Auto-organisation

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On parle d'auto-organisation lorsque des groupes s'organisent par eux-mêmes, en rupture avec les institutions dominantes.

1 Auto-organisation des travailleur-se-s[modifier | modifier le wikicode]

1.1 Un objectif stratégique[modifier | modifier le wikicode]

Les communistes révolutionnaires cherchent particulièrement à favoriser l'auto-organisation des travailleurs, en tant que classe. Sans elle, il ne peut y avoir de renversement du capitalisme et de construction d'une société émancipée. La révolution socialiste nécessite que le prolétariat fabrique ses propres organes de pouvoir, dans chaque lieu de travail, chaque quartier...

Selon Gramsci, pour des raisons liées à sa nature sociale, la classe ouvrière ne peut pas gouverner autrement que sous la forme de conseils ouvriers, de conseils des travailleur·ses, de même que le parlement est une forme de gouvernement liée sociologiquement à la nature de la bourgeoisie. Rosa Luxemburg, et dans une moindre mesure Karl Korsch, furent aussi des théoriciens de l'auto-organisation de la classe ouvrière.

1.2 Un levier dans les luttes[modifier | modifier le wikicode]

Dès la moindre grève ou mouvement, l'auto-organisation est un appui considérable pour que la lutte de classe soit en faveur des travailleurs. Quand les exploités s'organisent eux-mêmes :

  • l'énergie pour lutter est bien meilleure, les décisions étant prises collectivement, dans l'émulation de l'action
  • la trahison par les bureaucrates des directions syndicales est bien plus difficile
  • les idées révolutionnaires sont beaucoup plus facilement comprises, notamment la perspective d'un gouvernement des travailleurs eux-mêmes

L'auto-organisation a donc aussi un aspect "tactique".

Les militants communistes révolutionnaires parlent aussi d'auto-activité lorsque les collectifs de travailleur-se-s prennent des initiatives et entretiennent une certaine émulation, mais que cela ne va pas jusqu'à former une "organisation" à proprement parler.

2 Auto-organisation et parti révolutionnaire[modifier | modifier le wikicode]

La question des rapports entre le(s) parti(s) révolutionnaire(s) et l'auto-organisation des travailleur-se-s est une question centrale de stratégie pour les marxistes, objet de nombreux débats. Le terme d'auto-organisation n'apparaît vraiment dans la littérature marxiste qu'après la Deuxième guerre mondiale, mais on peut considérer que ce débat a commencé dans l'Internationale ouvrière sous les termes de "rapports entre parti et masse" ou "parti et classe", et que la préoccupation a sa source chez Marx et Engels.

C'était déjà un principe fondamental que défendaient Marx et Engels, après qu'ils aient perdu toute illusion dans la réforme de l'Etat. C'est pourquoi la devise de l'Association Internationale des Travailleurs était :

"L'émancipation des travailleurs sera l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes. "

Mais dès que les organisations du mouvement ouvrier ont subi des dégénerescences bureaucratiques / réformistes, elles ont tourné le dos à l'auto-organisation. Dans la social-démocratie de la Deuxième internationale, la coupure était très nette entre la base ouvrière et la direction embourgeoisée, qui se concevait comme un appareil éclairé prêt à cueillir le pouvoir à la tête de l'Etat.

Ernest Mandel, Auto-organisation et parti d'avant-garde dans la conception de Trotski, 1989

Construire un parti révolutionnaire, c'est-à-dire décidé à porter un programme communiste dans la classe exploitée tout en favorisant son auto-organisation, c'est un combat permanent.

3 Exemples[modifier | modifier le wikicode]

3.1 Révolution russe (1905 et 1917)[modifier | modifier le wikicode]

Lors de la tentative de révolution de 1905, les travailleur-se-s créent spontanément des organes de décision, les « conseils » (« soviet », en russe). Cette expérience marquera durablement les révolutionnaires socialistes (Trotski, Lénine....) qui y verront la force capable de diriger la révolution.

Lors de la révolution de 1917, lorsque les soviets ont réapparu et se tiennent face au gouvernement provisoire (composé notamment de socialistes mais qui perpétue le système capitaliste), le parti bolchévik défend comme mot d'ordre « tout le pouvoir aux soviets », et tente de recréer un État à partir du congrès pan-russe des soviets (réunion des délégués des soviets de toute la Russie). Lors de l'appel à la constitution de l'Internationale communiste, il est clairement mis en avant l'objectif de « la démocratie prolétarienne, avec la possibilité de réaliser la liberté des masses laborieuses ; non pas le parlementarisme, mais l'auto-administration de ces masses par leurs organismes élus ; non pas la bureaucratie capitaliste, mais des organes d'administration créés par les masses elles-mêmes, avec la participation réelle de ces masses à l'administration du pays et à l'activité de l'édification socialiste – voilà quel doit être le type de l'État prolétarien. »[1]

Cependant, très vite après la prise du pouvoir, l'auto-organisation des travailleur-se-s et des paysans à la base disparaît, notamment pendant le communisme de guerre. Il s'ensuit une transformation de la dictature du prolétariat en dictature du parti et de la bureaucratie qui se forme dans l'appareil. Cette bureaucratisation fait l'objet de nombreux débats entre communistes révolutionnaires.

🔍 Voir : Stalinisme.

3.2 Révoltes et révolutions au Maghreb / Machrek[modifier | modifier le wikicode]

Depuis les révolutions de 2011 en Tunisie et en Egypte, de grands exemples d'auto-organisation ont eu lieu. Le plus souvent, il s'agit simplement pour la population de se défendre et réagir à la crise institutionnelle. De nombreux comités de quartiers se sont mis en place lorsque la population voulait se défendre contre la police des dictateurs ou leurs provocateurs.

3.3 Grèce[modifier | modifier le wikicode]

Depuis le début de la crise grecque, les travailleurs-ses de Grèce subissent une dégradation sociale sans précédent, des licenciements en cascade, etc... Malgré la loyale collaboration de classe des directions syndicales, qui canalisent la colère au niveau national dans quelques journées de grève éparpillées, il y a des réactions exemplaires :

  • Le journal (Eleftherotypia)[2] a été repris en février 2012 en autogestion par ses travailleurs, qui ont tiré deux numéros consacrés au soutien des luttes. Les patrons ont alors décidé de reprendre la publication.
  • Une usine de matériaux (Vio-me) a été reprise en autogestion en février 2013, avec égalisation des salaires, et orientation vers des matériaux écologiques.[3]

4 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]