Jean-Jacques Pillot

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Pillot vers 1865

Jean-Jacques Pillot, né le à Vaux-Lavalette (Charente) et mort à la Prison centrale de Melun le , est un écrivain socialiste et homme politique français. Figure du communisme néo-babouviste des années 1840[1], athée[2], il est une personnalité de la Commune de Paris.

1 Biographie[modifier | modifier le wikicode]

Né Jean Pillot, il se fera appeler Jean-Jacques en hommage à Rousseau.[3]

Se destinant à la vie religieuse, il étudie au séminaire, avant d'enseigner à Marennes[4]. Il renonce à son état de prêtre en 1837 et il gardera une haine violente de la religion. « La superstition consiste à attribuer à une cause mystérieuse appelée le Sort, Dieu ou tout autrement, les biens ou les maux qui nous arrivent. »

Il devient médecin et journaliste. Il collabore à La Tribune du Peuple dont il finit par prendre la direction. Mais surtout il multiplie les brochures populaires : Le Code religieux ou Le Culte chrétien (1837), La Communauté n’est plus une utopie ; Conséquence du procès des communistes (1841) ; Histoire des Egaux ou Moyens d’établir l’égalité absolue entre les hommes ; Ni châteaux ni chaumières, ou état de la question sociale en 1840.

À partir de 1839, il fait de la propagande pour les idées de Babeuf. Arrêté à la suite de l'insurrection de la Société des saisons (12-), il est enfermé à Sainte-Pélagie. Il devient directeur de la Tribune du Peuple, organise avec Théodore Dézamy et Corneille Homberg, le premier banquet communiste à Belleville le [5] et est condamné à six mois de prison, en 1841, pour affiliation à une « secte communiste ». Il est condamné à la déportation après le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte en 1851, condamnation à laquelle il se soustrait en s'exilant au Brésil. Revenu en France, il se lance dans les affaires (pâtes dentifrice et dentiers).

Il accorde le plus grand intérêt à la Révolution française. Il se proclame l’héritier des hébertistes et des babouvistes, qui, vaincus, ont laissé la place à de nouveaux privilégiés. Il ne s’agit pas de revenir au passé mais de s’orienter vers l’égalité. Toutefois, pas d’égalité absolue sans le principe de la communauté. A la différence de Cabet, il ne pense pas qu’il soit possible de décrire dans le détail les formes d’organisation d’une société communautaire. Cependant il demeure un utopiste dans la mesure où il estime que, s’ils pouvaient réaliser la beauté d’un régime égalitaire, « tous les gens sans exception » travailleraient à sa réalisation. Malgré tout il conclut que le passage à la société communautaire ne pourra pas s’effectuer sans lutte. D’où le rôle qu’il attribue à l’histoire dans la mesure où elle est fondée sur le développement des luttes populaires. Il revient aux « communistes » de préparer la révolution.

Pendant le siège de Paris par les Allemands (- ), il se fait remarquer comme orateur au Club de l'École de médecine; il est membre de l'Association internationale des travailleurs et favorable au blanquisme. Aux élections complémentaires du , il est élu au Conseil de la Commune par le 1erarrondissement. Il vote pour la création du Comité de Salut public. Il est arrêté par les Versaillais en , est accusé d'avoir participé à l'incendie du Palais des Tuileries. En , il est condamné aux travaux forcés à perpétuité par le Conseil de guerre, mais sa peine est commuée en réclusion perpétuelle.

Avec Jules Gay et Théodore Dézamy, il est cité par Karl Marx parmi les « communistes matérialistes »[6].

Même s'il reconnaît la lutte des classes, il a pu céder à un certain idéalisme, comme lorsqu'il écrit :

« Nous sommes forts et plus forts que tous ceux qui avant nous tentèrent ou consommèrent des révolutions, parce que nous savons que nul ne peut réfuter nos principes, que tout homme juste en souhaite indistinctement le triomphe, que tout homme qui jouit de ses facultés intellectuelles reconnaît après les avoir étudiés et compris que l’application en est facile. » Histoire des égaux, 1840

2 Œuvre[modifier | modifier le wikicode]

  • Le Code religieux, ou le Culte chrétien, Paris, Valant, 1837, 64 p.
  • La Tribune du peuple, recueil philosophique et historique, Paris, la Tribune du peuple, 1839, 224 p.
  • Histoire des égaux ou moyens d'établir l'égalité absolue parmi les hommes, Paris, aux bureaux de la Tribune du peuple, 1840, 61 p.
  • Ni châteaux, ni chaumières, ou état de la question sociale en 1840, Paris, imprimerie Bajat, 1840, 60 p.
  • La Communauté n'est plus une utopie ! Conséquence du procès des communistes, Paris, l'auteur, 1841, 32 p.

3 Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Hinrich Hudde & Peter Kuon (édition), De l'Utopie à l'Uchronie. Formes, Significations, Fonctions (colloque sur l'utopie littéraire d'octobre 1986 à l'université d'Erlangen-Nuremberg), Tübingen, Gunter Narr Verlag, 1988, 178 pages, p. 33
  2. Marc Angenot, Les Grands récits militants des XIXe et XXe siècles, Paris, L'Harmattan, 2000, 219 pages, p. 78
  3. Cf. son acte de naissance, registre numérisé de la commune de Vaux-Lavalette, 1802-1822 3 E, vue 91.
  4. Cour des pairs, Attentat du 15 octobre 1840 : interrogatoires des inculpés, Paris, Imprimerie royale, 1841, p. 187-191.
  5. Alain Maillard, « Introduction », Cahiers d'histoire, n° 77, 4e trimestre de 1999 « Les communistes dans la première moitié du XIXe siècle »
  6. Jean-Louis Lacascade, « Bévue de Proudhon et/ou traquenard de Marx. Lecture symptomale de leur unique correspondance », Genèses, n° 46, 2002/1, 176 pages, p. 138-158 (ISBN 270113112X)

4 Voir aussi[modifier | modifier le wikicode]

4.1 Bibliographie[modifier | modifier le wikicode]

4.2 Notices biographiques[modifier | modifier le wikicode]

4.3 Liens externes[modifier | modifier le wikicode]