Paul Levi
Paul Levi (1883-1930) était un marxiste allemand, actif au sein de la révolution allemande et personnalité centrale du Parti communiste d'Allemagne (KPD).
1 Biographie[modifier | modifier le wikicode]
1.1 Premières années[modifier | modifier le wikicode]
Paul Levi est né le 11 mars 1883 à Hechingen, dans une famille juive antimonarchiste.
Il mène des études de droit et devient avocat, spécialisé dans les affaires politiques. Membre de l'aile gauche du parti social-démocrate (SPD), il est en 1914 l'avocat de Rosa Luxemburg (poursuivie pour « propagande antimilitariste »), avec laquelle il a une brève liaison.
1.2 Leader communiste[modifier | modifier le wikicode]
Hostile à la guerre mondiale, il participe à la Ligue spartakiste et fait alors un militantisme révolutionnaire considérable. Il est exclu en 1916 du SPD.
En décembre 1918, la Ligue spartakiste crée le Parti communiste d'Allemagne (KPD) ; Paul Levi est membre de la centrale de coordination.
Après le meurtre de Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht et Leo Jogiches, il devient dirigeant de fait du KPD. Il maintiendra la pression sur les autorités jusqu'à ce que les soldats coupables soient poursuivis et punis. Une de ses décisions fortes fut d'exclure l'aile gauchiste[1] à l'été 1919 (les antiparlementaires qui formeront le KAPD), pour permettre d'avancer vers un parti de masse (fusion avec l'aile gauche de la social-démocratie indépendante - USPD - dans le VKPD). Ce qui était alors la politique prônée par la direction de l'Internationale communiste (Lénine, Trotski...).
1.3 Contre le « putschisme »[modifier | modifier le wikicode]
Mais Levi eut vite de profonds désaccords avec la tête de l'Internationale communiste (IC), qu'il considérait notamment comme trop gauchiste (trop putschiste et pas assez unitaire) et trop autoritaire.
Durant le second congrès de l'IC, ses critiques ne furent pour la plupart pas publiées, soit-disant par « manque de papier ». Il est révolté par les méthodes arrogantes et brutales des émissaires de l'IC comme Bela Kun, qu'il rencontre à Livourne lors du congrès du Parti communiste italien. En protestation, il démissionne de la direction du KPD en février 1921.
Le départ de Levi donne le champ libre au volontarisme le plus débridé dans le KPD, ce qui débouche sur une tentative de grève générale insurrectionnelle (l'Action de mars 1921) qui subit un échec cuisant.
Lénine et Trotski étaient absolument convaincus de l'erreur profonde que représentait cette politique, mais lors du troisième congrès de l'Internationale, ils ne rendirent pas publiques ces critiques, pour "sauver la face" du KPD et éviter une scission. Levi se sentit alors en si profond désaccord avec la ligne qu'il critiqua publiquement l'Action de mars, dans une brochure[2] dénonçant sévèrement la nouvelle direction du KPD et la direction de l'Internationale communiste.
Il écrit par exemple : « L'exécutif [de l'Internationale] ne se comporte pas autrement qu'une Tchéka agissant au-delà des frontières russes ». Il met l'accent sur les intentions les plus graves de l'aile gauchiste, comme la provocations volontaires dans l'espoir d'une répression des ouvriers, soit-disant bonne pour la conscience de classe.
La direction de l'Internationale décide alors de son exclusion. Lénine prit sa défense en citant son travail passé remarquable, et considéra cet éloignement de Levi -comme sa précédente démission de la direction- comme une désolation. Cependant, plus la tension entre Levi et le KPD s'envenimera, plus Lénine deviendra hostile à Levi.[3]
Paul Levi publie en 1921 des notes que Rosa Luxemburg avaient écrites en prison, dans lesquelles elle apparaît très critique sur la révolution russe[4]. Adolf Warski et Clara Zetkin réagissent en parlant de déplorable manœuvre[5]. Selon elleux, ce texte ne reflétait pas une pensée définitive de Luxemburg, et elle n'aurait pas voulu le publier.
1.4 Dernières années[modifier | modifier le wikicode]
Paul Levi crée alors un courant marxiste de gauche — le Kommunistische Arbeitsgemeinschaft (KAG). Ce courant est intégré au sein du SPD en 1922, comme minorité de gauche. Levi travaille à l'édition de textes, parfois inédits, de Rosa Luxemburg et de Karl Liebknecht. Ce n'est pas sans arrières-pensées.
Il fonde en 1923 la revue Sozialistische Politik und Wirtschaft, qui elle-même fusionnera avec la revue Der Klassenkampf en 1928.

Levi créa alors un groupe communiste oppositionnel, qui retourna ensuite à l'USPD qui fusionna avec le SPD, dont il anima l'aile gauche, et resta député jusqu'à sa mort. Il publiait l'hebdomadaire d'analyse des événements Sozialistische Politik und Wirtschaft (Politique socialiste et économie), qui fusionna plus tard avec Klassenkampf (Lutte de classe), le journal de l'aile marxiste du SPD. [6]
Malgré son appartenance à la social-démocratie, il resta un représentant fidèle de la classe ouvrière. Sentant grossir la menace de réaction fasciste, il appela les travailleurs socialistes à renforcer la lutte de classe, non seulement pour se défendre, mais s'ils voulaient simplement garder le cadre de la démocratie bourgeoise. En particulier en 1923, il était parmi la minorité au SPD favorable au gouvernement ouvrier (gouvernement unitaire des organisations ouvrières).
Levi, souffrant des poumons, se suicide le 9 février 1930 par défenestration. Selon certains il aurait été assassiné à cause de ses inlassables investigations sur la mort des leaders spartakistes.
Étant député au moment de sa mort, le Reichstag procède à une minute de silence, auxquels seuls deux groupes parlementaires refusent de s'associer : les nazis et le KPD.
2 Bibliographie[modifier | modifier le wikicode]
- Introduction to Trotski’s Lessons of October, 1924.
- Leaving Leninism, July 1927.
- Report to Second Congress of Comintern, 1920
- Seventh Session
3 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]
Biographie sur Marxists.org anglais
Biographie sur Marxists.org français
L’opposition de Paul Levi au sein du Komintern
Geschichte der Weimarer Republik, Arthur Rosenberg
- ↑ Aile gauchiste qui fondera le KAPD.
- ↑ Unser Weg, Wider den Putschismus
- ↑ Lénine, Lettre aux communistes allemands, 14 août 1921
- ↑ Rosa Luxemburg, La Révolution russe, 1918
- ↑ Clara Zetkin, Adolf Warski, A propos d'une déplorable manœuvre, 20 décembre 1921
- ↑ C'est ce regroupement qui donnera naissance au SAP en 1931.