Dette

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Boutique d'avance sur salaire. Les salarié·es en difficultés s'endettent auprès de boutiques de ce genre, qui pratiquent des taux d'intérêt très élevés.

La dette est en économie une somme d'argent due à un tiers. Elle peut être la conséquence d'un emprunt, d'une imposition ou encore d'une facture. On peut parler de dette pour un particulier, une entreprise, un État (dette publique).

1 Historique[modifier | modifier le wikicode]

1.1 Antiquité[modifier | modifier le wikicode]

Dès les premières sociétés de classe, l'endettement a commencé à apparaître. Des paysans pauvres notamment se sont endettés auprès de propriétaires terriens qui accumulaient des terres et donc du pouvoir. Certains devenaient même esclaves pour dettes.

Ces premières formes d'exploitation ont très tôt déclenché des révoltes, qui conduisaient les souverains à prendre des mesures pour stabiliser la société.

Par exemple les rois de Mésopotamie, du 3e au 1er millénaire av. JC, décrétaient parfois l'annulation des dettes et l'émancipation des esclaves, dans une sorte de table rase, appelée « amargi »[1][2].

Au cours du 1er millénaire av. JC, les hébreux ont des pratiques similaires, ce qui transparaît dans les préceptes de la Bible.[3] Ainsi dans le Deutéronome, il est écrit que les dettes doivent être annulées tous les 7 ans.[4] Comme cette règle est trop peu appliquée, le Lévitique la réaffirme en l'assouplissant, en instituant le « jubilé » tous les 50 ans.

Plus tard (vers -445), le réformateur Néhémie proclame à nouveau une annulation des dettes après que la situation sociale se soit beaucoup dégradée.

Jésus Christ, avant de devenir la figure fondatrice du christianisme, est également un prophète juif réaffirmant l'importance du jubilé (« année de grâce du Seigneur ») :

« Jésus vint à Nazara, où il avait été élevé, entra, selon sa coutume le jour du sabbat, dans la synagogue, et se leva pour faire la lecture. On lui présenta le livre du prophète Isaïe et, déroulant le livre, il trouva le passage où il est écrit : “L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, rendre la liberté aux opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur”. (…) Alors il se mit à leur dire : “Aujourd’hui s’accomplit à vos oreilles ce passage de l’Ecriture” » (Lc. 4, 16-21).

De même en Grèce antique, parmi le demos, les pauvres, beaucoup s'endettaient et la colère éclatait régulièrement. Solon est connu pour avoir proclamé la seisachtheia au début du 7e siècle av. JC, la libération du fardeau (annulation de dettes), qui apaisa momentanément les esprits.

Des phénomènes similaires ont lieu dans la Rome antique.[5]

1.2 Capitalisme[modifier | modifier le wikicode]

En France au 19e siècle, les dettes des artisans / ouvriers (alors souvent itinérants) sont mentionnées sur le livret ouvrier, document de contrôle social. Beaucoup d'artisans en difficulté s'endettent de plus en plus auprès de leurs donneurs d'ordre, ce qui est un des vecteurs de leur prolétarisation. C’est ainsi que les tisserands à façon sont presque toujours débiteurs des marchands-fabricants qui peuvent dès lors leur imposer les conditions de travail les plus dures, les prix de façon les plus bas et finalement les conduire à la ruine. Ce sont les bas salaires qui expliquent aussi l’importance du Mont-de-Piété.

Dans l'économie capitaliste, le niveau global d'endettement (dettes privées et dette publique) est fortement déterminé par la dynamique d'accumulation du capital : il augmente dans les périodes de stagnation économique, comme depuis les années 1970, et s'accélère lors des crises, comme en 2008 :

Dette-secteurs-France.jpg

2 Indicateurs économiques[modifier | modifier le wikicode]

2.1 Dette extérieure[modifier | modifier le wikicode]

La dette extérieure désigne l'ensemble des dettes qui sont dues par un pays, État, entreprises et particuliers compris à des prêteurs étrangers. Il est important de faire la distinction entre la dette extérieure brute (ce qu'un pays emprunte à l'extérieur) et la dette extérieure nette (différence entre ce qu'un pays emprunte à l'extérieur et ce qu'il prête à l'extérieur). Ce qui est le plus significatif, c'est la dette extérieure nette.

Plus elle est élevée, plus le pays est risque d'être en situation de domination par d'autre pays (néocolonialisme, impérialisme).

Cependant, la dette extérieure tend globalement a augmenter pour tous les pays capitalistes depuis le tournant néolibéral, qui a engendré une situation dans laquelle les États et les entreprises se sont de plus en plus endettés, notamment auprès de financiers, pour maintenir un niveau de consommation et d'investissements important (alors que les taux de profits sont moins élevés que dans l'après guerre). Pour les pays riches, à commencer par les États-Unis qui sont très endettés, cette dette ne pose du tout les mêmes risques de domination que pour les pays pauvres.

Néanmoins, même des pays riches peuvent être touchés par des crises de la dette, comme l'a montré la crise de la zone euro (2009-2017), qui a frappé plus durement les pays de la périphérie de l'UE (Grèce, Irlande, Portugal...) et les a obligé à appliquer des politiques plutôt décidées par la France et l'Allemagne. Les financiers parlent de « risque-pays » pour évaluer quels sont les risques qu'ils prennent en prêtant à tel ou tel État.

3 Notes[modifier | modifier le wikicode]