l'Angleterre ?

192612 févierElimination des zinoviévistes de la direction de l'appareil de Léningrad.
6-9 avrilPlénum du C.C. Constitution de l'opposition unifiée Zinoviev-Kamenev-Trotsky.MaiFormation du comité syndical anglo-russe, suite aux accords de novembre 25.
4-12 maiEchec de la grève générale anglaise.
12-14 maiCoup d'Etat de Pilsudski en Pologne.
14-23 juilletPlénum du C.C. Déclaration des 13 dirigeants de l'opposition. Affaire Lachévitch. Zinoviev exclu du bureau politique.
Septembre-octobre Tentative de l'opposition pour imposer la discussion.Septembre Prise de Hankéou par l'armée de Tchang Kaï-chek.
16 octobreL'opposition renonce aux méthodes « fractionnelles ».
23-26 octobreTrotsky et Kamenev exclus du bureau politique. Zinoviev remplacé par Boukharine comme président de l'Internationale.
26 novembre-3 décembreXV° conférence du parti : grand débat autour du « socialisme dans un seul pays ».
Trotsky : Europe et Amérique.

Trotsky : Vers le capitalisme ou vers le socialisme ?

Préobrajenski : La nouvelle économie.

19277-12 février Plénum du C.C.
MarsPrise de Changhaï par Tchang Kaï-chek.
MaiRupture des relations diplomatiques avec la Grande-Bretagne : craintes de guerre.12 avrilCoup de Tchang Kaï-chek à Changhaï; exécutions massives de communistes et mi­litants ouvriers.
25 maiDéclaration des 83 vieux-bolcheviks au nom de l'opposition.21 avrilCharte du travail en Italie.
29 juillet-9 AoûtPlénum du C.C. L'exclusion de l'opposition envisagée. La « déclaration pacifique ».JuilletRupture entre l'U.R.S.S. et Tchang Kaï-chek.
Août-septembreBataille autour de la plate-forme de l'opposition qui tente une percée.AoûtExécution des militants ouvriers Sacco et Vanzetti aux Etats-Unis.
21-23 octobrePlénum du C.C. Trotsky et Zinoviev en sont exclus.
7 novembreManifestation publique de l'opposition sous ses propres mots d'ordre.
15 novembreTrotsky et Zinoviev exclus du parti.
2-19 décembreXV° congrès du parti : les membres de l'opposition sont exclus et doivent se renier pour pouvoir être réintégrès.
Boukharine : Problèmes de la révolution chinoise.

Trotsky : La situation réelle en Russie.

1928JanvierEclatement de l'opposition unifiée. Déportation des « irréductibles ». Trotsky envoyé à Alma-Ata le 16.
27 janvierZinoviev et Kamenev dénoncent Trotsky.
FévrierOn révèle la crise de collecte du blé. Capitulation de Piatakov.
6-11 avrilPlénum du C.C. : la collecte du blé. Capitulation d'Antonov-Ovseenko et Krestinski.AvrilSalazar, ministre des finances au Portugal.
18 mai-5 juinProcès des saboteurs de l'industrie.
JuinZinoviev et Kamenev réintégrés.
4-12 juinPlénum du C.C. : conflit entre Staline et la droite.
11 juilletEntrevue secrète entre Boukharine et Kamenev.
17 juillet-1° septembreVI° congrès de l'Internationale communiste : apparition de la théorie du « social-fascisme ».
Septembre-octobreElimination d'Ouglanov et des droitiers de l'organisation de Moscou.
19 septembreDiscours de Kouibychev pour l'industrialisation.
30 septembreCritiques de Boukharine dans les « Notes d'un Economiste ».
18-19 octobreAutocritique d'Ouglanov.
16-24 novembrePlénum du C.C. Staline condamne les droitiers et annonce l'industrialisation.
16-25 décembreVIII° congrès des syndicats. Défaite des droitiers, Tomski, Schmidt, etc.DécembreLe plénum de l'exécutif de l'I.C. « couvre » Thaelmann et sanctionne les « droitiers ».
19299-10 févrierBoukharine, Rykov, Tomski condamnés au B.P. Trotsky expulsé d'U.R.S.S. Arrestation de trotskystes dans tout le pays.
16-23 avrilPlénum du C.C. Condamnation de la « déviation droitière ».
23-29 avrilXVI° conférence du parti : adoption du 1° plan quinquennal avec effet rétroactif au 1° octobre 28.
2 juinChvernik remplace Tomski à la tàte des syndicats.
JuinCapitulation de Drobnis, Sérébriakov.
14 juilletCapitulation de Radek, Préobrajenski, Smilga.
3 juilletMolotov remplace Boukharine à la présidence de l'Internationale.
21 AoûtPremière attaque publique contre Boukharine.
10-17 novembrePlénum du C.C. Capitulation et autocritique des « droitiers ». Boukharine exclu du B.P.24 octobreKrach boursier à New York, début de la grande crise mondiale.
27 décembreAppel de Staline pour l'accélération de la collectivisation et la liquidation des koulaks.
19302 marsStaline lance « Le vertige du succès ».
AvrilDéclaration de Racovski au nom de l'opposition.
26 juin -13 juilletXVI° congrès du parti. Tomski exclu du B.P.
DécembreAffaire Syrtsov-Lominadzé.14 septembreTriomphe nazi aux élections allemandes
17-21 décembrePlénum du C.C., Rykov exclu du B.P. Molotov, président du conseil.
Trotsky :La Révolution défigurée.

Trotsky :La Révolution permanente.

Trotsky :L'Internationale communiste après Lénine.

1931DécembreGrève de la faim des détenus politiques de l'isolateur de Verkhnéouralsk : enlèvement du comité de grève.14 marsChute de la monarchie espagnole.
11 octobreAlliance de Hitler à Harzburg avec les magnats allemands.
AvrilPlébiscite rouge en Prusse.
Trotsky : Les problèmes de la Révolution allemande.

Trotsky : Allemagne, clé de la situation internationale.

193230 janvier-4 févrierXVII° conférence du parti.AvrilPlus de 12 millions de chômeurs en Allemagne.
10 avrilRéélection d'Hindenburg.
1° juinMinistère von Papen.
13 AoûtEntrevue Hitler-Hindenburg.
OctobreAffaire Rioutine, deuxième exclusion de Zinoviev et Kamenev .NovembreGrève des transports à Berlin.
DécembreArrestations massives d'anciens opposants.
Trotsky : Et maintenant ? La révolution allemande et la bureaucratie stalinienne.
19331° janvierDébut du 2° plan quinquennal.30 janvierHitler, chancelier du Reich.
7-12 JanvierPlénum du C.C. Nouvelle purge.27 févrierIncendie du Reichstag. Début des persécutions contre le P.C. allemand.
14 juilletLe parti nazi, parti unique en Allemagne.
11 octobreL'Allemagne quitte la S.D.N.
DécembreNouvelle grève de la faim à Verkhnéouralsk.
193426 janvier-10 févrierXVII° congrès « des vainqueurs ». Les anciens opposants réintégrés chantent Staline.20 janvierLoi sur l'organisation du travail en Allemagne.
27 févrierCapitulation de Sosnovski.12 févrierManifestation socialiste-communiste contre les fascistes en France.
1-16 févrierEcrasement des socialistes en Autriche.
18 avrilCapitulation de Racovki.
6-13 octobreCommune des Asturies en Espagne.
OctobreDébut de la « longue marche » en Chine.
1° décembreKirov assassiné par Nicolaïev. Loi d'exception.
4 décembre66 exécutions pour l'assassinat de Kirov.
28-29 décembreProcès, condamnation et exécution de Nicolaïev et 18 autres pour l'assassinat de Kirov.
193515-18 janvier1° procès Zinoviev-Kamenev, accusés de complicité dans l'assassinat de Kirov.
23 janvierCondamnation à la prison des dirigeants de la N.K.V.D. de Léningrad.
26 janvierMort de Kouibychev.
1° févrierMikoyan et Tchoubar au B.P., Ejov, secrétaire du C.C. et président de la commission de contrôle.
9 marsKhrouchtchev, secrétaire à Moscou.
8 avrilPeine de mort étendue aux enfants de douze ans.
25 maiDissolution de la société des vieux-bolcheviks.
7 juinEnoukidzé exclu du C.C. du parti.
9 juinAdoption du principe de la responsabilité famililale en matière pénale.
27 juilletDeuxième condamnation de Kamenev dans l'affaire dite du « complot des prisons ».
AoûtDébut du mouvement stakhanoviste.
OctobreFin de la « Longue Marche ».
NovembreCréation du C.I.O. aux Etats-Unis.
Trotsky : L'Etat ouvrier, Thermidor et bonapartisme.

Trotsky : La bureaucratie stalinienne et l'assassinat de Kirov.

193616 févrierVictoire du Frente popular aux élections espagnoles.
MarsRemilitarisation de la Rhénanie.
JuinVictoire du Front populaire aux élections françaises : ministère Léon Blum.
17 juilletPronunciamiento du général Franco. Début de la révolution espagnole et de la guerre civile.
19-24 aoûtPremier procès de Moscou. Zinoviev, Kamenev et autres vieux-bolcheviks condam­nés à mort et exécutés.14 aoûtPrise de Badajoz par les nationalistes.
23 aoûtSuicide de Tomski.
10 septembreL'enquête sur Boukharine et Rykov close par un non-lieu.4 septembreGouvernement Largo Caballero à participation communiste. Aide russe à l'Espagne républicaine.
25 septembreTélégramme de Staline au B.P. demandant le remplacement d'Iagoda à la N.K.V.D. par Ejov.
27 septembreEjov chef de la N.K.V.D.
19-22 novembreProcès de Novossibirsk contre des « saboteurs trotskystes »NovembreBataille de Madrid, avec la participation des brigades internationales.
17 décembreLa Pravda annonce l'épuration des trotskystes et anarcho-syndicalistes en Catalogne.
Trotsky : La Révolution trahie.
193723-30 janvier2° procès de Moscou : Piatakov, Serebriakov exécutés. Radek condamné à la prison.Janvier-févrierGrève chez General Motors.
JanvierArrestation de Boukharine et Rykov..
18 févrierSuicide d'Ordjonikidzé.Février-marsVagues de grève aux Etats-Unis et essor du C.I.O.
25 février-5 marsPlénum du C.C. Boukharine et Rykov extraits de prison pour y participer ? Tentative d'opposition de Postychev, Tchoubar ? Adoption d'un rapport d'Ejov.20-23 marsDésastre italien en Espagne à Guadalajara.
31 maiSuicide de Gamarnik.2-6 maiJournées de mai à Barcelone.
17 maiNegrin remplace Largo Caballero. Début de la répression contre les anarchistes et le P.O.U.M.
11 juinCommuniqué annonçant la condamnation etl'exécution de Toukhatchevski, Iakir, et autres chefs de l'armée rouge.
Epuration massive en 37-38 connue sous le nom de Ejovtchina.
16 décembreCommuniqué annonçant la condamnation et l'exécution de Karakhane, Enoukidzé et autres.NovembreAdhésion de l'Italie au pacte antikomintern.
1938Poursuite de la Ejovtchina.FévrierAssassinat de Léon Sédov.
2-13 mars3° procès de Moscou. Condamnation de Boukharine, Rykov, Krestinski, etc.11 marsAnnexion de l'Autriche par l'Allemagne (Anschluss).
Poursuite de la Ejovtchina.30 septembreAccord de Münich.
20 décembreLivret du travail obligatoire.
28 décembreRéglementation des absences et retards des travailleurs.
DécembreEjov remplacé par Béria. Fin de la Ejovtchina.
Trotsky: Les crimes de Staline.
193926 janvierChute de Barcelone.
15 févrierL'armée allemande occupe la Tchécoslovaquie.
2-13 marsXVIII° congrès du parti.28 févrierChute de Madrid. Franco vainqueur de la guerre civile.
22 maiSignature du pacte d'Acier.
JuilletMission militaire franco-anglaise à Moscou.
22 aoûtPacte germano-russe.
17 septembreL'armée rouge entre en Pologne.I° septembreAttaque de la Pologne par l'armée allemande.
28 septembrePartage de la Pologne entre U.R.S.S. et Allemagne.3 septembreEntrée en guerre de la France et de l'Angleterre.
30 novembreL'armée rouge entre en Finlande.
Trotsky : Leur morale et la nôtre.
194012 mars Traité avec la Finlande.
Mai-juinOffensive allemande en Belgique, puis en France.
14 juinChute de Paris.
2 juilletL'armée rouge occupe la Bessarabie et la Bukovine.
3-6 aoûtL'Estonie, la Lettonie, la Lituanie deviennent des « républiques soviétiques ».20 aoûtAssassinat de Trotsky à Coyoacan.
2 octobreFormation professionnelle obligatoire : mobilisation de la main-d'œuvre.
Mao Tsé-Toung : La démocratie nouvelle.
19412 marsEntrée de l'armée allemande en Bulgarie.
5 avrilPacte russo-yougoslave.
6 avrilL'Armée allemande attaque la Yougoslavie et la Grèce.
22 juinDébut de la guerre germano-russe.
Désastres de l'armée rouge et avance-éclair de l'armée allemande.14 aoûtSignature de la charte de l'Atlantique.
9 septembreDébut du siège de Léningrad.
19 septembreChute de Kiev.
16 novembreDébut de la bataille de Moscou.
5 décembreLes Allemands arràtês devant Moscou.11 décembreEntrée des Etats-Unis dans la guerre.
22 décembreChute de Rostov.
22 décembreReprise de Rostov.
194211 maiLe prêt-bail allié étendu à l'U.R.S.S.
JuinBataille de Sébastopol.
4 septembreDébut de la bataille de Stalingrad.
8 novembreLes Alliés en Afrique du nord. Accord entre les Américains et l'amiral Darlan. Occupation de la France entière par l'armée allemande.
DécembreFin du siège de Léningrad.
19432 févrierCapitulation de l'armée allemande de Stalingrad.
MarsReprise de Kharkov.
10 juinDissolution de l'Internationale communiste.
Contre-offensive victorieuse de l'armée rouge.25 juilletChute de Mussolini. Gouvernement Badoglio de dignitaires fascistes qui sera soutenu par les Alliés et le P.C. italien.
NovembreReprise de Kiev.28 novembre- 3 décembreConférence des Trois Grands à Téhéran : premiers entretiens sur les zones d'influence.
4 décembreGouvernement Tito en Yougoslavie.
1944MarsGrèves en Italie du Nord. L'U.R.S.S.reconnait Badoglio.
AvrilReprise de la Crimée.28-30 avrilMutinerie de la flotte grecque.
2 maiLe général Franco proclame la « neutralité » de l'Espagne.
6 juinDébarquement allié en Normandie.
Août-septembre-octobreL'armée russe dans les Balkans : Bucarest, Sofia, Belgrade occupées.AoûtInsurrection de Varsovie écrasée par l'armée allemande.
AoûtL'armée allemande chassée de France. Le parti communiste soutient le gouvernement de Gaulle.
28 novembreDissolution des groupes armés de la résistance grecque.
Grève générale à Athènes contre l'armée britannique qui soutient le gouvernement royal.
10 décembrePacte franco-russe signé par De Gaulle et Staline.
19454-11 févrierConférence de Yalta.
13 janvierDébut de l'offensive russe.Janvier-févrierDésarmement des milice patriotiques en France.
30 marsMort de Hitler.
25 avrilJonction des armées russes et américaines.
Retour de Jdanov à Moscou. Début du conflit avec Malenkov.AvrilGrève générale insurrectionnelle en Italie. Soulèvement armé des partisans.
2 maiChute de Berlin.
8 maiCapitulation de l'Allemagne.
17 -25 juilletConférence de Potsdam entre Grands.
JuilletAgitation révolutionnaire en Belgique contre le retour du roi.
6 aoûtBombe atomique sur Hiroshima.
2 septembreCapitulation du Japon.
194621 févrierMutinerie dans la flotte indienne.
Début de la Jdanovtchina, épuration des intellectuels dirigés par Jdanov.SeptembreDébut de la guerre civile en Grèce.
DécembreInsurrection du Tonkin, début de la guerre d'Indochine.
1947MarsInsurrection à Madagascar.
5 juinLe plan Marshall proposé.
23 juinLoi Taft-Hartley contre les syndicats aux Etats-Unis.
5 octobreConstitution du Kominform.
194825 févrierCoup de Prague.
4 juilletLe P.C. yougoslave exclu du Kominform. Début du conflit Tito-Staline.
31 aoûtMort de Jdanov.AoûtDebâcle des partisans grecs.
194922 janvierPrise de Pékin par les communistes chinois.
Mars ?Arrestation de Voznessenski et début de « l'affaire de Léningrad ».23 avrilPrise de Nankin.
Epuration et arrestations de masse dans les démocraties populaires.25 avrilPrise de Changhai.
16-24 septembreProcès Rajk à Budapest.24 septembreProclamation de la République populaire en Chine.
12 octobrePrise de Canton.
7-14 décembreProcès Kostov à Sofia.
1950Poursuite de la répression dans les démocraties populaires.4 janvierAgitation agraire en Italie du nord.
23 janvierAgitation agraire dans les Pouilles.
25 JuinDébut de la guerre de Corée.
JuilletGrève générale en Belgique sur la question royale.
1951JuinNationalisation du pétrole iranien.
27 novembreArrestation de Slansky, secrétaire du P.C. tchèque.NovembreEmeutes au Maroc.
1952Discussion sur l'économie.FévrierGrèves, émeutes et ratissages en Tunisie.
5-12 octobreXIX° congrès du parti.SeptembreEtat d'alerte au Kenya.
Novembre-décembreProcès Slansky à Prague.DécembreAssassinat du leader syndicaliste tunisien Ferhat Hached. Marty exclu du P.C.F.
195313 janvierAnnonce de la découverte du complot des médecins.
6 marsMort de Staline. Malenkov, président.
4 avril Réhabilitation des médecins.
4 juilletRakosi remplacé par Imre Nagy en Hongrie.JuinGrèves et émeutes en Allemagne orientale.
9 juilletDestitution de Béria. Démantèlement de la police et des camps sous son contrôle.
JuilletGrèves de Vorkouta.
SeptembreKhrouchtchev 1° secrétaire.
23 décembreExécution de Béria.
1954Février-maiBataille de Dien-Bien-Phu.
Avril-juillet Conférence de Genève.
JuilletAttaque d'« émigrés » appuyés sur les Etats-Unis contre le gouvernement Arbenz au Guatemala. Liquidation des syndicats dans ce pays.
1° novembreDébut de la révolution algérienne.
19558 févrierDémission de Malenkov remplacé par Boulganine.
18 avrilDémission d'Imre Nagy en Hongrie.
MaiSignature du pacte de Varsovie.
NovembreManifestations de « rappelés » en France.
195614-25 févrierXX° congrès du parti. Discours secret de Khrouchtchev. Début de la déstalinisation officielle.
17 marsCréation à Budapest du cercle Petoefi.MarsLes communistes votent les « pouvoirs spéciaux » pour l'Algérie.
28-29 juinEmeutes ouvrières à Poznan.
27 septembre -12 octobreProcès des accusés de Poznan.
19 octobre« Printemps d'Octobre » en Pologne. Gomulka, secrétaire général. Khrouchtchev et les dirigeants russes à Varsovie.
23 octobreManifestation à Budapest. Début de la révolution hongroise des conseils. Intervention de l'armée russe.Nationalisation du canal de Suez.
3 novembre2° intervention russe soutenant un gouvernement Kadar. Lutte, jusqu'en décembre, du Conseil ouvrier central.Débarquement anglo-français à Suez.
195729 juinMalenkov, Molotov, Kaganovitch exclus du présidium et du C.C. comme « anti-parti ».La période des Cent-Fleurs en Chine, suivie de la lutte contre les droitiers.
3 novembreLe maréchal Joukov exclu de ses responsabilités dans le parti.
195827 marsBoulganine remplacé par Khrouchtchev à la présidence.
17 juinImre Nagy, Gimes, Maleter et les communistes hongrois dirigeants de la révolution de 56 exécutés.Mai-juinAvènement du régime gaulliste en France.
SeptembreBoulganine exclu du C.C. comme membre du « groupe anti-parti ».
195927 janvier-5 févrierXXI° congrès du parti.
Premiers indices de crise dans les rapports russo-chinois.Victoire de la révolution cubaine et de l'armée de Fidel Castro.
19605 févrierEtablissement de relations diplomatiques entre l'U.R.S.S. et Cuba.
AvrilDébut de la discussion indirecte entre P.C. russe et P.C. chinois. Retrait des techniciens russes de Chine.7 aoûtNationalisation des principales entreprises américaines de Cuba.
10 novembre-1° décembreConférence, à Moscou, des 81 partis communistes : compromis russo-chinois.NovembreCuba se proclame « république socialiste ».
196116 avrilDébarquement des contre-révolutionnaires cubains dans la baie des Cochons.
17-31 octobreXXII° congrès du P.C. de l'U.R.S.S.

Début de la polémique russo-albanaise.

1° novembreLa momie de Staline enlevée du mausolée de Lénine.
10 novembreStalingrad débaptisée.
1962Mars-juilletFin de la guerre d'Algérie et proclamation de l'indépendance.
Octobre-novembreCrise des Caraïbes. Accord Khrouchtchev-Kennedy.

Résistance de Cuba : entretiens Castro-Mikoyan.

10 novembreLa Pravda reproduit les attaques contre le P.C. chinois.
23 novembreRéorganisation du P.C. russe. Débat sur la planification.
Novembre-décembrePolémique publique entre Moscou et Pékin à la suite de la crise des Caraïbes.
1963Février-marsGrève des mineurs en France.
5 aoûtSignature du traité de Moscou sur l'arrêt des essais nucléaires.
196414 octobreChute de Khrouchtchev.
1965JanvierKuron et Modzelewski rédigent leur « lettre ouverte » au parti polonais.
MarsConférence de dix-neuf P.C. à Moscou.
SeptembreArrestation de Daniel et Siniavski.JuilletPremière condamnation de Kuron et Modzelewski.
1966FévrierCondamnation de Daniel et Siniavski.
16 févrierIakir, Petrovski, Snegov dénoncent le rôle contre-révolutionnaire du stalinisme.
29 mars -8 avrilXXIII° congrès du P.C.U.S. Brejnev, secrétaire général.JuinEn Chine, la « révolution culturelle » descend dans la rue.
1967JanvierGrève générale à Chang-hai.
5 févrierProclamation de la Commune de Chang-hai.
MaiAndropov, chef du K.G.B.
JuilletLettre des enfants des vieux-bolcheviks assassinés contre la réhabilitation de Staline.3 aoûtOpposition « de gauche » à Mao Tsé-toung (groupe 5.16).
SeptembreOffensive en Chine contre les « enragés ».
OctobreMort de « Ché » Guevara.
19688-12 janvierProcès Guinzburg-Galanskov. Litvinov et Larissa Bogoraz porte-drapeaux d'une oppoition ouverte. Lettre de Iakhimovitch contre les procès.5 janvierA. Dubcek, premier secrétaire du P.C. tchécoslovaque. Début du « printemps de Prague ».
Février-marsConférence de Budapest.
MarsGrèves et manifestations étudiantes en Pologne, deuxième condamnation de Kuron et Modzelewski. Vague gréviste en Tchécoslovaquie.
JuinLettres de Martchenko, Grigorenko, lakhimovitch de soutien à la Tchécoslovaquie.Mai-juinGrève générale en France. Manifestations d'étudiants à Belgrade. Insurrection ouvrière à Cordoba (Argentine).
27 juinManifeste des « 2 000 mots » à Prague.
21 aoûtIntervention des armées du Pacte de Varsovie en Tchécoslovaquie.
25 aoûtManifestation place Rouge contre l'intervention en Tchecoslovaquie.22 aoûtXIV° congrès « clandestin » du P.C. tchécoslovaque.
OctobreCondamnation de Litvinov, L. Daniel.OctobreManifestations étudiantes à Mexico.
14 novembreEnterrement de Kostérine.
1969MarsIakir demande la mise en accusation posthume de Staline. Arrestation de Iakhimovitch.28 marsManifestations anti-russes à Prague.
17 avrilDubcek révoqué et remplacé par Husak.
27 avrilEn France, chute de de Gaulle.
AvrilIX° Congrès du P.C. chinois.
7 maiArrestation de Grigorenko.
20 maiAppel du Groupe d'initiative pour la défense des droits des citoyens.5-17 juinConférence de soixante-quinze P.C. à Moscou.
5 décembreDistribution de tracts devant le Palais du congrès par Valérie Novovordskaia.
1970MarsReport du XXIV° congrès.
19 marsLettre ouverte de Sakharov, Tourtchine, Roy Medvedev.
29 maiArrestation de Jaurès Medvedev.
19 juinLibération de J. Medvedev.
JuilletCharles Tillon exclu du P.C.F.
SeptembreOffensive de Hussein de Jordanie contre les feyadin palestiniens.
NovembreProcès des juifs, dit de « Leningrad ».NovembreManifestations dans le monde contre les procès de Burgos et de Leningrad.
NovembreJ. Medvedev réintégré. Fondation du Comité des droits de l'homme par Sakharov.17 décembreGrèves et manifestations en Pologne.
DécembreChute de Gomulka.
1971JanvierEpuration de l'appareil en Pologne.
29 marsArrestation de Boukovsky.
30 marsXXIV° congrès du P.C.U.S. Lettre ouverte de Iakir contre la renaissance du stalinisme.
AvrilSoutien de Mao aux dirigeants du Pakistan écrasant le Bangla-desh.
JuinPremière réunion de l'Assemblée populaire en Bolivie.
Juillet-aoûtMassacre des communistes soudanais par le gouvernement Nemeiry, allié de l'U.R.S.S. et de la Chine.
AoûtCoup d'Etat militaire en Bolivie.
SeptembreLiquidation par Hussein des fedayin palestiniens.
  1. Courrier socialiste, janvier 1953, cité par DEUTSCHER, La Russie après Staline, p. 65.
  2. DEUTSCHER, ibidem, p. 64.
  3. Ibidem, pp. 103-104.
  4. Observer, octobre-novembre 1956, cité par LEONHARD, Kremlin, p. 217.
  5. MEHNERT, op. cit., p. 316.
  6. TROTSKY, L'agonie du capitalisme et les tâches de la IV° Internationale (programme de transition), p. 32.
  7. TROTSKY, Staline, p. 554.
  8. France-Observateur, décembre 1962, article d'Augustin PICOT consacré au livre de BOFFA, Les étapes de la révolution russe.
  9. Rosa LUXEMBOURG, La révolution russe, p. 47.
  10. P. BROUÉ, Le Printemps des peuples commence à Prague. Essai sur la révolution politique en Europe de l'Est, pp. 76 et 139-141.
  11. Jiri HOCHMAN, « Le luxe des illusions », Réporter, n° 31, 31 juillet 1968.
  12. Voir Le Congrès clandestin. Protocole secret et documents du 14° congrès extraordinaire du P.C. tchécoslovaque (22 août 1968), présentés par Jiri Pelikan.
  13. Voir les articles de Politika cités par Le Monde, 3-4 novembre 1968, et F. SamaIik, « Appel à l'Histoire », Politika, n° 11, 7 novembre 1968.
  14. Littéralement : « édité par soi-même « , terme qui désigne l'ensemble des publications clandestines en circulation en U. R. S. S., généralement dactylographiées et reproduites par leurs lecteurs.
  15. Cité par Le Monde, 15 novembre 1968.
  16. A. MARTCHENKO, Mon Témoignage. Les camps en U.R.S.S. après Staline, Paris, Seuil, 1970, 332 p.
  17. Valeri Alexevitch PAVLINTCHOUK (1938-1968), enseignant de physique à Obninsk, et membre du Parti, révoqué et exclu pour sa participation à l'activité de l'opposition, mort à trente ans des suites des persécutions.
  18. Voir L'Affaire Siniavski-Daniel, dossier établi par P. et N. FORGUES, Paris, Chr. Bourgois, 1967, 314 pages, avec les minutes du procès et l'ensemble des documents en annexe.
  19. Alexandre NEKRITCH 1941 22 Iyounia, Moscou, Ed. Naouka, 1965, trad. fr. L'Armée rouge assassinée, Paris, Grasset, 1968, 314 p. L'édition française, sous la direction de G. Haupt, comporte des annexes dont les minutes du débat autour du livre à l'Institut du marxisme-léninisme, le 16 février 1966, pp. 232-245.
  20. « Minutes ...», Nekritch, op. cit., p. 244.
  21. Ibidem, p. 241.
  22. « Les fils et filles de vieux-bolcheviks assassinés s'adres­sent à la direction du P.C.U.S. le 24 septembre 1967 », pp. 289-291, dans Samizdat I. La voix de l'opposition commu­niste en U.R.S.S., Paris, La Vérité-Le Seuil, 1969, 646 p.
  23. Roy MEDVEDEV, Faut-il réhabiliter Staline ?, Paris, Seuil, 1969, 90 p.
  24. Piotr IAKIR, « Pour l'ouverture d'une action pénale contre Staline », Lettre du 2 mars 1969 à la rédaction de la revue Kommunist, Samizdat I, pp. 292-302.
  25. Piotr GRIGORENKO, Staline et la deuxième guerre mondiale, Lettre à la revue Questions d'histoire du P.C.U.S., Paris, Seuil, 1969, 146 p.
  26. Le Monde, 8 juillet 1967.
  27. Voir note 9.
  28. Voir ce texte, sous le titre « A Tous ceux qui ont encore une conscience », pp. 83-85, dans L'Affaire Guinzburg-Galanskov, dossier réuni par J.-J. MARIE et Carol HEAD, Paris, Seuil, 1969, 200 p.
  29. Voir Nicht geladene Zeugen. Briefe und Telegramme an Pawel M. Litwinow, dossier réuni et commenté par KAREL VAN HET REVE, Hambourg, Hoffman & Campe, 1969, 91 p.
  30. « Des procès qui font beaucoup de mal à la cause du communisme », Lettre du 22 janvier 1968 au C.C. du P.C.U.S. et au camarade Souslov, Samizdat I, pp. 336-339.
  31. « Ces procès nous inquiètent », ibidem, pp. 341-343.
  32. « Vers un retour du stalinisme ? », Lettre aux représentants de l'art, de la science et de la culture en Union sovié­tique, ibidem, pp. 345-351.
  33. « Appel aux communistes » (Au présidium de la conférence des partis communistes à Budapest), mars 1968, ibidem, pp. 352-353.
  34. « Les Thermidoriens et l'affaire Guinzburg-Galanskov », Lettre à la Komsomolskaja Pravda, ibidem, pp. 379-383.
  35. « Aux communistes de Tchécoslovaquie ! Au peuple tchécoslovaque tout entier ! » Lettre du 29 juin 1968 de cinq communistes d'U.R.S.S., ibidem, p. 408-409.
  36. A. MARTCHENKO, « Vive la démocratisation en Tchéco­slovaquie ! » Lettre du 22 juillet 1968 à Rudé Pravo, Literarni Listy, Prace; copie à l'Humanité, Unita, The Morning Star, la B.B.C., ibidem, pp. 398-403, ici, p. 401.
  37. Ibidem, p. 403.
  38. « Contre l'arrestation de Martchenko », Lettre au pro­cureur du quartier Timiriazev du 30 juillet 1968, ibidem, pp. 404-405, « Appel aux citoyens contre l'arrestation de Martchenko » (30 juillet 1968), ibidem, pp. 406-407.
  39. Natalia GORBANEVSKAIA, Midi place Rouge, Paris, R. Laffont, 1970, 318 p., ici, p. 69.
  40. Selon la Chronique des événements récents, n° 4, 31 octobre 1968, reproduite dans N. GORBANEVSKAIA, op. cit., p. 303.
  41. Ibidem, pp. 303-304.
  42. Le dossier sur cette manifestation a été rassemblé dans l'ouvrage de N. GORBANEVSKAIA, op. cit.
  43. « Léninisme, oui ! Stalinisme, non ! », Samizdat I, pp. 423-426.
  44. « Les funérailles d'Alexis Kostérine », brochure de P. GRIGORENKO, comprenant plusieurs des discours prononcés, a été traduite dans Samizdat I, pp. 437-480.
  45. « Appel aux citoyens de l'Union Soviétique : Vive l'hé­roïque peuple tchécoslovaque ! » (28 février 1969), ibidem, pp. 427-428.
  46. Le 7 mars 1969.
  47. Des extraits ont été d'abord publiés dans Le Monde du 3 avril 1970.
  48. « Appel du Groupe d'initiative four la défense des droits civiques » (20 mai 1969, Samizdat I, pp. 594-598.
  49. Le Monde, 19 juin 1970.
  50. Selon certaines informations, l'étude du stalinisme rédi­gée par Roy MEDvEDEv sous le titre Devant le jugement de l'Histoire, serait prochainement éditée aux Etats-Unis. La réfé­rence à ce travail se trouve dans A. SAKHAROV, La Liberté intellectuelle en U.R.S.S. et la coexistence, p. 71.
  51. Voir note 19.
  52. Voir note 16.
  53. Voir note 15.
  54. Selon GRIGORENKO, Samizdat I, p. 462.
  55. G. ALEXÉEV, « Lettre ouverte aux citoyens de l'U.R.S.S. » (22 septembre 1968), ibidem, pp. 564-582.
  56. Ibidem, p. 593.
  57. Ibidem, p. 581.
  58. MEDVEDEV, op. cit., pp. 46-47, et PETROVSKI dans « Minutes », NEIŒITCH, op. cit., p. 243.
  59. GRIGORENKO, op. cit., p. 130.
  60. E. M. « Qui a tué Trotsky ? », article paru dans le n° 8 des Cahiers de la démocratie socialiste en 1966, Samizdat I, pp. 303-309.
  61. Ibidem, p. 432.
  62. « Minutes ... », NEKRITCH, op. cit., p. 244.
  63. Voir note 13.
  64. Discours de IAKIR, Samizdat I, p. 468.
  65. Ibidem, p. 301.
  66. Ibidem, p. 454.
  67. Ibidem, p. 448.
  68. Ibidem, p. 454.
  69. « Minutes ... », NEKRITCH, op. cit., p. 245.
  70. Le Monde, 1/2 novembre 1970.
  71. Extraits de cette « Lettre aux membres du B.P. Et aux invités étrangers » dans Le Monde, 31 mars 1971.
  72. JAKOBSON, Samizdat l, p. 454.