Sociologie

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La sociologie peut être définie comme la branche des sciences humaines qui cherche à comprendre et à expliquer l'impact de la dimension sociale sur les représentations (façons de penser) et les comportements (façons d'agir) humains. Ses objets de recherche sont très variés puisque les sociologues s'intéressent à la fois au travail, à la famille, aux médias, aux relations, aux rapports de genre (hommes/femmes), aux statuts et fonctions, aux religions, ou encore aux formes de cultures et d'ethnicités…

1 Principaux paradigmes[modifier | modifier le wikicode]

Etant donné la complexité de l'objet d'étude, les conditions de recherche limitées et déformées par le cadre matériel du capitalisme, et l'influence des idéologies bourgeoises, la sociologie est divisée en de très nombreux courants.

On peut regrouper ces multitudes de courants dans deux principaux paradigmes, qui étudient les phénomènes sociaux humains sous deux angles différents :

  • Le paradigme holistique part du « social » et étudie comment il influe sur les consciences, en partant du principe que le « social » ne peut être réduit à la somme algébrique des états ou des comportements individuels. (On parle aussi de méthode « top-down », du haut vers le bas).
  • Le paradigme atomistique part au contraire de l'individu et étudie comment il entre en relation avec d'autres individus. (Méthode « bottom-up », du bas vers le haut).

2 Sociologie, science et idéologie[modifier | modifier le wikicode]

2.1 Sociologie marxiste[modifier | modifier le wikicode]

En tant que théorie d'analyse des sociétés humaines, le marxisme et plus précisément le matérialisme historique est en partie une sociologie. Trotski parlait de « marxisme, étape suprême de la pensée sociologique ».[1] Boukharine plaçait de même le marxisme sur le plan de la sociologie, réduisant le travail de l'historien à celui de collecter les faits :

« L'historien fournit les matériaux pour les conclusions et les généralisations sociologiques, parce que ces conclu­sions ne sont pas prises au hasard, mais tirées des faits historiques réels. La sociologie, à son tour, fournit le point de vue déterminé, les moyens de recherche, ou, comme on dit, la méthode de l'histoire. La classe ouvrière a sa sociologie prolétarienne à elle, connue sous le nom de matérialisme historique. »[2]

Ou encore, le trotskiste Jean van Heijenoort écrivait : « De la même manière que la médecine est fondée sur la physiologie, la politique marxiste repose sur la sociologie. »[3]

Cependant, le marxisme est interdisciplinaire, car il est au croisement de la sociologie, de l'histoire et de l'économie.

2.2 Sociologie et gauche[modifier | modifier le wikicode]

Nombre d'universitaires démocrates par rapport aux républicains, selon la discipline. (USA)

La grande majorité des sociologues sont de gauche. Les conservateurs s'en plaignent, et dénoncent un milieu biaisé, idéologique, etc.[4] En réalité c'est la nature même des faits sociologiques qui produit ce résultat : il est trop évident lorsque l'on étudie la sociologie que les idéologies justifiant l'ordre établi de façon grossière (méritocratie, racisme, sexisme...) sont fausses. Cela ne veut pas dire que les sociologues échappent totalement à l'idéologie dominante : en général ils sont plutôt de gauche réformiste que marxistes révolutionnaires.

2.3 Autres sociologues[modifier | modifier le wikicode]

Max Weber, Emile Durkheim, Ernest Gellner, Norbert Elias, Eric Voegelin, Isiah Berlin, Arnold Toynbee.

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2.4 Académisme, utilitarisme et militantisme[modifier | modifier le wikicode]

Si la sociologie reste encore largement une discipline universitaire en France, de nombreux sociologues sont aujourd'hui employés par des institutions publiques, des collectivités territoriales ou des entreprises privées à fin d'expertise ou de consultance. D'autres courants, comme le Mouvement Anti Utilitariste en Sciences Sociales (MAUSS), critiquent au contraire l'utilitarisme ou l'économisme de ces approches institutionnelles et les excluent du champ de la sociologie.

2.5 Sociologie et post-modernisme[modifier | modifier le wikicode]

La sociologie a historiquement accumulé des arguments très solides pour attaquer les discours réactionnaires fondés sur la « nature humaine », la « nature de la femme », la nature de telle ou telle « race », etc.

Cela a conduit certains courants dans la sociologie et dans les sciences sociales plus largement, à glisser vers une position selon laquelle tout est construction sociale, c'est-à-dire que tout ce qui est humain s'explique par la sociologie. Poussée à l'extrême, cette tendance en vient à être hostile par principe à toute explication autre, et donc à toute contribution d'une autre science, même si cette contribution se veut seulement partielle et articulée à la sociologie.

En réaction, ce biais idéologique a été dénoncé par certains chercheurs en sciences naturelles, qui pointent le refus de ces sociologues de prendre en compte des résultats obtenus par des méthodes scientifiques. En face, beaucoup de sociologues (mais aussi épistémologues, etc.) reprochent à ces autres scientifiques de ne pas connaître les biais idéologiques, qui relativisent leur prétention à l'objectivité. Certains vont même jusqu'à nier qu'il puisse exister une méthode scientifique, une objectivité, une universalité quelconque. Il s'agit du courant postmoderniste. Ce conflit est parfois nommé « guerre des sciences ».

D'un point de vue marxiste conservant une épistémologie matérialiste, il est nécessaire de s'opposer à la fois aux tendances réductionnistes de certains chercheurs qui peuvent nier les biais idéologiques, et à la fois aux tendances postmodernistes, qui en viennent à nier toute possibilité de connaissance solide et donc in fine à nuire aussi au progrès social.

2.5.1 Opposition avec la biologie[modifier | modifier le wikicode]

Des commentateurs opposent parfois la biologie à la sociologie, en attribuant à chacune des intentions idéologiques opposées. Il est clair que de telles intentions idéologiques ont existé et continuent à exister. Par exemple, des biologistes réactionnaires ont élaboré des théories des races avec la justification des inégalités et des dominations impérialistes comme arrière pensée. Il arrive encore fréquemment que des biologistes soient biaisés par leur genre dans l'étude de caractéristiques sexuelles (chez l'humain ou même chez d'autres espèces).

Inversement, des biologistes accusent une partie des sociologues de nier toute prédisposition naturelle ou différence naturelle entre humains, en décrivant le nouveau-né comme une page blanche qui serait déterminée à 100% par les facteurs sociaux. Cela peut aussi être vu comme le débat : existe-t-il une nature humaine ou pas ?

On peut par exemple voir cette opposition dans le débat entre Chomsky et Foucault.[5] En tant que linguiste, Chomsky défend l'idée qu'il y a des mécanismes généraux inscrits dans nos cerveaux (donc des prédispositions biologiques) qui peuvent être repérés malgré la diversité des langages.

En somme, certains accusent la biologie de faire du réductionnisme biologique, et d'autres accusent la sociologie de faire du réductionnisme social. En filigrane, certains accusent la biologie d'être de droite et d'autres la sociologie d'être de gauche.[6]

Si l'on n'est pas postmoderniste, il faut dépasser cette guerre des sciences. Factuellement, même si la plupart des sociologues sont très à gauche, la plupart des biologistes le sont aussi. Il faut noter également que les femmes sont majoritaires parmi les biologistes aujourd'hui, ce qui limite les risques de biais liés au genre.

2.5.2 Manque de rigueur et pseudo-sciences[modifier | modifier le wikicode]

Le postmodernisme, en niant toute objectivité scientifique, tend à rendre perméable à des discours pseudo-scientifiques.

Un exemple qui a mis en lumière cet aspect est l'affaire Sokal. En 1996, le physicien Alan Sokal propose un article à la revue de sociologie Social Text, chef de file du courant postmoderne. L'article, intitulé Transgresser les frontières : vers une herméneutique transformative de la gravitation quantique, est volontairement du charabia utilisant abondamment des termes de physique, et, même si son argumentation ne repose sur rien, ses conclusions vont dans le sens de la ligne de la revue : relativiser la portée de la science au nom d'une critique de gauche. Il écrit ainsi que la science « ne peut pas prétendre à un statut épistémologique privilégié par rapport aux narrations contre-hégémoniques émanant de communautés dissidentes ou marginalisées ».

En 2001, l'astrologue Elizabeth Teissier soutient une thèse de sociologie intitulée Situation épistémologique de l'astrologie à travers l'ambivalence fascination-rejet dans les sociétés postmodernes, et devient docteure en sociologie. Cela soulève une vague de protestations[7], y compris une pétition de 400 sociologues[8]. Mais de nombreuses personnalités s'expriment en soutien à Teissier, et parlent de « chasse aux sorcières ». En particulier, certains (comme Jean Ziegler) considèrent qu'il s'agit d'une attaque contre le courant de gauche postmoderne représenté par Michel Maffesoli, le directeur de thèse de Teissier.

Or ce courant n'est pas négligeable dans la sociologie française (autour de 30% selon certains), représenté notamment par la revue Sociétés. En 2015, deux sociologues ont proposé un article bidon à cette revue, parlant de l'Autolib comme « un indicateur privilégié d’une dynamique macrosociale sous-jacente : soit le passage d’une épistémê “moderne” à une épistémê “postmoderne” », et cet article a été accepté.[9][10]

3 Histoire de la sociologie[modifier | modifier le wikicode]

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4 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]