Richard Lahautière
Auguste-Richard de La Hautière, dit Richard Lahautière, né le à Paris et mort le à Vendôme, est un avocat, journaliste et militant communiste français. Avec Théodore Dézamy et Albert Laponneraye, il est l'une des principales figures du néo-babouvisme des années 1840.
1 Biographie[modifier | modifier le wikicode]
Né le à Paris dans une famille originaire du Vendômois[1], il étudie à l'Institution Saint-Victor (aujourd'hui lycée Chaptal), fondée en 1820 par Prosper Goubaux, et obtient le second prix de version latine au Concours général de 1828[2]. À cette occasion, Eugène Delacroix réalise son portrait[3]. Licencié en droit en 1835, il s'inscrit au barreau de Paris. Avocat, il assure fréquemment la défense des ouvriers poursuivis.
Attiré par le socialisme, il se lance dans le journalisme. Rédacteur à L’Intelligence, journal de la réforme sociale, dirigé par Albert Laponneraye, il collabore également à L’Égalité, revue démocratique mensuelle, qui a une existence éphémère[4]. Après L'Égalité, revue démocratique mensuelle (1839), il fonde en son propre journal, La Fraternité, journal moral et politique, dont il est rédacteur en chef[5]. Après l'Égalitaire, cette publication est pendant quelques mois l'organe du courant plus révolutionnaire du communisme français néo-babouviste, le courant plus pacifique et spiritualiste s'exprimant dans le Populaire d'Étienne Cabet[6].
Il est surtout connu pour De la loi sociale (1841), ouvrage dédié à Pierre Leroux.
Il se réclame de Babeuf, mais de même que Babeuf a dépassé Robespierre, Babeuf doit être dépassé car la révolution industrielle a créé des conditions nouvelles pour le développement du communisme.
Même s'il reconnaît la lutte des classes, il a pu céder à certaines illusions, comme lorsqu'il écrit :
« Tout homme de cœur s’accorde avec le consentement universel pour s’écrier : Tous les hommes sont frères ! »
Retiré de la vie politique sous le Second Empire, il reprend ses activités d'avocat à Vendôme, avant d'être nommé, par décret impérial du , avoué près le tribunal de première instance de Vendôme en remplacement de M. Jourdain, décédé, puis rejoint le barreau de Blois en 1866[7],[8]. Par ailleurs, il se consacre à la poésie.
2 Œuvres[modifier | modifier le wikicode]
- Études et souvenirs, poésies (sous le nom de Richard de La Hautière, précédées d'une lettre de l'habitant des Landes), Paris, Rouanet, 1840, 84 p.
- Petit catéchisme de la réforme sociale (suivi de la relation du procès, et de quelques notes extraites des défenses présentées en faveur de l'Intelligence, par MM. Richard Lahautière et Choron, anciens rédacteurs de ce journal), Senlis, juin 1839
- Réponse philosophique (sous titre : « à un article sur le babouvisme, publié par M. Thoré, dans le Journal du peuple »), Paris, Rouanet,
- Boulets rouges (brochure, en collaboration avec Étienne Cabet), Paris, Fiquet, 1840
- Deux sous pour les bastilles, s'il vous plaît (brochure), Paris, Fiquet, 1840
- De la Loi sociale, Paris, Prévot, 1841, 95 p.
- Les Déjeuners de Pierre, dialogues, Paris, l'auteur, 1841, 4 livres en 1 vol.
- Causerie sur Ronsard : un sonnet sur Ronsard et une chanson de Béranger, Vendôme, imprimerie de Lemercier, 1863, 16 p.
- Tibulle, livre I, élégie X, (traduction en vers), Vendôme, imprimerie de Lemercier, 1864, 7 p.
- Poésies, Vendôme, imprimerie de Lemercier, 1866, 7 p.
- Étude biographique sur M. Hte de La Porte, Vendôme, Devaure-Henrion, 1868, 32 p.
- Élégies de Tibulle (traduction en vers), Vendôme, imprimerie de Lemercier et fils, 1879, 9 p.
- Rimes détachées, Vendôme, imprimerie de Lemercier et fils, 1881, 4 p.
- Première jeunesse, illusions. - Dix ans après, désillusions, Vendôme, imprimerie de Lemercier, 1882, 8 p.
3 Notes et références[modifier | modifier le wikicode]
- ↑ Alain Maillard, La Communauté des égaux : le communisme néo-babouviste dans la France des années 1840, Kimé, , 352 p., « Richard Lahautière, avocat de Babeuf et du babouvisme », p. 162
- ↑ Frédéric Prieur, Concours généraux : Devoirs donnés aux élèves des collèges royaux de Paris et de Versailles, textes et corrigés, suivis de quelques devoirs d'élèves, Paris, Imprimerie de Jules Delalain et Cie, (lire en ligne), p. 89
- ↑ Voir l'histoire du tableau.
- ↑ Félix Bourquelot, Alfred Maury, La Littérature française contemporaine, 1827-1849 (continuation de la France littéraire), Paris, Delaroque aîné, 1852, tome IV, p. 547.
- ↑ Lancé en mai 1841, le journal La Fraternité compte 23 numéros parus du 1er au 5 de chaque mois, jusqu'en . Les six premiers numéros sont in-folio. À partir du n° 7, il est sous-titré : « Journal mensuel », modifié au n° 17 en : « Journal mensuel, exposant la doctrine de la communauté ». Le siège du journal était au 60 rue du Four-Saint-Germain, à Paris.
- ↑ Pierre Haubtmann, Pierre-Joseph Proudhon : sa vie et sa pensée, 1809-1849, Éditions Beauchesne, , 1140 p. (lire en ligne), partie 2, p. 417
- ↑ Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois, Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois, vol. 42, 1903, p. 78 et 83.
- ↑ « Tribunal civil de Vendôme, 12 juillet 1862 », Journal des avoués, vol. 88, , p. 273 (lire en ligne)
4 Bibliographie[modifier | modifier le wikicode]
- Gian Mario Bravo, Les Socialistes avant Marx, (tome 2 comprenant Georg Büchner, Robert Owen, Wilhelm Weitling, Louis Blanc, Richard Lahautière, Félicité Robert de Lamennais, le Premier banquet communiste, Jean-Jacques Pillot), Paris, F. Maspero, 1970, 256 p.
- Jacqueline Hecht, « French Utopian Socialists and the Population Question : "Seeking the Future City" », Population and Development Review, vol. 14, 1988, p. 49-73
- Jacques Grandjonc, Communisme. Origine et développement international de la terminologie, Karl-Marx Haus, volume 2 (collection de documents en français et en allemand), 1989 (ISBN 3926132108)
- Jean Maitron & Claude Pennetier (dir.), Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Éditions ouvrières, 1997
- Joseph-Marie Quérard, La France littéraire, vol. 12 : « dix-neuvième siècle », Paris, J.-M. Quérard, 1859-1864 (lire en ligne), p. 359-360
- Arlette Sérullaz, « Le portrait d'Auguste-Richard de la Hautière », Bulletin de la Société des Amis du musée Eugène Delacroix, no 1, , p. 6-9, reproduction sur la couverture et p. 6