Nikita Khrouchtchev
Nikita Khrouchtchev, né le 3 avril 1894 (14 avril 1894 dans le calendrier géorgien) à Kalinovka dans l'Empire russe, et décédé le 11 septembre 1971 à Moscou en URSS, est un homme d'état soviétique, qui dirigea l'URSS de 1953 à 1964. Dirigeant l'Union Soviétique pendant une partie de la Guerre Froide, il fut à l'origine du processus de déstalinisation qui visait à dénoncer publiquement les crimes de Staline et a stopper le régime totalitaire mis en place par l'opportuniste. Appliquant une stratégie de destruction du capitalisme en augmentant le niveau de vie des citoyens soviétiques plutôt que de créer une révolution mondiale comme le voulait alors Mao (dirigeant de la République populaire de Chine), Khrouchtchev mit en place des réformes visant à augmenter les libertés individuelles, notamment dans la culture, et à supprimer les restes du régime totalitaire stalinien. Il fut évincé du pouvoir par Leonid Brejnev et les membres du Comité central ainsi que du Præsidium du Soviet Suprême.
1 Histoire[modifier | modifier le wikicode]
1.1 1. Naissance et enfance[modifier | modifier le wikicode]
Nikita Khrouchtchev nait en 1894 à Kalinovka, dans la division administrative de l'Empire russe Koursk, en actuelle Russie. Né de parents paysans pauvres, dont son père qui était obligé de travailler aussi comme mineur dans le Donbass (en actuelle Ukraine) où les salaires étaient plus élevés, afin de pouvoir nourrir sa famille. Il acquiert alors dès son plus jeune âge la connaissance de l’exploitation tsariste et féodale, ainsi que capitaliste car même si l'Empire russe était une société féodale, c'est-à-dire partagé entre un Tiers-état dominé et exploité par le Tsar et l'aristocratie, la révolution industrielle et la domination du système capitaliste en Europe avait été étendu vers l'Empire russe par les échanges et le commerce, si bien que des institutions capitalistes cohabitaient avec des institutions féodales.
Kalinovka était un village paysan, et le plus pauvre que Lydia Chevtchenko, l'institutrice de Khrouchtchev, avait vu, selon ses dires. Nikita travailla très jeune comme berger et fut scolarisé durant quatre ans, initialement dans l'école paroissiale du village puis sous la tutelle de Chevtchenko dans l'école d'État de Kalinovka.
En 1908, Sergueï Khrouchtchev, le père de Nikita, déménagea dans le Donbass, une des régions les plus industrialisés de l'Empire Russe. Il s'installa dans Iouzovska, plus tard renommé Stalino, puis finalement renommé Donetsk, et fut rejoint par le reste de sa famille quelques temps plus tard. Khrouchtchev grandit alors dans le Donbass, où il vit la vraie et cru nature de l'exploitation capitaliste.
1.2 2. Premières actions[modifier | modifier le wikicode]
Nikita Khrouchtchev fut exempté de la convocation à la Première Guerre Mondiale (ou Grande Guerre, ou encore Première Guerre Impérialiste selon Lénine), et participa à plusieurs grèves, alors qu'il était forgeron.
Après la révolution de février 1917, Nikita Khrouchtchev intégra le Soviet (conseil ouvrier) de Routchenkovo, dont il devient président en mai. Il rejoint les Bolcheviks en 1918, au moment du déclenchement de la Guerre civile russe entre ces derniers et les tsaristes.
Après le traité de Brest-Litovsk, qui signa la paix entre la République socialiste fédérative soviétique de Russie (RSFSR) naissante, et l'Empire allemand, alors toujours en guerre contre la France et la Grande-Bretagne, avec l'Empire austro-hongrois et le Royaume d'Italie, le Donbass avec d'autres territoires fut donnés à l'Allemagne. Khrouchtchev retourna alors à Kalinovka.
Pendant la Guerre civile russe, Khrouchtchev fut engagé dans l'Armée rouge, où il entama sa formation au Marxisme-léninisme. Alors qu'il était dans l'armée, sa femme Eufrosinia Pissareva, avec qui il s'était marié en 1914, mourut de l'épidémie de Typhus.
1.3 3. Ascension dans le Parti et amitié avec Staline[modifier | modifier le wikicode]
Grâce à des amis (comme Lazare Kaganovitch, dirigeant du Parti en Ukraine) et à des supérieurs hiérarchiques l'ayant remarqué, Khrouchtchev s'intégra rapidement dans le Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS).
Khrouchtchev devint ami de Staline. Que cela soit une réelle amitié ou une simple alliance politique, les soviétiques eurent des réunions communes et Staline ordonna à Khrouchtchev plusieurs purges et exécutions des koulaks. Seulement, malgré sa proximité avec Staline, Khrouchtchev aurait pu, lui aussi, être victime d'une purge. Il la frôla même. En 1938, Khrouchtchev avoua à son ami Kaganovitch, dirigeant du Parti en Ukraine, son rapprochement au trotskisme en 1923. Kaganovitch aurait alors blêmit et demandé à Khrouchtchev de l'avouer à Staline, ce qu'il fut. Le tyran l'écouta alors "avec calme" selon les mémoires de Khrouchtchev, et lui conseilla d'abord de garder cette histoire secrète, puis finalement d'en faire part à une conférence du Parti à Moscou. Khrouchtchev fut ovationné et immédiatement réélu à son poste. Khrouchtchev raconta aussi dans ses mémoires qu'il avait également été dénoncé par un collègue arrêté. Staline en personne informa Khrouchtchev de l'accusation et attendit sa réponse. Khrouchtchev supposa dans ses mémoires que si Staline n'avait pas été convaincu de sa réponse, il aurait été qualifié d'ennemi du peuple et traité en conséquence. Néanmoins, Khrouchtchev devint un membre non votant du Politburo en janvier 1938 et un membre à part entière en mars 1939.
1.4 4. Seconde guerre mondiale[modifier | modifier le wikicode]
Pendant la Seconde guerre mondiale, le Reich allemand (ou 3ème Reich) d'Hitler rompu le Pacte de non-agression germano-soviétique et envahit l'URSS (cette invasion figure comme une simple étape de la Seconde guerre mondiale pour les occidentaux, mais est appelée "Grande guerre patriotique" en URSS). Khrouchtchev s'engage alors dans la guerre en commandant des troupes.
1.5 5. Fin de Staline et ascension au pouvoir[modifier | modifier le wikicode]
En 1950, alors proche de Staline, Khrouchtchev entama la construction des bien-connus immeubles en béton armés, sans ascenseurs, visant une rapidité de construction plutôt qu'une beauté. Ces bâtiments furent surnommés Khrushcheby par les civils soviétiques.
Le 1er mars 1953, Staline meurt d'un AVC. Khrouchtchev écrit dans ses mémoires :
« Staline appelait tous ceux qui n'étaient pas d'accord avec lui des « ennemis du peuple ». Il disait qu'ils voulaient restaurer l'ordre ancien et que pour y parvenir, les « ennemis du peuple » s'étaient liés aux forces réactionnaires internationales. En conséquence, plusieurs centaines de milliers de personnes honnêtes ont péri. Tout le monde vivait dans la peur. Tout le monde s'attendait à tout moment à être réveillé au milieu de la nuit par des coups à leur porte et à ce que cet événement leur soit fatal... Les personnes qui n'étaient pas du goût de Staline étaient supprimées, des membres honnêtes du parti, des personnes irréprochables, loyales et travaillant de tout leur cœur pour notre cause qui avaient suivi l'école de la lutte révolutionnaire sous la direction de Lénine. C'était l'arbitraire total et complet. Et maintenant, tout cela doit être oublié et pardonné ? Jamais ! »
Le nouveau gouvernement dirigé par Malenkov constitué sur le testament de Staline releva Khrouchtchev de ses fonctions comme chef du Parti à Moscou pour qu'il puisse se concentrer sur ses activités au sein du Comité central.
Le 14 mars, Malenkov démissionne sous la pression de ses collègues qui craignaient qu'il prenne trop de pouvoir. Khrouchtchev est alors élu premier secrétaire du Parti par le Comité central. Il s'allia avec Malenkov pour lutter contre certaines réformes visant à plus de libertés et à la déstalinisation commencées par Beria, premier député sous Malenkov. Beria et cinq de ses associés finirent par être exécutés par le Præsidium car beaucoup craignaient un coup d'état militaire de Beria.
1.6 6. De dirigeant de l'Union Soviétique à la mort[modifier | modifier le wikicode]
Après des discours où Khrouchtchev détruit la réputation et l'héritage de Staline, il accède au pouvoir et sera ainsi dirigeant de l'URSS pendant une partie de la Guerre froide, défendant une position de cohabitation pacifique, visant à une désescalade des tensions américano-soviétiques et à une Détente des relations.
Khrouchtchev sera donc lié à la Crise des missiles de Cuba, au Pacte de Varsovie, la course à l'espace, la fin de la Guerre de Corée, la construction du mur de Berlin, mais aussi l’expansion du communisme dans le Tiers-monde et aux très nombreux coups d'états fascistes financés et soutenus par la CIA, les services secrets américains, contre des régimes communistes, notamment en Amérique du Sud, installés par des révolutions populaires, des coups d'états de guérillas marxistes soutenues par le peuple, ou encore élections représentatives démocratiques.
Le 14 octobre 1964, le Præsidium du Soviet Suprême et le Comité central, sous l'influence de Leonid Brejnev, votent la démission de Khrouchtchev, mais lui donnent un retraite de 500 roubles par moi et une propriété ayant appartenu à Molotov. Après sa chute, Khrouchtchev tombe dans une profonde dépression. Sa retraite subit de plus en plus de coupes, et on le fit déménagé dans une propriété plus petite. Son nom, ses mérites et ses actes furent progressivement effacés de l'Histoire si bien que la Grande Encyclopédie soviétique, en 30 volumes, ne mentionna même pas son nom une seule fois.
Khrouchtchev commença à écrire ses mémoires en 1966, d'abord les dictant au dictaphone, puis les écrivant, sachant malgré tout que le KGB l'écoutait. Le KGB n'intervint malgré tout qu'en 1968, en lui ordonnant de donner tous ses enregistrements, copies, et notes de mémoires. Khrouchtchev ignora l'ordre, alors le KGB manipula le fils de Nikita, Sergueï Khrouchtchev (le même nom que le père de Nikita), qui donna les documents demandés par le KGB. Malgré cela, des copies avaient déjà été envoyé à l'Ouest et ses mémoires parurent donc en Occident.
Au cours de ses derniers jours, Khrouchtchev rendit visite à son beau-fils et ancien assistant, Alexei Adzubei, et lui dit, « Ne regrette jamais d'avoir vécu dans une période troublée et d'avoir travaillé avec moi au Comité central. On se souviendra de nous ! »
Khrouchtchev mourut d'une crise cardiaque dans un hôpital de Moscou le 11 septembre 1971 et fut enterré dans le cimetière de Novodevitchi à Moscou sans funérailles nationales, sans cérémonie publique et sans inhumation dans la nécropole du mur du Kremlin. Des indiscrétions indiquent que les autorités soviétiques voulaient maintenir une image de marque sur le plan international en l'enterrant à Novodevitchi mais tout en traitant sa mort de façon confidentielle aux yeux des soviétiques. Craignant des manifestations, les autorités n'annoncèrent aux Russes son décès que le matin même des obsèques et placèrent autour du cimetière des soldats. Malgré tout, quelques artistes et écrivains rejoignirent sa famille pour l'enterrement.
2 Réformes et actions[modifier | modifier le wikicode]
Krouchtchev prendra une grande popularité les la majorité des soviétiques et citoyens d'Europe de l'est par ses réformes pour détruire le totalitarisme et l'héritage de Staline ainsi que par le fait qu'il n'ait jamais utilisé de procès injustes comme ceux de Moscou, mais de très nombreux stalinistes et adorateurs du tyran vont se révolter et manifester violemment contre Krouchtchev.
2.1 1. Réformes politiques[modifier | modifier le wikicode]
Nikita Khrouchtchev mené notamment des réformes sur le pouvoir politique, dont voici les principales :
- Abolition des troikas, tribunaux institués par les services secrets ne respectant ni lois ni procédures
- Transparence publique des réunions du Comité central
- Division le niveau d'oblast (province) des comités du Parti en deux structures parallèles, une pour l'industrie et l'autre pour l'agriculture, ce qui entraîna une réduction du pouvoir des apparatchiks (membres de la Nomenklatura)
- Ordre qu'un tiers des membres de chaque comité, du plus bas niveau à celui du Comité central, soit remplacé à chaque élection. Ce décret créa des tensions entre Khrouchtchev et le Comité central et irrita les dirigeants du Parti à qui Khrouchtchev devait sa prise de pouvoir
2.2 2. Réformes agricoles[modifier | modifier le wikicode]
Khrouchtchev s'impliqua dans l'agriculture et fut connu pour avoir beaucoup défendu le maïs (on le surnomma alors "Monsieur Maïs"). Ses principales réformes furent les suivantes :
- Fondation d'un institut du maïs en Ukraine et utilisation de milliers d'hectares de terres agricoles pour planter du maïs
- Programme visant à fermer les SMT (Station de Machines et Tracteurs) et de distribuer les équipements parmi les kolkhozes. Seulement, cette réforme fut négative car la fermeture des SMT provoqua un exil des anciens travailleurs des stations qui ne voulaient pas s'associer aux kolkhozes et qui fuirent vers la ville, provoquant une pénurie d'opérateurs qualifiés, et qui fit de nombreux dégâts alimentaires et agricoles
Par de nombreuses autres erreurs et des mensonges de subordonnés de Khrouchtchev, à Khrouchtchev, qui promettaient l'irréalisable, le secteur agricole fut lourdement touché en URSS, et les prix des produits alimentaires augmenta de 25%. Des manifestations violentes contre l'augmentation des prix se créèrent dans les villes, qui furent lourdement réprimandés par l'armée faisant plusieurs dizaines de morts et de blessés. L'Union Soviétique soufra beaucoup des réformes agricoles de Khrouchtchev et des mensonges d'homme d'états en qui Khrouchtchev avait confiance, malgré que le développement du maïs en collaboration avec un expert américain venu en URSS avait permis de la création de grands stocks de nourriture.
2.3 3. Réformes sur l'éducation[modifier | modifier le wikicode]
Une bonne partie des réformes de Khrouchtchev furent un échec, mais une autre bonne partie furent, elles, un succès :
- Création de lycée d'enseignements supérieurs et professionnels spécialisés
- Amélioration des universités
- Création d'établissements spécialisés (sports, arts, littératures, sciences, etc) afin de former les jeunes soviétiques au métier de leur rêve
Rappelons que depuis 1918, l'école était obligatoire, gratuite, et mixte en RSFSR puis en URSS.
3 Communisme de Khrouchtchev et critiques[modifier | modifier le wikicode]
Khrouchtchev voyait le communisme comme l'émancipation des travailleurs et une idéologie basée sur le partage et sur l'entraide. De jure, Khrouchtchev était donc communiste. De facto, c'est différent. Si Khrouchtchev est apprécié pour la déstalinisation (en plus de la critique du stalinisme, Khrouchtchev, comme Gorbatchev, fut l'auteur de centaines de réhabilitations de prisonniers faits par le régime de Staline), il est beaucoup critiqué pour sa politique de la coexistence pacifique, ainsi que pour ses réformes libérales ayant mené à un socialisme trahi et à des fiascos économiques, agricoles, et militaires.
Khrouchtchev avait sûrement une vision communiste moins prononcé et plus libérale que d'autres. Cela s'est vu dans les faits. Pour une bonne partie des marxistes-léninistes et des communistes en général, Khrouchtchev était comme un Mikhaïl Gorbatchev en moins libéral. Khrouchtchev avait d'ailleurs des penchants plus mencheviks (parti social-démocrate en république de Russie, ennemi du parti bolchévik) que bolchéviks. Comme Gorbatchev, il est ainsi plus vu comme un social-démocrate radical qu'un réel communiste.