Socialisme féodal

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Le légitimiste Henri d'Artois, connu comme comte de Chambord, se prétendant ami du peuple et des ouvriers.

Le terme de socialisme féodal désigne les courants « socialisants » portés par les anciennes classes dominantes aristocratiques.

1 Distinctions du Manifeste communiste[modifier | modifier le wikicode]

Dans le Manifeste communiste (1848), Marx et Engels passent en revue les différentes variantes de « socialisme » en circulation à cette époque, parmi lesquelles ils distinguent :

2 Socialisme féodal[modifier | modifier le wikicode]

Au début du 19e siècle, il y a encore une lutte d'intérêts économiques et politiques entre bourgeois (industriels) et aristocrates (propriétaires fonciers).

« Pour se créer des sympathies, il fallait que l'aristocratie fît semblant de perdre de vue ses intérêts propres et de dresser son acte d'accusation contre la bourgeoisie dans le seul intérêt de la classe ouvrière exploitée. Elle se ménageait de la sorte la satisfaction de chansonner son nouveau maître et d'oser lui fredonner à l'oreille des prophéties d'assez mauvais augure.

Ainsi naquit le socialisme féodal où se mêlaient jérémiades et libelles, échos du passé et grondements sourds de l'avenir. Si parfois sa critique amère, mordante et spirituelle frappait la bourgeoisie au cœur, son impuissance absolue à comprendre la marche de l'histoire moderne était toujours assurée d'un effet comique.

En guise de drapeau, ces messieurs arboraient la besace du mendiant, afin d'attirer à eux le peuple; mais, dès que le peuple accourut, il aperçut les vieux blasons féodaux dont s'ornait leur derrière et il se dispersa avec de grands éclats de rire irrévérencieux. »[1]

Sous la Monarchie de Juillet (1830-1848), dirigée par les orléanistes (liés à l'aristocratie financière et à la grande bourgeoisie), les les légitimistes (partisans de la dynastie "légitime" des Bourbons, liée à la grande propriété terrienne héréditaire) avaient souvent recours à la démagogie sociale, se faisant passer pour défenseurs des travailleurs contre les exploiteurs bourgeois.

Par exemple en Angleterre, les bourgeois obtiennent avec le Reform Act de 1832 un élargissement du suffrage censitaire, mettant fin au monopole des aristocrates —propriétaires fonciers et magnats de la finance— et ouvrant l'accès du parlement aux représentants de la bourgeoisie industrielle.

A l'inverse Disraeli et son mouvement tory de la Jeune Angleterre soutenaient les revendications chartistes. A l'inverse, lors de la bataille politique sur les Corn Laws, les industriels ont cherché à mettre les ouvriers de leur côté en leur promettant une baisse du prix des céréales si les lois protectionnistes en faveur des propriétaires fonciers étaient retirées.

Néanmoins, dès que l'ordre établi était trop sérieusement menacé par des révoltes ouvrières, les classes dominantes se retrouvaient toujours unies derrière la répression étatique.

Par ailleurs, les aristocrates étaient de grands hypocrites, car ils se convertissaient à vue d’œil en capitalistes comme les autres, bien que davantage centrés sur l'agriculture.

« En dépit de leur phraséologie pompeuse, ils s'accommodent très bien de cueillir les pommes d'or et de troquer la fidélité, l'amour et l'honneur contre le commerce de la laine, de la betterave à sucre et de l'eau-de-vie. »[1]

Engels ajoute la note suivante dans l'édition de 1888 :

Cela concerne principalement l'Allemagne où l'aristocratie agraire et les hobereaux exploitent la majeure partie de leurs terres pour leur propre compte, à l'aide des gérants ; ils sont en outre de gros propriétaires de sucreries et d'entreprises vinicoles. Les plus riches aristocrates anglais n'en sont pas encore là ; toutefois ils savent comment il faut récupérer les pertes occasionnées par les chutes de rente, en se faisant représenter par des fondateurs de sociétés anonymes plus ou moins douteuses.

A partir de la fin du 19e siècle en Europe (et un peu plus tard dans d'autres pays), les divisions entre classes dominantes ont disparu, la bourgeoisie devenant la classe dominante hégémonique voire unique.

3 Socialisme clérical[modifier | modifier le wikicode]

Toujours selon le Manifeste :

« De même que le prêtre et le seigneur féodal marchèrent toujours la main dans la main, de même le socialisme clérical marche côte à côte avec le socialisme féodal.

Rien n'est plus facile que de donner une teinture de socialisme à l'ascétisme chrétien. Le christianisme ne s'est-il pas élevé lui aussi contre la propriété privée, le mariage, l’État ? Et à leur place n'a-t-il pas prêché la charité et la mendicité, le célibat et la mortification de la chair, la vie monastique et l’Église ? Le socialisme chrétien n'est que l'eau bénite avec laquelle le prêtre consacre le dépit de l'aristocratie. »[1]

Cette tendance peut être vue comme une manifestation précoce du christianisme social.

4 Notes[modifier | modifier le wikicode]