Artisanat

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Poterie, Vallauris (France), années 1920

L'artisanat est la production de produits ou services grâce à un savoir-faire particulier et hors contexte industriel : l'artisan assure en général tous les stades de sa production, de transformation, de réparation ou de prestation de services, et leur commercialisation.

1 Généralités[modifier | modifier le wikicode]

L'artisanat a toujours été plus ou moins présent dans les sociétés, mais son rôle varie historiquement. Il était à l'origine une activité parmi d'autres des membres des premières communautés humaines. Mais lorsque sont apparues les classes paysannes et les classes dominantes, les artisans sont devenus une couche sociale particulière. La division du travail avait séparé ces activités des autres.

Dans le féodalisme européen, les artisans se sont développés au coeur des villes, en autonomie relative avec les campagnes.

Dans Le Capital, Marx note qu'à l'inverse, dans le « mode de production asiatique », agriculture et artisanat ne sont pas séparé, permettant une autarcie économique de la communauté villageoise.

Avec la révolution industrielle qui commence en Angleterre à la fin du 18e siècle, l'artisanat va connaître un recul, et va progressivement être considéré comme une survivance du passé. L'industrialisation se répand dans tous les secteurs de la production, et les moyens de production mécanisés nécessitent désormais des capitaux massifs et un plus grand nombre de travailleur·ses.

2 La place de l'artisanat dans la pensée économique[modifier | modifier le wikicode]

2.1 Premiers discours[modifier | modifier le wikicode]

Pour les économistes du 18e siècle, tels Adam Smith, François Quesnay… le travail est source de valeur, mais de quel travail s'agissait-il ? Ainsi Smith prône l'industrialisation, la division du travail...les physiocrates comme Quesnay, considèrent que c'est l'agriculture qui est la principale productrice de valeur, les autres catégories, dont l'artisanat, font partie de la classe « stérile ». Turgot considère que le cultivateur produit non seulement son salaire mais le « revenu qui sert à salarier toute la classe des artisans et autres stipendiés ».

2.2 Recul sous le capitalisme industriel[modifier | modifier le wikicode]

Avec la révolution industrielle, au 19e siècle, l'artisanat va progressivement être considéré comme une survivance du passé.

Les économistes de l'école classique vont théoriser que le capitalisme industriel, tourné vers la recherche du profit, est le mieux à même d'augmenter la production générale et de répondre aux besoins sociaux. Le travail étant source de valeur, son organisation devient une question majeure d'où la focalisation des économistes sur l'entreprise et plus particulièrement sur la grande entreprise.

Les socialistes vont globalement essayer de se positionner en prenant en compte deux constats :

  • d'un côté l'industrialisation aux mains des capitalistes cause de nombreux dégâts (ruine de nombreux paysans et artisans, exploitation inhumaine de nombreux prolétaires...)
  • de l'autre, l'industrialisation reprise en main par la collectivité pourrait apporter une qualité de vie sans précédant à l'humanité.


En particulier, le communisme de Karl Marx repose sur cette idée que le capitalisme rend enfin possible une forme de socialisme qui ne soit plus utopique. En effet, en remplaçant de nombreux petits propriétaires isolés et en concurrence (paysans, artisans) par une ensemble de travailleur·ses dépossédés faisant toujours plus partie d'une vaste économie interdépendante, et en diminuant le temps de travail nécessaire pour la production des biens, le capitalisme permet d'entrevoir une gestion démocratique par la collectivité. A condition d'exproprier la poignée de propriétaires capitalistes, pour que la masse dépossédée deviennent collectivement propriétaire.

Marx et Engels considéraient que les « classes moyennes », dont les artisans, pouvaient avoir des réflexes conservateurs, voulant illusoirement « faire tourner à l'envers la roue de l'histoire »[1] pour revenir à une époque pré-industrielle. Mais ce n'était pas une fatalité : « Si elles sont révolutionnaires, c'est en considération de leur passage imminent au prolétariat : elles défendent alors leurs intérêts futurs et non leurs intérêts actuels ; elles abandonnent leur propre point de vue pour se placer à celui du prolétariat. »[1]

D'autres courants du socialisme vont être beaucoup plus hostiles à l'industrie et vont davantage chercher à s'adresser aux artisans qu'aux ouvriers d'usine : Proudhon, une grande partie du mouvement coopératif, le « Guild Socialism » britannique...

2.3 Nouveaux discours[modifier | modifier le wikicode]

A partir des années 1970, un discours positif sur l'artisanat émerge. « Small is beautiful » dit Ernst Friedrich Schumacher. En 1982, Christine Jaeger traite directement de l'artisanat dans son ouvrage au titre évocateur : « Artisanat et capitalisme, l'envers de la roue de l'histoire ». Parallèlement aux développements des considérations sur l'entreprise les théories sur l'entrepreneur évoluent également et dans les années 2000 on verra en France se développer des études et théories sur l'artisan chef d'entreprise et sur l'entreprise artisanale.

L'artisanat n'est plus alors présenté comme une survivance du passé mais comme un facteur important d'innovation, d'emploi, de lien social, etc. Cela se reflète par exemple dans une loi française (« loi Royer ») qui dit :

« Ils (le commerce et l'artisanat) doivent contribuer à l'amélioration de la qualité de la vie, à l'animation de la vie urbaine et rurale et accroître la compétitivité de l'économie nationale. »

3 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]

  1. 1,0 et 1,1 Friedrich Engels, Karl Marx, Manifeste du parti communiste, 1847