Composition organique du capital
La composition organique du capital est le rapport du capital constant et du capital variable. Il joue un rôle explicatif essentiel dans la loi de baisse tendancielle du taux de profit.
1 Définition et signification[modifier | modifier le wikicode]
Cette grandeur est le rapport entre le capital investi dans la production (machinerie, locaux, électricité...) et le capital que représente la masse salariale avancée.
[math]\displaystyle{ co=\frac{c}{v} }[/math] |
Marx lui a donné le nom de composition organique du capital en raison de son importance fondamentale pour expliquer l'état de l'économie capitaliste et sa dynamique. C’est le rapport entre ce qui ne fait que transmettre sa valeur et ce qui en crée une nouvelle, ou entre ce qui ne produit pas de plus-value et ce qui en produit. Ce rapport intervient au dénominateur dans la définition du taux de profit : quand il augmente, le taux de profit diminue.
2 Composition en valeur et composition technique[modifier | modifier le wikicode]
2.1 Distinction[modifier | modifier le wikicode]
Il est important d'établir une distinction entre le rapport des valeurs (c/v) et le rapport technique (concrètement, combien de machines employées par rapport aux travailleurs).
« La composition du capital se présente à un double point de vue. Sous le rapport de la valeur, elle est déterminée par la proportion suivant laquelle le capital se décompose en partie constante (la valeur des moyens de production) et partie variable (la valeur de la force ouvrière, la somme des salaires). Sous le rapport de sa matière, telle qu'elle fonctionne dans le procès de production, tout capital consiste en moyens de production et en force ouvrière agissante, et sa composition est déterminée par la proportion qu'il y a entre la masse des moyens de production employés et la quantité de travail nécessaire pour les mettre en oeuvre La première composition du capital est la composition-valeur, la deuxième la composition technique. »[1]
Lorsque l'on parle de composition organique du capital, on parle le plus souvent de la composition en valeur. Pour la composition "matérielle", on préfèrera le terme de composition technique du capital.
2.2 Influence de la productivité[modifier | modifier le wikicode]
Le capitalisme pousse constamment la composition technique du capital à la hausse. On pourrait donc penser que la composition en valeur la reflète fidèlement. Mais si la productivité augmente dans le secteur des moyens de production, il est possible que la valeur par moyen de production diminue. Si cette diminution est plus forte que l'accroissement du "nombre de machines" (et autres composantes des moyens de production), la composition en valeur peut baisser malgré la machinisation.
« Le capital constant augmente moins rapidement en valeur qu'en importance matérielle. » En effet, « l'évolution qui pousse à l'augmentation du capital constant par rapport au capital variable tend à faire baisser, par la productivité croissante du travail, la valeur des éléments qui le constituent et à empêcher que sa valeur absolue augmente aussi rapidement que son importance matérielle. Il peut même arriver que la masse des éléments du capital constant s'accroissent alors que sa valeur reste invariable ou même diminue »[2]
Néanmoins, les rares données empiriques traitées sérieusement vont dans le sens d'une hausse de la composition organique, ce qui se comprend théoriquement, notamment avec l'exemple suivant.
3 Exemple théorique[modifier | modifier le wikicode]
En 2000, je suis un industriel parmi d'autres qui fabrique des Bidules.
J'achète 10 machines de 10 000 € chacune pour 100 000 €, paie 10 ouvriers pendant un an et les paie 10 000 € chacun pour l'année, soit 100 000 € dépensés en salaires. Ma production est de 300 000 Bidules, dont le prix unitaire est de 1 €. J'ai donc une composition organique du capital de 1/1, et un profit de (300 000/200 000) -1= 50%, ce qui est le profit moyen de mon industrie.
En 2010 un fournisseur de machines vient me voir et me fait une offre alléchante : il peut me vendre les mêmes machines dont j'ai besoin moitié moins cher. Chaque machine demande un ouvrier, donc je paierais toujours 100 000 € en machines, mais cette fois j'aurais 20 machines, et j'emploierais 20 ouvriers, et paierais donc 200 000 € en salaires. Ma production serait double de celle de 2000 : 600 000 bidules. Leur prix serait toujours le même, car je serais le seul à utiliser ces nouvelles machines bon marché, je ferais donc un profit de (600 000/300 000) - 1 = 100 %.
Très intéressant ! Mais un autre fournisseur me propose quant à lui des machines qui valent un peu plus cher que la précédente, 15 000 € chacune, mais qui permettent de produire deux fois plus de bidules, toujours avec un ouvrier par machine. Je fais mes calculs et opte pour cette solution : 150 000 € en machines, toujours dix ouvriers donc 100 000 € en salaires, production de 600 000 Bidules valant 1 € chacun, profit de (600 000/250 000) - 1 = 140 %. Je suis aux anges
En 2011 cependant je déchante : tous mes rivaux ont eu l'idée simple de me copier, ils ont tous les mêmes machines. En conséquence le prix du bidule décroit. À nouveau, comme en 2000, pour moi comme pour tout le monde chaque année de travail d'un ouvrier ajoute 20 000 € à la valeur du capital constant employé (des machines), dont 10 000 € partent en salaires. J'ai donc toujours 150 000 € en machines, 100 000 € en salaires, production de 600 000 Bidules, mais ceux ci ne valent plus que 0,58 centimes chacun, pour une valeur totale de 350 000 €. Mon profit est alors de (350 000/250 000)- 1 = 40 %, nouveau profit moyen de mon industrie.
Cette baisse du profit moyen est directement liée à la hausse de la composition organique (1/1 en 2000, 1,5/1 en 2011). Pourtant le choix du premier capitaliste qui utilise cette composition organique plus élevée est parfaitement rationnel, comme l'est celui de ses concurrents qui s'alignent sur lui pour ne pas lui succomber dans le cadre de la concurrence.
4 Capital par tête et salaire[modifier | modifier le wikicode]
Si l'on divise numérateur et dénominateur par le nombre de salariés ns, on obtient :
[math]\displaystyle{ co=\frac{cpt}{sr} }[/math] |
où cpt = c/ns est le capital par tête, et sr = v/ns le salaire réel.
5 Évolution empirique[modifier | modifier le wikicode]
5.1 États-Unis[modifier | modifier le wikicode]
Une idée de la composition organique du capital peut être obtenue pour les États-Unis avec les graphes suivants : à gauche le capital par tête et à droite le salaire réel des ouvriers sur la même période. La composition organique est le rapport du capital par tête et du salaire réel.
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5.2 Chine[modifier | modifier le wikicode]
6 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]