Échange inégal

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Beaucoup de pays pauvres sont de fait cantonnés à l'exportation de produits non transformés, tandis qu'ils doivent acheter aux pays impérialistes des produits manufacturés chers. Dans beaucoup de cas, la spécialisation a été imposée par des moyens coloniaux ou néocoloniaux (comme les républiques bananières).

L'échange inégal désigne un des mécanismes de domination impérialiste, principalement dans l'époque néocoloniale. Dans le commerce international, il y a une inégalité structurelle des termes de l'échange entre les pays riches et les pays pauvres.

1 Explication[modifier | modifier le wikicode]

Si un pays riche voit son niveau de salaire augmenter, alors le prix des biens que ces salariés produisent augmente, ce qui diminue le salaire réel des pays pauvres qui achètent ce bien. L'échange devient alors inégal[1]. Or, dans les vieux pays impérialistes, les niveaux de salaires sont beaucoup plus élevés que dans les pays dominés.

Ainsi, l'échange est inégal du fait des écarts de rémunération du facteur travail selon les régions du monde. Selon Arghiri Emmanuel, dans le commerce international, un échange peut être dit égal si les biens échangés ont un taux de rémunération des facteurs de production identique.

La conséquence est que les pays pauvres vendent des biens bon marché, parce que la main d’œuvre est sous-payée, là où les pays riches vendent des biens à haute valeur ajoutée, qui sont chers. Il ne s'agit pas d'une simple spécialisation pour gagner des avantages comparatifs (au sens de Ricardo), mais d'un mécanisme qui engendre un transfert de richesses de la périphérie vers le centre[2][3]

2 Historique[modifier | modifier le wikicode]

La théorie de l'échange inégal est progressivement édifiée par plusieurs auteurs.

Raul Prebisch, économiste au sein de la Commission des Nations unies pour l'Amérique latine, étudie les dépendances entre les pays du centre et les pays de la périphérie, et dénonce la dégradation des termes de l'échange. Wolfgang Hans Singer, lui aussi économiste à l'ONU, rejoint plus tard Prebisch[4].

C'est finalement Arghiri Emmanuel qui, en 1969, dans L’Échange inégal, crée véritablement le concept. Le livre lui fait gagner en notoriété au sein du monde économique, mais aussi au sein de l'extrême gauche et de la gauche anti-impérialiste et tiers-mondiste.

Cependant l'opinion d'Arghiri Emmanuel est pessimiste sur la possibilité d'une solidarité internationaliste, car celui-ci soutient que les prolétaires des pays riches n'ont pas d'intérêts communs avec les prolétaires des pays pauvres, qu'ils exploitent pour leur consommation.

Certains tenants de l'économie marxiste ont remis en cause la conception de la valeur soutenue par Arghiri Emmanuel[5].

L'échange inégal est ainsi selon les auteurs, la cause ou une des causes du sous-développement de certains pays.

3 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]

  1. Christophe Bormans, L'indispensable de la pensée économique, Studyrama, (ISBN 978-2-84472-262-1, lire en ligne)
  2. Marc Montoussé et Impr. Laballery), 100 fiches de lecture en économie, sociologie, histoire et géographie économiques : classes préparatoires économiques et commerciales, 1er et 2e cycles universitaires, Bréal, dl 2008 (ISBN 978-2-7495-0790-3 et 2-7495-0790-1, OCLC 470901155, lire en ligne)
  3. Encyclopædia Universalis, « ARGHIRI EMMANUEL », sur Encyclopædia Universalis (consulté le 9 août 2022)
  4. Christophe Bormans, L'indispensable de la pensée économique, Studyrama, (ISBN 978-2-84472-262-1, lire en ligne)
  5. Stéphanie Treillet, Economie du développement - 4e éd.: De Bandoeng à la mondialisation, Armand Colin, (ISBN 978-2-200-62229-9, lire en ligne)