Constantin Pecqueur
Constantin Pecqueur, né le [1] à Arleux (Nord) et mort le à Taverny (actuel Val-d'Oise), est un économiste et théoricien socialiste français.
1 Biographie[modifier | modifier le wikicode]
Constantin Pecqueur commence par être saint-simonien, mais comme Pierre Leroux, il quitte le mouvement à la suite des dérives religieuses d'Enfantin.
Il s'imprègne alors d'idées venant de Fourier, de Proudhon, et du christianisme.
Il publie en 1836 son livre Économie sociale, auquel l'Académie des sciences morales et politiques décerne un prix d'économie.
Après la révolution de 1848, il fait partie de la Commission du Luxembourg pour l'étude de l'organisation du travail, aux côtés de Louis Blanc.
Il a été bibliothécaire de l'Assemblée nationale.
2 Idées[modifier | modifier le wikicode]
2.1 Entre matérialisme et mysticisme[modifier | modifier le wikicode]
Il y a chez Pecqueur un mélange étonnant d’analyses réalistes, voire matérialistes, et de considérations éthico-mystiques. Dans le même temps il observe que les faits économiques sont déterminants, agissant « sur la volonté, les mœurs et l’activité », et il écrit que « l’économie d’une société repose sur les croyances morales et religieuses qu’entretient la généralité de ses membres ». Le mal vient sans doute de « la volonté mauvaise des hommes », mais aussi de « l’imperfection du milieu économique où ils sont plongés ».
« Ce n’est donc pas uniquement les hommes qu’il faut changer, ou plutôt, ce n’est pas seulement leur volonté qu’il faut épurer, ce sont en même temps les relations commerciales, c’est-à-dire le milieu. »
2.2 Exploitation capitaliste[modifier | modifier le wikicode]
Pecqueur a bien perçu l'exploitation capitaliste. Partant de Sismondi, Pecqueur conclut que le travail est la seule source de richesse, puisqu’il crée ou rend productifs les instruments de travail. Or le propriétaire a un pouvoir absolu sur ces instruments de travail. Il peut donc contraindre l’ouvrier « pour le profit des autres ». Les non-possédants n’ont pas de liberté (car pas de liberté sans propriété) et ils ont perdu l’égalité naturelle.
2.3 Progrès du machinisme[modifier | modifier le wikicode]
Il convient de ne s’opposer ni au machinisme ni à la concentration qu’il entraîne. Les machines sont essentiellement « associantes », « socialisantes » et « agglomérantes ». « La centralisation industrielle » crée les conditions d’une deuxième phase, à savoir le passage de la propriété individuelle à la propriété « sociétaire ». « Tout dans le passé et le présent semble tendre à la socialisation des instruments de travail, c’est-à-dire à dégager le sol et les matières premières de la suzeraineté et de l’inféodation individuelles en les constituant insensiblement en propriété commune, indivise. » Le progrès même des instruments de production et des moyens de transport se retourne contre leur appropriation privée. Imagine-t-on que « les particuliers fussent propriétaires des chemins de fer » ? Il y aurait « monopole flagrant ». Même s’il se justifie par des considérations en grande partie morales, Pecqueur apparaît comme un des premiers théoriciens du collectivisme.
2.4 Utopisme dans les moyens[modifier | modifier le wikicode]
Pecqueur distingue des transformations à court terme et à long terme. Dans l’immédiat le gouvernement doit procéder à des améliorations concernant la journée de travail, la fixation légale du montant du salaire, le droit au travail. Il doit entreprendre de grands travaux publics et dispenser à tous l’éducation professionnelle. Après quoi, il prêtera à crédit, ce qui permettra aux capitalistes et aux travailleurs de s’allier pour constituer un nouveau type d’industrie. Ce ne sera que la première phase car « tant que le mode de travail resterait ce qu’il est il ne hâterait en rien et empêcherait même la distribution plus équitable des avantages sociaux ».
Mais comment y parvenir ? Comment tout au moins accélérer le mouvement ? Pecqueur ne souhaite pas « l’avènement turbulent d’une démocratie mineure et prématurée ». A la bourgeoisie de comprendre que le prêt gratuit des capitaux lui vaudra « un mérite devant la société et devant Dieu ». D’ailleurs n’est-ce pas son intérêt ? Car « laisser les masses pauvres, c’est éterniser l’émeute ».
3 Postérité[modifier | modifier le wikicode]
Constantin Pecqueur a assez peu influencé ses contemporains et pourtant sa contribution au socialisme français et à l’histoire de la pensée économique fait date et Marx l’a reconnu à plusieurs reprises. Ses ouvrages ont influencé Karl Marx lors de la rédaction du Capital, dans lequel Pecqueur est souvent cité. Il est également cité dans les Manuscrits de 1844.
Certaines de ses idées ont fait leur chemin par la suite, par exemple : l'exploitation des chemins de fer par l'État, le développement des transports en commun publics, l'arbitrage par des organismes internationaux.
Il existe une Place Constantin-Pecqueur dans le 18e arrondissement de Paris.
La veuve de Constantin Pecqueur a déposé à l'Assemblée nationale une grande partie de ses études et de ses écrits afin qu'ils restent consultables par les chercheurs intéressés par les origines du socialisme moderne. Dix malles d'écrits sont donc entreposées à la Bibliothèque de l'Assemblée.
La Fondation Giangiacomo Feltrinelli de Milan détient aussi des documents (Fondo Constantin Pecqueur[2]).
4 Publications[modifier | modifier le wikicode]
- L’Économie sociale : des intérêts du commerce, de l’agriculture, de l’industrie et de la civilisation en général, sous l’influence des applications de la vapeur, Paris, Desessart, 1839, 2 volumes (réédition numérique : Thomson Gale, 2005)[3]
- Théorie nouvelle d’Économie sociale et politique ou Études sur l'organisation des sociétés, Paris. Capelle Libraire-Éditeur, 1842
- La République de Dieu, 1844
5 Notes et références[modifier | modifier le wikicode]
- Marceau Pivert, Les théories économiques et sociales de Constantin Pecqueur, DES, université de Paris, vers 1920
- ↑ 4 brumaire an X
- ↑ Cf. Inventaire sur le site Feltrinelli.
- ↑ Autres publications : voir catalogue SUDOC