Langue

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Les langues sont les moyens de communication humains, par la voix, l'écriture ou les gestes. Elles permettent la communication entre individus au sein de groupes sociaux, et sont fondamentales dans le développement de l'humanité.

1 Définitions et classifications[modifier | modifier le wikicode]

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2 Tendances historiques[modifier | modifier le wikicode]

2.1 Évolution des langues[modifier | modifier le wikicode]

  1. Pictographique (Hiéroglyphes, Langue Naxi, premiers sinogrammes…)
  2. Phonétique-syllabique : le signe représente un son, les signes sont associés comme syllabes pour former des mots qui ont un sens « émergent » (les hiéroglyphes sont devenus phonétiques-syllabiques, mais les signes sont restés les 500 symboles figuratifs, à l’inverse, la langue sumérienne, devenue Phonétique-syllabique, s’est réduite à 600 signes cunéiformes).
  3. Alphabet. Poursuite de la déconstruction et simplification des signes. Chaque « lettre » de l’alphabet représente un son individuel. (Phéniciens les premiers).
  4. Invention des voyelles (Grecs)

2.2 Langues et États-nations[modifier | modifier le wikicode]

Trotski fait les considérations suivantes sur le lien entre constitution des Etats capitalistes modernes et tendance à la généralisation d'une langue commune :

« La langue est le plus important instrument de liaison d’homme à homme, et, par conséquent, de liaison dans l’économie. Elle devient une langue nationale avec la victoire de la circulation marchande qui unit une nation. Sur cette base s’établit l’État national, en tant que terrain le plus commode, le plus avantageux et normal des rapports capitalistes. Dans l’Europe occidentale, l’époque de la formation des nations bourgeoises, si nous laissons de côté la lutte des Pays-Bas pour l’indépendance et le sort de l’Angleterre insulaire, a commencé par la grande Révolution française et dans l’essentiel s’est achevée, à peu prés en un siècle, par la constitution de l’Empire allemand. »[1]

3 Les mouvements politiques et les langues[modifier | modifier le wikicode]

3.1 Jacobinisme et langues régionales[modifier | modifier le wikicode]

Au Moyen-Âge, les langues parlées en France étaient très diverses selon les régions. Les différents gouvernements à partir de la révolution française vont chercher à unifier la langue sur l'ensemble du territoire, et pour cela vont imposer la langue parlée à Paris, et interdire l'enseignement des langues régionales.

Depuis plusieurs années, même si la pratique des langues régionales est devenu très minoritaire, certains souhaitent favoriser son enseignement. C'est le cas notamment dans les régions où les langues se sont les plus maintenues (Bretagne, Corse, Pays-Basque, Alsace, Catalogne...). Les partis de droite comme de gauche sont divisés sur cette question. On retrouve par exemple une position typiquement jacobine chez Jean-Luc Mélenchon, et davantage de régionalisme au sein du Parti communiste français[2][3]

3.2 La social-démocratie[modifier | modifier le wikicode]

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Dans le cadre d'une polémique sur l'organisation de congrès ouvriers internationaux, Hyndman (Social Democratic Federation) accuse les Allemands vivant au Royaume-Uni et aux États-Unis d'être communautaristes et de publier en allemand plutôt qu'en anglais.[4] Cela visait notamment Heinrich Rackow et la Communistischer Arbeiter-Bildungsverein de Londres. Rackow soutient à l'inverse que les Allemands sont largement assimilationnistes, qu'ils subissent aussi du rejet de la part des anglais, et que ces accusations sont sans fondement.[5] Bernstein, alors à Londres, diffuse un pamphlet (co-écrit avec Engels) répondant également.[6]

La position de la social-démocratie classique (Deuxième internationale), théorisée notamment par Kautsky, reprenait globalement la vision de Marx et Engels. Elle s'opposait à toute contrainte et à tout privilège pour une langue, mais pensait que l’économie a tendance à pousser les minorités à adopter la langue majoritaire de chaque aire géographique, et qu'il s'agit d'un phénomène progressiste.

Ainsi Lénine écrivait en 1913 :

« les nécessités économiques obligeront toujours les nationalités habitant un même État (aussi longtemps qu'elles voudront vivre ensemble) à étudier la langue de la majorité. Plus le régime de la Russie sera démocratique et plus vigoureux, plus rapide et plus large sera le développement du capitalisme, plus les nécessités économiques pousseront impérieusement les diverses nationalités à étudier la langue la plus commode pour les relations commerciales communes. »[7]

Le socialiste révolutionnaire Anton Pannekoek évoque dans ses écrits une future langue mondiale unique.

3.3 Réforme de la langue russe en 1917[modifier | modifier le wikicode]

Quelques années avant 1917, une commission impériale avait envisagé une réforme, mais celle-ci avait été enterrée.

Dès la révolution de février 1917, sous le gouvernement bourgeois provisoire, une réflexion sur la réforme orthographique est lancée. Elle est conduite en particulier par le philologue Alexei Shakhmatov, qui est à la tête de l'Assemblée pour une simplification de l'orthographe, qui émet des propositions le 11 mai 1917. Le Ministère de l'éducation populaire s'en inspire peu après pour édicter de nouvelles règles.

Mais l'entrée en vigueur n'aura vraiment lieu que sous le gouvernement bolchévik, après la révolution d'octobre. Celui-ci souhaite simplifier l'orthographe pour faciliter sa campagne d'alphabétisation massive. En décembre 1917, le Commissaire du Peuple à l'Education, A. Lounatcharsky, publie un décret stipulant que « toutes les institutions gouvernementales et étatiques sans exception doivent opérer sans délai la transition vers la nouvelle orthographe » et que « à partir du 1er janvier 1918 toutes les publications gouvernementales et étatiques doivent être imprimées » selon la nouvelle orthographe. Formellement, les publications privées pouvaient encore utiliser l'ancienne orthographe. Selon le décret, les gens ayant été formés selon l'ancienne norme n'avaient pas à être rééduqués. L'utilisation de l'ancienne norme n'était pas considérée comme une faute.

Cette réforme a consisté essentiellement en la suppression de quatre lettres : Ѣ, Ѳ, і et Ѵ Ces lettres étaient considérées comme des doublons inutiles :

  • Ѣ : a été remplacé par Е
  • Ѳ : transcrivait le thêta grec mais se pronconçait "F", comme dans Fiodor (Ѳёдор, devenu Фёдор, étymologie : Théodor). Cette lettre fut remplacée par Ф
  • і : remplacé par le i cyrillique и
  • Ѵ : remplacé aussi par и et n'était utilisé que dans un seul mot ecclésiastique, мѵрра, la myrrhe.
  • l'usage systématique du signe de dureté Ъ en fin de mot a été aboli, et en pratique son abandon était considéré comme faisant partie de la réforme et s'est généralisé

Ainsi, міръ (la paix) et миръ (le monde) s'écrivent depuis 1918 tous deux мир.

Les textes écrits dans la nouvelle orthographe sont plus courts d'un trentième par rapport à l'ancienne.

L'utilisation ou non de la nouvelle orthographe est devenu un symbole d'appui ou de refus de la révolution. Des publications de Russes Blancs (émigrés contre-révolutionnaires) continuèrent à paraître sous l'ancienne orthographe jusqu'en 1970.

Par ailleurs, depuis les années 1700, des intellectuels russes prônaient la latinisation de l'écriture russe, pour mieux se relier à l'occident. Une partie des bolchéviks s'inscrivaient dans cette lignée, ajoutant l'intérêt d'étendre plus facilement la révolution mondiale. Pour toutes les langues qui n'avaient pas d'écriture, les institutions soviétiques créèrent des langues en alphabet latin. Les langues qui s'écrivaient en alphabet arabe au sein de l'URSS furent latinisées dans la deuxième moitié des années 1920 (ce qui eut une influence sur la latinisation décidée en 1928 en Turquie par Kemal). Des plans furent sérieusement adoptés pour latiniser le russe et les langues slaves, mais ils furent arrêtés par Staline en janvier 1930.[8]

3.4 Réforme de la langue chinoise par les maoïstes[modifier | modifier le wikicode]

Des simplifications de sinogrammes avaient déjà eu lieu au fil des dynasties impériales chinoises. Mais au début du 20e siècle, les réformateurs, en particulier les communistes, veulent opérer un saut qualitatif.

Au lendemain de la révolution de 1949, une Commission de Réforme de l’Écriture est mise sur pied, et elle est favorable au remplacement des sinogrammes par l'écriture pinyin (transcription phonétique en alphabet latin). Dans un premier temps, une cohabitation pinyin-sinogrammes est prévue, avec une simplification de nombreux sinogrammes.

Le 28 janvier 1958, une liste de 515 sinogrammes simplifiés et 54 radicaux est promulguée. Leur nombre de traits moyen est abaissé de 16 traits à 8,16 traits, permettant une écriture notablement plus rapide.

L'idée d'abandonner les sinogrammes est finalement abandonnée.

3.5 Nationalisme turc[modifier | modifier le wikicode]

Comme ailleurs, la langue turque a été un facteur d'unification nationale. En Anatolie, l'actuel peuple de la Turquie s'est ainsi forgé une identité nationale largement sur cette base, au moment où l'ancien empire ottoman, pluriethnique, se disloquait. Au sein du mouvement des Jeunes Turcs, cet instrument de la langue est aussi devenu très nationaliste. Ainsi Ziya Gökalp voulait purger la langue turque de ses très nombreux mots d'origine persane et arabe.

3.6 Féminisme[modifier | modifier le wikicode]

4 Études linguistiques[modifier | modifier le wikicode]

L'expansion des langues indo-européennes d'après l'hypothèse kourgane (dominante aujourd'hui) introduite par Marija Gimbutas.

La linguistique est l'étude scientifique des langages et de leur évolution. Scientifique implique qu'il s'agit de décrire les mécanismes par lesquels les langages se construisent, se différencient, etc., sans aucun jugement normatif. On trouve des réflexions sur le langage dès l'Antiquité, mais c'est aux 19e et 20e siècle que la discipline émerge vraiment.

C'est notamment la comparaison des langues qui permet d'observer quels sont leurs points communs et leurs différences, de dresser et de tester des hypothèses sur leurs origines, les mécanismes évolutifs... Dans le contexte du 19e siècle en particulier, les réflexions « évolutionnistes » se multiplient, et on travaille désormais intensément à transformer les visions fixistes en visions dynamiques (des espèces biologiques, des sociétés humaines, des langues...).

La thèse d'une langue originelle commune aux langues d'une bonne partie de l'Eurasie commence à circuler : à partir de 1815 on parle de langues indo-européennes. Cette thèse a assez rapidement fait consensus jusqu'à aujourd'hui, même si de nombreux débats ont eu lieu et ont encore lieu sur le foyer d'origine de cette famille de langues.[9]

Comme souvent, les polémiques les plus vives ont eu lieu sur fond d'enjeux idéologiques.

En parallèle de la linguistique, certains auteurs vont théoriser une « race indo-européenne ». Le Français Arthur de Gobineau fut (un des premiers théoriciens du racialisme « biologisant » moderne) écrivit en 1855 que les noblesses européennes descendraient de cette «  race indo-européenne ».

En Allemagne au début du 20e siècle, le linguiste et historien Gustaf Kossinna situe le foyer de l'indo-européen dans le Nord de l'Allemagne, dans ce qui est clairement une volonté nationaliste. Cette tendance à situer ce foyer en fonction de considérations nationalistes a existé dans d'autres pays, et existe encore aujourd'hui.[9]

Dans les années 1920, le linguiste soviétique Valentin Volochinov défend des idées considérées comme novatrices, et cherche comme beaucoup de penseurs de son époque à utiliser le marxisme dans sa discipline. Cependant après le tournant totalitaire du régime, il sera écarté.[10][11]

Dans l'entre-deux-guerres, le linguiste soviétique Nikolaï Marr conteste la thèse indo-européenne, en soutenant que les points communs entre ces différentes langues ne sont pas dus à une origine commune, mais à leur contact prolongé. Il affirme plus généralement que les langues tendent à converger vers une langue mondiale, dans une vision qui se veut plus « compatible » avec celle de l'unification internationale du prolétariat.

5 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]