Néocolonialisme

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Kwame Nkrumah, président du Ghana de 1960 à 1966, est le premier à avoir utilisé le terme de "néocolonialisme".[1]

Le néocolonialisme est une forme de domination impérialiste. On emploie surtout ce terme pour décrire la domination des anciennes métropoles sur leurs ex-colonies. Les pays ainsi dominés sont dans une situation de "semi-colonie".

1 Contexte[modifier | modifier le wikicode]

La fin de la colonisation n'a pas été le fruit de la bonne volonté des puissances coloniales, mais bien des luttes des peuples pour leur droit à l'autodétermination. Car le premier réflexe des colons face à ces mouvements a été la répression, habituelle depuis des siècles.

Mais cette fois ce mouvement devait aboutir.

2 Conditions du néocolonialisme[modifier | modifier le wikicode]

Toutes les puissances coloniales n'ont pas eu la même aisance pour "gérer" la période de la décolonisation, et par conséquent pour effectuer une transition vers un système néocolonial.

L'Empire britannique, qui était encore la première puissance mondiale au début du 20e siècle, est celui qui y est le mieux parvenu, de même qu'il était parvenu à instaurer une politique "d'association" pendant l'ère coloniale (Indirect rule).

A l'inverse, le Portugal, malgré ses colonies, était économiquement faible sur l'arène impérialiste mondiale. Par conséquent, il savait qu'il aurait bien plus de mal que les français ou les britanniques pour garder des liens privilégiés avec les nouveaux États indépendants. D'où par exemple la violence de la guerre d'indépendance de l'Angola.[2]

3 Mécanismes[modifier | modifier le wikicode]

Les mécanismes de domination économique sont :

4 Exemples[modifier | modifier le wikicode]

4.1 Françafrique[modifier | modifier le wikicode]

Dans le cas du néocolonialisme de la France, le terme de Françafrique est devenu tristement célèbre.[3][4]

  • Elf (aujourd'hui Total) exploite le pétrole et le gaz de nombreux pays,
  • Areva (aujourd'hui Orano) exploite l'uranium
  • Bolloré exploite de nombreux ports africains, ainsi que des plantations de caoutchouc, d'huile de palme (via ses actions dans la société Socfin)

Les troupes françaises en Afrique et les services secrets sont souvent impliquées dans des coups d’État ayant pour résultat l’instauration d’un régime agissant dans l'intérêt des multinationales françaises.

Pendant les années 1990, les entreprises publiques algériennes ont été privatisées suivant les différents plans d'ajustement structurels. Dans le même temps, les exportations françaises vers son ancienne colonie ont beaucoup augmenté (+12% en 1994, avec des pointes à +30 à 40% dans l'alimentation, l'acier, la pharmacie...). Près d'un millier de PME françaises vivent de ces exportations, ce qui illustre bien que l'utilité des colonies en tant que pourvoyeuses de débouchés est maintenue, et renforcé par la période néolibérale.

4.2 Belgique[modifier | modifier le wikicode]

Le cuivre du Katanga n'est plus sous contrôle belge, mais est principalement exploité aujourd'hui par des entreprises chinoises et canadiennes.[5]

La Belgique n'a pas eu les moyens suffisants pour installer un néocolonialisme semblable à la Françafrique. Elle contrôlait essentiellement le « Congo belge », aujourd'hui République démocratique du Congo. Lorsque celui-ci devient indépendant en 1960, la Belgique continuait à contrôler 70% de l'économie congolaise à travers la Société générale de Belgique, qui détenait en particulier l'Union minière du Haut Katanga. L'Union minière et la Belgique ont soutenu un mouvement séparatiste au Katanga, espérant pouvoir contrôler plus facilement cette province riche en minéraux et ressources. Mais la Belgique n'avait pas assez de poids sur le plan international, et le Katanga a été réintégré au Congo en 1963. Les mines sont nationalisées dans les années 1960 suite au refus des patrons belges de négocier.[6]

Au plan gouvernemental, le premier leader de l'indépendance congolaise, Patrice Lumumba, avait un profil « socialisant » qui inquiétait les occidentaux. Ceux-ci, des Belges jusqu'aux États-Unis, ont soutenu un membre de son gouvernement Joseph Mobutu, pour qu'il se retourne contre lui. Mobutu a ensuite exercé une terrible dictature de plus de 30 ans. Le pays et toute la région ont ensuite sombré dans une guerre qui ne s'est jamais réellement terminé.

A partir des années 1990-2000, sous l'effet des pressions extérieures (plans d'ajustements structurels) mais aussi du manque de capitaux pour investir, le Congo libéralise son secteur minier. Aujourd'hui, le gros de l'extraction minière (cuivre, diamant, cobalt...) est réalisé par des entreprises chinoises et canadiennes, mais aussi australiennes, kazakhs, suisses...[7]

4.3 Guerre de l'eau (Bolivie)[modifier | modifier le wikicode]

En 2000, les Boliviens pauvres de la ville de Cochabamba se sont révoltés contre la privatisation de l'eau au profit de la compagnie états-unienne Bechtel, qui s'était traduit par une multiplication par deux des prix.

Le cynisme des impérialistes et des autorités locales à leur botte avait été jusqu'à interdire la récupération - anticoncurrentielle - de l'eau de pluie.

4.4 Crises sanitaires[modifier | modifier le wikicode]

En 1996, le géant pharmaceutique états-unien Pfizer a mené des essais cliniques illégaux sur des populations au Nigeria, ayant entraîné la mort de plusieurs enfants. Le fait que des décideurs capitalistes se sentent libres de faire impunément ce genre de choses dans certaines zones rurales d'Afrique (ce qui n'aurait jamais été fait sur des populations blanches) illustre bien la persistance de rapports néocoloniaux.[8][9][10]

Les coupes dans les services publics de santé, ou l'appauvrissement de certaines populations, entraînent des dégâts sanitaires. Il a été montré une corrélation entre l'augmentation des cas de tuberculose et les plans d'ajustement structurels.[11]

4.5 Reculs pour les femmes[modifier | modifier le wikicode]

Le recul des services publics, globalement, tend à reprivatiser les tâches reproductives et à renvoyer les femmes vers le foyer, et à faire augmenter les violences contre elles.[12][13]

5 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]