Parti ouvrier bourgeois
Ce que certains communistes révolutionnaires appellent parti ouvrier bourgeois est un parti ouvrier dont la direction défend en réalité les intérêts de la bourgeoisie. C'est un parti ouvrier qui a une orientation réformiste.
1 Définition[modifier | modifier le wikicode]
Les premières organisations de masse des travailleur-se-s qui se sont formées sur la base de la lutte des classes se sont considérées comme des partis ouvriers, opposés aux partis bourgeois.
Mais déjà Marx et Engels avaient noté un certain embourgeoisement dans les couches supérieures du prolétariat anglais. Ils le reliaient en particulier à la domination impérialiste du capital anglais. Engels sera le premier à utiliser le terme de « parti ouvrier bourgeois ». Par exemple lorsque les syndicalistes conservateurs (qui s'opposaient à la journée de huit heures) ont subi une défaite au congrès des trade-unions à Newcastle (14 septembre 1891), Engels relève que« les journaux bourgeois avouent la défaite du parti ouvrier bourgeois ».
C'est ce raisonnement que Lénine reprendra pour décrire les partis de l'Internationale ouvrière, ralliés à leur bourgeoisie dans l'Union sacrée de 1914.[1] A propos de ces partis ouvriers bourgeois, il dit les choses suivantes :
- Les organisations ne rassemblent pas plus de 1/5 du prolétariat. Même si elles sont dirigées par une « aristocratie ouvrière » (ou « bureaucratie ouvrière »), elles doivent être différenciées de la « masse inférieure », qui n'est pas contaminée par la « respectabilité bourgeoise » (Engels).
- Alors qu'auparavant un seul pays (Angleterre) présentait ce phénomène, mais de façon durable, à présent, au stade impérialiste, c'est une caractéristique « typique pour tous les pays impérialistes », mais cela ne pourra pas durer en raison de la surexploitation de la masse du prolétariat.
- Il n'y a pas de différence qualitative entre un Lloyd George (un politicien bourgeois qui n'hésitait pas à tenir des discours pour séduire les ouvriers) et « les Scheidemann, les Legien, les Henderson et les Hyndman, les Plékhanov, les Renaudel et consorts » (leaders ouvriers opportunistes).
L’existence de puissants partis ouvriers bourgeois contrôlant la classe ouvrière a marqué le cœur du XXe siècle, des années 1920 aux années 1980.
2 Débats actuels[modifier | modifier le wikicode]
Traditionnellement, les partis issus de la social-démocratie (SPD en Allemagne, PS en France, PSOE en Espagne...) étaient considérés comme des partis ouvriers bourgeois. Tout le monde s'accorde à dire que le contenu de leur politique est de plus prosaïquement bourgeois (privatisations, casse du droit du travail, répression...) et que les liens avec le mouvement ouvrier sont très distendus.
Certains communistes révolutionnaires ont tiré la conclusion qu'il s'agit désormais de partis bourgeois[2][3] (certes « de gauche », comme avait pu l'être le parti radical), tandis que d'autres maintiennent la caractérisation de parti ouvrier bourgeois.[4]
Dans cette analyse, il y a par exemple une citation assez symbolique : lorsque dans un débat, Jérôme Cahuzac (PS) lance à Jean-Luc Mélenchon : « Vous, vous y croyez toujours [à la lutte des classes], moi je n'y ai jamais cru. »[5]
3 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]
- ↑ Lénine, L'impérialisme et la scission du socialisme, 1916
- ↑ Groupe CRI, Sur la nature du PS, 2007
- ↑ Tendance Claire du NPA :
- ↑ Pascal Morsu, A propos de l'orientation électorale actuelle du NPA, Avril 2012
- ↑ LeLab Europe 1, Le PS a-t-il vraiment enterré la lutte des classes ?, 2013