Conditions de travail

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Les conditions de travail varient très fortement entre les métiers. Pour les travailleur·ses, elles sont historiquement déterminées par l'évolution des forces productives (techniques, économie...) et par les rapports de production, donc par la lutte des classes.

Au travail, les individus sont plus ou moins aliéné·es, sont plus ou moins soumis à des conditions quotidiennes qui pourraient être bien meilleures (stress, humiliations, pénibilité...), et enfin sont plus ou moins soumis à des risques de maladies professionnelles et d'accidents du travail.

1 Conditions de travail[modifier | modifier le wikicode]

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1.1 Temps partiel subi[modifier | modifier le wikicode]

Un tiers des travailleuses européennes sont à temps partiel (souvent subi) contre 8 % des hommes.

1.2 Travail de nuit[modifier | modifier le wikicode]

Aujourd'hui en France, les femmes occupent moins de 25 % des postes de nuit.

1.3 Pénibilité et perte de sens[modifier | modifier le wikicode]

Selon un rapport officiel en France :

« Entre 2005 et 2016, la part des salariés disant effectuer un travail répétitif est passée de 28% à 42%, la progression est la plus forte parmi les employés (de 33 à 56%) et les ouvriers. »[1]


Le travail est de plus en plus encadré par différents processus de normalisation et de reporting, qui diminuent la part d'autonomie des salarié·es et créent souvent des absurdités. Beaucoup font un constat amer : « On passe plus de temps à justifier de son activité qu'à la faire. »[2]

2 Maladies professionnelles[modifier | modifier le wikicode]

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2.1 Amiante[modifier | modifier le wikicode]

Nombre de maladies professionnelles liées à l'amiante officiellement reconnues en France.

L'amiante est un matériau isolant et ignifuge qui a beaucoup été utilisé dans le bâtiment. Dès les années 1900, des études ont commencé à établir un lien entre l'exposition à l'amiante et des maladies graves comme des cancers du poumon.

Malgré cela, pendant la plus grande partie du 20e siècle, les industriels ont fait un lobbying intense pour minimiser les risques, financer des études biaisées, corrompre des politiciens, pour faire en sorte qu'aucune mesure contraignante ne soit prise.

Ce n'est qu'à partir des années 1970 que le rapport de force de celles et ceux voulant protéger la santé des travailleur·ses commence emporter des victoires. Les preuves scientifiques deviennent trop claires pour pouvoir être écartées, et l'OMS déclaré l'amiante cancérigène en 1977.

De nombreux pays ont ensuite adopté des mesures pour limiter l'utilisation de l'amiante, comme l'interdiction de certains types d'amiante ou l'imposition de réglementations strictes sur son utilisation dans le secteur du bâtiment. Cependant, certains pays qui ont interdit l'amiante sur leur propre sol ne se gênent pas pour en exporter vers des pays sans réglementation (Canada, Russie, Brésil...).

3 Accidents du travail[modifier | modifier le wikicode]

3.1 Généralités[modifier | modifier le wikicode]

Environ 2,78 millions de personnes meurent chaque année dans le monde du travail des suites d’accident ou de maladie professionnelle et 374 millions de personnes sont victimes d’accidents non mortels.[3]

Les secteurs à risque sont principalement l'agriculture, la construction et les mines[4]. Dans les pays industrialisés, les travailleurs du bâtiment sont les plus exposés (risque trois à quatre fois plus élevé de mourir d’un accident du travail par rapport à la moyenne de l'ensemble des salariés).

Plus de 651 000 décès sont en moyenne déclarés chaque année comme directement induits par des substances dangereuses. Le mauvais enregistrement de ces accidents dans de nombreux pays fait que ce chiffre est fortement sous-évalué (l'amiante, par exemple, cause encore environ 100 000 morts/an avec une aggravation régulière du nombre de morts).

Il est fréquent que les patrons aient comme premier réflexe de refuser toute responsabilité dans les accidents qui surviennent dans leurs entreprises, en rejetant la faute sur une imprudence individuelle d'un employé.

Face à l'ampleur des luttes ouvrières, il y a eu des législations dans presque tous les pays pour obliger les patrons à payer un minimum (d'abord sous des formes directes comme des indemnités, des rentes pour une veuve... puis de plus en plus sous forme de dispositifs plus systématiques d'assurance maladie).

En raison notamment de la désindustrialisation relative (les délocalisations ainsi que la baisse du nombre d'ouvriers nécessaires dans l'industrie pour une même production) et d'une diminution de la dangerosité de nombreux appareils, le nombre d’accidents du travail avec arrêt (et leur fréquence par rapport au nombre d’heures rémunérées) sont en régulière diminution dans les pays industrialisés.

Quand des enquêtes révèlent que des grandes marques sous-traitent leur fabrication à des usines - souvent dans des pays pauvres - où les conditions de travail sont particulièrement atroces, cela peut faire scandale.[5]

Il faut cependant mentionner un effet paradoxal du patriarcat : dans sa vision essentialiste des femmes comme « fragiles », il assigne moins les femmes aux métiers les plus dangereux pour la santé. Ainsi la grande majorité des accidents du travail touchent des hommes,[6][7] par exemple 92% aux États-Unis.[8] Le nombre de décès attribués à une maladie professionnelle est plus de 80 fois inférieur chez les femmes que chez les hommes. 2/3 des maladies professionnelles ayant entraîné une incapacité permanente sont contractées par des hommes.

3.2 France[modifier | modifier le wikicode]

En France, 633 000 accidents de travail se sont produits en 2018[9]. Plus de 500 personnes meurent au travail chaque année[10]. En 2018 la France était le pays de l'UE qui compte le plus de mort·es au travail (530)[6]. En France en 2021, parmi les personnes dont le handicap était reconnu par l'État, 19 % étaient handicapées suite à un accident du travail.[11]

À peine 2 % des employeurs écopent de peines de prison, généralement avec sursis. Les rares condamnations se limitent à une amende. D'après Jean-Paul Teissonnière, spécialiste du droit pénal du travail, « Pour un juge, un patron, qu’il peut croiser aux vœux annuels du préfet, n’est pas la figure habituelle du délinquant », ce qui contribuerait à expliquer la mansuétude qu'il manifestent à leur égard.[10]

4 Suicides[modifier | modifier le wikicode]

Des suicides peuvent également être provoqués par des motifs relatifs au travail de la personne, mais ils ne sont généralement pas comptabilisés comme accidents du travail[12].

Étant donné la mauvaise image que donnent les vagues de suicides dans des entreprises, certaines emploient des communicants et des psychologues pour faire de la prévention des « risques psycho-sociaux » (euphémisme pour suicide dans la novlangue managériale), mais sans jamais s'en prendre à la racine qui est l'impératif de faire toujours plus de profits.

5 Déni ou mépris des bourgeois[modifier | modifier le wikicode]

Les bourgeois, qui ne connaissent pas la pénibilité, étalent régulièrement leur déni et leur mépris de classe.

Durant la campagne présidentielle de 2017, devant le patronat de la CGPME, le candidat Macron avait déclaré : « Je n'aime pas le terme de pénibilité, donc je le supprimerai, car il induit que le travail est une douleur ».[13]

6 Revendications et solutions[modifier | modifier le wikicode]

Le mouvement ouvrier est une histoire de révoltes régulières contre la souffrance, la pénibilité, les morts au travail... et pour revendiquer des réparations, de la prévention, etc. Le mouvement socialiste au sens large a apporté son soutien, porté des réformes sociales protectrices, et, pour son aile révolutionnaire, réfléchi à des solutions plus radicales pour sortir du risque structurel pesant sur la classe ouvrière.

Il faut d'abord contrer l'argument « il n'y a pas d'alternative ». Un des constats que l'on peut faire, est que souvent, lorsque des patrons peuvent se permettre d'employer des petites mains pour faire des travaux risqués à un coût dérisoire, ils le font, même si des alternatives sont possibles. Dans l'Angleterre industrielle, on a longtemps envoyé des jeunes garçons dans les cheminées pour les nettoyer. Quand une loi a été votée pour interdire la pratique, des techniques alternatives ont été mises au point.[14]

Il faut donc, à l'opposé de la logique de profit, réaliser tous les investissements nécessaires pour que les travaux soient les moins pénibles possibles, ou que les tâches les plus pénibles soient mécanisées ou automatisées.

Quand ces travaux sont quand même inévitables, les mesures progressistes sont :

C'est valable en tant que revendications sous le capitalisme, mais c'est encore plus valable sous le socialisme. En effet, actuellement le « choix » d'un métier est très limité, et malgré les primes de risques qui peuvent exister, beaucoup exercent des métiers pénibles non pas parce que « l'optimum du marché » aurait défini le juste salaire dans ces métiers, mais parce qu'il faut bien éviter le chômage. Sous le socialisme, le choix d'un métier serait beaucoup plus libre, et cela implique que l'on décide collectivement de créer les bonnes conditions pour qu'il y ait des candidat·es pour tous les métiers, donc en compensant la pénibilité.

7 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]

  1. Rapport du Haut-commissariat au Plan en 2023, cité par BFM le 3 juillet 2024
  2. BFM, Le mal-être au travail, un carburant du vote RN?, 3 juillet 2024
  3. International Labour Office, Quick Guide on Sources and Uses of Statistics on Occupational Safety and Health, International Labour Organisation (ILO), (ISBN 978-92-2-033702-8 et 92-2-033702-9, OCLC 1314623257, lire en ligne)
  4. « L'OIT estime à 2 millions chaque année le nombre de décès liés au travail », OIT,‎ (lire en ligne)
  5. Apple et la Chine : derrière l'image de marque, le scandale des conditions de travail, Le Nouvel Observateur, 2012
  6. 6,0 et 6,1 Eurostat, Accidents at work by sex, age and severity (NACE Rev. 2 activity A, C-N)
  7. (en) « Census of Fatal Occupational Injuries Summary, 2021 », sur bls.gov (consulté le 15 juin 2023).
  8. US Department of Labor, Bureau of Labor Statistics. "National census of fatal occupational injuries in 2007." Washington, DC: US Department of Labor; 2008. Retrieved at: About NIOSH. Available at [1].
  9. « Accidents du travail : toujours 1 700 accidents par jour », sur Franceinfo,
  10. 10,0 et 10,1 Ludo Simbille, « Chaque année, 500 morts au travail : la justice se décidera-t-elle à punir les responsables ? », Basta,‎ (lire en ligne)
  11. L’accès à l’emploi des personnes handicapées en 2011, Dares Analyses, n°66, octobre 2013
  12. « Entre opacité des chiffres et indifférence des autorités, les morts au travail encore largement ignorés », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  13. La Vie Ouvrière, « Moi j'adore pas le mot de pénibilité, parce que ça donne le sentiment que le travail serait pénible », 10 octobre 2019
  14. 14,0 et 14,1 John Spargo, Socialism. A summary and interpretation of socialist principles, June 1906
  15. Karl Kautsky, The Labour Revolution, June 1922