Patronat

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Le patronat désigne l'ensemble des patrons et leurs intérêts communs. C'est le cœur de la classe capitaliste (bourgeoisie), qui est directement (dans les entreprises) dans un rapport d'exploitation avec les travailleurs-es.

Le mot vient du latin patronus, « patron, protecteur, maître d'un affranchi».

La quasi totalité des secteurs du patronat ont fini par s'organiser en syndicats patronaux.

1 Petits et grands patrons[modifier | modifier le wikicode]

Dans le langage populaire, patron est surtout synonyme de chef d'une entreprise moyenne ou grande, donc de proche de bourgeois. Cependant on précise parfois si l'on parle de « petit patron » ou de « grand patron ».

Les petits patrons forment une partie de la petite bourgeoisie.

2 Encadrement et domination[modifier | modifier le wikicode]

On peut distinguer deux "composantes" dans le rôle d'un patron :

  • un rôle d'encadrement, sur un plan technique (coordination de la production, gestion des approvisionnements...)
  • un rôle d'exploiteur, sur un plan social (celui qui possède les moyens de production face à ceux qui vendent leur force de travail, les prolétaires)

« Dans le système capitaliste le travail de direction et de surveillance présente les deux aspects que nous avons signalés plus haut - non seulement il est la conséquence de l'antagonisme de classes, conséquence de l'asservissement du travail au capital, mais il est directement et indissolublement lié aux fonctions productives, qui doivent être assignées à quelques individus dans toute production sociale basée sur le travail combiné d'un grand nombre. »[1]

Ces deux composantes ont beaucoup varié dans leur forme au cours de l'histoire du capitalisme. A ses débuts, avec des usines de taille modeste, ces deux rôles étaient fusionnés et incarnés dans un seul homme, le capitaliste industriel. Mais rapidement, de grands capitaux se sont formés, par concentration et centralisation, et les capitalistes ont commencé à embaucher des directeurs pour remplir les tâches techniques à leur place, et à posséder plusieurs usines avec chacune un directeur...

Marx constatait :

« Après chaque crise on voit en Angleterre nombre d'ex-fabricants devenir directeurs des fabriques dont ils étaient précédemment propriétaires et qu'ils dirigent ensuite, moyennant un traitement peu élevé, pour le compte de leurs créanciers »[1]

Dans ce cas, on peut considérer que le directeur concentre plutôt le rôle d'encadrement, et le capitaliste (devenant peu à peu surtout un financier) le rôle d'exploiteur.

Cette distinction se répercute sur l'analyse du revenu :

  • Le capitaliste détermine son revenu sur les profits qu'il tire de l'exploitation.
  • Le directeur reçoit un salaire qui est la rémunération de son travail qualifié.

Bien sûr, ces distinctions ne sont pas présentes de façon "chimiquement pure" dans la réalité. Dans un grand groupe d'aujourd'hui, il n'y a pas que le président directeur général (PDG) qui tire son revenu des profits. Les directeurs de branches, de filiales, de sites... voire toute une partie des cadres supérieurs reçoivent une part des profits. On a vu aussi l'encouragement de "l'actionnariat salarial" pour susciter un "intéressement". Mais pour la plupart des salariés, ce sont des miettes négligeables, qui ne sont là que pour tenter de masquer la frontière entre ceux ont vraiment le
capital et les autres.

3 Liens entre patronat, médias et politiciens[modifier | modifier le wikicode]

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4 Autogestion, auto-organisation[modifier | modifier le wikicode]

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Depuis sa naissance, le capitalisme a nourrit la lutte des classes. Celle-ci a pris des formes différentes, et des objectifs différents selon les courants socialistes qui mènent la bataille. Une des plus anciennes formes de lutte contre le patronat est le mouvement des coopératives. Il s'agit pour les travailleurs de créer ou reprendre des entreprises en autogestion.

En général cela prend la forme d'une opposition "au patron". Mais il est intéressant de noter que le rôle technique peut parfois être dissocié du rôle de capitaliste. Friedrich Engels relevait par exemple :

« Je connais un cas où un fabricant ayant fait faillite après la crise de 1868 devint directeur salarié pour compte de ses anciens ouvriers, qui s'étaient constitués en société coopérative et avaient repris la fabrique après la faillite. »[1]

Pendant la révolution espagnole on a aussi vu des patrons accepter de devenir de simples salariés dans leur entreprise face à la prise de pouvoir des ouvriers révolutionnaires. Dans ce cas, le directeur n'a plus que la fonction technique et n'est plus le représentant du capital.

Les fonctions d'encadrement peuvent aussi être prises en charge collectivement par les travailleurs et ne plus reposer sur une personne en particulier. Cela dépend de la complexité de ces tâches, mais aussi de la confiance en eux-mêmes des travailleurs.

La prise du pouvoir par les travailleurs-ses à l'échelle d'une entreprise correspond à un état de combativité et de conscience de classe élevé, et c'est extrêment progressiste. Mais la limite fondamentale du coopérativisme, c'est qu'une entreprise autogérée continue à subir la pression du capitalisme : pression politique (répression, tentatives de destabilisation, boycott...), et pression économique (la concurrence avec les entreprises capitalistes oblige à s'auto-exploiter).

L'objectif stratégique des communistes révolutionnaires n'est pas opposé à l'autogestion, mais il l'intègre dans un mouvement qui doit gagner toutes les entreprises, se coordonner et renverser l'État capitaliste (auto-organisation).

5 Organisations patronales[modifier | modifier le wikicode]

Les patrons se sont organisés en "syndicats patronaux", principalement pour faire du lobbying auprès des gouvernements successifs.

5.1 France[modifier | modifier le wikicode]

En France, les principales organisations patronales furent les suivantes :

  • 1864 : création du Comité des Forges de France, par les patrons de la sidérurgie, lequel est l'ancêtre de l'UIMM
  • 1901 : création de l'Union des Industries métallurgiques et minières (UIMM) pour s’opposer aux réformes sociales des gouvernements radicaux
  • 1919 : création de la Confédération générale de la production français (CGPF) pour représenter tous les secteurs
  • 1936 : après les accords du Front populaire, la CGPF devient Confédération générale du patronat français
  • 1940 : Le régime de Vichy dissout la CGPF, mettant en place les comités d'organisation
  • 1945 : le Conseil national du patronat français (CNPF) est créé pour être l'interlocuteur des gouvernements
  • 1998 : le CNPF devient le Mouvement des entreprises de France (Medef) en 1998.

Le site « Patrons de France » recense des patrons de la période 19e-20e siècles.

6 Des entrepreneurs prenant des risques ?[modifier | modifier le wikicode]

Les politiciens libéraux et de droite aiment beaucoup valoriser les entrepreneurs comme des gens ayant le goût du risque. Ils les opposent ainsi plus ou moins violemment aux salarié·es, aux fonctionnaires, sans parler des « assistés ».

En réalité, les risques physiques sont surtout supportés par les salarié·es qu'ils exploitent (les accidents du travail touchent plus les ouvriers que les capitalistes...). Même en termes de risques psychologiques, les dépressions et les suicides touchent beaucoup les classes exploitées. Même dans les cas où les entrepreneurs échouent complètement, il est extrêmement rare qu'ils se retrouvent dans la pauvreté.[2]

En revanche il est clair que certains petits patrons ou petits paysans connaissent parfois de telles difficultés (qui sont le fruit de la concurrence des gros capitalistes) qu'ils voient leur charge de travail exploser (là où les salairé·es ont arraché les protections du code du travail) pour un revenu qui peut tomber en dessous de celui d'un·e salarié·e. C'est notamment pour cela que l'on entend parfois que la position de salarié·e serait plus enviable que celle de petit propriétaire. Ainsi Kautsky écrivait en 1892 : « Ce n’est pas sans raison que l’on dit que les ouvriers salariés sont aujourd’hui en meilleure situation que les petits paysans ou les maîtres artisans. »[3] Ce fait (qui est très largement à relativiser[4] mais qui comprend une part de vérité) est largement et hypocritement utilisé depuis par les politiciens pro-capitalistes.

7 Les patrons de gauche[modifier | modifier le wikicode]

Les patrons sont poussés à exiger de la rentabilité de leurs employé·es. Leur position fait qu'ils ont structurellement tendance à les voir comme de simples facteurs de production, du capital vivant, au côté des machines. Cela développe en général chez eux une personnalité autoritaire, et cela attire ce genre de personnalité (par exemple, parmi les enfants d'un patron, ce sera plutôt le frère à la personnalité autoritaire qui va reprendre l'entreprise...).

Il peut cependant y avoir, comme dans toute « loi sociale », des exceptions.

Certains patrons sont parfois convaincus d'avoir un devoir de guidance par rapport à leurs employé·es, un peu comme un berger. Le profil du patron paternaliste, souvent religieux, se retrouve parfois. Dans certaines grandes entreprises, qui dégageaient assez de profits pour pouvoir en affecter une partie à des mesures de bienfaisance sociale, ces grands patrons ont pu faire figure de modèles de vertu. Néanmoins, ce modèle du « patron social », ou « patron de gauche », n'en est pas un :

Un des modèles de patron de gauche le meilleur qui ait existé est celui de Robert Owen. Cet industriel anglais fut l'un des fondateurs du socialisme au Royaume-Uni. Il dépensa toute sa fortune pour essayer d'améliorer le sort de ses ouvriers, puis pour créer des communautés idéales... Et malgré ses aspects paternalistes, il aida concrètement la naissance du mouvement ouvrier : coopératives, syndicats...

D'autres exemples :

8 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]